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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Vincent Stephen BENET Parution: 1974
      Le narrateur, fils d’un prêtre du clan des Collines, a montré sa propension à la maîtrise en cherchant avec son père du métal dans les « Lieux Maudits ». Un rêve, riche de symbolisme, lui enjoint, pour son voyage initiatique, de franchir le grand fleuve interdit et de pénétrer dans le vaste «Domaine des Dieux. »  
      Se sachant condamné mais incapable d’échapper à son destin, il se met en route. Armé d’un arc et de quelques flèches pour se défendre contre les prédateurs, des chiens sauvages, il parcourt les rues de la grande cité des Dieux que l’on nomma jadis New York.
      Certains immeubles encore debout, des objets et outils incompréhensibles, la découverte d’un squelette humain bien conservé au haut d’une tour où l’aventurier s’était réfugié pour la nuit, lui firent connaître en une sorte de rêve transcendant, la vie des Dieux en ces temps reculés, vie prodigieuse brusquement interrompue par la Grande Destruction, une catastrophe épouvantable :
      « Quand les dieux combattent les dieux, ils utilisent des armes que nous ne connaissons pas. Il y eut du feu qui tomba du ciel, puis un brouillard qui empoisonnait. C’était le temps du Grand incendie et de la Destruction. Ils se mirent à courir dans les rues de leur cité –les pauvres dieux! Puis les tours commencèrent à s’écrouler. Quelques-uns réussirent à s’échapper – oui, quelques-uns. Les légendes le disent. Mais même lorsque la cité fut devenue un Lieu Mort, pendant plusieurs années le poison demeura sur le sol. Je vis cela arriver –je vis le dernier d’entre eux mourir. C’était l’obscurité sur la cité et je pleurai. »
      En transmettant ce nouveau savoir aux siens, avec prudence, et d’abord à son père, il sut que ces Dieux étaient des hommes comme eux et qu’un jour le clan des Collines, associé à celui des Forêts, repartirait à la conquête d’un paradis perdu.
      Une nouvelle attachante, ressemblante dans son traitement à celle des « Voix dans la Poussière », qui s’achève sur une lueur d’espoir par le dépassement possible de la barbarie.

    2. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, fins du monde, fins de l’humanité Auteur: Michel GUERMONPREZ Parution: 1961
      Julien, chef de la CER (Calculs-Etudes-Rationalisation) fait grise mine quand sa femme Isabelle accouche d’un monstre atteint d’agranulocytose, un manque de cellules dans la moelle épinière :
      « L’innommable chose qui gisait entre les draps avait cinq jours. Jamais on n’avait vu un bébé comme David. La face dessinait une espèce de triangle. Un front gigantesque, démesuré l’envahissait aux trois quarts. La peau en était tendue, fine mais terne, d’un gris très sale évoquant la souris mais certes nulle peau humaine. Ce front saillant surplombait directement des yeux minuscules et sombres, sans éclat. (…) Le menton aigu fuyait en retrait, dessinant la pointe acérée du triangle ; dessous se devinait sous le bavoir un cou grêle de poulet plumé. »
      Selon le professeur qui a accouché Isabelle, partout dans le monde, naissent des enfants déformés.  Pour Ambroise, le Philosophe, père de la jeune Edith et ami de Julien, bien que l’origine de la malformation restât énigmatique, elle signe indéniablement l’émergence d’un être nouveau et une ère de déclin pour Homo Sapiens. Ce nouvel être, baptisé Homo Potens, le remplacera. En attendant, le fils de Julien s’appellera David et sera élevé en compagnie d’Edith.
      Partout, de par le monde, l’angoisse monte chez les femmes. Des névrosées, des désaxées, des débauchées, des femmes stérilisées et pour finir des femmes suicidées, constituent les prémisses de la fin.
      Homo Potens qui ne survit qu’en petit nombre, souffre d’apathie et d’un manque total d’empathie. Ambroise prophétise qu’Homo Potens – un pur cerveau- deviendra l’être parfait, rationnel et froid qui permettra à une nouvelle humanité de progresser. Pourtant, le tableau clinique n’est pas réjouissant : David porte une tête énorme, des membres de gringalet, ne manifeste ni gaîté, ni émotion, ni tristesse. Il s’affole au moindre courant d’air, la plus petite douleur physique le fait hurler.
      En grandissant, il révèle encore plus son originalité ; il ne joue pas, manifeste une suprême indifférence à toutes les situations, connaît d’avance la réponse à tous les problèmes, répond à toutes les questions. Il se conduit comme si la culture humaine était innée en lui. Célébrés à l’égal des dieux par les autres humains, les Potens montrent aussi de surprenantes faiblesses car ils sont incapables de la moindre initiative, sans aucune motivation ils n’agissent que sur demande.
      David, vue son infaillibilité, trouvera place au CER, auprès de son père. Tout naturellement les Potens ont pris les leviers de commande, puisque les Sapiens se raréfient et sont peu fiables. L’infrastructure des villes se modifie, l’économie se rationalise, les guerres entre les peuples disparaissent. L’atome règne sans partage au plan énergétique.
      Les entrevues régulières d’Ambroise et de Julien mettent en avant les insuffisances de ce progrès car faute de motivation, l’exploration spatiale a pris fin. L’humanité semble stagner. Les femmes ne se remettent pas de leur déchéance : Isabelle se drogue à la « suggestine » qui abolit la mémoire. De son côté, Edith se livre à des expériences sentimentales sur David pas franchement concluantes.
      Un soir, David veillant au CER, on lui annonce qu’un super-tanker atomique dont l’automation a été rompue, menace le port de Marseille et au-delà, la France entière, d’une désintégration en chaîne. Il est le seul en mesure d’arrêter le désastre. En un délai extrêmement court, il devra se rendre en voiture à Marseille, conduit par Edith.
      Il n’y arrivera jamais puisqu’en cours de route, Edith se livre sur lui à une approche sexuelle ce qui trouble David à un point tel qu’il tombe en catatonie, entraînant avec lui tous ses frères de race auxquels il est lié par télépathie :
      « David gisait crucifié. Parfaitement immobile. Mort, sans doute, pensa Edith. (…) les orbites du Potens n’avaient jamais été si grandes, mais elles brillaient de l’éclat blanc nacré des yeux révulsés, sans regard. Des yeux de porcelaine. Le reste des traits  se perdait dans les traînées de boue brune (…) La bouche était un rictus saisi dans sa torsion, bloqué dans une grimace de souffrance. »
      En retournant vers Paris avec David, Edith apprend de Julien qu’un plan du dernier secours vient de se déclencher : une caravane de camions puissamment blindés se porteraient à leur rencontre et ensemble, ils tenteraient de gagner un abri sûr prévu de longue date, dans les Alpes.L’explosion de Marseille détruit progressivement tous les centres urbains, et toute vie organisée, en se propageant vers le nord :
      « Paris sera atteint au plus tard à dix sept heures. L’orage magnétique détraquera toutes les commandes sur son passage à peu près aux mêmes heures. Chaque centre industriel sera détruit, projettera un nouveau nuage radioactif et un nouvel orage. Tout ira très vite (…)  Il y a, vous le savez, quatre dangers majeurs : les retombées de toutes sortes, la chaleur, le sol pollué, et les explosions. »
      La caravane, qui génère un tunnel protecteur électromagnétique, observe autour d’elle les effets de la déflagration universelle. Le monde extérieur s’est transformé en un enfer radioactif  tandis que David meurt en se liquéfiant littéralement
      « En une seconde, David s’offrit nu. C’était une saucisse translucide ; on évoquait aussitôt par contraste, son étonnante maigreur d’autrefois. Le liquide avait tout envahi, effacé formes et plis, creusant seulement aux aisselles, aux aines et aux coudes, de très profonds sillons où les peaux rapprochées avaient macéré. Le même jus que des lèvres éclatées en suintait, avec par endroits, des reflets moirés ou verdâtres. L’odeur s ‘était répandue, tout à coup renforcée ; elle devint à la fois écoeurante et piquante. Julien chercha les mains, les pieds : quatre moignons informes qui collaient aux draps, quatre cachets de cire glauque qui scellaient au lit le corps défait de David. »
      Les camions atteignent leur but, un abri blindé sous une montagne, alimenté en eau par une retenue naturelle. Avant d’y pénétrer, les rescapés de l’atome doivent se soumettre au rituel strict de la décontamination. A l’intérieur, la vie a été réglementée selon la logique des Potens.
      Ambroise,  analysant les événements, constate la faillite du machinisme et défie l’autorité de Dix-Sept, le Directeur de l’abri. Au bout de peu de temps, deux factions naissent, les Bleus, qui espèrent sortir rapidement à l’air libre où une pluie continuelle ravage les terres et les Rouges qui souhaitent rester en sécurité à l’intérieur de l’abri malgré la menace que ferait peser sur eux une rupture du barrage.
      Un berger, qui a survécu dans ses montagnes, se présentant aux portes extérieures, annonce à Dix-Sept que la vie est redevenue possible à l’air libre. Julien s‘est porté volontaire avec son groupe pour vérifier les dires de l’homme et laisse Ambroise seul face à Dix-Sept. Les deux mentors entrent en lutte ouverte. Dix-Sept, qui menace de faire sauter l’abri, sera tué par Ambroise ce qui permettra aux quelques Homo Sapiens survivants de rejoindre Julien.
      Un roman peu courant qui montre des qualités d’imagination, un sens de l’intrigue  et des rebondissements,  gâché, hélas ! par une logorrhée moralisatrice et métaphysique continuelle, portant sur le rôle du machinisme et la malveillance de la technologie.

    3. Type: livre Thème: les fins du monde, fins de l'humanité, menaces telluriques, invasions extraterrestres Auteur: Stephen BAXTER Parution: 1998
      De retour de la Lune, l’astronaute Jays rapporte une pierre de lune « de fond », c’est-à-dire dérobée dans un sillon situé en profondeur. Stockée à l’écart durant de longues années, elle sera examinée par le géologue Henry Maelström à Edimburg, mis sur la touche. En effet, son projet «Shoemaker », celui qui consistait à  mettre le pied sur la lune pour se rendre compte in situ de la réalité géologique de notre satellite, ne verra pas le jour, par manque de crédits. Divorcée d’avec sa femme Geena, une astronaute, il reprendra du service avec Mickaël, un jeune géologue, pour examiner les fragments de la pierre lunaire. Lors de la découpe, un peu de poussière de lune s’envole. Elle sera ramassée par Mickael qui pense en faire cadeau à Jane sa sœur. Lors d’une promenade avec elle   sur le mont Arthur’s Seat, un ancien volcan, quelques grains de cette poussière tombent à terre. Mickael ignore qu’il vient de déclencher la fin du monde.
      Agissant comme un catalyseur, la poussière semi-vivante dans sa structure, transformera le basalte volcanique, ainsi que tout le substrat de l’écorce terrestre, en une nano-structure cristalline qui fera « fondre » les roches :
      « -Nous croyons que nous commençons à comprendre comment la poussière de lune fonctionne. A défaut de comprendre pourquoi. Elle s’attaque principalement aux roches basaltiques, surtout celles qui sont riches en olivine. (…) –Elle réorganise apparemment la structure cristalline d’une masse de roches sous une forme récursive qui… -En anglais, docteur, dit Monica. (…) – Elle transforme la structure des roches avec lesquelles elle entre en contact. Elle construit quelque chose. »
      Un signe aurait dû inquiéter l’humanité, celui de la transformation complète de la planète Vénus en une sorte de poussière cosmique dû au fait que les sondes terrestres à destination de Vénus ont pu, là aussi, contaminer la quatrième planète du système solaire. Le mouvement sur terre, d’abord peu perceptible, s’étend bientôt comme un cancer, détruisant de façon exponentielle toute roche, induisant un volcanisme de plus en plus actif, même dans les régions où des volcans avaient été en sommeil depuis des centaines de millions d’années :
      « Image animée de la terre. Points rouges sinistres apparaissant partout. Tout d’abord, ils se présentèrent comme une ceinture, à la latitude de la  Grande-Bretagne, s’étendant en direction de l’ouest au-dessus des Etats-Unis et de l’Asie ; puis de nouvelles taches et traces dans les régions les plus géologiquement les plus instables du monde: la Ceinture de feu, les volcans de subduction du pourtour du Pacifique ; les volcans du rift du milieu de l’Atlantique et des chaînes d’autres océans ; les volcans d’affleurement tels que ceux de Hawaï. Ailleurs, dans des régions généralement stables, la poussière de lune semblait créer du volcanisme, descendant jusqu’à l’asthénosphère grâce aux failles de l’écorce, comme elle l’avait fait à Edimbourg. »
      Mickael, se sachant responsable de l’immense catastrophe, adhérera à une secte qui attend le nouvel avènement d’une ère de feu. Parties d’Edimbourg, les catastrophes volcaniques se multiplient, ainsi que les tremblements de terre, les épanchements de champs de lave, les modifications météorologiques.
      Partout de par le monde, des séismes de plus en plus intenses, à une échelle jamais connue par l’humanité, désorganisent les sociétés humaines. Le sort d’un nombre important de personnages secondaires nous révèle les différentes facettes de la catastrophe : comme l’éclatement d’une centrale nucléaire qui anéantit l’agent Morag Docker, ou Ilbo, le géologue assis sur un volcan qui se soulève à une hauteur extraordinaire, ou Ted Dundas, l’ancien flic,  qui sauve le petit Jack, fils de Jane, avant de mourir carbonisé lui aussi. Il apparaît de plus en plus clairement que l’humanité entière est condamnée puisque la terre doit subir une refonte totale de sa surface. Selon Henry, cela prendra quelques décennies avant que la fin du monde ne soit définitivement accomplie. Pourtant, à partir d’une intuition, un plan extraordinaire jaillit de son esprit.
      La clé de la poussière de lune se trouve sur notre satellite où, manifestement,  la poussière est inactive sinon la lune aurait déjà volé en éclats. Comment arriver à convaincre la NASA de réactiver l’ancien plan « Shoemaker » pour acheminer une équipe d’astronautes sur la Lune ? N’ayant plus rien à perdre,  la NASA convaincue,  s’adjoignant l’aide des Russes en un projet commun avec un lanceur de type Soyouz , monte, en l’espace d’un mois, l’expédition du dernier recours.  Celle-ci nous est narrée avec une précision extrême dans le réalisme, de la phase de lancement jusqu’à l’alunissage. Les personnages de l’expédition sont des êtres hors-normes : il y aura Geena, la cosmonaute, chef de mission et ex-femme de Henry, Henry, le géologue génial mais malhabile en face des procédures techniques de la mission et Arkady, le pilote du module, l’amant russe de Geena.
      Se déroulant sans anicroches, l’expédition permet à Henry de rejoindre le site d’où Jays, l’ancien cosmonaute, a extrait l’éclat lunaire. Il peut effectivement constater que toute la lune, jusqu’en son centre, est contaminée par cette poussière dont l’origine remonte au planétésimal formateur de la lune et de la terre lors de  la collision initiale qui a présidé à la naissance du système solaire. Comment procurer à l’humanité un abri provisoire avant que l’homme ne disparaisse définitivement  du cosmos? La solution adoptée par Henry est de terraformer la lune, de la doter d’une atmosphère respirable, en faisant s’évaporer les immenses réserves de glace météoritiques centrées sur le pôle sud de notre satellite. A cet effet, une bombe thermonucléaire téléguidée par laser servira de détonateur, les nano-structures de poussière lunaire devant continuer le processus amorcé.
      Arkady meurt durant la mission, dans l’éclatement de la bombe. Et le miracle a lieu : la lune s’entoure progressivement d’une atmosphère suffisante pour les 10000 prochaines années, le temps pour l’humanité de repartir éventuellement à l’assaut de l’univers en quittant une terre totalement impropre à sa survie.
      Plus tard, Henry resté sur la terre, au fond d’un bunker, désire assister en témoin impuissant mais heureux, à la destruction wagnérienne d’une terre à l’agonie : « Mais le coup de grâce fut le jaillissement géant de magma qui se déclencha, sans avertissement, dans la vallée de la Yellowstone.  Ce fut une explosion dix mille fois plus puissante que l’aurait été celle de tous les arsenaux nucléaires. Jaillissant d’un cratère de la taille du New Hampshire, des matériaux en fusion étaient sortis de l’atmosphère –une partie restant même en orbite- l’essentiel retombant sous la forme de bombes volcaniques géantes qui incendièrent ce qui restait de la végétation terrestre. Et une énorme boule de feu, suivie d’un nuage de poussière, étaient montés jusqu’à la stratosphère, s’étaient ajoutés à la suie et la fumée des forêts en feu, créant un couvercle de ténèbres sur la planète.
      Extinction des feux sur la terre.(…)
      Des montagnes apparurent dans l’Antarctique, notamment quand la plaque indo-australienne décida brusquement de prendre le chemin du sud. D’autres jaillissements de magma avaient franchi l’écorce dans les régions volcaniques, aux Canaries, sous les restes , ravagés par les raz-de-marée, de Hawaï, sous l’Islande. Et les rifts, sur toute la Terre, s’ouvrirent, en Afrique orientale, au lac Baïkal, dans la mer Rouge , les continents se séparant. Le Rhin avait disparu dans une faille, puis une nouvelle plaque océanique apparut dans le graben qu’il occupait. Essentiellement, hormis tuer les gens et faire bouillir les océans, le volcanisme transformait l’atmosphère de la Terre : un air irrespirable d’oxyde de carbone, d’oxyde de soufre et d’hydrogène, mêlés d’arsenic et de chlore qui, selon les estimations, serait au bout du compte dix fois plus dense que l’ancienne, faite d’oxygène et d’azote. De vastes cycles d’effet de serre avaient commencé, les océans s’évaporaient et ne tarderaient pas à bouillir… Et la terre bien-aimée de Henry devenait ce qu’avait été Vénus. »
      Une décennie plus tard, les choses avancent sur la lune. Nadhezda, la petite fille de Henry, sera la première cosmonaute à conquérir définitivement l’espace, portant le flambeau de l’humanité sur le satellite Icare, dans une nouvelle rencontre avec la « poussière de lune » ce qui les met tous deux à égalité pour la conquête du cosmos.
      Un roman dense et touffu de plus de 700 pages, écrit avec une précision de bénédictin, fortement charpenté et documenté, et, pour aussi étranges que paraissent les hypothèses ou les théories énoncées, d’un grand réalisme. L’aspect psychologique est toujours présent, l’auteur nous laissant le temps d ‘apprécier l’évolution des personnages avant leur disparition. Un de meilleurs romans du genre récemment paru.

    4. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: André REUZE Parution: 1924
      Une équipe de savants ouest-africains est de retour à Tombouctou en 2924, après une expédition archéologique dans les ruines de Paris. Ils relatent par le menu leurs aventures en ce lieu hostile, inhabité, en une Europe désaffectée, retournée à l’état sauvage  par la faute de ses habitants. En mille ans, des guerres incessantes, des rivalités permanentes ont fait basculer le pôle de la civilisation vers les tropiques où les Noirs  ont repris le flambeau.
      Curieux de connaître les restes de cette grande cité que fut Paris, l’on constitue un groupe de chercheurs composé respectivement de Merkanty, archéologue d’origine franque, du prince de Fouta-Djalon, du célèbre naturaliste Benvenuto-Félix, du Dr Organdina, de Baba-Duran, l’ingénieur en chef et du Vicomte de Kassoulé-Toulouzène, sous la direction avisée de Travelling-Robinson, le chef de la mission.
      Pour parvenir au but, ils prennent la direction du Nord vers la Franquie en longeant la mer saharienne avec leur caravane d’autos-limaces. Sans problèmes, Ils arrivent en vue de l’Oued Seine :
      " Quel spectacle impressionnant et grandiose que celui de la Ville-Lumière éteinte sous la poussière des siècles ! Au nord, l’ancienne butte Montmartre, pulvérisée par le bombardement de 1950, recouvre entièrement les ruines. Ailleurs, quelques murailles informes s’élèvent encore de-ci, de-là au-dessus du sol ravagé. Seul, au sud, se dresse un morne mélancolique. Les anciens l’appelaient " montagne Sainte-Geneviève ". Rien ne montre mieux que ce qualificatif ridicule  l’exagération des septentrionaux. "
      Immédiatement, les ruines seront investies et des fouilles s’ouvrent en plusieurs points : l’Opéra, l’Hôtel des invalides et, en banlieue (afin de se documenter sur la faune). Ils installent leur quartier général à l’angle de la rue Drouot et du Boulevard des Italiens. Les critiques fusent envers les urbanistes parisiens de l’époque, dont les plans leur paraissent désordonnés :
      " Les édiles parisiens faisaient vraiment preuve d’un désordre extraordinaire. Que l’Institut n’ait pas été construit rue de la Gaîté, que la rue des Dames n’ait pas précédée immédiatement celle de la Fidélité, que la rue de la Paix n’ait pas fait suite à la rue de la Victoire, que le passage du Désir n’ait pas prolongé l’impasse Traînée, je l’admets encore, mais avez-vous remarqué que la rue Madame et la rue Monsieur n’aboutissaient pas à la rue du Rendez-vous ;  que la rue de Bellechasse se trouvait fort éloignée de la Butte-aux-Cailles, de l’impasse Canart et de la rue des Alouettes (…) "
      Ils mettent à jour plusieurs lieux dont ils déduisent (faussement) l’origine :
      " A chaque nouvelle porte que la foreuse rendait à la lumière, nous nous précipitions dans l’espoir de lire enfin une inscription vraiment franque, et les enseignes rongées, les plaques vermoulues nous révélaient le nom d’un Fritz Weissmann, d’un Zigriphidès ou d’un Politouski et Cie. Le prince de Fouta-Djallon me posa un soir la main sur l’épaule. Il avait l’air grave et inspiré : - Commandant, nos historiens sont des ânes. Bien avant l’anéantissement de la Ville-Lumière par les Germains, celle-ci ait été envahie par une horde barbare. Paris n’était plus Paris. "
      La vision des ruines les incite parfois à un brin de romantisme. Ils dégagent un cimetière pour chiens (" A Mirza, sa mémère inconsolable ") dont ils mettent la coutume d’embaumement en relation avec celle des anciens Egyptiens. Obligés de se pourvoir en viande fraîche et après avoir remarqué dans les environs des traces de " buffles ", ils envisagent une chasse. Le prince de Fouta-Djalon aperçoit:
      " … non pas un buffle, mais cinq, mais six, qui paissaient paisiblement l’herbe grise entre les rochers. Ils étaient d’assez forte taille, quoique bas sur pattes, et leurs robes différaient par la couleur, la plupart me semblant largement tachés de roux à la manière des chevaux savants que la foule ignorante allait applaudir dans les cirques chez les anciens. L’un d’eux , une femelle, se tenait à dix pas de nous. Cette bête avait senti le danger, car, immobile, tandis que son bufflon batifolait gracieusement autour d’elle avec l’insouciance du jeune âge, elle braquait vers nous des yeux fixes et stupides en reniflant avec force. "
      A défaut de buffle, ils viennent de tirer un veau, paisible ruminant, appartenant au troupeau de vaches gardée par une merveilleuse bergère blonde, à peine vêtue, et dont la grâce captive encore plus le cœur que son accent :
      " Ayant saisi le bufflon par une oreille, tandis que M. Benvenuto-Félix tirait sur l’autre, cette indigène, qui était vêtue à peu près comme les bergères d’Arcadie, hurlait :  -V’là qu’ils ont tué la Rouge, et ils voudraient encore me voler mon viau. Mais qué tas de sauvages… Ainsi nous fut révélée l’existence, en Europe occidentale, d’une race survivante. "
      Authentique descendante franque, barbare isolée dans ces ruines, la Vénus d’Asnières reste discrète quant à son origine et à son appartenance tribale. Elle sera adoptée par le groupe de savants qu’elle captive tour à tour avec sa gouaille:
      " - Mais qué qu’vous cherchez donc comme ça dans la terre? Y a seulement point eune faillie patate par ici. Le Prince de Fouta-Djallon, lui montrant des ossements et quelques pièces archéologiques intéressantes, essaya de lui faire comprendre le but de notre mission:
      « -Et c’est pour ça qu’vous êtes venus de si loin. Vous n’avez donc point grand’chose à faire chez vous !.»
      Parmi les plus assidus auprès   d’elle, le Vicomte de Kassoulé-Toulouzène se laisse emporter par son enthousiasme, même (et surtout) lorsqu’elle manifeste son désir de prendre un bain :
      " Devant le jardin des Tuileries, l’oued Seine à cette époque de l’année, s’étale en un assez large bassin se prêtant relativement bien à la natation. Nous décidâmes d’y prendre nos ébats. Ayant, le vicomte et moi, apporté nos maillots de soie, nous nous déshabillâmes dans les ruines du Louvre, abandonnant par un sentiment bien naturel notre jeune amie sur la rive. Quelle ne fut pas ma surprise en la rejoignant de constater que, son tour de cou galopant au bord de l’eau, elle achevait de se dévêtir en lançant son trotteur aux orties, de sorte qu’elle nous apparaissait dans la pure lumière matinale plus nue que la vérité, qu’on travestit généralement, et incroyablement blonde. "
      Les ruines exercent parfois une curieuse action sur l’âme humaine. En explorant les salles de la Chambre des Députés mises à jour, M. Benvenuto-Félix se mit soudain à prononcer un discours, se sentant possédé par une ardeur réformatrice. Ce qui prouva derechef aux autres que le malheureux avait bel et bien perdu la raison.Les fouilles avancent rapidement : conduites de gaz dans la rue de la Paix, exhaussement du Palais Bourdon, visite de l’Odéon, tout va bon train lorsqu’une crue inopinée de l’Oued Seine les contraint à interrompre leurs travaux. Enfin, une trouvaille sensationnelle vint récompenser leur ardeur : celle de la découverte d’un pensionnat de la rue Blondel, un authentique bordel, qui est assimilé à l’institut d’hydrothérapie d’un pensionnat pour jeunes filles par M. Baba-Duran. La Vénus d’Asnières y trouve toute une panoplie vestimentaire qui lui va à ravir bien que certaines pièces ou objets fussent fort curieux :
      " M.Baba-Duran m’entraîna dans une pièce voisine que nous n’avions pas visitée encore. C’était une petite chambre dont les murs, le plafond et la porte avaient été matelassés de surprenante façon. Aucun meuble, mais un banc garni de courroies de cuir, sorte de chevalet paraissant remonter à l’Inquisition et, dans un coin, rangés sur râtelier, des martinets, des verges de tous modèles. "
      Plus tard, des monuments étranges apparaissent. Progressivement se dégagent le cimetière de Montrouge avec ses statues, les ruines du Louvre, avec la traditionnelle vision de la  Vénus de Milo " bien abîmée ", la place de la Concorde et son obélisque brisé, ainsi que quelques traces de la Tour Eiffel. La vie des explorateurs se poursuivit ainsi, ponctuée par les discussions intellectuelles portant par exemple sur l’assimilation par la langue franque de quelques termes empruntés " aux aïeux nord africains " :
      " Les Francs, qui avaient emprunté à nos aïeux nord-africains de nombreuses expressions comme " Klebs, maboul, kif-kif, bono-besef et macache-bono " eurent le tort de ne pas créer dans leurs écoles des chaires de Sabir. Je maintiens que la langue poétique et particulièrement riche en images que nous rapportons est celle qui doit triompher dans nos universités ",
      ou par les différentes intrigues sentimentales autour de la personne de la " pastourelle ".Alors que plusieurs d’entre les explorateurs pensent lui demander sa main, elle manifeste une nette préférence envers la personne de Travelling-Robinson.
      Un jour, elle disparut. Grande inquiétude chez les savants qui mettent tout en œuvre pour la retrouver. C’est ainsi qu’ils firent la connaissance de la tribu de la Vénus d’Asnières, dont le chef, Pierre-Marie le terrible paraît bien moins barbare qu’ils ne le supposaient. Le contact établi, Robinson apprit que la pastourelle, appartenant à ce groupe, avait pris son autonomie en quittant toute seule le clan. Eux-mêmes étaient les descendants forts vieux, d’un aïeul commun, Mathurin le Grand, qui a pu échapper à la catastrophe et profiter de la découverte du Dr. Voronoff :
      " La découverte du docteur Voronoff améliorée depuis par l’élevage rationel du singe, permettait d’allonger l’existence humaine de plusieurs siècles au besoin. Naturellement, le favoritisme s’en était vite mêlé. Des gens ayant de belles relations politiques faisaient jouer certaines influences pour obtenir le double ou le triple centennariat."
      Depuis, lui et ses descendants vécurent au Mont-Saint-Michel et de là ils ont essaimé en Bretagne puis en Ile de France. Un certain Alcide Loupin fit dissidence,  et ses affidés, les " Loups ", créèrent une nouvelle tribu antagoniste de la leur sur la côte du Cotentin. Par mégarde, au cours de cette période, Mathurin  le Grand apporta de curieux spécimens d’animaux de la côte d’Afrique :
      " Le capitaine avait choisi un rivage désert pour y débarquer. Mathurin le Grand ne se souciait pas de révéler au vieux monde la survivance de sa race. Les membres de l’expédition n’avaient jamais vu de singes, de sorte qu’ils commirent une erreur bien excusable. Parmi les différents spécimens qu’ils rapportèrent en Armorique figurait un sujet tout à fait remarquable dont les cris articulés semblaient s’apparenter à un langage. Et, quant au retour, Mathurin le Grand l’examina, il reconnut que ce singe n’était pas un singe mais un nègre. "
      Le nègre, appelé Loufoussou, s’installa plus au sud et engendra une tribu de métis qui entretint de bons rapports avec la tribu de Mathurin. La vie se perpétuait ainsi sans problème sur le sol de l’ancienne Europe et personne parmi les " barbares " n’enviait les explorateurs noirs. Pour entretenir leur amitié et avant que de rendre visite aux lointains cousins de la tribu de Loussoufou, la Vénus d’Asnières épousa le Vicomte de Kassoulé-Toulouzène. Celle-ci, retournée au sein de sa tribu, se maria juste par dépit puisque Travelling-Robinson n’était pas sensible à ses avances. Le temps des fouilles touchait à sa fin. L’expédition retourna à Tombouctou muni de trésors archéologiques inestimables et en compagnie de la pastourelle qui s’était déjà lassée du Vicomte.
      Tous furent particulièrement distingués par les sociétés savantes noires pour leur action d’éclat et Travelling-Robinson, sa femme l’ayant quitté, put enfin goûter la sérénité entre les bras de sa douce pastourelle.
      La " Vénus d’Asnières  ou dans les ruines de Paris " reste un roman curieux qui peut se lire à plusieurs niveaux. Basé sur la thématique des ruines, déjà fort prisée à l’époque de l’écrivain (voir " Archéopolis ", les " ruines de Paris en l’an 3000, " une exploration polaire aux ruines de Paris ", le récit de Reuze dévoile avec ironie et tendresse les efforts des savants pour reconstituer le passé ainsi que la difficulté à se rapprocher de la vérité historique.
      L’ironie, toute contemporaine, est constamment entretenue dans la trame du texte et les allusions à la vie politique, à la vie quotidienne, aux mœurs des parisiens de l’entre-deux guerres traversent l’ensemble de l’ouvrage. Quant au personnage de la Vénus, il agit comme un contrepoids sentimental apte à procurer cette légèreté de ton que demande le lecteur de l’époque. La naïveté de la pastourelle est également un bon procédé littéraire pour prendre " le point de vue de Sirius ". Bref, il s’agit d’un bon roman dont on ne peut que regretter l’excessive rareté.

    5. Type: livre Thème: menaces animales Auteur: Charles RONZE Parution: 1992
      Le jeune et sémillant journaliste Guy Ménard obtint de son patron, Noël Vannier, la responsabilité d’enquêter sur des assassinats mystérieux qui se sont produits dans la campagne proche de Clermont-Ferrand, en Auvergne. Pas bête, Ménard, au lieu de prendre le train, prévient son amie de cœur, la jeune et jolie Ginette Bernant qui, avec son puissant roadster, les achemine tous les deux à Murols, une bourgade sur le pied de guerre. Partout, des paysans évacuent l’endroit sur des charrettes, des troupes en armes sont postées à chaque carrefour, des contrôles de gendarmerie sont imposés en un maillage serré.
      En ces heureux temps, les représentants de la presse étaient encore gentiment accueillis par les policiers qui facilitèrent au couple l’accès aux lieux des crimes, un chemin de traverse où gisent des corps horriblement mutilés. Soupçonnant un mystère inquiétant, nos héros prennent leurs assises dans un hôtel du coin et sillonnent la campagne. Bientôt, d’autres témoignages feront état de monstres gigantesques, caparaçonnés et cuirassés, qui dévastent tout sur leur passage. Seule l’héroïque Ginette a pu les apercevoir, constatant qu’il s’agit d’insectes gigantesques, de toute espèce. Les assassinats se multipliant, l’armée est appelée à la rescousse pour combattre le fléau. :
      « Le monstre, une courtilière géante était couché sur le flanc. Avait-elle, grâce aux sauts prodigieux de ses pattes de grillon, échappé à la vague mortelle par intermittences et glané dans les couches supérieures de l’air une survie éphémère ? (…) Guy regardait la courtilière. Ses longues pattes de derrière était agitées de soubresauts. Son corselet brillant et fauve se soulevait spasmodiquement. Soudain, dans un dernier sursaut, celui-ci se mit à bruire (…) La tête du monstre se dressa encore. Puis elle s’abattit tandis que le corps se raidissait dans un dernier frémissement. »
      Ménard, qui n’est pas tombé de la dernière pluie, laisse Ginette à son enquête, revient à Paris à toute vitesse afin de rendre une visite impromptue au professeur Darnier qu’il connaît et qu’il sait être un spécialiste des insectes. Ce dernier, tout en le recevant, paraît troublé, car le professeur Darnier sait fort bien de quoi il en retourne : il est responsable de ces désordres. Ce sont ses propres sujets d’expérience, soit cinquante insectes dont il avait réussi à augmenter démesurément la taille, qui se sont échappés de l’enclos dans lequel ils avaient été confinés, la porte ouverte par une main criminelle, en l’occurrence celle de son concierge.
      De retour dans le massif Central avec Ménard, Darnier ne demande qu’à collaborer avec les autorités pour éradiquer le fléau. Mais, durant ce temps, les insectes monstrueux, qui n’y voient malice, poursuivent leur petit bonhomme de chemin. Il faudra toute la science de l’entomologiste, qui les empoisonne à l’aide d’un gaz toxique identique au DDT et l’appui de toutes les armes pour en venir à bout. :
      « Il s’avança le premier en direction de la forêt lorsque le nuage de gaz se fut en partie dissipé. Sa tête blanche retombait par instants sur sa poitrine tandis qu’il arpentait les chaumes brûlés. Derrière lui venaient Guy et Ginette, puis toute une masse hérissée d’armes qui s’étaient révélées impuissantes. Les monstres convulsés encombraient les lisières. On en compta près de quatre cents… (Alors, étaient-ils « cinquante » -p.30- ou « 400 » -p. 43 ?, note du rédacteur). Déjà, les paysans s’attelaient aux énormes amas de têtes garnies de féroces mandibules, de thorax et d’élytres larges comme des ailes d’avions, accrochant des cordes aux pattes découpées ainsi que d’énormes scies. Le feu, qui avait si bien contribué à l’œuvre la paracheva. Des bûchers gigantesques s’allumèrent, des colonnes de fumée grasses montèrent dans l’air. »
      Q’importe les crimes ! Cette histoire aura servi la réputation de Ménard en face de son patron, ravi de cette bonne histoire. Ginette devenue la femme du journaliste, les monstres exterminés, Darnier, triste et confus, l’on pourrait croire que le récit en reste là. C’était sans compter sur la sagacité de Ménard qui mettra la main sur le concierge criminel là où personne ne le soupçonnait, c’est-à-dire dans la propriété même du professeur, sise en Auvergne. Pourtant, la morale reste sauve puisque bien mal acquis ne profite jamais : le concierge, blessé par l’un des insectes au moment de son méfait, expire juste à la venue de Ménard, d’une septicémie généralisée.
      Un sympathique petit récit cataclysmique blotti dans une série policière à cinq sous, qui n’est pas sans rappeler « Face aux Monstres» des dénommés Marijac et Lortac, ou les «Demi-Dieux» de Gordon-Bennett au « Rayon Fantastique».


    6. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Richard MATHESON Parution: 1983
      Le récit nous convie à un rite d’initiation à la sexualité adulte de quatre jeunes gens: Len, Barbara, Pud et Peg, âgés de 18 à 24 ans.
      Peg est une petite oie blanche qu’il s’agit de débrider. Hurlant des slogans à la mode en cette année 1987, ils foncent vers Saint Louis à 200 km à l’heure dans leur puissante roto-moteur, se piquent au " vibrant ", afin de se stimuler, et  n’oublient surtout pas leur masque à gaz dans les faubourgs de la ville  aux immeubles ravagés par la guerre.  Tout en buvant des " paludes vertes ", à l’alcool très fort, ils assistent à la danse du " néozon " ou P.N.Z. , Phénomène du Néo-Zombie:
      " Peggy ne peut plus respirer. Elle reste collée à sa chaise, les lèvres arrondies d’épouvante silencieuse, le sang lui battant aux tempes, tandis qu’elle voit le néozon pivoter une nouvelle fois, battant l’air du fléau blanc de ses bras. La lividité terrifiante de son visage tombe vers Peggy quand le néozon revient se heurter à la barre, à hauteur de taille, et se pencher par-dessus. Le masque de blancheur lavée de lavande reste suspendu au-dessus d’elle, les yeux sombres s’ouvrent spasmodiquement en un regard figé et hideux. Peggy sent le sol bouger sous elle, la figure livide s’embrume de ténèbres, puis reparaît dans un éclatement lumineux. Les sons s’enfuient, chaussés de cuivre, puis lui pénètrent de nouveau le cerveau, en cacophonie visqueuse. "
      La guerre bactériologique a eu des effets secondaires curieux: elle a contaminé hommes et femmes en faisant d’eux des zombies, cadavres animés au son de la musique et qui servent d’attraction dans les boîtes de nuit " branchées ". L’horrible spectacle fascine Peg qui, ce soir-là, avec deux paludes vertes supplémentaires, jettera sa virginité aux orties.
      Une nouvelle brève et dense, au talent littéraire sûr. Entremêlant description d’horreur, slogans publicitaires et analyse psychologique, Matheson brosse le tableau vigoureux d’une société future proche et amorale, en quelques traits puissants. Du grand art!

    7. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: Jacques ZELDE Parution: 1988
      En plein Paris apparaissent « les Hordes ». Casquées, bottées, munies de gourdins cloutés, revêtues d’une cape noire en kevlar, elles se positionnent selon un ordre rigoureux aux divers carrefours, bloquant toute circulation :
      " Sur le trottoir, ils sont sept d’un côté et sept de l’autre sous les ordres de ce qui semble être leur chef. (…) Leur carrure est impressionnante. Ils sont vêtus d’une grande cape noire qui descend jusqu’à terre (…) Tous portent une sorte de casque noir qui semble être fait de paille tressée et dont le protège-nuque descend jusque sur les épaules. Ils sont armés de longs gourdins plombés qu’ils frappent à terre et sont chaussés de bottes ferrées, noires également, qu’ils font résonner en cadence sur le macadam en marquant le pas.
      Agencées de façon militaire, sous le commandement d’un chef de centurie , les Hordes rançonnent les automobilistes en leur faisant payer une taxe sécuritaire d’un dollar sous la forme d’un autocollant journalier à apposer sur le pare-brise. Tout réticent verra sa voiture détruite à coups de gourdin :
      " Instantanément, ce qui était une voiture s’est transformé en épave. Ils l’ont littéralement désossée en frappant à la jointure du capot et des ailes avant, du coffre et des ailes arrières, tandis que le cinquième brisait vitres et pare-brise."
      Des " petites mains " collationnent l’argent (en rendant la monnaie !).  Ce sont les " servants ", c’est-à-dire les clochards, les délaissés, les méprisés, les laissés pour compte de la société : " Tous avaient été servants, c’est-à-dire des clodos de l’existence, mais tous n’avaient pas été clochards, même s’ils avaient cheminés d’abdications en renoncements jusqu’à ce qu’un jour, en entendant parler des Hordes, ils se trouvent assez de désespoir et de courage pour venir rejoindre l’Organisation. "
      S’ils font leurs preuves, ils pourront, en étant parrainés, accéder au grade de " Compagnons " en adhérant aux  idéaux qui fondent  cette société dont la structure oscille entre celle de la mafia, du nazisme et de la fraternité initiatique. Le cloisonnement rigoureux entre les membres, leurs valeurs extrêmes, " réussir ou mourir ", les rendent  pratiquement invulnérables :
      " Nous ne connaissons pas la clémence parce que la clémence ne nous a jamais été accordée ! continua-t-il à hurler pendant que l’homme accroupi gémissait de terreur. Tous ceux qui offensent les Hordes en les niant ou en les reniant doivent savoir que nous sommes capables d’horreurs… Car nous sommes des échappés de l’Enfer ! Couteau levé devant les Compagnons gradés qui s’étaient naturellement placés en demi-cercle dans la pièce, Salomon arracha brutalement la tunique de l’homme accroupi, l’agrippa par les cheveux, lui tira la tête en arrière et lui trancha la gorge. "
      Disparaissant et réapparaissant à volonté, ils paralysent jour après jour un peu plus la cité,et la police se perd en conjectures sur leur origine. Aucune piste sérieuse ne se dégage, même lorsque Elaine, une maîtresse  femme-flic, est nommée coordinatrice de l’ensemble des services de renseignements.
      Paul vient de sortir de prison. Ancien journaliste réputé, il a été condamné pour dettes à passer deux ans sous les verrous en une sorte de prison-citadelle à la tête de laquelle se trouvent deux directeurs, Joël Apesta et Philippe Maston qui se livrent à une expérience unique. Cette prison se veut le modèle d’un nouveau mode d’incarcération où les détenus seront totalement libres à l’intérieur d’un espace carcéral infranchissable puisque des murs-lasers entourent la forteresse, l’isolant du monde extérieur. Les deux dirigeants, pour leur expérience, ont les coudées franches. A l’intérieur, le personnage d’un détenu, le " Vieux ", s’impose à tous. Il a obtenu des deux directeurs la possibilité de constituer une salle informatique qui serait à la seule disposition des prisonniers.
      Paul prend contact avec les Hordes. Il rencontre les deux chefs, Gabriel et Salomon, qui, après probation, lui laissent carte blanche pour donner aux Hordes une nouvelle impulsion. Paul met en place une énorme machinerie, actionnant les médias en la personne d’Yvan son ancien patron, qu’il rattache à la cause. Pour façonner une nouvelle image de marque, il crée une scission arbitraire et manichéenne à l’intérieur des Hordes. Les premières représenteront le Mal, en la personne des " Hordes Noires ", les seconds le Bien en celle des " Hordes Blanches ", qui assureront un rôle de protection. Au cours d’une action contrôlée médiatiquement, les Hordes paralysent entièrement la ville. Paul assure l’interview de Gabriel, met en évidence les exactions d’une police qui, pour les atteindre, n’hésite pas à matraquer femmes et enfants. En quelques jours, les Hordes,  blanches ou noires, accèdent à la notoriété, leur trésor de guerre augmentant de manière exponentielle.
      Georges est un policier en opposition avec sa hiérarchie. Il claque la porte du bureau et décide d’infiltrer les Hordes pour son propre compte. Avec l’appui de Sarah, une prostituée au grand cœur, il joue le clochard " servant ". Il sauve même la vie de Gabriel le soir de la charge policière où la rue est mise à feu et à sang :
      " Sur les trottoirs, la panique était à son comble. Certains passants s’étaient accroupis afin que la Police soit immédiatement capable de faire la différence entre les belligérants et ceux qui n’avaient rien à voir dans l’affaire. Mais bien mal leur en avait pris car c’était sur eux que s’abattaient les coups des gardes dont la fureur décuplait minute après minute en voyant leurs collègues tomber comme des mouches à chaque fois qu’ils s’approchaient à portée de gourdins des Compagnons.
      Des siècles de civilisation semblaient avoir été gommées d’un seul coup car l’on pouvait voir les hommes se frayer passage en frappant les femmes à grands coups de poings balancés à la volée, tandis qu’elles-mêmes faisaient trébucher les vieilles gens pas assez vives pour s’enfuir. Les mères de familles encombrées de paquets voyaient leurs mioches piétinés sans que leurs supplications puissent arrêter la foule en panique… "
      Cette action promotionnelle  lui vaut une ascension fulgurante auprès de Salomon et de Gabriel. La réussite engendrant la réussite, les Hordes diversifient leurs activités. Les compagnies d’assurance sont elles aussi soumises au chantage, les meilleurs avocats se mettent à la disposition des membres tombés. L’investissement dans l’immobilier leur ramène une immense fortune.  Lorsque le monde politique s’effarouche de l’ampleur d’un mouvement qu’il prenait pour un mécontentement passager de la rue, il est déjà trop tard. La philosophie des Hordes a fait des adeptes au-delà des frontières, l’apport d’argent et l’augmentation des effectifs (60 millions de chômeurs en Europe) sont tels qu’ils deviennent inattaquables.
      Georges lui-même s’investit dans l’organisation en occupant un nouveau créneau : éradiquer les souteneurs et la drogue en contrôlant aussi la prostitution qui fonctionnera désormais pour les Hordes. Lors de l’inauguration d’un immense " Palais des Plaisirs ", centre d’une prostitution de luxe drainant la nomenklatura européenne, une immense fête est donnée conviant l’ensemble du  Gotha financier à une grande explication  sur les moyens et les objectifs des Hordes à long terme, sur l’investissement sans limites dans la misère, réservoir inépuisable de revenus. Georges, présent lui aussi, a droit à une petite leçon de morale financière :
      " Regarde-ça, lui dit-elle de sa voix de crécelle à l’accent indéfinissable tout en plongeant sa main entre ses deux seins flétris et en mettant en lumière un diamant dont Georges était incapable d’imaginer le nombre de carats. Depuis deux siècles, beaucoup de gens sont morts pour cette petite pierre. Pas seulement pour aller la chercher, se la disputer ou l’acheter mais pour la conserver. Tu ne peux pas imaginer combien cela demande de morts d’esclaves en mines, en usines, magasins et factories (sic) pour conserver ce caillou.
      Est-ce que tu penses qu’on a le temps de perdre du temps à "s’encanailler" lorsqu’il y a tellement de cadavres autour d’une seule pierre? Crois-tu que ton uniforme noir soit le seul avec qui nous ayons traité ? Et crois-tu que je sois la seule femme américaine à traiter avec des Forces Noires à travers le monde alors que 45% de la fortune US est détenue par des méchantes-laides comme moi, qui se dessèchent la peau sur les plages des Caraïbes à longueur de décennies ?
      Vos Hordes n’auraient pu être qu’une des multiples propositions offertes sur le marché de l’argent… Mais elles savent faire des " propositions qu’on ne peut pas refuser ". Sous peine de mort. Pas de mort physique mais de mort sociale. (…) Tu fais partie des Forces Noires, mon petit bonhomme. Mais la guerre se fait autour d’une tasse de thé servie dans un palace et c’est derrière un petit four pur beurre qu’on capitule et qu’on avale la pilule.
      Il découvre que ceux qu’il connaît, son ancien directeur des RG, les divers chefs de la police, des hommes politiques de poids, des financiers internationaux, font déjà partie des Hordes, arborant avec fierté leur badge d’appartenance. Mais ce soir-là est exceptionnel. C’est maintenant que doit être révélé au monde entier le cerveau qui se cache derrière toute l’organisation. Son visage apparaît sur l’écran de télévision gigantesque disposé à cet effet. Paul y reconnaît avec stupéfaction le visage du … Vieux. !
      Du fond de sa prison modèle, c’est lui qui a tout combiné avec ses deux anciens ex-détenus que sont Salomon et Gabriel pour que le monde appartienne aux déshérités. Pour cela, il a créé la subversion dans les valeurs d’argent. Grâce à ses compagnons informaticiens, et avec l’appui actif de Maston  et d’Aspéta, il a infiltré les ordinateurs des plus grandes banques pour connaître avant les autres le cours des bourses. Ce délit d’initié donne aux Hordes une longueur d’avance. Pour éviter la tentation aux grands argentiers d’intervenir contre eux, il a dynamité tous les centres serveurs en y déposant des bombes virales.
      A défaut de pouvoir détruire les Hordes, il ne reste plus qu’à l’Establishment de collaborer avec elles. Son œuvre accomplie, le " Vieux " décide de tourner la page. Durant le temps de son incarcération volontaire, il a formé à la dure son disciple Karl, lui léguant la direction des Hordes. Dans sa prison, le Vieux se mure en une retraite spirituelle, au fond d’un cachot humide, en face à face avec lui-même, jouant ainsi le rôle d’une sentinelle suprême de " l’Ordre "
      Un récit atypique, attachant, écrit avec verve,  qui évoque la subversion totale de la société. Par le détournement des valeurs d’argent, les Hordes font émerger une nouvelle société, plus juste, à travers une violence contrôlée. S’articulant autour d’un concept initiatique, le texte,  sorte de conte philosophique, dégage un effet de réel qui inciterait le lecteur à se dire : " pourquoi cela ne serait-il pas ? "

    8. Type: livre Thème: épidémies Auteur: John CASE Parution: 1998
      L’éradication d’un village contaminé en Corée du Nord crée une suspicion chez les Américains.  D’après des témoignages, il semblerait que celui-ci ait été atteint par l’influenza ou grippe espagnole, affection virale hautement contagieuse. Ce virus ayant pratiquement disparu de par le monde, le dernier espoir qui subsiste d’en retrouver des souches pour la mise en place d’un vaccin, est de prélever des tissus infectés sur des cadavres de mineurs préservés par le froid et enterrés dans le nord de la Norvège, à Kopervick.
      Une expédition est mise sur pied, comportant les principaux protagonistes, lev Gleason, l’agent spécial du FBI et Annie Adair, une jeune biologiste, responsable du projet.  Le désappointement est d’autant plus grand lorsque, arrivés sur les lieux, ils s’aperçoivent que quelqu’un les y a précédés. Les corps ont disparu et un grand cheval blanc a été tracé sur les murs de l’église attenante.
      Daly Franck, reporter au « Post » aurait dû faire partie de l’expédition. Pour des raisons d’encombrement, il est resté en arrière, ce qui ne lui a pas déplu.  Reprenant contact avec Annie – obligée au silence par le FBI -, il se livre à une enquête minutieuse concernant l’événement et en arrive à l’existence d’une secte mystique-écologiste, « le Temple de Lumière », animée par son gourou Luc Solange, ayant tous les aspects d’une multinationale aux ramifications multiples dans divers domaines.
      C’est le cercle intérieur de la secte qui s’est livré à l’exhumation des corps, récupérant les virus pour s’en servir comme matériau de base afin de créer, par manipulation génétique, un super-virus de l’influenza dans le but de le répandre dans le monde entier, en commençant par les USA.  Luc Solange, dans sa folie paranoïaque, se veut le « cheval blanc », le « premier cavalier de l’apocalypse » dont le destin est de détruire une grande partie de l’humanité pour régénérer la biosphère.
      Petit à petit, avec l’aide d’Annie et de Stern, l’un de ses amis, Franck remonte à la source. Mais le Temple a les bras longs. Dans sa naïveté, Franck se fait repérer rapidement et les adeptes de la secte tentent de l’éliminer par de l’intimidation, par des accusations mensongères ou du harcèlement. Parallèlement, Solange, dont la base se situe à Lake Placid se livre déjà à des essais de diffusion du virus par aérosol en Californie et à Washington. Tous les moyens porteurs seront utilisés : avion, bateau, camion avec pot d’échappement trafiqué.
      Puis, Stern disparaît et Franck subit le vol de toutes ses disquettes informatiques.  Après en avoir informé le peu sympathique agent Gleason, Annie et Franck se rendent dans le repaire du gourou. Ils y seront capturés et menacés de mort.  Heureusement, la cavalerie arrive en la personne du FBI, investira le campus, arrêtera les protagonistes du Temple (sauf Solange) et délivrera nos piteux héros.
      Tintin et Milou (pardon : Annie et Franck) poursuivent inlassablement le maniaque de la destruction, l’arrêtant d’un « punch » bien senti lorsqu’il envisage d’introduire son virus dans le réseau urbain de distribution d’eau. Franck a gagné mais ne pourra écrire son article, toujours condamné au silence : la secte n’aura été qu’un cheval de Troie pour les Nord Coréens, avec lesquels elle entretenait des rapports, qui espèrent affaiblir la puissance des Etats-Unis. C’est du moins ce que lui apprend Gleason.  Le journaliste se consolera en épousant Annie.
      Un techno-thriller faible avec des personnages peu perspicaces et une intrigue primaire, un pur produit marketing dont il ne restera que peu de choses.


    9. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité, l’apocalypse réalisée Auteur: Jean ALESSANDRINI Parution: 1993
      Maximilien Crible se réveille ce matin du 15 juin 2004 et se rend compte que tout va de travers. Non seulement les gadgets technologiques le lâchent, non seulement, ce jour, au soir, il sera viré de son travail de lecteur-programmeur du plus puissant ordinateur du monde, mais encore, dans les médias , les catastrophes s’amoncellent, avec des volcans en éveil et des tremblements de terre partout dans le monde.
      Plus grave: ce dont il est le seul à s’apercevoir, semble-t-il, c’est qu’il n’y aura pas de 16 juin 2004 ! Le calendrier, la montre, l’agenda,   ne prévoient pas cette date, comme si sa propre mort, ou celle de la terre était déjà programmée. Par ailleurs, il découvre un autre indice qui ne trompe pas : le chiffre 666, celui de la « Bête » de l’apocalypse, que lui, Maximilien, semble être le seul à voir.
      Que se passe-t-il ?
      Malgré tout, il envisage d’aller à son travail une dernière fois, remplacé par « Antisphinx », l’ordinateur géant qui devra être inauguré aujourd’hui. Son collaborateur et ami Gibbelin, lui soummet les dernières projections géosatellitaires. Le doute n’est plus permis: partout, le long de la ceinture de feu se réveillent les volcans,  et à la conjonction des plaques sibériennes, européenne et atlantique, le sol plissé de façon singulière semble former le chiffre 666 :
      « La plus grande partie de l’Irak et la quasi-totalité de la Turquie n’existaient déjà plus qu’à l’état d’ulcération… Une plaie béante à la surface de la terre, si énorme, si profonde qu’elle devait être visible de la Lune !(…) le craquement laissait entrevoir, en contre-bas d’une dépression d’au moins cinq cents mètres amplifiée par une surnivellation de hauteur équivalente, un plateau étrangement lisse disparaissant dans l’ombre portée de nouveaux plissements en à-pics. Il suivit à la loupe le parcours fracturé de ce corridor inopinément mis à jour. Utilisant les tables de conversion, il détermina approximativement l’écartement maximum des lèvres de la plaie à trois cents kilomètres. Pestant contre l’image, il devina plus qu’il ne distingua une série de balafres discontinues, droites, courbes, croisées, circulaires, sinusoïdales, spiralées, biscornues, incisions étrangement régulières, parfois répétitives, comme griffées par un gigantesque burin. Indubitablement ces ciselures ne pouvaient être que l’œuvre de la nature, mais la cohérence de leur dessin lui remit en mémoire le mystérieux artefact de Nazca au Pérou. »
      Pour en avoir le cœur net,  et parce que seul le super-ordinateur saura répondre à sa question, Crible décide de le consulter, bien que l’accès lui en est rigoureusement interdit. Par l’entremise de Gibbelin, il obtient les clés d’entrée de la salle où il se retrouve seul devant Antisphinx. Crible reçoit une réponse à son soi-disant délire.
      Le responsable de tout, c’était lui, Antisphinx. Connecté à la machinerie mondiale, le robot a décidé de tirer un trait sur l’espèce humaine, en enclenchant partout un processus d’autodestruction mais en gardant un témoin privilégié de ce moment, à savoir, lui , Maximilien Crible.
      Maximilien soumet à la machine une dernière question à laquelle elle ne pourra refuser de répondre : que signifie ce chiffre « 666 » inscrit dans les plis de l’écorce terrestre ?Antisphinx met du temps à  analyser les données. Quand enfin il parle, c’est avec un intense étonnement : la terre aurait été programmée depuis son début par la nature, à se détruire un jour, et ce jour, c’est le 16 juin 2004 :
      « -Antisphinx de quoi sera fait le 16 juin 2004 ? Un silence puis la « divinité » assena sa réponse : -Demain, 16 juin 2004, Antisphinx sera le maître de l’univers. -Pourrais-tu être plus précis ? demanda Crible, avec un plissement de paupières inquisiteur.
      -Oui, Crible. Demain verra la fin du cycle humain sur Terre et l’avènement de la machine ultime. (…) La planète est désormais entièrement informatisée, totalement sous influence. Du plus infime microprocesseur au terminal géant et du logiciel d’appartement à la banque de données, la technosphère étend partout son empire et Antisphinx en est le cœur et le cerveau.(…)
      «  Mes conclusions sont formelles. Les lignes de fracture opéreront une première jonction dans six heures trente-neuf minutes dix-huit secondes, c’est-à-dire à vingt-trois heures cinquante-neuf minutes, au point d’intersection géographique considéré comme la charnière du substratum européen, africain et asiatique. (…) Il y aura une dérive accélérée des continents, puis, du fait, de la gravitation terrestre, l’écorce démembrée s’arrachera au noyau fondateur et s’évacuera par morceaux dans l’espace. »
      Pas de chance pour Antisphinx que ce jour coïncide justement avec la prise de pouvoir des machines ! Lorsque les officiels pénètrent enfin dans la salle, ils contemplent un ordinateur définitivement hors d’usage, un Crible, joyeux et insouciant qui s’apprête à rejoindre le fantôme de sa défunte femme, tandis que deviennent perceptibles les premières secousses telluriques :
      « L’orage, un orage fantastique, libérateur, éclata soudain sur la ville. Le tonnerre gronda. Une gerbe d’éclairs déchira le ciel chargé de nuages lourds qui évoquaient un galop d’éléphants cruels. La pièce s’illumina. Le vent se leva. La tourmente souffla. Mugissement. Rugissements.
      -J’ai atteint ma date limite, n’est-ce pas, demanda Crible. -Oui, mon chéri. Viens, je t’attends.
      Elle lui tendit les bras. »
      Un récit pour adolescents, intelligent, ironique, enlevé, dont  le suspense ne se relâche à aucun instant.

    10. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, la nouvelle glaciation Auteur: Robert CLAUZEL Parution: 1971
      Le journaliste Germain Laurent assiste, au lieu-dit «l’Arouette», au sud de Chartres, à l’arrivée d’une soucoupe volante qui libère des " choses noires " sur le sol. Il passe pour un fou lorsqu’il en parle à ses concitoyens, notamment à l’inspecteur Bouffard.  Obsédé par sa vision, Laurent se met à fouiller le terrain d’atterrissage et met à jour un " objet noir " qui semble vivant et dangereux puisqu’il annihile tout être vivant à sa portée. L’être qui sort de terre se présente comme une sorte de cellule gigantesque en croissance rapide, absolument invulnérable à toutes les attaques.
      Le Cosmozoaire – c’est son nom- représente le mal absolu car il parvient (on ne saura pas comment) à dévier la terre de son orbite, en l’éloignant du soleil, ce qui la plongera dans une nouvelle ère glaciaire avant de la faire disparaître définitivement dans le néant et ses habitants avec elle :
      " Le niveau des océans et des mers baisse partout puisque l’eau n’y retourne plus par les rivières gelées, continua le Dramalien. Par conséquent, le fond des mers supporte un poids moins important, et se fissure par contrecoup, sous l’effet de la pression interne. Il y a de véritables tremblements de terre, de vraies éruptions volcaniques sous-marins. Des laves d’une température de plusieurs milliers de degrés font irruption dans les abysses, provoquant  un réchauffement brutal de toutes ces énormes masses liquides, des torrents de vapeur d’eau surgissent à la surface…, l’évaporation s’accentue, s’aggrave…, le niveau des océans continue à baisser. La Terre va être entourée de nuages de plus en plus denses, le jour va s’obscurcir encore (…) Les hommes vont se réfugier dans des cavernes, toute vie s’arrêtera. "
      C’est du moins ce qu’affirment les compagnons d’Arièle, Claude Eridan, Gustave Moreau (eh oui !) et Arssette de Dramalia, originaire de la planète Anisotroppa, tous opportunément venus  au secours de la Terre de très, très loin (des " milliards de milliards d’année de lumière " ), appelés à l’aide par le Professeur Béranger dont Arièle est la fille, partie filer le parfait amour avec Claude sur la planète Gremska  et restée, malgré la distance,  en liaison constante avec son papa.
      Il était plus que temps : la planète Terre s’enfonce de plus en plus dans un néant ténébreux. Heureusement, l’idée de génie d’un savant du CNRS (Ah ! les savants français !) consiste à  alimenter l’entité avec une nourriture " dextrogyre ". Comme elle est constituée de substance " lévogyre ", comme vous et moi, cette nourriture la tue. Tout se remet en place et nos héros pourront reprendre une activité normale.
      Un tutti frutti de notions pseudo-scientifiques mal assimilées, un zeste de spiritualisme satanique, un comportement de franchouillard attardé, un style proche de la simplicité évangélique et voilà un roman-catastrophe qu’il vaut mieux éviter.

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