- livre
- menaces technologiques
- Herbert PAGANI
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Mégalopolis par Herbert Pagani, 2 disques 33T, EMI 2C 162-
12.355, avec un groupe de chanteurs et de compositeurs dont Graziani, Lombardi, Kermal, Vastano et Herbert Pagani comme interprète principal, avec chœur et orchestre, grand prix international du disque de l’Académie Charles Cros, 1972. opéra- rock et chansons d’expression française, comprenant diverses parties.
menaces technologiques -
(1944-
1988) Créateur, auteur- compositeur, sculpteur. Animateur à Radio Monte- Carlo. Entre dans le milieu de la chanson (adaptation des grands chanteurs français) . Ses premières chnsons sont en italien. En 1972, création de l'opéra- rock "Mégalopolis" (joué au palais de Chaillot et à Bobino). Politiquement à gauche. Soutien également l'état d'Israël. - 1972
1.Prélude à Mégalopolis
2. Discours du président Directeur Général de l’Europe
3.Arche de Noé
4. Sérénade
5. Radio taxi
6.la Cuisine, le Ménage et l’Amour
7. les tapis roulants
8. Chez nous
9. le P.A.P.E.
10. confession d’un cadre supérieur
11. Mégapocalypse
12. le printemps d’après la fin du monde
«Mégalopolis» est une œuvre musicale ambitieuse s’articulant sur une chorégraphie soignée, qui décrit le passage d’un monde dystopique (le nôtre) à une société utopique à travers un cataclysme technologique lequel, comme dans « Ravage » de Barjavel, provoque la chute de la cité. Le fil conducteur y est assuré par un jeune et sympathique couple et leurs enfants vivants au sein de l’enfer technologique. Ils parviendront à survivre au cataclysme pour se fondre dans le noyau de la société future.
La société dystopique est analysée au plan politique et idéologique, débutant par la conférence du Président Directeur Général des Etats-
« Cette bataille de la circulation sera notre victoire. Le Rhin, le Danube, le Tibre, la Seine et la Tamise, ces merveilleuses voies de circulation naturelles seront recouvertes de béton pour nous permettre d’aller plus vite et plus loin. Nous avons les autoroutes, nous aurons les auto-
Coupé par des flashs publicitaires, le discours trouvera un écho auprès des militaires engagés dans une guerre impérialiste sous le prétexte de défendre les valeurs occidentales (rappel transparent de l’engagement américain au VietNam), et à qui l’on promet l’impunité pour leurs crimes :
« Soldats !
Avant de quitter le pays
Rasez-
Pour cette dernière sortie
Droit de vol, de viol et de pillage !
Groupés autour du drapeau
Vite de l’héroïne aux héros
We’re ready, let’s go ! »
La situation des citoyens connectés, conditionnés, répertoriés, particules de l’immense réseau planétaire leur donne l’illusion d’une liberté consistant à consommer les gadgets d’une société post-
« Au premier click du Métronome des Métropoles
Les portes claquent
Et les gens quittent leurs alvéoles
Et en avant
Les tapis roulants ! (…)
Remplis ton sac au bric à brac électronique
A des prix choc.
La viande en stock c’est plus pratique
Et en avant
Sur tapis roulants. »
Bien que le jeune couple vive replié sur leurs amis et fasse de la résistance passive, autour d’eux la ronde infernale se poursuit jusqu’à ce qu’un accident mineur, mais analysé dans le détail, déclenche l’apocalypse avec son cortège de malheurs :
« Tout a commencé
le mardi 6 décembre
Il neigeait ce soir-
des flocons couleur cendre
Sur la ville oxydée
Que traquait le destin… »
Un avion géant en perdition a percuté un noeud électrique privant Mégalopolis d’énergie au sein de l’hiver :
« Carcasses et tripes de ferraille
percutent au cours de leur descente
Un bras de la Centrale quarante
En superélectropagaille
Et l’Europe thermonucléaire
Reçoit partout ce choc sauvage
Et à la vitesse de la lumière
La panne se propage… »
Les conséquences en sont terribles : arrêt des activités, arrêt des transports, désorganisation sociale, famine, manque de chauffage. Le froid et la neige s’abattent sur les hautes tours de béton qui illuminent la nuit :
« 10 millions de passagers
se trouvent prisonniers du métro
Rayons X poumons d’acier
S’arrêtent dans tous les hôpitaux (…)
Et le lendemain
Sous un ciel de Norvège
On a vu la cité
qui flambait sous la neige ! »
La mort, l’agressivité dans le malheur, la peur des épidémies enclenchent les réactions égoïstes. Chacun se calfeutre dans son malheur, la société régresse vers la barbarie :
« La ville est retombée
dans un étrange moyen âge
et les supermarchés
sont les vedettes du pillage
les forces de police
ont employé les grands moyens
la faim systématique
multiplie les assassins (…)
Les morts qui s’amoncellent
Dans les places et dans les rues
Appellent des gourmands
Dont on ne se souvenait plus
Les rats, oui, par milliers,
Les rats remontent à la lumière
Avec la rage aux crocs
Avec la peste en bandoulière… »
A pieds, avec leurs enfants, le couple traverse la ville vers la campagne glacée où se manifeste la guerre de tous contre tous:
« Et voilà les révolvers
qui se gavent de munitions
Je te creuse une boutonnière
Pour deux tranches de jambon
Et voilà les tours d’hier
Qui se dressent en châteaux forts
Les vivants se font la guerre
On ne compte plus les morts,
La guerre a commencé. »
De loin, Mégalopolis, comme un monstre asphyxié, a cessé de vivre. Seules les carcasses tordues des voitures témoignent encore de sa grandeur passée. Ni l’argent, ni les appels politiques, ni les lamentations oiseuses du pape ne parviennent à enrayer le processus de décomposition :
« Je suis malade
je suis malade
je sens les forces m’abandonner
Maître céleste
Il ne me reste
Même plus le temps de me racheter…
Sur les plaies sanglantes de la terre
J’ai souvent pleuré, mais
Par prudence, oui, Mon Père
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