Synopsis :Vol. 01 : le Grand manque, Soleil éd., 1993, 1 album cartonné en couleurs, in-quarto, 50pl. bande dessinée d’expression française
1 ère parution : 1993
Le Grand Manque ? C’est l’homme, disparu de la surface de la Terre suite à un conflit généralisé dans lequel seul les femmes ont survécu. Aujourd’hui, la société s’est adaptée à la situation, développant dans un milieu social strictement féminin et qui ne conserve même plus le souvenir de l’homme, toutes les tares économiques ou politiques de ce dernier. Plutôt rétrograde (le déplacement se fait en véhicules à charbon), la société féminine à Rome (Roma) et à Moscograd (Moscou) fonctionne sur un mode théocratique et policier. La « Belle Papesse » au sommet de la pyramide coercitive, énonce la « Loi » :
« Puis le dernier jour, Dieuze modela Eve dans l’argile de la Terre et vit qu’elle avait fait un être parfait, car elle se suffisait à elle-même (…) et le principe féminin, qui est un principe sublime, recouvrit la Terre entière. »
Les « flickesses », des femmes hommasses et impitoyables contrôlent les individus à tous les niveaux. Les femmes sont cantonnées à leur travail et dans leurs quartiers alors que les flickesses s’adonnent toutes à des orgies et drainent la richesse du pays. Le sexe est omniprésent. L’homosexualité, seul type de fonctionnement possible, se décline sur tous les modes : amantes/maîtresses, concubinage, (les « concubes »), viols et crimes sexuels sont quasiment légalisés. Il s’agit d’une situation universelle puisque le « Grand Manque » s’est fait sentir sur tous les continents.
C’est dans ce cadre que le lecteur suit l’histoire de « Belle ». Belle est une belle blonde vaporeuse, plutôt dégourdie, et qui ne se gêne pas de donner à l’amour de Rouane, une autre fille de caractère, anarchiste et amoureuse, surveillée par l’autorité. Heureusement Belle, concube de Josyan, une flickesse moins raide et plus humaine que les autres, dispose de quelques passe-droits, lui permettant de sauver Rouane accusée et au bord de l’emprisonnement. Tout se gâte lorsque Belle et Josyan seront invitée à participer à une orgie chez la « Capitaine », une abominable soularde, laquelle en profite pour violer Belle, avant de l’espionner. La jeune femme piégée est suivie à son insu lors de sa cavale avec Rouane. Les deux étant enfin capturées, Belle sera à nouveau libérée par Josyan qui la déclare comme étant une «3X», c’est-à-dire d’une composition génétique extrêmement rare qui lui permettrait d’enfanter.
Belle est aussitôt acheminée vers un centre de maternité où la « Belle Papesse » en personne la prend en charge, prête à lui faire part du « Grand Secret » , sachant que plus jamais la jeune femme ne sortira d’entre ses griffes. Elle sera acheminée vers la « Tour Pointue » (une tour-prison en forme de phallus) où elle découvre avec surprise et horreur des êtres anormaux, vieux ou déformés, avec une excroissance énigmatique sur le bas-ventre, des hommes. Ce sont là de rares reliquats qui, depuis leur jeunesse, emprisonnés et contraints, servent de vaches à sperme pour que la société femelle puisse perdurer. Prisonniers et régulièrement traits d’une façon mécanique jusqu’à l’épuisement ou la mort, on recueille leurs éjaculats dans le but d’inséminer les rares femmes, soit des « 3X », encore capables de mettre au monde des enfants. Belle fera l’expérience de l’action du pénis, pénétrée à l’instigation de la Papesse, par tous les mâles présents, pendant que Rouane croupit en prison.
Vol. 02 : Pour trois gouttes de rosée, Soleil éd., 1993 1 album cartonné en couleurs, in-quarto, 46pl. bande dessinée d’expression française.
1 ère parution : 1993
Belle, toujours dans les bâtiments épiscopaux, surprend un secret: la papesse veut vendre une de ses meilleures unités de reproduction (un homme) à la baronne de Skandine. Découverte, elle sera jetée en prison avant d'être éliminée, la papesse voulant faire d'elle un bouc émissaire, en l'accusant de meurtre. Elle devient un "Carte Noire" acheminé dans le même fourgon que le Nhôm vendu. Le trajet ne se passera pas comme prévu car les enjeux pour récupérer le reproducteur sont très importants.
Passant par les montagnes des Balkans, le fourgon sera tour à tour la cible d'une unité spéciale de Bulgraves (et non Bulgares), de Ritales de la Ritalie opposées aux Bulgraves et surtout des anarchistes du groupe de la "Baleine", commandées par une Rouane libérée et qui tient absolument à retrouver Belle. Le fourgon, pris pour cible de tous côtés, vomit ses occupants. Belle s'est déjà prise de pitié et d'affection pour le monstre lequel, bien que jeune, est complètement abruti. Son seul cri est "Ejak!" et sa seule préoccupation celle de copuler. Belle apprendra donc à connaître la sensation procurée par un organe masculin, ce qui ne lui est pas désagréable. Elle s'échappe avec lui dans les hauteurs et trouve refuge auprès d'un ancien Nhôm déguisé en femme qui, grâce à ses talents de rebouteux, soigne le jeune mâle, lui faisant progressivement prendre conscience de son environnement.
Entre-temps, les Bulgraves ont défait les Ritales, découvert le chalet, pendu le vieux et tendu un piège à Belle et à son protégé. Rouane, qui à la tête de ses anarchistes a participé au combat, est grièvement blessée. La Baleine doit intervenir en personne auprès des Bulgraves, les menaçant d'extinction si elles ne cèdent pas à sa proposition, soit l'échange du Nhôm contre Belle. Mais la transaction dérape lorsque des Ritales rescapées, retrouvant la piste de leurs ennemies, blessent mortellement le jeune mâle qu'elles avaient pour mission de s'approprier, le prenant pour un abominable monstre. Belle retrouvera finalement Rouane qu'elle aidera à guérir.
Une série étonnante qui n'a pas eu le succès mérité, arrêtée au bout de deux épisodes. Pourtant la description de ces sociétés féminines d'une amoralité et d'une cruauté extrêmes qui se disputent les derniers mâles sur terre pour assurer leur survie provoque une forte impression, encore davantage mise en valeur par le dessin linéaire et les couleurs pastels de Ribera. C'est un exemple rarissime dans le domaine de la BD de faire exploser les conventions habituelles d'une féminité considérée comme uniquement douce et gentille