Sur l'auteur :
(1942-
Préambule :
Ravage par René Barjavel , Denoël éd., 1962, coll. le "Livre de poche" , 1 vol. broché, in-
critique in « Fiction » N° 77
1ère parution: 1943
disette d'éléments -
Synopsis :
Dans un monde uni et feutré dans lequel l’électricité fonde le "village planétaire" les villes sont toutes réunies en un tissu urbain, dense vers les centres et lâche vers les axes routiers, mais continu. Au-
" Alors des gens ont crié. Des hommes et des femmes sont tombés. On a marché dessus. Et puis des hommes ont voulu allumer un feu dans une voiture avec des journaux et des morceaux de banquette pour y voir clair (...) et les gens qui étaient serrés autour se sont mis à griller comme des saucisses. "
D’abord, quelques morts, dus à l’effet de surprise. Ensuite, l’inquiétude et l’angoisse qui pèsent sur les gens, l’impossibilité pour eux de sortir de la ville et la sensation d’être pris comme des rats dans un piège. Enfin, le processus s’emballe et le manque d’eau, les morts en masse déterminent des épidémies. Le vernis culturel se fissure de toutes parts. Il ne subsiste plus que la loi du plus fort. Dans de telles conditions, pour survivre, il faut savoir s’imposer.
François comprend tout cela. Rassemblant autour de lui les éléments d’une petite communauté, il en prendra la tête pour la conduire hors de Sodome foudroyée vers une nouvelle terre promise. La ville est laissée à sa pourriture et François organise le départ de son groupe qui compte plusieurs femmes. Son but est d’atteindre la Provence, peut-
" François marchait sur la chaussée, à deux mètres environ du trottoir. Il était décidé, sans colère, sans peur. Parvenu à la hauteur de la boucherie, il saisit la lance à pleine poigne, la pointa en avant et s’élança. L’homme eut à peine le temps de le voir venir. Comme il ouvrait la bouche pour crier, le poignard, enveloppé de papier blanc s’enfonça tout entier entre ses dents et lui ressortit, nu parmi les cheveux. "
Durant le trajet, François fait preuve de la même violence quand il abattra une sentinelle qui s’était endormie et qui avait mis par cela même, la vie de la petite communauté en péril. Arrivé en Provence, après avoir combattu mille dangers, François , devenu patriarche du groupe, instaure un nouvel humanisme. Toute la vie sera désormais axée sur les "vraies" valeurs, soit le travail de la terre et la mise en commun des récoltes. Une société se fonde à partir de ses cent vingt-
"Ravage" est l’un des romans les plus connus de Barjavel et l’un des plus représentatifs du genre. Bien que les apparentements avec l’oeuvre de Théo Varlet " la Grande Panne " soient patents, le récit est incomparablement mieux écrit, plus dense, plus réaliste. Les personnages principaux, simples mais bien typés, sont peu nombreux. A une intrigue linéaire au temps narratif univoque présentant l’action en trois phases -
La mort et la renaissance sont les deux thèmes centraux du roman : mort glacée des " Conservatoires ", mort hideuse de la décomposition des corps, mort épurée et diaphane des squelettes, renaissance dans la symbolique des travaux de la terre. Une lecture idéologique du récit fera cependant apparaître ces mêmes valeurs prônées par le Maréchal Pétain dans une France de la collaboration.
Pourtant, les choses ne sont pas si simples. La question posée par le livre (et à laquelle ne répond pas Barjavel) est la suivante: La stagnation d’une société, donc sa régression, est-