Sur l'auteur :
(1861-
Préambule :
L’An 330 de la république, XXème siècle de l’ère chrétienne par Maurice Spronck , Léon Chailley éd., 1894, 1 vol. broché, 140 pp. couverture muette. roman d’expression française. notice biographique in " Le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne " N°18, juil. 1997
1ère parution : 1894
guerres futures 1-
Synopsis :
En 2105 de l’Ere chrétienne, la commune d’Orléans fêta «l’Ere de la Raison et du Socialisme». Les réjouissances publiques servirent de témoignages à l’entrée de l’Europe au sein de l’âge d’or. On honora la science et la culture. Grâce au savant Claude Mouillaud, le père de l’alimentation artificielle, plus personne ne meurt plus de faim. Les femmes ont accédé à un haut niveau de responsabilité. La citoyenne Paule Bonnin, première magistrate de la ville, préside aux jeux dont le thème est la reconstitution réaliste des siècles barbares. Grâce à l’électricité, chacun peut se déplacer à sa guise en tricycle, car seule compte en ces temps merveilleux le culte de l’esprit. C’est pourquoi Paule Bonnin est une femme énorme, obèse, incapable de de marcher sur ses propres pieds :
«Comme la plupart des ses contemporains ou contemporaines, la fâcheuse obésité l’avait frappée fort jeune, et elle n’avait pas tardé à atteindre une amplitude qui, dans une civilisation moins parfaite, lui eût rendu l’existence impossible. Un système de corsetage savant la cuirassait des genoux jusqu’aux épaules, comprimant les cuisses, refoulant le ventre, étayant la taille, ramenant la poitrine, soutenant les bras (…) Les yeux et le front seuls avaient une beauté puissante, pour ainsi dire spirituelle. »
Déshabitués de l’exercice physique, tous les citoyens ont une grosse tête sur un corps débile ou contrefait. L’Etat, disparu au profit des Communes grâce aux avancées difficiles vers un progrès que ponctuent la Révolution française et la République, a répandu l’instruction obligatoire et rendu la guerre hors-
« Devant l’abondance et la surabondance des richesses, la journée de huit heures, par la force seule des choses, ne tarda pas à se réduire à six, à quatre, puis à deux heures ; bientôt même la moindre assiduité quotidienne devint superflue (…) A la fin, on jugea plus simple pour ces corvées, d’entretenir collectivement un certain nombre d’ouvriers chinois ; et, comme il était à craindre que la présence de ces étrangers constituât un péril, chaque commune se composa par prudence une milice de mercenaires musulmans ».
Le sentiment de la Patrie avait disparu. En ces temps idylliques subsistaient encore quelques ombres au tableau. Le suicide sera considéré comme une forme normale de mort. Les femmes refusent de subir des grossesses. Les campagnes se dépeuplent au profit des villes, les faibles survivent en fragilisant la société. L’emploi des excitants artificiels (opium, alcool) est légitime. Bien que les criminels gardent toujours une propension au crime, la société les fait vivre dans le confort dans le but de les rééduquer.
C’est alors que l’Islam bouge et s’étend à toute l’Afrique, l’Asie et l’Inde. Un Islam ignorant, pauvre, fanatique et barbare. En face d’une Europe pacifiste, les prêches en faveur du Jihad se multiplient, ainsi que les actes de piraterie en Méditerranée. En 2092, les Maures entreprennent, pour un prétexte futile, la reconquista de l’Andalousie. Les Espagnols terrifiés entament des pourparlers, tout en appelant le reste de l’Europe à leur secours. Mais, les citoyens étant libres, l’enrôlement des volontaires eut peu de succès. Ainsi, la prise de l’Espagne ne fut même pas une guerre, seulement une prise de possession. Cadix, qui tenta de résister, sera rayée de la carte par l’émir Ali-
En 302 de la nouvelle ère, le successeur Ibrahim-
« Pour comble, des épidémies disparues depuis des siècles, le typhus, la variole, la peste, arrivèrent à la suite des hordes asiatiques. Brusquement tirées des réceptacles lointains où ils sommeillaient éternellement (…) Les horribles fléaux parcoururent en moins d’un mois l’étendue de l’immense champ de bataille. (…) Les cadavres pourrissaient en plein air, sur les routes ou dans les maisons abandonnées, créant ainsi sans cesse des foyers d’infection contagieuse. Mais, tandis que, chez les envahisseurs, les vides se comblaient continuellement par de afflux d’immigrants nouveaux, certaines régions envahies, ou près de l’être, se dépeuplèrent en quelques jours, sans que nul, dans le désarroi universel, songeât à secourir les sinistrés. »
Les Communes cèdent les unes après les autres, le suicide en commun d’Européens devient la norme et le cannibalisme se répand. Lorsque les Arabes atteignent la Commune d’Orléans, celle-
« Dieu est au-
«Heureux et fiers de leur force, inconscients de leur servitude, de leur ignorance et de leur misère , inaptes aux merveilleuses subtilités de l’esprit moderne qu’ils dédaignent faute de le comprendre, ils se vantent d’avoir anéanti l’Europe ; ils s’y installent, s’y organisent et s’y multiplient avec la fécondité des races inférieures. Et le plus intelligent d’entre eux serait incapable de citer les minéraux dont se compose Sirius… Les barbares ont reconquis le monde. La civilisation est morte. »
« L’An 330 » se présente comme une nouvelle intelligente, terrible et cruelle de lucidité , relative au destin futur d’une hypothétique société européenne. Avec le temps, nous pouvons estimer à quel point ce qui apparaissait comme pure spéculation de Spronck, devient d’une grande actualité aujourd’hui. La faillite des valeurs républicaines, le morcellement social, l’égoïsme individuel, l’écroulement des idéologies, la résurgence d’un Islam conquérant, conduisent naturellement à une vision guerrière où des Musulmans règnent en maîtres absolus sur une Europe dévastée, préoccupation reprise surtout par des écrivains d’extrême-