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  • Rinocerox

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Serge BRUSSOLO

    Parution : 1992

    Thème : sociétés post-cataclysmiques 1


    Sur l'auteur :

    (1951-) Etudes lettres et de psychologie.  Des débuts difficiles avec une prose et un style  hors norme. Lancé par les éditions Denoël et Fleuve Noir. Un rythme de parution soutenu. Construit une oeuvre inventive et riche centrée sur le légendaire et la mythologie réinventée, une science-fiction mêlée de fantastique et d'étrange. Aborde tous les domaines: romans policier, historique, littérature pour enfants, thrillers. Ses thèmes: la dégénérescence du corps humains et des systèmes sociaux.


    Préambule :

    Rinocérox par Serge Brussolo, éd. Fleuve Noir, 1992, coll. « Anticipation - Métal » N°1882, 1 vol. broché, in-12 ème , 187pp.  couverture illustrée par Kervévan. roman d’expression française
    1 ère  parution : 1992


    Synopsis :

    Sur une terre arasée réduite à une affreuse plaine sillonnée par des mastodontes d’acier énormes comme des collines, l’homme est considéré comme un intrus. Les villes et les cités ont disparu, réduites à de fines pellicules, broyées :
    «  Rien ne résistait au passage du char. Le char aplatissait tout, enfonçant dans le sol les objets les plus solides. Les voitures, les camions se changeaient ainsi en de beaux crachats de métal luisant sans plus d’épaisseur qu’une plaque de tôle. Des villes entières s’allongeaient dans la poussière, telles les toiles peintes d’un décor brusquement abattu ».
    Le ciel étant parcouru par des « mouettes », c’est-à-dire des avions-robots détectant et détruisant tout humain adulte de plus de quinze ans, une vie robotique prodigieuse prolonge avec obstination une guerre périmée d’où l’homme est absent. De jeunes enfants, sans arrêt traqués, constituent des clans. Nus et primitifs, ils parcourent inlassablement un territoire plat et dangereux, autant à cause de la radioactivité résiduelle qu’au fait d’être écrasés durant leur sommeil. Les adultes restants, pour échapper aux mouettes ont élu domicile dans des trous de bombe où ils survivent autant par le cannibalisme que par le vol d’aliments parachutés à heure fixe pour des soldats fantômes. Les boîtes de conserve cherchées par « les petits », seuls capables de se mouvoir sans risque, leur seront envoyés au hasard :
    « Les choses se gâtaient aux niveaux inférieurs, là où s’accrochaient les plus âgé , les adultes ou les vieux aux capacités physiques déjà entamées. Ceux-là poussaient des couinements de souris terrifiée, ne sachant s’ils devaient se protéger des chocs ou tendre les mains. C’était une pitié de les voir se dandiner dans la pénombre, une expression d’avidité angoissée sur le visage. Leurs mains battaient l’air, suppliantes, grandes bêtes blanches couturées de cicatrices. Pour les conserves en folie, ils constituaient une cible d’élection. « Boum ! » scandaient les mioches chaque fois qu’une boîte de fer-blanc frappait un vieux au visage, le décrochant de son surplomb comme une maigre quille enveloppée de guenilles. »
    Dan et Suzie des « grands » de douze ans, dirigent les enfants de leur clan, des « mioches » ou des « bébés », leur permettant d’éviter les pièges d’un paysage où toute hauteur, toute montagne, tout nuage peut recéler en son sein des artefacts meurtriers. Ils feront la rencontre de Fucker Boum-Boum, un adolescent singulier abrité dans un trou à bombe. Son charisme, sa connaissance des automatismes technologiques et des nouvelles données sociales, le feront accepter comme nouveau meneur du clan, même par Suzie, reléguant Dan au rôle d’observateur moral et témoin horrifié face du destin qui attend les « mioches ».
    Pour Boum-Boum, la seule possibilité de survie à long terme se trouve sur l’un de ces chars immenses qui parcourt sans arrêt la plaine et s’arrête parfois sans raison. Ils vivront sur son énorme dos de métal  comme des puces sur celui d’un chien. Profitant de l’arrêt momentané de l’un des mastodontes, le clan se rue à l’assaut non sans risques : «Dan hésita, puis empoigna les barreaux des échelons à son tour. C’était comme d’escalader un mur et il crut une seconde qu’il n’aurait pas assez de force dans les bras pour aller jusqu’au bout. L’acier du blindage derrière lequel vrombissaient les moteurs était brûlant et il devait prendre garde à ne pas le toucher. Suzie et Antonin l’aidèrent à prendre pied sur le capot. Un hélicoptère explosa au même moment  et des fragments de pale tordue rebondirent sur la tourelle. Suzie hurla. Pris de panique, l’un des gosses sauta dans le vide sans réfléchir et s’écrasa sur le sol craquelé, dix mètres plus bas. »
    Lorsque le monstre, le « Rinocérox » se remet en mouvement, ils contemplent ravis leur nouveau territoire, désormais invincibles, à l’abri des mouettes, protégés par le géant. Mais comment faire pour se procurer à manger ?
    Fucker à l’idée d’envoyer par une trappe de ravitaillement le plus petit des bébés, le plus malingre de la bande,  récolter au fond d’une réserve d’aliments, dans le corps même de Rinocérox, les rations qui doivent indubitablement s’y trouver. Le petit « rat » est terrifié à cette idée. Après plusieurs tentatives, il remplit sa mission sans pouvoir participer à l’euphorie générale, Fucker lui ayant interdit de se nourrir :
    «Le garçonnet s’approcha de la calebasse du banquet et voulut plonger la main dans la nourriture chaude. Fucker le tira violemment en arrière, le faisant tomber sur les fesses. - A quoi tu joues ? intervint Dan en fixant le blondin dans les yeux. Il a droit à la première part… C’est lui qui a ramené la bouffe, non ? - Rigolo, va, siffla Fucker. Tu veux qu’il se bourre la panse et qu’il grossisse ? Comment il se glissera dans la soute ensuite, hein ? Tu y as pensé ? Ce gosse, il faut qu’il reste maigre comme une trique. Il en va de notre survie. – Quoi ? protesta Dan . Tu veux le condamner à mourir de faim ? - Le moyen de faire autrement ? ricana Fucker. Personne n’est aussi maigre que lui et pourtant c’est tout juste qu’il passe dans le conduit. C’est triste mais on n’a pas le choix. »
    Mais, à chacune de ses descentes, la terreur du petit grandit. Dan soupçonne qu’un engin-robot dépeceur de viande doit être sur ses traces. Fucker ne veut rien savoir jusqu’au jour où le filin de retenue coupé net et ensanglanté prouve la véracité du fait: le « rat » a été transformé en steaks juteux pour tankistes morts !
    « Du ventre du char monta soudain l’écho d’une cavalcade et les cris apeurés de l’enfant. Il ne hurlait pas, non, il poussait de petits gémissements de chiot malade, comme s’il essayait d’attendrir son implacable adversaire. Dan l’entendit murmurer une ou deux fois : « Bébé, le bébé recommencera plus… Pitié, monsieur, c’est rien qu’un bébé qui avait faim… », puis la supplique fut cisaillée par un couinement de souffrance qui s’éteignit brusquement. Sans attendre l’ordre de Fucker, Dan se mit à tirer sur la corde… mais il sentit tout de suite qu’elle était molle et qu’il n’y avait plus rien au bout. »
    Lorsque le jeune tyran obligea un autre enfant à se glisser par l’étroite lumière du gigantesque canon afin de leur permettre à tous d’accéder à l’intérieur du Rinocérox en leur ouvrant une écoutille d’accès, Dan évoque la possible catastrophe d’un cadavre obstruant le fût :
    « -Le canon, répéta-t-il d’une voix qui s’enrouait déjà, il va nous péter à la gueule au prochain obus ?. C’est comme ça que les soldats, dans le temps, piégeaient les pièces d’artillerie : en les bourrant avec des pierres, de la boue qu’ils tassaient pour former un bouchon… - Ta gueule, aboya Fucker , tu racontes n’importe quoi. L’obus éparpillera le cadavre de ce petit con. Il rentrera dedans comme une lame dans la glaise. – Non, s’obstina Dan. Il explosera et la tourelle sera mise en miettes. Les éclats nous éplucheront vifs, et pas un d’entre nous ne survivra. Il faut… il faut abandonner le char à la première occasion. Cette fois, Fucker le frappa au visage, lui expédiant son poing en pleine face, et Dan tomba sur le dos, sonné, du sang plein la bouche. »
    Le soir venu, Boum-Boum jeta Dan ligoté du haut du char dans la terre meuble où par miracle il put survivre. Seul, proche de la mort, sa rencontre inopinée avec une équipe médicale robotisée infléchit le destin de Dan. Pris pour un soldat blessé, il fut transféré en un hôpital militaire , base suspendue et camouflée en nuage, où, avec pour uniques compagnons des squelettes, les automates prirent soin de lui:
    « La litanie ne variait jamais, d’un lit à l’autre elle demeurait aussi stupidement optimiste, comme si ces squelettes desséchés depuis dix ans possédaient encore une bonne chance de voir leur « maladie » régresser. Un court-circuit s’était produit quelque part, à n’en pas douter, et l’ordinateur régissant l’antenne médicale n’était manifestement plus capable d’apprécier la gravité des cas qui lui étaient soumis. Jadis programmé pour sauver coûte que coûte les combattants les plus atteints, il continuait à appliquer cette règle de conduite, en dépit de toute logique, s’épuisant à soigner des morts dont la peau, dont les viscères étaient depuis longtemps retournés à la poussière. »
    Jamais il n’eut une meilleure vie. Bichonné, engraissé, il connut un intense sentiment de bien-être qui disparut brutalement lorsque, dans la salle opérationnelle, il put suivre sur un écran son clan posé sur le dos de Rinocérox.
    Fucker, tel l’ogre de la légende, y faisait régner la terreur tirant à la courte paille celui qui devait être mangé. Suzy sauvait de temps en temps quelques enfants, en les jetant du char, à l’insu du meurtrier. La rencontre de Rinocérox avec deux mouettes en recherche mit un point final à l’aventure. Comme prévu, le canon obstrué éclata, éventrant l’énorme engin, tuant le clan et déversant ses organes de métal dans la plaine environnante. Dan profita de l’expédition de secours pour être du voyage et disparaître dans le fouillis mécanique.
    Il arrivera à réunir autour de lui les quelques « mioches » rescapés en leur proposant de rejoindre un abri sûr de sa connaissance où ils pourraient survivre.
    Comme à son habitude, Brussolo signe un roman terrifiant où le mythe de l’ogre rejoint celui de la famille primitive, tout en disséquant le mécanisme absurde d’une guerre sans but. Ce récit charpenté et dense pourvu d’une intrigue simple mais puissante qui donne un relief psychologique fort aux personnages, constitue un bel exercice de style.


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