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  • Les Derniers Jours Du Monde (Scheirs)

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Jef SCHEIRS

    Parution : 1929

    Thème : l’apocalypse réalisée


    Sur l'auteur :

    (1885-1960) Ecrivain populaire flamand. Après ses Humanités, commença à écrire dès 1924. Egalement employé au ministère de l'agriculture. Il a fait paraître une dizine de romans en langue flamande, d'inspiration chrétienne. Peu connu en France et peu traduit. Son ouvrage le plus célèbre: le Philosophe de Haagen.


    Préambule :

    les Derniers jours du Monde par Jef Scheirs, Jean Dupuis éd., 1933, coll. « les Beaux romans » N°9, 1 fascicule broché, in-12 ème, 101pp. couverture illustrée par C. Dratz. roman d’expression française (Belgique). réédité par « Ides et Autres » (50 exemplaires). notice bibliographique in «le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne » N° 31  (Jacques Van Herp) et N°s 2 et 2 bis, sept. 1990 et Sept./Déc. 2000 " (Michel Guillemain)
    1 ère parution : 1929
    l’apocalypse réalisée


    Synopsis :

    En cette ère mondiale nouvelle et heureuse, entièrement régie par le collectivisme et le matérialisme, Jean Malfaict, journaliste à "la Fraternité Mondiale", s'entretient avec son patron, Morbihan, au sujet d'une conférence sur le monde spirituel ou "subtil" donnée par un certain Dr. Nox. Depuis quelques temps d'ailleurs, alimentée par ce savant et d'autres événements curieux, la foule se préoccupe davantage du monde spirituel. Il semblerait que l'on ait découvert les preuves de l'existence d'un monde invisible, et que des ponts puissent être établis entre celui-ci et le monde des vivants:
    "Le docteur Abiran, professeur émérite de l’Université d’Alexandrie, découvrit la matière originelle de la vie et calcula que dans un centième de milligramme d’air, vit un monde de quatre-vingt quinze milliards d’atomes Anima. Il réussit à en isoler quelques-uns qu’il cultiva, soigna et en vint au résultat surprenant de voir ces atomes invisibles se transformer. Ils se développèrent d’abord en un insecte, puis en une espèce de grenouille, pour terminer leur évolution en un poisson ressemblant fortement au brochet. Le docteur Abiran déclara dès lors qu’il devait exister une force spéciale qui faisait pénétrer partout la matière originelle de la vie ; il prétendit également qu’il existait des quantités formidables de ces atomes dans le cerveau humain."
    Malfaict, parfait libre penseur, sceptique et épicurien, est l'un de ces esprits forts qui ne croit pas à tout cela. Néanmoins, il accompagne Morbihan à la séance de Nox où il fait la connaissance d'un collègue, un être singulier, du nom de Nathanaïel Assur, journaliste vedette de "la Thau", organe de presse universellement connu. Assur portant lui-même sur son front une Thau rouge, est juif et franc-maçon, grand maître de la loge maçonnique de Sion. Dès la première de leurs nombreuses rencontres il affirme être plus qu'un homme, une sorte d'élu dont le règne arrivera bientôt. Il faut dire que les événements curieux se multiplient et s'amplifient partout dans le monde; des tremblements de terre, des cataclysmes vont jusqu'à faire décaler légèrement l'axe du monde, des ténèbres de noirceur et de sang se répandent dans l'atmosphère, des prophéties, de plus en plus nombreuses, annoncent pour bientôt l'apocalypse de ce monde matérialiste et jouisseur.
    Nous sommes par ailleurs à un moment privilégié où "l'Union Européenne" fêtera à l'hôtel "Universo" à Rome les éclatantes festivités qui célèbrent la naissance du collectivisme mondial. Jean Malfaict y est envoyé pour, avec tous ses confrères, couvrir l'événement. En cours de route, il a appris le suicide par "impatience" de son supérieur, Morbihan, pressé d'abandonner son corps matériel pour converser avec les esprits. Ce cas n'est pas isolé. La jeune femme, assise en face de lui dans l'avion qui l'amène à Rome, en témoignera également, puisqu'elle sautera de l'avion au-dessus de Milan, prétendant faire voler son corps subtil dans l'atmosphère éthérée. Malfaict en déduit que le nombre des psychopathes est en nette augmentation.

    Arrivé à Rome, il en profitera pour dénicher une interview inédite. Celle d'"Ultimo Pietro", le pape déchu de la secte chrétienne, un vieillard cacochyme, habitant dans un immeuble populaire, sans aucun pouvoir ni gloriole:
    "Il lut tout en bas de la dernière page, à la dernière ligne : «Ultimo Pietro, rue de la Tombe, n° 33, surnommé Saint Père et Pape. Chef des croyants. Reçoit beaucoup. Fait du spiritisme, de l’exorcisme, dit la bonne aventure et des formules magiques. »  -Tiens ! serait-ce le type à interviewer, dont le Président m’a parlé ?... L’après-midi est belle, une promenade me fera du bien et une interview avec cet homme sera un début original pour ma tâche de journaliste à Rome."
    Il aura du mal à le rencontrer car ce dernier, ayant troublé l'ordre public en annonçant des temps nouveaux, sera mis en prison et aussitôt mystérieusement libéré par un être singulier habillé d'un manteau bleu qui dit s'appeler Elie le Thesbite.
    En attendant, les fêtes se préparent en vue d'exalter les vertus de la société collectiviste qui a fait disparaître en chacun l'angoisse existentielle. Tout a été réduit au corps et à la finance. Les femmes sont achetées et vendues comme esclaves. Cela semble d'ailleurs leur plaire. Ainsi en est-il de la merveilleuse Dolorès, la compagne achetée par Malfaict, dont il est éperdument amoureux. La jouissance est la seule occupation de chacun et quand rien ne va plus, le suicide est autorisé, encouragé. Mourir n'est plus qu'une formalité administrative que remplissent , sans aucune émotion, les individus fatigués de la vie:
    "(...) l’inhumation des corps, comme on le faisait anciennement, accompagnée de rites religieux ou officiels, n’existait plus ; les moments ou les cérémonies de la mort et de l’enterrement étaient réduits à leur expression la plus simple et se faisaient le plus rapidement possible. Le service mortuaire de la ville de Rome, bien organisé, disposait de nombreux camions-corbillards, d’ailleurs indispensables pour la province romaine, très étendue. Celui qui décédait chez lui ou mourait sur la route n’encombrait pas longtemps les vivants ; il suffisait d’indiquer l’endroit, la rue et le numéro, et, quelques instants après, le corbillard chargeait le cadavre, le transportait au four crématoire où, en un clin d’œil, tout était pulvérisé. Cela se passait ainsi aussi bien pour le haut fonctionnaire de la ville que pour l’homme de la rue ; il n’y avait que les tarifs qui différaient. Un autre département du service mortuaire était l’exploitation du suicide. Comme quatre-vingt dix sur cent des humains mouraient d’une mort volontaire, ces institutions étaient généralement très prospères et constituaient une source de revenus appréciables. Tout était arrangé pour que cela se passât facilement et agréablement. Contre paiement d’un supplément, on provoquait une atmosphère spéciale, d’après l’espèce de mort que le client désirait. L’institution occupait un vaste terrain et comptait une série de bâtiments magnifiques, très en vogue auprès du public et s’adaptant parfaitement à l’opinion générale de la collectivité. Tel l’homme, telle la mort !"
    Quant aux enfants, ils sont élevés, vendus et achetés dans des fermes d'Etat pour la plus grande joie du capitalisme.:
    . -Les garçonnets quittent à l’âge de sept ans, docteur ? -A huit ans, Monsieur Malfaict. A cet âge, ils deviennent la propriété de la collectivité. Alors nous sommes obligés de les céder au prix convenu ; on les incorpore dans tel ou tel métier, d’après leurs aptitudes ou leur goût et on les spécialise. Les fillettes, par contre, restent la propriété de la firme ou des particuliers jusqu’à l’âge de dix-huit ans ; elles ne deviennent complètement libres qu’à partir de ce moment. Nous devons les instruire jusqu’à douze ans. -A quel âge les vendez-vous le mieux, docteur ? -De quinze à seize ans. -La firme fait-elle de bonnes affaires ? -Votre question est plutôt indiscrète, Monsieur Malfaict, mais je puis vous répondre affirmativement ; ce n’est pas étonnant, d’ailleurs, car nous ne nous occupons que d’une marchandise d’élite. Tout enfant normal est soigneusement examiné  à la naissance et tout ce qui est jugé être de seconde qualité va directement aux fours crématoires. Les bons produits, par contre, sont soignés méticuleusement et bien enseignés. La demande surpasse toujours l’offre. -Alors, vous n’avez que peu ou pas de réserves, docteur ? -Non, il y a chaque année un petit restant que nous exploitons nous-mêmes ; les lois de l’Union nous autorisent à en disposer jusqu’à l’âge de dix-huit ans ; après leur seizième année, il n’y a plus aucun moyen d’en obtenir de hauts prix".
    Il est étonnant, dans un tel monde, que la viande de boucherie d'origine humaine ne soit pas encore disponible sur les étals! Tout le monde profite donc au maximum de la vie (femmes, sexe, cigares, nourritures fines, etc.) Pourtant, ce monde semble condamné. Elie le Thesbite réapparaît en plusieurs lieues pour annoncer la venue du Christ selon les canons définis par l'Apocalypse de Jean. Assur - en réalité Satan- jubile en attendant le jour où il règnera définitivement sur la Terre. Il est convaincu, à juste titre d'ailleurs, que la totalité de l'humanité lui appartiendra. Son unique enjeu est d'arriver à convaincre le libre-penseur Malfaict et le gagner à sa cause. Jean deviendra ainsi, à son corps défendant, le dernier homme libre et celui qui, par sa décision, rédimera ses frères humains.
    En attendant, dans les fermes d'Etat, naissent des monstres. Les tremblements de terre, de plus en plus forts, de plus en plus fréquents, rythment le jour des festivités lorsqu'un rassemblement inouï de personnes à la gloire de Satan défilent devant les yeux de Malfaict:
    "Trente chevaux noirs ailés étaient attelés devant un char en or de dimensions gigantesques. Leurs pieds ne touchaient pas le sol, mais se mouvaient fièrement quelques mètres au-dessus du pavement ; leurs ailes, larges et fortes, battaient en cadence ; leurs bouches et leurs narines exhalaient du feu ; les roues tournaient également au-dessus du sol ; la grande masse glissait sur l’air. Le char était en forme d’un escalier, haut de cinquante mètres, dont les marches étaient en or et en pierres précieuses ; de magnifiques anges d’enfer étaient agenouillés sur les marches, la tête inclinée en adoration, les mains jointes ; sur leur svelte dos rose pendaient leurs ailes noires repliées; au-dessus de l’escalier se dressait une lourde T dont les poutres étaient en métal précieux…contre l’étendard de l’enfer s’appuyait Nathanaiël Assur, grandiose et triomphant ! -Salut à la Thau ! Gloire à la Thau !
    C’était le cri triomphal des millions d’hommes devant lesquels le char défilait. Jean et Dolorès regardaient le cortège par une fenêtre ouverte de l’hôtel Universo"
    En effet, Assur a réussi à convaincre les hommes, par la voie des médias et sa propre force de persuasion spirituelle, qu'il s'engagerait à côté de l'humanité pour combattre le Dieu si injuste qui a décidé de leur mort. Son succès est immense et le signe rouge de la Thau brille sur tous les fronts, comme le sera dans le futur au bras l'emblème nazi de la Svastika. Déjà, Jérusalem n'est plus. A sa place, à l'endroit exact de l'ancien Golgotha, s'est élevé un gigantesque volcan:
    "Une terrible secousse fit trembler la colonne ardente ; pendant quelques minutes elles flamboya avec une nouvelle ardeur et puis s’éteignit brusquement sous un hurlement infernal. Plus blanche que la neige apparut alors la Colline des Crânes, baignée par la lumière d’un soleil invisible, près de laquelle la lumière solaire de la terre n’était qu’une ombre ; brillants et étincelants se trouvaient là, contre les flancs de la colline, des milliers de squelettes ; sur le sommet, une croix qui jeta des rayons aveuglants et qui scintilla comme le diamant…puis, la Colline se détacha de la terre, de la terre maternelle brûlée et monta tout droit vers le ciel où elle disparut comme une comète lumineuse dans les hauteurs incommensurables de l’Espace. A l’endroit où se dressa autrefois le Golgotha, il ne restait plus que le triste plancher vide et noir de la terre brûlée."
    Malfaict, accompagné par Dolorès, gagnée  à la grâce divine et sûre de la venue de l'apocalypse, se rend sur les lieux. Il contemplera comme témoin final l'immense armée des morts qui se succèdent devant la Jérusalem céleste. Assur apparaît maintenant dans toute sa gloire et triomphe. Il pense dominer le Temps, le Monde, la Mort, le Mouvement et surtout Dieu. mais Malfaict, le dernier homme, gagné enfin à la vérité spirituelle, les yeux dessillés,  mettra sa confiance dans le Christ juste avant que la terre ne disparaisse dans le chaos final:
    "Jean Malfaict et la Mort moururent dans les bras l’un de l’autre. Les mondes entrèrent en collision dans l’Espace ; la terre se crevassa, vola en éclats, qui, incandescents, se heurtèrent contre d’autres mondes… Tout brûla, bouillonna, trépida, hurla et tonna un instant dans l’espace et il ne resta plus rien des soixante-dix centaines de fois les soixante-dix centaines de milliers de mondes ! Le Mouvement fut écrasé dans le dernier heurt des mondes et le temps se mourut dans l’Eternité. Le vain néant plana de nouveau dans l’Espace… et dans le Néant retentit le son des trompettes des anges qui nous appelleront vous et moi à comparaître au dernier jugement."
    Avec Les Derniers jours de la Terre de Jef Scheirs on est devant une oeuvre troublante. Incontestablement une oeuvre eschatologique, un brûlot stigmatisant les incroyants, une oeuvre d'édification morale mais aussi un roman de science-fiction. la description de cette société utopique et matérialiste est extraordinaire de vérité du même niveau que peut l'être le "Meilleur des mondes" de Huxley. L'intrigue, qui se déroule le plus souvent sous la forme de dialogues, met en présence deux personnages hors du commun, Assur et Malfaict. Le personnage du "Maudit" se situe bien dans la vision d'un catholicisme début de siècle qui associait le satanisme aux Juifs et à la franc-maçonnerie (Léo Taxil n'est pas loin). Les interventions constantes des prophètes, parfois lourdes, sont heureusement rachetées par la destruction jubilatoire d'une Terre condamnée. Au final, nous sommes devant une oeuvre rarissime et curieuse qui, malgré son atmosphère symboliste et spiritualiste, méritait de figurer dans notre bibliographie
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