Sur l'auteur :
Préambule :
La Fin du monde par Joachim Renez, Jules Tallandier éd., 1931, coll. « Cinéma-
Synopsis :
Jean Novalic personnifie le Christ en croix dans le cadre d’une représentation théâtrale à laquelle assiste son frère astronome Martial Novalic, Geneviève de Murcie et son père, astronome également, ainsi que Schomburg, un banquier peu scrupuleux, et sa maîtresse Isabelle. Jean Novalic a la tête de l’emploi : pénétré des misères humaines il avait écrit un ouvrage prophétique, que peu de ses contemporains ont lu, « le Royaume de la terre », dans lequel il pointait l’amour universel comme moteur de l’évolution humaine. Attitude philanthropique que méprise Schomburg, véritable Satan incarné, qui convoite Geneviève:
« Schomburg avançait lentement, mais sûrement. Le poison versé grossièrement par Isabelle, il le versait, lui, goutte à goutte, et cette distillation du venin agissait sur Geneviève, qu’il prenait peu à peu par le rire. Elle riait follement des propos malsains qu’il murmurait à son oreille, le regardant, elle le comparait à ces belzebuths de pierre que les sculpteurs du moyen âge mettaient en gargouilles sur le toit des églises. Il était vraiment satanique, et Geneviève trouvait une volupté malsaine à se voir désirer.»
Le père de Murcie, s’apercevant du manège, jaloux de la réputation de Martial Novalic qui a eu le prix Nobel, propose Geneviève à Schomburg. Elle, qui n’a d’yeux que pour Jean, hésite devant l’hommage du banquier qu’elle sait intéressé.
Pourtant, la situation internationale ne prête pas à rire. Partout des bruits de bottes confirment l’horreur d’une guerre mondiale future dans laquelle les Chinois seraient principalement impliqués comme agresseurs :
« Les quatre cavaliers de l’Apocalypse cavalcadaient, farouches, et derrière eux, des milliers de cadavres échappés du néant suivaient, agitant leurs suaires ou se démenant dans des uniformes en lambeaux et leurs figures spectrales grimaçaient hideusement ; cette marée funèbre, grandissant peu à peu, envahissait l’inscription terrible et fugitive annonçant la révolte de neuf cent millions d’hommes prêts à la course à la mort. »
Schomburg est aux anges. Avec Wester, un autre banquier douteux, il prend des options sur une vente importante d’armes, les deux complices étant assurés de s’enrichir énormément :
« Les deux banquiers échangèrent un sourire. Cela marchait fort bien ; la tourmente allait s’abattre sur le monde, les cadavres s’entasseraient et, pour arriver à ce charnier, il fallait des munitions. La banque allait retrouver les heureuses heures de jadis ; on allait jongler avec les vies humaines pour entasser des flots d’or. Crève l’humanité, pourvu que les coffres-
« Le noyau opaque de cette comète me paraît être sept fois celui de la Terre ; la longueur de sa chevelure, de trois cent millions de kilomètres. L’analyse spectrale me l’a montrée baignant dans le protoxyde d’azote et l’oxyde de carbone. Elle sera distincte à l’œil nu dans un mois et heurtera la Terre dans cent quatorze jours, sept heures, vingt deux minutes et sept secondes. »
Ses calculs – dont tout le monde savant se gausse en les prétendant faux-
« Si tu as besoin de mes écrits, puise dans ces manuscrits qui sont les gardiens fidèles de ma pensée. Si tu as besoin de ma présence vivante et de ma parole, l’industrie moderne t’en donnera les moyens. L’argent que tu m’as envoyé m’a été précieux pour mon œuvre. Voici des disques de phonographe, le verbe ; voici des films impressionnés, la présence vivante. Même, moi disparu, mon action peut s’exercer sur l’humanité. »
Devant les attaques de Schomburg, Martial réagit. Il convainc Wester, l’ancien allié du banquier, de l’imminence de la fin des faibles et de la survie des forts. Il lui demande de mettre son argent à la disposition du Bien et, incidemment, de ruiner Schomburg. Ensemble, ils construiront une organisation mondiale dans laquelle une dizaine de relais autour de la planète seront chargés de propager les idées généreuses et fraternelles de Jean Novalic. La tour Eiffel leur servira de relais de communication principale jusqu’à l’arrivée de la comète.
Bientôt, l’agitation gagne le monde entier :la comète devient visible à l’oeil nu :
« Les gens campaient dans les rues. La visibilité de la comète se faisait de jour en jour, elle était devenue des trois quarts de la grosseur du soleil et présentait une teinte verdâtre. Un grondement sourd, continu, bruit étrange, jamais entendu, accentuait l’anxiété générale. Des orages magnétiques commençaient, des nuages noirs passaient devant la comète et l’éclipsaient par instants. (…) Le règne végétal commençait à être frappé (…) le feuillage se rétractait comme crispé par l’épouvante et tombait. Les arbustes se tordaient et mouraient. »
Schomburg – toujours avec l’aide du père de Geneviève-
Les jours passent et la comète, énorme maintenant, provoque un ensemble de bouleversements telluriques, météorologiques, atmosphériques qui créent la panique pour des millions d’êtres humains :
« Une pluie lumineuse semblait s’abattre sur la terre ; des aérolithes tombaient, écrasant des maisons, apportant la terreur et si quelques-
« Chose curieuse, à la fébrilité des êtres succédait une sorte d’extase, leur figure rayonnait comme s’ils avaient la vision de quelque miracle. Une fluidité inconnue traversait les choses, tous les corps, comme si l’univers baignait dans de l’air liquide. (…) Martial, qui se débattait dans la torpeur qui vient de s’abattre sur tous, balbutia aux savants qui l’entouraient : -
« Un grand cri vint rompre le silence humain et domine l’effroyable sifflement de l’atmosphère incendiée.
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Les Américains, sous une pluie de feu, agonisent, en acclamant ces mots. Et article par article,
Dans le monde entier l’on projette les images enregistrées de Jean Novalic où il explique ses idées novatrices à ceux qui survivront à la catastrophe :
« En gros plan, sur l’écran, à genoux, suppliant les hommes, Jean, les mains tendus, avait une telle expression, que toute la foule, d’un seul élan, se leva et se découvrit comme devant l’apparition d’un saint. La voix de Jean se faisait encore plus persuasive.
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« la Fin du monde » de Joachim Renez est une adaptation scrupuleuse du scénario filmique d’Abel Gance, lui-