Sur l'auteur :
(1952() Chanteur engagé, originaire de Corse. Ses chansons, souvent noires, tournent autour des thèmes fondamentaux de la vie. Des titres qui frappent, des mélodiescomposées par Astor Piazolla, des textes proposés par divers auteurs parmi les meilleurs. Après un spectacle à l'Olympia, et une longue éclipse, revient sur scène dans les années 90. Trente ans de carrière mais boudé par les médias (parce qu'il ne sert pas la soupe habituelle?)
Préambule :
Tout va bien, texte de Pierre Philippe et Astor Piazolla, chanson interprétée par Jean Guidoni, accompagné par Raymond Alessandrini et Jannick Top, disque Philips 33T, 812526. , éd. Allo Musique, 1968
Synopsis :
Le narrateur, nous confiant ses impressions sur un ton gouailleur mais désespéré, traverse Paris la nuit, à la recherche de son amour. Un Paris inquiétant, à bout de souffle, gémissant sous le joug d’une dictature militaire, qui amoncelle les indices de la destruction:
« des cris qui s’espacent », « une ambulance à moitié calcinée », « les ruines de la gare Saint-
Bien que la société parisienne semble prendre parti pour le nouvel ordre et ses thuriféraires, les Mireille Mathieu et Léon Zitrone, il ne peut s’empêcher d’accorder de l’attention aux paroles de sa grand’mère qui l’incite à rentrer tôt car, dit-
« ( …) Mon petit Jean, votre quartier est triste
Et rempli de cadavres en décomposition ».
Il devra éviter toute mauvaise rencontre pour ne pas se faire
« parquer avec les rouges au palais des Congrès », ou avec
« les pédés dans le Palais des Glaces » ou encore avec
« les Juifs au palais des Sports ».
Un retour d’autant plus délicat qu’il s’agira de passer entre les « haies de barbelés des quais de la Seine ».
Le constat qu’il tient est amer :
« Naïfs que nous étions et aveuglés aussi
Qui nous imaginions pouvoir prédire le pire
Adieu notre jeunesse voilà le temps qui vient
Du baîllon, des œillères et de la pestilence
Le temps des ovations et celui des silences
Que l’on ne rompt que pour se dire : tout va bien ! »
Pourtant, il ne veut perdre tout espoir puisqu’il glisse dans la lettre à son aimée « un brin d’herbe (cueilli) dans les gravats ».
Nulle part, en si peu de mots et avec une si grande économie de moyens, il nous a été donné de saisir l’ambiance terrifiante d’une société totalitaire en train de s’établir, qui soutient la comparaison avec 1984, le roman de George Orwell.