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  • L'autre! La Derniere!

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Robert DEMARTY

    Parution : 1933

    Thème : guerres futures 1


    Sur l'auteur :


    Préambule :

    l’Autre ! la Dernière (à ceux de la Classe 25)  par Robert Demarty, éd. Eugène Figuière éd., 1933, 1 vol. broché in-12 ème . 252pp. couverture muette. roman d’expression française.
    1 ère  parution : 1933
    guerres futures 1


    Synopsis :

    André, le narrateur, nous convie à une visite programmée de l’enfer. Agriculteur en 1933, jeune homme amoureux d’Alberte sa femme, amoureux de la vie, pacifiste convaincu, probablement anarchiste, il est invité à participer à la grande boucherie anticipée de 1940. Elle s’accomplira, comme en 14-18, au fond des tranchées et sur un champ de bataille transformé en charnier. On y généralisera également l’usage des gaz et celui des armes bactériologiques.
    La guerre future  sera « vécue » de l’intérieur, décrite au jour le jour sur le mode intimiste, analysée et expliquée à l’usage de ceux qui ont la chance d’en être éloignée.  Les amis qu’André se fait au front ne le restent pas longtemps. La mort fauchera les Max, les Antonin, les Cassou, les Gaulo, les Tellier. Ils mourront tous gazés, empoisonnés, brûlés, réduits en charpie, volatilisés, déchiquetés en une bouillie sanglante. Lui-même, à la fin de l’holocauste, en 1942, amputé d’une jambe, la « gueule cassée », tordu et en butte aux mépris des « planqués» ne survivra pas longtemps à l’ignominie et à la trahison de sa femme : il se suicidera d’une balle dans la tête.
    Mais, au moment de partir pour la ligne de front, il a encore la force de vitupérer les « pousse-au-crime », les individus comme Georget, son ami de collège, et patron de journal, heureux de la situation :
    « Ne soyons pas trop pessimistes. Le fait n’est que la conséquence de ce que nous appelons l’esprit français : un coup de fouet qui cingle bien et tout le monde se croit piqué au vif. D’ailleurs… Si la guerre doit arriver nul ne l’empêchera. Pour ma part, je sais, que s’il y en avait une, tu comprends… L’armée a besoin d’imprimeurs. – Toi à l’abri, les autres peuvent se faire tuer. C’est ce que tu veux dire sans doute ?
    -Pourquoi pas ? j’espère bien que de ton côté… »
    A peine André parti, Alberte en profitera (mais a-t-elle le choix ?) pour le tromper avec cet ignoble individu. S’élevant contre la frénésie populaire qui réclame le sang de l’Allemagne, le narrateur sent qu’il vit ses derniers beaux jours. Un rêve prémonitoire le conforte  en cette opinion, rêve où les morts jugent les coupables de la tuerie à venir :  
    « Le silence se fit à nouveau. – Les coupables maintenant, dit la voix devenue dure. Les rangs se desserraient pour les laisser passer. La horde apparut : c’était quelques centaines d’hommes laids, vils, monstrueux. Une rumeur indescriptible salua leur apparition. Il fut exigé que chacun se confessât et, l’un après l’autre, ceux qui avaient été rois, présidents, ministres, consuls, généraux, tous, comme subjugués, s’accusaient de leurs forfaits.
    -J’ai voulu cette guerre !
    -J’aurais pu intervenir !
    -Moi seul pouvais empêcher le conflit !
    -J‘ai sur la conscience trois millions de vies humaines .»
    La guerre s’ouvre sur un bombardement aux gaz de la région parisienne :
    « Les gaz ! Des cris semblables à des râles s’élèvent. L’infamie de la bousculade commence. Des toux retentissent. Des gestes démesurés animent ce spectacle de fin du monde. On entend un bruit prodigieux d’affaissements et d’essoufflements, un halètement insensé de foule qu’on bâillone. Ensuite c’est la lutte entre ceux qui ont des masques et ceux qui n’en ont pas. »

    Au front, dans les tranchées, se poursuit laborieusement une vie de cauchemar :
    « Le sol est criblé. L’air est agité par toutes sortes de déflagrations. La terre s’élève en gerbes pâteuses qui retombent avec un bruit sourd qu’on croirait venir du sein de la terre. Au-dessus du vacarme on entend cependant des imprécations. Des cris d’enfer, des clameurs atroces s’élèvent. »

    Il partage avec son ami Max, un jeune agrégé, les premières expériences du combat, et la mort. Lorsque  Max lui fait signe de venir :
    « Je cherche vainement Maréchal qui, d’habitude, même sous sa cagoule se fait reconnaître par ses vertes plaisanteries. –Viens ! fait Max les dents serrés. Ce disant il m’entraîne. Au bout de quelques pas, je heurte quelque chose de mou. –Voilà ! Effectivement Maréchal est mort. Un éclat d’obus lui a déchiré son masque et, par surcroît, brisé la mâchoire. L’action des gaz a été instantanée. La plaie est déjà toute bleue ainsi que le visage. »
    La vie dans les tranchées, dans la crasse et la sanie, est ponctuée par des tueries sporadiques, des incursions sur le terrain, lorsqu’ils déboulent à l’arrière des chars, par la haine et la peur qui leur nouent les tripes. L’horreur s’amplifie :
    « Un regard de côté me montre Max en fâcheuse posture. Je prends de flanc un de ses assaillants. L’autre glisse. Je lui tranche la gorge. Mes jambes tremblent. Mes tempes battent, horriblement. Je suis malgré tout Max qui court comme un diable. Dans une tranchée trois baïonnettes se dressent. J’hésite un instant en regardant dans les yeux ces hommes qui, eux aussi, me dévisagent. Ce contre temps suffit pour qu’un coup de crosse s’abatte de mon côté. Max est tout rouge. Il a l’air d’un boucher. Le ciel est rouge. La terre est rouge. (…) Mon pied est enfoncé profondément dans une fange sanguinolente. »
    Ils ne comprennent pas pour quoi et pour qui ils s’ont amenés à se battre. Les profiteurs de tout acabit, les aggioteurs, la collusion intime entre les politiques et les religieux, coiffés par le grand capital, leur paraissent être les principaux responsables de la tuerie. Le vécu quotidien les rend pareils à des bêtes ou des monstres déshumanisés :
    « Le tapis rouge lèche Tellier puis l’environne. Il environne aussi Goguet ! Ils s’agitent dans l’incendie comme les flammes elles-mêmes, remuant au-dessus d’eux des lueurs surnaturelles. Leurs vêtements flambent. Des cris surhumains courent, exténués, vers tous les horizons de la plaine ensanglantée. Plusieurs torches s’agitent encore un instant, puis tout s’abîme dans le feu… Pendant un quart d’heure, de la chair grésille. Soixante hommes au moins viennent de périr brûlés vifs. »
    La récurrence des faits de guerre, l’accumulation voulue et naturaliste des détails du meurtre collectif sont destinées à provoquer un malaise croissant chez le lecteur, jusqu’à l’insoutenable. Dans cet univers de feu et de sang, un seul sentiment le fait encore réagir, celui de retrouver le paradis perdu, la vie d’avant, à la campagne, avec sa douce Alberte, et l’amour pour son enfant. Hélas ! lorsqu’il « touche » enfin une permission, c’est pour découvrir qu’Alberte le trompe.
    Lui-même se perçoit dorénavant comme une brute. Le beau cadre bucolique accentue l’horreur de sa situation. Il sait, en repartant au front, que la guerre lui a tout enlevé. Les belligérants sont exsangues : l’emploi des gaz de plus en plus toxiques, le carnage répété, rend le silence au champ de bataille :
    « Nous allons comme des aveugles en pleine attaque. Tous les éléments sont déchaînés. C’est une furie. Le terrain est si fréquemment remué, les sifflements et les bouleversements tellement orageux que le front a plutôt l’aspect d’une mer gigantesque où se heurteraient d’énormes unités.(…) Quelques fous que les gaz à grande concentration ont atteints courent sur le terrain embrasé. Leurs hurlements dépassent en horreur le spectacle de la bataille elle-même. Ils dépassent les bornes extrêmes de la démence. Toute une compagnie, la semaine dernière, s’est enfuie de la sorte. Deux mitrailleuses en X les ont terrassés en quelques minutes et, lorsque nous les avons ramassés, ils étaient troués comme les perles immenses d’un sinistre collier. »

    Par un miracle inespéré, il reste en vie, quoique blessé. Dégagé vers l’arrière en un hôpital militaire, il partage le sort des autres éclopés de la vie, infirmes, amputés de corps et de cœur, épaves que la guerre a éparpillées sur le bord du chemin. La terreur de la réinsertion s’installe en lui et ne le quittera plus jusqu’à sa décision finale d’abréger ses souffrances.
    Un ouvrage d’une violence rare, dans la veine des grands romans de Méric (la « Der des der »), à poser au panthéon de la dénonciation de l’horreur guerrière. Là où le Colonel Driant ne voit que drapeaux et faits d ‘héroïsme, Demarty dénonce la bête en l’homme.
    Bien que la projection dans le futur d’une guerre proche (celle de 39-45 a connu le « Blitzkrieg » et non la guerre de tranchées), il ne sera pas dit que dans un futur plus lointain il ne puisse avoir raison et que l’on ne retournera pas à une guerre « classique ».  Une œuvre prophétique… et oubliée !


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