Sur l'auteur :
(1882-
Préambule :
le Rire jaune par Pierre Mac Orlan. Méricant éd. 1944, 1 vol. broché, in-
1ère parution: 1944
épidémies – le dernier homme
Synopsis :
Nicolas Moutonnot, le héros, est un individu quelconque, bien français et sans grande éducation. Après des études maladroites et un amour déçu avec Alice Cossonière, il s’engage dans la Légion étrangère. Sans trop savoir pourquoi, il sera l’un des rares à être épargné par le nouveau virus qui décime peu à peu la France, puis le monde. Les gens meurent dans un incoercible éclat de rire, la bouche distordue, la langue pendante : c’est le " rire jaune " :
"Alors, notre oncle fit peine à voir. Sa figure s’illumina tout d’un coup, comme un poêle qui tire bien, subitement enthousiasmé par un courant d’air, son cou monta au violet de l’aubergine, il porta les mains à son faux col... -
Alors se produisit un fait épouvantable. Dans un suprême éclat de rire, l’oncle ouvrit la bouche; sa langue sortit, ses deux pupilles se dilatèrent; un filet de sang coula lentement de ses narines et il s’écroula, entraînant la nappe et le service à café. Il roula sur sol, sa chaise renversée sous lui. -
Allongé sur le dos, son grand corps semblait tenir toute la pièce. Sa figure convulsée et raidie gardait encore un air de jubilation si sincère que nous ne pouvions tous trois nous empêcher de sourire."
"Nous décidâmes de partir dans la semaine, car Paris devenait de plus en plus inhabitable. Les attaques nocturnes se multipliaient. Chacun se dépêchait de jouir de l’existence selon sa moralité et ses aspirations. Il est à remarquer que les femmes souffrirent particulièrement pendant cette période. L’imagination humaine, tout en choisissant des routes différentes tendait vers un but unique. Ce fut une ruée terrible des désirs les plus vils."
Peu à peu, ils arrivent à l’idée que la femme leur manque. En cours de route, ils rencontrent George Merry, un colosse simplet, et Prince Hamlet, un homme-
George Merry et Mouchaboeuf s’entretuent pour elle, mais la femme, certainement lassée, disparaît de la circulation. Moutonnot, écoeuré, trimballe quelque temps sur son dos l’homme-
"J’avais tourné la tête de son côté et mes yeux ne quittaient pas les siens.-
Je fus quelque temps sans pouvoir répondre, lorsqu’une idée de génie me traversa la cervelle. Avec des précautions de mère prenant son bébé, je saisis l’homme-
Récit curieux, très français, "le Rire jaune" est dédié à Gus Bofa. L’auteur règle pas mal de comptes avec la littérature, son éducation, la classe des militaires, les politiciens.
D’une ironie amère, le thème catastrophique y est totalement présent, mais comme en filigrane. L’humour noir domine. Les personnages sont bizarres et extraordinaires. Les intrigues se défont très vite et si le roman apparaît comme un témoignage de ce qui se passe à l’époque sur la scène internationale, la situation sociale douloureuse est décrite sur un mode psychologique et intimiste.