Sur l'auteur :
(1901-
Préambule :
Je brûle Paris par Bruno Jasienski, Flammarion éd. , 1929, 1 vol. broché, 284 pp., in-
1ère parution : 1929
la cité foudroyée – menaces idéologiques -
Synopsis :
Dans le monde ouvrier impitoyable de l’entre-
" Ici, dans ce verre qui ne paie pas de mine, nous avons un jardin d’acclimatation unique en son genre : toutes les épidémies terrestres. Dans cette éprouvette, à gauche, la scarlatine ; dans celle-
" Alors Pierre retira de sa poche deux petites éprouvettes. Il les examina attentivement. Un liquide blanchâtre et trouble les remplissait. Pierre les secoua légèrement devant la lampe. Ensuite, les éprouvettes dans une main, il s’approcha de la grande pompe centrifuge actionnée par un moteur Diesel. (…) Alors, avec la grosse clef, il se mit à ouvrir le robinet de l’entonnoir de la pompe. (…) Les deux éprouvettes débouchées, il versa lentement leur contenu dans la gorge de l’entonnoir, qui haletait lourdement. "
Quelques heures plus tard, l’on emmène le premier pestiféré moribond à l’hôpital, puis, la ville, prise de frénésie, constate une augmentation exponentielle du nombre de ses morts :
" Des milliers de robinets, comme des veines ouvertes de Paris, coulait avec bruit l’eau glacée et limpide et la ville, sans force, pâlissait de chaleur et de faiblesse. La première ambulance fut aperçue à dix heures du soir sur la place de l’Hôtel-
Le moment est venu pour le jeune Chinois P’an Tsiang Koueï d’imposer une nouvelle loi. Ayant vécu une enfance misérable de coolie à Pékin, il a pu acquérir un niveau de connaissances qui lui a permis de connaître le sens du mot "exploitation. ". Devenu leader ouvrier reconnu dans son pays, la peste le surprend pendant qu’il étudie à Paris. Ayant déjà tissé ses réseaux et devant la faiblesse de la ville, il décrète que le Quartier latin deviendrait zone chinoise d’où serait exclue les Blancs sous peine de mort :
" le 30 juillet, Radio-
Suivait un court appel aux jaunes, dans lequel le gouvernement leur confiait les bibliothèques et les musées, trésors inestimables de la culture européenne que l’on devait conserver intact pour les générations futures. Les proclamations étaient signées au nom du gouvernement provisoire par P’an Tsiang-
L’occasion fut splendide pour les Russes exilés à Paris, en la personne de Solomine, un ancien chauffeur de taxi, de prendre le pouvoir sous le sobriquet de "Capitaine Solomine." Avec les siens, il tiendra une autre partie de la capitale, exigeant des royalistes de la rue de Grenelle qui ont décrété le royaume de France retrouvé, la remise de leurs prisonniers soviétiques aux Russes installés dans un édifice du Faubourg St Germain. Mais c’est autour des Buttes-
" le 4 août, les ouvriers des quartiers de Belleville et de Ménilmontant, poussés par la nécessité impérieuse de s’emparer de la totalité des biens indispensables à leur vie, glissant entre leurs doigts, déclarèrent leur territoire république autonome soviétique. Les soldats passèrent de leur côté. En réponse, en signe de protestation, dans la même journée les camelots du roi avec l’aide de la population catholique du faubourg Saint-
Quoique bien structurés, les prolétaires meurent de faim, enfermés dans leur quartier. Le camarade Lecoq suggère un audacieux coup de main pour s’emparer des stocks de farine situés en aval de la Seine. Avec deux péniches, il s’approche, rompant la quarantaine, des moulins du village de Tansorel. L’aller fut un jeu d’enfants, le retour un cauchemar, sous les bombardements et les tirs russes.
Paris continuant de mourir, le destin de chacun fut bientôt écrit. T’san Tian, qui faisait fusiller à tour de bras les ennemis de la révolution chinoise fut contaminé intentionnellement par un étudiant dont la femme n’avait pas trouvé grâce aux yeux du tyran. Les Juifs, ayant eu vent de la présence de David Lindslay, établirent avec lui un compromis : ils l’emmèneraient avec eux aux USA à condition qu’il établisse les contacts nécessaires leur permettant d’arriver à bon port. Il accepta mais, pris de remords et pour ne pas contaminer à son tour les Etats-
Solomine fut tué dans une rixe. La peste poursuivit son œuvre de désertification dans Paris, puis s’arrêta faute de combustible. Elle avait épargné les prisonniers, les malfrats, les bagnards au fond de leurs geôles. Rendus à la rue, ils constatèrent leur bonheur. Avec des mots simples, empreints de bon sens, ils décidèrent tous de garder Paris isolé du reste du monde et d’y fonder la première Commune Libre du Premier Gouvernement mondial. Ils prospérèrent, veillant scrupuleusement à maintenir le silence radio, se nourrissant avec simplicité des produits agricoles cultivés dans la ville même. Paris devint la parfaite société utopique et égalitaire rêvée par les philosophes du XIXème siècle :
" Là où auparavant s’étendait la nappe lisse de l’asphalte, de la Chambre des députés à la Madeleine, et des Champs-
" Je brûle Paris " est une fable utopique dans laquelle un temps de purification précède nécessairement la mise en place d’une société nouvelle. Un style métaphorique, des destinées individuelles qui se fondent dans l’aventure collective, rendent ce roman encore lisible de nos jours. La preuve en est qu’il a été récemment réédité.