Sur l'auteur :
Préambule :
le Désastre, Fragment d'une histoire future, par René de Planhol, pp. 515-
1ère parution: 1930
Synopsis :
"Ce cahier donne les leçons professées en 2045, à la Faculté des lettres françaises de Québec, par l'illustre Joseph Dyvetot, dont le cours d'histoire philosophique étudiera "l'Europe après 1930 et la Revanche de l'Allemagne".
Après cet avertissement qui permet à l'auteur de prendre le point de vue de Sirius, ce dernier se livre à une analyse critique et pertinente, sans complaisance, des causes d'une probable future guerre européenne. D'abord, il convoque les hommes politiques français de tous bords principaux responsables, selon lui, du désastre, de par leur pacifisme, surtout celui des socialistes Blum et Driant, relayé par les journaux de l'époque, leur hypocrisie, et leur seule préoccupation qui était de profiter au maximum du pouvoir pour s'approcher en premiers de la "mangeoire":
"Les factions politiques uniquement occupées de leurs manigances électorales et de leurs combinaisons parlementaires, ne semblaient même pas se douter que le sort de la patrie fût en jeu. Il ne s'agissait entre elles que d'une querelles de ventres, autour du râtelier bien garni que leur offrait le pouvoir. (Ils) se contentaient de jouir de leur fortune, de s'octroyer à leur tour les prébendes et de distribuer les fonds secrets en n'ayant nul souci de la France".
En nouant des alliances objectives entre partenaires aux idées pourtant inconciliables, ils s'entendent à merveille pour manipuler une population lâche et veule , dont les classes privilégiées , des immigrés de fraîche date, s'offrent une vie facile par les douteux plaisirs du sexe et de la bonne chère:
"Attirée par l'appât, une nuée de parasites se jetait sur la province et la campagne françaises. Ils accouraient de tous les points du globe, -
Après avoir exploré les causes de la guerre, l'auteur passe à l'avenir des relations internationales en Europe avec, au centre de celles-
"Les événements ne se répètent jamais tels quels, et la guerre prochaine réalisera sous une forme inédite la concentration des forces et la surprise qui sont les moyens éternels de la victoire. (...) La guerre prochaine ne sera plus une guerre interminable de tranchées. Nos bataillons uniront à la puissance des armements la vitesse et la mobilité. Leur attaque subite, jetant autour d'elle le feu et les gaz, bouleversera la mobilisation de l'ennemi. Et nous disposons d'engins, d'explosifs, de fumées, de poisons que nos laboratoires ne cesseront d'améliorer et qui révèleront au monde les bienfaits de la science allemande."
En face d'une Angleterre frileuse, d'une France endormie et décadente, d'une Russie entravée par des traités commerciaux, l'Allemagne a désormais le champ libre pour se tailler un empire sur mesure. La Pologne déjà occupée, l'Autriche s'étant toute entière jetée dans les bras de la Germanie, von Seekt explique que tout naturellement les régions à forte implantation tudesque devront appartenir à la nation-
La France outré et acculée réagira enfin. Avec le général Weygand à sa tête, elle prendra les armes non sans avoir, préalablement, nettoyé les nids de la collaboration. Quelques hommes politiques parmi les plus en vue seront pendus, mais beaucoup réussirent à s'enfuir, surtout parmi les socialistes. Hélas! il est déjà trop tard. Car la guerre aura changé de nature, elle sera rapide, impitoyable et des armes horribles seront utilisées:
"Attaquée sur deux fronts, écrasée par la supériorité des effectifs et du matériel ennemis, l'armée française ne pouvait que succomber. (...) Des explosions se produisaient dans les arsenaux et les usines sous l'influence de courants mystérieux, des nappes de gaz mortels se déployaient sur le pays, des vagues d'avions criblaient les villes de bombes incendiaires(...) La ville souveraine de l'univers n'était plus qu'un labyrinthe de ruines en flammes. Aux batailles de la Somme et de la Seine, l'armée française fut à demi détruite pendant que les Italiens continuaient à s'avancer presque dans le vide. (...) la bataille tournait au massacre, et la France n'avait plus d'armée."
Vaincu, notre pays sera démembré, découpé en diverses régions soumises au vainqueur, ses richesses drainées. La langue française elle-
"Comme la fureur germanique voulait extirper jusqu'au souvenir de la nationalité française et comme c'est autour de son langage que se rassemble toujours un peuple déchiré, l'enseignement et l'usage officiel de la langue française furent partout prohibés. La Bretagne adoptait pour idiome le gaëlique, et l'Aquitaine le Gascon. Si l'Italie tolérait en Gaule narbonnaise le provençal, l'Allemagne imposait le tudesque au nord de la Seine. Et, dans la Biturie, la langue du gouvernement, des écoles, de la presse, devenait l'esperanto, toute publication en langue française étant interdite."
L'Angleterre, désormais inquiète, se retrouve en première ligne en maudissant son pacifisme. Les Américains continueront, comme par le passé, à commercer un pays devenu puissant et riche. La Russie (Soviétie) multipliera les approches "positives" envers un pays devenu son premier partenaire énergétique.
Ce texte, assez court, appartient donc aussi bien au domaine du pamphlet politique, qu'à celui de l'histoire alternative ou de la guerre future. L'on est frappé par la justesse d'ensemble du propos de Planhol dont la vue prospective coïncide avec la réalité historique. Il ne se trompera que sur des points annexes (comme de minimiser l'action de Hitler) ou lorsqu'il est aveuglé par ses préjugés ( il pense que la judéo-
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