Sur l'auteur :
(1893-
Préambule :
Quinzinzinzili par Régis Messac , éd. spéciale , 1972, coll "Titres Lattès " , 205pp., 1 vol. broché, in-
1ère parution: 1934
Adam et Eve revisités -
Synopsis :
Ceci est un roman épouvantable. C’est l’histoire triste, traitée avec une ironie désespérée par le narrateur, du dernier groupe d’enfants survivants à la surface du globe. Tout commença ce jour où, après de nombreux pas de deux, le conflit mondial éclata enfin, coup de tonnerre dans un ciel serein. Gérard Dumaurier, futur dernier survivant adulte était en train de faire visiter les grottes de Lozère à un groupe d’enfants tuberculeux, lorsque les gaz des belligérants produisirent une réaction en chaîne dans l’atmosphère qu’ils polluèrent complètement et que de grands tremblements, des cyclones et autres joyeusetés ébranlèrent le monde.
Eux seuls -
Ils sont neuf. Les voici: Tchaon, Manibal, TsiTroèn, Pantin, Bidovin, Lanroubin, Bredindin, Embrion, Sanlatin, Ilayne. Une seule fille. Le narrateur ne les aime pas beaucoup : "Ecorché, boueux et sanglant, j’étais d’assez mauvaise humeur. La petite fille était au premier rang et hurlait sur un mode plus aigu que les autres. Je lui décochai une paire de claques qui la fit reculer, et éloignai les autres à coups de pied. (...) Le tour de la fille venu, elle s’accotait en geignant à la paroi rocheuse, se tenant la joue. J’avais tapé de toutes mes forces. Je lui tendis sans mot dire le gobelet plein. Elle fit un signe négatif. Sans hésiter, je vidai moi-
«Les enfants se suffisent à eux-
" Le teint rouge brique avec un nez en bouton de porte, tout rond au bout, avec ça, des fesses saillantes qui lui ballottent sur les cuisses quand elle marche, et elle marche avec une grâce de canard boiteux, sur des jambes courtes et arquées, sur des pieds plats qui s’étalent longuement sur le sol, les orteils écartés en éventail. Et puis, un ventre saillant, tout rond avec le nombril au milieu comme un oeil au fond d’un vase. Et sa poitrine déjà plus que basse à quatre ans... Qu’est ce que ce sera plus tard! Et voilà Vénus! Quelle immense rigolade! "
Qu’importe, telle qu’elle est, elle plaît à Tchaon, le fragile tuberculeux avec lequel elle fait l’amour, en méprisant Manibal, le baraqué. Alors ce qui devait arriver, arriva. En un tournemain, Manibal étrangle Tchaon. Ilayne, aussitôt, laisse tomber un gros bloc sur la tête de Manibal et le tue. C’est donc Lanroubin qui profitera des largesses d’Ilayne et puis, plus tard, tous les autres, unis dans un grand amour communautaire. Tout ceci laisse le narrateur rêveur:
" Je suis un survivant des époques préhistoriques, littéralement un fossile vivant. Cette llayne que je trouve affreuse, odieuse, hideuse, cette llayne qui n’est pas belle, est en train de créer sous mes yeux, devant moi, et malgré moi, un nouvel idéal de beauté. Ses fesses molles, ses tétines basses et son ventre en chaudron seront désormais les modèles de la beauté future. Je prévois que dans l’avenir, des poètes inspirés et des amants élégiaques rêveront sans fin aux vastes dimensions de ses pieds plats et à la rougeur éclatante de son visage. "
Bien qu’Ilayne soit enceinte des oeuvres de tous (Quinzinzinzili!), il n’y a plus d’avenir. Ils n’enterrent même pas les cadavres qu’ils se contentent de jeter dans un ravin. Cependant l’eau du lac (de l’océan?) qui les entoure se met à baisser et les débris d’une civilisation morte apparaissent, tels que des allumettes par exemple, que le narrateur s’empresse d’allumer. Il observe Lanroubin qui essaye d’en faire autant:
" Un léger bruit pourtant me fait retourner. Lanroubin a pris la boîte de métal dans sa main gauche et frotte une allumette sur la surface rugueuse. Mais il s’y prend drôlement. Il tient l’allumette comme il tiendrait un bout de crayon. On dirait plutôt qu’il dessine quelque chose. En effet, oui, il écrit, ou plutôt il dessine. Car, si j’ai fait du feu, moi, c’est parce que j’ai tracé une figure magique avec l’allumette sur le côté de la boîte. Il s’agit de savoir laquelle. Est-
" Quand je songe à l’avenir, je vois un nouveau calvaire collectif, une nouvelle ascension pénible et douloureuse vers un paradis illusoire, une longue suite de souffrances. Ah! si j’avais le choix, je n’hésiterai pas. Je les tuerai tous et je ferais éclater le faible crâne de cet enfançon sur les parois de la caverne, comme une noisette. Je ne sais plus. Je ne sais plus qui je suis. Ni si je suis. Oh, et puis... Qu’est ce que ça peut me faire? M’en fous. Quinzinzinzili! Quinzin zinzili!"
Quinzinzinzili est une oeuvre majeure de la SF française. Régis Messac, mort en camp de concentration, livre tout son désespoir, son écoeurement en face d’une humanité symbolisée par ces enfants, humanité qu’il hait puisqu’elle ne sait se conduire avec dignité. Prenant le contre-