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  • Quinzinzinzilli

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Régis MESSAC

    Parution : 1934

    Thème : Adam et Eve revisités, le dernier homme


    Sur l'auteur :

    (1893-1945). Ecrivain français. Auteur d'une thèse initiatrice dans le domaine du roman policier et de la science-fiction. Agrégé. Après l'Ecole Normale Supérieure, exerce comme enseignant. Grande activité journalistique et critique dans de nombreuses revues. Des romans et des nouvelles. Première collection de science-fiction française.  Activisme anti-militariste et anti-nazi. Déporté. Disparaît  à  une date indéterminée.


    Préambule :

    Quinzinzinzili par Régis Messac , éd. spéciale , 1972, coll "Titres Lattès " , 205pp., 1 vol. broché, in-octavo. couverture illustrée. roman d’expression française (1 ère  éd. : La fenêtre ouverte éd., coll. " Hyper mondes ", 1934 et  l’Agly éd., 1998). notice bibliographique in " le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne " N°32, sept. oct.  2003 critique : Régis Messac ou l’humour du désespoir (J.P. Andrevon), in " Fiction " 236, août 1973
    1ère parution: 1934
    Adam et Eve revisités - le dernier homme


    Synopsis :

    Ceci est un roman épouvantable. C’est l’histoire triste, traitée  avec une ironie désespérée par le narrateur, du dernier groupe d’enfants survivants à la surface du globe.  Tout commença ce jour où, après de nombreux pas de deux, le conflit mondial éclata enfin, coup de tonnerre dans un ciel  serein. Gérard Dumaurier, futur dernier survivant adulte était en train de faire visiter les grottes de Lozère à un groupe d’enfants tuberculeux,  lorsque les gaz des belligérants produisirent une réaction en chaîne dans l’atmosphère qu’ils polluèrent complètement et que de grands tremblements, des cyclones et autres joyeusetés ébranlèrent le monde.
    Eux seuls -Ils n’auront aucun moyen de le vérifier- seront sauvés en se réfugiant sous terre.  Après une pénible période d’adaptation à la situation, Gérard Dumaurier devint le témoin privilégié de l’involution des enfants. L’auteur étudie, à la manière des "physiologies" du XIXème siècle, le langage, les rites, la philosophie des derniers petits d’hommes livrés à eux-mêmes.
    Ils sont neuf. Les voici: Tchaon, Manibal, TsiTroèn, Pantin, Bidovin, Lanroubin, Bredindin, Embrion, Sanlatin, Ilayne. Une seule fille. Le narrateur ne les aime pas beaucoup : "Ecorché, boueux et sanglant, j’étais d’assez mauvaise humeur. La petite fille était au premier rang et hurlait sur un mode plus aigu que les autres. Je lui décochai une paire de claques qui la fit reculer, et éloignai les autres à coups de pied. (...) Le tour de la fille venu, elle s’accotait en geignant à la paroi rocheuse, se tenant la joue. J’avais tapé de toutes mes forces. Je lui tendis sans mot dire le gobelet plein. Elle fit un signe négatif. Sans hésiter, je vidai moi-même la timbale. Le temps n’était plus aux douceurs. La fille resta jusqu’au soir à geindre avant de daigner accepter à boire. Quelle sale race de femelles sortira de ce ventre-là! "
    Sceptique voltairien, le narrateur, comme en un leitmotiv, répète:" je m’en fous! ".  Il " s’en fout " des enfants, de leurs tâtonnements, de leurs méprises, mais note avec une férocité joyeuse qui se veut lucide, leur dégradation. Les enfants créent donc un semblant d’organisation sociale, tout en régressant. Ils ne se lavent plus, leur langage est fait d’un sabir entièrement nasalisé. Le raisonnement mathématique a totalement disparu, et la causalité redevient magique. A cet égard, ils ont inventé " Quinzinzinzili ", la cause universelle, le "Grand Tout", déformation de "Qui est in Coeli", une ancienne prière.
    «Les enfants se suffisent à eux-mêmes, depuis longtemps. llayne entretient le feu dans la grotte. Ils ont élaboré un système à eux pour le faire couver et rallumer. Un système idiot. Il s’agit de mettre des bâtons d’une certaine longueur dans un certain ordre, suivant certaines figures géométriques, et de les combiner avec des braises.  Ils sont persuadés que s’ils omet un seul de leurs rites absurdes, le feu ne se rallumerait pas. Ainsi, ils ont trouvé un champ de fèves, je ne sais où. Mais comme ils s’en sont donnés une indigestion, ils ont décrété que les fèves était un poison. Mais ils n’appellent pas ça poison. Les fèves, toutes les fèves, appartiennent à Quinzinzinzili, et il se venge en vous donnant la colique Si on lui vole sa nourriture.  Dieu qu’ils sont bêtes! Effroyablement bêtes! Désespérément abrutis! Que sortira-t-il d’eux? Vaudrait-il pas mieux qu’une nouvelle catastrophe arrive et balaye cette insignifiante vermine?»
    De temps en temps le narrateur détaille la psychologie particulière d’un enfant. Par exemple, Lanroubin, qu’il trouve le plus fin, et sa rivalité avec Manibal, le plus costaud. Les deux s’affrontent. Lanroubin vaincu, réinvente le coup de poing américain, en assommant Manibal avec un fragment de cristal de roche détaché de la paroi.  Il ne nous cache rien non plus de la sensualité naissante des enfants. Ilayne est la seule femme. Elle domine le groupe et réinvente le matriarcat. Mais elle est laide:
    " Le teint rouge brique avec un nez en bouton de porte, tout rond au bout, avec ça, des fesses saillantes qui lui ballottent sur les cuisses quand elle marche, et elle marche avec une grâce de canard boiteux, sur des jambes courtes et arquées, sur des pieds plats qui s’étalent longuement sur le sol, les orteils écartés en éventail.  Et puis, un ventre saillant, tout rond avec le nombril au milieu comme un oeil au fond d’un vase. Et sa poitrine déjà plus que basse à quatre ans... Qu’est ce que ce sera plus tard! Et voilà Vénus! Quelle immense rigolade! "
    Qu’importe, telle qu’elle est, elle plaît à Tchaon, le fragile tuberculeux avec lequel elle fait l’amour, en méprisant Manibal, le baraqué. Alors ce qui devait arriver, arriva. En un tournemain, Manibal étrangle Tchaon. Ilayne, aussitôt,   laisse tomber un gros bloc sur la tête de Manibal et le tue. C’est donc Lanroubin qui profitera des largesses d’Ilayne et puis, plus tard, tous les autres, unis dans un grand amour communautaire. Tout ceci laisse le narrateur rêveur:
    " Je suis un survivant des époques préhistoriques, littéralement un fossile vivant. Cette llayne que je trouve affreuse, odieuse, hideuse, cette llayne qui n’est pas belle, est en train de créer sous mes yeux, devant moi, et malgré moi, un nouvel idéal de beauté. Ses fesses molles, ses tétines basses et son ventre en chaudron seront désormais les modèles de la beauté future. Je prévois que dans l’avenir, des poètes inspirés et des amants élégiaques rêveront sans fin aux vastes dimensions de ses pieds plats et à la rougeur éclatante de son visage. "
    Bien qu’Ilayne soit enceinte des oeuvres de tous (Quinzinzinzili!), il n’y a plus d’avenir. Ils n’enterrent même pas les cadavres qu’ils se contentent de jeter dans un ravin.  Cependant l’eau du lac (de l’océan?) qui les entoure  se met à baisser et les débris d’une civilisation morte apparaissent, tels que des allumettes par exemple, que le narrateur s’empresse d’allumer. Il observe Lanroubin qui essaye d’en faire autant:
    " Un léger bruit pourtant me fait retourner. Lanroubin a pris la boîte de métal dans sa main gauche et frotte une allumette sur la surface rugueuse. Mais il s’y prend drôlement. Il tient l’allumette comme il tiendrait un bout de crayon. On dirait plutôt qu’il dessine quelque chose. En effet, oui, il écrit, ou plutôt il dessine. Car, si j’ai fait du feu, moi, c’est parce que j’ai tracé une figure magique avec l’allumette sur le côté de la boîte. Il s’agit de savoir laquelle. Est-ce un carré, un octogone ou une étoile à cinq branches? Dommage seulement qu’il trace ses figures avec le bout non soufré. "
    Les enfants se décident enfin à quitter leur abri et remontent dans l’arrière-pays, en direction de la ville disparue de Lyon.  Le narrateur, de plus en plus malade, est proche de la mort. Mais il  "s’en fout". Il a encore le temps d’assister à la naissance de l’enfant d’Ilayne qu’il baptise "Eskato", le "dernier". Puis, c’est la fin :
    " Quand je songe à l’avenir, je vois un nouveau calvaire collectif, une nouvelle ascension pénible et douloureuse vers un paradis illusoire, une longue suite de souffrances. Ah! si j’avais le choix, je n’hésiterai pas. Je les tuerai tous et je ferais éclater le faible crâne de cet enfançon sur les parois de la caverne, comme une noisette. Je ne sais plus.  Je ne sais plus qui je suis. Ni si je suis. Oh, et puis... Qu’est ce que ça peut me faire? M’en fous. Quinzinzinzili! Quinzin zinzili!"
    Quinzinzinzili est une oeuvre majeure de la SF française. Régis Messac, mort en camp de concentration, livre tout son désespoir, son écoeurement en face d’une humanité symbolisée par ces enfants, humanité qu’il hait puisqu’elle ne sait se conduire avec dignité.  Prenant le contre-pied de Rousseau dans son " Emile ", il raconte comment la disparition de la culture humaniste façonne la sauvagerie d’une nouvelle morale de l’espèce. Le tout est observé expérimentalement sur un échantillon  in vivo. A comparer avec le "Seigneur des mouches" de William Golding.


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