Synopsis :Dans cet ouvrage (en deux volumes) seul un mince fragment du texte est consacré à la fin du monde proprement dite.
L’auteur met en scène un moraliste le jeune Brémond qui s’entretient avec diverses personnalités significatives de la société française en 1830, ce qui sert de prétexte à une critique virulente du gouvernement Guizot. Peut-être est-ce par là, à travers un glissement sémantique, qui part de l’idée de « la fin d’une société » ou de la « fin d’un régime », qu’il en est venu à évoquer la comète de 1832, porteuse de catastrophe, ce qui n’émeut d’alleurs pas plus que cela ses contemporains. Avec beaucoup de sang-froid il décrit les conséquences d’une collision de la comète avec la terre, un déluge universel censé noyer toutes les parties basses du monde :
« Hâtez-vous, mes amis, car une fois la fin du monde venue, si l’un de vous réchappe à la catastrophe, les eaux auront enseveli les bases de ces immenses monts, et ce qui restera des Alpes, modeste îlot, élèvera sur le front de la mer quelques insignifiantes aiguilles. Le Mont-Blanc sera une autre butte Chaumont, et sur son sommet dépouillé de neiges on cultivera des laitues. »
Brémond se retire donc dans les Alpes, à « Chamouny », où déjà se pressent des cohortes apeurées. Il y découvre Sara, le grand amour de sa vie, une « quackeresse » psycho-rigide qui ignore ce jeune homme que l’amour abêtit. La comète et ses désagréments seront donc les bienvenus, Brémond s’imaginant représenter le futur couple primitif avec Sara pour compagne :
« Tout à coup un bruit épouvantable, un bruit de cent tonnerres répétés par d’innombrables échos, se fit entendre; le ciel, tout de feu, sembla s’ouvrir, comme pour laisser tomber les astres qui y sont attachés ; les Alpes émues s’agitaient avec un craquement terrible, jusques dans leurs bases ; des milliers d’ouragans se heurtaient dans l’air, et de longs mugissements s’échappaient des plus profondes entrailles de la terre…Que se passait-il dans cette tempête suprême ? Aucun être humain ne le pourrait dire ; il faudrait une voix de prophète inspiré par une pensée divine, car aucun être humain ne l’a pu voir. Quand le jeune homme revint à lui, il avait la face contre terre, les membres sanglans ; sa pensée était frappée d’un long et terrible engourdissement. Il se leva, hâletant ; il voulut porter ses regards vers la vallée, et ses regards rencontrèrent un Océan, dont les vagues immenses semblaient défier en hauteur ce qui restait des Alpes. Et Sara !… Sara avait disparu.»
En conclusion que reste-t-il aussi de notre thème dans cet ouvrage cité par Versins et dont le caractère mythique (car introuvable) a enflammé les imaginations ? En réalité fort peu de choses sinon une belle idée que les successeurs de Rey-Dussueil reprendront avec davantage de sérieux.