Sur l'auteur :
(1896-
Préambule :
le Manuscrit Hopkins par R.O. Sherriff, Plon éd., 1941, 319pp., 1 vol. broché, in-
1ère parution: 1941 titre original: The Hopkins Manuscript
menaces climatiques -
Synopsis :
L’avant-
Qui donc est cet Edgar Hopkins à qui l’on doit le manuscrit? Célibataire de quelque cinquante ans, de petite bourgeoisie, ancien professeur de mathématiques qui a pu se retirer grâce à un petit héritage soigneusement géré. Son dada, l’élevage des poules, dont il est très fier, et qui lui a apporté quelques délicieuses satisfactions d’amour-
Hopkins met un soin maniaque à décrire ce qui fut la vie quotidienne du temps de la catastrophe qui détruisit son monde familier. Dans le même élan, il se met à nu avec ses petits triomphes, ses découragements, ses élans de générosités et son égoïsme… Dans un moment de colère vite regretté, il accepte d’endosser les risques de la construction d’un téléscope par la société d’astronomie dont il fait partie. Les risques financiers que représente cette entreprise deviennent sa hantise. Aussi est-
Quand peu à peu, il comprend le sens de l’événement, il commence par éprouver la naïve satisfaction d’être parmi les "élus qui savent". Car la nouvelle sera cachée le plus longtemps possible à la population, même si , dès le départ, le gouvernement entreprend la construction de vastes abris qui permettront de sauver au moins une partie de la population. Au milieu de ce drame, Hopkins continue sa vie tranquille et s’étend sur ses préoccupations quotidiennes. C’est ainsi qu’il décrit son invention de "perchoirs métalliques chauffants" pour les poules qui "pondent des oeufs d’une qualité incomparablement supérieure ". Mais voyez la bêtise humaine: dans "l’Echo du mercredi de Mulcaster", ses "perchoirs chauds feraient éclore les oeufs à l’intérieur des poules"...
L’attachement enfantin à sa petite vie, à ses rites quotidiens, à ses vanités, c’est sa manière à lui de résister à l’épée de Damoclès suspendue sur sa tête, que son cerveau a acceptée mais que son instinct, sa vanité d’homme, refusent de reconnaître. Il se rend compte que la construction de l’Abri, devenue la préoccupation unique du village de Beadle, a quelque chose de futile, d’irréel, mais il y participe activement, parce qu’il faut le faire, et en même temps, il savoure en gorgées attentives les petits plaisirs d’une vie quotidienne pourtant si insipide. Et puis la catastrophe va lui apporter son premier et seul vrai bonheur, la rencontre avec la famille Parker.
Le cataclysme tant attendu finit par arriver. Dans un sursaut de dignité humaine, Hopkins, comme les Parker, a refusé de se réfugier dans l’Abri: " Le ciel, atroce et terne, se fit lumineux; cette souillure brunâtre fut traversée d’une traînée rouge -
L’un après l’autre, Robin et Pat, en bons citoyens, s’engagent dans l’armée britannique. La mort de sa poule favorite dénoue les derniers liens de Hopkins avec Beadle alors que, peu à peu, l’Angleterre et toute l’Europe sombrent dans le chaos. Il se retrouve dans un Londres devenu terrain de chasse de quelques cinq mille humains démunis. Au même moment il apprend qu’un homme s’est levé à l’Orient, Sélim le Libérateur, qui avait annoncé aux peuples opprimés que la Lune était leur dieu et que bientôt "elle descendrait sur la terre pour détruire les Blancs qu’ils haïssaient". Là s’arrête le manuscrit Hopkins.
Un récit élaboré où la narration à la première personne accentue l’effet de réel. Plus anglais que nature, le texte est à classer dans la veine du catastrophisme britannique dévolu au "home sweet home ", et à l’idée de la précarité insulaire, île dans la tourmente de la 2ème guerre mondiale. "Le manuscrit Hopkins", avec son souci maniaque du détail, son humour à froid (les héros profitent de l’approche de la lune pour jouer une partie de cricket de nuit!), son désespoir en filigrane est une ode au masochisme anglais et une pierre de taille dans le genre qui nous intéresse. A lire absolument pour son originalité.