Sur l'auteur :
(1955-
Préambule :
l’Ange de l’abîme par Pierre Bordage, Au Diable Vauvert éd., 2004, 1 vol. broché, grand in-
1ère parution : 2004
guerres futures 1 – péril jaune et guerres des races – menaces idéologiques
Synopsis :
L’Europe après le 11 septembre. Une ligne de front, oscillant entre la Pologne et le Delta du Danube, sépare les Européens et leurs légions d’anges des «Ousamas» (musulmans). La guerre totale, identique à celle de 14-
« Avec des gestes lents, graves, les soldats de l’archange Michel écrasèrent leurs cigarettes, lacèrent leurs casques, déverrouillèrent les crans de sûreté de leurs armes. Au second aboiement, ils gravirent la pente de la tranchée, franchirent les murs de sacs de sable et foncèrent tout droit vers les positions ennemies. Ils n’eurent pas le temps de parcourir cent mètres. Les tirs nourris des mitrailleuses les fauchèrent l’un après l’autre sur le terrain plat et nu séparant les deux lignes. »
L’Europe sous la coupe d’une espèce de théocratie décline les divers grades militaires selon un vocabulaire religieux : des «Vertus», des «Chérubins», des «Trônes», des «Dominations » quadrillent le continent avec, à leur tête le puissant archange Michel, un vieillard obstiné et cacochyme, chef tout puissant d’une Europe exsangue, retiré dans son bunker de Roumanie. A l’arrière de la ligne de front pleuvent les bombes :
«Le déluge de bombes et de missiles est tombé sans interruption sur ces deux régions pendant plus de cinq ans. Les islamistes ont d’abord déferlé par le détroit du Bosphore. Leurs intentions étaient de libérer leurs frères albanais et, en même temps, de prendre pied sur le sol européen. Ils ont envahi la Bulgarie, puis la Macédoine, mais ils ont été repoussés en Turquie par la contre-
La débrouille triomphe, les collaborateurs foisonnent, les crimes de toutes sortes sont légaux
« Ils se défonçaient aux bulles de champagne, aux pilules de toutes les couleurs, aux intrigues de salon et aux perfidies minuscules pendant que les bombardements jetaient des familles entières dans les rues, pendant que l’existence de millions d’hommes jeunes se brisait sur le front est, pendant que la légion traquait et exterminait des hordes d’orphelins livrés à eux-
Pibe est l’un de ces jeunes et le héros de cette histoire. Rendu orphelin d’une famille qu’il détestait, il sera accueilli au sein d’une caillera, pris en charge par une adolescente mystérieuse, Stef, qui lui assignera le but de son existence : partir à la rencontre de l’archange Michel. Périple qui n’est pas de tout repos puisque livré à lui-
En parallèle, le lecteur suit les intrigues et histoires d’autres personnages, telles que celles d’un «ancien» de la légion des anges, de retour du front, mutilé mais encore viril, qui se produira dans des « life show » érotiques et clandestins pour femmes abandonnées :
« La dernière mode, c’est de mater et de tripoter des soldats qui reviennent du front. Il y a une grosse demande, et pas beaucoup de mâles présentables. Je te l’ai déjà dit : tu as un beau corps, une belle queue, plein de cicatrices, tout ce qu’il faut pour plaire à ces dames. Si tu fais l’affaire, il y aura une dizaine de soirées par mois. »
Ou celle de l’auxiliaire Talverad qui, anxieux d’une promotion, se verra offrir le commandement d’un camp d’élimination des Ousamas. Il n’ira cependant pas au bout de sa mission puisque piégé par son adjoint, il sera conduit à un suicide romantique en compagnie d’une jeune détenue arabe dont il est tombé amoureux.D’ailleurs au « CERI », l’adjoint promu chef à son tour, sera à l’origine d’une traque pour anéantir non seulement les leaders de l’opposition au régime angélique en place, mais encore tous les autres détenus, mitraillés par les SGM (Soldats Génétiquement Modifiés) :
« Le E de CERI signifie évacuation. Il s’agit, comment dire, d’un euphémisme pour désigner une évacuation radicale, une…élimination. L’Etat européen ne va tout de même pas élever des serpents venimeux dans son sein. Nous avons besoin de responsables déterminés pour mener à bien les opérations de nettoyage. Nos concitoyens ont compris qu’il était de leur intérêt de dénoncer les islamistes ou assimilés qui essaient de prendre racine dans le terreau européen. »
Pibe et Stef vivront des aventures cauchemardesques le long d’un parcours que l’on peut qualifier d’initiatique pour le jeune garçon. Se soutenant mutuellement, ils sortent indemnes d’un accident de train causé par l’explosion d’un «AK » (kamikazes islamistes). Ils se rétablissent auprès de Gog et Magog, deux frères passionnés d’informatique qui retransmettent les dernières nouvelles militaires par le web. Ceux là mourront, attaqués en pleine forêt par des « Zombis» ou « SDF » (vagabonds drogués et cannibales).
Fuyant le danger, Pibe et Stef se réfugieront dans un village rempli de mongoliens puis à bord d’un bateau clandestin qui les transportera en direction des côtes de l’Albanie. Incidemment, Pibe sauvera Stef d’un viol. Avec leurs compagnons, des Ousamas en fuite, bien plus ouverts d’esprit que maints Européens, ils aboutiront à Bucarest, puis de là à Piatra. Pendant ce temps Jean de la Valette, l’un des membres du sérail de l’archange, fait la connaissance de Mike, l’observateur américain. Par lui il apprendra (et nous aussi) l’origine de cette guerre entièrement initiée par les USA, afin d’amoindrir l’Europe et freiner l’expansion arabe tout en proposant de magnifiques contrats commerciaux :
« Faire durer cette guerre, disiez-
« Il se concentra sur son tir, pressa la détente, léger choc, onde de chaleur dans sa paume et son poignet. Il vit la petite étoile noire s’ouvrir au milieu du front de l’archange, se nimber de pourpre, l’ombre blanche se recroqueviller sur le fauteuil. »
Il sera sauvé par Mike qui a su immédiatement s’adapter à la nouvelle situation. La guerre prendra fin au moment même où l’adolescent, devenu enfin adulte, envisage de se rendre au Maghreb « pour apprendre à comprendre le cœur humain ».
Un avenir proche et terrifiant, minutieusement disséqué. Bien que certaines péripéties se rapprochent beaucoup du vécu européen durant la Grande Guerre, l’horreur, la haine, la stupidité des fanatismes explosent dans un roman sans concession.Prouvant par là, encore une fois, que, lorsque éclate la guerre « toute l’intelligence de l’homme se retrouve dans la trompette ». Un récit à lire et à méditer.