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  • La Bataille De L'ocean

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Fernand BOVERAT

    Parution : 1937

    Thème : guerres futures 2


    Sur l'auteur :



    Préambule :

    La Bataille de l’Océan par Fernand Boverat, J. de Brunoff éd., sd (1937), 1 vol. broché, in-8ème, 187pp. avec HT couleurs et carte. couverture illustrée. roman d'expression française. notice bibliographique in « le Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne " N° 20, Pâques 1998
    1ère parution: 1937


    Synopsis :

    Et pour une guerre future de plus. En 1937, l'Allemagne fait peur. Hitler vitupère et menace. La France compte ses forces terrestre, aérienne et navale, qui ne font pas le poids face à celles des Germains. Pour preuve, l'auteur met en scène le désastre futur limité au contexte maritime. Durant le temps que se déroulent les combats navals, le lecteur, à travers de rapides digressions, apprend ce qui se passe du côté de ses frontières, ce qui lui permet de prévoir le pire.
    Dès 1935, l'Allemagne, après le diktat envoyé à la Pologne, réclame à la France la main mise de ses colonies d'A.O.F., du Cameroun et de la Mauritanie. Notre pays s'élève contre l'ultimatum et déclare la guerre à l'Allemagne, comptant sur un approvisionnement constant en matériel en provenance des Etats-Unis à travers une noria de bateaux trans-océaniques. Les Allemands, tout aussi futés que les Français, ne le permettront pas. Il importe donc de couper la route océanique par un engagement naval décisif. Or, la victoire semble aléatoire du côté français, les forces alignées étant trop légère en tonnage et trop faibles en armement. Une escorte navale se constitue pourtant du côté français pour accompagner le paquebot Paris, appareillant du port de New York avec , dans ses soutes, du matériel destiné aux forces françaises. Mais les espions germaniques sont déjà avertis. Les Anglais, eux, fidèles à leur politique d'équilibre européenne, ferment les yeux le conflit imminent. L'escorte du Nord commandée par l'amiral Duruit se trouve en juillet 1935 face à face avec deux croiseurs protégés allemands et leur pléiade d'escorteurs, le Deutschland et le Preussen, deux monstres de 35.000 tonnes, tirant des projectiles de 350 kilos chacun. A cette puissance de feu, rien ne résiste. Malgré leur vaillance, les croiseurs français, les torpilleurs et contre-torpilleurs, le paquebot Paris seront coulés corps et biens:
    "Le Duguay-Trouin est touché le premier; un obus atteint une de ses tourelles arrière, en arrache le toit et en tue l'armement; un second le frappe en plein milieu et traverse ses deux ponts blindés pour faire explosion dans une chambre des machines; volant en mille éclats, il y exerce d'effroyables ravages, perfore les cloisons voisines, crève les tuyaux de vapeur et met hors de service trois turbines sur quatre. la vitesse du navire tombe à dix noeuds, faisant de lui un but facile pour les canons ennemis."
    Pour compliquer encore la situation, du côté des frontières des Vosges, les Allemands bousculent les lignes françaises:
    "Et là-bas, sur les Vosges, en Lorraine, nos soldats désarmés seront écrasés par le matériel allemand, massacrés par les chars d'assaut, asphyxiés par les gaz de combat; le front sera crevé, les hordes germaniques déferleront, la torche au poing, sur nos villes et nos campagnes, l'aviation ennemie portera ses ravages jusqu'à la Méditerranée et jusqu'à l'Océan! Six mille Français ont été sacrifiés en vain à l'accomplissement d'une tâche surhumaine... Le chef intrépide qui les a conduits ferme ses yeux mourants, et ses lèvres murmurent une dernière fois: "La France, la France...." La France, hélas! est perdue!"
    La France, forte de l'expérience de ses chefs aura été trahie par l'incompétence, la lâcheté, la pusillanimité des hommes politiques. Un conseil des ministres houleux stigmatise l'imprévoyance du pays, en dépit du traité de Versailles qui laissait l'Allemagne en état de faiblesse. Les militaires français accusent les civils de laxisme, se défaussant d'avance de leur responsabilité dans un combat perdu d'avance:
    "Après avoir construit cinq croiseurs protégés, l'Allemagne a mis en chantier tous les deux ans, depuis 1928, un bâtiment d'un nouveau type, véritable croiseur de bataille. Les deux premiers, le Deutschland et le Preussen, sont en service, un troisième commence ses essais. Au mépris du traité de Versailles, ils déplacent plus de 13.000 tonnes au lieu de 10.000, et le poids gagné par l'utilisation des moteurs Diesel, par l'emploi en grand d'aciers spéciaux et d'alliages légers, les rend comparables à des navires ordinaires de 15. à 16.000 tonnes. Ils portent six pièces de 280 millimètres, lançant à 30 kilomètres des obus de 350 kilos, et ils sont dotés, en outre , d'une forte protection; du fait qu'ils n'ont pas de chaudières, les parties vitales à mettre à l'abri des obus sont, en effet, beaucoup moins étendues que sur nos navires; elles ont pu être placées sous un cuirassement renforcé."
    Héroïques, comme d'habitude, ils ne se déroberont pourtant pas à leur devoir. Rassemblant toutes les forces navales disponibles, accélérant le programme de construction d'énormes croiseurs équivalents à ceux de leurs ennemis, ils reconstituent une nouvelle flotte sous le commandement de l'amiral Frehel;  le Foch, le Suffren, le Tourville , des engins de 13.000 tonnes, protégés par six croiseurs de 10.000 tonnes chacun, d'un porte-avion et de quelques torpilleurs, prennent le cap dans l'Atlantique Nord pour une bataille navale décisive dans l'océan.
    Essuyant d'entrée une tempête qui l'affaiblit, l'escadre, par ses avions de reconnaissance, elle localise les forces ennemies. Immédiatement, la flottille, rangée en ordre de bataille, fait route de collision, s'approchant le plus possible de l'ennemi afin que les coups portés soient tous décisifs. Les Allemands, qui ne sont pas en reste, commandés par l'excellent von Rompel, procèdent de même. Le combat est bref et d'une brutalité inouïe. les bâtiments français, touchés de plein fouet, et dont les munitions explosent sous les coups de boutoir, coulent les uns après les autres:
    "Six minutes après l'ouverture du feu, un premier obus abat une cheminée du Vauquelin; peu de temps après, un second ouvre à l'arrière une brèche par où l'eau commence à pénétrer; un troisième enfin, tiré à moins de 2.000 mètres, atteint le bâtiment à la flottaison, où il creuse une longue déchirure: ses chaudières noyées, le destroyer ralentit, puis s'arrête, incapable de gouverner; une vague énorme le prend de trois quarts et le couche sur le côté; la masse d'eau déjà embarquée l'empêche de reprendre son équilibre, la mer s'engouffre dans ses cheminées et le fait chavirer complètement. Il s'abîme au sein des flots, emportant avec lui jusqu'au dernier de ses marins, pendant que l'équipage du Koenigsberg salue sa victoire de hourras enthousiastes."
    Les monstrueux croiseurs allemands ne semblent pas souffrir de la confrontation. Le 21 août, le Foch est une épave, le Colbert et le Dupleix n'existent plus. L'amiral Von Rompel a de quoi être heureux: le ravitaillement américain est interrompu, la France est à genoux, l'Allemagne a gagné.
    Si le récit s'arrêtait là, on pourrait saluer l'exactitude prévisionnelle de l'auteur qui a anticipé la défaite française, bien que celle-ci se soit faite par voie de terre, à l'aide des tanks de Guderian, dans un Blitzkrieg inventé à l'occasion. Mais  il est vrai que l'on se résigne difficilement à mourir. C'est pourquoi, Boverat ajoute une deuxième partie, plus brève, à son ouvrage. Celle où, en 1937, a lieu une deuxième confrontation marine, au cours de laquelle la France a tiré les leçons de son échec. Elle a enfin construit deux croiseurs de taille: 30.000 tonnes de charge, des obus de 500kilos, des blindages renforcés: les Allemands n'auront qu'à bien se tenir! A onze heures, durant ce mois d'été, débute la bataille finale sur mer, sous la direction de l'amiral Trémereuc, un breton de pure souche, tenace et combatif. Le combat est d'abord incertain:
    "Cependant le Duquesne est furieusement martelé par le Preussen.; plusieurs obus perforent ses ponts blindés, crèvent les chaudières, brisent des turbines, démolissent une série de machines auxiliaires; un autre l'éventre au-dessus de la flottaison, avarie effrayant puisque toutes ses pompes sont hors de service. Le navire, aux trois quarts désemparé, dérive entre les deux flottes; il devient la cible de tous les croiseurs allemands."
    Mais lorsque le Joffre entre en action, un déluge inouï de projectiles s'abat sur les navires allemands encore à flot. Finalement, le Preussen, tel un lion à l'agonie, hurle à la mort:
    "Arrivé à moins de 9 kilomètres de son antagoniste, le Preussen à moitié éventré, constate l'échec de ses torpilleurs et de ses avions; il veut enfin virer de bord, mais deux obus d'une même salve l'atteignent en plein milieu: une fumée jaunâtre surgit aux points d'impact, puis soudain le navire semble transformé en un véritable volcan; une colonne de feu, projetée par l'explosion de toutes ses soutes, se dresse à plus de 1.000 mètres de haut, de gigantesques débris d'acier criblent au loin la mer, puis tout disparaît: le Preussen est anéanti."
    La France est sauvée. L'escadre patriotique, meurtrie et blessée mais survivante, achève les derniers navires allemands, recueille les rares naufragés des deux bords, et rejoint, à petite vitesse, son port d'attache.
    "la Bataille de l'océan" limite la conjecture aux engagements maritimes dans une guerre à venir, très proche, hélas! Le récit se développe de manière réaliste, à travers la description précise des diverses phases du combat sur les flots. L'on sent que l'auteur est dans son élément. Les tableaux comparatifs, les écorchés des forces en présence, les tableaux en couleurs et en hors-texte, démontrent sa volonté d'éclairer le lecteur. Patriote convaincu, Fernand Boverat,  a désiré, sans nul doute, lancer un cri d'alarme devant des dangers qu'il sentait proches.


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