Sur l'auteur :
(1847-
Préambule :
10.000 ans dans un bloc de glace par Louis Boussenard, éd. Ernest Flammarion, sd. (1898), 1 vol. cartonné, in-
1ère parution : 1898
péril jaune , guerre des races – menaces telluriques
Synopsis :
M. Synthèse, en hibernation dans les glaces du pôle, s’éveille dix mille ans plus tard, en 11898. Des êtres au corps filiforme et à la tête démesurément enflée, au faciès chinois et négroïde à la fois, se trouvent à son chevet. Après plusieurs tentatives infructueuses, ils parviennent à communiquer avec lui en vieux chinois.
M. Synthèse apprend qu’en dix mille ans la terre a changé. L’Europe n’existe plus, broyée sous les glaces. Nos descendants de race caucasienne, vaincus par les Jaunes dans leur expansion à travers le monde, sont ravalés aux rangs d’êtres inférieurs à leur service. Par suite d’une série de cataclysmes et de tremblements de terre, des ponts conjonctifs relient désormais l’Asie à l’Afrique en une sorte de ceinture équatoriale ininterrompue où la vie est seul possible. La Méditerranée et l’océan Atlantique ont disparu.
Par métissage avec les Noirs d’Afrique, les descendants des Jaunes se sont transformés en êtres surhumains, aux pouvoirs psychiques quasi-
M. Synthèse s’aperçoit que partout, comme la betterave qui pousse en monoculture, s’est installée la même civilisation de « fourmis jaunes », à la pensée unique et sclérosée. Tous les grands problèmes auront été résolus par la force, et cette merveilleuse utopie lui apparaît comme un leurre quand il voit à quel point les races blanches sont assujetties ou lorsqu’il écoute son cicérone s’exprimer sur le sort de leurs femmes :
« La femme est en tout et pour tout notre égale. Elle jouit de tous nos droits, de toutes nos prérogatives et partage, le cas échéant, toutes nos responsabilités. Je dois vous confesser cependant que cette unification ne s’est pas opérée sans luttes. L’histoire nous apprend que jadis, au temps où, sous l’influence des causes multiples qui ont modifiée notre race, nos cerveaux commençaient à prédominer, les femmes, plus nerveuses, moins équilibrées, moins raisonnables – excusez la banalité du mot – mirent l’humanité en péril. Non contentes d’aspirer à devenir nos égales, elles prétendaient à la maîtrise complète, à la domination absolue. Chaque famille devenait un enfer… la vie intime était en général atroce.
Soit que les éléments cérébraux manquassent de coordination, soit que le système nerveux exaspéré fût hors de proportion avec l’organisme féminin, soit pour tout autre motif que nos ancêtres n’ont pu approfondir, les hommes eurent à passer une période terrible. C’est au point que les législateurs, à bout d’arguments et de pénalités, décrétèrent que, dès le bas âge, on tenterait d’empêcher, au moyen d’une compression méthodique de la boîte crânienne, l’accroissement de la masse cérébrale chez tous les enfants du sexe féminin.
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« 10.000 ans dans un bloc de glace » est l’épilogue détachée du gros roman de Boussenard « les Secrets de monsieur Synthèse » dans lequel apparaît le savant. Cette conclusion prouve le pessimisme de l’auteur en face d’un futur peu souhaitable, et son aversion – partagée par bien d’autres auteurs de l’époque – envers le « péril jaune ».