Sur l'auteur :
(1895-
Préambule :
la Fin de Paris par Marcel Sauvage, 1932, Denoël et Steele éd., 1 vol. broché, in-
1ère parution: 1932.
menaces telluriques -
Synopsis :
Le journaliste-
" Paris dormait dans le clair-
D’abord incrédules, les Parisiens durent se rendre à l’évidence lorsqu’ils virent une montgolfière en pierre s’élever dans les airs, flotter au-
" ...Attendu que la vie est devenue inhumaine dans toutes les capitales du monde ou plutôt qu’elle s’en est retirée, que l’homme n’a pas été conçu pour jouer un rôle misérable dans un engrenage de machines qui le poussent vers la folie et le suicide, qu’il y a de ce fait, crime et péché mortel à l’égard du Saint-
" Elles ressortaient des décombres, imperturbables, ces statues, tenaces, comme ces fourmis qui ressurgissent toujours de leurs nids écrasés. Béliers à quoi rien ne résistait, que rien ne pouvait arrêter, elles entraient dans les murs, poussaient les pierres de taille, les enfonçaient, crevaient le ciment armé, tordaient, cassaient de leurs mains illustres les poutrelles de fer et les colonnes de fonte. Des pans de quartiers, des quartiers tout entiers tombaient, dans d’épouvantables grincements, des gémissements sans fin, de hautes façades comme des claques sur le bitume, des palais comme des éclatements de montagne. Montparnasse craquait comme une vieille croûte et la banque de France résorbait ses ruines dans la profondeur de ses caves pleines de lingots d’or. "
De l’autre côté, on répond à l’agression par une armée de soudeurs chargée de faire fondre le bronze :
" Et les soudeurs à l’autogène, ruisselant de sueur dans leur lumière de music-
" C’est alors que se produisit la révolte des machines. les dernières usines des faubourgs ouvriers refusèrent de fonctionner au bénéfice des vivants. Moteurs et mécaniques s’arrêtèrent, en dépit des mains humaines qui les palpaient, les interrogeaient, les suppliaient. Les locomotives, par on ne sait quel miracle, ralentirent à cent kilomètres de Paris, s’immobilisèrent sur les rails, malgré la fournaise qu’on leur attisait dans les entrailles à coup de ringards. Les lois de la chaleur, de l’électricité, de l’optique et de l’énergie en général, n’avaient plus aucune valeur: toute physique était à recommencer. "
Guidon y répond par l’usage du feu et des bactéries (mises au point par les " Binoclards ", c’est à dire les savants) qui ramollissent le bronze. Rien n’y fait. La ruée des statues n’épargne aucune rue, aucune maison, aucun bâtiment public ou privé. Paris disparaît réduit à une couche de gravats sur laquelle déambulent des simulacres d’hommes. Lorsque tout est uniformément aplani, les statues s’arrêtent définitivement, perdant toute vie. Par la suite, le gouvernement en exil redevenu légitime fait ôter cet entassement hétéroclite du site détruit pour le stocker dans le Sahara où il deviendra une espèce de cimetière visité par les touristes de toutes les nations. Paris aura définitivement disparu.
" La Fin de Paris " apparaît comme une pochade surréaliste à la Cocteau. L’auteur s’amuse à régler des comptes dans ce récit étonnant d’une ville en proie à la vindicte des statues. Il y égratigne les savants, l’Académie française, les politiciens. La critique enjouée cache aussi une réelle angoisse devant la montée des hostilités en Europe et une attitude frileuse en face des avancées technologique, équivalente à celle du Duhamel des " Scènes de la Vie future ".