Synopsis :Jacques Servet, se promenant en avion avec son ami Paul Gaillard au-dessus de l’Aiguille-Tordue, dans les Alpes, sauve la vie d’une jeune femme, Geneviève Amphiropoulos, la charmante fille de César Amphiropoulos, le brasseur d’affaires bien connu. Tombant amoureux de celle-ci, il ne conquerra son cœur qu’en montrant qu’il a du génie (à défaut d’argent !) :
" -Je veux être fière de mon mari. Je suis trop riche pour épouser un homme qui n’aura pas de génie. Je veux la partie égale : moi, la fortune, lui, le génie. Voilà. Jacques, avez-vous du génie ? "
Or, son vieil ami Gibbon le rend héritier universel d’un appareil de son invention baptisé le Gibbonnope qui permet d’abolir l’action de l’électricité partout en Europe (ou dans le monde) en fonction de l’angle de visée :
" Tout mon mérite, continua-t-il, si j’en ai un, c’est d’avoir vu la profonde parenté de la chimie et de l’électricité, c’est d’avoir imaginé une nouvelle science qui n’en est qu’à ses débuts : l’électro-chimie. Influence de l’ électricité sur les combinaisons chimiques et, chose plus étonnante, influence des combinaisons chimiques les plus inattendues, comme ce flore d’aluminium que j’ai crée par hasard sur les manifestations électriques. Résultat : ces deux fils d’argent baignant par leurs extrémités de platine, A dans le flore, B dans la russise, donnent à cet appareil le pouvoir de décomposer, et par conséquent de détruire, toute manifestation électrique dans un angle donné. "
Engagé par César Amphiropulos, Jacques apprend de la bouche du R.P. Ducygne que le pape a été emprisonné par Mussolini et remplacé sur son trône par un faux-pape :
" Donc le pape est prisonnier. Pourquoi ne le sait-on pas ? C’est tout simple : il y a, sur le trône de Saint-Pierre, un faux pape, un sosie de Pie XI. Le Vatican est peuplé de créatures de Mussolini, le cardinal Pacelli est malade et chambré et ne peut recevoir personne. L’Eglise d’Italie vit sous la terreur et dans la plus grande confusion. Mais on ignore tout cela. Le Facisme (sic !) triomphe et le faux Pie XI se prépare à proclamer solennellement l’excellence du régime fasciste… Jacques, il y va du salut de l’Eglise… "
Geneviève lui donnera l’occasion de prouver son génie : elle lui demandera de sauver le pape Pie XI des griffes du dictateur. Aussitôt Jacques propose d’utiliser le Gibbonnope. En face de la paralysie de tous les moteurs électriques en Europe, les divers Etats ne manqueront pas de faire pression sur l’Italie pour sauver le pape et écarter le péril d’une récession économique généralisée. César, lui, voit toute l’exploitation qu’il pourrait faire de ce processus. En un premier temps, il rachète tout ce qui peut représenter une force de traction animale : chevaux, ânes, ainsi que des engins mus par l’homme, bicyclettes, pousse-pousse…
Puis, en un deuxième temps, après que l’engin soit entré en action, le rachat de toutes les usines électriques, de tous les moteurs, vendus à vil prix, car inutilisables. Devant la menace mise à exécution par Jacques et Geneviève, et après un débat houleux à la Chambre des Députés en vue de donner une réponse adaptée au dictateur, Mussolini, soumis à la pression guerrière de plus en plus forte de ses voisins, consent à libérer Pie XI :
" On apprit, coup sur coup, la prise de Florence par des Yougoslaves, l’entrée des Français à Milan, la révolte de Syracuse, le débarquement des Anglais en Tripolitaine, l’envoi d’une note menaçante des Etats-Unis et la déclaration de guerre du Japon. "
Jacques sera récompensé pour "son génie" en épousant Geneviève. César Amphiropoulos aura énormément augmenté sa fortune, et Paul Gaillard aura pris pied dans l’entreprise de l’industriel.
Une belle fable, désuète et touchante, menée tambour battant. D’autant plus belle que la morale fait bon ménage avec les affaires dans la " Pax Christi " (mot de ralliement du pape libéré)