Sur l'auteur :
Préambule :
l’Eclipse par Régis Herbert , Denoël éd., 1939, 1 vol. broché, in-
1ère parution: 1939.
épidémies
Synopsis :
Le narrateur, Georges, travaille en milieu hospitalier. Son futur beau -
"C’est vraiment un curieux phénomène, continuai-
" Pour un observateur superficiel, en effet, la ville revêtait encore sensiblement le même aspect. Les transports fonctionnaient, normaux. Chacun semblait poursuivre le même but qu’hier , le même que demain. Mais les indices clairs sautaient à mes yeux avertis. Dans les bas quartiers, des petites boutiques se fermaient pour ne plus rouvrir. "
Pour le moment, le tragique de l’événement n’est pas encore assimilé par la population française qui a fort à faire avec les projets d’invasion allemands. La mobilisation générale avait été décrétée et c’est dans une ambiance d’apocalypse que le professeur met en garde son futur gendre : la vie en société deviendra bientôt impossible. La force règnera. Le gouvernement tombera. L’économie se désagrègera et les survivants aveugles soit mourront de faim, soit imposeront la loi du plus fort. Il enjoint à Georges -
Tous étant destinés à perdre la vue à court ou moyen terme, il lui faudra accumuler les vivres suffisants et le charbon nécessaire pour pouvoir survivre au moins les dix prochaines années. Il lui sera aussi indispensable de baliser le terrain afin qu’ils puissent se repérer dans les ténèbres qui tomberont sur eux et sur le monde. Il lui transmet tout son capital et lui propose comme retraite sûre sa ferme, résidence secondaire isolée, près du village de Barges. Lui continuera, en attendant, à chercher la cause du mal.Georges se met en quête, achète un véhicule, emmène les siens à Barges et, jour après jour, accumule des provisions achetées en multiples petites quantités pour ne pas susciter l’attention.
Comme prévu, la société se délite. Le mal frappe de plus en plus fort. Il aura eu au moins le mérite de stopper la guerre, faute de "voyants". Les aveugles se font plus nombreux dans les rues. Paris, comme toutes les grandes villes, est condamnée:
" Une poussée irrésistible se propagea de proche en proche. On vit partout la peur, la peur au cent visages. L’angoisse martela les âmes les plus fortes. Elle déchaîna les rudes, anéantit les faibles. Peu à peu, la justice fit place à la violence. On lutta pour la vie. On lutta sans pitié, âprement, follement. Les coups les plus odieux, les ruses les plus viles furent considérés comme actes légitimes. L’instinct excusa tout. Des hommes, hier sans haine, se transformèrent en brutes. Une démence ignoble souleva les plus calmes pour les précipiter vers de furieux extrêmes. Le spectre de la mort conduisait jusqu’au meurtre. Cependant que tombait la nuit, inexorablement. "
Etonnamment, le mal a son paroxysme produit peu de troubles violents. Les hommes, hébétés et honteux de leur nouvel état, évitent leurs semblables dans un environnement devenu dangereux. Ils se terrent chez eux pour y mourir. Le narrateur traversera des rues quasiment vides avec son véhicule.
Une de ses dernières navettes consiste à ramener le professeur, devenu aveugle lui aussi, à Barges, en le sortant du laboratoire de la clinique. Au cours de cette dernière expédition , il tombe sur une bande de déserteurs , voyants ceux-
" -
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Le gaillard se tourna vers ses compagnons. -
Ce soldat, blessé dans l’échauffourée, fut emmené malgré lui à l’arrière de la camionnette. Une fois soigné, il se révélera un ami fidèle et un élément précieux pour la petite communauté.
Enfin, la nuit tombe sur le monde. Progressivement, la cécité s’installe, le narrateur succombant en dernier. Ayant eu le temps de s’accoutumer à leur état, la transition n’est pas trop difficile pour les membres du petit groupe. Rapidement, les sens de l’ouie et du toucher suppléent à la vision défaillante. Si les premiers jours de retraite sont presque gais, au fur et à mesure que passe le temps, l’ambiance se détériore. Claude s’enfonce dans le silence: il finira dans une paranoïa totale et disparaîtra après s’être échappé de la maison. Le narrateur , en un ultime voyage, aura trop présumé de l’avancée de son mal. Il deviendra quasiment aveugle en cours de route et vivra le calvaire de son retour vers le refuge à plus de deux cents kilomètres de là alors que sa vision n’accède plus qu’à l’environnement immédiat:
" Rien cependant ne m’inquiéta sérieusement dans chaque première étape au cours de laquelle chaque borne kilométrique représentait pour moi un but monotone et sans cesse renouvelé. A cause de ma vue défaillante sans doute, je ne vis que très peu d’êtres vivants. Mais, par une sorte de sensibilité subconsciente, j’eus maintes fois l’impression vague des existences cachées. Beaucoup de hameaux, en apparence déserts, m’inspirèrent une méfiance irraisonnée, quand je les traversai. C’était comme l’avertissement occulte d’un sixième sens, se substituant à celui de la vue. Je le subissais sans l’analyser. "
Un autre danger non prévu menace les isolés : les rats , qui profitent de la maladresse des hommes et des provisions accumulés , s’installent en maîtres dans la maison. Le petit groupe sera obligé de cohabiter avec ces hôtes indésirables qui les privent de plus en plus de nourriture:
"Bientôt nous sentîmes autour de nous la présence permanente de tout un peuple s’activant à notre ruine. Au fur et à mesure, les rats devenaient plus audacieux. Ils s’établirent dans la cave et le grenier comme en un pays conquis, se dérangeant à peine lorsque nous y venions. A chacune de nos visites, on pouvait les entendre trotter et grignoter. Le bruit même que nous faisions ne les effrayait pas. On aurait dit qu’ils se rendaient compte qu’on ne pouvait rien contre eux. "
Ils seront finalement découverts par les habitants aveugles du village avoisinant, qui meurent de faim . Venus en force, ceux-
Ils y découvrent même un voyant, immunisé naturellement contre le microbe qui mettra ses yeux au service de la communauté. Les naissances se multiplient et parmi celles-
"Il était normal que le temple, objet de la vénération unanime, fut aussi le réceptacle de nos biens les plus précieux. On y plaça donc les lampes destinées à perpétuer le feu. Mais à la longue, le caractère divin de l’édifice se communiqua à la flamme elle-