Sur l'auteur :
(1930(2009) Ecrivain anglais de science-
Préambule :
Le Monde englouti par J.G. Ballard, Denoël éd., 1964 , 1 vol. broché, in-
1ère parution: 1962 titre originel: the Drowned World
menaces climatiques
Synopsis :
"Bientôt, il ferait trop chaud. Il était un peu plus de huit heures. Du balcon de l’hôtel, Kerans observait le soleil se lever derrière les bosquets touffus de gymnospermes géants qui envahissaient les toits des grands magasins abandonnés à quelque quatre cents mètres de là, sur la rive est de la lagune. (...) Le disque solaire ne formait plus une sphère aussi nette, mais une grande ellipse étalée qui, à l’orient, se déployait sur l’horizon, comme une boule de feu colossale; son reflet dans la lagune transformait la surface de plomb éteint en une carapace de cuivre éblouissant".
Le soleil a changé de forme en devenant plus chaud. Les glaciers fondent. La transgression marine, inexorable, se produit partout. Les hommes meurent ou émigrent vers les pôles. Le reste de la planète est livré à une végétation de type secondaire, gymnospermes, prêles, fougères géantes, et des marécages où s’ébattent quantité d’iguanes:
"Tout le long du ruisseau, perchés aux fenêtres des immeubles et des grands magasins, les iguanes les regardaient passer, secouant leur gueule dure et figée de manière raide et saccadée. Ils se lancèrent dans le sillage du canot, happant les insectes délogés des mauvaises herbes et des troncs d’arbre pourris, puis regaèrent, en traversant les fenêtres à la nage et escaladant les escaliers, leurs positions stratégiques, les uns sur les autres, en piles hautes de trois pieds. Ces lagunes et ces ruisseaux dans les immeubles à demi engloutis eussent été d’une étrange et irréelle beauté, sans ces reptiles; mais iguanes et basilics avaient dépouillé ce monde de tout caractère fantastique. Comme l’indiquaient leurs sièges dans ces salles de conseil provisoire, ils régnaient sur la cité. Une fois de plus, ils représentaient la vie de façon dominante. Kerans leva les yeux sur ces vieilles têtes impassibles et comprit la peur bizarre qu’elles suscitaient: elles évoquaient les scènes terrifiantes des jungles des premiers temps du paléogène, à l’époque où l ’ apparition des mammifères domina le règne des reptiles et il ressentit cette haine implacable qu’éprouvent les reésentants d’une espèce biologique envers ceux d’une autre qui leur a usurpé la place."
Kérans reste dans les étages supérieurs de la ville morte. Il avait fait partie d’une expédition qui avait eu pour mission de décrire les nouvelles conditions de vie sur la planète terre. Il abandonnera ses compagnons afin de s’étudier lui-
"A une vingtaine de mètres sous le canot, une allée grise s’allongeait entre les immeubles, toute droite, reste de quelques grandes artères d’autrefois. Les carcasses bossues de voitures rouillées stationnaient toujours sur les bas-
Peu à peu, une étrange métamorphose s’opère en lui. Il devient indolent, calme, étrange à nos yeux, comme l’iguane dont il prend progressivement les attitudes. Son psychisme se met à vibrer à l’unisson de la grande régression et se dirige successivement, traversant des strates de plus en plus profondes, vers son noyau primitif, l’archéo-
L’inimitable style de Ballard fait émerger des plages d’impression. Chaleur, humidité, touffeur et calme, puissance végétale sont les seuls états que le lecteur partage avec Kérans. Ballard, contrairement à de nombreux autres auteurs du genre, ne reste pas au niveau d’une description sensationnaliste. Pour lui, la catastrophe est prétexte à une approche phénoménologique des êtres. Coït de l’eau et du feu, le "Monde englouti" reste un chef-
.