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  • Mada Ou Le Dernier Homme

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : le Baron Edmond D'AIGUY

    Parution : 1871

    Thème : le dernier homme, l’apocalypse réalisée


    Sur l'auteur :


    Préambule :

    Mada ou le dernier homme par M. Edmond D’Aiguy, suivi de « Visions », poème en vers sur le même sujet, éd. Josserand, 1871, 1 vol. cartonné, in-12 ème , 271 pp. couverture muette. roman d’expression française
    1 ère  parution : 1871
    le dernier homme – l’apocalypse réalisée


    Synopsis :

    Après des siècles de progrès, les peuples ont instauré l’état d’utopie :  
    « Tous les trônes avaient successivement croulé et la fraternité avait gagné les nations ; plus de barrières entre elles. »
    La liberté règne en politique, dans les religions (où le pape s’est fait discret)  et en sciences où les secrets seront arrachés progressivement à la nature :
    « Se centuplant par elle, les forces de la nature soulageaient les bras dans leur labeur, et n’ayant plus de secrets, celle-ci lui abandonnait ses trésors. (…) Les éléments définitivement domptés, on voyagea dans les airs. On traversa les espaces avec une rapidité inouïe. On décomposa les métaux les plus durs. On fit de l’or. On put faire le diamant.»
    Mais un état stable est de peu de durée et les sociétés finissent par se ruer les unes contre les autres: « l’Extrême Asie fut ravagée, inondée de flots d’hommes et de chevaux », l’Amérique croît  puis décroît cédant sa place à l’Afrique qui occupera dorénavant une place prééminente dans le monde.  Le raffinement du luxe ruine les mœurs et les croyances, faisant surgir les signes d’une anarchie morale. La religion se fragmente en sectes bizarres ; enfin des fléaux inconnus se propagent et frappent la nature entière :
    « Partout où il (= le fléau) passait, les arbres jaunissaient, se dépouillaient, séchaient. En une heure, les champs voyaient leur verdure se flétrir. Il pénétrait jusqu’aux racines des plantes. L’effroi fut universel. Il parcourut les deux hémisphères semant la désolation et la mort. » L’apparition d’un prophète nouveau qui se dit l’incarnation de Jésus-Christ répand la croyance en la religion du libre-arbitre. Un seul peuple reste admirable dans sa défense de la foi et dans sa pugnacité envers les barbares ; c’est la France : « ses œuvres avaient inondé le monde. On obéissait à ses élans, à ses transports, à ses lois. Sa langue, partout adoptée, façonnée par le génie et les mœurs du peuple, était presque la seule en usag ,» qui hélas ! cède à son tour :
    « Le plus épouvantable des fléaux a fondu sur elle, terni son immortelle auréole, détruit son armée, ravagé son sol, et, en quelques instants, l’a fait descendre au bord de l’abîme, où tout s’engloutit. »
    les signes sinistres se multiplient : le soleil pâlit, les saisons inversent leurs cours, l’atmosphère se refroidit, la végétation languit, la disette et les famines se répandent, le monde se dépeuple : « Tout s’y étiolait. Les fleurs, les feuilles restaient chétives, languissantes. Les blés germaient sans mûrir. La vigne ouvrait à peine ses bourgeons. C’était l’existence ne se révélant plus que pour avorter. »
    C’est le début de la fin du monde. L’augmentation du nombre des taches solaires fait craindre le pire : « Le soleil se montra presque dépouillé de ses rayons, défait, éclairant tout d’une lumière sinistre. D’énormes taches couvraient sa face livide ( …) On pouvait les fixer et mesurer ses stigmates sans être ébloui. »
    En ces temps néfastes, où la majorité de l’humanité est déjà morte  « quelques années suffirent pour réduire l’ espèce humaine à quelques familles dont l’une devait survivre aux autres et périr la dernière » sur les bords de « l’antique Helvétie et de la France » , dont celle de Mada.
    Le chef de celle-la, puissante et reconnue, fit beaucoup pour soulager les maux de ses contemporains. Pourtant il ne put s’opposer à l’inéluctable. Alors que les survivants s’entretuaient, Mada, tout en essayant de les raisonner, ne parvint pas à éviter la destruction et le pillage de la petite ville, ce qui précipita la chute des sociétés. Mada prend la fuite avec ses deux enfants, Ivan un garçon de dix-sept ans et Ela, sa fille, âgée de quatorze ans. Leur mère étant morte, ils recherchent un nouvel asile sûr auprès d’Elisée, un ancien ami, habitant sur les hauteurs du lac.
    Les signes de la dégradation s’accentuent : la lune éclaire moins, les brumes s’infiltrent en tous lieux, ainsi que la glace. Mada y voit les prémisses de l’apocalypse réalisée. C’est pourquoi il se réfugie dans sa foi en Dieu. D’ailleurs Elisée, vers lequel se dirigent leurs pas, est, lui aussi, un authentique croyant et, comme Mada, un consolateur de l’humanité. Arrivé à proximité de son manoir qui semble dégradé, Mada se demande si son ami est encore de ce monde. Il surgit juste à temps pour écouter les dernières paroles d’un vieillard vénérable sur son lit de mort, qui lui souffle les principes de sa mission : « Les temps sont proches (…) Mada, digne fils du plus sage des hommes, tu es peut-être destiné à clore l’immense chaîne où tout ce que le cœur pouvait produire a été produit. »
    La famille l’enterre près de l’Oratoire qui deviendra un lieu hautement fréquenté par eux,  et ils s’installeront à demeure, puisqu’en visitant les souterrains du manoir, ils y ont découvert tout ce qui était nécessaire à leur survie.  Deux autres tombes, situées près de l’Oratoire aiguisent leur curiosité : quelles personnes sont inhumées-là ?
    Puis, partis en reconnaissance au deuxième étage de la propriété, ils y découvrent une bibliothèque richement fournie avec en son centre, posé sur un lutrin, la bible ouverte, autour de laquelle ils se réuniront souvent pour confronter la parole sacrée aux philosophies du passé.  Mada (anagramme de « Adam ») dispense donc un enseignement religieux continuel à ses deux enfants. La diminution du feu solaire qui fait craindre le pire,  leur impose une série de réflexions sur l’essence mystérieuse de la lumière, comparée à celle de l’âme. Ainsi passent les jours.
    Ivan a maintenant dix- neuf ans et Ela seize. C’est une jeune fille dans tout son éclat et les sentiments qui unissent les deux jeunes gens sont d’une grande intensité :« Ils s’aimaient comme frères, n’ayant pour ainsi dire connu qu’eux-mêmes, et enfin, faut-il le dire, sans le savoir, sans s’en douter, ils s’aimaient peut-être à un autre titre… »
    Ils s’écarteront peu du manoir à cause de la dangerosité de la nature mais pousseront quand même leur audace à visiter une chapelle écartée, en dépit de la brume, qui deviendra leur lieu secret. Ivan remarque, lors d’une de leur sorties, un brin de myosotis près d’un petit filet d’eau, et l’offre à Ela qui le dispose dans son livre de prières, comme il sied à une « Fleur des Saints ». Mada est inquiet car il associe la dégradation de la nature au surgissement du mal dans le monde :  « Le monde finit lentement (…) Il n’y a d’éternel que l’Eternel. Les Ecritures disent (…) que la fin sera précédée de calamités. Nous sommes arrivés à ces épouvantements. »
    Ses réflexions sur Dieu, sur la distinction entre monothéisme et polythéisme, sur le mal engendré par les anciennes guerres de religion,  seront interrompues par la découverte, dans un tiroir, d’un rouleau de papier relatant l’histoire d’Elisée et d’Elisa. Deux familles qui habitent côte à côte, y lit-il. Elisa, la brillante jeune voisine est d’évidence destinée à Elisée. A la mort du père d’Elisa, c’est tout naturellement qu’Elisée la demande en mariage. Contre toute attente, Elisa s’y refuse : seul l’habite un sentiment fraternel.
    Lors d’un voyage à l’étranger, Elisa, au grand désespoir d’Elisée, se marie à un jeune homme. Pour vaincre sa douleur, Elisée décide d’habiter en ville mais les dégradations de la nature, l’arrivée de la fin des temps, le convainc à se mettre au service des autres.  Mada, suite à cette lecture, souhaite visiter avec ses enfants, cette ville (Lausanne ?, Genève ?) où son ami a vécu :  « Ils s’arrêtèrent pour en contempler l’aspect désolé. Elle ressemblait à un sépulcre abandonné. Chaque jour s’en détachait une pierre sous l’action du temps dont rien ne pouvait plus conjurer la puissance. »
    Les rues désertes leur font porter leurs pas vers une demeure princière dans laquelle un portait d’Elisa leur signale que c’est là que cette dernière a vécue avant d’être enterré avec son mari près de l’oratoire  par les bons soins d’Elisée. Après  avoir vu l’hôpital puis le cimetière, décidant d’arrêter leur pérégrination urbaine et de retourner dans leur manoir, ils sont pris dans un gigantesque tremblement de terre :
    « Des flots de poussière brûlante tombaient autour d’eux. Ce fut une tourmente inouïe menaçant de les ensevelir vivants.(…) Les monts, les monts gigantesques, ces monts couronnés de glaciers, arrachés de leur fondement, avaient roulé dans les vallées. A la place du lac s’étendait maintenant une plaine presqu’uniforme. »
    Le matin, la brume ayant disparu, ils observent stupéfaits le désordre géologique d’un paysage bouleversé. Ela, frappée de congestion, est mourante au grand désespoir d’Ivan qui n’aura bientôt plus pour se consoler que la petite « Fleur des saints » du livre de prières. Après l’inhumation de sa soeur, le jeune homme restera inconsolable malgré toute la patience de Mada qui tente de lui faire comprendre les voies du ciel. Il dépérit à son tour. Lorsque la chapelle, à laquelle il était très attaché, est dévastée, il meurt: « On eût dit que le feu du ciel l’avait ravagée. Un amas de terre bitumineuse s’élevait devant la porte comme un flot de lave refroidie. Elle était remplie de décombres. »
    Mada reste le dernier homme sur une terre vide et cette pensée le terrifie : « La pensée qu ‘il n’y avait pas d’autre être vivant sous les cieux égarait sa raison. Il n’osait se sentir vivre, se remuer, se palper sans tomber dans une sorte de terreur superstitieuse.»D’autant plus que les conditions climatiques empirent :
    « Un soir qu’il sortait du pavillon, il fut surpris du changement subit de l’atmosphère. De glacée, elle était devenue tiède. Depuis un instant, le soleil n’éclairait plus la terre. Les ombres régnaient partout. »
    Enfin, Mada se sait perdu lorsque le manoir, son unique refuge,  devient la proie des flammes:
    « Un mugissement sourd se fait entendre et aussitôt une épouvantable explosion a lieu. Le sol tremble, le ciel se remplit d’une vapeur rougeâtre, et, en tombant, une pluie de feu embrase le vieil édifice. Renversé par une violente secousse de l’air, Mada eut à peine le temps de se relever et de rentrer au pavillon. Le météore disparu, il ne restait plus de la maison d’Elisée que des ruines fumantes. »

    Avec la fièvre, s’impose à lui une dernière vision du jugement: « L’astre dominateur était devenu un corps opaque. Sur presque tout son extérieur régnaient les ténèbres. Seulement à ses extrémités, de rares points brillaient d’un reste de flamme vomie de ses dernières profondeurs. »
    En mourant, il se demande si sa disparition signe vraiment la défaite absolue de l’espèce humaine ou si Dieu, dans sa sagesse, n’a pas prévu un remplaçant à l’homme disparu :
    « Peut-être l’intelligence humaine y sera-t-elle servie par de plus purs, de plus sûrs organes. Les aptitudes y seront plus variées, les instincts plus larges, l’âme plus aspirante ! Pour dompter cette nature extraordinaire, pour être maître de cet espace, il faudra aux hommes qui l’habiteront des moyens inconnus aux autres sphères !. »
    « Mada ou le dernier homme » fut, de l’aveu même de l’auteur, écrit dans une période troublée. Prenant parti ouvertement contre les Communards (« la France troublée par de vains essais de communisme ») et en faveur de la religion, d’Aiguy relate son pessimisme politique par une narration à thématique cataclysmique.
    Le décalage curieux d’un texte post-romantique et réactionnaire en pleine période réaliste, voire naturaliste, explique en partie le désintérêt de la postérité pour un récit aujourd’hui quasi-introuvable. Pourtant ni le style, ni les réflexions, ni la peinture des mœurs ou du décor n’y sont ridicules, même s’ils mettent à mal la patience du lecteur moderne habitué à des brouets plus épicés.
    La trajectoire spirituelle de Mada se renforce parallèlement à la nature qui meurt. L’apologétique chrétienne, les réflexions et dissertations sur la prééminence de la religion consolatrice ne font pas oublier les descriptions nourries par la rigueur d’une pensée scientifique, même si le cadre général de l’œuvre s’inscrit dans la schéma canonique de l’Apocalypse de St Jean : le soleil se refroidit, les taches solaires en sont à la fois la cause et la preuve, les bouleversements géologiques et climatiques s’en déduisant rationnellement. La thématique elle-même de « Mada » est déjà fortement référencée : poésie des ruines et pensées touchantes.
    « Le Dernier homme » de Cousin de Grainville et surtout «Omégar » d’Elise Gagne ne sont pas loin. Enfin, le décor suisse semble être emprunté au « Dernier Homme » de Mary Shelley, région propice par ailleurs à la rêverie romantique de l’homme bon, non corrompu par la société selon les prêches de Rousseau. Le récit s’achève sur une suite poétique intitulée « Visions » dont l’auteur reste anonyme. S’agit-il de « Caro », l’ami à qui d’Aiguy dédicace l’ouvrage?. Cette suite, en trois parties, épouse les inflexions du roman dont elle reprend le tracé, en le dépouillant de tout le superflu, pour ne garder en l’amplifiant, que la vision cataclysmique des phénomènes de la nature, expressivement renforcée. « Mada ou le dernier homme » est encore l’un de ces romans du 19 ème  siècle, traitant du thème de la finitude, jalon important  - et méconnu - du genre cataclysmique.


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