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  • La Surprise (Überraschung)

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Oberleutnant Michel T....

    Parution : 1931

    Thème : guerres futures 2


    Sur l'auteur :


    Préambule :

    La Surprise, (Überraschung) par l’Oberleutnant Michel T…, Jules Tallandier éd., 1931, 1 vol. broché, in-12 ème , 221pp. couverture illustrée. roman d’expression allemande. notice biographique in « Bulletin des Amateurs d’Anticipation Ancienne » N°s1 et 1 bis, mai 1990.
    1 ère  parution : 1931   titre original : Überraschung
    guerres futures 2


    Synopsis :

    L’Oberleutnant T… raconte, comme l’un de ceux qui ont été acteurs sur le terrain, la nouvelle guerre de revanche préparée par l’Allemagne contre la France. T…, bien que francophile, est aussi militaire dans la grande armée allemande et convaincu par sa puissance, son organisation et par la beauté esthétique des manœuvres de la Oberste Heeresleitung (le Haut-Commandement).
    Abandonnant avec regret sa petite amie Erna – ce qui lui donnera l’occasion d’avoir des nouvelles de « l’intérieur », lorsqu’il se trouvera au front – , T… participe aux préparatifs d’invasion. Rassemblés en rangs épais, les guerriers teutons seront entassés dans des trains à bestiaux qui les ramènent près de la frontière lorraine, à Trèves, dans le plus grand secret :
    « Peu à peu sa vitesse s’accélère, aux croisements des voies, des heurts nous rejettent les uns sur les autres, des fusils appuyés contre la paroi s’écroulent sur les casques d’acier avec un bruit de ferraille, puis le roulement qui devient plus monotone nous plonge dans un vague engourdissement. Mais il fait si chaud dans cette boîte sans air, que nous en sommes incommodés (…)Donnerwetter ! C’est trop fort. On nous a calfeutrés comme des bagnards, dans cette roulotte infecte. »
    L’heure H provoquera dans tout le pays une immense surprise et sera censée agir de même sur un ennemi qui, selon les dires du Heeres Kommando, sera incapable de résister à la furia germanique :
    « Toute cette colossale affaire a été étudiée dans ses plus petits détails, suivant la véritable méthode allemande. Sans entrer dans de trop longues explications, voici en quelques mots le schéma de notre attaque brusquée (…)
    Vous en saisirez encore mieux le mécanisme quand je vous aurai dit que chez les Français règne un esprit résolument défensif, que leurs formations actives sont peu instruites, à cause de leur service à court terme. L’instruction d’ensemble
    de leur armée est inexistante et chez eux la protection contre les gaz n’est pas assurée. Respectueux des conventions de Genève, ces idiots-là s’en remettent à des chiffons de papier pour se défendre. »
    Engagé sur le terrain, en attente dans des fossés, avant de monter à l’assaut, que l’artillerie allemande ait suffisamment «amollie» les défenses adverses de la ligne Maginot, son incursion sur le champ de bataille sera considérée avec optimisme par T… , comme une promenade de santé. Il lui faudra vite déchanter. Et ce ne sont pas les injures allemandes de « Schweinhunde » (saloperies !) et «Arschloch » (trou de c...!) employées constamment par les gradés, qui changeront quoi que ce soit à l’issue de la bataille.
    La progression des troupes allemandes est bloquée net par un épouvantable tir de barrage qui créera des vides importants autour du narrateur et forcera les adeptes de Wotan à une retraite précipitée où, incrustés dans des trous d’hommes creusés à la hâte, ils attendront dans l’angoisse la fin du déluge de fer :
    « On entend des cris, des appels déchirants : A boire ! – Au secours ! – Maman, maman ! Tout à coup, un corps couché devant une maison basse se redresse : on dirait une vision de l’enfer. Le malheureux n’a plus figure humaine, son visage n’est qu’une bouillie sanglante, un hideux moignon rouge d’où le nez est arraché, les lèvres coupées, un œil pend hors de son orbite. Ce fantôme épouvantable tend un bras dans le vide, d’un geste vengeur qu’il paraît diriger vers moi : - Salauds ! crie-t-il d’une voix rauque et comme inhumaine, criminels ! Puissiez-vous crever tous !… »
    C’est de là qu’il assistera à l’utilisation d’une arme secrète, mise au point par le génie allemand, des ondes magnétiques capables d’arrêter les moteurs français. Ainsi, de nombreux avions venus à la rescousse contre des dirigeables allemands porteurs de bombes, exploseront-ils en plein vol,  non sans avoir, au préalable, par le sacrifice héroïque des aviateurs, anéantis les engins menaçant la frontière française.
    Les troupes allemandes progressant trop lentement, le Génie chimique, en vue d’accélérer le processus, envoie des gaz toxiques vers la frontière et au-delà, à l’aide de ballonnets auto-guidés. Ce fut un horrible assassinat. Avec son groupe, T… progresse dans un territoire pavé de cadavres de soldats, de civils ou d’animaux. Des villes comme Thionville ou Metz sont dépeuplées :
    « Dans les abris que nous franchissons et dépassons, ce n’est que cadavres couchés, entassés les uns sur les autres, sans blessure apparente, mais déjà en décomposition. Des escouades entières sont étendues, les traits horriblement défigurés : la plupart de ces malheureux qui étouffaient sous leurs masque, l’avaient enlevé et avaient déboutonné leur capote, offrant ainsi une plus sûre proie aux gaz. Ailleurs, ce sont les bombes « Elektron » qui ont travaillé (…)
    Les soldats, chassés au-dehors par les flammes, avaient été aussitôt victimes des gaz, dont la plus terrible est sans contredit la fameuse « lèpre galopante » », dix fois plus active et plus dangereuse que l’ypérite.
    Ce mélange (…) a pour propriété de provoquer instantanément des abcès purulents, il pénètre partout, à travers les murs, comme à travers les vêtements et exerce très rapidement son action corrosive. En quelques heures, celui qu’il atteint n’est plus qu’une plaie gangréneuse et la mort ne tarde pas à survenir par nécrose osseuse.»
    En face de ce crime horrible, son optimisme du début a fondu. T.. comprend enfin que les Allemands sont dirigés par une bande de criminels ayant à leur tête Von Sekt et Hitler, et qu’ils mourront tous, laissant une Allemagne exsangue et dépouillée. A ce pessimisme répondent les lettres de plus en plus sinistres d’Erna. La région de l’Est de la France semblant maintenant libre d’accès (et pour cause !) les troupes d’infanterie manoeuvrent pour pénétrer plus avant dans le pays :
    « Ca et là, des bûchers fument… La Lorraine est devenue une immense nécropole et ce n’est qu’au-delà de Metz, à Pagny-sur-Moselle, durant un arrêt dans la gare, que j’aperçois enfin des habitants du pays, sous les espèces de quelques femmes, le visage caché par un masque, qui balayent les quais sous la surveillance de deux feldgrauen, masqués eux aussi. »
    Tout à coup, une escarmouche survenue dans les bois de Kattenho (Catenom) révèle une action française de grande envergure. Le bois est si consciencieusement pilonné par l’artillerie que les divisions germaniques se dissolvent littéralement. Autour de T… s’accumulent les cadavres déchiquetés. Lorsqu’il reprend conscience c’est sur un lit d’hôpital de l’armée française. Découvert avec deux balles dans le poumon, il avait été dirigé – en dépit du fait qu’il fût allemand - dans un lazaret du Sud de la France, par des médecins français fidèles aux valeurs de l’humanisme universel.
    Emerveillé, T… revit, enchanté par la nature magnifique qu’il découvre autour de lui et par la bienveillance de cet ennemi qu’il avait à tort si longtemps méprisé. Il était sûr que pour lui la guerre était finie.  Elle l’était en effet, mais pas de la manière qu’il l’entendait, puisqu’il mourut le matin même sous des bombardements allemands lesquels, prétendait-on en Allemagne, avait détruit une fabrique de munitions françaises cachée sous les oripeaux d’un hôpital militaire. L’Allemagne, s’étant mis au ban des pays civilisés, perdit la guerre et sa souveraineté.
    « La Surprise (Überraschng) » est un roman digne d’intérêt. Truffé d’expressions en allemand (traduites), le récit évoque la lourdeur du mécanisme militaire germanique, sa haine viscérale de la France, son manque de sens moral, le cynisme de ces chefs prussiens remplis de morgue et de certitudes. En un style dépouillé, volontairement cru et provocateur, il décrit les horreurs guerrières comme Malaparte ou Barbusse, n’entrevoyant pourtant pas un seul instant le changement de perspective que devait apporter sur le théâtre des opérations la nouvelle guerre de mouvement.


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