Sur l'auteur :
(1865-
Préambule :
une Invasion de macrobes par André Couvreur , éd. Ombres , Toulouse, coll. " Petite Bibliothèque Ombres " 1998 , 1 vol. broché , in-
1ère parution : 1910
savant fous et maîtres du monde -
Synopsis :
Jean Gérard, le narrateur et ami de coeur de Suzanne a beaucoup de chance d’être apprécié par le professeur Tornada, un savant fou de la plus belle espèce:
" C’était un petit bout d’homme simiesque, dont on ne remarquait d’abord que la barbe noire , si fournie qu’elle s’allongeait en deux tortillons très soignés jusqu’au niveau des jambes. Par contre, la tête était presque totalement chauve; et le crâne poli permettait de remarquer la conformation anormale de la tête qu’on eût dite pétrie à la diable, ondulée de bosses excessives qui devaient loger une intelligence particulière. Le reste de la physionomie, quand on la détaillait, n’atténuait en rien la surprise provoquée par ces premières impressions.
Les oreilles surgissaient comme des appendices de loup, mobiles aux moindres sonorités. Les yeux très sombres, très petits et très mobiles, s’emplissaient d’éclairs par moments; et à d’autres, s’égaraient sous les paupières. Enfin de nombreux tics, plus singuliers les uns que les autres, secouaient à tout propos la tête, les bras et les jambes, avouant des convulsions incessantes sous cet extérieur hoffmanesque. "
Pour se venger de ses pairs de l’Institut des Sciences, Tornada élève une race de microbes, Microccochus aspirator, qui, pour le coup, deviennent gigantesques. Il les nomme " Macrobes " et s’en sert comme force d’invasion contre la bonne ville de Paris livrée à l’horreur et au socialisme. L’ordre s’effondrant, tous les instincts du populaire se libèrent:
" -
Ah! l’ignoble langage, qui m’eût peut-
Jean est un privilégié. Ami des sommités scientifiques et militaires qui organisent la résistance contre les Macrobes, il a tout loisir d’examiner de près ces bestioles. D’abord, dans la forêt près de Mantes où il a failli devenir leur victime, puis à bord d’un dirigeable militaire:
" Je saisis aussitôt son appareil et inspectai l’horizon à mon tour. En effet, du côté de Bezons, des masses confuses fondues au gris du sol, se tenaient arrêtés en arrière d’un pont nouvellement jeté sur la Seine, visible en cet endroit, d’un paysage dévasté. Le volume à cette distance était inappréciable; elle semblait cependant s’élever deux fois à la hauteur d’une maison qui restait seule debout. Leur forme était, toutes proportions gardées, d’un ovale très allongé, avec une extrémité qui semblait la tête, et une autre qui pouvait être prise pour la queue.
Au niveau de la partie tête, un appendice naissait, d’une dimension au moins égale à la moitié de la longueur du corps; et cet appendice terminé, me semblait-
Les monstres semblent indestructibles, car, écrasant les habitations tout en aspirant leurs occupants, ils envahissent Paris. C’est la panique, la cohue, la folie. Les gens s’écrasent, se tuent, se piétinent pour fuir le danger:
" On ne peut se faire une idée de ce qu’était cette cohue. Ce n’était même pas une cohue car la cohue est extensible, la volonté permet de s’en échapper; c’était ici une condensation de tous les hommes, de toutes les femmes, de tous les enfants, amassés, comprimés, étouffés entre deux barrières infranchissables, les murs des maisons, et subissant des heurts, des remous, des tourbillonnements provoqués par les gestes exaspérés de ceux qui tentaient de se dilater. D’aussi loin que le soir tombant nous permettait de distinguer ce tableau de désordre, nous n’apercevions qu’un semis de têtes, la plupart sans chapeaux, une houle de bras levés, de cannes brandies, de gestes fous, que dominaient par places des enfants supportés par les épaules de leurs parents s’efforçant de les soustraire à l’écrasement.
Le rez-
Jean a réussi à garder Suzanne auprès de lui. Ils s’enferment tous deux dans le métro tandis qu’au dessus d’eux les Macrobes montent la garde. L’attente se prolonge et donne à l’auteur l’occasion de détailler quelques pittoresques échantillons d’humanité, parmi les plus représentatifs de la société de l’époque: l’Académicien, l’Homme de lettres, le "Journaleux ", etc. Bientôt, les denrées se font rares et les plus bas instincts se manifestent :
" -
A la vue du désastre, Tornada a des remords. (Preuve qu’il n’est pas suffisamment fou!) Ne désirant se venger que des savants méprisants qui l’ont moqué, il envisage de mettre un terme à la catastrophe en tuant lui-
Un récit se lisant facilement et qui contient moult trouvailles ingénieuses, dont la meilleure est l’existence même des Macrobes. Se présentant comme l’ancêtre français des récits cataclysmiques qui mettent en scène des " grosses bêtes ", telles que Godzilla, le roman se veut aussi satire des moeurs savantes et contempteur de l’anarchisme populaire, idéologie que l’auteur, manifestement, ne partage pas.