Sur l'auteur :
(1943-
Préambule :
La Mémoire des hommes par Jean-
1ère parution : 1988
après la Bombe…
Synopsis :
Daniel, jeune adolescent de treize ans, vivant dans les environs de Québec, est resté seul avec son ami le chien Filou, dans le chalet familial. Les nouvelles sont mauvaises et mentionnent une tension internationale croissante. Profitant de l’abri anti-
« Daniel poussa un cri de surprise et d’effroi. Un énorme brasier avait envahi l’écran. La vallée tout entière flambait. Fébrilement, il commanda à la caméra un mouvement de balayage vers le haut. Un immense nuage en forme de champignon emplissait le ciel, assombrissant l’horizon, là où normalement on aurait découvert le château Frontenac, la Concorde, les gros immeubles du gouvernement et des édifices modernes. Des volutes gigantesques roulaient les unes sur les autres. Certaines semblaient naître des précédentes pour alimenter la fumée opaque qui obscurcissait le firmament à perte de vue. Elles formaient une chape mortuaire qui couvrait la région tout entière. Pas possible ! Québec, là-
« Il frotta une vitre du salon. Comme frappé en plein visage, il se rejeta en arrière. Non, non ! Pas vrai. PAS VRAI ! Instinctivement, il serra les poings et ferma les yeux. (…) Assis dans un fauteuil, un homme au visage décharné le fixait de ses orbites vides ! Comme le fixait de ses orbites vides une femme assise dans le fauteuil voisin ! Monsieur et madame Villeneuve. »
Le choc de la découverte lui fait aussitôt réintégrer son abri, le temps d’assimiler la nature de la catastrophe universelle, ce qui le plonge sans transition dans l’âge adulte. Arrive aussi la grande solitude : Filou, qui a gambadé sans précautions autour de l’abri, meurt, irradié. Daniel sait qu’il doit aller de l’avant. Avec son vélo qu’il prépare soigneusement, il projette d’explorer la région chaotique qui s’étend devant lui.
Il rencontrera deux exemplaires de survivants, gentils ou méchants selon le cas, bien qu’ils portent tous sur eux les stigmates de la lèpre radioactive. Yves, un homme de vingt neuf ans (il en paraît quarante), malgré son aspect repoussant, s’apparente aux gentils. Le premier moment de méfiance envolé, Daniel l’adoptera comme son père putatif et apprendra de lui les règles de la survie :
« Il enferma l’enfant dans ses bras, longuement, fortement, presque à lui en faire mal. Sur l’autoroute en ruines, encombrée de milliers de voitures désintégrées, dans un cimetière où des milliers et des milliers de morts attendaient d’être inhumés, éclatait une image merveilleuse : un homme embrassait un enfant. Prodigieuse promesse d’un monde qui refusait de mourir. La tendresse avait retrouvé son droit de cité. La tendresse, la solidarité. Un lien venait de nouveau de se créer entre deux êtres humains. Et maintenant seulement, ils venaient de briser leurs solitudes. »
Il lui sera précieux surtout à l’égard d’un clan familial, dirigé par une femme doucereuse mais dangereuse, Madeleine, dont le seul but sera de découvrir la cache de Daniel afin de la piller. Poursuivis par Richard, l’un des fils de la famille, Yves sera tué dans l’action et Daniel renvoyé à sa solitude.
Poursuivants a quête, il fera peu après la rencontre de Raymond, un nouvel ami, qui est à la recherche de livres constituant, selon lui, la « mémoire des hommes ». Daniel, lui faisant confiance, lui indique la direction de son abri où Raymond pourra s’approvisionner. Durant ce temps, le jeune adolescent découvre un vieillard, le Père Martin, un gentil grand’ père qui vit en compagnie de Lise une charmante jeune fille de l’âge de Daniel, recueillie elle aussi. Protégés par un abri naturel, ils ont organisé leur survie, et l’arrivée de Daniel constitue pour eux une divine surprise. Le jeune garçon se sent bien avec eux (surtout en compagnie de Lise) et, pour améliorer leur sort, il leur propose de chercher des victuailles, dont il dispose en abondance dans son ancien abri.
Le père Martin ne voulant bouger de chez lui, Daniel repart en leur promettant que son absence serait de courte durée. Lorsqu’il reviendra vers Lise, il aura la désagréable surprise de constater que la place est occupée par ceux qu’il nommera « les coucous », à savoir des parasites dirigés par un faux prêtre lequel a subjugué le père Martin. Mais Daniel a gagné en maturité et lorsque l’Abbé, mielleusement, le somme de se soumettre à la nouvelle discipline instaurée par lui pour le groupe, le jeune garçon le contre durement. Il sait pourtant qu’il n’aura pas le dessus éternellement :
« -
Les doigts du prêtre se crispèrent, il serra les mâchoires. »
Un petit ouvrage à destination des adolescents. Les psychologies sommairement esquissées ne cachent pas trop les leçons de morale que tout jeune homme doit intégrer, selon l’auteur, pour passer au stade adulte : courage, force et vigilance, ouverture au monde et optimisme, quelle que soit la tragédie à venir. Le style parfois trop simple et le ton, parfois mièvre, ne déparent pas trop un roman adapté à cette tranche d’âge.