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  • Les Ombres De Demain

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Roger CHANUT

    Parution : 1924

    Thème : guerres futures 2


    Sur l'auteur :


    Préambule :

    les Ombres de Demain par Roger Chanut, éditions du Roman Nouveau, 1924, 1 vol. broché, in-12 ème , 158pp. couverture muette. roman d’expression française.
    1 ère  parution : 1924
    guerres futures 2


    Synopsis :

    Rapportées du cœur de l’action, ces notes de guerre, rédigées par le narrateur-soldat, médecin de son état, représentent un effroyable témoignage. Engagé dans une guerre moderne où deux armées s’affrontent avec un arsenal scientifique, le témoin observe et étudie les bactéries nocives, les gaz inédits, les armes sophistiquées, et leurs effets sur des êtres humains qui pataugent dans la boue, la sanie et la peur. Les gaz, tout d’abord. Incolores, inodores qui, en 24 heures pourrissent le corps de l’individu. Ou, au contraire, parfumés à l’odeur de violette, d’amande amère, de réséda ou de moutarde, qui s’infiltrent dans les combinaisons, rendent aveugles, asphyxient, en bloquant les poumons :
    « Gaz puants et irritants à peine dangereux, acides liquéfiés, gaz amoniac, donnant une fausse impression de sécurité, servant parfois à masquer la présence de gaz mortels, à odeur faible tel l’acide cyanhydrique, poussières impondérables de composés persistants et caustiques capables de corroder la peau à travers les vêtements. »
    Ils obligent au port d’un masque lourd, gluant, incommode qui fait de l’homme un monstre. Le champ de bataille, ensuite. Terre dévastée, noire, inondée par endroits, parsemée de cadavres, où flottent des nappes de fumée suspectes : là s’affronteront les « ombres de demain ». :
    « L’horizon s’est nivelé. A nos yeux se présente une plaine qui, au loin, devant nous, se perd dans une grisaille de brume où ne se devinent même pas les lointains renflements des coteaux. Une plaine, ou plutôt un cadavre de plaine, crevée d’innombrables abcès où stagne une eau bourbeuse. Cloaques parfois réunis les uns aux autres par des lignes plus sombres. Sans répit une pluie fine, tenace, hargneuse, nous harcèle. »
    Les infiniments petits, végétaux ou animaux, dont l’apparente et inoffensive petitesse cache une puissance maléfique, créatures de terribles maladies, comme l’actinomycose, due à un champignon microscopique dont le siège est les poumons. La gangrène gazeuse, conséquence de la prolifération du vibrion sceptique dans une plaie infectée, provoquera, elle, le pourrissement généralisé du corps du soldat. Les effets en sont spectaculaires :
    « La sueur perle à ses tempes, il hoquette doucement, un peu de bave s’échappe entre ses lèvres. Sa jambe est déjà toute noire, la cuisse est devenue énorme. L’enflure gagne du terrain, continue sans arrêt sa marche ascendante. Hier on ne songeait pas encore à l’amputation, maintenant toute intervention est inutile. »
    Il en existe encore d’autres, comme le bacille de Koch, (tuberculose) ou le bacille d’Eberth (typhoïde), de toutes les formes, soigneusement concoctés par les génies militaires, expédiées sur l’ennemi à l’aide de fléchettes empoisonnées ou de grenades en verre.
    Une offensive sur un terrain miné s’est terminée par la mort mystérieuse de nombreux soldats, un nuage d’hydrogène arsénié ayant eu raison d’eux. L’attaque s’est faite en fonction du vent dominant car il ne faut pas que les gaz puissent se retourner vers ceux qui les ont lancés.  La famille des composés du cyanure impose le port du masque : la légèreté en ce domaine se paye au prix fort :
    « Il en est qui n’ont sans doute pas eu le temps de mettre leurs masques. D’autres, peut-être pour faciliter leur fuite, l’ont enlevé, ont fait quelques mètres, et se sont effondrés là, sans blessures, la poitrine broyée par l’étau de fer des gaz. Ils tournent vers le ciel leurs yeux révulsés, leur face tordue dans un rictus d’agonie, dans un dernier effort pour respirer. »
    Les vivants et les morts forment un ensemble sur le champ de bataille, paysage d’enfer sillonné de fantômes blancs ou gris :
    « On s’efforce de trouver un chemin moins mauvais, et on continue à se heurter aux troncs sales et boueux, à s’empêtrer dans les lianes épineuses et rouillées des fils barbelés, à trébucher sur les cadavres, à tomber dans des fondrières insoupçonnées, à s’effondrer dans d’inextricables amas de tubes de fer de toutes formes, de toutes dimensions. On s’écorche, on se meurtrit, on se déchire, on se relève, couvert de boue. »
    Aucune amitié ne dure longtemps, étouffée dans l’œuf par la mort rapide :
    « Je soulève doucement la pauvre tête. La face aux yeux d’ombre se couvre d’une teinte bleu-âtre. Son corps raidi est horriblement froid, malgré les couvertures. J’essaye de lui faire prendre un peu de boisson. Il ne peut avaler. Maintenant le délire s’empare de lui. (…) Puis brusquement, il suffoque, il s’effondre, prostré.(…) Et bientôt, je n’ai plus dans mes bras qu’une pauvre chose inerte. S… a maintenant rejoint les fantômes du royaume des ombres. L’Arsenic ne pardonne pas. »
    Parfois, par jour clair, il lui arrive de sentir la nature qui souffre sous le déferlement de fer et de feu, lors d’une action hors des « boyaux ». Le temps qui passe et l’inaction forcée des combattants augmentent leurs angoisses. Les armes se modifient, insensiblement, toujours plus efficaces dans leurs fonctions mortifères. Certains gaz ne seront plus utilisés. D’autres apparaissent, inédits. L’Anhydride sulfureux, par exemple, qui s’enflamme à l’air, à l’eau, au contact des tissus humains, s’alimentant de l’humidité contenue dans les corps.
    Autour des combattants, s’étendent des champs laissés à l’abandon, des bourgs morts annihilés par les déluges d’obus, les gaz, les maladies. La mort à brève échéance est parfois supplantée par des épidémies que l’ennemi espère voir éclater dans la population, ce qui affaiblirait l’adversaire. Il compte sur la peste, ou le typhus, ou le choléra dont rats, puces et autres parasites seront les vecteurs de dissémination.
    Ainsi va la vie quotidienne remplie de nuages artificiels qui dissimulent l’ennemi, d’attaques-surprise, de fatigue, de crasse et de peur. Parfois, lors d’une sortie, des chars précèdent les fantassins, apportant une touche fantastique à l’apocalypse :
    « Les lourds chars d’assaut, non montés, commandés à distance électromécaniquement précèdent notre avance. De leur masse énorme, ils écrasent les invraisemblables amas de barres, tubes, cerceaux, fils, ferrailles jetés là, parsemés d’embûches. Quelques monstres disparaissent dans un volcan soudain surgi sous eux, à la place du mastodonte : un trou. »

    Parfois, il arrive que l’on reconquiert des ruines sur lesquelles flotte un drapeau déchiré de la Croix-rouge, sans que l’on sache le nom de ce village, concassé, anéanti, disparu. nLa guerre chimique du futur ne fera que des perdants, des adversaires réunis dans un même sort. Des gaz corrosifs dont les effets ne peuvent même pas se décrire guetteront chacun d’entre nous. C’est ainsi que le narrateur, ayant respiré sans même sans douter une bouffée de ces gaz, se sentira mourir doucement, lentement et douloureusement. Il aura juste eu le temps de transmettre ces notes à un ami…
    « Les Ombres de demain » représente un témoignage précieux sur les conditions d’une guerre bactériologique ou chimique «totales », si elles devaient survenir un jour. Largement basées sur l’expérience des tranchées de 14-18, sur sa pratique de médecin et ses connaissances scientifiques, les notations impressionnistes de l’auteur font surgir un monde infernal, fantastique, un enfer déshumanisé crée par l’agressivité humaine. Un ouvrage à mettre au niveau de ceux de Malaparte ou de Barbusse.


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