Sur l'auteur :
(1947-
Préambule :
Chroniques du Pays des Mères par Elisabeth Vonarburg, Alire éd., 2000, 1 vol. broché, in-
1 ère parution : 1992
sociétés post-
Synopsis :
Relatée par Lisbéï, la chronique de sa vie couvre quatre périodes distinctes en une vaste tranche d’histoire. La première a pour cadre la Garderie de Béthély dans la province de Litale. Lisbéï, toute petite fille est une " mostra" en robe rouge. Sous la surveillance de Tessa et d’Antomé ses gardiennes, elle s’efforce de comprendre la tapisserie du dieu Elli :
«D’ailleurs, comment les humaines faisaient leurs enfantes, avec la seringue, c’était une des premières leçons qu’apprenaient les dotta après avoir reçu leurs tatouages. (…) Mais la Mère ne faisait pas les choses comme les Rouges ordinaires. La Mère faisait ses enfants " avec le Mâle " -
Géographiquement, le Sahara s’est transformé en une mer intérieure, séparant l’Afrique des Provinces. Le climat en est encore bouleversé. Les Mauterres où vivent les "Abominations ", deviennent un lieu de bannissement pour les Rebelles ou un lieu de fouille pour les Archéologues -
«Des pages qui se suivaient à peu près, il n’y en avait que trois groupes. D’abord une dizaine de feuillets discontinus mais appartenant sûrement au même chapitre, décrivaient les Grandes Marées du Déclin et traitaient de climatologie.. Huit autres résumaient (en pointillé, à cause des pages manquantes) les grandes lignes de la théorie de l’évolution. Et une trentaine enfin, presque sans interruption, avaient fait partie d’un chapitre sur la génétique. Elles essayaient d’expliquer comment et pourquoi il naissait moins d’hommes que de femmes : il devait normalement en naître autant mais des mutations venaient parfois brouiller le jeu. A une période indéfinie mais précédant sans doute le Déclin proprement dit, elles avaient affecté le chromosome déterminant le sexe : l’équilibre aléatoire entre naissances mâles et femelles avait été rompu. D’Elli et de la punition des mâles pour avoir transgressé l’ordre naturel du monde, il n’était nullement question. "
Jusqu’à ce que le pouvoir des femmes ait aboli l’ancienne société, instaurant la période des Ruches. Grâce à Gagne, la Sainte, les Ruches à leur tour font place aux Captes et aux Familles. Seules, aujourd’hui, les Juddites sont devenues les gardiennes de la Sainte Foi :
«Tula voulait dire " les Juddites de maintenant ". Elles ne seraient pas du tout contentes d’apprendre que les Juddites d’autrefois s’étaient battues contre Garde. Que des Juddites devaient avoir menti sur la tradition, falsifié aussi bien l’histoire que la légende…Le statut des Juddites de maintenant, toutes confites dans leur fidélité stricte à la Parole, inimitables gardiennes des traditions, n’en sortirait certainement pas sans dommage.»
Les hommes, devenus rarissimes, constituent des exceptions dans le tissu social des Familles. Aujourd’hui toutes les Captes ont signé la Charte et quelque soit la Province, l’Escarra, la Breitany ou la Baltika, elles appartiennent toutes à la même Lignée. Lisbéï est la fille de Selva, Capte de Béthély, destinée à succéder à sa mère. Pour cela elle est durement éduquée par Antomé, la gardienne bleue, médecin de surcroît. Lorsqu’un être cher meurt, elle ne comprend pas encore bien le rituel funéraire de la " Dolore ".
Elle s’applique aux leçons de Taïtche qui serviront à son self-
La deuxième période va de janvier à novembre 487. Lisbéï a trouvé sa voie professionnelle. En effectuant des fouilles sur le terrain, elle met à jour un réseau souterrain de galeries aboutissant à un cachot contenant des squelettes et un petit carnet. Elle vient de mettre à jour la prison où mourut Halde, la compagne de Sainte Garde. Lisbéï entreprend la traduction du carnet écrit en ancien Frangleï qui la conforte dans son intuition. Cette découverte de première grandeur pourrait déstabiliser l’ensemble de la Société des Mères en jetant une lumière crue sur des réalités que le mythe a fini par occulter : Halde aurait-
La réaction du cénacle des Juddites, gardiennes de la loi, ne se fait pas attendre. Elles s’opposent à Lisbéï qui demande la réunion des Assemblées, persuadée que lors de cette séance publique présidée par Selva, la vérité ne manquera pas d’éclater. A sa grande surprise, elle se voit désavouée pour des raisons de " realpolitik ". Antomé seule abonde en son sens en réclamant la " Décision ", c’est-
«Elli pleuvait. Pas un beau grand orage, juste une petite pluie fine, insidieuse. Lisbéï se rappelera toujours cet interminable voyage sur la mer plate et grise qui sépare la Brétanye de la Baltike et de Wardenberg. A peine une mer, guère plus de cinquante mètres de profondeur, moins par endroits ; par temps calme, on peut voir les terres englouties, avec leurs ruines. L’angoisse avait monté avec deux jours sans vent, le bateau avançait si lentement dans le halètement de la vapeur, cette immensité vide tout autour, l’horizontalité morne et plombée de l’eau, le couvercle étouffant du ciel à peine plus clair… "
Wardenberg est un choc pour Lisbéï. Tout y tellement différent de Béthély ! Aussi bien l’économie de cette province grise et triste que les relations personnelles qu’elle tisse avec une nouvelle Famille.
Ses amies, Carmelle de Raduze, Fraize, Edwina seront, elles, fascinées par Lisbéï qu’elles reconnaissent pour une grande historienne. Au petit groupe s’ajoute Douglass, un jeune homme secret et mystérieux, sensible et dévoué, être étrange aux yeux des autres jeunes femmes. Durant cette période, racontée à travers les lettres envoyées à Tula, Lisbéï nous fait part de ses réactions, de son désarroi. Elle s’est inscrite à la Schole pour y continuer ses recherches d’historienne. Puis, à la Printane, elle s’engage dans une patrouille de surveillance des frontières des Mauterres. Elle y connaîtra l’expérience de la force physique en se faisant respecter de Gerda une coéquipière qui l’avait prise en grippe.
De retour à Wardenberg, elle a le plaisir d’écouter une conférence de Kélys sur le thème : Halde avait-
" C’est à ce moment-
Suite à cela, Lisbéï est adopté par la Famille des Guiséia où se poursuivent d’autres recherches dans le but d’éradiquer la Maladie qui tue de nombreuses jeunes enfantes impubères. En épluchant les Contes, dits héroïques de l’Ancien Temps, Lisbéï arrive à la conclusion qu’ils traduisent une vérité fondamentale. S’appuyant sur la traduction, Lisbéï est incitée à explorer un nouveau lieu archéologique, le tertre de Belmont qui lui semble prometteur. Le travail de déblaiement sera effectué par des hommes, ce qui représente une autre expérience particulièrement intense.
C’est là que Douglass met fin à ses jours, se sentant incompris, secrètement amoureux de Lisbéï, alors qu’il n’y a aucun espoir que cet amour puisse se réaliser un jour. Durant la Dolore, chacune évoque le défunt dans ce qu’il lui a apporté de meilleur.
L’exploration du tertre se poursuit et révèle un trésor, une quantité énorme d’artefacts. C’est la reconnaissance glorieuse du travail de Lisbéï et de la véracité des Contes.
La quatrième période, la plus courte, réunit l’Assemblée des Mères à Entraygues pour y décider de la destination des artefacts. Après une discussion serrée où chaque Famille prétendait tirer la couverture à soi, l’on a établi que le résultat des fouilles de Belmont irait dans un musée spécial, consacré au culte de Garde.
Avec l’arrivée de Tula, vieillie, mûrie, à présent Capte de Béthély et Mère de la Capterie, Lisbéï comprend ce que leurs relations ont d’irréductible, chacune devant assumer une mission bien précise. La sienne propre sera de retourner dans les Mauterres avec Kélys pour se réapproprier un passé si lointain et si obsédant.
Chroniques du Pays des Mères est une œuvre post-
Par cela elle parvient à convaincre le lecteur de la vérité de cette société aussi étrange et lointaine que si elle habitait sur une autre planète. Si différente de la nôtre et pourtant si cohérente, car reposant sur des prémisses scientifiquement étayées, le principe de vraisemblance s’incarnant d’autant plus dans le concret par le choix que fait l’auteur de la technique du roman épistolaire, cher au XVIIIème siècle. Nous sommes en présence d’un chef-