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  • Chroniques Du Pays Des Meres

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Elisabeth VONARBURG

    Parution : 1992

    Thème : sociétés post-cataclysmiques 1, guerre des sexes, matriarcat


    Sur l'auteur :

    (1947-) romancière et nouvelliste de SF. Université de Dijon, études littéraires (critique littéraire et littérature comparée). Agrégée et enseignante. Vit au Canada depuis 1973. Chargée de cours à l'Université de Québec. S'implique dans la SF québécoise (Solaris) et dans la cause féministe. Traductrice. Anime des ateliers d'écriture. De nombreuses nouvelles , des recueils, des romans (SF, Fantasy). Son roman "Chroniques du Pays des Mères" est universellement reconnu. Grand Prix de la SF québécoise.


    Préambule :

    Chroniques du Pays des Mères par Elisabeth Vonarburg, Alire éd., 2000, 1 vol. broché, in-12 ème,  623 pp. couverture illustrée par Sumo.  roman d’expression française (Canada)
    1 ère  parution : 1992
    sociétés post-cataclysmiques 1 - guerre des sexes, matriarcat


    Synopsis :

    Relatée par Lisbéï, la chronique de sa vie couvre quatre périodes distinctes en une vaste tranche d’histoire. La première a pour cadre la Garderie de Béthély dans la province de Litale. Lisbéï, toute petite fille est une " mostra" en robe rouge. Sous la surveillance de Tessa et d’Antomé ses gardiennes, elle s’efforce de comprendre la tapisserie du dieu Elli :
    «D’ailleurs, comment les humaines faisaient leurs enfantes, avec la seringue, c’était une des premières leçons qu’apprenaient les dotta après avoir reçu leurs tatouages. (…)  Mais la Mère ne faisait pas les choses comme les Rouges ordinaires. La Mère faisait ses enfants " avec le Mâle " - celui de la Tour Ouest exclusivement. (…) La Mère " faisait Elli avec le Mâle " ou " Dansait avec le Mâle ". Cela se passait entre autres lors de la Célébration. La Célébration était " l’action de grâce que nous adressons toutes ensemble à Elli, la nuit du solstice d’été».
    Elle apprend aussi l’histoire du pays des Mères. 584 années après le réchauffement climatique qui a apporté des bouleversements indescriptibles pour l’humanité sur tous les plans. Les sociétés féminines se sont constituées en Familles et Lignées, non sans convulsions.
    Géographiquement, le Sahara s’est transformé en une mer intérieure, séparant l’Afrique des Provinces. Le climat en est encore bouleversé. Les Mauterres où vivent les "Abominations ", deviennent un lieu de bannissement pour  les Rebelles ou un lieu de fouille pour les Archéologues - Exploratrices. Le déclin du pouvoir mâle a été progressif et s’est maintenu durant toute la période des Harems :
    «Des pages qui se suivaient à peu près, il n’y en avait que trois groupes. D’abord une dizaine de feuillets discontinus mais appartenant sûrement au même chapitre, décrivaient les Grandes Marées du Déclin et traitaient de climatologie.. Huit autres résumaient (en pointillé, à cause des pages manquantes) les grandes lignes de la théorie de l’évolution. Et une trentaine enfin, presque sans interruption, avaient fait partie d’un chapitre sur la génétique.  Elles essayaient d’expliquer comment et pourquoi il naissait moins d’hommes que de femmes : il devait normalement en naître autant mais des mutations venaient parfois brouiller le jeu. A une période indéfinie mais précédant sans doute le Déclin proprement dit, elles avaient affecté le chromosome déterminant le sexe : l’équilibre aléatoire entre naissances mâles et femelles avait été rompu. D’Elli et de la punition des mâles pour avoir transgressé l’ordre naturel du monde, il n’était nullement question. "
    Jusqu’à ce que le pouvoir des femmes ait aboli l’ancienne société, instaurant la période des Ruches. Grâce à Gagne, la Sainte, les Ruches à leur tour font place aux Captes et aux Familles. Seules, aujourd’hui, les Juddites sont devenues les gardiennes de la Sainte Foi :
    «Tula voulait dire " les Juddites de maintenant ". Elles ne seraient pas du tout contentes d’apprendre que les Juddites d’autrefois s’étaient battues contre Garde. Que des Juddites devaient avoir menti sur la tradition, falsifié aussi bien l’histoire que la légende…Le statut des Juddites de maintenant, toutes confites dans leur fidélité stricte à la Parole, inimitables gardiennes des traditions, n’en sortirait certainement pas sans dommage.»
    Les hommes, devenus rarissimes, constituent des exceptions dans le tissu social des Familles. Aujourd’hui toutes les Captes ont signé la Charte et quelque soit la Province, l’Escarra, la Breitany ou la Baltika, elles appartiennent toutes à la même Lignée. Lisbéï est la fille de Selva, Capte de Béthély, destinée à succéder à sa mère. Pour cela elle est durement éduquée par Antomé, la gardienne bleue, médecin de surcroît. Lorsqu’un être cher meurt,  elle ne comprend pas encore bien le rituel funéraire de la " Dolore ".
    Elle s’applique aux leçons de Taïtche qui serviront à son self-control. Elle s’entraîne surtout à développer son empathie envers les êtres et les choses, ce qui lui sera très utile en cette société liée. Et aussi, elle surveille avec angoisse l’arrivée de ses premières règles, signe qu’elle entre dans la catégorie des " dotta " ou préadolescentes avec tous les dangers qui s’y rapportent.  Car un fléau impitoyable s’abat sur les jeunes, une sorte d’atteinte virale, appelée « la Maladie ». Soit elles résistent, soit elles meurent. Lisbéï en réchappe mais devient stérile : elle ne pourra être Capte, laquelle doit obligatoirement pouvoir enfanter. Toujours très proche de Tula sa sœur qui sera condamnée à prendre sa place, elle suit avec horreur et sans le comprendre,  l’accouplement rituel de Selva avec un mâle lors de la Nuit de la Célébration. Définitivement, elle se tourne vers l’archéologie, science qui la passionne.
    La deuxième période va de janvier à novembre 487. Lisbéï a trouvé sa voie professionnelle. En effectuant des fouilles sur le terrain, elle met à jour un réseau souterrain de galeries aboutissant à un cachot contenant des squelettes et un petit carnet. Elle vient de mettre à jour la prison où mourut Halde, la compagne de Sainte Garde. Lisbéï entreprend la traduction du carnet écrit en ancien Frangleï qui la conforte dans son intuition. Cette découverte de première grandeur pourrait déstabiliser l’ensemble de la Société des Mères en jetant une lumière crue sur des réalités que le mythe a fini par occulter : Halde aurait-elle été une mutante, l’une de ces Abominations qui hantent les Mauterres ?
    La réaction du cénacle des Juddites, gardiennes de la loi, ne se fait pas attendre.  Elles s’opposent à Lisbéï qui demande la réunion des Assemblées, persuadée que lors de cette séance publique présidée par Selva, la vérité ne manquera pas d’éclater. A sa grande surprise, elle se voit désavouée pour des raisons de " realpolitik ". Antomé seule abonde en son sens en réclamant la " Décision ", c’est-à-dire une longue enquête approfondie dans laquelle elle devra s’investir totalement durant trois années complètes. Lisbéï décide de changer de lieu et part pour Wardenberg, la province du nord :
    «Elli pleuvait. Pas un beau grand orage, juste une petite pluie fine, insidieuse. Lisbéï se rappelera toujours cet interminable voyage sur la mer plate et grise qui sépare la Brétanye de la Baltike et de Wardenberg. A peine une mer, guère plus de cinquante mètres de profondeur, moins par endroits ; par temps calme, on peut voir les terres englouties, avec leurs ruines. L’angoisse avait monté avec deux jours sans vent, le bateau avançait si lentement dans le halètement de la vapeur, cette immensité vide tout autour, l’horizontalité morne et plombée de l’eau, le couvercle étouffant du ciel à peine plus clair… "
    Wardenberg est un choc pour Lisbéï. Tout y tellement différent de Béthély ! Aussi bien l’économie de cette province grise et triste que les relations personnelles qu’elle tisse avec une nouvelle Famille.
    Ses amies, Carmelle de Raduze, Fraize, Edwina seront, elles,  fascinées par Lisbéï qu’elles reconnaissent pour une grande historienne. Au petit groupe s’ajoute Douglass, un jeune homme secret et mystérieux, sensible et dévoué, être étrange aux yeux des autres jeunes femmes. Durant cette période, racontée à  travers les lettres envoyées à Tula, Lisbéï nous fait part de ses réactions, de son désarroi. Elle s’est inscrite à la Schole pour y continuer ses recherches d’historienne. Puis, à la Printane, elle s’engage dans une patrouille de surveillance des frontières des Mauterres. Elle y connaîtra l’expérience de la force physique en se faisant respecter de Gerda une coéquipière qui l’avait prise en grippe.
    De retour à Wardenberg, elle a le plaisir d’écouter une conférence de Kélys sur le thème : Halde avait-elle vécu dans les Mauterres ? Arrive la fête de la Célébration. Secouant son dégoût, Lisbéï décide d’y participer :
    " C’est à ce moment-là qu’elles les tuaient, les mâles devenus stériles, à ce moment où la chaleur de la drogue explose et roule dans le corps, bute contre la peau, se libère enfin en un cri joyeux, cruel, immémorial. Les cris montent au hasard dans la foule, la drogue ne fait pas effet chez toutes au même instant et lorsqu’ils criaient aussi, les mâles inutiles, dans l’extase de leur Déesse, les prêtresses des Ruches leur tranchaient la gorge. Mais maintenant, tandis que les cris deviennent plus nombreux, plus aigus, ce n’est pas le sang qui répond à l’appel, éclaboussant les fleurs de la plate-forme, mais deux silhouettes nues et luisantes. Lisbéï sent la chaleur se nouer en elle., se replier sur elle-même, se dévorer au lieu de s’épanouir en cri, elle gémit tout bas," Tula ", et elle se mord les lèvres, le goût fade de son sang passe dans sa bouche tandis que Tula et leMâle, loin, loin à Béthély, ondulent l’un vers l’autre dans la première figure de l’Appariade. "
    Angoissée par ce rite dont elle ignore tout sauf qu’il est d’ordre sexuel, l’esprit embrumé par la drogue indispensable aux désinhibitions – l’Agavite- elle fait la rencontre impressionnante de Toller, un homme de la maison de Guiséia. Elle apprend de lui que les Familles sont toutes issues d’une même lignée génétique et qu’une expérimentation est en cours, à travers lui-même et Kélys qui doit redonner un nouvel équilibre hommes/femmes à la Société des Mères. C’est là tout le sens de l’Appariade dans le rite de la Célébration.
    Suite à cela, Lisbéï est adopté par la Famille des Guiséia où se poursuivent d’autres recherches dans le but d’éradiquer la Maladie qui tue de nombreuses jeunes enfantes impubères. En épluchant les Contes, dits héroïques de l’Ancien Temps, Lisbéï arrive à la conclusion qu’ils traduisent une vérité fondamentale. S’appuyant sur la traduction, Lisbéï est incitée à explorer un nouveau lieu archéologique, le tertre de Belmont qui lui semble prometteur. Le travail de déblaiement sera effectué par des hommes, ce qui représente une autre expérience particulièrement intense.
    C’est là que Douglass met fin à ses jours, se sentant incompris, secrètement amoureux de Lisbéï, alors qu’il n’y a aucun espoir que cet amour puisse se réaliser un jour. Durant la Dolore, chacune évoque le défunt dans ce qu’il lui a apporté de meilleur.
    L’exploration du tertre se poursuit et révèle un trésor, une quantité énorme d’artefacts. C’est la reconnaissance glorieuse du travail de Lisbéï et de la véracité des Contes.
    La quatrième période, la plus courte,  réunit l’Assemblée des Mères à Entraygues pour y décider de la destination des artefacts. Après une discussion serrée où chaque Famille prétendait tirer la couverture à soi, l’on a établi que le résultat des fouilles de Belmont irait dans un musée spécial, consacré au culte de Garde.
    Avec l’arrivée de Tula, vieillie, mûrie, à présent Capte de Béthély et Mère de la Capterie, Lisbéï comprend ce que leurs relations ont d’irréductible, chacune devant assumer une mission bien précise. La sienne propre sera de retourner dans les Mauterres avec Kélys pour se réapproprier un passé si lointain et si obsédant.
    Chroniques du Pays des Mères est une œuvre post-cataclysmique majeure, d’une grande densité et richesse humaines. Eclairant cette nouvelle société strictement féminine qui s’est mise en place après la disparition des hommes, la romancière lui confère une vie intense en la décrivant sous tous ses aspects, cultuels, ethnologique, anthropologique, tribal, etc.
    Par cela elle parvient à convaincre le lecteur de la vérité de cette société aussi étrange et lointaine que si elle habitait sur une autre planète. Si différente de la nôtre et pourtant si cohérente, car reposant sur des prémisses scientifiquement étayées, le principe de vraisemblance s’incarnant d’autant plus dans le concret par le choix que fait l’auteur de la technique du roman  épistolaire, cher au XVIIIème siècle. Nous sommes en présence d’un chef-d’œuvre du genre en particulier et de la littérature en général.


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