Sur l'auteur :
(1917-
Préambule :
Dernières nouvelles du monde par Anthony Burgess, éd. Acropole, 1984, 1 vol. broché, in-
1ère parution : 1984 titre original : the end of the world news
menaces cosmiques
Synopsis :
En un montage en parallèle, trois centres d’intérêt narratif se partagent le roman. Premièrement, Sigmund Freud dont l’auteur nous relate la vie, depuis ses débuts à Vienne jusqu’à son arrivée en Angleterre, lorsqu’il répond à la sollicitation d’Ernest Jones et de Marie Bonaparte qui tentent de le soustraire au danger nazi. L’accent est mis sur les doutes du personnage, son caractère entier, ses engagements et la trahison de ses proches (Otto Rank, Ferenczi, Jung, Adler), ainsi que sur la maladie horrible qui devait l’emporter :
« -
« Tous, ils assurent que ce sera la dernière guerre.
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Troisièmement, en un futur indéterminé mais proche du nôtre, l’arrivée imminente dans le système solaire de «Lynx», un astre vagabond plus grand que la terre qui est destinée à la percuter au bout de sa trajectoire, en ayant au préalable entraîné la lune dans son orbite. Ce sera donc la fin de notre monde décrite à travers les aspects canoniques du thème : submersion des cités côtières, inondations gigantesques des plaines et des bassins, marées terrestres de grande amplitude, incendies et désagrégation sociale avec leurs cortèges de violence, de haine, de désespoir . Dans cet enfer d’une terre métamorphosée, l’auteur s’attache à suivre le destin de personnages séparés les uns des autres dont il relie les fils pour une apothéose finale.
Val est écrivain de science-
Mais Val est trop occupé à écluser des verres avec son nouvel ami falstaffien, Willett, grand buveur, poète, lettré et fataliste. Il ratera le rendez-
«La lune et Lynx, seigneur et vassale, unis cette nuit-
« Enfin la terre s’ouvrit , se gorgea d’eau et se referma aussitôt comme pour se gargariser. Skilling, (= maire de New York) maître de la plus grande mégalopole du monde, trois fois candidat, trois fois élu eut le temps d’embrasser du regard l’immense ossuaire, soudain asséché, des quartiers morts et rasés, mais qui, par un miracle d’ironie, gardaient ici et là des configurations de rues et d’avenues. Puis d’autres flots , où déteignait la rouille du soleil, arrivèrent au galop net recouvrirent tout et New York rejoignit les cités antiques englouties par les mers à travers les siècles. »
Lorsque la mer se retire, Val décide, en compagnie de Willett, de se rendre malgré tout au Kansas, à travers un paysage bouleversé dans lequel se déroulent des faits atroces de cannibalisme, de meurtres ou de viols collectifs :
« Le crâne chauve et la bouche édentée d’un vieillard grimaçait au bout d’une corde attachée à un réverbère tordu et démantibulé. On avait pendu le corps par le cou et le ventre avait été grossièrement ouvert. Des phalanges manquaient aux doigts et aux orteils et, de toute évidence, de minces lambeaux de chair et de peau avaient été découpés dans les membres et le torse. Il était mort depuis des jours, des semaines peut-
Du coup, les événements se précipitent. Seuls Val, Gropius frère, une jeune femme enceinte et Willett accéderont au saint des saints. Willett hésite, ne tenant pas à partir dans l’espace : il regagne la surface terrestre pour y mourir. Bartlett, décidément trop autoritaire, est éliminé. L’arche prend son envol pour un voyage sans retour par-
« La première surface terrestre à subir le choc fut le nord des montagnes Rocheuses(…) la terre explosa –noyau tout eau dansante, écorce en poudre – pour former aussitôt, plus à l’extérieur que la poussière de lune, un second anneau, satellite de son successeur dans les annales vertigineuses de la chorégraphie solaire. Il y eut donc le cercle de la lune, et l’autre plus grand, de la planète pulvérisée, tournant déjà selon une parfaite concentricité, poussières lumineuses dans la composition desquelles entraient les moutures corpusculaires de Willett, de Skilling, des frèresTtagliatelle, de Calvin Gropius et de sa famille (sans oublier le chat), comme des milliards d’êtres humains qui, tous, en fait, avaient gratté jadis la surface fertile du globe et regardé les merveilles sorties de l’esprit naître, grandir, se développer. Mozart aussi faisait partie de cette fine farine dorée, là-
Plus tard, bien plus tard, les descendants des premiers habitants de l’arche se feront une image mythique de notre civilisation et de sa vie culturelle. Car, pour toutes archives, ils n’ont que deux témoignages, aussi improbable l’un que l’autre : la vie d’un certain Sigmund Freud mort d’un cancer de la bouche qui aurait écrit une sorte d’opéra-
Ce bref résumé est impuissant à rendre compte du style baroque, foisonnant, chargé d’humour noir de Burgess. Le fourmillement des personnages qui se rencontrent ou disparaissent, l’éclatement du récit en trois intrigues apparemment dissociées, relèvent de la technique narrative. En réalité les deux thèmes fondamentaux à l’œuvre sont bien ceux de la mort (mort de Freud, de Trotski, de la terre), ainsi que de la psychologie traditionnelle, de la culture révolutionnaire, de la civilisation, et puis ceux de la jouissance (jouissance libertaire, narrative ou romanesque). Œuvre décapante, insérée dans le main-