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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Norman SPINRAD Parution: 1970
      XXIIIème siècle. L’Amérique de " l’âge de l’espace " est un souvenir. De nombreuses ruines quasiment intactes, rappellent sa puissance d’autrefois à une cinquantaine de millions d’Américains vivant hors des métropoles. La pollution a tout envahi: l’air irrespirable stagne en énormes bancs au-dessus des cités de la Côte Est :
      " Nous survolions maintenant l’ancien New Jersey.(...) Le paysage qui se déployait au-dessous de nous était insolite : une imbrication sans fin de maisons alignées, toutes identiques et ressemblant à des boîtes, toutes de la même couleur gris - bleu due à deux siècles d’exposition au smog; d’immenses et antiques routes obstruées depuis la Grande panique par des carcasses de voitures; quelques arbres gris et tordus avec, ici et là, un carré d’herbes sèches qui ont réussi à survivre malgré le smog. "
      Personne ne vit plus à New York sinon les «métroglodytes», descendants dégénérés des rares citadins qui s’étaient refusés à abandonner la ville. Enfermés dans les couloirs souterrains du métro, ils respirent un air imparfaitement recyclé et se nourrissent de plaquettes d’algues, leur espérance de vie étant des plus limitée. Les autres Américains affichent une mentalité de sous-développé. Envahis par les touristes africains, les nouveaux dominants au plan mondial, ils ont besoin de cet argent. Pour une somme rondelette, les nouveaux  riches du monde désirent ressentir le grand frisson en visitant les nécropoles mécanisées de jadis , bien protégés par leurs lunettes et leurs pastilles nasales:
      " Devant nous se dressaient les fameux gratte-ciel du vieux New York, forêt de monolithes rectangulaires hauts de centaines de mètres. Quelques-uns, boîtes de béton vides que la lumière bleutée qui imprégnait tout transformait en sombres et titanesques pierres tombales , étaient presque intacts. D’autres, éventrés par d’anciennes explosions n’étaient que des piles de poutrelles et de décombres dentelées. Les façades d’un certain nombre d’entre eux avaient jadis été entièrement ou presqu’entièrement vitrées. Mais, à présent ce n’étaient plus que d’aériens labyrinthes de charpentes et de plate - formes de béton, où scintillaient ici et là des surfaces de verre indemnes sur lesquelles jouaient des reflets de lumière bleue. Et très haut au-dessus des sommets des édifices les plus élevés se déployait le ciel d’un bleu brouillé, taillé en facettes, du Dôme. "
      Ryan , guide touristique, mène l’un de ces groupes à la découverte d’un monde  disparu. Son travail est dangereux mais il se console en se disant que le gain espéré lui permettra d’émigrer vers le Sud brésilien épargné par la pollution  pour y vivre le restant de ses jours. Dans son groupe, il y a Bewala , le professeur, spécialiste de l’Amérique ancienne ,  qui fait le voyage pour comprendre les raisons de l’auto - destruction des Américains, Kolungo, un Ghanéen, tout imprégné de "mana", et surtout Lumumba, descendant des Afroméricains, décidé à venger le sort de ses ancêtres qui ont souffert sous la botte des Américains de jadis.  
      Ryan et Lumumba s’affrontent. L’un, reprenant à son compte l’héritage grandiose des Blancs, très fier des réalisations technologiques du passé, l’autre, méprisant et injurieux, contestant cette soi-disant supériorité:
      " Lumumba était indubitablement arrivé à la conclusion que les métroglodytes étaient véritablement des animaux sous-humains. Comme, à la suite de Ryan, nous passions devant un groupe disparate de métroglodytes accroupis à même le sol, en train de mastiquer machinalement des plaques d’une substance verte, il se mit à faire à haute voix des commentaires qui, s’ils s’adressaient ostensiblement à moi, étaient en réalité destinés à notre guide: " Regardez ces animaux répugnants qui ruminent comme des vaches! Voilà ce qui reste des êtres sublimes qui sont allés sur la Lune : quelques milliers de stupides larves blanches pourrissant dans un cercueil hermétiquement clos "
      Le conflit prendra fin lorsque Ryan et Lumumba essaieront tous deux un "casque de fusion cosmique", vestige électronique encore fonctionnel, censé les mettre en rapport avec "le Grand Tout". Choqués par cette expérience, Ryan et Lumumba comprendront que la mentalité des gens de "l’âge de l’Espace" était radicalement différente et irréductible à leur vécu quotidien.
      Norman Spinrad signe une belle nouvelle qui porte sur la décadence et la mort d’une nation,  insistant (à ce sujet voir également " l’hiver Eternel " de John Christopher) sur la rivalité Noirs/Blancs. La description des ruines et de la pollution suggère le meilleur de Ballard. Grâce au monologue intérieur, les personnages acquièrent une épaisseur psychologique rare dans le cadre d’un texte bref.

    2. Type: livre Thème: épidémies, la cité foudroyée Auteur: Gwyneth CRAVENS John S. MARR Parution: 1977
      Unité de temps, de lieu, d’action comme dans une tragédie classique, en trois phases.
      Phase 1 : la jeune fille riche, Sarah Dobbs revient de Californie porteuse de la peste pneumonique récoltée sur son écureuil apprivoisée et préférée. Elle est contaminée mais ne le sait pas. Durant son trajet, par effet ping-pong, elle contamine une soixantaine de personnes et meurt deux jours plus tard au Metropolitan Hospital :
      « Ils firent basculer le lit de façon qu’elle soit presque assise, Bergman la pencha en avant et écarta la chemise de nuit de l’hôpital, mouillée par la transpiration, pour mettre à nu son dos. « regardez ça ! » s’écria-t-il. Ca et là, sous la surface lisse de la peau, fleurissaient des taches bleues et rouges. « Super bizarre ! »
      Le docteur Hart, directeur du centre de prévention de New York, et son supérieur, sont alertés. L’autopsie de la malheureuse conforte la crainte des médecins : une forme extrêmement contagieuse de peste en est à ses débuts. Il est vital de l’éradiquer au plus vite. Alors que certains de ceux mis en contact avec Dobbs meurent à leur tour (notamment les médecins et infirmières qui ont soigné la jeune fille), Hart, avec Dolorès, son assistante (plus tard sa maîtresse) se livre à une course contre la montre. En essayant de convaincre les autorités de Manhattan de décréter l’état d’urgence, ce qui n’est guère facile devant la crainte des administrateurs de déclencher une panique, il se livre à une enquête policière pour identifier les porteurs secondaires dangereux, à qui il injecte la tétracycline salvatrice.
      Phase 2 : un contaminé passe entre les mailles du filet. Celui-ci meurt de la peste, incognito, en en profitant pour contaminer sa compagne, une Portoricaine des bas quartiers. Celle-ci répand le fléau en phase explosive à travers la ville. Les hôpitaux sont débordés. Quatre jours après le déclenchement de la maladie, le maire de New York fait appel au pouvoir fédéral.
      Phase 3 : Le général Cosgrove et Marks, du cabinet du Président, sont très inquiets. Mis au courant de la situation, ils soupçonnent une attaque bactériologique d’un pays ennemi (en l’occurrence Cuba), étant donné que de nombreux Portoricains touchés se trouvaient être des indicateurs locaux du FBI. Ils préconisent l’envoi de troupes armées pour boucler l’île de Manhattan.
      Pendant que Hart, à cause de son imprévoyance, est touché à son tour, dans les deux jours suivants, la situation se dégrade totalement, la ville se décomposant aussi vite qu’un cadavre. Les rats font leur apparition. Les morts se comptent par centaines de milliers. Les zones de pouvoirs se sont effondrées. La rue est livrée à l’anarchie. Hart, à son réveil dans un hôpital bourré de morts, n’a qu’une seule idée : celle de retrouver Dolorès :
      « Il arriva devant une porte sur laquelle il put lire : SOINS ; il l’ouvrit. Un nuage de mouches lui bourdonna au visage. La pièce sentait la putréfaction. Il vit trois cadavres. L’un était vraisemblablement mort sur la table d’examen. Un homme portant un vêtement blanc éclaboussé de sang s’était effondré sur une chaise dans une attitude bizarre et le troisième gisait à même le sol. Lui aussi portait le pyjama vert de l’hôpital. Le rictus de la mort lui donnait l’air de sourire. »
      Il traversera la ville du nord en sud en échappant aux rats, aux snipers, aux déments malades, aux pilleurs, et en trébuchant sur les cadavres :
      « Les gens s’étaient noyés dans leur propre sang. Certains parmi ces corps ressemblaient aux sacs d’ordures disséminés un peu partout. Hart vit plusieurs corps ballonnés au point que leur ventre gonflé rappelait les caricatures grotesques des obèses. Le soleil et la chaleur en étaient responsables. Ils activaient la décomposition particulièrement dans les intestins. L’estomac d’un mort avait fait sauter les boutons de sa chemise blanche, toujours attachée à la taille. D’autres cadavres avaient explosé. »
      Retrouvant son amie qui a survécu elle aussi, ils tentent de rejoindre un centre de médecine préventive mis en place à Central Park mais tombent entre les mains de jeunes Portoricains issus de gangs. En réalité, c’est une chance, car ceux-ci représentent la seule force organisée mise en place par Katz, un ami de Hart. Entre temps Cosgrove et Marks suggèrent de cautériser la plaie en noyant la ville sous un aérosol innervant qui provoquera la mort de tout être vivant susceptible de propager l’épidémie.
      Le président se rend à leurs arguments. Le groupe d’autorité new yorkais, apprenant fortuitement la décision fédérale, organise son plan de survie : en distribuant de l’atropine aux centaines de milliers de personnes encore saines, ils espèrent atteindre à temps le Queens par un tunnel routier en construction. L’évacuation s’organise dans l’ordre tandis que les premiers hélicoptères apparaissent, arrosant la ville avec les capsules de gaz :
      « A l’horizon, une longue ligne en pointillé : des hélicoptères. Leur vrombissement rappelait le bourdonnement des mouches.  Une volée de mouettes s’éleva au-dessus du réservoir, dont elle mit en éclats la surface ridée. Un coup de vent secoua les branches des arbres. Le bruit des hélicoptères emplissait maintenant le ciel, il emplissait toutes choses. Se déplaçant sous la ligne des hélicoptères, arrivaient des rangées inégales de lames blanches, tournoyant sur elles-mêmes, qui commencèrent à s’abattre entre les immeubles. Le bruit retentit dans la poitrine. « Prenez l’atropine, MAINTENANT ! »
      L’épidémie se terminera aussi brutalement qu’elle aura commencé un demi-million de cadavres plus tard,  et dans une mégapole ruinée.
      Les deux auteurs, journalistes et spécialistes en leur domaine, signent un roman d’une redoutable efficacité où la rapidité du fléau à se transformer en pandémie donne froid dans le dos. Une machinerie efficace.

    3. Type: livre Thème: disette d’éléments, savants fous et maîtres du monde Auteur: Jean D'AGRAIVES Parution: 1930
      Georges Darboy, compositeur émérite mais amoureux déçu, se refait une santé dans les îles des mers du Sud. Devenu capitaine d’un voilier, il fait la connaissance de Thimothée Floche, une personne extraordinaire de drôlerie et qui se dit journaliste. Floche s’était fait expédier à la mer par le patron chinois d’une goélette et recueillir par Darboy qui devient son ami. En réalité, Floche est détective privé. Il suit la piste du savant hongrois Jazierski qui aurait découvert un virus (le Virus 34) destiné à détruire toute culture de blé dans le monde :
      «Il était en bonne voie sur la piste d’un procédé qui eût détruit en quelques heures, tout le blé de la nation assez folle pour rompre la paix. Mais il avait tout récemment conçu des doutes sur les motifs qui faisaient agir les vrais chefs de cette confrérie scientifique. Il avait eu l’impression nette, à la suite de recoupements, que leur pacifisme déclaré n’était qu’un masque, et qu’ils servaient, en fait, les projets de revanche d’une caste militaire de proie.»
      Par une coïncidence inouïe, Jazierski est aussi le mari de Germaine Parent, la cantatrice responsable des déboires sentimentaux de Darboy. Nos héros poursuivent la goélette du chinois. Ils perdent sa trace dans la brume mais abordent une île de Papouasie qui - autre coïncidence- est précisément celle où Jazierski poursuit ses expériences. Darboy  y retrouve Germaine qui craint pour sa vie. Alors Floche et son ami montent un stratagème en vue de démasquer le malfaiteur. Darboy prendra la place d’un émissaire envoyé vers le savant pour l’aider. Jazierski trompé sur son apparence lui demande de transvaser le virus 34 dans des fioles prêtes à être exportées dans le monde entier et lui fait l’aveu de sa haine :
      " L’humanité, je la méprise parce qu’elle est lâche, et je la hais. C’est pour ça que je me suis mis au service de la caste qui rêve encore d’imposer sur le monde une hégémonie germanique ! (…) Elle sera balayée, elle aussi, par cette anarchie formidable que déclenchera chez les hommes la perte de leur pain quotidien. Ce seront des convulsions folles, la tourmente la plus fantastique qu’aura jamais connue l’histoire "
      Saisi d’un doute, il s’apprête à se débarrasser de Darboy ce qui serait fait sans l’intervention inopinée de Floche. Nos deux amis poursuivront Jazierski qui a pris place sur la goélette du Chinois. Finalement, c’est le canon d’un navire militaire anglais croisant dans les parages qui mettra un point final à l’épopée du savant fou. Darboy convolera en justes noces avec Germaine sortie toute frémissante des griffes du monstre. Une récompense bien méritée !
      Beaucoup de termes techniques de marine, une anglomanie linguistique constante, de l’aventure, l’embrun des vagues et des personnages hors du commun font de ce roman une œuvre honorable dans le champ de la littérature populaire.

    4. Type: livre Thème: le dernier homme, menaces technologiques Auteur: Paul GILLON Parution: 1924
      Vol. 01 : la Survivante, Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1986, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
      1 ère  parution : 1985
      Audrey Albrespy, intrépide jeune plongeuse, remonte seule à l’air libre, au sein d’une calanque dans le sud de la France. C’est pour constater avec horreur que tous ses amis proches sont morts, ainsi que bien d’autres dans les villes qu’elle traversera. Revenant vers Paris, et sans pouvoir déterminer la cause d’une telle catastrophe, elle sent qu’elle est la dernière femme vivante au monde.
      Parfois déprimée, parfois exaltée, elle jouera à la princesse dans une cité vidée de ses habitants mais qui offre tous les artefacts et toutes les possibilités dont on peut rêver. Elle doit pourtant en rendre compte aux serviteurs artificiels dont le monde s’était doté pour plus de commodité, et au plus puissant d’entre eux, à forme humaine : Ulysse.
      Audrey s’installera à l’hôtel de Crillon pour y vivre une vie de luxe mais n’oublie pas, lorsque la solitude lui pèse, d’errer dans Paris et de chercher le contact avec quelqu’un par émission radio. Elle échappera aussi aux mains crochues des dignes représentants du Sénat, des zombis survivants infectés. Comme elle est jeune et a le sang chaud, la Survivante expérimente de nouvelles sensations sexuelles avec Ulysse, doué d’un organe à toute épreuve, et qui semble y prendre goût.
      Ainsi se poursuit une vie insipide jusqu’au miracle tant attendu : l’arrivée de Stanny, un astronaute de retour sur terre, qui a capté les ondes radio d’Audrey. Commence une période de lune de miel, vite interrompue, lorsque Audrey découvre Stanny mort et éventré par Ulysse, d’une jalousie morbide. Audrey oscille au bord de la folie.
      Vol.02 : l’Héritier, L‘Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1988, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
      1 ère  parution : 1987
      La jeune femme est enceinte des œuvres de Stanny. Elle donnera naissance à un garçon appelé Jonas. L’enfant, dont l’esprit est décuplé, est élevé par Ulysse qui le sépare d’avec sa mère. Plus tard, il concevra une haine implacable pour le robot qu’il désire anéantir. But difficile, puisque Ulysse est en connexion permanente avec les systèmes électroniques de toute la planète et donc, quasi-indestructible.
      L’autre objectif de Jonas est de retrouver sa mère Il s’évertue à contrer les robots,  se présentant devant Ulysse sous la forme d’un hologramme ou prenant la fuite dans les rues de Paris.Aude entre temps, toujours prisonnière, a pris un bain dans la Seine. Elle y fait la connaissance de créatures nouvelles – peut-être d’origine extraterrestre -  sortes de phallus à pseudopodes, qui s’attachent à elle au propre comme au figuré.
      D’abord écoeurée, puis confiante, elle dispose l’une de ces créatures dans un aquarium gigantesque et s’adonne avec elle – histoire de la voir de plus près !- à des caresses sexuelles prolongées ce qui a pour effet de faire sortir Ulysse de ses gonds,  lequel, non seulement tue cette créature, mais réprimande avec férocité la jeune femme.
      Jonas, traqué par des robots policiers, autres avatars d’Ulysse, blessé près du centre Beaubourg, sera finalement sauvé par sa mère, opportunément arrivée sur les lieux. Les deux êtres humains s’enfuient.
      Vol.03 : la Revanche, l’Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1988, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
      1 ère  parution : 1988
      Pour se mettre hors d’atteinte d’Ulysse, ils tentent de rejoindre la station orbitale autour de la terre où survivent encore trois hommes et une femme, tous cosmonautes. A peine accueillis à bord, ils se rendent compte que ces survivants  sont psychiquement déviants, soumis à leurs instincts les plus vils, désireux de sexe, et voulant adjoindre Aude à leurs ébats. Grâce à Jonas qui convainc Horst, l’un des moins atteints, ils prennent la décision de retourner sur terre, atterrissant en catastrophe dans un lieu désertique.
      Bien que leurs rapports mutuels soient toujours aussi violents, ils passent entre eux une sorte d’alliance tactique pour rejoindre un endroit civilisé. Ils se reposeront dans un bateau échoué près de la côte. Rhéa, la jeune astronaute noire, nymphomane et sournoise, entretient leur haine mutuelle jusqu’à ce que, l’un après l’autre, ils soient tous éliminés ce qui n’épargnera pas non plus la vie de Rhéa. A nouveau, Aude et Jonas se retrouvent sur terre, sous la surveillance active d’Ulysse qui a eu vite fait de les retrouver.
      Vol.04 : l’Ultimatum, l’Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1991, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
      1 ère  parution : 1991
      Retour à Paris. Jonas ronge son frein. Aude sert de sujet d’étude pour Ulysse qui essaye de saisir la psychologie sexuelle des humains en lui faisant revivre, attachée et nue, ses premières expériences amoureuses.
      Jonas, pour tuer le temps, se promène dans la ville abandonnée mais non vide : les petits amis extraterrestres d’Aude sont toujours là et veillent au grain. Jonas veut à tout prix arrêter la main mise d’Ulysse sur les deux derniers représentants humains sur terre. Ceci est urgent car le comportement d’Aude qui s’adonne à la boisson et au sommeil cataleptique, est de plus en plus erratique, ses sentiments oscillant entre l’amour et la haine, Jonas découvre que les petits extraterrestres ithyphalliques sont capables de projeter un acide corrosif qui fait fondre les carcasses électroniques des oppresseurs.
      Mais Ulysse a décidé, une fois pour toute, de se débarrasser de Jonas en déchaînant contre lui tous les robots-policiers de la capitale. L’adolescent succombera malgré l’aide que lui apportent ses petits alliés. Aude, mis au courant de la situation n’a plus qu’une seule idée en tête : le suicide ! Se revêtant de sa plus belle robe, elle se dirige vers la Seine, pourchassée par les sbires électroniques du dictateur. Pourtant ses amis lui réservent une surprise de taille,  un destin grandiose et étonnant. Agglutinés autour d’elle, ils opèrent en son corps une métamorphose. Dotée d’une paire d’ailes, elle prendra son essor avec eux pour l’espace intergalactique, laissant la terre aux mains mécanisées d’Ulysse.
      « la Survivante » est une belle série graphique, somptueusement dessinée par Gillon qui y mêle adroitement érotisme, science-fiction et son amour de Paris. Sur fond cataclysmique se déroule l’épopée de la dernière jeune femme en proie à des monstres cruels et pervers. Le lecteur, voyeur complice, se plaît à observer Aude dans ses ébats contre nature, à suivre le génie-enfant Jonas dans sa lutte contre les machines, à admirer la restitution des lieux archétypiques et culturels d’un Paris livré à l’abandon. Une bande dessinée qui témoigne de la maturité et de la virtuosité de son auteur.

    5. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Robert COLLARD Parution: 1946
      Pasacalon et Le Bozec sont deux inspecteurs de la P.J. envoyés de Paris à Sens, aux alentours de Noël, pour enquêter au sujet d’un crime commis sur la personne de madame Péchut, une mère maquerelle notoire. Morte assassinée, elle présente des taches vertes sur le corps, signe d’un empoisonnement. Mais lequel ? Et comment ?
      Ils mènent une enquête serrée auprès des commensaux de madame Béchut : Véria et Brevin, deux médecins retraités, Victor, le cousin, Doudou et Flora, pensionnaires de la « maison d’illusions ». L’enquête piétine alors qu’autour d’eux « la mort verte » fait des ravages. Les cadavres se comptent par dizaines puis par centaines. En présence d’une épidémie foudroyante qui se propage par l’haleine, la morgue et l’hôpital sont débordés :
      « Aux abords de l’hôpital Saint-Jean, la ruée des malades se faisait plus dense, rendue plus lamentable encore par le mauvais temps. La salle d’attente étant désormais trop petite pour recevoir tous les postulants à l’admission, les derniers venus devaient rester dehors. Dans le nombre, il y avait des morts récents, déjà recouverts d’un linceul de neige, qui leur donnait l’aspect de statues allongées sur une pierre tombale.»
      Comme nos deux enquêteurs, ainsi que Véria et Flora ne sont pas atteints, ils supposent avoir été immunisés d’une manière quelconque ; en l’occurrence, ils soupçonnent le produit contenu dans la fumée des cigarettes rares offertes par Véria à Flora, et qui,  à son tour et sans le savoir, les a proposées aux inspecteurs, malgré la défense de Véria.
      Automatiquement, les soupçons de la mise en œuvre de la mort verte retombent sur Véria que les inspecteurs prennent en filature. Entre temps Sens et sa région ont été mises en quarantaine par les services sanitaires de l’armée américaine (nous sommes dans l’immédiate après-guerre). Nul ne sort plus de la ville. Des étrangers, pourtant, y entrent, un Chinois (To Van Ba), deux Suisses allemands (qui se disent représentants de commerce) et un comte italien, le comte d’Ella Croce, alias Vittorio Spoletta, alias Demonax, un bandit et assassin notoire, lié à la mafia. Pour Le Bozec, ces arrivées traduisent la volonté de pays étrangers de s’approprier le microbe inconnu pour un usage militaire.  Une entrevue entre les malfrats éliminera Chinois et Allemands, laissant le champ libre à Demonax, qui n’hésitera pas non plus à perpétrer des attentats contre les deux inspecteurs. L’épidémie provoque des ravages dans la population :
      « Dès que le fourgon, quittant les grandes artères centrales, se fut engagé sur la route du cimetière, il rejoignit et dépassa d’autres cortèges funèbres, presque tous sommaires, improvisés, dépourvus de tout faste : charrettes de campagne, voitures à bras, voire même brouettes, chargées de cercueils, la plupart faits de planches de sapin hâtivement rabotées, sans un drap noir pour les recouvrir. Plus on se rapprochait du champ de repos, plus cette circulation macabre devenait intense. Le verglas donnait à ce pitoyable défilé une allure grotesque. Les chevaux glissaient, s’abattaient sur les genoux, leur conducteur les relevait en jurant. Les rares piétons qui suivaient leurs morts butaient à chaque instant, tombaient, se remettaient debout et, au risque de choir de plus belle, couraient pour rattraper le convoi. Un tombereau empli de cadavres entassés, recouverts d’une bâche que le vent soulevait, laissait entrevoir, par intervalles son lugubre chargement. »
      Alors que Brévin est mitraillé par mégarde, un dernier et mystérieux personnage entre en scène, que l’on peut confondre avec Véria. Il (ou plutôt elle) s’avère être la sœur jumelle de Véria, Héléna, la vraie responsable de la dissémination du microbe mortel, laquelle a agi par vengeance envers une humanité détestée.  
      Blessée à mort par Démonax (toujours lui), Héléna indique à Le Bozec l’endroit où elle a caché, et le réservoir à microbes, et son antidote. L’épidémie sera enrayée mais Démonax s’éclipsera, emportant avec lui un échantillon de l’arme biologique. Tout le monde est content. Surtout Le Bozec et Pascalon qui, en cette veille de Noël, et avant de rejoindre leurs familles respectives, consommeront gratis à la pension de feu Madame Béchut.
      Un roman policier dont l’argument épidémique cède le pas à l’évocation d’une ambiance crépusculaire et provinciale, deux personnages de policiers avisés un brin franchouillards, des morts par centaines, entretiennent l’intérêt du lecteur.

    6. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: A.C. CRISPIN Parution: 1984
      Un beau jour,  le ciel terrestre, au-dessus de toutes les grandes villes, se remplit d’immenses vaisseaux ronds : les Visiteurs arrivent. Dirigés par Diana, la commandante suprême, ils n’allaient pas tarder à entrer en contact avec les habitants de la terre. Mike Donovan et Kristina, tous deux journalistes, étaient excités au plus haut point de pouvoir rendre compte de l’événement,  en accédant au Vaisseau Principal stationnant au-dessus de Washington. Heureusement, le but des Visiteurs était pacifique. En provenance d’une planète gravitant à 8, 5 années-lumière de la nôtre, ils manquaient cruellement de matières premières et d’eau, ce que la récupération des ordures (!) terrestres permettrait d’arranger. En contrepartie, ils livreraient à l’humanité des remèdes qui permettraient la guérison du cancer, par exemple.
      Comme par ailleurs, ils nous ressemblaient trait pour trait, la coopération ne tarda pas à se mettre en place à travers le monde entier et les Visiteurs purent avoir  accès aux industries terrestres, créant même une sorte de force intermédiaire qui regroupait des humains désireux de promouvoir leur action.
      Kristina devint leur porte-parole officiel et le jeune Daniel Bernstein, convaincu que c’était là une occasion unique pour lui de s’élever dans la hiérarchie sociale, devint le  leader officiel des Visiteurs sur Terre. Mais les bonnes relations se fêlèrent brutalement lorsque Mike Donovan réussit à prouver, à l’aide d’une cassette vidéo, que les Visiteurs étaient en réalité d’abominables hypocrites doublés de répugnants reptiles. S’étant déguisés à l’aide d’une seconde peau en parfaits humains, ils cachaient sous ces oripeaux un corps vert écailleux, des yeux rouges, une langue bifide, une cruauté toute reptilienne :
      « Les yeux de Diana s’agrandirent ; ses cheveux et la peau de son crâne humain se soulevèrent sous la pression de sa crête qui se hérissait. Ecumant de rage, elle se mit à jurer, dardant par moments sa langue de reptile pour mieux formuler les sons sifflants de son langage.  La peau se fendit sur les côtés de sa bouche, laissant voir sa mâchoire et sa denture double. Elle se jeta sur le corps, dont elle écorcha le visage avec ses ongles, jusqu’à révéler les écailles vertes.»(…)
      Seules ses longues années d’expérience empêchèrent Donovan de laisser tomber sa caméra, lorsque Steven se retourna : les pattes de la souris dépassaient de la bouche du Visiteur. Horrifié, Mike le vit jeter la tête en arrière à plusieurs reprises, en un mouvement bizarre et saccadé. Les pattes frémissantes et la queue disparurent dans la gorge, d’où partit un bruit très net de déglutition. Diana, elle, prit dans une autre cage un gros cobaye pelucheux. Elle ouvrit la bouche –grand, plus grand, encore plus grand, à se décrocher la mâchoire – puis laissa l’animal se glisser entre ses lèvres. »
      Leur mode d’alimentation répugnant (ils mangent des rats vivants) n’a d’égal que leur but inavoué : voler l’eau des océans terrestres et congeler les êtres humains qui doivent leur servir de nourriture ! La vérité mit longtemps à percer parmi les humains car la terreur s’abattit de façon féroce : les scientifiques furent exterminés et des collaborateurs tels que Daniel Bernstein se transformèrent en « gauleiter ». La planète Terre sembla perdue lorsqu’un sursaut d’énergie vint d’un petit groupe de personnes décidées à lutter contre les envahisseurs.
      Juliet Parrish, l’âme du groupe, médecin, en devint le chef. Elle associa autour d’elle des personnes de différents bords tels que Elias, un fils indigne et jeune truand, Ham Tyler un membre de la CIA plutôt expéditif, William Caleb, le père de Robin et Mike Donovan. Tous étaient animés d’une haine féroce envers les reptiles. Ce groupe leur porta des coups gênants, aidé en cela par Martin et Williams, des Visiteurs pacifistes, en lutte ouverte avec Diana. Contre eux, les armes les plus terribles furent employées : les « foudroyants », sortes de pistolets au rayon ardent, la « conversion », sorte d’esclavage par hypnose et, de manière constante, la manipulation, le mensonge et la dénonciation. Un coup de main sur le Vaisseau Principal permit de récupérer Sean, le fils de Donovan, congelé comme des milliers d’autres.  Robin, par ailleurs amoureuse du Visiteur William (Bêêêrk!), mit au monde Elisabeth en un accouchement insensé, rejeton qui devint l’unique représentante vivante d’un produit inter-espèce.
      Humaine à croissance accélérée, elle manifesta très tôt une intelligence prodigieuse. Le père Andrew, jésuite de formation, se crut autorisé, à la suite de cette naissance, de prêcher l’amour du prochain, fût-il un lézard. Mal lui en a pris : il fut assassiné ipso facto par Diana. Celle-ci sortit par ailleurs victorieuse d’une lutte pour le pouvoir contre Paméla et John, tous deux envoyés par le grand Leader lézard en vue de superviser les opérations terrestres. Menacés, traqués, les membres de l’héroïque groupe de résistants se sentirent perdus quand Juliet réussit à mettre au point une bactérie spécifique mortelle pour les Visiteurs mais inoffensive pour l’homme. Elle vaccina ses amis aliens qui formaient leur cinquième colonne puis la décision fut prise de lâcher la bactérie dans l’atmosphère terrestre:
      «Ham surveilla l’ascension de son ballon personnel, spécialement acheté pour la circonstance : c’était un ballon noir, plus gros que les autres, sur lequel était peint un « V » rouge sang. Il imagina les signaux donnés dans le Monde entier  et tous les ballons qui s’élevaient au-dessus du Caire et de Londres, de Paris, Moscou, Sydney, Hong-Kong et New-York. Au-dessus de toutes les plus grandes villes – et même de certaines moins grandes – on devait voir monter les ballons, portés par les courants atmosphériques.
      Leur pression de gonflage avait été soigneusement calculée pour qu’ils explosent à la hauteur voulue. Une partie de la poussière redescendrait, pour former un mélange inoffensif avec la boue et l’eau de la terre. En se renouvelant perpétuellement, le reste formerait une composante permanente de l’atmosphère et rendrait la planète à jamais inutilisable pour les Visiteurs. »
      Par ruse, ils parvinrent à s’introduire à nouveau dans le Vaisseau Principal et à désamorcer l’arme ultime de Diana qui s’apprêtait à faire sauter la Terre. Ils tuent le monstre,   tandis que,  partout dans le monde mouraient les Visiteurs. La Terre, une fois de plus, l’avait échappé belle ! Une ère pacifique rythmée par des tractations commerciales entre Visiteurs de bon aloi pouvait désormais s’ouvrir pour longtemps.
      Une adaptation (réussie) d’une série télévisée qui connut de nombreux épisodes. Typiquement inspirée par l’idée de la «Pax Americana », elle place les idéaux qui fondèrent l’Amérique au premier plan : débrouillardise, ténacité, commerce, démocratie, proposant en une vision manichéenne les « Bons Humains » contre les « Méchants Lézards ». L’existence de forces contraires, cinquième colonne chez les Visiteurs et collaborateurs chez les Terriens tente d’adoucir cet aspect. Une fois les personnages bien caractérisés et présentés au lecteur, l’intrigue se déroule sans temps morts.
      Bien que le récit ne puisse soutenir la comparaison avec « Le Grand Silence » de Silverberg, par exemple, il se laisse lire facilement.

    7. Type: livre Thème: épidémies, menaces idéologiques Auteur: Jack LONDON Parution: 1915
      Grand’père, en compagnie d’Edwin, un jeune garçon de  douze ans, avance péniblement le long de rails de chemin de fer à demi - ensevelis:
      " Ca et là, un morceau de fer rouillé apparaissait, indiquant que, sous les buissons, rails et traverses subsistaient. On voyait, à un endroit, un arbre surgir qui, en croissant, avait soulevé en l’air tout un rail, qui se montrait à nu. La lourde traverse avait suivi le rail, auquel elle était rivée encore par un écrou. "
      En 2083, ces hommes forment les éléments des dernières tribus  encore en vie en Californie. Seul Grand’père se souvient du temps d’avant le désastre. Lors d’une halte le long de la plage  ils rencontrent Bec-de-Lièvre et Hou-Hou, deux autres jeunes de la Tribu de Santa - Rosa et du Chauffeur, qui déterrent des squelettes:
      " Ce sont, annonça-t-il des victimes de la peste écarlate. Voilà comme on mourait n’importe où. Cela fut sans doute une famille qui fuyait la contagion et qui est tombée ici, sur la grève de Cliff-House. Ils...  ais que fais-tu là , Edwin? Edwin avec la pointe de son couteau de chasse avait commencé à faire sauter les dents de la mâchoire d’un des squelettes. -Seigneur, que fais-tu là? répéta le vieux, tout effaré. -C’est pour fabriquer un collier..., répondit le gamin."
      Les enfants ont fait griller des moules et des crabes, ce dont Grand’Père est friand :
      " Sa maussade humeur se mua instantanément en gaîté. Il renifla, puis avec un ronron de béatitude, il commença à manger. Et, tout en mâchant des gencives, il marmottait un mot qui n’avait aucun sens pour ses auditeurs: - Mayonnaise... Mayonnaise... "
      L’estomac bien rempli, Grand’Père,  alias le professeur de littérature James Howard Smith, raconta aux enfants la terrible histoire de la Peste Ecarlate.Tout avait débuté en 2012, lorsque l’humanité se trouva confrontée à une bactérie impossible à éradiquer, celle de la Peste Ecarlate:
      "Des convulsions accompagnaient d’ordinaire cette première phase de la maladie. Mais elles ne semblaient pas graves et, après leur passage, celui qui les avait surmontées redevenait souvent très calme.  C'était maintenant une sorte d’engourdissement qui l’envahissait. Il montait du pied et du talon, puis gagnait les jambes, les genoux, les cuisses et le ventre, et montait toujours. Au moment même où il atteignait le coeur, c’était la mort. (...)
      Et ce qui était non moins surprenant, c’était, après la mort, la rapidité de la décomposition de la victime. Tandis que vous la regardiez, sa chair semblait se désagréger, se dissoudre en bouillie. Ce fut une des raisons de la rapidité de la contagion. Les milliards de germes du cadavre se retrouvaient en liberté instantanément. "
      Les êtres humains tombaient comme des mouches et, l’épidémie se répandant de manière exponentielle, la vie sociale s’effondra avec son cortège habituel de monstruosités. Tout individu atteint se voyait impitoyablement rejeté. Les violences, les exactions, les meurtres ne se comptaient plus. Des incendies éclataient un peu partout dans les centres urbains. Croyant fuir la Peste en fuyant les villes, les survivants ne firent que prolonger leur agonie:
      " Je sus ainsi que New York et Chicago étaient en plein chaos. Il en était de même dans toutes les grandes villes. Le tiers des policemen de New York avait déjà succombé. Le chef de la police et le maire étaient morts. Tout ordre social, toute loi avait disparu. Les corps restaient étendus dans les rues, là où ils étaient tombés, sans sépulture. Les trains et les navires, qui transportaient coutumièrement, jusqu’aux grandes villes, les vivres et toutes les choses nécessaires à la vie ne fonctionnaient plus, et les populaces affamées pillaient les boutiques et les entrepôts. "
      Smith, dès le début de l’épidémie, se sentit réfractaire à celle-ci. Avec quelques autres personnes, des intellectuels pour la plupart, ils tentèrent en un premier temps de se réfugier au sein des locaux universitaires pour échapper à la violence. Avec les premières atteintes de la Peste au sein de leur groupe, ils décidèrent de s’enfuir à la campagne, non sans difficultés. Le groupe s’amenuisa de plus en plus, laissant derrière lui des cadavres, jusqu’à ce que Smith se retrouve le seul être vivant dans la région. Il continua malgré tout son voyage qui l’emmena à Yosemite Parc, dans un état de désespoir total.
      Au bout de quelques années de vie sauvage et régressive, lassé de sa solitude, il décida de faire le chemin inverse pour observer ce qui avait bien pu rester après l’épidémie. Tout avait changé. La nature redevenait sauvage et recouvrait déjà les derniers vestiges d’une civilisation à jamais abolie:
      " Ce qui advint des animaux domestiques est tout à fait étrange. Ils retournaient à l’état sauvage et s’entre-dévoraient. Les poules, poulets et canards furent les premiers détruits. les cochons, au contraire, s’adaptèrent merveilleusement à leur vie nouvelle, ainsi que les chats et les chiens. Ceux-ci devinrent rapidement un véritable fléau, tellement ils étaient nombreux. Ils dévoraient les cadavres et n’arrêtaient pas d’aboyer et de hurler, la nuit comme le jour. "
      C’est alors qu’il rencontra le Chauffeur, une brute épaisse, ancien ouvrier, et qui prenait sa revanche de classe en contraignant par la force son épouse, la fille du magnat Van Warden, à accomplir tous ses fantasmes:
      " Il me répondit que, dans les temps anciens, il avait été un domestique, de la boue que foulaient aux pieds les hommes comme moi et les femmes comme elle. Maintenant la roue avait tourné. Il possédait la plus belle femme du monde, elle lui préparait sa nourriture et soignait les enfants qu’il lui avait faits. "
      L’accueil fut mitigé et le Chauffeur accorda une confiance dédaigneuse et condescendante à Smith qu’il voyait aussi comme un ennemi de classe. Néanmoins, il lui permit d’épouser de nombreuses années plus tard, sa propre fille, afin que lui également puisse fonder une Tribu.  Malgré toute sa commisération à l’égard de Melle Van Warden, Smith ne put la sauver puisqu’elle mourra assassinée de la main même du Chauffeur. Révolté par ce crime odieux, il s’enfuit avec sa femme pour se réfugier au sein de la Tribu des Santa Rosa.
      Hou-Hou, Bec de lièvre et Edwin représentaient ses petits-fils entièrement tournés vers la primitivité mais déjà prêts, dans leur mentalité, à rebâtir une société basée sur des rapports de pouvoirs et de classe:
      " Moi, dit Edwin doucement, je veux ne jamais oublier ce que grand-père nous a dit de la poudre à fusil. Quand j’aurai trouvé le moyen de la fabriquer, c’est moi qui vous ferai marcher tous. Toi, Bec-de-Lièvre, tu chasseras pour moi et tu me rapporteras ma viande. Et toi, Hou-Hou, quand tu seras docteur, tu enverras le bâton de la mort où je voudrai, et chacun me craindra. Si Bec-de-Lièvre essaye de te défoncer la tête, c’est à moi qu’il aura affaire, et je le tuerai avec ma poudre. Grand-père n’est pas si sot que vous croyez. Je mettrai ses leçons à profit et je vous dominerai tous. "
      Jack London raconte une histoire pessimiste dans laquelle même la revanche sociale que prend enfin la classe ouvrière après le cataclysme purificateur n’effacera pas la sauvagerie intrinsèque de l’être humain.
      La description réaliste des sentiments humains, sans fioritures romantiques ni délayage, fait de cette nouvelle, l’une des premières du genre,  une réussite totale et un modèle qui sera copié maintes et maintes fois par des épigones moins bien inspirés

    8. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: Gérald KERSH Parution: 1949
      Le narrateur, dont c’est la passion, fouille les vieilles ruines. Plutôt évolué (il possède des outils, des médicaments, du chocolat) en un monde primitif, il apprend de la bouche d’un farouche chef de tribu qu’il existe, à l’intérieur des terres, un lieu maudit lourd de menaces. Il s’y rend et découvre les restes d’une cité effondrée, lieu mort où seule règne la poussière :
      « C’était bien un Lieu Mort. Aucune vie n’y régnait. C’était aussi un Lieu Sombre, car il n’y poussait pas d’herbe. C’était devenu un désert aride.  Même ces plantes rudes et hardies dont les racines trouvent subsistance dans les cendres des bâtiments anéantis, ne dressaient point leurs feuilles sur cette désolation. Sous la pluie de la mauvaise saison, ce devait être un bourbier. Maintenant, rôti par le soleil d’août, c’était un monceau de cendres boursouflé d’excroissances grises qui ressemblaient à des tisons éteints.»
      Dans la nuit couraient d’étranges mélopées. Ce lieu paraissait hanté. Mais lorsque des parties de son habillement disparaissent, il met rapidement la main au collet de son voleur : un nain contrefait, un pauvre hère qu’il a de la peine à classer parmi les humains:
      « Telle était donc la chose sans nom qui épouvantait le vieux chef sanguinaire de la Zone Côtière. Un être anémique, à bouche de rongeur, presque sans front et dont les membres étaient pareils aux tiges fragiles que les plantes risquent dans le noir… Il s’était affaissé, gazouillant et geignant à mes pieds. Les yeux étaient vastes, pareils à ceux d’un lémur, ses oreilles longues, pointues, presque transparentes.»
      Il lui fait penser à ces elfes des contes de fées, voire à ces fameux Pictes qui jadis, cachés sous terre, résistèrent farouchement aux envahisseurs. Il le soigne, l’aguichant avec son chocolat avant que le petit être ne disparaisse. En le poursuivant, il découvre l’ouverture de sa retraite :
      « C’est ainsi que je trouvai le couvercle du monde souterrain. C’était un disque de métal érodé qui bouchait un trou dans le sol. Je le frappai de mon marteau. Il s’effrita en pièces qui s’effondrèrent dans l’ouverture. Et de celle-ci s’exhala aussitôt cet effluve écoeurant de moisissure que j’avais déjà flairé. »
      En voulant y accéder, il se brise une jambe et reste étalé en cet endroit souterrain, obscur et humide, ancien réseau d’innombrables tunnels. Sans aucun moyen de se soigner, il subit la sollicitude inquiétante du petit Peuple, ces kobolds dont l’unique ressource sont les rats qu’ils élèvent comme l’on faisait jadis des moutons. Dégénérés et sans structure sociale, dénués de tout, ils végètent là-dessous avec leurs rats, attendant la mort. Comme d’ailleurs le narrateur, dont la blessure s’est infectée. En un ultime sursaut, la lumière se fait en son esprit : il se trouve en présence des derniers rejetons des fiers citoyens de jadis, habitants d’une des plus grandes villes de la terre :
      « Annan, ce nom que les Hommes-rats donnaient à leur Grande Ville Détruite remontait d’abord à « Onnon » puis à « Lonnon » qui avait été « LONDON ! »
      Une nouvelle incisive, brève, hallucinée. Le ton désespéré rejoint la situation limite, évocation sans concession des conséquences ultimes d’une guerre nucléaire. Belle nouvelle, et méconnue.

    9. Type: livre Thème: menaces cosmiques, fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Edgar Allan POE Parution: 1839
      Deux âmes terrestres s’entretiennent de leur passé. En un long monologue, Eiros explique à Charmion comment fut détruite la Terre dans sa rencontre avec une comète ; comment celle-ci, d’abord considérée comme inoffensive par la science qui n’avait jamais rencontré dans l’histoire de l’humanité une comète aussi dangereuse, suscita l’admiration, avant de générer la panique.
      Elle n’était ni plus grosse ni plus rapide qu’une autre, sa courte queue composée du gaz le plus rare ne pouvait causer de dommages. D’ailleurs les théologiens, se référant à l’Apocalypse, prétendaient que la Terre ne pouvait être détruite que par le feu. Mais son approche, par « son gigantesque manteau de flammes claires, toujours étendu à tous les horizons », créa une émotion « radicalement nouvelle ».
      Enfin lorsque l’humanité apprit que le gaz cométaire allait vider l’atmosphère terrestre de son azote, elle exprima de la terreur en face « d’une combustion irrésistible, dévorante, toute-puissante, , immédiate : Je serai brève,- brève comme la catastrophe. Pendant un moment, ce fut seulement une lumière étrange, lugubre, qui visitait et pénétrait toutes choses. Puis, - prosternons-nous, Charmion, devant l’excessive majesté du Dieu grand !- puis ce fut un son, éclatant, pénétrant, comme si c’était LUI qui l’eût crié par sa bouche ; et toute la masse d’éther environnante, au sein de laquelle nous vivions, éclata d’un seul coup en une espèce de flamme intense, dont la merveilleuse clarté et la chaleur dévorante n’ont pas de nom, même parmi les Anges dans le haut Ciel de la science pure. Ainsi finirent toutes choses. »
      Cette courte nouvelle, écrite en 1839 et sans doute inspirée à Poe par la chute de météorites de 1831, apporte les arguments scientifiques en faveur du danger cométaire, arguments que développeront plus tard Verniculus, Griffith, Rey-Dussueil ou Camille Flammarion. Baudelaire lui-même dut être impressionné par elle, puisqu’il conçut le projet  d’une :  « fin du monde – Un roman sur les derniers hommes- les mêmes vices qu’autrefois - Distances immenses… - les dernières palpitations du monde, luttes, rivalités » ainsi qu’un poème en prose sur ce thème qui ne vit jamais le jour. L’esthétique baudelairienne de la «nouveauté » ne pouvait qu’être sensible à l’ouverture de la palette émotionnelle proposée par « la modernité » de Poe.

    10. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Danielle MARTINIGOL Parution: 2007
      L’arrêt du Gulf-Stream dû au réchauffement climatique a paradoxalement précipité l’Europe dans une nouvelle ère glaciaire. La société humaine s’y est adaptée, retrouvant d’instinct les gestes et les traditions de nos ancêtres eskimos. Pas très loin de « Parisse », dans les Malroches, vit la tribu du petit Denilo. Grâce aux « Liseurs » qui perpétuent les souvenirs anciens, ils se rappellent le temps béni du «karbon et gas-soile ».
      Denilo porte un lourd secret. Dans les « Fondemines de Soulahaine », il a apprivoisé un « petit lapin tondu ». Il aime à le retrouver à la douce lumière des cubes marqués HAVL. Cependant, bientôt, il dépérit, se languit, développe des rougeurs et des plaques inattendues sur son corps. Son état empirant, il se rappelle avec nostalgie la belle fleur gravée sur la porte de sa cachette et de ses quatre lettres, dont il ne pouvait comprendre la signification mais qui disaient : «Déchets de Haute Activité à Vie Longue. »
      Un récit rapide, distillant, sans y toucher, un monde de froid et de terreur.

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