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    1. Type: livre Thème: menaces telluriques, fins du monde, fins de l’humanité Auteur: Denis MARQUET Parution: 2001
      Des signes curieux et inquiétants se produisent. Tom l’étudiant, amoureux d’Amy, s’en apercevra assez tôt puisqu’il découvrira celle-ci égorgée par son chien sans que rien ne laissait prévoir une telle tragédie. De multiples indices, non reliés entre eux, alertent cependant le pouvoir américain. Ici, des dauphins s’attaquent à l’homme. Là, une activité sismique anormale se manifeste. Ailleurs encore, une recrudescence de noyades ou des pommes qui deviennent mortelles à l’ingestion, une épidémie inconnue qui se déclare soudainement, enclenchent un niveau d’alerte suffisant pour qu’un groupe d’étude des phénomènes soit constitué.
      Greg et Mary, tous deux anthropologues, deviendront les pièces maîtresses de ce puzzle. Mary part en Amazonie étudier, sous l’égide de son directeur de thèse Diego Legal, la vie spirituelle des indiens Yanomamis. Greg sera contacté par le capitaine Bosman du Pentagone  sous le sceau du secret pour faire partie du groupe de recherche qui tentera d’établir l’origine des désastres :
      « C’est que la nature déconne ! Elle se comporte anarchiquement, elle n’obéit plus à ses lois… Ou plutôt à nos lois ! Celles que nous lui avons fixées…. Absurde ! ce n’est pas nous qui fixons ses lois à la nature ! Nous ne faisons que les découvrir… (…) Mais nous les appelons des « lois »… Alors que tout ce dont nous sommes capables, c’est d’observer des comportements un peu généraux sur une période ridiculement courte par rapport à l’évolution du monde… Tout s’altère dans la nature, tout passe… Et si la nature changeait aussi les principes qui la régulent, de temps en temps ? Chaque milliard d’années par exemple ! »
      Clydesbourg, une bourgade de Pennsylvanie en fera les frais car, pour que l’épidémie inconnue et virulente qui s’y est soudainement déclarée  ne s’étende pas, les autorités n’ont d’autres moyens que de « cautériser » totalement la ville, provoquant la mort de milliers de personnes. Des témoins pourtant ont assisté à la scène et, mettant leur vie en jeu pour échapper à la loi du silence,  informent, par internet notamment, le monde entier de l’ampleur grandissante des catastrophes qui frappent l’humanité.
      David Barnes est de ceux-là. Il se donne pour mission de prévenir ses semblables, dans une sorte de journal informatique, que la terre traverse une phase extrêmement dangereuse :
      « Aujourd’hui, j’ai bouclé mon enquête. Demain, si tout se passe bien, quelques-uns des trous-du-cul qui nous gouvernent auront la tronche de biais. Leur boulot ; prendre les gens pour des cons en ne leur montrant que ce qu’ils ont envie de voir. Mon boulot : la réalité. Et si la réalité c’est la merde, leur mettre le nez dedans. Le monde est dans la merde. »
      Traqué par les militaires, il survivra longtemps en territoire najavo, avant d’être abattu. De même, le journaliste Kenneth Pilar, qui enquête sur la catastrophe de Clydesburg, mourra, soufflé par des roquettes non sans avoir pu rendre public son dernier reportage.
      Stimulé par le général Merritt, leur supérieur, et Bosman, le petit groupe de chercheurs,  dont Peter le biologiste, ami de Greg, Prescott le géophysicien, met les bouchées doubles. Mary, en contact avec un sorcier Yanomami, lors d’un voyage en NDE grâce à la drogue, sort métamorphosée par cette expérience : elle sait maintenant que la terre est malade de l’homme et qu’il s’agira de transformer l’âme même de celui-ci si l’humanité veut survivre :
      « Elle n’avait pas entendu alors, la force de ces mots, terrifiante. Elle n’avait pas entendu la vérité de ces mots : - Nous sommes les enfants de la Terre. Chaque cellule de Mary semblait vibrer, elle se sentait faite, au plus intime, de terre vivante, aimante. De terre intelligente. Elle venait de la Terre, serait rendue à la terre. Et c’était bien. (…) La maladie, reprit-elle, c’est votre corps en guerre. Les parties qui vous composent ne coopèrent plus. C’est de cela dont vous mourez. De n’être plus un. Or moi je veux vous dire… Elle s’interrompit un instant. - …Ce qui en vous fait l’unité, c’est l’âme. »
      Elle n’aura pas le temps de faire part de cette découverte à Greg puisqu’elle est mortellement – du moins semble-t-il –, blessée dans la chute d’un hélicoptère. Greg, lui, agressé par des chiens en voulant sauver des enfants, sombre dans le coma :
      « Alors il vit la curée grouillante et brune des chiens sur le corps de l’enfant. Aussitôt deux d’entre eux se retournèrent contre lui, et l’attaquèrent au niveau des jambes. (…) Avant de s’écrouler, il eut le temps d’entendre l’assourdissant vrombissement du deuxième hélicoptère tandis qu’un brouillard semblait recouvrir les champs. Ils étaient en train de lâcher des gaz anesthésiants. Trop tard, pensa Greg. Un chien le mordait à la gorge, mais il ne le sentait déjà plus. Puis ce fut le noir. »
      A Fort Detrick où le groupe est réuni, la situation se révèle catastrophique : les foyers d’épidémie s’étendent, les tremblements de terre deviennent de plus en plus dévastateurs dans le monde entier (mais surtout aux USA), les aliments (pommes de terre ou tomates) se transforment inexplicablement en poison mortel. Tout se passe comme si la terre elle-même avait décidé de se débarrasser de l’homme qui s’opposerait aux valeurs réelles du monde :
      « Et vous en concluez quoi ? finit par lâcher Bosman, qui ne savait plus quoi penser. Sa conclusion, l’écologiste la prononça dans un silence de mort : - Personnellement, je crois que la nature est un Tout. Actuellement, ce Tout est en train de se retourner contre une de ses parties. Pour la détruire. De diverses manières. Cette partie, c’est l’homme.»
      Des sectes apocalyptiques surgissent, comme celle dans laquelle Linda, la copine d’Amy, et Tom s’intègrent à un rituel de suicide collectif.  Grâce au canadien écologiste Aimé Doubletour appelé à la rescousse par le groupe, Merritt et Bosman prennent connaissance de l’extrême gravité de la situation. Le retour à la vie de Greg sous l’impulsion « spirituelle » de Mary restera inexpliqué. Devant l’intensité des secousses telluriques décision est prise de se réfugier dans le bunker présidentiel situé sous la maison Blanche qui est réputé inébranlable. Il était plus que temps : New-York sera emporté par une vague gigantesque :
      « Une nouvelle secousse. Encore plus puissante. Il ne savait plut où il était. Tout l’immeuble, dans un fracas d’épouvante, grondements et craquements, s’était remis à tanguer. De plus en plus fort. De plus en plus vite. Il était ballotté aux quatre coins de l’immense pièce, jeté comme une poupée de chiffon contre les meubles et les murs. La dernière image qui s’imprima dans le cerveau de Steven Lordal fut celle d’un énorme chien qui s’ébroue pour secouer ses puces. Le chien, c’était la Terre. Les hommes étaient les puces. »
      Pour Merritt, le va-t-en guerre, tous ces catastrophes sont provoquées par une puissance étrangère, en l’occurrence la Chine,  dans le but d’abattre les Etats-Unis.  Il convainc le président Hardon d’allumer les feux nucléaires. Après quelques tergiversations, celui-ci s’y résout.Mais les Chinois ne sont en rien responsables des désordres qui empirent. Dans le bunker souterrain, la situation devient invivable. Le plan de Merritt consiste à stériliser la terre entière par l’arme nucléaire, à se débarrasser une fois pour toutes des bactéries et virus de toutes espèces et de garder purs et intacts, après désinfection, les survivants du refuge, en vue de créer une nouvelle race d’hommes par manipulation génétique, un «homo transgenicus ». Son objectif insensé échoue : les survivants meurent l’un après l’autre, sans raison apparente. Après examen, il s’avère que les mitochondries, dans les cellules-hôtes,  se retournent contre ces dernières pour les détruire : le mal est à l’intérieur de chacune d’entre elles.
      D’autre part, l’hypothèse de Prescott, basée sur une observation scientifique, est que la circonférence de la terre  est en train de croître de quelques centaines de mètres sous l’influence de courants de convection bouleversés, ce qui amènera un remodelage total de la planète par un tsunami gigantesque.
      Alors que Bosman, enfin libéré de Merritt se fait exploser avec ce dernier,  réduit à l’état de vieillard baveux, Greg et Mary ressortent de l’abri par un long cheminement souterrain, comme pour une seconde naissance. Protégés par la Terre elle-même qui s’exprime à travers la personnalité de Mary, ils gagnent juste à temps une grotte de montagne pour observer avec horreur l’arrivée de la vague monstrueuse qui les épargne:
      « Mary, fascinée, regardait vers la vallée. – Le soleil se couche, dit-elle. C’était comme un rêve. La vallée plongeait inexorablement dans l’ombre. Une immense lueur rougeoyante embrasait le ciel. Le soleil était en train de se coucher ! A l’endroit même où il venait de se lever, quelques minutes plus tôt. A l’est. (…) Greg tourna la tête. Ce qu’il vit le pétrifia. Couvrant la terre à perte de vue, une mer sombre, immense, implacable, progressait dans la vallée. Les habitations étaient emportées, les forêts englouties. Sur la gauche, à quelques kilomètres, une colline fut recouverte un instant pas l’énorme vague, qui à son sommet fit gicler des gerbes jusqu’au ciel. Et, tandis que la gigantesque et folle marée poursuivait sa course vers l’intérieur des terres, la colline n’était plus qu’un morceau d’île au milieu d’un océan sans fin d’eau noirâtre et boueuse. »
      Plus tard, avec Mary enceinte, ils deviendront les germes de la nouvelle alliance que la Terre/Gaia tisse avec l’homme.
      « Colère » est un roman complexe, touffu, aux protagonistes variés ne ménageant aucune hypothèse pour étayer sa théorie d’une terre vivante et consciente ennemie d’un homme ingrat et dévoyé. Le roman enregistre fidèlement les angoisses écologistes du 3ème  millénaire et y répond à sa manière. Un thème porteur et une intrigue suffisamment complexe font que l’on s’attache à ce récit jusqu’à sa fin.

    2. Type: livre Thème: menaces idéologiques, guerres futures 1 Auteur: Henri SUQUET Parution: 1935
      Sarnain, garçon franc et rieur, intelligent aussi, en 1ère  au lycée Ronsard à Paris, vit une curieuse aventure avec ses amis Raget, Bigounas et cie. Ayant l’amitié du professeur Philippot, il survient dans le laboratoire de celui-ci et le trouve à l’article de la mort.  Le professeur, un grand savant, essaye de lui faire comprendre qu’il lui faut détruire les documents cachés de son invention, car convoités par une puissance étrangère, dans l’intention de faire sauter la ville de Paris.
      Le soir venu, à l’insu des autorités du lycée, Sarnain et sa bande se glissent à nouveau dans la laboratoire, fouillent et découvrent les papiers à détruire d’urgence. Mais, à leur grande épouvante, l’ennemi est déjà dans la place, en la personne d’un lourd espion allemand du nom de Bachkorft, qui leur reprend les papiers et disparaît. Alors que le petit Thécret s’empoisonne  en passant devant un appareil à rayons X surpuissants, Sarnain, sur la piste de Bachkorft, est kidnappé par ce dernier. Thécret, de son lit d’infirmerie, découvre un fil de cuivre qui sort d’une maison proche du lycée : c’est l’antenne reliant Bachkorft à l’Allemagne lui servant à communiquer sa trouvaille :
      « Hoch ! Wie schwer, du heiliger Gott !!! Cela est lourd tant de saucisses coulantes… Schöne Restauration… Bon Restaurant – Sakrament – s’il savait qu’il a l’honneur de nourrir Herr Professor Bachkorft, de la section spéciale du Führer. – Heil !- Quelle gloire ! Hoch ! Je vais envoyer la dépêche, enfin ! Et sous les yeux de ce sale petit Français, Schweinhund ! Et dans huit jours, avec la grâce du Führer – Heil !- Paris kaput ! France kaput ! Europe kaput ! Hoch ! Hoch ! Kolossal !!! Et tout cela, tout cela à cause du Herr Professor Bachkorft. Heil ! Heil ! »
      Avertie par Thécret, la bande passe à l’action, neutralise l’espion en expérimentant sur sa personne leurs connaissances théoriques en électricité: au moment même où Bachkorft s’apprête à émettre, il est électrocuté. Tous ses amis au complet, Sarnain en tête, révèlent la vérité au censeur du lycée Ronsard qui les félicite chaudement pour leur patriotisme.
      Une courte nouvelle qui fleure bon la vieille France franchouillarde et la tartine beurrée d’un temps scolaire irrémédiablement révolu. Le style de Suquet, lisible et amusant, rachète quelque peu celui de « la Guerre des forces».

    3. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Jacques SPITZ Parution: 1938
      Une espèce particulière de mouches devient intelligente par mutations successives dues à son extraordinaire taux de reproduction. Elle entreprend rationnellement la destruction de l’humanité pour prendre sa place comme nouvelle espèce dominante. La lutte est relatée par l’intermédiaire d’un homme, ce qui permet à l’auteur de décrire avec maestria les états d’âme des humains devant l’invasion. On ne connaît pas les "sentiments" des mouches, ce qui donne d’elles une image de monstruosité aveugle et noire, fléau diabolique sans âme qui poursuit sans relâche et sans faiblesse son oeuvre de destruction. Tout semble implacable et irréel comme dans un cauchemar obsédant: les mouches vont supplanter l’espèce humaine.
      L’intrigue est menée, sans temps mort. L’auteur brasse peuples et pays, idéologies et civilisations, dans un maelstrom gigantesque. Mais le tour de force principal de Jacques Spitz, est de réussir à nous faire rire dans cette tragédie qui conduit implacablement l’être humain à sa destruction.
      Comme il paraît petit et faible, mesquin et ridicule, sensible et touchant, cet humain qui refuse obstinément de disparaître. L’auteur se délecte à l’idée de mettre à nu les travers de l’homme avec un talent d’ironiste remarquable. Tout le monde y passe, l’individu et la collectivité, l’homme de la rue et le savant, le politique et le militaire. Voici Juste Evariste Magne:
      "Né à Cahors, dans le Lot, troisième fils d’un tonnelier, avait échappé de justesse au ridicule d’être nommé Charles comme son père (...) L’enfance du jeune Juste, privé de mère, se trama comme tant d’enfances malheureuses, dans les ruisseaux d’abord, sur les bancs de l’école communale ensuite... Juste Evariste accepta avec reconnaissance d’entrer dans la voie royale de la recherche scientifique par l’humble porte des garçons de laboratoire. "
      Là, Evariste Magne étudie les drosophiles, ces mouches bénies du chercheur parce qu’elles multiplient à l’envie les mutations. Il devient ainsi, par hasard, l’homme le plus capable de comprendre le fléau qui naît en Indochine. Tombé amoureux de Micheline, remarquable car elle a les yeux bleus, ce qui le change des drosophiles qui les ont rouges, Juste va étudier les mouches sur place,  ces mouches dont le monde savant discute doctement pour savoir si elles sont des muscidés ou des stomoxes, alors que pour ces deux espèces
      " il n’est pas plus possible de les séparer que d’enlever les Pangonies des Tabaniens, les Muliores aux Anthraciens, les Orthochiles aux Dolichopodes "
      Les mouches tuent en inoculant toutes les maladies possibles et imaginables, ce qui rend la lutte des hommes contre elles difficile. Tout est essayé : incendies, DDT, papier tue-mouches, réseaux électrifiés, miel, résine, arsenic, pétrole, lance-flammes, fumigènes, prime pour cent mouches tuées.Or, voilà que déformé par son étude, Juste se demande brusquement si Micheline est intelligente. Question obsédante qui le préoccupe encore alors qu’il étudie une mouche, devenue "musca errabunta", et c’est le déclic: intelligence/ mouche, rapprochement fulgurant. Les mouches sont devenues intelligentes. Le monde va-t-il recevoir comme il convient cette fantastique nouvelle?
      Ces satanées bestioles se mettent à porter minijupes et menacent l’URSS où elles sont considérées comme des "alliées des Trotzkistes", et l’Inde malgré l’intervention de la glorieuse Angleterre, l’Amérique et l’Europe. Les derniers combats seront menés par la vieille Allemagne sous l’impulsion du président Adolphe-Hermann Muller qui rugissait et brandissait l’épée de Siegfried avec la lance de Wotan. L’Allemagne au-dessus de tout ! Et particulièrement au-dessus des mouches (devenues " Musca Sapiens ").  Et c’est le crépuscule des Dieux avec
      "les batailles des jeunesses Mullériennes lancées nus, armées de torches contre l’ennemi ailé. Nudisme, carnage, incendie et orgie de saucisses, toutes les Allemagnes étaient à leur affaire. "
      Tout se termine comme cela avait commencé. Dans une petite vallée danoise, Adolphe-Hermann Muller, Juste, un cardinal, un artiste, deux vieilles paysannes et Micheline, devenue folle, sont les derniers humains. Les mouches les ont mis là pour les étudier et leur permettre de se reproduire. Mais les femmes sont vieilles ou folles et Juste sera le dernier des hommes. Lui dont la fortune avait commencé par l’étude des mouches et dont la vie s’achève en sujet d’étude pour les mouches.
      Une oeuvre étonnante de Jacques Spitz, pleine d’ironie, de sarcasme et de terreur. Un roman précurseur du thème de l’invasion d’insectes qui menacent la suprématie humaine et dont le cinéma moderne a donné plus d’un exemple comme dans "Them", "les Insectes de feu", "Phase 4", " Arachnophobie " , etc.

    4. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités Auteur: Colonel Lucius LIGHT Parution: 1961
      Un inspecteur de police, appelé sur les lieux d’un accident routier aux USA, prend possession d’un curieux carnet qui relate la biographie du mort, celle du colonel Lucius Light.
      Adopté par un couple de savants, Koenig et Mary, ce dernier vivait avec eux à Los Alamos, dans l’enceinte où l’on mettait au point la première bombe atomique. Puis, plus tard, à Spiritu Sancto, sur une nouvelle base, où le professeur Koenig entreprend un projet différent entouré d’un total mystère.
      Intégré par Koenig dans l’équipe de surveillance de la base, les T.O.S., Lucius apprendra qu’en face de l’incroyable menace que fait planer l’arme nucléaire sur l’humanité, les deux principaux meneurs du monde, Roosevelt et Staline, lors du pacte de Yalta, ont scellé un accord secret. Convaincus que l’atome provoquera la perte de l’espèce humaine, ils ont mis sur pied le projet « Adam et Eve », qui surpasse infiniment tous les clivages politiques.
      Les USA, sous la direction de Koenig, ont construit deux tores gigantesques, des espaces d’habitation, dans lesquels, totalement isolés du monde, seront élevés, puis laissés à eux-mêmes, deux adolescents, un garçon et une fille, des Géorgiens, fournis par la Russie :
      « -D’accord pour des Géorgiens, interrompit Truman.
      –Je voudrais savoir maintenant si vous accepteriez une condition.
      -Laquelle ?
      -Je ne sais ce que réserve l’avenir et ce qu’il adviendra des relations américano-soviétiques. Et pourtant, je puis vous avouer que l’une des plus grandes émotions de ma vie politique aura été ce moment historique où le président Franklin Roosevelt et moi-même, nous imaginâmes une évasion pour sauver le genre humain en nous sentant fraternellement responsables du monde entier. Je désirerais que le jour où se produira le départ, dans votre pays, le Président des Etats-Unis et le Chef de l’U.R.S.S. y assistent ensemble côte à côte, dans une communion d’esprit totale renouvelant l’amitié de Yalta.
      Truman répondit aussitôt avec chaleur :
      -Moi, ou mon successeur, nous vous accueillerons avec joie.»
      Le plan du professeur sera de rendre apte à un vol cosmique les deux jeunes gens sauvegardés purs de toute intervention et tare humaines afin d’essaimer, longtemps après que l’homme aura disparu, sur une nouvelle planète. La fusée, elle, sera conçue et acheminée aux USA par les Russes. Le jeune Lucius, qui monte régulièrement en grade, est la seule personne extérieure au projet à en avoir percé le secret et il suit avec passion à l’insu de son père,  l’évolution positive «d’Adam et d’Eve ».
      Alors que tous les pas politiques des deux grands (guerre froide, mise en orbite du premier Spoutnik, crise de Cuba) s’expliquent par le voile qu’ils veulent faire tomber sur leur projet commun, Truman, puis plus tard Eisenhower et Khrouchtchev, poursuivent indéfectiblement la vision de leurs illustres prédécesseurs.
      Les événements, de plus en plus menaçants, semblent leur donner raison. Lucius a pris rang de colonel mais d’un naturel jaloux et envieux, il voit d’un mauvais œil le fait d’être évincé sur le terrain par un concurrent à son poste de chef suprême de la sécurité. Une gigantesque fusée russe,  arrivée à bon port aux USA, est lancée en 1959, lors de la visite de Khrouchtchev qui en profite pour se recueillir sur la tombe de Roosevelt :
      « Je n’avais pu qu’imaginer, d’après les plans que j’avais vus, les dimensions du véhicule spatial. Mais elles étaient restées dans mon esprit des nombres théoriques. La vision était écrasante. Il fallait renverser la tête pour apercevoir le tore et la fusée. C’était l’impression que j’avais ressentie en voyant pour la première fois l’Empire State Building. Je comprenais maintenant que le colossal engin pût être un univers. Le gisant de Moscou pouvait dormir en paix dans son cercueil. Khrouchtchev avait magistralement rempli l’engagement de Staline. »
      Les deux jeunes gens, adolescents accomplis, sont maintenant mis en contact l’un avec l’autre dans leur éden artificiel, sous l’œil télévisuel de Dieu le Père, c’est à dire de Koenig. Afin qu’ils subissent un interdit, il leur est défendu d’abaisser un certain levier rouge sous peine de mort prématurée. Ce monde paradisiaque sera perverti par Lucius (Lucifer ?), dans le rôle du serpent.
      Ses agissements sont cependant percés à jour par son père. Hélas ! il est déjà trop tard. Lucius a volé le téléviseur de secours, ce qui lui permet d’observer les faits et gestes d’Adam et d’Eve, s’est enfui dans les montagnes et, depuis longtemps, avait retranscrit son récit dans le petit carnet que tient en mains notre inspecteur de police du début de l’histoire.
      Avec pour témoin un Koenig effondré, il suggère au couple de désobéir aux ordres « divins », en abaissant le levier. Tandis que la fusée poursuit sa route vers l’infini, Lucius sera arrêté, puis victime d’un accident. Plus tard,  Mac, un ami américain de Lucius, envoie à un couple français l’ensemble de ce récit,  taxé, renseignements pris auprès des autorités, de pure invention romanesque et paranoïaque. Pourtant le roman se clôt sur le couple Koenig et Mary, entr’aperçus à Paris. Alors, info ou intox ?
      Un récit de type uchronique ou « histoire secrète » mêlant irréalisme et faits politiques, aux ficelles parfois un peu grosses. Quant au concept de « pureté », il apparaît bien douteux…

    5. Type: livre Thème: menaces idéologiques, menaces climatiques Auteur: Ben BOVA Parution: 1978
      En 2008, le monde est uni sous l’égide d’un gouvernement démocratique avec, à sa tête, le vieillard Da Paolo. Uni aussi dans la pauvreté, car un Directoire, composé des cinq êtres humains les plus riches de l’histoire, a pris la décision de faire éclater la Démocratie Mondiale.
      « C’est la guerre, je vous dis. La Quatrième guerre mondiale. Elle se mène avec des armes secrètes, silencieuses, des armes qui s’attaquent à l’environnement. C’est une guerre écologique. On trafique le temps de l’adversaire, on dévaste ses récoltes, on s’en prend à ses nappes phréatiques, on modifie le régime des pluies. La disette tue les hommes aussi sûrement qu’une balle. »
      Dans l’espace, Ile Un et Ile Deux sont deux énormes cylindres creux de vingt kilomètres de long, deux satellites habitables et terraformés entièrement financés par le Directoire et dirigés par le Dr. Cobb.  Ile Deux devra servir de base de repli pour les ploutocrates lorsque l’incendie révolutionnaire qu’ils auront eux-mêmes allumés sur la Terre, ravagera les différentes nations, détruisant du même coup l’autorité du Gouvernement mondial. La déstabilisation mondiale est d’ores et déjà initiée par le Colonel César Villanova, le grand Leader Maximo des peuples du Sud.  D’un autre côté le F.R.P. (Front Révolutionnaire du Peuple) gagne irrésistiblement du terrain. D’ailleurs, le déséquilibre climatique, soigneusement entretenu par le Directoire,  provoque des millions de morts :
      « Nous perturbons les climats. Nous tuons ces pauvres malheureux. Pourquoi ? Sommes-nous donc dans une situation à tel point désespérée…
      -Oui, le coupa sèchement Garrison. Nous sommes dans une situation désespérée et c’est pourquoi nous devons nous battre. Si nous restons à nous tourner les pouces en laissant le Gouvernement mondial libre d’agir à sa guise ; nous finirons à l’asile tous autant que nous sommes. La race humaine ne sera plus qu’une horde de chiens affamés et gémissants. Le monde entier sera réduit à la situation dans laquelle se débat l’Inde – Plus pauvre que Job. »
      Les grandes métropoles devenues des mouroirs et des réservoirs à miasmes, drainent une population de plus en plus pauvre :
      « D’un bout du monde à l’autre, de Sao Paulo à Tokyo, de Los Angeles à Calcutta, elles agonisaient. Il n’y avait plus de raisons d’habiter les cités. Ceux qui le pouvaient allaient s’installer à la campagne. Ceux qui étaient trop pauvres restaient en essayant de subsister tant bien que mal au milieu des monceaux de détritus qui ne cessaient de croître et les épidémies. »
      Sur Ile Un, David, le premier être humain né en laboratoire, en connexion permanente avec les ordinateurs, prévisionniste de son état, fils putatif de Cyrus Cobb, (lui – même est au service des membres du Directoire), échappe à la surveillance paternelle et parvient avec difficulté à rejoindre la Terre pour  y retrouver la journaliste Evelyn Hall avec qui il a eu une aventure sentimentale.
      Bahjat, la propre fille de Al Hachémi, l’un des membres du Directoire, aussi connue sous le nom de Shéhérazade, est l’une des responsables du FRP. Manipulée par Hamoud, dit le Tigre, elle assiste à la mort programmée de son amant irlandais et conçoit une haine terrible envers son père qu’elle rend responsable de l’assassinat.
      Ailleurs, dans les bas-fonds de Manhattan, Léo, le géant noir qui fonctionne aux stéroïdes dont dépend sa vie, tente de fédérer le mouvement de révolte des Noirs urbains, les «drop-out » de la société.
      Alors que Da Paolo, qui pressent le danger de l’éclatement du système démocratique mondial, est impuissant à convaincre Villanova, c’est–à-dire El Libertador, Bahjat, détourne la navette spatiale emmenant David sur terre,  lequel devient otage du F.R.P. Les villes s’embrasent et le Gouvernement Mondial se retrouve en grand péril. Le noir Boweto prend la succession de Da Paolo terrassé par une crise cardiaque :
      « C’était dans les grandes villes du Nord-Est que la situation était la plus grave, encore que les rapports fussent contradictoires et que Saint-Louis, Denver, Atlanta et Houston fussent la proie des flammes. Phoenix avait été submergé par des bandes hurlantes qui avaient mis à sac les foyers de retraite en l’espace d’une heure ou deux. Dallas-Fort Worth faisait face : les Texas rangers, épaulés par une milice de volontaires puissamment armés, contre-attaquaient rue par rue. »(…)
      « La plupart d’entre eux laissèrent simplement échapper un gaz toxique qui, réagissant sur les muqueuses nasales, provoquait chez ceux qui le respiraient des nausées et des vertiges épouvantables. D’autres, qui étaient des émetteurs microminiaturisés, engendraient des ondes à fréquence ultra-basse interférant avec les impulsions électriques du cerveau humain. Quiconque se trouvait pris dans un rayon de cinquante mètres risquait d’être pris d’une crise paraeliptoïdique. Pendant les tests, des sujets s’étaient tranché la langue à coups de dents et fracturé les articulations dans leurs convulsions spasmodiques. »
      Hamoud, croit avoir toutes les cartes en mains pour tirer profit de la situation. Accompagné d’Evelyn, devenu son jouet sexuel, le Tigre doit retrouver Bahjat et David dans un monde en insurrection. Garrison, l’un des Directeurs d’Ile Un se prépare à fuir à bord de la colonie spatiale, comme de son côté Al Hachémi, qui espère encore que sa petite fille chérie décidera de le rejoindre. La rencontre entre les révolutionnaires, Bhajat, Hamoud, Léo,  et leurs otages, David et Evelyn, leur suggère de soumettre le monde au F.R.P. en coupant l’approvisionnement en énergie solaire à partir d’Ile Un. Pour tenter ce coup de force, il leur faut impérativement gagner la colonie de l’espace, d’autant plus que Léo a besoin de ses stéroïdes pour se maintenir en vie. Utilisant Bhajat comme cheval de Troie, les meneurs du F.R.P s’emparent du satellite, réduisent le Directoire à l’impuissance et font régner la terreur à l’intérieur d’Ile Un. De vastes régions du monde seront privées d’énergie et vouées au froid intense :
      « C’est l’hiver dans l’hémisphère nord, reprit le Russe. Il y a déjà un mètre de neige dans les rues à Moscou. L’électricité ne fonctionne plus à Léningrad depuis l’aube. Rien qu’en Union Soviétique, il y aura des milliers de morts , peut-être un million ou davantage. »
      David ne se résigne pas à l’échec. De par sa parfaite connaissance des lieux, il sera le seul à pouvoir rétablir la situation. Porteur sain de nombreuses maladies, il contamine les belligérants, y compris Bahjat qu’il aime pourtant, se débarrasse de Hamoud le fanatique, libère les membres du Directoire et notamment son père adoptif Cyrus Cobb, remet en fonctionnement les satellites solaires. Sur terre, les émeutes s’arrêtent. Un moratoire est signé entre El Libertador et Boweto qui s’associent dans une nouvelle politique économique du développement. Garrison, et les autres membres du club des ploutocrates, seront dépossédés de leur jouet : David leur impose la mise à disposition des colonies spatiales - notamment Ile Un- à l’humanité pour que celle-ci ait une chance d’échapper à la dégradation écologique de la terre qui finirait, à terme, par l’éradiquer. La construction de multiples et d’immenses satellites, sortes d’arches stellaires assurera la pérennité de l’espèce :
      « Ile Un est le premier pas que fait réellement l’homme dans l’espace. Nous ferons en sorte que l’espèce humaine essaime dans tout le système solaire. Alors nous n’aurons plus rien à craindre. Quoiqu’il advienne de la terre, si stupides et myopes soient les terriens chez eux, nous serons assurés de survivre. (…) la dispersion… c’est la clé de la survivance pour l’Homme. Nous nous éparpillerons à travers l’espace, dans l’immensité de l’univers qui est notre patrie. Un système solaire débordant de ressources  naturelles et d’énergie nous attend. Qui a besoin de la Terre. »
      Cobb est satisfait puisque tout s’est passé selon le plan secret mis au point par lui, à l’insu de David, instrument essentiel de sa réussite. Bahjat, à qui David avait injecté un antidote, accompagnera dorénavant le jeune homme dans son épopée spatiale.
      Une vaste fresque d’un futur proche vécue à travers des destinées individuelles, porteur de valeurs et de croyances contradictoires. L’intrigue individuelle se déroule sur fond d’événements sociaux riches en éléments cataclysmiques, selon une trame simultanéiste. Seul le manichéisme Blancs/Noirs sonne faux aujourd’hui mais restait un thème plausible à l’époque de l’écriture du roman

    6. Type: livre Thème: menaces cosmiques, savants fous et maîtres du monde Auteur: Grégoire KELLER-BRAININ Parution: 1955
      Mac Jeckson du centre des recherches nucléaires d’Yowa City constate dans le ciel la présence de curieux phénomènes lumineux, apparaissant et disparaissant soudainement. Ces flaques de lumière affectent les régions proches, les détruisant totalement.Il fait part de son inquiétude à son ami Hemson pour lui suggérer que les USA sont attaqués par une puissance étrangère, certainement allemande, à coup d’«ondes fluidiques ».
      Hemson lui présente Kürt, un scientifique allemand pro-américain, prêt à collaborer pour résoudre l’énigme. Il importe , si l’on veut éviter que le pays soit entièrement anéanti, de mettre un terme aux attaques vicieuses de cette «force vibratoire » :
      « Il avait dit à Hemson que la terre, tout comme un corps humain, possédait un centre artériel ; qu’elle aspirait les rayons solaires, bien que cela ne fût pas reconnu par la science officielle. Il avait ajouté que la force, plus ou moins radiante, retenue dans l’hermétisme terrestre venait de se transformer en un courant magnétique qui avait parcouru les couches géologiques pour pénétrer dans la région centrale du globe, provoquant ainsi l’explosion d’une atmosphère ignée intérieure. La terre, avait-il dit, n’est pas, ainsi qu’on le croit, une boule de feu entourée d’une croûte refroidie. Son centre est un vide au milieu duquel flotte un noyau central à l’état zéro. »
      Il s’ouvre à Kürt de son intention d’entourer les Etats-Unis d’un « mur du froid », étant de notoriété publique que l’agitation corpusculaire se ralentit à basse température.Mais les attaques de plus en plus meurtrières, saccagent le laboratoire et la maison même de Jeckson, touchant de près sa femme Dolly. Lors d’une discussion avec Kürt, Jeckson comprend qu’il est en présence de son ancien ami Franz Hertz. Devenu fou parce que sa femme a été tuée par la bombe « P » mise a point en Amérique, l’Allemand tient à prendre sa revanche à l’aide de l’appareil propre à provoquer une avalanche « d’ondes fluidiques ». La « guerre des ondes» devrait, selon lui, aboutir à la fin de l’humanité car la lune, désorbitée, se rapprocherait de notre planète jusqu’à la détruire :
      «L’expérience de Franz Hertz a rompu l’harmonie universelle. La rotation de notre système solaire, qui dépendait de cette harmonie, subit maintenant un freinage susceptible d’engendrer le cataclysme céleste que nous avons à craindre. La masse lunaire ne résistera pas aux forces de dissociation. La lune risque de se fragmenter, provoquant une pluie de météores capables de détruire une partie de la vie sur la terre, tandis que d’autres météores, tels des satellites, tourneront autour d’elle, formant un anneau pareil à celui qui entoure Saturne. Mieux : rompant l’harmonie universelle sans avoir atteint une nova, les planètes peuvent devenir vagabondes et tomber les unes sur les autres. »
      Le physicien tue le forcené ; déjà, il est trop tard : la machine infernale a été enclenchée et dans cinq jours au plus tard, la lune s’écrasera sur la terre. N’importe qui, à ce stade, aurait abandonné la lutte, mais pas Jeckson. Pour lui, ce délai suffira à la construction d’une grande arche stellaire sphérique – une terre en miniature- dans laquelle quatre cents couples vogueraient vers Alpha du Centaure. Avec Hemson, il dirige les travaux. Toute l’infrastructure industrielle collabore au projet tandis que la lune, qui s’approche de la terre, fait entendre des « craquements très inquiétants ».
      Des nouvelles alarmantes de séisme proviennent de toutes les parties du globe, dont une, émanant d’un couple de radioamateurs au sujet de leur petit enfant, qui aura le don d’émouvoir Jeckson. Bien que très occupé à la construction de son arche, il prendra le temps d’arracher cet enfant au danger des volcans en éruption. L’échéance fatale est imminente: la lune n’est plus qu’à 20 000 kilomètres de notre globe mais les magasins sont toujours approvisionnés et les gens travaillent comme jamais.
      A l’heure H, l’arche est prête au départ. Elle s’élance dans le ciel au moment où la lune éclate signant la fin de l’espèce humaine. Ouf, sauvé ! Mais non, pas du tout, puisqu’une explosion détruit l’arche, renvoyant l’homme définitivement au néant d’où il est issu.
      L’on comprend que le Dr. Roger de la Füye, neveu de Jules Verne, qui a préfacé l’ouvrage ne « s’en est pas remis » et qu’il attend « la suite avec anxiété… » Rien, au long de ces deux cents pages filandreuses ne vient forcer l’intérêt, ni les personnages, des marionnettes, ni l’intrigue, plate et convenue, ni les éléments scientifiques réduits à un salmigondis, ni le style, approximatif. Un ouvrage auprès duquel les romans de Richard-Bessière peuvent prétendre au prix Goncourt. Bref, une insulte à l’intelligence.

    7. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: Jules HARDOUIN Parution: 1956
      Deltour, ancien lieutenant de l’armée et baroudeur interlope, est tiré de sa prison par le colonel Garnier qui lui demande d’intervenir, en ayant les coudées franches, en Suisse où les morts ne se comptent plus,  autour du discret et pacifique professeur Dowsky. Sous le pseudonyme de Maubert, jouant le chien dans un jeu de quilles, notre agent secret sur mesure s’attire immédiatement toutes les foudres. Celle de Dupré, l’ami de Natacha, fille du professeur Dowsky. Acoquiné avec Seldon, un militant moldo-valache,  et ses sbires, Dupré a monté une ingénieuse combinaison pour voler les plans du professeur ainsi que les échantillons biologiques de ce dernier,  en vue de les revendre au plus offrant.
      Car le professeur Dowsky a un passé trouble. Ancien collaborateur nazi récupéré par les Soviétiques, il élabore depuis, patiemment, les éléments d’une guerre biologique totale. De nombreux laboratoires disséminés dans le monde, et surtout dans sa maison de Lausanne, située au Chemin des Dames, contiennent de nombreux échantillons utilisables de suite :
      « -Les recherches de ton père présentent donc un grand intérêt ?
      -En elles-mêmes certainement ; et, en fonction de la guerre, encore plus. Il a fait équiper des laboratoires semblables à celui qu’il dirige à Neuchâtel dans la plupart des pays européens… Ce sont des laboratoires secrets, bien entendu.
      -Une sorte de cinquième colonne biologique ?
      -Si tu veux. »
      La situation se complique lorsque Maubert tombe amoureux de la seconde fille de Dowsky, Nadia, qui elle, contrairement à Natacha, ignore tout des menées subversives de son père. Lorsque l’on saura que Dupré et l’agent ABZ7384, le contact de Maubert initié par  Garnier,  sont une seule et même personne, l’on comprendra que tout ce beau monde à intérêt à s’éliminer mutuellement, l’arrivée de Stephenson, chef du FBI sur le terrain suisse, servant de déclencheur. D’un autre côté, les Russes ne restent pas inactifs. La mort accidentelle de Dowsky, tué maladroitement par Seldon, donne le signal de la tuerie. Les morts s’accumulent sans que l’on sache (surtout le héros !) sur qui l’on tire et pourquoi.
      Recomposant peu à peu le puzzle, Maubert, avec l’aide de Nadia, échappe aux meurtriers moldo-valaches et à Dupré, se sort des griffes du FBI, évite les balles de Natacha. Avec un coup de pouce de Petrov (agent russe), qui voue une admiration inconditionnelle à Nadia, il récupère les documents dans la villa du professeur, ne laissant en lice que Stephenson et Dupré :
      « Stephenson a mis une chambre à ma disposition et je suis réveillé à neuf heures par le chauffeur noir qui m’apporte mon petit déjeuner sur un plateau. Je n’ai pas dormi beaucoup, mais j’ai dormi fort. Tous mes muscles tiennent encore un meeting de protestation, mais je crois qu’en faisant un gros effort, je parviendrai à me traîner jusqu’à la fenêtre. Bien entendu, si je réussis cet exploit, rien en s’opposera à ce que je le répète jusqu’au bout du monde. »
      Quant à la police helvétique, totalement débordée en cet échange, elle a fort à faire avec l’occupation armée de l’ambassade de Valachie à Neufchâtel que des terroristes radicaux à la solde de Seldon tiennent, tel un fort Chabrol. Eux aussi ignorent qu’ils sont manipulés par Dupré qui élimine Seldon, lequel a fini de lui servir. Finalement c’est Maubert qui tirera les marrons du feu (en doutions-nous ?). Non seulement il gagne le cœur de Nadia (et le reste) mais aussi sa liberté définitive en remettant les documents top secrets à Garnier.
      « Opération Brouillard », au titre bien trouvé, est un roman d’espionnage lisible se déroulant sur fond de guerre froide et de menace biologique. Le style savoureux et distancié ne manque pas d’humour, l’auteur s’amusant beaucoup avec l’imbroglio dans lequel il lance ses multiples personnages.

    8. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Lisa TUTTLE Parution: 1987
      Edward Beal, employé modeste, est hanté par l’idée de la fin de l’espèce humaine qu’il hait pour sa prolifération. S’adonnant aux délicieuses lectures apocalyptiques, il a déjà préparé son sac à dos, sa trousse de survie et s’entraîne à tous les scénarios possibles, envisageant de faire face aux conséquences d’un cataclysme :
      Quand il était plus jeune, Edwin (sic) avait songé à s’enfuir vers l’Ecosse ou le pays de Galles, pour y survivre après l’effondrement de la civilisation. Il avait dévoré des récits de science-fiction évoquant une ère glaciaire ; ou la disparition de l’herbe, des épidémies, des guerres et des invasions extra-terrestres et il avait décidé que dès que les choses commenceraient à aller mal pour une raison ou une autre, il prendrait la route du nord, sac au dos, prêt pour une nouvelle vie dans la nature sauvage. "
      Pourtant,  ce qui va se passer dans la réalité, il ne peut l’imaginer. Alors qu’il se livre à des travaux de jardinage, il déterre un curieux artefact, une sorte de globe lisse et sans faille apparente. Le temps de l’approcher de son visage et une ouverture fortuite laisse paraître une sorte de tête minuscule qui le mord au nez. Très vite, il se sent mal en point, fiévreux, et ne pourra empêcher d’autres morsures.
      Les endroits infectés se gonflent, finissent par éclater en libérant de petits êtres ronds en tout point semblables à l’artefact qui leur a donné naissance. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Cela n’a aucune importance pour Edward Beal lequel, victime fortuite mais consentante, entrevoit là un moyen d’assouvir ses fantasmes sur la fin d’une humanité livrée à de petits aliens mordeurs qu’il chasse de chez lui pour qu’ils aillent conquérir le vaste monde, en l’occurrence la ville de Londres. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que ces petits envahisseurs, finalement très attachants, l’immobilisent pour se constituer une bonne réserve de viande en vue des forces nécessaires à la conquête de la terre.
      Un récit cataclysmique étrange et original.

    9. Type: livre Thème: menaces technologiques Auteur: L. FRACHET Parution: 1939
    10. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: K.R. DWYER Parution: 1975
      Trois actions parallèles se partagent le récit. Celle de Canning, agent spécial de la CIA chargé d’une mission à Peking pour y découvrir le déclencheur humain appelé "Libellule", un Chinois porteur d’une bombe bactériologique extraordinairement puissante. Le microbe libéré agit avec une virulence extrême, faisant des centaines de milliers de morts dans la nomenklatura du Parti, suffisamment pour que Taïwan intervienne et que les Russes, inquiets, entrent à leur tour en scène.
      Le déclencheur passera à l’action par suggestion post-hypnotique et ne peut être que l’une des trois taupes de la CIA infiltrée en Chine Populaire. Canning est aidé dans sa recherche par Tanaka,  une charmante  et efficace interprète.
      Celle de Mc Allister, le supérieur de Canning et responsable de la CIA est toute aussi essentielle. En connection directe avec le président des Etats-Unis, il a compris que certains des membres de la CIA étaient des infiltrés du "Comité", une synarchie d’extrême-droite ayant déjà à son actif l’assassinat de Kennedy .  Dirigés par des milliardaires dont A.C. West, s’appuyant sur des fascistes notoires comme Herringtons, après avoir développé la bombe bactériologique dans un laboratoire secret, ils sont avertis des faits et gestes de Mc Allister par Rice, le propre secrétaire du président US, un homme-lige à leur dévotion,  placé de longue date au sommet du pouvoir en ce but.
      Le troisième est celle du clan des méchants. Leur objectif est de s’emparer du pouvoir présidentiel après avoir provoqué le déclenchement d’une guerre mondiale triangulaire russo-sino-américaine qui, espèrent-ils, fera disparaître le communisme de la surface du globe.  A cet effet, dix autres  Libellules, russes cette fois-ci, sont déjà en place dans le bloc de l’Est. Manipulant par induction post-hypnotique  la pauvre Libellule afin de la contraindre à s’autodétruire, ils seraient déjà passés à l’action s’ils n’avaient commis une bévue.  
      En simulant chez le porteur - un important membre du Parti- lors de l’implantation de la capsule bactérienne durant son séjour aux USA, un comportement décadent (il se serait laissé aller à voir une prostituée), ils n’ont pas prévu qu’il irait expier ce péché à l’égard du marxisme dans un camp agricole, ce qui l’éloignait pour quelques temps des personnalités visées.  Ce délai permet à Mc Allister et à Canning d’agir en vue de désamorcer in extremis la bombe. A cette fin, il aura fallu, pour l’un, de  remonter jusqu’à Rice trahi par son vice, et pour l’autre, jusqu’à Webster le propre ambassadeur américain  en poste à Péking,  afin d’écarter la terrible menace en tuant Choa-Hong, le porteur de la bombe, Webster, le complice des fascistes et le général Ling, manipulé lui aussi par le Comité.
      En définitive, la guerre mondiale sera remise à plus tard. Canning sortira de son état de célibataire en épousant Kanata, Mc Allister débarrassera le monde des derniers maillons du Comité trahis par un Rice manipulé à son tour. Fin heureuse suivie pourtant par une conclusion pessimiste quant au pouvoir des hommes de se diriger eux-mêmes.
      Un roman efficace, une action soutenue. De quoi lire sans désemparer…

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