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Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
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Livres
711 livres
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L'ultime Cite - Par BenF
Un décor de futur proche. Une Amérique écologique qui a déserté les grandes villes, laissées à l’abandon. Halloway, héros en marge, s’envole avec son planeur solaire pour atterrir dans l’ultime cité, au-delà du fleuve. La ville ressemble à un personnage du conte de la Belle au Bois dormant :" Pour la première fois, en pilotant le planeur au-dessus du pont, Halloway vit les voitures, des centaines de véhicules poussiéreux, alignés le long des quais, garés dans les rues vides sur leurs pneus à plat. Des routes immenses s’étiraient partout, avenues de béton et d’acier qui se mouvaient, telle une sculpture serpentine, au travers d’intersections complexes. "
Il y fait successivement connaissance avec Olds, un garçon noir, génial et muet, féru d’électronique, avec Buckmeister, vieil architecte fou, avec Stilmann, dernier prisonnier d’une ville déjà moribonde, inquiétant dans ses agissements , avec Miranda, la fille de Buckmeister, désireuse de rendre la ville aux fleurs et à la jungle. Le projet de Halloway s’élabore peu à peu: redonner à la ville son faste d’antan, ne serait-ce que pour un temps limité et grâce à l’ingéniosité d’Olds. La Cité présente un caractère idyllique au départ:
"Des pigeons en très grand nombre avaient pris possession de la ville silencieuse et Halloway aurait presque pu se croire au milieu d’un vaste sanctuaire pour oiseaux. Des milliers de sansonnets s’étaient rassemblés parmi les sièges d’un stade sportif déserté. Des générations de pinsons et de corbeaux avaient fait leurs nids sur les balcons des bureaux et les banquettes des voitures ouvertes."
Soucieux de secouer l’inertie de la Cité, chaque personnage suit son idée. Pour Buckmeister, il s’agit d’élever une statue à la défunte modernité électronique:
"A moins de cinq cents mètres, sur une plazza, entre deux immeubles de bureaux, Halloway trouva une seconde pyramide. De loin, on eût dit un bûcher funéraire en métaux de récupération : des centaines de machines à écrire, des télex et de photocopieuses pris dans les bureaux de la plazza élevaient un monument à la mémoire des générations d’employés et de secrétaires qui avaient travaillé là. D’étroites terrasses s’étageaient les unes au-dessus des autres et l’entassement des machines à écrire formait d’ingénieuses colonnes baroques . Des plantes grimpantes aux couleurs éclatantes, clématites griffues, chèvrefeuilles aux fleurs rose et jaune, s’entortillaient autour des colonnades de métal et les vives couleurs de leurs pétales illuminaient ce mémorial de rouille."
Olds, n’a qu’un seul désir, celui de voler dans les airs. Il remettra en état le planeur d’Halloway en lui adjoignant un moteur. Stilmann, obsédé par la rage de détruire, vide les devantures de ses mannequins, les écrase et en parsème les rues. Chaque personnage renforce l’obsession de l’autre. Olds travaillera aussi pour Halloway, remettant en état de marche électrique un quartier entier de la Cité. Une vie factice renaît:
"Un après-midi, en rentrant de l’aéroport avec un petit tour pour Olds, il sut qu’il avait réussi. Il s’approchait d’une intersection à cent mètres du commissariat, lorsque les feux passèrent du vert au rouge. Riant tout haut à l’idée de respecter ce signal solitaire dans une cité déserte qui comptait dix mille carrefours et dont il était le seul agent de la circulation, il s’arrêta néanmoins et attendit que les feux reviennent au vert. Un principe important était en jeu".
C’est au nom de ce même principe que les casinos reprennent vie, ainsi que les éclairages publics, les ascenseurs des immeubles d’habitation. Stilmann parcourt la ville ressuscitée en tous sens avec sa voiture. Peu à peu, pourtant, le jeu se détraque. D’autres marginaux, attirés par le bruit de la ville morte, viendront la repeupler pour y jouer aux gendarmes et voleurs. La mort par accident d’automobile d’un piéton improvisé décidera Olds à tout saboter.
Poursuivi par Stilmann et sa bande de mauvais garçons, il s’envolera vers l’Ouest dans le planeur motorisé d’Halloway. Et l’Ultime Cité retombera dans le silence:
" Il contemplait avec ravissement la blancheur crayeuse des vieilles assiettes brisées, aussi éclatantes que celles de la glace concassée, les voies ferrées abandonnées avec leurs locomotives couvertes de mousse, la beauté sans tache de ces déchets industriels produits de techniques et d’imaginations bien plus riches que celles de la nature, plus splendides que n’importe quelle prairie arcadienne. Au contraire de ce qui se passait dans la nature, la mort était absente de ce paysage-ci. "
Nouvelle ambiguë, surréaliste, étrange. Du meilleur Ballard. L’auteur tend à faire de la mort industrielle un lieu esthétique d’une baroque et désespérante beauté.
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La Civilisation Perdue - Par BenF
En 1985, un cataclysme détruisit en une journée toute la civilisation de l’Amérique du Nord. En 4022, l’archéologue Howard Carson et son assistante Harriet ont la bonne fortune de mettre à jour une ancienne tombe funéraire (une chambre de motel) remplie d’artefacts cultuels rarissimes.
Une théorie des rites religieux des Yanks du 2ème millénaire prit forme sur les correspondances suivantes : une cuve de WC = l’Urne Sacrée, le couvercle des WC = le Grand Collier, le bouchon de bonde munie de sa chaînette = le Pendentif Sacré, le Grand Autel = le téléviseur, etc. Cette remarquable démonstration de la rigueur scientifique dans la reconstruction du passé valut à son auteur la notoriété internationale et même un musée à son nom où il put montrer concrètement en quoi consistaient ces rites (voir ci-après)
Dans ce récit didactique pour adolescent, l’auteur, avec un humour corrosif et décapant met en lumière les difficultés et pièges de la reconstitution historique. Un chef-d’œuvre à rapprocher de « Mutarotnegra » de Raymond Waydelich.
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La Guerre De Demain - Par BenF
Du 3 août au 4 août 1925, après un meeting aérien durant lequel le narrateur déplore que l’aviation n’intéresse personne en France, de petits groupes d’avions gris, d’origine inconnue, au fuselage blindé, bombardent des dépôts de munition, des locomotives françaises ou des hangars à zeppelin. De partout arrivent des nouvelles angoissantes :
« Partout, les lignes téléphoniques sont brisées, mais cependant la nouvelle des catastrophes qui s’abattent sur le pays se répand comme une traînée de poudre : rares sont d’ailleurs les localités quelque peu importantes qui n’ont reçu au moins une ou deux bombes, éventrant les maisons, tuant femmes, enfants, vieillards. Presque tous les trains en marche ont été attaqués et détruits : leurs débris rendent inutilisables notre réseau ferré. Les principaux ponts ont sauté dans le pays entier presque à la même seconde. Les dépôts, arsenaux, champs d’aviation, beaucoup de casernes, attaqués par les infernaux avions gris, sont devenus la proie des flammes. »
C’est l’atterrissage forcé d’un de ces engins dans un champ qui révèle leur provenance et leur but :
« A l’heure qu’il est, les colonnes d’autos chargés de fantassins, armés uniquement de fusils-mitrailleurs, ont déjà traversé les frontières. Elles s’avancent sous la protection d’un avion éclaireur avec lequel elles sont en liaison constante. Ce soir elles auront occupé la Belgique entière et la France au moins jusqu’à Paris. Toute résistance est impossible. Nous avons la maîtrise de l’air et toutes vos armes, même si vous en parvenez à en faire usage, seront impuissantes à nous l’enlever ! Deutschland über Alles ! »
Un très court chapitre prospectif et romancé dans un ouvrage analysant les forces allemandes et la menace qu’elles font peser sur l’Europe de demain, dans lequel l’auteur pointe l’arrogance d’une Allemagne revancharde, hostile, guerrière, qui sollicite son aviation pour procéder à la victoire finale sur une France insouciante.
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Brice Merloncourt est un DSSOR (Déchargeur de Salve Spermatique Ondulatoire rapide). Muni de sa carte de donneur forcé de sperme et en dépit de son amour pour Zerbinette, il se fait régulièrement traire la verge par les doigts experts et fonctionnarisés de Véronique-Wanna. Selon les termes mêmes de la chansonnette du jour :
« Bande dur, mon gars
Crache droit, mon gars
Et l’Etat crachera pour toi,
Alléluia ! »
L’humanité au désespoir s’est vue atteinte dans ses œuvres vives par le syndrome du SDS, d’après le nom de l’épidémiologiste Jérémias Schwobhalter, dont le signe est l’impossibilité d’une fécondation normale. Les mâles habituels bandant mou, seuls quelques étalons d’exception comme Brice furent enrôlés de force, à fin de perpétuer l’espèce humaine. Le système d’insémination artificielle étant d’une ardente exigence, Brice dut faire fi de ses fantasmes et se soumettre à la loi. Ce qui le fit parfois mollir. Une première défection pour cause de dépression lui valut un séjour de trois ans dans un bagne lunaire où la traite quotidienne lui était imposée à l’aide de sa propre main, le cerveau en connexion avec des masses de revues pornographiques.
De retour sur terre, repentant et prêt à répondre à nouveau à sa vocation, il apprit que Zerbinette l’avait trompé, que la douce main de Véronique-Wanna avait été remplacée par l’implacable pogne d’une dénommée Charlotte. Ce qui lui causa un tel choc qu’il en décéda.
Au-delà de l’humour volontaire et du sens de la provocation qu’on lui connaît, Daniel Walther signe une authentique nouvelle cataclysmique dont l’enfer passe par le sexe (voir sur ce point « Orgasmachine » de Ian Watson). A noter le style totalement maîtrisé et d’une grande virtuosité.
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Vol. 01 : Le Prix du sang, Presses de la Cité éd., 1986, coll. " Ranger " N°1, 1 vol. broché, in-12 ème , 184 pp. couverture illustrée. roman d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 1984 titre original : First, you fight
thème : société post-cataclysmique
" Le voyageur solitaire savait qu’il se trouvait dans le sud-ouest des Etats-Unis, mais, après l’hécatombe nucléaire, le paysage était pratiquement le même partout : un désert de particules jaune soufre et un horizon plat, cassé ici et là par des blocs de rochers ou l’arrondi d’une colline pelée. Par endroits, les cataclysmes consécutifs aux déflagrations massives avaient nivelé des montagnes entières. (…) Quelques villes partiellement épargnées se protégeaient des hordes sanguinaires derrière de solides remparts. Quelques cours d’eau, aussi, avaient échappé à la contamination ou retrouvé un taux de radioactivité acceptable. Défoncée, crevassée, encombrée de vestiges divers, la chaussée conservait un tracé à peu près rectiligne et Ranger filait droit devant lui en évitant toute halte inutile. Car les immenses déserts du monde post-nucléaire étaient peuplés de pillards, de dégénérés, de mutants, de cannibales, de bêtes féroces "
Celui qui se fait appeler " Ranger " a survécu à l’apocalypse nucléaire qui a dévasté le monde. Dans une Amérique exsangue, il est à la recherche de ses trois compagnons qui, comme lui, ont été engagés au Hiagura et qui peuvent avoir survécu. Victime d’un gaz neurotoxique, il lui est resté une hypersensibilité aux êtres et aux choses ainsi qu’une sorte de prescience, bien utile dans cette société de tous les dangers. Capable de se défendre et spécialiste en survie comme son petit camarade " le Survivant ", il nettoie une bourgade en faisant se battre entre eux les méchants. A savoir, Moon, l’adjoint au maire, traître à Franklin Milland, l’un des chefs présumés, Zeke Aikers, le capitaine psychopathe, l’autre chef présumé, qui guettent l’arrivée d’un convoi d’armes acheminées par les " Glory Boys ", soldats défroqués, cruels et sans pitié, et qui sont à leur tour guettés par les " Krabs ", sortes de monstres mutants et dégénérés. Tout en couchant avec Bess, la tenancière du bistrot, Ranger donne rendez-vous à tout ce beau monde en même temps au même lieu sous le prétexte fallacieux que chacun veut tromper l’autre.
Pendant qu’ils s’éliminent naturellement, Ranger, avec Bess et quelques hommes décidés, délivre la population tenue jusque-là en esclavage. Celle-ci, libérée et armée, décime les Glory Boys. Ranger, avec le sentiment du devoir accompli, continue ailleurs sa quête.
Une série calquée sur celle du " Survivant " qui ne fera pas long feu ( 5 volumes seulement). L’ambiance y est à la violence et au sexe et, de tous les personnages rencontrés, on en trouve bien peu de positifs.
Vol. 02 : Soleil de cendres, Presses de la Cité éd.,1986, collection " Ranger " N°1, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée.
1 ère parution : 1984 titre original : First you fight
Ranger, en déplacement à l’intérieur de son " tapecul " dans la région dévastée de Kansas City, prend fait et cause en faveur d’un petit groupe d’hommes attaqué par les Krabs. Il s’agit d’une délégation destinée à unir la princesse Sandy de Wichita au Comte de Kansas City afin de sceller une paix définitive mais féodale entre les deux cités. Frayling, l’ancien président cacochyme d’un ancien pays ruiné espère cependant toujours rétablir son pouvoir sur les hommes et les choses. Il se sert de Vallone, l’ennemi juré de Ranger, et d’un mutant démuni d’émotions, le Cavalier Noir, pour faire échouer la négociation, à l’aide des Krabs. Grâce à Ranger, la petite princesse se sort du péril, les Krabs sont vaincus et la démocratie réinstaurée à Kansas City. Quant au Cavalier Noir,… il n’est que blessé. Un ennemi de plus pour Ranger !
Vol. 03 : les Ombres de la mort , Presses de la Cité éd.,1986, coll. " Ranger " N°1, 1 vol. broché, in-12 ème , 184 pp. couverture illustrée.
1 ère parution : 1984 titre original : The Stalker
Ranger, parcourant le désert nucléaire, est abordé par des "Survivalists " qui se sont donnés pour tâche d’éradiquer les monstruosités environnantes, les " Freaks ", sortes de gnomes cannibales. Ne suffisant pas à la tâche, ils envisagent d’engager le mercenaire, qui accepte.
Très vite, Ranger se rend compte que ses nouveaux employeurs lui mentent et lorsque son " Tapecul " est volé, il n’a plus aucun doute à ce sujet. Son voleur est une voleuse, une jeune indienne, Patwilli, (Pat) qui deviendra ultérieurement sa maîtresse et qui l’éclaire sur ses douteux patrons. Elle lui apprend que son frère est emprisonné à Drift par Vallone qui compte répandre le neurotoxique NT77 sur toute la région. Le combat de Patwilli devient ipso facto celui de Ranger. D’autre part, son deuxième ennemi, le Cavalier Noir, ne désarme pas. Il envoie vers Ranger une bombe humaine en la personne de son ancien ami de El Hiagura, Garcia, subjugué par hypnotisme. Son coup rate lamentablement.
Garcia, remis sur pieds, se joint à Ranger contre Vallone qui est assailli à coups de grenades fournies par les Indiens. Le frère de la belle est délivré, Vallone mis en fuite (encore !) ainsi que le cavalier Noir. Ranger, quant à lui compte se refaire une santé en séjournant quelque temps dans l’hospitalière tribu de l’hospitalière Patwilli. Mais, au fait, que deviennent les Survivalists ?…
Vol. 04 : Le Guerrier de l’apocalypse, Presses de la Cité éd., 1987, coll. " Ranger " N°4, 1987, 1 vol. broché, in-12 ème , 185 pp, couverture illustrée.
1 ère parution : 1984 titre original : To kill a shadow
Vallone, en compagnie de Crumpet , un scientifique dégénéré, a investi "Underground Lab ", une base secrète d’avant la catastrophe où il se livrent, mis à part les turpitudes commises sur ses esclaves femelles, à la mise au point de chiens tueurs (les " Bulls ") capables d’anéantir les ressortissants des deux campements qui le narguent : celui de Joe , l’ami noir de Ranger, et celui des " Frères Combattants", communauté spirituelle fondée sur la puissance d’un mage-enfant. C’est le Cavalier Noir , avec ses Krabs, qui les provisionne en esclaves fraîches. Ranger sauve la vie d’Ilana, l’une des combattantes du mage. Il est attendu dans ce camp comme le " guerrier de l’apocalypse " qui, selon la prophétie du Saint Livre - en réalité un roman de kiosque de gare intitulé…. " Le guerrier de l’apocalypse"! - les délivrera des méchants. Comme Pat, son amie indienne est aux mains des Krabs et prête à subir les avances du Cavalier Noir, cela lui donne un prétexte supplémentaire pour, avec son ami Joe, diriger la guérilla.
En un premier temps, il tombe dans une embuscade frôlant la mort de très près. Remis sur pied, il organise la défense des campements. Et, lorsque Vallone attaque, il réduit ses troupes à néant, blesse le Cavalier Noir, pénètre dans le labo souterrain, met fin aux expériences inhumaines de Crumpet et – vengeance suprême- tue Vallone. Après toute cette activité il a bien mérité un peu de repos en compagnie de Pat en son campement indien.
Vol. 05 : la Guerre de la route, Presses de la Cité éd., 1986, coll. " Ranger " N°5, 1 vol. broché, in-12 ème , 184 pp. couverture illustrée
1 ère parution : 1985 titre original : Traveler-Road War
Ranger a repris la route en compagnie du Noir Joe Orwell. Dans le village de Drift, ils croisent la piste de Manta, une jeune chef de bande d’une beauté vénéneuse, ennemie de Ranger et alliée du Cavalier Noir. Leur destin se précise le jour où Mac, un vieux chercheur d’or proche de la mort, fait un cadeau empoisonné à tout le monde. Il a découvert l’ancienne réserve d’or d’Howard Hugues, dans une montagne. Il en fera cadeau à tous en divulguant le chemin d’accès, un parcours truffé de pièges de son invention avec, en finale, un or mortel parce que irradié. Qu’importe ! Tous se précipitent vers le trésor, y compris Ranger et Joé qui espèrent, avec cet or, aider la communauté du Noir. Les embuscades se succèdent, accumulant les morts horribles de Krabs ou de cannibales dégénérés.
Ranger, dans son Tapecul, sauvera deux individus de la catastrophe, Linda, une douce jeune fille qui l’honorera de ses faveurs et lui révèlera le piège mortel de l’or empoisonné, et l’odieux Jamaica Jack, le mulâtre aux dreadlocks qui finira découpé en tranches par Manta après qu’il ait trahis ses amis. Ranger, capturé par Manta, ouvrira le chemin de la montagne pour elle, déjouant au fur et à mesure les divers pièges, tels que chute de rochers, trou rempli d’acide sulfurique, arc se déclenchant automatiquement, etc.
Linda, capturée elle aussi, mise à mort par un énorme Krab lieutenant de Manta, sera vengée lorsque Ranger enfermera la diablesse dans le coffre de la salle au trésor où elle accumulera les rems dévastateurs. Grâce à Linda, avec l’aide de deux autres de leurs amis miraculeusement retrouvés, Hill et Margolin, en utilisant le matériel de décontamination pris aux Glory Boys, Ranger et Joe traiteront les tonnes d’or qui serviront aux développement des populations souffrantes, avant de revenir au camp indien où Pat attend son héros.
Avec ce volume se clôt une série qui, semble-t-il n’a pas eu le succès escompté, le N°6 « Enfer Indien » ayant pourtant été annoncé
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La Guerre Des Fauves - Par BenF
Dans l’Inde mystérieuse et mystique, Nagda, une jeune fille, est enlevée par un tigre royal, sans que celui-ci ne la touche. Elle sera libérée par William Osborne, un savant anglais spécialisé dans le domaine de la psychologie animale. Kalkar, le fiancé de Nagda, appartenant à la société des Thugs, le considérera cependant comme responsable et tuera Osborne.
Jug Allan Wandel, le neveu du savant, à l’esprit fragile, fouille le laboratoire du défunt puis disparaît dans la jungle, emportant avec lui des papiers. Sa rencontre précédente avec la belle Djaïzal, bohémienne et princesse à la fois, a fait basculer sa raison, le rendant éperdument amoureux de la fière Indienne. Elena Rhead, sa fiancée légitime, discrètement protégée par son chevalier servant Malo Chanteloup, accepte son sort, poursuivant son chemin en compagnie d’une troupe de Sikhs dont font également partie l’aspirant Hartley et le capitaine Jasper.
Ils n’iront pas très loin dans la jungle, car la révolte s’étend dans tout le pays où de nombreux Anglais seront étranglés par des mains non-humaines, des mains d’anthropoïdes. En route vers la région de Tchandvavana, gouverné par le maharadjah de Narmad, et qui semble être à l’origine de l’embrasement, Malo décide de faire halte dans une casemate, en pleine jungle. Bien lui en a pris car ils est aussitôt assiégé par une armée de singes, suivie de panthères qui passent à l’attaque. Tout se passe comme si les animaux, téléguidés, s’opposaient aux hommes, principalement aux Anglais, et cela semble être le fait de l’invention d’Osborne que quelqu’un doit avoir activé :
« Tout ce qu’on peut déduire des faits, c’est ceci : le docteur Osborne avait réussi à découvrir que ce que nous appèlerons, faute de mieux, l’âme d’un être, ou, si vous préférez un terme moins abstrait, la sensibilité de son cerveau, est une sorte de récepteur des influences extérieures, analogue au détecteur d’un appareil de télégraphie sans fil, que des ondes, émanées d’une source plus ou moins lointaine, stimulent, dirigent ou modifient, au gré d’un opérateur. »
C’est ce que Jasper avait déjà constaté auparavant puisque les chevaux de la petite troupe s’étaient retournés contre eux, leur refusant tout service. Terrifiés et terrés dans la casemate, les soldats demandent au major Seelay, par pigeon voyageur, de venir à leur secours. Celui-ci, ayant arrêté le prophète Vivaravna, qui prêche l’amour universel et la tolérance, s’engage avec son armée dans une marche forcée pour délivrer les prisonniers dont le sort est de plus en plus précaire, quand les éléphants se mettent de la partie :
« Le fracas des détonations couvrit le tumulte du dehors. A la lueur des flammes qui jaillissaient des mitrailleuses apparut confusément dans l’ombre une sorte de vague gigantesque, comme si la nuit s’était soudain condensée en masses difformes et monstrueuses. Des fragments s’en détachèrent, s’écroulèrent, d’autres vinrent culbuter par-dessus, formant tout d’un coup une muraille énorme et pantelante. Mais un instant après, elle s’ébranla, oscilla, creva partout à la fois, laissa de nouveau passage à la ruée. Et cela vint s’abattre sur le mur du fort. »
Seelay leur recommande de creuser un tunnel sous la casemate d’où il pourra opérer la jonction. Traqués par les éléphants qui piétinent le sol au-dessus d’eux, Malo et Elena seront sauvés d’extrême justesse. Elena, sortie de danger, écrasée de fatigue, s’endort en sécurité au bivouac lorsqu’elle est enlevée par le même tigre qui avait déjà pris possession de Nagda, et qui l’entraîne au palais de Narmad. Elle se réveille aux pieds de Djaïzal et de Jug, les véritables responsables de la révolte.
Devenus déments par ambition, ayant réduit à l’impuissance le roi légitime du palais, s’étant appropriés l’invention télépsychique d’Osborne, les amants diaboliques rêvent de chasser les Anglais de l’Inde, puis de conquérir la terre entière grâce aux animaux :
« Regarde cette ligne bleue que le pouvoir des ondes psychiques pousse sur le versant de la montagne, c’est l’armée des éléphants. Elle atteint maintenant la crête, la surmonte, la déborde. Ce sera, avant quelques heures, un formidable écrasement. Que pourront les canons, les inventions du misérable génie des hommes, contre cette masse invincible ? Ah ! Djaïzal, Djaïzal ! Le ridicule petit royaume de Narmad aura pour bornes, l’an prochain, le golfe du Bengale et les plaines mongoles !… Dans dix ans, pour l’anniversaire de nos noces, je te donnerai la terre en cadeau ! »
En attendant, le major Seelay, arrivé sur les lieux, combat toujours les éléphants, en y laissant sa vie. Rien ne semble pouvoir arrêter la masse triomphante :
« La horde, maintenant, continua sa route. Des montagnes, des forêts, des vallées. Il en venait d’autres, d’autres, d’autres toujours. La Force développait son pouvoir, dépassait les frontières, envahissait la planète, commençait d’éveiller tout là-bas, dans les plaines chinoises, sur les plateaux tibétains, au fond des neiges afghanes, de farouches consciences animales qui aspiraient dans l’air un désir de tuerie. La terre s’en revenait peu à peu aux terreurs des premiers âges, quand les grands mammifères en étaient les seuls hôtes et que l’homme, tremblant, se cachait au fond des cavernes pour les éviter. »
Pourtant, le sort est capricieux. L’arrivée inattendue de Malo Chanteloup sur les lieux libère Eléna et mettra un point final aux menées diaboliques des amants fous.
Un récit populaire d’aventures exotiques sur fond d’application scientifique. Les personnages taillés d’une seule pièce, les actions héroïques et la sauvagerie de l’Inde, s’effacent devant la force brutale des animaux ligués contre l’homme. Un récit modèle du genre.
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C’est à Cousin de Grainville qu’Elise Gagne a emprunté le personnage d’Omégar, dernier homme sur terre.
Les péripéties du premier « Omégar » se déployaient dans un environnement que l’on peut considérer comme rationnel, avec une intrigue crédible, malgré l’emphase et la boursouflure du style.
Ici, au contraire, le personnage sert de support à l’apologétique. Tout entier dévolu à sa mission, soit la défense et l’illustration de la foi chrétienne, il montre la voie de l’excellence par la pratique de la dévotion et de la vertu. Car ce qui attend le méchant, c’est la fin du monde.
L’œuvre, qui n’est pas un roman mais « une proso-poésie dramatique », c’est-à-dire une épopée théâtrale précédée et entrelardée de poèmes, prend sa source dans « l’Unitéide », œuvre de son mari, Paulin Gagne, cité en tant que « fou littéraire » dans l’excellent ouvrage d’André Blavier.
L’Unitéide est un personnage féminin, l’Eglise incarnée sur terre, missionnée par Jésus lui-même pour asseoir la foi en ce siècle impie :
« L’Unitéide, Eliavas, était, je vous l’ai déjà dit, la personnification vivante de l’Eglise de Jesus-Christ. Tant qu’elle l’a pu, ou, pour mieux dire, tant que Dieu l’a permis, elle a continué l’œuvre du divin Crucifié en ce monde ; moi, je ne suis qu’une sorte de bouc émissaire plié sous le poids des iniquités d’autrui, et chargé de les laver dans les eaux de la pénitence, de la douleur et de l’expiation. »
Le personnage d’Omégar qui apparaît à la fin de ce pesant ouvrage, a inspiré l’épouse de Paulin, qui l’en a extrait pour lui faire vivre une aventure autonome, celle de sa rédemption à la mort de toutes choses.
Le deuxième pilier sur lequel s’appuie l’ouvrage d’Elise Gagne est l’apocalypse de Jean et ses sombres visions. Omégar sera entouré d’une pléiade de personnages représentatifs et symboliques, ou du mal, ou du bien.
Théolinde, l’épouse d’Omégar, est une sainte femme, lui ayant donné deux enfants, Romualt et Nésilda. Les domestiques fidèles font partie de la famille depuis le début : Omégar peut compter sur Babolein et Fabiane pour traquer le démon sous ses divers déguisements.
L’Unitéide, déjà citée, est une figure extraordinaire avec laquelle Omégar s’entretient à plusieurs reprises et qui l’aide dans sa mission. Eliavas, évêque de Provence et directeur de conscience d’Omégar, est aussi son ami. Il lui donne la réplique et l’aide à découvrir son moi profond. Adam, le premier homme est le mentor d’Omégar, Rosaniel, un ange(!), amoureux de Nésilda. Enfin Satan, le tentateur, apparaîtra sous diverses formes, notamment lors du jugement final où seront aussi convoqués tous les saints et les archanges, ainsi que la Sainte Trinité, les rois de France, etc., etc.
Une quantité non moins grande de personnages porteurs de tares sociales ou anti-chrétiens, servent de repoussoir à l’auteur. En vrac, on citera Babylas, le journaliste prétentieux et médisant, Hélémus, le poète médiocre, et Berthas, l’écrivain scandaleux.
Ceux que Dieu vomit, bien sûr :
« Au courroux tout-puissant de la Divinité,
Seule, la noble France a longtemps résisté ;
Mais, se courbant enfin sous l’horrible tempête,
D’un crêpe funéraire elle a voilé sa tête.
Par vingt fléaux divers Hercule terrassé,
Du livre des vivants son peuple est effacé ;
Une trombe de feu s’est ouverte autour d’elle
Et forme un noir volcan d’où la lave ruisselle…
Maintenant sur les bords de ce volcan qui bout,
Une seule famille est encore debout !
Par le glaive divin jusqu’alors épargnée,
Elle attend son arrêt, pieuse et résignée…
Cette noble famille a pour chef Omégar. »
Cette noble famille se réunit en divers lieux, soit à l’Hôtel-Dieu, à Paris, où se réfugient les survivants lors de l’écroulement de la cité, soit dans le domaine d’Omégar, appelé le « Bouton d’or » ou la « Rose d’Or », près de Marseille, soit encore dans les ruines du vatican.
Omégar, qui est enfin arrivé au bout de sa longue route, a connu un destin extraordinaire voulu par Dieu afin qu’il puisse par sa vie, racheter à travers ses souffrances, les péchés des derniers humains. A l’instar du Juif errant, il traverse les millénaires. Très vieux, mais d’apparence mûre, il a connu bien des hommes et fait bien des sottises narrées sans complaisance par l’auteur, mais il n’a jamais perdu de vue sa mission, épaulé par Adam, et malgré les nombreuses tentations à son encontre permises par Dieu à Satan.
Il a vu mourir avant lui –ce qui est logique puisqu’il est le «Dernier Homme »- sa femme Théolinde, sa fille Nesilda, sa bru Néréline, fauchée à la fleur de l’âge, et Romualt, qui, fou de jalousie et sous l’emprise du démon, s’est suicidé; Eliavas même, son quasi-frère, dont Dieu en personne a organisé les pompes funèbres. Les prémisses de la fin de toutes choses apparaissent sans équivoque :
« Les villes, veuves des nombreux habitants qui les peuplaient, ne sont plus que des déserts sillonnés de cendres et de débris ; les plaines et les vallées ressemblent à des ravins profonds qu’une pluie sulfureuse aurait creusés ; le vent impétueux de la colère divine a tout balayé, tout anéanti, depuis le grand chêne jusqu’à l’humble violette, depuis l’aigle superbe jusqu’au timide moucheron. »
Dieu est irrité par ce siècle menteur et pervers, par les immondices que charrient quantité de littérateurs pervers, principaux responsables du mal ambiant, boucs émissaires d’Elise qui les envoient dans les feux de l’enfer :
« Entraînés sur la pente funeste de l’incrédulité, séduits par les dangereux sophismes de cette horde coupable d’écrivains dont les aïeux remontent surtout au XVIIIème et XIXème siècle, ils ont méprisé tous les signes qui leur annonçaient, d’une manière bien évidente pourtant que le triomphe du mal touchait à sa fin ; ils ont redoublé de bravades et de folies, et quand l’heure de la punition a sonné, ils ont osé se plaindre de n’avoir pas été avertis. Les malheureux !
Comment étaient-ils assez dépourvus de raison pour ne pas voir dans le dévergondage des mœurs de la société, dans les révolutions, dans les guerres, dans les pestes et les famines qui fondaient sur eux rapides comme la foudre, des preuves incontestables du courroux de ce maître puissant qu’ils bravaient avec tant d’insolence et d’audace. »
A la « Rose des Vents », Eliavas annonce à Omégar la survenue de la fin. L’agonie de la terre a commencé. D’ailleurs l’Antéchrist règne sur le monde, pourtant puissamment combattu par l’Unitéide.
Nésilda annonce à son père qu’elle est amoureuse d’une colombe qui n’est autre que l’ange Rosaniel. Omégar attend des nouvelles de Romualt se trouvant à Paris, ou plutôt dans ce qui reste des ruines de la ville-lumière :
« A la place où jadis trônait le Panthéon,
Croissent en liberté l’ortie et le chardon,
Ton Louvre colossal, tes vieilles Tuileries,
Ton Luxembourg propice aux douces rêveries,
Ton grand arc de triomphe où le nom des guerriers
Flamboyait entouré d’un cadre de lauriers,
Ta Notre-Dame au front tant de fois séculaire,
Tout cela n’est plus rien qu’un amas de poussière !... »
A l’Hôtel-Dieu encore debout, les rares survivants viennent raconter leurs bienfaits ou leurs exactions, dressant ainsi un tableau des turpitudes morales de la société française de l’époque:
« Les lois ? on les méprise ! Les enseignements que les ministres de l’Evangile laissent tomber du haut des chaires sacrées ? on va les écouter comme un drame o un opéra nouveau, sans en être touché, sans y puiser un seul motif de réformer sa conduite !... Les liens de famille ne sont plus qu’une chaîne usée ; le mariage, une association mercantile; l’autorité paternelle a perdu toute sa puissance; la vieillesse, si respectée dans les premiers âges du monde, est devenue l’objet des plus cyniques railleries ! Prêché par des livres auprès desquels ceux des Balzac, des George Sand, Eugène Sue, des Frédéric Soulié étaient des traités de haute morale, l’adultère ne prend plus la peine de se cacher (…)
Le luxe surpasse toutes les extravagances, toutes les modes ruineuses qu’on lui reprochait si justement autrefois : grandes dames, artisannes, bourgeoises, paysannes même, c’est à qui inventera les costumes les plus bizarres, c’est à qui se livrera aux excentricités les plus monstrueuses pour attirer les regards ! En un mot, le monde n’est plus qu’une vaste succursale de Charenton, de la Roquette, de Saint-Lazare, où la folie, le crime et le vice s’abandonnent sans aucune retenue à des excès qu’ont ignorés Sodome, Gomorrhe, Ninive, Babylone, voluptueuses et coupables cités que la colère divine a réduites en cendres ; »
Perpétue, une bonne sœur et Thaïs, une prostituée, se repentent, et l’une et l’autre. Gaëtan, un jeune noble, reconnaît en Thaïs l’objet de ses désordres. L’abbé Philoxène, un saint homme, a sauvé la vie de Marc, l’oncle d’Omégare. Alors que le fringant Gaëtan est stigmatisé comme symbole de la jeune impiété, d’autres personnages, encore plus lourdement pécheurs, font leur apparition.
Ainsi en est-il de Babylas, le corrupteur des mœurs, rédacteur du scandaleux journal « le Messager des étoiles ». Et Berthas, le critique, en qui Hélémus le poète reconnaît son « assassin littéraire ». Tous mourront dans l’écroulement de l’Hôtel-Dieu, sauf Romualt et Géréline transportés à bord du char de l’Unitéide vers la « Rose d’Or ».
Durant le déplacement, le jeune couple perçoit le chœur des âmes de leurs compagnons défunts reçus malgré tout au paradis tant la mansuétude du Christ est grande; (Quoique Babylas…)
A la Rose d’Or, les événements ne s’arrangent pas vraiment, bien qu’Omégar a la certitude que c’est l’endroit du monde qui résistera le plus longtemps à la dégradation universelle, ce qui donnera le temps à Elise Gagne d’approfondir longuement le passé des principaux personnages. Elle ne nous cachera rien de l’amour éclos entre Romualt et Géréline, des soupçons que Géréline partage avec Nésilda, de la peine qu’elle a ressentie envers Gaëtan qui s’abandonna jadis à la débauche. L’arrivée de Satan déguisé en vieille femme, lequel espère attirer Géréline dans son piège, permettra au lecteur de souffler un peu, jusqu’à ce que Eliavas déjoue le complot.
Puis l’auteur se penche sur le passé d’Omégar. Celui-ci est né à Rochemaure, en Languedoc, en 1770. Nous sommes en 2800. Son enfance souffreteuse de petit garçon chétif rencontrera bientôt les annonces du curé de Candale qui lui prédit un destin exceptionnel. Plus tard, toujours épaulé par Adam (qu’il ne reconnaît pas), il s’éloigne des grands centres urbains, à la vie agitée ; son austérité et son parler-vrai le livrent à la vindicte de ses ennemis à la cour du roi de France ; sa vision de l’histoire, son abjection devant la Terreur, son horreur en face de l’exécution de Louis XVI considérée comme un assassinat, son voyage en Suisse et en Europe avec d’autres émigrés, lui permettent d’accumuler une grande expérience de vie.
Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin. Son opinion (défavorable !) devant les grands mouvements littéraires de son époque, Romantisme surtout, l’instauration de la République, un voyage en Inde puis dans le monde entier, enfin un retour tardif en France, lui font préférer une installation en une retraite sûre qui deviendra « la Rose d’Or».
Entre temps de si profonds changements avaient affecté son pays qu’il demanda conseil à l’Unitéide. Il confia aussi à Eliavas l’histoire de ses égarements féminins ou comment il a pu être berné par la perfide Mme de Boisgonthier « une nouvelle Armide, un serpent venimeux », en espérant que Dieu lui pardonnerait ce faux-pas. Eliavas le rassure. D’ailleurs d’autres sujets de préoccupation le retiennent, dont notamment, la mort de Romualt dans les ruines du Vatican, dont il ne peut que constater le décès, après son arrivée expresse sur les lieux par ballon dirigeable. En d’ultimes instants de doute partagés par Eliavas, assis devant un décor méditerranéen, après l’agonie de sa fille , Omégar constate qu’il reste le dernier vivant. Autour de lui croule la Terre :
« Le vent hurlait, la nuit d’un lugubre suaire
Recouvrait tous les points de ce vaste hémisphère,
On entendait au loin le bruit sourd des grands monts
Qui roulaient foudroyés dans les gouffres profonds,
Les arbres se tordaient sous l’orage en furie,
Les derniers animaux râlaient leur agonie,
Des blocs de feux, poussés par l’aquilon fougueux,
Tombaient en allumant l’incendie après eux,
La terre s’enfonçait par degré dans l’abîme,
Et l’avide Chaos attendait sa victime… »
Au ciel se prépare le Jugement Dernier, le dernier acte.
En concertation avec David et Isaïe, Saint Jean, la Sainte Vierge et bien d’autres, Jésus déplore la sévérité dont il va faire preuve mais, que voulez-vous, il ne peut se délaisser de sa rigueur et remettre le jugement des iniquités à plus tard : la Terre devra disparaître, Omégar devra être sauvé en dernier, puis, tout étant consommé, la Jérusalem céleste accueillera les âmes méritantes et l’Enfer les corrompues :
« Quand la famille humaine, en deux camps partagée,
Par l’arrêt sans appel tout entière est jugée,
Il (=Dieu) se recueille et fait un geste de la main,
Auxquels les morts-vivants obéissent soudain.
A sa droite, et conduits par la paix et la grâce,
Sur des trônes d’éclairs les élus prennent place,
Tandis que précédés d’un groupe de démons
Aux pieds tors, à l’œil louche, aux impudiques fronts,
Les maudits, exhalant des plaintes sépulcrales,
Prennent le noir chemin des rives infernales.
La haine de son dard aiguillonne leurs pas,
Derrière eux les rochers croulent avec fracas ;
Comme un vaisseau géant, la terre ballottée
Sur les vagues de feu d’une mer agitée
Lutte avec l’ouragan, dont le choc furieux
Tout à tour la rapproche et l’éloigne des cieux »
Si nous avons analysé aussi longuement cet ouvrage d’une rareté extrême, c’est qu’il représente un exemple typique du dévoiement du thème du « Dernier homme », utilisé dans le seul but d’édification morale et pieuse, et considéré comme un brûlot contre les hérétiques de tous poils. Personnage préféré des « Hétéroclites », le « Dernier Homme » souffrira, jusqu’à une époque avancée de son histoire, de cette thématique religieuse et de sa proximité avec l’Apocalypse de Jean. Il lui aura fallu très longtemps pour redevenir enfin le dernier homme sur une terre libérée de l’espèce humaine (Voir à ce sujet « le dernier Homme » d’Atwood ou « le Monde, enfin » d’Andrevon).
Quoique l’ouvrage soit composé en un style soutenu, et bien que sa prose poétique ne nous émeut plus guère, malgré ses interminables digressions, romans dans le roman qui alourdissent l’intrigue – déjà bien lourde en soi – Elise Gagne possède certaines qualités de style, gâchées , hélas ! par sa monomanie anti-sexe et sa haine hystérique à l’égard des littérateurs « pervers ». Son conservatisme politique et son aigreur de n’avoir su percer dans le champ romanesque ne font aucun doute. Ce qui a pour conséquence qu’Omégar, le dernier homme dormira enfin tranquille du sommeil de l’éternité.
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Les Univers Perdus - Par BenF
La fin du monde a eu lieu, inexplicablement, laissant en présence un couple, Claire et Jacques. Lui, dernier représentant mâle sur terre, du moins le croit-il, convoite Claire, qui se refuse à lui, comme d’habitude dans ces cas-là. Elle espère encore revoir Bernard, un énarque, à qui elle était fiancée.La situation semble bloquée jusqu’à l’apparition d’un robot, dit « la Puce Thomson », dévoué à leurs personnes et dont la présence reste mystérieuse. Il faut dire que le couple, maintenant qu’il est seul sur terre, arrive à concrétiser ses fantasmes inconscients et crépusculaires. C’est un de ces soirs qu’apparaîtra le fameux Bernard, vêtu en barbare et accompagné par trois jeunes filles niaises et à peine nubiles.
Il dit s’appeler Beluga le Barbare et vient reprendre son bien, c’est-à-dire Claire. Très agressif à l’égard de Jacques, Beluga lui cherche querelle. Les deux hommes se battent à coups de tisonnier et d’épée. Jacques sorti vainqueur du combat, Bernard s’effondre en pleurnichant, prêt à écouter son adversaire dans sa tentative d’expliquer leur vécu, ce que le lecteur attend aussi avec impatience. Pour Jacques, cette situation étrange est au fond banale ; il ne s’agirait que de la mise en scène du fameux triangle classique, le mari, la femme et l’amant, mais vu du côté d’extra-terrestres qui, siégeant dans des univers parallèles, se délecteraient du spectacle ! En projetant dans l’esprit de chaque être humain l’illusion qu’il est le dernier représentant de son espèce, ils analyseraient une sorte de pantomime grotesque pour leur édification personnelle. D’ailleurs le robot et les filles niaises ne seraient que des éléments non essentiels au déroulement du récit. (Le lecteur partage cet avis).
Cette thèse aurait quelque vraisemblance puisque, ailleurs, au fond de l’espace-temps, deux extraterrestres, l’un appelé « le Maître » et l’autre dit « Blorg » arrêtent leur surveillance pour rendre compte de leurs actes au « Conseil Impérial » dont ils relèvent.. Mais, peut-être, tout ceci n’est-il au fond qu’un rêve dont sortent nos trois protagonistes après une soirée exagérément arrosée.
Une tentative (ratée) de présenter les situations de la dramaturgie classique sous les oripeaux de la science-fiction. En s’emparant du schéma éculé de « la fin du monde », par une intrigue des plus banales, assaisonnée d’une distanciation qui se veut ironique, émaillée de «private jokes », l’auteur espère captiver son lecteur. Mais non!. Ledit lecteur se félicite finalement que ce texte très court ait eu une diffusion confidentielle.
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La Guerre Des Fees - Par BenF
Le monde d’aujourd’hui rend tristes les « fées-jadis ». Les «fées-maintenant », électricité, vapeur, ont envahi l’univers entier et s’en prennent à Viviane, aux esprits de l’air et de l’eau :
«Ce fut un beau concert de plaintes, Allez !!!.. Tonitru-le-Tonnerre montra son dos lardé de trous de paratonnerres, Rosa-la-Rose, ses pétales meurtries par le pilon des parfumeurs, Potamos-le-Fleuve sa barbe remplie par les déchets d’égouts, et ainsi de suite pour tous les protégés des fées. Indignée, l’assemblée des fées décida la guerre. Et l’on dépêcha aux hommes Wou-Wou-le vent pour les sommer de renoncer aux fées-maintenant et à leurs algèbre.»
Mais «les ondes hertziennes» ayant donné l’éveil, il dut battre en retraite non sans avoir pris en otage le fils du président de la République universelle, le jeune Plumm-Pudding.Celui-ci put de justesse donner l’alerte à Kodak-le-Furet et Téléscope-le-Borgne.
La guerre débute. Les fées-jadis rangent les arbres de la forêt en ordre de bataille, que les allumettes réduisent en cendres. Pour pallier ce sort funeste, Potamos le Fleuve déverse des tonnes d’eau qui noient villes et villages tandis que dans l’océan les génies des eaux se font tailler en pièces par le cuirassé « Vobiscum ». Plumm-Pudding, entraîné au fond de l’océan dans la ville englouti d’Ys, est sommé de se marier avec la vilaine Carabosse, sous l’œil attentif des fées. Mais son père ne l’entend pas de cette oreille. Avec son sous-marin, il éperonne les murs de la ville détruisant les palais à coup de torpilles. Plumm, gardé par Maelström, à bord d’une baleine, est évacué vers le pôle sud, en Atlantide, en présence de tous les personnages des contes populaires :
« Et soudain un éblouissement de pierreries et d’arcs en ciel, des coupoles d’aurores boréales, un soleil de minuit enchâssé dans un minaret de cristal… ATLANTIDE !... Tout le monde descend !…»
«Ma Sœur Anne», qui est montée sur la plus haute tour, voit avec tristesse l’artillerie des fées-maintenant «qui flamboie». Elle aperçoit les licornes en déroute face au chemin-de-fer, les griffons, désarçonnés dans leur vol par l’armée des ballons dirigeables, enfin les quatre volcans qui crachent le feu. Ces éruptions, situées dans l’axe du monde, arrachent l’Atlantide de la terre pour la projeter sur Saturne. La bataille semble perdue. Le père de Plumm s’avance victorieusement sur son cheval mécanique afin de recevoir la clé du royaume des fées de la main de Viviane. Les quatre volcans seront circonscrits et le mammouth, qui a servi de monture à Plumm , découpé par la fée-Vivisection.
A Paris, à l’annonce de ces nouvelles, la révolte gronde : les becs de gaz mettent la crosse en l’air, la Bastille est renversée et la colonne de Juillet force les grilles du Pudding- Palace. Pour que la paix règne à nouveau dans la nature, le jeune Plumm-Pudding consent à épouser Carabosse qui se transforme illico en une adorable jeune fille.Pochade surréaliste et fantastique débridée, à l’usage des enfants sages du début du siècle, «la Guerre des fées» n’en représente pas moins un témoignage de la modernité présente dans les lettres françaises avec «Zone» par exemple,(«A la fin tu es là de ce monde ancien, Bergère, ô Tour Eiffel
Le troupeau des ponts bêle ce matin») ou dans les tableaux de Delaunay. Tendance qui traduit autant l’ivresse du mécanique, la disparition des mythes antiques, que la toute-puissance de la « fée électricité ».
Un message présent dans la littérature conjecturale de l’époque, avant les inquiétudes liées à celle de 14-18.
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On Se Bat Dans L'air - Par BenF
Des avions stratosphériques du type U-1236, en provenance de Minsk, bombardent sans préavis la capitale française. La Russie soviétique, avec la neutralité bienveillante de l’Allemagne, entre en guerre contre la France, une guerre essentiellement aérienne qui devrait donner aux Soviétiques la domination du ciel :
« Il était bien établi que chaque avion stratosphérique était porteur de cent bombes de cinq kilos, dénommées « bombes vertes » et terriblement offensives, en raison de leur action incendiaire immédiate et puissante. Ces bombes lancées en « arrosage » et tombant de 15000 mètres d’altitude sur une ville comme Paris, devaient provoquer une multitude de foyers d’incendie, absolument impossibles à éteindre par les moyens actuels. »
Les Français les attendent de pied ferme et lorsque l’escadre russe bombarde Metz-Frescaty, lorsque le danger se fait pressant, toujours disciplinés, les Parisiens se dirigent en masse vers leurs abris souterrains.
Le pays se repose entièrement sur ses pilotes. Ce sont les exploits héroïques d’une de ces patrouilles aériennes qui feront l‘objet du récit. Le groupe du capitaine Servin, un brin paternaliste (« En route les enfants !… »), qui compte notamment en ses rangs Anceny le héros, fonce « crânement» au-devant de ses adversaires. Audacieux dans les combats aériens, ils défont les escadrilles ennemies, porteuses de bombes mortelles. L’escadrille 135, celle de Servin, basée à Neufchâteau, se verra confier une mission particulière : détruire les immenses aérostats volants qui servent de porte-avions aux armées ennemies. Sans préavis, Paris est à nouveau sauvagement bombardé :
« Des ruines fumantes, des immeubles écroulés montaient des cris de douleur, tandis que la nappe nocive des gaz s’infiltrait par les prises d’air éventrées de certains abris qui avaient cédé sous la violence d’explosion des projectiles, des bombes vertes « Elektron » de 10 kilos, exclusivement incendiaires, dont l’incandescence dépassait très certainement 3000 degrés. »
C’en est trop. L’escadrille 135 se réunit au-dessus du SkagerRak, en mer du Nord, près du Jutland : là sont basés les dirigeables porte-avions ennemis. Une lutte serrée s’engage contre les monolithes qu’il est très difficile d’atteindre. Lorsque, désespérée, l’escadrille des Français décroche, Anceny se met en embuscade dans les nuages, attend le moment favorable et, seul, se lance à l’assaut :
« Un fracas terrible soudain déchirait l’air, Anceny avait bien placé ses bombes. Le dirigeable S-17, touché à mort, faisait explosion et de l’énorme carcasse métallique qui se repliait en deux avant de s’abattre, les hommes d’équipage atterrés, mi-asphyxiés, cherchaient à s’enfuir par toutes les issues. D’aucuns sautaient en parachute, d’autres se jetaient par-dessus bord pour ne pas périr calcinés dans l’immense brasier qui, durant quelques minutes, allait incendier le ciel.»
Il regagne sa base de Neuchâteau où l’attend une surprise: l’arrivée d’une escadrille de femmes, elles aussi décidées à en découdre. Il y retrouve une amie d’enfance, Ariane de Rivet, à qui le lie bientôt un tendre sentiment. Il propose au général Hardier un plan risqué et grandiose : celui de s’infiltrer en territoire ennemi, accompagné d’Ariane (elle seule maîtrise parfaitement le russe) afin de saboter l’usine de production des dirigeables-cargos. Hardier accepte. La mission, quoique périlleuse, se déroulera sans anicroche. Près de Smolensk, leur objectif, ils camouflent leur petit avion de reconnaissance, infiltrent la base en se fondant parmi les Russes, y déposent des explosifs à retardement et reprennent la voie des airs. A Smolensk, se déchaîne le chaos:
« En dix minutes, le centre de Smolensk, si majestueux dans le calme paisible qui l’entourait alors , était devenu une véritable cité de l’horreur et du désastre. Sur la ville même, d’énormes blocs de granit ou d’acier, projetés en l’air par la déflagration, avaient crevé les toits des habitations. Femmes et enfants s’enfuyaient en pleines ténèbres et l’on n’entendait qu’un seul cri de détresse se prolongeant dans la nuit : -Smolensk brûle !… Smolensk brûle ! »
Les Russes en colère (on les comprend) ont décidé d’abattre les téméraires. Sur le chemin du retour, alors que les deux tourtereaux se croyaient déjà à l’abri, s’abat sur eux l’escadrille de Smirnoff, en embuscade au-dessus du territoire allemand. Un combat homérique allait se dérouler là, à un contre quarante… Anceny, stimulé par Ariane et l’odeur de la poudre, accomplit des prouesses, mais ne peut s’empêcher d’être grièvement blessé dans son cockpit et… sauvé finalement par ses amis de la 135 qui s’étaient portés opportunément à son secours.
La guerre se poursuit. Les Soviétiques, prêts de perdre la supériorité aérienne, engagent leur infanterie :
« Les derniers rapports reçus ce soir des groupes II et III, après plusieurs missions de reconnaissance à basse altitude, situent la position des armées ennemies sur une ligne fictive Aix-la Chapelle-Mayence-Fribourg., avec de très nombreux renforts dissimulés dans l’Eifel et dans la Forêt-Noire. »
La nouvelle cible est Le Creusot que les Russes espèrent détruire pour priver les Français de leur production d’acier. La 135, toujours d’attaque avec Servin en tête, est sommé de briser l’offensive. Dans l’engagement, les Russes fléchissent et commencent à se replier, mais, lors d’un dernier accrochage au-dessus de Lunéville, Servin est blessé à mort. Comme Bayard jadis, il meurt en héros :
« Le major, qui s’apprêtait à faire une nouvelle piqûre, se releva et à voix basse : -C’est fini, dit-il, le cœur ne bat plus. Un lourd silence suivit ces paroles. Muets, au garde à vous, ces hommes rudes et courageux refoulaient difficilement leurs sanglots, tandis que dans le ciel d’une limpidité rare, d’un bleu intense, d’une pureté due à tant d’héroïsme, montait l’âme généreuse et fière du capitaine Servin, mort pour la France. »
Grâce à l’armement perfectionné des Français, à leur courage et leur ténacité, à ses alliés tardifs (le Japon et la flotte américaine du Pacifique), les Soviétiques demanderont grâce.
Une guerre future et… rêvée, telle que les Français auraient aimé qu’elle se déroulât dans la réalité. Ce roman, écrit par un spécialiste de l’aviation, comporte tout un descriptif technique qui le rend vraisemblable et intéressant malgré les défauts inhérents à ce type d’ouvrage : sentimentalisme doucereux, patriotisme exacerbé, paternalisme et culte du chef, mythe du héros combattant.
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