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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: Pierre BARBET Parution: 1982
      La France après une guerre nucléaire qui ne lui était pas destinée. Des missiles américains ou russes au système de radioguidage détruit ont explosé un peu partout au-dessus de notre beau pays, au hasard. Les membres d’une même famille, séparés au moment de la catastrophe, connaîtront des sorts divers. Le père, d’abord, Henri Dubois. Méticuleux, prévoyant, bien au fait des aléas de l’atome, tente de regagner son abri anti-atomique de Montfort-l’Amaury.
      Pas de chance : il se trouve à Paris lorsque le flash a lieu. Les monuments effondrés, les incendies, les rues entravées par les épaves de voiture, lui font préférer la fuite par la Seine. Se protégeant imparfaitement contre les retombées, il espère que Marceline et Germain, son vieux couple de factotums, auront pu descendre dans l’abri. Il rejoindra finalement son havre de paix mais pour y mourir. C’est le vieux couple qui profitera de sa largesse et de ses ultimes conseils. La fille, Christine, file le parfait amour avec Jean, à bord d’un voilier, au large de Nice. L’explosion d’un missile dans l’arrière –pays niçois donnera le temps au jeune couple de gagner la Corse où ils seront bien accueillis jusqu’à ce que, quelques mois après le désastre, un psychopathe se donne le titre de Napoléon IV en soumettant l’île à sa volonté. Ils fuiront à nouveau. Recueillis par un bateau marocain, ils termineront leur trajectoire en Australie qui n’a subi que des dégâts mineurs. En attendant les inévitables retombées, les Australiens auront le temps de s’y préparer.
      Micheline Dubois, l’épouse, en vacances près de Batz a pu gagner un abri de fortune. Là, avec Louis Duroc, un médecin voisin et Sophie la fille de celui-ci, ils attendront sagement la fin de l’orage. Alors que l’Europe entière s’enfonce inéluctablement dans l’anarchie se dessine un nouveau moyen âge, des « Seigneurs de la guerre » émergent, enrôlant à leur profit tous ceux qui n’ont su se protéger à temps. N’ayant plus rien à perdre, rongés par les maladies de peau et les leucémies, ils finissent la dévastation, tuant ou réduisant en esclavage les rescapés. Ayant pris appui en d’antiques forteresses comme celles du Château-Gaillard aux Andelys, ils y subsistent, puissamment armés jusqu’à ce que la petite population de « l’Ecole de Grignon », anciens scientifiques, gens sensés et maire à poigne, mettent un terme final à la menace en les empoisonnant collectivement à la cholchicine. Germain et Marceline, qui ont rejoint la communauté, joueront les anges exterminateurs.
      Louis Duroc aura une fortune malheureuse. Il disparaîtra, battu à mort par les « Ankous », d’abominables sauvages méprisables et malades, donnant ainsi leur chance à Sophie et Michelle de rejoindre une communauté dans le Guérandais. Partout, les Français survivants devront s’habituer à leur nouvelle vie, car les pays du sud, moins touchés, n’interviendront  pratiquement pas dans un monde où compte désormais le « chacun pour soi » :
      « La population décimée, devrait désormais revenir aux normes anciennes, reprenant les habitudes de ses ancêtres du Moyen Age. Labourage et pastourage… Plus de techniques compliquées, rien que des artisans travaillant dans leurs échoppes, avec les moyens du bord et le souvenir lancinant des machines qui, naguère, se chargeaient d’innombrables tâches. (…) Petit à petit, la vie s’organisait. Des cercles se créaient, animant des jeux divers abandonnés comme désuets avant la catastrophe. Comme il n’y avait plus ni télévision ni radio, ni cinéma pour égayer les grises soirées d’hiver, les traditions avaient repris. Pendant que les femmes cousaient, que les hommes sculptaient ou jouaient aux cartes, des conteurs narraient des histoires, d’autres effectuaient des tours de prestidigitation. »
      Enfin, Christine, enceinte, mettra au monde son fils en Australie où –oh ! miracle!- celui-ci révélera des qualités psy et télékinésiques importantes, conséquences d’une mutation bénéfique.
      Un roman vraisemblable, documenté (sauf pour le dérapage final) qui évoque avec lucidité l’âge sombre de l’après-guerre atomique, rendu encore plus réaliste part la mise en place d’un décor familier au lecteur français

    2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Zeb CHILLICOTHE Parution: 1924
      Vol. 01. Jag le félin, Plon éd., 1985, 1 vol. broché, in-12ème (présenté conjointement avec « Blade » N°47), 215pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française.
      1 ère parution : 1985
      L’univers rétrécit, la flèche du temps défile à l’envers, c’est l’époque du « Big Crash ». Le monde en est bouleversé. Des «chutes» de débris technologiques divers achève de détraquer le temps. Les sociétés s’effondrent. Dans l’après-civilisation l’obscurantisme et le règne de la férocité façonnent un nouveau mode de vie qui se résume à tuer ou être tué.
      Patch, l’errant, rencontre « Jag » (pour Jaguar), un enfant terrorisé mais rempli de potentialités. En l’adoptant, il lui enseigne sa science du combat et sa mentalité de survivant. Le jeune garçon apprend durement, surtout lorsque Patch est éliminé par son ennemi personnel, Bascom. Celui-ci emmène Jag comme esclave pour l’échanger finalement contre une mule chez des fermiers. Utilisé à la place d’une bête de trait, placé sous le joug, Jag tire le soc et la charrue durant quelques années, ce qui parfait son éducation. De retour dans la région, Bascom et sa bande  voient tout le profit qu’ils pourront tirer du jeune homme. Ils se débarrassent des fermiers et, s’emparant à nouveau de Jag, l’entraînent dans une ville où il devra participer à des jeux de cirque mortels.
      Jag attend son heure. Elle viendra lorsque Galaxius, le potentat local, lui permet de défier Bascom et sa bande des quatre. Le combat est âpre. Jag, se rappelant (intuitivement) le récit des Horaces et des Curiaces, tue successivement ses opposants jusqu’à Bascom, qu’il épousera avec beaucoup de plaisir. Désormais, il appartiendra à l’écurie de Galaxius qui, pour le marquer, lui passe un collier de rétention apte à l’étrangler s’il s’éloigne de trop.
      «Jag» forme une chronique post-cataclysmique, à l’instar du «Survivant» promotionnel par la même maison d’édition. Donc le cocktail est le même : sexe et viol, violence et meurtre, horreur gore, assassinats et idéologie fascisante, ceci tout au long des 34 épisodes. Armons-nous de courage !
      Vol. 02. le Collier de la honte, Plon éd., 1985, 1 vol. broché, in-12 ème, 216pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française.
      1 ère parution : 1985
      Jag, muni de son nouveau collier anti-évasion, s’embarque à bord du train de Galaxius, censé mener la joyeuse bande à Tombal City pour «affaires». Jag, chouchouté, soigné, bichonné est destiné à la cour de Galaxius pour devenir son giton préféré. Mal lui en prend car Jag ne navigue pas à voile mais à vapeur. C’est pourquoi il sera rétrogradé, par un Galaxius très irrité, dans la loco de tête où, sous le commandement du chef mécanicien Potrero, il remplira la chaudière. Le train traverse diverses régions affectées par les «Chutes» et subira une attaque des «Contaminés» qui veulent faire largement profiter les voyageurs de leurs disgrâces radioactives. Jag, participant à la défense, s’en tire avec honneur. Il soulève l’attention de Cavendish, le chien de garde du groupe, qui lui propose de devenir son adjoint. Jag accepte, son collier sera provisoirement désactivé et notre héros retrouve une relative liberté en cet univers impitoyable.
      Vol. 03 : la Compagnie des os, Plon éd., 1985, 1 vol. broché,  in-12 ème, 219 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1985
      Jag, toujours accompagné de Cavendish et prisonnier de Galaxius, soumis au collier d’étranglement dit «Peau de chagrin», à commande électrique, arrive dans le territoire de la Compagnie des os. Ce sont de terribles cannibales, sans aucun sentiment humain et dont la principale fonction est de démembrer leurs adversaires avant de les faire griller (Ce qui se prête mieux à la dégustation, convenons-en!). Le train de Galaxius s’arrête en pleine nature. Le contrat établi avec Cerasalmo, le chef de la Compagnie, étant devenu obsolète, il s’agit d’avancer avec prudence vers la ville de Palizada, étape incontournable et capitale des cannibales.
      Deux portes d’entrée immenses condamnent la ville et empêchent l’accès aux rails. Un commando sera constitué, formé de spécialistes dynamiteurs, de techniciens mitrailleurs, avec, à leur tête, Jag et Cavendish. Il s’agit pour eux de faire sauter ces portes pour que le train, qui les appuiera, puisse poursuivre sa route. Toujours amoureux de Monida , et attiré par Angel, l’étrange enfant-mutant  dotés de capacités psy, Jag s’apprête au pire. Quelques massacres plus tard et après une éprouvante reptation dans un tunnel de mine abandonné débouchant sur les portes, le commando réalise son objectif. La voie est ouverte au moment où surgit le train,  le tout se mêlant en un combat titanesque dans lequel se tranchent les membres, volent les têtes, se récurent les os :
      « C’était dément.Il en venait de partout. Certains, nantis de grappins, avaient entrepris l’escalade des wagons. Les gardes en abattaient un, deux, voire trois, puis ils finissaient par succomber sous le nombre et alors les sauvages éventraient les voitures par le toit, à coups de hache. Ayant fait le tour de la loco, Curtice mit son lance-flammes en batterie. Les jets de feu firent des trouées spectaculaires et bientôt une abominable odeur de barbaque grillée plana sur l’endroit. »
      Lorsqu’enfin s'achèvele combat, Galaxius est mort et Jag définitivement libéré de sa « Peau de chagrin »  mais triste d’avoir perdu Monida. Il se consolera en partant vers d’autres aventures avec Cav.  Et en adoptant Angel.
      Vol. 04 : la Poudre de vie, Plon éd., 1985, 1 vol. broché,  in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1985
      Jag chevauche sur de hauts plateaux, Angel attaché sur son dos. Deux êtres gigantesques ressemblant à des singes s’attaquent à lui. Après avoir eu beaucoup de mal à les exterminer, surpris, il aperçoit Cavendish qui, échappé du train de Galaxius, trimballant un sac rempli d’objets en or, robinetteries, tuyauteries, etc., souhaite accompagner Jag vers la ville d’Eden. Eden est un endroit magnifique où des êtres jeunes et beaux, les «Immortels» consomment une drogue, une mousse bleue qui pousse sur les hauts plateaux, et qui est supposée allonger définitivement la vie. Mais tout s’achète et seuls ceux qui ont de l’argent peuvent se permettre de vivre éternellement.
      C’est pourquoi il y a l’envers du décor : des marécages, entourant la ville, peuplés par les «Blancs », requins affamés et invincibles, et, dans la ville même, des endroits de vice où toutes les déviances sexuelles sont tolérées, voire encouragées ainsi que des lieux de revente d’êtres humains monstrueux consommés dans les jeux sexuels :
      « Les seuls enfants que l’on apercevait dans la ville venaient de l’extérieur. Ils avaient dans le meilleur des cas, été achetés à des parents en rupture d’affection ou bien plus simplement volés pour remplir les maisons closes de la cité en phénomènes impubères. Seulement un phénomène répond fatalement à un critère d’anormalité. Et comme la plupart des enfants ou adolescents récupérés n’offraient aucun caractère extraordinaire, il fallait alors remédier à cette carence en fabriquant des monstres selon la demande ou le pourcentage de décès de leurs prédécesseurs.
      Ainsi, selon la tendance, on les mutilait, les amputant d’un ou plusieurs membres,, on les castrait, on leur arrachait les dents pour adoucir les fellations, on les alésait en déchirant leurs sphincters, on allait même jusqu’à leur forer d’autres « orifices » pour certains maniaques ; bref le catalogue des atrocités était sans fin. »
      On entre dans la cité par des points sûrs dont son garants les « Passeurs ». Cavendish, qui connaît Eden, y est venu pour deux raisons. La première est de tuer Shoen, un géant noir dépravé et maître de ces lieux.  La deuxième est de retrouver Andy, son jeune frère, transformé en objet de plaisir. A l’aide du «Rat», un passeur sans jambes porté par Jag et de l’or comme sésame, ils espèrent voir s’ouvrir toutes les portes. Rapidement Jag, le baroudeur géant, et Angel, de par son apparence larvaire, susciteront la convoitise de Corta, l’un des vigiles qui enlèvera Angel pour l’offrir à Shoen comme produit tératologique de luxe. Jag sera enfermé dans la forteresse centrale et laissé entre les mains expertes d’Alesia, une vieille immortelle dépravée et perverse. Cavendish, lui, se rapproche de son but en tuant Corta mais sera fait prisonnier avant d’avoir pu porter secours à Jag.
      Se servant d’Alésia comme bouclier, Jag tente de se libérer. Hélas ! Il finira dans le bassin privé de Shoen luttant pour réussir l’épreuve qui consiste à échapper aux Blancs. Vous vous doutez de la suite. Follement acclamé, il émerge de l’eau défiant le Maître en combat singulier, un Shoen qu’il foudroie en lui enfonçant son mini-poignard lui servant de pendant d’oreille dans le bulbe rachidien. Jag, Cavendish et Angel récupéré, quitteront cette ville maudite où plus rien ne sera comme avant.
      Vol. 05 : le Peuple ailé, Plon éd., 1986, 1 vol. broché,  in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1986
      Quelques mots à déguster en guise de hors-d'oeuvre: "Balzaner- rapatelle – le Maufrait – Justacul- roufinger –céramite – merluchon – ravets- rocailles trichydiques – vastitudes-sacredire- se barbifier – fifrelis- steppeur – jumart –sursomme –mémarchure – solamire-grimacement "
      Jag et Cavendish poursuivent donc leur quête (au fait que cherchent-ils ?), parcourant un désert glacé. Soudain, une construction industrielle se profile au loin : des baraquements, une usine ? Quatre êtres humains au moins y vivent ; un vieillard, Gary, alerte et à l’œil vif, ainsi que trois femmes improbables, une mère et ses deux filles, crasseuses, couvertes de jupons sales, inquiétantes de par leur étrangeté:
      « Gary les considéra d’un œil maussade. La plus âgée, rongée par une espèce de scorbut, n’avait plus de dents et son menton était en permanence maculé par un filet de sanie qui découlait de ses gencives purulentes. La plus jeune, nerveuse comme une biche, forte comme un bûcheron, était plus sale qu’une fosse sceptique à laquelle son fumet faisait invariablement songer. L’autre n’offrait aucune particularité si ce n’est qu’elle avait un peu des deux, à savoir qu’elle était grise de crasse et toute délabrée de l’intérieur. La nuit surtout, on l’entendait tousser à s’en extraire la pomme d’Adam et on s’étonnait toujours, au petit matin, de la trouver encore de ce monde. »
      Malgré toutes les précautions prises, Jag, Cav. et Angel tombent entre leurs mains. Que désirent-elles ? Vont-elles les manger ? Que nenni ! La vielle prépare un brouet à base d’une racine locale, un aphrodisiaque tellement puissant qu’il fait perdre l’esprit aux deux hommes qui pensent à copuler sans discontinuer, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Ce sort tragique leur sera épargné par Gary qui foudroie les trois femelles à bout portant avec sa pétoire. Il a tué de ses mains sa propre femmes et ses deux filles  pour échapper lui-même au harcèlement quotidien dont il a été la victime allant jusqu’à s’émasculer pour ne plus être un objet entre leurs mains. La venue de Jag lui a fourni l’occasion tant attendue.
      D’autres surprises attendent nos héros. Angel, le petit monstre informe, se métamorphose soudain en un merveilleux mutant ailé et télépathe. Il fait partie du «Peuple ailé » dont il montre par la pensée le destin à Jag. Les siens, situés loin dans la montagne, se font actuellement exterminer par une bande de mercenaires qui récupèrent sur les cadavres un organe spécial, producteur d’une huile extraordinaire et qui se monnaye très cher.
      Angel appelle à l’aide son père adoptif. Gary possède la solution. Ancien mécanicien d’avions et passionné de vol, il a entretenu, avec la foi du collectionneur, un Junker JU 87 B «Stuka» de la 2 ème guerre mondiale, susceptible de prendre l’air. Le départ est épique et, sans l’aide télépathique d’Angel, jamais Jag n’aurait réussi à piloter, remplaçant Gary au pied levé, ce dernier mort d’extase en plein ciel. Atteignant enfin leur objectif, ils cassent du bois tout près des mercenaires, leur annonçant qu’ils viennent de loin pour participer à la curée.
      Jag s’éclipse immédiatement en direction du sommet du plateau où se cache le peuple ailé. Arrivé sur site, il comprend ce qui retient les mutants : un enfant ailé est sur le point de naître. De leur côté, les mercenaires ne sont pas restés inactifs. Ayant percé à jour Cavendish, ils l’ont réduit à l’impuissance avant de commencer leur escalade. Ils n’iront pas loin. Jag, se servant de sa force herculéenne, les écrasera sous des blocs de rocher et Cav., par ruse, se libère de son geôlier pour participer à l’ultime élimination des chasseurs de prime. La séparation d ‘Angel et de Jag est émouvante. Longtemps après le départ de son fils adoptif qui suit ceux de sa race, Jag, songeur, reprend la route avec son grognon de compagnon.
      Vol. 06: le Monde fracturé, Vaugirard éd., 1986, 1 vol. broché,  in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par Jean-François Penichoux. roman d’expression française
      1 ère parution : 1986
      A nouveau, Jag et Cavendish se retrouvent sur le chemin. Devant eux s’étend une immensité blanche et floconneuse, peu engageante. Après une hésitation, ils s’y engagent pourtant avec leurs chevaux. Rapidement, Cav perd tout ressort, toute volonté, tout dynamisme met pied à terre, refusant de continuer. Jag lui aussi est sensible à ce courant de défaitisme et constate que même les cheveux sont atteints. Déjà des cohortes de vautours se profilent au-dessus d’eux prêts à déguster leur chair. Mal leur en prend  puisqu’ils seront étrillés par la mitrailleuse d’un hélicoptère qui se pose près des mourants. Lorsque Jag se réveille dans un lit, encore faible, Teri Dean, dit le «Patriarche» lui explique ce qui leur est arrivé : ils ont été atteints de la «maladie de la Lande » mortelle. A cause de l’explosion d’une station orbitale, ce bout de terre, avec ses deux communautés, dont celle de Spade forte de cinq cents hommes, avaient été piégées, contaminées et, avec le temps, encerclée par une sorte de gelée contenant des milliards d’œufs de grenouille mutantes qui ne demandaient qu’à éclore :
      « Eh oui, des œufs de grenouilles. La radioactivité n’a pas seulement détruit, elle a aussi provoqué une mutation chez certaines variétés de batraciens qui hantaient nos marécages. Au lieu de disparaître, comme la plus grande partie de la faune, ces grenouilles, des Dendrobates, ont commencé à se reproduire à une vitesse effroyable. L’ennui, c’est qu’en temps normal, les Dendrobates sont des amphibiens dont il vaut mieux éviter le contact car leur peau sécrète un alcaloïde dangereux, quelquefois mortel s’il passe dans le sang. Le phénomène de mutation n’a rien arrangé, au contraire. Les nouveaux Dendrobates ont triplé de volume et ils sont agressifs. Ils sont plus venimeux aussi. Soumis à leur contact, on est pris d’affreuses démangeaisons ; la peau brûle à ce point qu’on commence à s’écorcher vif. Puis les membres se mettent à gonfler, le corps double de proportions et dans le plus mauvais des cas, lorsque le cœur est robuste, on finit par mourir d’étouffement dans d’atroces souffrances… »
      Cette marée d’écume, par les poussières invisibles qu’elle répand dans les airs, possède la propriété d’abolir la volonté de l’être vivant qui l’inhale, et, à terme, de le faire mourir. Cavendish et Jag ne doivent qu’à leur constitution robuste d’avoir survécus. Piégées, les communautés le sont doublement. Vers le sud, un autre danger empêche les hommes de quitter ce lieu maudit. Une mystérieuse rangée de tanks, formidables et immobiles, constitue une barrière infranchissable puisque douze expéditions successives lancées pour le résoudre ont disparu. Devant cette menace et parce que tout choix semble exclu, Jag se propose avec Cavendish, Roddy le Noir et Armyan, un adolescent dégingandé mais cultivé, d’en avoir le cœur net.
      Arrivés en face des tanks, ils se rendent compte que ceux-ci sont comme bloqués par un effet magnétique qui dégage un froid intense. Grâce aux informations d’Armyan, Jag en conclut que ces engins sont tombés dans une faille temporelle lors d’un engagement guerrier et qu’ils sont toujours actifs. Pour débloquer la situation, peut-être suffit-il de manœuvrer l’un de ces tanks afin qu’il rompe la ligne de front. Le résultat ne se fait pas attendre mais au détriment de Jag et de ses amis, car le tank les entraîne dans son continuum.
      Lorsqu’ils reprennent conscience, les deux héros, seuls, se retrouvent au début de leur histoire là où ils s’apprêtent à pénétrer sur le territoire maudit, comme si leur vécu ultérieur n’était que fantasme. Pour en avoir le cœur net, Jag galope vers Spade, facilement puisque la mousse toxique n’existe pas encore. Armyan qu’il rencontre à nouveau et qui comme lui, est un témoin privilégié de cette aventure, le confirme dans sa certitude : puisqu’ils ont une seconde chance, il va falloir quitter la zone au plus vite, avec toute la communauté,  avant que la catastrophe ne se produise.
      Vol. 07 :  la Ville piège, Plon éd. 1986, 1 vol. broché,  in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1986
      Cavendish et Jag en route vers de nouvelles aventures. Devant eux s’étend, anachronique, une ville de l’Ouest américain. Les rues vies, les cabarets désaffectés font planer un mystère sur ces lieux qui s’épaissit lorsqu’ils croisent leur premier cadavre dans un 4X4, puis un deuxième en la personne d’un motard pendu à un gibet en place publique. Pourtant la ville est accueillante par ailleurs , surtout dans les chambres d’hôtel dans lesquels ils se délassent. La nuit venue, à leur grande surprise, les rues s’animent, parcourues par des cow-boys rigolards ayant entre eux des airs de famille.
      Cavendish qui était censé de surveiller la rue depuis sa chambre, a disparu. Jag le retrouve au saloon, avec difficulté car il est entouré d’une dizaine d’autres Cavendish s’adonnant à diverses occupations. Des femmes également, aguichantes.  Jag, ne pouvant résister à l’appel de la chair, monte avec l’une d’elles  qui essaiera de la tuer durant le coït.  Lui tordant le cou, il a la surprise de la voir saigner d’un sang vert et fétide. Manifestement, elle ne semble pas humaine.  Trahi par un faux Cavendish, mené dans une prison souterraine par Malore, un faux cow-boy, Jag apprend la vérité sur les «Taupes». Ce sont ces mutants d’origine végétale, à la technologie raffinée, qui ont crée Dodge-City, ville typique du Far-West, dans l’espoir d’y attirer des gens tels que Jag ou Cavendish. En véritables vampires, ils pompent le sang de leurs prisonniers et, après de nombreux tests physiologiques, ils les reconstituent en duplicatas parfaits, à la vie brève. Les originaux étant rapidement épuisés, il leur faut à chaque fois du sang neuf. Dans Dodge-city, de faux rodéos sont censés attirer  les rares humains encore actifs alentour, qui fourniront les duplicatas de demain. Jag mettra bon ordre à cette forme d’invasion. Apparemment soumis, il se laisse manipuler par les Taupes qui sont ravis par sa puissance physique. Le soir, durant le rodéo, il aura à lutter contre « Oldie » leur champion qui est un autre lui-même, et contre des « Skrullers », des animaux immondes et dangereux.
      Les Taupes sont dirigés par la «Mère» qui a pris l’enveloppe d’une petite fille prisonnière déjà depuis un certain temps. C’est elle qui dirige les opérations durant la fête, éclipsant les participants lorsque ceux-ci mordent la poussière. Alors que Jag se débarrasse d’Oldie, le véritable Cavendish (reconnaissable à son sang rouge), passe à l’action. Croyant tuer la Mère d’un coup de fusil, il dévoile la véritable nature de celle-ci, un mutant végétal, un nœud de lianes aux épines venimeuses, dont la taille croit de manière exponentielle :
      « Dans les gradins, la chose ne s’avouait pas vaincue, loin de là. De son corps cent mille fois tailladé émergeaient des lianes qui couraient en sifflant contre les gradins, s’enroulant autour des jambes de ses tourmenteurs, les tirant avec une telle puissance qu’ils rebondissaient de degré en degré, avant d’être abandonnés, disloqués ; ailleurs, la fibre végétale strangulait, laissait des visages noirs, des langues pendantes. »
      Seul le feu est capable de réduire le danger. Pendant que Dodge–City est la proie des flammes, carbonisant et les Taupes et la Mère, les autres spectateurs fuient, terrorisés. Encore une fois l’alliance de la force et de l’astuce a permis d’éviter le pire en ce monde post-cataclysmique.
      Vol. 08 : les Hommes Tritons (avec Serge Brussolo),  Plon éd., 1986, 1 vol. broché,  in-12 ème, 219 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1986
      en construction
      Vol. 09 : la Cité de fer, Plon éd., 1986, 1 vol. broché,  in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1986
      Pour échapper aux crocs de babouins en furie, Jag et Cavendish seront emportés par les flots d’un oued puissant jusqu’au centre d’une étrange cité, la «cité de fer», hautement mécanisée. Accueillis  avec amitié par des êtres humains à la peau recouverte d’or, ils seront soignés avant de rencontrer « l’Homme-des-Visions », à l’aspect étrange, avec des phallus greffés en de multiples endroits de son corps :
      « L’homme-des-Visions s’était fait greffer quatre phallus de babouin, caoutchouc rosâtre, pendouillant, achevé d’un petit gland noueux. Le premier, planté en plein front, probablement pour réduire le long cheminement des connexions nerveuses entre le cerveau et le sexe, lui retombait sur l’arrête du nez. Les deux suivants, plus prosaïquement, et pour respecter vraisemblablement la carte des zones érogènes, avaient été greffés sur la pointe des seins, en lieu et place des mamelons. Le quatrième, factice, porté en guise de fétiche, momifié dans sa position ardente, émergeait du nombril comme un doigt accusateur.»
      Il leur parle en un langage curieux, évoquant l’existence d’une maladie, la « Rouille » , qui dévasterait la ville, et d’endroits inconnus tels que « la Spirale » ou « l’œil de la cité ». Séduits par le calme ambiant, ils envisagent de séjourner quelque temps dans cette cité. En visitant les lieux, ils découvrent un gigantesque puit aux parois rainurées, au fond duquel, et à des profondeurs impressionnantes, rougeoie un fleuve de lave. C’est la fameuse spirale avec son œil. Les rainures sont formées par un chemin qui peut être parcouru à bord d’un engin mécanique.
      La nuit vient, et avec elle, la Rouille. Tout le monde s’enferme chez soi, sauf eux. Surgissent des hordes de gens exaltés, agressifs aux corps modifiés présentant des phallus greffés en érection et des poings frappeurs en métal, qui se divisent en deux camps, les « Bats » et les « Birds ». Tous traquent Cav. et Jag, utilisant leurs armes favorites; pour les uns, des oiseaux, pourtant inoffensifs d’habitude, tels que des hirondelles ou des pinsons,  et pour les autres, des chauve-souris vampires. Nos deux héros trouvent un refuge dans une canalisation aérienne, non sans mal, Jag ayant déjà subi l’agression meurtrière d’un milliers de becs de pinsons perforant sa peau, et Cavendish ayant fait le vide autour de lui en brûlant des hardes de chauves-souris. Leur seule issue est de sauter dans une machine roulante et de descendre au fond du puits le long de la spirale. Se croyant hors de danger, ils déchantent à la vue de poursuivantes, car ce sont des femmes,  qui les forcent à s’arrêter.
      Jag et Cavendish apprendront de leurs bouches ce qu’est la cité de fer, soit un énorme satellite à vocation biologique, échoué sur Terre. Les docteurs, directeurs et surveillants, devenus fous et impuissants avec le temps, ont modifié leurs corps par des greffes, puis par génie génétique. Chaque nuit, soumis à leur folie (la « Rouille »), ils défoulent leur agressivité en essayant d‘assassiner leurs compagnes, à défaut de pouvoir les satisfaire. Ce qui n’est pas le cas de nos deux héros qui prouvent, une fois de plus, leurs compétences sexuelles et leurs facultés de fécondation. Honorés, fêtés, puis saturés de leur fonction d’étalon, ils songeront à repartir. Avec l’approbation de toutes ces femmes enfin enceintes, ils franchissent les portes de la cité de fer, poursuivie par la troublante image d’un avenir où, en ce lieu, se promèneront de nombreux petits Jag et Cavendish.
      Vol. 10 : les tourmenteurs (avec Serge Brussolo),  Vaugirard éd. 1987, 1 vol. broché,  in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par Jean-François Penichoux. roman d’expression française
      1 ère parution : 1987
      Encore une traversée du désert pour Jag et Cavendish, au propre comme au figuré. Heureusement, ils découvrirent au bout de la zone de sécheresse la cité d’Unionville et ses jeux pervers. Jag, après quelques moments d’incertitudes, élimina une brute épaisse au fond d’un puit rempli d’eau quasi-bouillante. Le médicament et le rebouteux qui restaurèrent sa peau malmenée absorbèrent tous leurs gains. Il ne leur resta plus, pour se refaire, qu’à contacter Wolfgang Zoon, le chef d’une entreprise de convoyage d’objets en tout genre.
      Avant de le rencontrer, ils franchirent une lugubre ceinture de déchets mécaniques dont certains, en équilibre instable, menaçaient de les blesser à mort. Wolfgang Zoon sembla satisfait de les voir puisque peu parvenaient à lui sains et sauf en empruntant cette voie. Il leur proposa donc de convoyer une série de cercueils qui devaient être enterrés proprement chez eux, c’est-à-dire, fort loin. Nos deux amis, sentant bien qu’il y avait anguille sous roche, ne se dérobèrent pourtant pas car ils avaient trop besoin d’argent.
      Sous la direction de la plantureuse Tania, vétérinaire de son état, du haut de son Talmok, une bête de quinze mètres de haut, semblable à un éléphant, forteresse imprenable et sûre,  ils prirent la route. Les dangers survinrent rapidement. D’abord une tempête de sable pétrifiante, susceptible, avec ses grains minuscules, de momifier les corps sous une chape de poussière aussi dure que du béton, si des mouvements incessants ne contribuaient à empêcher l’étouffement. Puis des nuages de gaz empoisonnés, parcourant aléatoirement ces étendues désertes. Des masques à gaz, encombrants pour les humains, et un deuxième poumon spécialisé  pour les Talmoks purent venir à bout de cette autre menace.
      Mais le plus terrible, le plus incessant des dangers consistaient en des attaques de la part de pillards du désert qui s’en prenaient uniquement aux cercueils qu’ils tentaient d’arroser de terre. Qu’espéraient-ils donc ? Jag le sut assez vite, découvrant qu’ils convoyaient des momies étranges, entièrement recouverts d’inscriptions terribles. Ces momies –surnommées « les Tourmenteurs »- étaient en réalité des mutants sanguinaires, indestructibles qui reprenaient vie dès qu’elles retrouvaient un sol approprié, comme le fit jadis le géant Antée. La seule manière de conjurer le fléau consistait, depuis de siècles, de les conserver à l’état de momie en les empêchant d’atteindre le sol. Le but des attaquants du désert, membres d’une secte apocalyptique, était, au contraire, de les libérer de leur état en leur fournissant la terre adéquate. Ils s’y employèrent résolument, jusqu’à creuser des galeries à l’intérieur du corps du Talmok de tête, pour arrêter la caravane.
      Grâce à Jag et ses amis, et avec la complicité du vent du désert qui recouvrit les momies d’une chape de béton, le péril fut jugulé, ce qui permit à Tania , récompensée par la fougue virile de nos deux héros, d’observer avec tristesse le départ du duo.
      Vol. 11 : le Maître des orages, Plon éd., 1987, 1 vol.broché,  in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1987
      Jag et Cavendish toujours en chemin, rencontrent, en une région dénuée de toute végétation, un être singulier, maigre, affamé et manifestement perturbé qu'ils baptisent Hippocrate. Celui-ci jouit pourtant d'un extraordinaire pouvoir de télékinésie qui pompe aussi toutes ses forces. Soudain, des nuages mauves apparaissent dans le ciel qui dissolvent toute chair par une pluie acide. Hippocrate sauve nos amis en leur permettant de se réfugier en son antre. C'est de là également qu'ils verront l'approche d'une horde motorisée  qui suit le front d'orage en ramassant les bêtes carbonisées par la pluie. Des êtres humains vissés sur des motos, sur des tourelles de mitrailleuse, des chars traînés par des noirs vigoureux suscitent la curiosité de Jag d'autant plus que Cav. et Hippocrate se sont faits capturer. Il se faufile donc à l'intérieur d'un de ces chars pour y trouver un obèse hors normes, être singulier, aux intestins à découvert et butinés par des larves. Celui-ci lui explique que tout dépend du "Maître des orages" , en une structure dont il fait partie intégrante. Les larves, arrivées à maturité, copuleront dans les nuages mauves en produisant la pluie acide qui carbonise tout être vivant. La horde, aux individus hautement spécialisés, rapporte ces aliments à la base du Maître situé au bord de l'océan, chacun remplissant ainsi le rôle qui lui est assigné.
      Mais Jag a pour seul objectif de délivrer son ami. Lorsqu'il aperçoit la base, une centaine de squelettes de balénoptères enfoncés à moitié dans le sable, face à une mer hostile et déchaînée, il grimpe subrepticement à l'intérieur d'une de ses structures où des gaines d'un tissu souple permettent un déplacement aisé. Jag, tailladant les parois, sautant de gaines en gaines, évitant les pièges de ce monde surréaliste, les soldats-mitrailleurs, les tortionnaires en chapeau claque, les bras souples et flexueux des Noirs, finira par rencontrer le Maître des lieux, une abominable larve géante et intelligente au rostre hyper-développé. Ce dernier tient à l'intégrer à son système. Il lui proposera de lui rendre son ami à condition qu'il lui permette d'insinuer son rostre dans sa nuque (sans douleur) pour lui voler le contenu de son crâne. Pour preuve de sa bonne foi, il lui fait amener un Cavendish déjà décérébré. Jag, pour se tirer d'affaire, suggère au monstre de plutôt essayer Hippocrate et de profiter du nouveau pouvoir de télkinésie que le Maître ne connaît pas. Aussitôt dit, aussitôt fait. La larve, enivré par sa nouvelle toute-puissance, fait s'élever l'ensemble de la base à plus de cent mètres de hauteur. Puis, son énergie épuisée, les squelettes de baleines retombent, se fracassant sur le sol et tuant leurs occupants. Jag, Cavendish (menée à la baguette) et Hippocrate se sauveront de ce piège mortel en se laissant choir au sol le plus vite possible. Tout danger étant enfin écarté, Jag a la surprise de sa vie: l'esprit de Cavendish (et sa gouaille et son ironie) est entré dans le corps d'Hippocrate alors que l'ancien corps de Cav. n'est plus qu'une coquille vide et abrutie. Qu'à cela ne tienne! Hippocrate/Cav. est optimiste et mise sur le fait, qu'à un moment précis du futur , il réintégrera sans problème son corps. En attendant, il  le fait marcher à la baguette, en route vers de nouvelles aventures.
      Vol. 12 : le Doigt du Seigneur, Plon éd., 1987, 1 vol.broché,  in-12 ème, 217 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1987
      en construction
      Vol. 13 : le Cœur Noir, Plon éd., 1987, 1 vol. broché,  in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1987
      en construction
      Vol. 14 : les Enfants du feu, Plon éd., 1987, 1 vol. broché,  in-12 ème, 218 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1986
      Jag et Cavendish, poussés par la nécessité,  se retrouvent à bord d’un trois-mâts dont la mission est de rendre inoffensives les « requins-torpilles », des bombes flottantes qui explosent au moindre contact avec toute masse métallique, même la plus infime, reliquats technologiques d’un passé à jamais disparu. Nus, armés d’outils en bois, les démineurs abordent les dangereux objets, y laissant souvent leur peau. De retour, un délassement attend les valeureux ouvriers sous la forme de putains embarquées. Ainsi en est-il de la blonde Blondine que Jag reconnaît sans qu’il arrive à en préciser ce souvenir.
      Mais l’océan recèle bien d’autres dangers. Notamment le «Sergaçao», algues mutantes, hostiles, intelligentes, mortelles, avec leurs épines acérées, leur suc acide et leurs vésicules qui se remplissent du sang de leurs victimes. Cantonnées dans les eaux chaudes, elles ne semblent pas constituer une menace pour nos marins. Mais un calme plat, qui leur permet d’aborder le navire, puis un coup de vent violent, qui leur permet de voler dans les vergues, est la cause d’un destin mortel. Jag mène la lutte contre elles, dominant par sa force et son intelligence, secondé par Cavendish.
      Les survivants, exténués, le bateau, malmené, tombent sur un troisième péril, le plus redoutable de tous. La zone dans laquelle ils se trouvent recèle un volcanisme sous-marin intense, d’une ampleur telle qu’il est à l’origine d’un cimetière d’anciens navires de guerre en acier, fondus en un magma informe, un enchevêtrement surréaliste de tôles avec des niches coupantes, abritant les «Enfants du feu», des rescapés défigurés par des cloques, rendus fous dans leur isolement et qui y ont fait souche. Dorénavant, ces malheureux ont pour seuls objectifs de se répandre dans le monde, en capturant tout ce qui passe à leur portée. A l’aide de fragments de tôle aiguisés et brûlants, ils font subir un rituel d’initiation à leurs captifs avant de les intégrer à leur société (Du moins ceux qui survivent !). Tremper un visage dans les cendres d’un brasero est un préalable à la cérémonie:
      « Déjà les gardes poussaient les marins en direction des braseros. Lorsqu’ils furent arrivés devant les terribles chaudrons de fer ardent, ils posèrent une main gantée sur la nuque des victimes aux yeux bandés… et leur plongèrent le visages dans les braises ! Un affreux grésillement s’ensuivit, immédiatement accompagné d’un hurlement épouvantable de bête blessée à mort. Les suppliciés se rejetèrent en arrière, d’un violent coup de reins, les cheveux en feu, tournant vers l’assistance une face sanguinolente d’écorché fraîchement décapé. »
      Jag et Cav. en compagnie de Blondine qui a appris à notre héros que son père adoptif, Patch, qu’elle connaissait, n’est pas mort mais qu’il sert d’esclave à quelque « Proctor » (entendez « Maître »). Avec l’aide astucieuse de Flinty, le mousse, ils arrivent à se sortir des griffes de leurs dangereux tortionnaires, se réfugiant dans un entrelacs de tôles, puis de là, en nageant vers leur trois-mâts. Avant de prendre le large, ils mettront définitivement fin à la menace que constitue les Enfants du feu en foudroyant le cimetière marin avec trois requins-torpilles.
      Vol. 15 : les Yeux d’encre, Presses de la Cité éd., 1988, 1 vol. broché,  in-12 ème, 210 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1988
      Entrés dans une forêt étrange qui les menace par sa densité, Jag et Cavendish font connaissance des créatures menaçantes qu’elle renferme, animaux ou hommes dénaturés,animés par la seule volonté de tuer. Tous montrent des yeux uniformément noirs comme s’ils étaient investis par la même entité ou force, ce qui est le cas, bien entendu. D’autres pièges se dressent également devant eux, comme ce brouillard carnivore qui menace de les dévorer, ne laissant des morts que les dents. Ces dents, qui traînent de-ci, de-là sont convoitées par des nains, descendants des serviclones de Galaxius,  suites de manipulations génétiques, coincés eux aussi, dans cette forêt abominable.
      Bordj, le chef des nains, après un moment de défiance compréhensible, leur avoue que la poudre de dents est seule efficace pour contrer l’influence mystérieuse qu’exerce sur les humains cette entité démoniaque qui assimile tout ce qui vit. C’est pour cela qu’il est réticent à leur montrer son village. Nos compagnons pénètreront à sa suite dans un lieu fortifié par un mur de carcasses de voitures abritant la micro-société de nains dominés par un vieillard acariâtre et savant nommé Aguir.
      Durant la nuit, Jag sous l’influence d’un rêve hypnotique est réveillé par Cav : des entités sauvages tentent d’investir la place. Une barrière à l’électricité générée par des turbines constitue l’unique rempart encore efficace. Mais comme le flux de la rivière souterraine alimentant les générateurs s’est soudain tari, le duo héroïque s’engage à faire sauter l’obstacle pendant que, au-dessus d’eux, le menu peuple se fait hacher menu, rejoignant la légion des « Yeux d’encre ». Jag, arrivé sur site, découvre une statue en boue, vivante par quelque sortilège, qui l’agresse avec violence. Après avoir dégagé la salle des turbines, entraîné par l’eau et toujours poursuivi par le golem, Jag constate que l’explosion a rendu son ennemi inoffensif et minuscule. Par la même occasion les Yeux d’encre se résorbent dans l’air et disparaissent ; Qui est responsable d’un tel gâchis ? Certainement Aguir, sorcier à ses instants perdus et qui avait perdu le contrôle de ses créations, payant cet égarement de sa vie. Les oiseaux qui chantent, les biches qui les frôlent, les accortes petites naines qui prodiguent leur affection aux deux héros prouvent que les temps de la démence noire sont passés. Après un long repos bien mérité, les deux compagnons reprendront le chemin de l’exil.
      Vol.16 : les Vierges de pierre, Plon éd., 1988, 1 vol. broché,  in-12 ème, 221 pp. couverture illustrée par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1988
      en construction
      Vol.17 : l’Ile de Lune, Presses de la Cité éd. 1988, 1 vol. broché,  in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1988
      Dans un établissement de plaisir situé en pleine forêt, Jag fait la connaissance de Shanna, une maîtresse-femme, qui le persuade de l’accompagner dans la jungle, par le rio Sobredo, où l’on trouve de l’or à gogo,  dans un site appelé «l’île de Lune ». Jag, d’abord réticent, est convaincu, suite au massacre perpétré par de redoutables jivaros, et par la disparition de Cavendish. Le couple, s’embarquant sur un radeau de fortune, tente de gagner la colonie du « Chinois », un poussah dangereux et avisé homme d’affaires, qui pourrait les aider. Ils le rencontreront,  mais très mal en point.  Jag, contaminé par le venin de myriades d’araignées mutantes, vit une expérience hallucinatoire et spirituelle.  Il combattra les hommes du Chinois dédoublé sous la forme de son totem le jaguar, sa nature animale. Shanna et lui resteront en vie. Mais drogués, donc inaptes à se défendre, ils gagneront en prisonniers l‘île de Lune, une terre noire veinée de bleue, territoire des « Indiennes blondes », de redoutables amazones qui dominent des hommes, prisonniers et esclaves. Ceux-ci sont contraints d’extraire de l’or de ce sous-sol singulier, en réalité le substrat d’une météorite.
      Clegg, un prisonnier atypique, spécialiste du latex dans une région où abondent les arbres à caoutchouc, informe Jag de son sort, alors que Cavendish, retrouvé entre-temps, et Shanna, seront emmenés à des fins de reproduction et de plaisir. Le sol météorique est instable. Du gaz, circulant dans des tunnels, en se détendant brusquement, congèle les malheureux fouisseurs. Les ruminations de notre héros, se demandant comment se sortir de ce guêpier, seront brusquement interrompues par un tremblement de terre qui secoue l’ensemble du sol, fractionnant la météorite en unités plus petites, lesquelles,  à l’instar de l’île de Laputa, s’élèvent dans les airs, de plus en  plus haut. Comme ils survolent déjà la canopée, la situation appelle une réaction urgente,  si Jag et consorts ne souhaitent pas se retrouver dans la haute atmosphère. Avec l’aide de Clegg, qui met en place une longue corde faite d’hévéa durcie, ils retrouveront le sol par un prodigieux saut à l’élastique, alors que les amazones blondes, les esclaves et les restes de la météorite s’évanouissent dans les hauteurs.  Shanna, qui ne perd jamais le nord, leur propose d’accéder aux richesses mises à jour par la disparition de la couverture minérale du météore. Dans cet épisode, les événements se suivent sans queue ni tête, Jag se disputant sans arrêt avec Shanna et Cavendish. On est loin du début de la série.
      Vol. 18 : Désert mécanique, Presses de la Cité éd. 1988, 1 vol. broché,  in-12 ème, 216 pp. couverture illustrée par José de  Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1988
      en construction
      Vol. 19 : les Mangeurs d’âmes,  Presses de la Cité éd. 1988, 1 vol. broché,  in-12 ème, 216 pp. couverture illustré par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1988
      Toujours en goguette, Jag et Cavendish aboutissent dans un village ressemblant à l’enfer. Tout en combattant des nuées d’insectes volants, ils aperçoivent, étendus sur le sol, des monceaux de cadavres, tous témoins d’une mort violente. Ils n’auront pas le temps de réfléchir à tout cela car, aussitôt après fait la connaissance de Zoé, une androïde contrefaite, seul être « vivant » dans les décombres, ils seront attaqués par un hélicoptère. Jag et Zoé parviendront à se soustraire au danger. Cavendish sera capturé et amené devant Salomon, le grand maître singulier d’un lieu singulier appelé Sororro, une ville où tout le monde est libre mais marqué d’une étoile au front, cependant, comme l’explique Salomon à Cav., nul ne peut franchir l’enceinte extérieure de cette cité, haute de plusieurs centaines de mètres.
      En attendant Jag, dont la venue est certaine pour son compagnon, Cavendish écoute les tirades du grand maître Salomon. Celui-ci parle d’obligation, de confiance, de sacrifice librement consenti, à l’instar de tous les thaumaturges ou religieux. En ce qui concerne Cavendish, seule, lui dit-il, la « supernova » pourra le sauver. Il croit que Jag est l’incarnation de celle-ci,  détectée par l’appareillage électromagnétique de l’hélicoptère. En attendant la venue de Jag,  les journées de Cav. seront remplies de séances de télévision se déroulant et boucle et montrant des séquences de la vie d’avant le Grand Bouleversement, mais diffusant aussi des images subliminales incitant au sacrifice suprême.
      Sororro est, en réalité, un immense centre d’extermination, dirigé automatiquement par un organisme-robot, une sphère magnétique réglant le sort de la population carcérale. Les êtres humains, enlevés ou attirés dans Sororro y perdent leurs âmes et leurs corps en masse. Jag et Zoé, suivant le flot des condamnés, cherchent à entrer dan la ville, chacun avec une mission différente. Pour Jag, il s’agit de retrouver son ami. Pour Zoé, il s’agit de détruire le centre pénitentiaire.
      S’aidant l’un l’autre, utilisant l’extraordinaire compétence des hommes-crapauds, - encore des mutants-, capable de souffler un nuage méphitique et fluide d’une matière qui se solidifie progressivement, les deux complices, enveloppés dans cette dernière, s’élèvent au-dessus du mur. Puis, Jag, bandant tous ses muscles, abaisse le pont-levis, seule voie de sortie pour les condamnés. Zoé, se transformant en belle femme tel le phénix de la fable, produit une vibration insoutenable qui fait éclater la structure de cette cité mortifère.
      Salomon meurt, la tête éclatée par l’énergie libérée dans l’explosion alors que le mur tremble, puis se disloque. Sa substance, constituée d’ âmes humaines dérobées de longue date aux victimes, est restituée aux corps auxquels elles appartenaient, des corps figés en une stase de vie suspendue. La terrible menace écartée, la ville enfin ouverte, Jag et  Cavendish en profitent pour prendre quelques jours d’un repos mérité.
      Un récit intéressant, sortant quelque peu de l’ordinaire de la série,  malgré les relents d’un mysticisme douteux.
      Vol. 20 : les Ventres mous,  Presses de la Cité  éd., 1989, 1 vol.broché,  in-12 ème, 222 pp. couverture illustré par José de Huescar. roman d’expression française
      1 ère parution : 1989
      Toujours dans le désert (ce monde futur n’offre que des déserts et des villes en ruines), et toujours affamés, Jag et Cav. se rapprochent d’une curieuse bâtisse, à moitié enterrée dans les sables. Ils ignorent qu’il s’agit d’un « translateur temporel » qui les expédiera illico à des milliers d’années-lumière de la Terre  et en l’an 3000 en un autre bâtiment lequel s’avérera être un pénitencier de l’espace. Ils s’y retrouvent en compagnie d’un groupe de soldats américains d’un autre temps, piégés eux aussi et arrachés  à leur jungle vietnamienne. Sont présents l’intellectuel du groupe, qui explique à Jag l’aspect technique de leur aventure, un Noir, Joshua, symbole de l’anti-racisme et un baroudeur, un dur de dur, Baxter, vouée à sa seule mission qui est de tuer tout ce qui bouge.
      Pourquoi donc ont-ils tous été ainsi « shangaïés » ? On le saura ultérieurement car un péril imminent déstabilise leur esquif qui flotte dans l’espace ; une « ville migrante » (clin d’œil à Blish et ses « Villes nomades »), soit l’île de Manhattan, les frôle et les entraîne :
      «Bouches bées, les huit hommes découvrirent alors un spectacle qui termina de leur couper le souffle. La première masse, sphérique, ressemblait à s’y méprendre à une énorme gemme, une formidable topaze renfermant en son cœur une machine volante aux lignes pures, une espèce d’aile delta longue, incroyablement profilée avec une tête plongeante, manifestement articulée, un superbe oiseau de fer (peut-être le « Concorde » ? = note du rédacteur) -Bon sang, qu’est ce que c’est que ça ? siffla Joshua. On dirait un avion entouré d’une gangue de glace, ou bien d’un cristal (…) Traversant les brumes célestes, constellée d’étoiles scintillantes, une fantastique banquise se rapprochait doucement, emplissant les écrans, laissant entrevoir une formidable concentration d’immeubles. -Manhattan ! souffla Billings. C’est bien Manhattan… »
      Prenant pied  dans cette nouvelle cité à partir des docks, ils auront à combattre d’abord les féroces « requins-chiens » à la langue préhensile, formes mutantes gardiennes de cette cité perdue, et ensuite des «femmes», anciennement humaines, aujourd’hui défigurées et quasiment indestructibles, qui en veulent terriblement aux mâles de les avoir rendues ainsi, en propageant les germes  d’une maladie universelle qui décima la gent féminine normale (Ah ! si les hommes avaient pris l’habitude de se laver les mains on n’en serait pas réduit à ces extrémités !)
      Jag et consort auront bien du mal à éliminer ces tigresses , surtout qu’un autre danger majeur se présente, une colonie de méduses énormes, les «Ventres mous» qui enserrent totalement l’île de Manhattan, ainsi qu’une fusée ancienne naviguant de conserve, surnommé « l’Oiseau de feu » ou le « Mayflower ». C’est là que se trouve la clé de l’énigme. Car tous ces mondes dérivent vers la « Grande Blonde », soit un nid immense de Ventres mous, proliférant dans ce coin de  l’espace.
      Jag sera choisi, en cours de route pour sa pureté génétique,  par la dernière forme consciente de cette humanité future (sous la forme d’une belle adolescente), résidant à bord du Mayflower, en tant que géniteur et dernier espoir de régénération de l’espèce humaine. Quant aux ventres mous, ce ne sont pas du tout des ennemis. Ils sont là pour protéger la précieuse graine des agressions d’un extérieur vicié. Jag, ayant accompli sa mission avec le brio que nous lui connaissons, se retrouvera à nouveau catapulté dans le temps et sur la Terre avec son ami Cavendish, au moment où toute l’histoire a débuté . N’est ce pas qu’ils ont de la chance ?


    3. Type: livre Thème: guerres futures 2, menaces et guerres nucléaires, l'apocalypse réalisée Auteur: ANTOINE Parution: 1965
      Une vision hallucinée de l’apocalypse moderne dont rêve les sociétés occidentales. Le monde entier en sera affecté. La guerre froide, la surveillance aérienne constante multiplient les risques :
      « la bombe est prête à sauter
      Le bouton à s’enfoncer
      Des avions tournent sans cesse »
      Le « futur inquiétant » appelle les réactions populaires. Les émeutes, les révoltes se multiplient,  attisées par le racisme, la haine et le désir de vivre sans contraintes. En réponse,
      « on arrache les forêts
      pour y planter des armées. »
      Les hommes politiques eux-mêmes n’ont de cesse d’alimenter les fureurs guerrières avec des rodomontades et des assassinats ou « des chaussures qui frappent à l’ONU » (allusion à la célèbre intervention de Khroutchev). Dès que le peuple croit avoir trouvé la paix sociale ou la stabilité économique
      « on nous annonce
      que quelque nation lointaine
      s’est réveillée dans la haine ».
      Par le jeu infernal des alliances, l’ensemble du globe se trouvera concerné,  permettant à la guerre de s’étendre. Lorsque
      « les alliances se reforment

    4. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Thomas DISCH Parution: 1972
      Un couple de canards, Curtis et Daffy, le mâle plutôt optimiste et la femelle plutôt angoissée, s’interrogent sur leur avenir en un monde pollué. Déjà leur unique rejeton est mort-né. Ne trouvant plus rien à manger, leurs ailes lourdes comme du plomb, ils décident de partir vers le Sud, sous de meilleurs climats, en faisant très attention aux voitures qui pourraient les écraser et aux rats qui souhaiteraient les manger. Mais leurs ennemis naturels sont tous morts, ou presque, sauf le dernier rat qui, hélas ! égorgera Curtis :
      « Sur toute la longueur du fossé, il y avait des rats à divers stades de décomposition, ainsi que deux belettes mortes et un hibou à moitié dévoré. Daffy considéra cette légion d’ennemis hors d’état de nuire avec un mélange de peur et de triomphe. D’un côté le monde serait certainement meilleur sans animaux de proie, mais de l’autre… Elle ne savait pas exactement ce qu’il y avait sur l’autre plateau de la balance, mais il y avait à coup sûr quelque chose. »
      Daffy, restée seule, prend son envol au-dessus de la mer. Enfin libre ! Pour peu de temps, puisqu’elle terminera sa course morte dans l’eau, aplatie par le souffle du Concorde au-dessus d’elle.
      Une délicieuse nouvelle, tellement bucolique, qui adopte enfin le point de vue du pollué dans un monde que nous détruisons.

    5. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Hugues DOURIAUX Parution: 1989
      Phillip Corbett, savant biologiste dans un laboratoire commercial, décide de se venger de l’humanité qui ne reconnaît pas sa valeur. S’étant infecté lui-même par un cocktail bactérien de sa composition, il meurt, non sans avoir au préalable répandu ses microbes dans le système de filtration de l’air. Le mal qui l’emporte est rapide et douloureux, se traduisant par des crachements de sang et un pourrissement de la sphère intestinale :
      « Dans sa lettre, Corbett avait dit que les premières atteintes du mal qu’il avait inventé – ce fumier – se déclaraient dans un délai variant de deux à six jours. Il décrivait l’évolution de l’infection avec un luxe de détails sadiques – l’ordure. Des troubles intestinaux, des céphalées, suivis d’une irritation bronchique et pulmonaire ; ensuite, de la fièvre, puis des troubles de la vision et de l’équilibre trahissant l’atteinte cérébrale ; enfin, dans les derniers stades, des douleurs intenses. Et la mort… »
      L’ironie du sort fait que Corbett sera assassiné avant de mourir par Bart le Concasseur, un voyou noir gigantesque, qu’il contamine, évidemment :
      « Bart ne prêta aucune attention aux bruits d’éructation du chicano. Il avait ressorti le pic à glace du ventre du type et regardait un drôle de truc. Il avait déjà vu des mecs le ventre ouvert. Ben, ils  étaient jamais comme ça ! Les tripes, c’est clair, un peu nacré au milieu du sang rouge, plutôt jaunâtre là ou ça devient gros. Chez ce mec, c’était gris-noir, avec des plaques brunes, des espèces de bubons… Et ce que ça fouettait, nom de Dieu !
      -Ah, la vache ! cria Norma en reculant. »
      Rebecca Garfield, chef de sécurité au centre médical, se met en chasse. D’abord pour retrouver les traces de l’infection dans les circuits d’air, puis des indices écrits que Corbett aurait laissé dans sa maison transformée en laboratoire privée, en pleine zone urbaine à risque.
      Aussitôt arrivée sur les lieux, elle se fera agresser par Bart, qui la viole, avant qu’elle n’arrive à convaincre le Noir qu’une épidémie se répand de manière foudroyante en ville et qu’il ferait mieux de l’accompagner au centre médical pour qu’on puisse pratiquer des tests sur sa personne. Après quelques hésitations, Bart accepte. Entre temps, l’épidémie a bien progressé par effet ping-pong. Bob, un autre chercheur infecté, sait qu’il s’agit d’une course contre la montre. Déjà, autour de lui, le laboratoire se dépeuple.
      Dans le bureau de la Fairbanks Chemical, décision est prise d’avertir les responsables municipaux et de suggérer la mise en place d’un cordon sanitaire autour de la ville de New Houston. Le maire, Malcolm Moriaty, y consent à contrecœur. Toutes les forces de police se mettent donc en place, laissant sans défense une cité livrée aux jeux de destruction par des bandes de voyous organisés. La vie sociale se détériore à toute vitesse, viols, incendies, meurtres se répandant comme une traînée de poudre. Les laboratoires de la Fairbanks arrêtent leurs recherches,  vaincus par la disparition massive  de chercheurs. Leur seul constat est que certains semblent être immunisés naturellement contre l’infection. Bart est de ceux-là, ainsi que Rebecca.
      Enfermé dans une chambre d’expérimentation, le géant convainc la jeune femme de le libérer car il est le seul à proposer une solution de sauvegarde, soit à rejoindre, dans le nord de la ville, un abri anti-atomique dont il connaît l’emplacement. Rebecca le hait pour ce qu’il lui a fait mais sait qu’il a raison. A deux, ils seront plus forts pour traverser une ville en état de siège.Devant un péril qui s’accroît de manière exponentielle, le sénateur Lewis-Carnell, mis au courant de la situation par un Moriaty qui se suicidera peu après, ne reste pas inerte :
      « - Non ! C’est vous qui allez m’écouter ! le coupa l’autre. Il faut faire revenir la police immédiatement dans la ville ! Ca s’entretue à tous les coins de rue ! Il y a des incendies partout ! Les banques sont attaquées, et les postes, les magasins ! Ils ont fait sauter la cathédrale Saint-Patrick ! On ne peut plus communiquer avec la moitié de la ville ! Tout à l’heure, on a tiré sur ma façade et mes adjoints ont dû faire le coup de feu pour repousser des voyous… Et il y a la maladie ! Les cas se multiplient ! Cette saloperie est en train de nous pourrir tous ! »
      En concertation avec le président des Etats-Unis, il prendra la décision, la mort dans l’âme, de déverser sur la ville des bombes incendiaires pour « cautériser la plaie ». Bart, qui a compris avant tout le monde la gravité de la situation, élimine tous ceux qui se mettent en travers de sa route, avec une sauvagerie inégalée, y compris d’anciens compagnons de rapine. Avec Rebecca pour compagne, enceinte de ses œuvres, il atteindra à temps son havre de paix tandis qu’au-dessus d’eux se déclenchent les feux de l’enfer…
      Un récit classique basé sur le thème de l’épidémie dont le mécanisme est abondamment décrit, avec une insistance particulière sur les scènes gore ou sexuelles. Un roman qui ne se détache pas sur le fond habituel de la production mais qui se lit, peut être sans plaisir, sinon sans ennui.

    6. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Jimmy GUIEU Parution: 1924
      Vol.01 : La Mort de la vie, Fleuve Noir éd., 1957, coll. «Anticipation», N°87, 1 vol. broché, in-12ème, 187 pp. couverture illustrée par Brantonne. roman d’expression française
      1ère éd.: 1957
      Les retombées de poussière radioactive se généralisent dans le monde.Elles sont véhiculées par les jet-streams, courants d’air violents de haute altitude, et se répandent de l’Europe à l’Asie:
      «Mais s’il n’était plus question de conflits entre les «Grands», les longues séries d’expériences atomiques et thermonucléaires inconsidérées avaient provoqué une considérable augmentation du taux de radioactivité ambiante. Et cet accroissement allait grandissant de jour en jour par la chute des infimes poussières projetées jadis dans l’atmosphère à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude par chaque explosion. Ces particules, de diamètre inférieur à un dixième de micron, mettaient des années (ou quelques décennies pour une fraction appréciable d’entre elles) pour retomber au sol. Outre cette «pluie» permanente mais au débit «relativement» faible, les modifications climatiques provoquées par les explosions - à la suite du long déséquilibre de conditions naturelles - risquaient à tout moment de précipiter au niveau de la biosphère le formidable «matelas» de particules radioactives accumulées très au-dessus de la stratosphère.»
      Au moment où débute le récit, l’Angleterre est en état d’alerte et décrète la mise en quarantaine de ses ressortissants. Il est d’autant plus difficile à un petit groupe de personnages de s’envoler vers le Brésil, seul pays, où, inexplicablement, les retombées sont encore rares. Sonia Koltsova, la fille du savant atomiste russe sait qu’elle doit gagner Rio mais ignore le but du voyage. Son billet annulé la bloque à Londres. Heureusement, Finch, un banquier se déplaçant avec sa secrétaire, lui permet de voyager dans son avion personnel. Ils y sont rejoints par un mystérieux  Johnny Smith, alias Timoty Lake, qui sous la menace de son arme se joint à eux.
      Le petit groupe atterrit près de Belem dans une exploitation agricole appartenant à des frères missionnaires soutenus financièrement par Finch. C’est là que, ô surprise, M. Smith s’avère être le fils d’un savant atomiste américain, ami du russe qui doit veiller sur Sonia. Celle-ci découvre enfin la finalité de tout cela en prenant connaissance de la lettre-testament que son père lui a remise.
      L’humanité est condamnée. La radioactivité va se généraliser et s’amplifier. Un groupe de techniciens et de savants ayant prévu la catastrophe,  ont fait construire, en toute discrétion, un refuge au sein de la jungle du Brésil, une ville sous dôme protecteur appelée «Cité Noé».  Connue des seuls initiés, elle n’accueille en son sein que des gens jeunes (et les techniciens bien sûr), triés sur le volet. John et Sonia, dont les candidatures avaient été rejetées, n’ont plus d’autre alternative que de forcer le passage, en espérant y être recueilli. C’est leur seule chance de survie. Quant à Finch, c’est son fils qui lui a révélé l’existence de la cité.
      S’embarquant à bord de l’hélicoptère de la mission, ils atterrissent dans une clairière et, munis de leurs combinaisons anti-radiations et de plans, se dirigent vers la Cité. Promenade qui n’est pas de tout repos car ils seront attaqués par les Jivaros et Finch sera tué. Enfin, rencontrant une patrouille en provenance de la Cité Noé, ils y seront recueillis non sans avoir été, au préalable, vigoureusement décontaminés.
      Récit d’aventures populaires qui a le mérite d’insister sur les dangers du nucléaire. L’idéologie sous-jacente de «l’arche des élus», thème récurrent dans l’oeuvre de Guieu, reste douteuse.
      Vol.02 : le Règne des mutants, éd. Fleuve Noir, 1957, coll. « Anticipation » N°91, 1 vol. broché, in-12 ème , 187pp. couverture illustrée par Brantonne. roman d‘expression française.
      1 ère  parution : 1957
      Perry Jenkins est un jeune mutant « blanc », à la peau cuivrée. En provenance des Adirondacks, il compte se rendre à New York, porteur d’un message magnétique de la plus haute importance, qui serait le ciment permettant de fédérer mutants blancs et « bleus ». L’animosité qui existe entre les deux groupes date de l’époque de la « grande catastrophe », où périt le monde ancien (le nôtre). Aujourd’hui ne subsistent plus que les « Dégénérés », macrocéphales, rachitiques, cancéreux, déments qu’il faudrait éradiquer, et des mutants résistants à la radioactivité.
      Or, la bande magnétique transportée par le jeune homme, mentionne l’existence d’une « Cité Noé » au cœur du Brésil, dans laquelle vivraient encore des « Anciens ». Bien que parfaitement sains et doués pour quelques-uns d’entre eux de pouvoirs psy extraordinaires tels que lévitation, psychokinèse, translation, tous sont télépathes.Son désir de fédérer les clans est largement aidé par la rencontre impromptue avec une jeune mutante à peau bleue –Nora- qu’il arrache des griffes des Dégénérés. Son père, chef de clan et futur beau-père, l’aidera dans son entreprise de descendre l’Hudson jusqu’à New York en faisant avertir tout au long des rives et par courriers spéciaux (à bicyclette) les différents clans.
      Peter et Nora seront accueillis par Ray Garland, le patron de la mégapole. L’audition de la bande magnétique l’enthousiasme et, immédiatement, il organise la mise en place d’une expédition vers le Brésil. Un voyage de longue haleine qui sera heureusement écourté par deux psycho-mutants, Diana Moore et Peter Slade, lesquels se rendront directement dans les parages de la Cité Noé, via Manaus détruite, par translation télékinésique. Ils auront à se battre contre une faune et une flore mutantes, avant de lier connaissance avec William Lake et Michael Maitland, venus aux nouvelles, issus de la Cité.  
      Les explications mutuelles sur l’état du monde d’aujourd’hui stupéfient les deux partis. Les premiers, parce que dans la Cité Noé subsistent beaucoup de mutants bleus et blancs, inconscients de leur résistance aux radiations. Les seconds, parce que dans la Cité Noé résident encore quelques Anciens avec toute leur science d’avant la « mort de la vie ». La décision est prise  de transférer vers New- York, par psychokinèse, tous les mutants  de la cité et leurs enfants, en une opération « Nurserie ». Quant aux quelques Anciens, tels que le professeur Sterling, tous les moyens seront mis en œuvre pour leur créer une protection biologique. Les dégénérés, il va de soi, seront éliminés.
      Vol.03 : Cité Noé N°2, éd. Fleuve Noir, coll. «Anticipation, N°100, 1957, 1 vol. broché, in-12ème, 189pp. couverture illustrée par Brantonne. roman d’expression française
      1ère parution: 1957
      Près du lac Makay dans le désert australien se dresse une ville sous globe gouvernée par Eric Dhal, chef de la Cité Noé N°2. Il vient juste d’accueillir aux portes de celle-ci, l’équipe expérimentale  dirigée par Teddy Price qui revient d’une mission d’exploration de la zone extérieure radioactive. En 2225, il est avec Judith, celui qui a mis au point le sérum qui combat les radiations ( !), ce qui leur a permis de découvrir l’environnement extérieur sans protection particulière. Judith les ayant rejoint, ils reçoivent l’ordre d’établir une tête de pont à Dajarra, dans le Queensland, et d’en rendre compte. Grâce aux casques psycho-amplificateurs, ils pourront aisément communiquer entre eux.
      Les camions à turbines s’arrêtent pour une première étape où ils trouvent dans l’église de Barrow Creek émergeant des sables , à côté de centaines de squelettes, un émouvant témoignage écrit de ce que furent les derniers instants de la population. En repartant, ils feront la connaissance d’une faune étrange et hostile. D’abord des limaces géantes cracheuses d’acide, extrêmement dangereuses, puis des monstres de type préhistorique. Enfin, lors d’une étape, le camp sera investi par des créatures simiesques sans danger mais très  curieuses, des ptéranoïdes volants, résultats de mutations.
      En ville, ils découvrent des traces d’occupation récente, empreintes de pas, dépôts de carburant visités, ainsi que des panneaux indicateurs d’une zone dangereuse à éviter, prouvant à l’évidence qu’ils ne sont pas les seuls sur le terrain. Avec l’obstination qui caractérise les chercheurs, le groupe, atteignant la zone interdite, y découvre un camp de concentration abritant une foule de monstres tératogènes qu’un incident malheureux libère. Alertés, les « autres », mutants bleus de la Cité Noé N°1, tentent de limiter la casse en donnant la chasse aux dégénérés après que le premier contact ait été effectué avec le groupe de la Cité Noé N°2. L’alerte passé, ils conviennent ensemble du plan de sauvetage à mettre en place pour les ressortissants des deux cités non encore immunisés.
      Une série dans la tradition des pulps, au cocktail habituel : sentiments doux, touches d’érotisme pour adolescents, monstres baveux, pouvoirs surnaturels, en une sauce bien liée par le chef-cuisinier Guieu.

    7. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Ian WATSON Parution: 1983
      La Terre a une époque indéterminée (La Russie s’appelle "Russ" et l’Amérique "Méric"). La grande joie des villageois survivants, notamment ceux de Tuckerton et d’Edgewood,  est de pratiquer le patin à voile sur des surfaces circulaires, parfaitement planes et vitrifiées. Celles-ci sont le résultat de déflagrations des "oiseaux lents", sortes de missiles planant silencieusement à hauteur d’homme au-dessus du paysage terrestre. Depuis plus d’un siècle, leurs apparitions et disparitions aléatoires, ainsi que leur nature, demeurent mystérieuses. A la suite d’une rivalité, le jeune Daniel Babbidge se fait attacher sur l’un de ces oiseaux. En dépit des efforts de son frère Jason pour le libérer, il disparaît soudainement avec l’artefact.
      L’ épisode affecte gravement la santé mentale de Jason qui  transforme sa façon de penser au contact de la mort symbolisée par  le cylindre d’acier. Il prêchera, le reste de sa vie une philosophie du néant et du vide, un zen désespérée, repris en chœur par nombre de ses concitoyens, la vitrification des enclaves humaines restantes accentuant la pression.
      Puis, un jour, Daniel revient, toujours aussi jeune, en face d’un Jason vieilli. Il connaît maintenant la clé du mystère : les " oiseaux lents ", sont des armes, produits technologiques de deux races qui s’entretuent "ailleurs", par machinerie électronique interposée. Ne pouvant s’atteindre directement, ils envoient leurs missiles par-delà le temps terrestre avec les conséquences prescrites par la relativité : une heure de leur temps représente un siècle du nôtre. Désireux de mettre un terme à leur extermination, ils ont renvoyé Daniel sur terre avec, en sa possession, tous les plans nécessaires à la destruction des missiles et aussi ceux de la construction d’arches stellaires. Cette explication heurte trop violemment son frère Jason qui ne peut l’admettre. D’un coup de canne, il voudra tuer son frère. Celui-ci, non seulement ne meurt pas mais se transforme avec le temps en une sorte "d’anti-prophète " en suscitant ses propres adeptes. La rivalité prendra fin à la mort de Jason. Les forces de vie triomphantes mettront un point final à la période des  oiseaux lents , sur une terre appauvrie et dévastée.
      Un concept intéressant de guerre relativiste dont la richesse du  thème aurait pu mieux s’épanouir dans une forme de narration plus longue.

    8. Type: livre Thème: menaces climatiques, Adam et Eve revisités Auteur: Emile SOLARI Parution: 1905
      Clément Robert, l’explorateur célèbre, réunit sur sa terrasse montmartroise une brochette d’invités divers, parmi lesquels le peintre Georges Renaud, le commercial Paul Tisseur, son excellence Tsé-Thou, le fermier Mathieu Dughoy ainsi que des femmes et d’autres amis, pour fêter dignement son départ en Asie. L’ambiance est enjouée, les cocktails actifs et Clément montre à ses hôtes les objets qu’il prendra avec lui pour ce voyage aux confins des zones habitées.
      Sur une immense barque pratiquement déjà montée sur la terrasse, sont disposés des monceaux de victuailles, des vêtements, des semences, et même un moteur dernier cri. Bien lui en a pris de se préparer avec une telle minutie, car durant cette même soirée, avec une rapidité inouïe, leur vint l’annonce que la moitié du monde se trouve déjà engloutie par les eaux et que le déluge se rapproche des côtes européennes.
      En toute hâte ils se préparent au pire, certaines autres personnes ayant pu les rejoindre sur la terrasse. Grâce au sang-froid  de Clément, leader naturel, vingt-neuf personnes prendront place dans la barque lorsque la terrasse, s’effondrant sous les eaux, la lancera au-dessus des toits de Paris noyé:
      "Un fracas effroyable ébranlait le ciel. La foudre, au loin, tombait sur la tour de fer, sans relâche , éclairant le désastre d’une lueur continue dont l’intensité variait. Sous ces reflets  livides et farouches s’étendait l’immensité des eaux dont les vagues avaient des reflets d’épée tirées au clair de lune. Les toits du Louvre ne se voyaient plus, ni Saint-Germain, ni la Madeleine, ni l’Opéra, ni l’Institut. A droite on distinguait encore la basilique blanche de Montmartre et les cônes de ses toitures byzantines. Un drame effroyable devait se passer là-haut, parmi la multitude refoulée. Devant eux les passagers voyaient briller les ors des Invalides, dont la lanterne, la flèche et la croix se montraient encore. A gauche le Panthéon dressait au-dessus des flots son dôme noir. Et c’était tout, on n’apercevait plus, ça et là, que quelques points obscurs, épaves ou sommets de monuments. "
      Ils manquent de peu les gargouilles de Notre-Dame, les piliers de fer de la tour Eiffel, pour finalement dériver vers le Sud. En branchant le moteur auxiliaire, leur vitesse augmente et ils passent quelques journées éprouvantes sur la mer qui a recouvert la région lyonnaise, le Languedoc,  se confondant avec les eaux de  la Méditerranée.
      Leur réserve d’eau épuisée, ils atterrissent sur une côte rocheuse. L’Arabe qui les accueille leur fait comprendre qu’ils ont mis les pieds en Algérie. Celui-ci, dernier rescapé de ce côté-ci de la Méditerranée, avec ses deux filles, s’agrégera au groupe. La terre qu’ils viennent d’atteindre est devenue une île mais des cultures subsistent encore, ainsi que quelques fermes susceptibles d’enrichir le clan. Sous l’énergique commandement de Robert Clément devenu leur chef de fait (et plus tard leur Président à vie), ils entreprennent de recoloniser ces quelques maisons abandonnées, embryon " de la cité rebâtie " .
      La micro-société s’organise selon le principe de la duplication: on refait du neuf sur le modèle de l’ancien, en reconstituant avec les moyens du bord ce qui existait jadis pour le bien de tous. Grâce aux compétences et à la polyvalence de Clément Robert  (il s’y connaît en repérage de minerai de fer, en domestication d’animaux, en semis et cultures végétales, en architecture, etc.), la petite société se cimente dans la bonne humeur.
      Un prédateur terrible, un lion, ravage les parages en raflant au passage les quelques moutons élevés par les humains. Une chasse est organisée et le fauve impitoyablement éliminé. Au demeurant, avec de la patience, Tisseur apprivoise l’unique éléphant qui hantait ces lieux. Baptisé "Béhémot ", Il deviendra une source d’énergie énorme, un compagnon charmant et un véhicule apprécié.
      L’harmonie utopique qui préside à cette résurrection permet l’émergence des plus tendres sentiments: des couples se forment, l’on se marie, des enfants naissent. Sous la douce autorité paternaliste de Robert Clément, les fondations matérielles étant assurées, il reste encore du temps de disponible  pour la culture et le savoir. Celui-ci est désormais consigné sur du papier (apprêté pour l’occasion), à travers l’imprimerie mise au point par Tsé-Thou, pour servir de dépôt sacré aux générations futures.
      Le cataclysme universel a vraiment dû transformer ces derniers êtres humains puisqu’à aucun moment ils ne s’inquiètent de savoir s’il existe ailleurs d’autres survivants ou de partir à leur recherche. Se sentant bien dans leur île, ils édifient une société selon la morale (celle, bourgeoise de Clément Robert) et en fonction du progrès technologique qui est considéré comme le bien suprême. Cela leur est d’autant plus facile que les vices qui défiguraient habituellement l’homme ancien, leurs sont inconnus: pas de mensonges, de vols, de meurtres, de sexualité débridée, de viols, de jalousie... Parfois..., peut-être..., le fait de boire un petit coup de trop...mais le Président y met bon ordre !
      Tout  se passerait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles s’il n’y avait le Négateur, dont le nom est déjà tout un programme.
      Embarqué avec les compagnons de la première heure, ancien ami de Clément Robert, cet être taciturne s’est transformé en contestataire, prenant systématiquement le contre-pied des arguments développés par le Président. Il ne croit pas à la nécessité de travailler, ce qui est pour lui un esclavage, ni à celle de progresser, ce qui est une aliénation. Anarchiste de service, il développe une thèse selon laquelle le progrès technologique tue la liberté individuelle:
      " Voici l’endroit et l’envers de la chose. On construisait des routes, mais on payait des impôts fabuleux. En un siècle et demi, depuis Louis XV, on avait réalisé beaucoup de soi-disant progrès. Mais croyez-vous que l’on aurait pu retrouver un tact aussi parfait de bonne société que celui répandu à cette époque dans les salons? Où est l’amélioration? Et, d’un autre côté, pensez-vous qu’un homme primitif, partageant ses soins entre sa cabane et ses engins peu compliqués n’ait pas été plus heureux que l’habitant des grandes villes du globe, astreint à mille règles, obligé à de multiples usages, à se vêtir suivant la mode, à se présenter à l’heure au bureau ou devant le contrôle de l’usine? Vous imaginez sans peine une foule de raisons que je ne dis pas. En résumé, devons-nous chercher à nous replonger dans le funeste fatras des complications ou devons-nous plutôt simplifier notre vie en prenant pour modèle les peuples les plus simples que nous ayons connus?"
      A Clément Robert qui tente de le convaincre (avec douceur!) de la fausseté de ses opinions en lui précisant que l’individu s’exalte à se mettre au service du bien social, il répond:
      " La belle avance que vous ayez fait pousser du raisin en plein pays du Nord, si l’estomac repu n’en peut manger! Les spectacles, mais ils détraquaient la nervosité, provoquaient l’insomnie! Les livres, mais ils donnaient la migraine! Les usines, mais elles empoisonnaient l’air, tuaient les ouvriers! Le travail, mais il assommait tout le monde et tout le monde, lié par de chaînes imbéciles, le subissait. Puisqu’un ouragan bienfaiteur nous a presque délivré de ces liens, rompons-les tout à fait, reprenons notre liberté. Regagnons l’ignorance qui dore tout, l’état primitif qui laisse en repos. "
      Et Clément Robert de rétorquer :
      " Encore une fois qu’est-ce que l’état de nature? Est-ce la condition du sauvage? Lequel? Celui qui connaît la culture? Celui qui chasse? Celui qui ne sait pas allumer de feu? A quel degré d’ignorance faut-il revenir selon toi pour être heureux? Si nous nous abandonnions, sur cette pente dangereuse, ne vois-tu pas que nous serions à la merci d’un changement de climat, d’une famine, de n’importe quel événement imprévu? "
      Ne pouvant plus supporter la vue d’autres êtres humains avec de telles théories, le Négateur ira vivre seul dans un coin de l’île, en compagnie de son chien, en produisant un minimum d’efforts et en pratiquant la chasse et la pêche.  
      La démonstration voulue par Solari n’en sera que plus convaincante lorsque le Négateur, devenu un être hirsute, sale, abominable, pratiquement incapable de s’exprimer, vêtu de peaux de bêtes, sera confronté à la beauté évanescente de Claire, une lumineuse jeune fille en robe de soie chatoyante (dernière conquête de la civilisation retrouvée).
      Il en tombera éperdument amoureux, allant jusqu’au meurtre pour assouvir sa jalousie, car Claire lui est à jamais inaccessible. Lorsqu’il mettra le feu à l’imprimerie (qui propage les idées mensongères du progrès.), en brûlant du même coup Tsé-Thou, Clément se résigne à se débarrasser du parasite en une dernière chasse à l’homme.
      Agonisant dans sa caverne la haine au coeur et la rage au ventre, il offre une image pitoyable aux yeux de son très ancien ami:
      " Dans le demi-jour, on distinguait mal. La face du Négateur était embroussaillée de poils. Entre eux, la peau se montrait, brune et poussiéreuse. Les yeux s’ouvraient, petits, peu clairs, jaunies par l’envie. Dessous, les peaux de bêtes rajustées avec des tendons couvraient le corps et formaient un ensemble informe, avec lequel se confondaient les bras velus. "
      Ses convictions anarchistes l’ont fait régresser au stade de la bête! De tels faits confirmeront Robert dans l’idée que son approche morale du monde est la seule possible. Le Négateur n’a pu réduire à néant ses efforts, ni inciter les jeunes de la communauté à quitter les lieux en prétextant une nouvelle montée des eaux. L’unique " ennemi " de la Cité étant enfin liquidé, celle-ci poursuit son évolution harmonieuse vers le bien. Les naissances se multiplient à vitesse exponentielle.
      Georges Renaud, devenu  vieux maintenant à l’instar de Robert, décide d’un voyage vers le Nord avec ses deux petits-enfants et l’aide de Béhémot. Sans que le Président puisse l’en dissuader, il se met en route. Les eaux se sont retirées de partout, les terres traversées sont plus ou moins marécageuses, mais ils continuent leur chemin, toujours plus loin, traversant la chaîne des Alpes pour finalement se retrouver devant Paris:
      " -La Bastille! Une seconde place s’ouvrait devant eux. Là, sur le limon déposé, des herbes, des buissons avaient poussé, semés par le vent. Un océan de tiges, à demi jaunies par la maturité, balançaient les épis de graminées sous la brise douce qui soufflait. Au centre de la place, un trou se creusait, la colonne de Juillet avait dû s’effondrer dans le canal ouvert au-dessous d’elle. Les maisons démantelées, rangées en cercle, faisaient comme un décor d’incendie, en découpant le ciel dans les cadres de leurs fenêtres. "
      Pris d’une grande frénésie devant ce spectacle Georges Renaud l’immortalisa avec sa plume. En fouillant les ruines,  les nouveaux explorateurs trouvèrent encore une encyclopédie, trésor inestimable qu’ils s’empressèrent de rapporter. Mais, vaincu par trop d’émotions, l’ancien mourut devant son Paris tant aimé. Alors, les jeunes, pour qui la vraie patrie était leur terre d’Algérie, s’en retournèrent sans regret.
      Ils seront accueillis triomphalement après cinq ans d’absence. La colonie comptait maintenant plus de deux mille personnes  qui maintiendront ferme le cap vers un avenir radieux. Robert Clément, encore vivant quoique centenaire, figure mythique du Père Fondateur, sent au fond de lui descendre la grande paix de la victoire définitive.
      " La Cité Rebâtie " de Solari est un ouvrage qui fait date dans le courant cataclysmique. Par son traitement stylistique, Il se détache de ses semblables, tels que " le grand cataclysme " de Henri Allorge, ou " les buveurs d’océan " de H. Magog. Il se hisse  au niveau du roman de Stewart (le Pont sur l’abîme) dans sa description naturaliste d’une nouvelle société. D’autres aspects comme la description suggestive des ruines de Paris, ou la présence du personnage du Négateur renforcent l’originalité du récit.
      Quelques faiblesses subsistent pourtant autant structurelles - personne ne se soucie d’autres survivants éventuels - que formelles, étant donné que l’unique aspiration vers le bien qui pousse les  nouveaux bâtisseurs est vraiment par trop peu crédible. Une réédition du roman de Solari serait la bienvenue.

    9. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Albert ROBIDA Parution: 1887
      Fabius Molinas, rentier et patriote, n’hésita pas à s’engager lorsque son pays, en proie à une attaque traîtresse, se trouva menacé. Il rejoignit rapidement l’aéronef «l’Epervier» comme canonnier de 2 ème  classe, ce qui lui valut de participer à l’assaut d’une série de blokhaus roulants, immobilisés dans le brouillard artificiel répandu par les «brouillardiers ». Prenant dans la foulée le commandement d’un de ces blokhaus, il bombarda la place-forte ennemie en démantelant les brigades territoriales féminines chargées de la protéger. Investissant la ville, il dut son salut au fait qu’il était allé se reposer en une cave profonde.
      En effet, la contre-offensive s’avéra terrible. Les chimistes ennemis, bombardant la ville avec des gaz, tous les habitants de la cité seront asphyxiés, sauf Fabius Molinas. Finalement, La ville délivrée par des «torpédistes» amis, Molinas se trouva projeté dans un fleuve :
      « Les torpilleurs embusqués dans les cirrus et nimbus à 3000 mètres de hauteur, laissèrent les premières ombres du soir descendre sur la ville, puis actionnant leurs propulseurs, ils se précipitèrent des hauteurs du ciel et, parvenus à bonne distance, lancèrent leurs terribles torpilles. Subitement la ville arrachée de ses fondations se boursoufla, craqua et sauta en l’air. »
      S’immisçant chez l’ennemi, Il sème la terreur dans le camp des chimistes en faisant exploser un container rempli de miasmes :
      « Tout s’est écroulé dans la salle du conseil, généraux, médecins, soldats, tous sont tombés subitement et se tordent sur le sol, en proie à toutes les maladies déchaînées par l’action de Molinas. Des épidémies s’abattent sur l’armée ennemie et portent leurs ravages en trois minutes dans un rayon de quinze lieues. Grâce au tampon de son casque de chimiste, Fabius, qui avait fait le sacrifice de  sa vie, en est quitte pour une formidable rage de dents. (…)
      Disons tout de suite que les hôpitaux ennemis eurent à soigner 179 549 malades civils et militaires, et que, du mélange de tous les miasmes, naquit une maladie remarquable et absolument nouvelle. Cultivée par les médecins de l’Europe entière, elle est aujourd’hui connue sous le nom de fièvre molineuse, du nom de son inventeur, et l’endroit où elle prit naissance est resté fort insalubre. »
      Avec les félicitations du général et une promotion à la clé, il reprend du service comme mitrailleur-pompiste, participant de très près au carnage sur le champ de bataille principal; grâce à lui, les médiums ennemis,  qui suggéraient télépathiquement aux soldats  la reddition sans conditions des forts du front, sont rendus à l’impuissance.
      Voilà que la flotte sous-marine se prépare à ravager nos côtes. Molinas, détaché à la marine comme ingénieur-torpilleur sur le «Cyanure de Potassium», provoque la destruction de quantités de mines ennemies. Attaqué par les «Ravageurs», des cuirassés à grande vitesse, Molinas, avec ses amis scaphandriers, abandonne le torpilleur, remonte à pied le fleuve et surgit en pleine bataille.
      Là, il se rendra encore utile en détruisant les liaisons téléphoniques entre camps ennemis. La guerre se terminera pour lui après qu’il eut participé à une grande bataille aérienne au-dessus de la Méditerranée,  puis l’Atlantique, enfin sur le sol d’une de nos colonies africaines. Pour finir en beauté, il épousera Melle Dolorès, une charmante Mexicaine de Mexico, lieu où, malencontreusement, s’échoua son torpilleur.
      Un court récit, amusant et picaresque, provocateur et ironique dans son évocation d’une guerre future. Robida reste le grand maître de l’anticipation sociale du XIXème siècle. Ce récit fait écho aux éléments guerriers distillés dans le « XXème siècle » « la Vie électrique » et la «Guerre infernale», dont la lecture est hautement conseillée.

    10. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Roger CHANUT Parution: 1924
      Rapportées du cœur de l’action, ces notes de guerre, rédigées par le narrateur-soldat, médecin de son état, représentent un effroyable témoignage. Engagé dans une guerre moderne où deux armées s’affrontent avec un arsenal scientifique, le témoin observe et étudie les bactéries nocives, les gaz inédits, les armes sophistiquées, et leurs effets sur des êtres humains qui pataugent dans la boue, la sanie et la peur. Les gaz, tout d’abord. Incolores, inodores qui, en 24 heures pourrissent le corps de l’individu. Ou, au contraire, parfumés à l’odeur de violette, d’amande amère, de réséda ou de moutarde, qui s’infiltrent dans les combinaisons, rendent aveugles, asphyxient, en bloquant les poumons :
      « Gaz puants et irritants à peine dangereux, acides liquéfiés, gaz amoniac, donnant une fausse impression de sécurité, servant parfois à masquer la présence de gaz mortels, à odeur faible tel l’acide cyanhydrique, poussières impondérables de composés persistants et caustiques capables de corroder la peau à travers les vêtements. »
      Ils obligent au port d’un masque lourd, gluant, incommode qui fait de l’homme un monstre. Le champ de bataille, ensuite. Terre dévastée, noire, inondée par endroits, parsemée de cadavres, où flottent des nappes de fumée suspectes : là s’affronteront les « ombres de demain ». :
      « L’horizon s’est nivelé. A nos yeux se présente une plaine qui, au loin, devant nous, se perd dans une grisaille de brume où ne se devinent même pas les lointains renflements des coteaux. Une plaine, ou plutôt un cadavre de plaine, crevée d’innombrables abcès où stagne une eau bourbeuse. Cloaques parfois réunis les uns aux autres par des lignes plus sombres. Sans répit une pluie fine, tenace, hargneuse, nous harcèle. »
      Les infiniments petits, végétaux ou animaux, dont l’apparente et inoffensive petitesse cache une puissance maléfique, créatures de terribles maladies, comme l’actinomycose, due à un champignon microscopique dont le siège est les poumons. La gangrène gazeuse, conséquence de la prolifération du vibrion sceptique dans une plaie infectée, provoquera, elle, le pourrissement généralisé du corps du soldat. Les effets en sont spectaculaires :
      « La sueur perle à ses tempes, il hoquette doucement, un peu de bave s’échappe entre ses lèvres. Sa jambe est déjà toute noire, la cuisse est devenue énorme. L’enflure gagne du terrain, continue sans arrêt sa marche ascendante. Hier on ne songeait pas encore à l’amputation, maintenant toute intervention est inutile. »
      Il en existe encore d’autres, comme le bacille de Koch, (tuberculose) ou le bacille d’Eberth (typhoïde), de toutes les formes, soigneusement concoctés par les génies militaires, expédiées sur l’ennemi à l’aide de fléchettes empoisonnées ou de grenades en verre.
      Une offensive sur un terrain miné s’est terminée par la mort mystérieuse de nombreux soldats, un nuage d’hydrogène arsénié ayant eu raison d’eux. L’attaque s’est faite en fonction du vent dominant car il ne faut pas que les gaz puissent se retourner vers ceux qui les ont lancés.  La famille des composés du cyanure impose le port du masque : la légèreté en ce domaine se paye au prix fort :
      « Il en est qui n’ont sans doute pas eu le temps de mettre leurs masques. D’autres, peut-être pour faciliter leur fuite, l’ont enlevé, ont fait quelques mètres, et se sont effondrés là, sans blessures, la poitrine broyée par l’étau de fer des gaz. Ils tournent vers le ciel leurs yeux révulsés, leur face tordue dans un rictus d’agonie, dans un dernier effort pour respirer. »
      Les vivants et les morts forment un ensemble sur le champ de bataille, paysage d’enfer sillonné de fantômes blancs ou gris :
      « On s’efforce de trouver un chemin moins mauvais, et on continue à se heurter aux troncs sales et boueux, à s’empêtrer dans les lianes épineuses et rouillées des fils barbelés, à trébucher sur les cadavres, à tomber dans des fondrières insoupçonnées, à s’effondrer dans d’inextricables amas de tubes de fer de toutes formes, de toutes dimensions. On s’écorche, on se meurtrit, on se déchire, on se relève, couvert de boue. »
      Aucune amitié ne dure longtemps, étouffée dans l’œuf par la mort rapide :
      « Je soulève doucement la pauvre tête. La face aux yeux d’ombre se couvre d’une teinte bleu-âtre. Son corps raidi est horriblement froid, malgré les couvertures. J’essaye de lui faire prendre un peu de boisson. Il ne peut avaler. Maintenant le délire s’empare de lui. (…) Puis brusquement, il suffoque, il s’effondre, prostré.(…) Et bientôt, je n’ai plus dans mes bras qu’une pauvre chose inerte. S… a maintenant rejoint les fantômes du royaume des ombres. L’Arsenic ne pardonne pas. »
      Parfois, par jour clair, il lui arrive de sentir la nature qui souffre sous le déferlement de fer et de feu, lors d’une action hors des « boyaux ». Le temps qui passe et l’inaction forcée des combattants augmentent leurs angoisses. Les armes se modifient, insensiblement, toujours plus efficaces dans leurs fonctions mortifères. Certains gaz ne seront plus utilisés. D’autres apparaissent, inédits. L’Anhydride sulfureux, par exemple, qui s’enflamme à l’air, à l’eau, au contact des tissus humains, s’alimentant de l’humidité contenue dans les corps.
      Autour des combattants, s’étendent des champs laissés à l’abandon, des bourgs morts annihilés par les déluges d’obus, les gaz, les maladies. La mort à brève échéance est parfois supplantée par des épidémies que l’ennemi espère voir éclater dans la population, ce qui affaiblirait l’adversaire. Il compte sur la peste, ou le typhus, ou le choléra dont rats, puces et autres parasites seront les vecteurs de dissémination.
      Ainsi va la vie quotidienne remplie de nuages artificiels qui dissimulent l’ennemi, d’attaques-surprise, de fatigue, de crasse et de peur. Parfois, lors d’une sortie, des chars précèdent les fantassins, apportant une touche fantastique à l’apocalypse :
      « Les lourds chars d’assaut, non montés, commandés à distance électromécaniquement précèdent notre avance. De leur masse énorme, ils écrasent les invraisemblables amas de barres, tubes, cerceaux, fils, ferrailles jetés là, parsemés d’embûches. Quelques monstres disparaissent dans un volcan soudain surgi sous eux, à la place du mastodonte : un trou. »
      Parfois, il arrive que l’on reconquiert des ruines sur lesquelles flotte un drapeau déchiré de la Croix-rouge, sans que l’on sache le nom de ce village, concassé, anéanti, disparu. nLa guerre chimique du futur ne fera que des perdants, des adversaires réunis dans un même sort. Des gaz corrosifs dont les effets ne peuvent même pas se décrire guetteront chacun d’entre nous. C’est ainsi que le narrateur, ayant respiré sans même sans douter une bouffée de ces gaz, se sentira mourir doucement, lentement et douloureusement. Il aura juste eu le temps de transmettre ces notes à un ami…
      « Les Ombres de demain » représente un témoignage précieux sur les conditions d’une guerre bactériologique ou chimique «totales », si elles devaient survenir un jour. Largement basées sur l’expérience des tranchées de 14-18, sur sa pratique de médecin et ses connaissances scientifiques, les notations impressionnistes de l’auteur font surgir un monde infernal, fantastique, un enfer déshumanisé crée par l’agressivité humaine. Un ouvrage à mettre au niveau de ceux de Malaparte ou de Barbusse.

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