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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, guerre des sexes, matriarcat Auteur: Elisabeth VONARBURG Parution: 1992
      Relatée par Lisbéï, la chronique de sa vie couvre quatre périodes distinctes en une vaste tranche d’histoire. La première a pour cadre la Garderie de Béthély dans la province de Litale. Lisbéï, toute petite fille est une " mostra" en robe rouge. Sous la surveillance de Tessa et d’Antomé ses gardiennes, elle s’efforce de comprendre la tapisserie du dieu Elli :
      «D’ailleurs, comment les humaines faisaient leurs enfantes, avec la seringue, c’était une des premières leçons qu’apprenaient les dotta après avoir reçu leurs tatouages. (…)  Mais la Mère ne faisait pas les choses comme les Rouges ordinaires. La Mère faisait ses enfants " avec le Mâle " - celui de la Tour Ouest exclusivement. (…) La Mère " faisait Elli avec le Mâle " ou " Dansait avec le Mâle ". Cela se passait entre autres lors de la Célébration. La Célébration était " l’action de grâce que nous adressons toutes ensemble à Elli, la nuit du solstice d’été».
      Elle apprend aussi l’histoire du pays des Mères. 584 années après le réchauffement climatique qui a apporté des bouleversements indescriptibles pour l’humanité sur tous les plans. Les sociétés féminines se sont constituées en Familles et Lignées, non sans convulsions.
      Géographiquement, le Sahara s’est transformé en une mer intérieure, séparant l’Afrique des Provinces. Le climat en est encore bouleversé. Les Mauterres où vivent les "Abominations ", deviennent un lieu de bannissement pour  les Rebelles ou un lieu de fouille pour les Archéologues - Exploratrices. Le déclin du pouvoir mâle a été progressif et s’est maintenu durant toute la période des Harems :
      «Des pages qui se suivaient à peu près, il n’y en avait que trois groupes. D’abord une dizaine de feuillets discontinus mais appartenant sûrement au même chapitre, décrivaient les Grandes Marées du Déclin et traitaient de climatologie.. Huit autres résumaient (en pointillé, à cause des pages manquantes) les grandes lignes de la théorie de l’évolution. Et une trentaine enfin, presque sans interruption, avaient fait partie d’un chapitre sur la génétique.  Elles essayaient d’expliquer comment et pourquoi il naissait moins d’hommes que de femmes : il devait normalement en naître autant mais des mutations venaient parfois brouiller le jeu. A une période indéfinie mais précédant sans doute le Déclin proprement dit, elles avaient affecté le chromosome déterminant le sexe : l’équilibre aléatoire entre naissances mâles et femelles avait été rompu. D’Elli et de la punition des mâles pour avoir transgressé l’ordre naturel du monde, il n’était nullement question. "
      Jusqu’à ce que le pouvoir des femmes ait aboli l’ancienne société, instaurant la période des Ruches. Grâce à Gagne, la Sainte, les Ruches à leur tour font place aux Captes et aux Familles. Seules, aujourd’hui, les Juddites sont devenues les gardiennes de la Sainte Foi :
      «Tula voulait dire " les Juddites de maintenant ". Elles ne seraient pas du tout contentes d’apprendre que les Juddites d’autrefois s’étaient battues contre Garde. Que des Juddites devaient avoir menti sur la tradition, falsifié aussi bien l’histoire que la légende…Le statut des Juddites de maintenant, toutes confites dans leur fidélité stricte à la Parole, inimitables gardiennes des traditions, n’en sortirait certainement pas sans dommage.»
      Les hommes, devenus rarissimes, constituent des exceptions dans le tissu social des Familles. Aujourd’hui toutes les Captes ont signé la Charte et quelque soit la Province, l’Escarra, la Breitany ou la Baltika, elles appartiennent toutes à la même Lignée. Lisbéï est la fille de Selva, Capte de Béthély, destinée à succéder à sa mère. Pour cela elle est durement éduquée par Antomé, la gardienne bleue, médecin de surcroît. Lorsqu’un être cher meurt,  elle ne comprend pas encore bien le rituel funéraire de la " Dolore ".
      Elle s’applique aux leçons de Taïtche qui serviront à son self-control. Elle s’entraîne surtout à développer son empathie envers les êtres et les choses, ce qui lui sera très utile en cette société liée. Et aussi, elle surveille avec angoisse l’arrivée de ses premières règles, signe qu’elle entre dans la catégorie des " dotta " ou préadolescentes avec tous les dangers qui s’y rapportent.  Car un fléau impitoyable s’abat sur les jeunes, une sorte d’atteinte virale, appelée « la Maladie ». Soit elles résistent, soit elles meurent. Lisbéï en réchappe mais devient stérile : elle ne pourra être Capte, laquelle doit obligatoirement pouvoir enfanter. Toujours très proche de Tula sa sœur qui sera condamnée à prendre sa place, elle suit avec horreur et sans le comprendre,  l’accouplement rituel de Selva avec un mâle lors de la Nuit de la Célébration. Définitivement, elle se tourne vers l’archéologie, science qui la passionne.
      La deuxième période va de janvier à novembre 487. Lisbéï a trouvé sa voie professionnelle. En effectuant des fouilles sur le terrain, elle met à jour un réseau souterrain de galeries aboutissant à un cachot contenant des squelettes et un petit carnet. Elle vient de mettre à jour la prison où mourut Halde, la compagne de Sainte Garde. Lisbéï entreprend la traduction du carnet écrit en ancien Frangleï qui la conforte dans son intuition. Cette découverte de première grandeur pourrait déstabiliser l’ensemble de la Société des Mères en jetant une lumière crue sur des réalités que le mythe a fini par occulter : Halde aurait-elle été une mutante, l’une de ces Abominations qui hantent les Mauterres ?
      La réaction du cénacle des Juddites, gardiennes de la loi, ne se fait pas attendre.  Elles s’opposent à Lisbéï qui demande la réunion des Assemblées, persuadée que lors de cette séance publique présidée par Selva, la vérité ne manquera pas d’éclater. A sa grande surprise, elle se voit désavouée pour des raisons de " realpolitik ". Antomé seule abonde en son sens en réclamant la " Décision ", c’est-à-dire une longue enquête approfondie dans laquelle elle devra s’investir totalement durant trois années complètes. Lisbéï décide de changer de lieu et part pour Wardenberg, la province du nord :
      «Elli pleuvait. Pas un beau grand orage, juste une petite pluie fine, insidieuse. Lisbéï se rappelera toujours cet interminable voyage sur la mer plate et grise qui sépare la Brétanye de la Baltike et de Wardenberg. A peine une mer, guère plus de cinquante mètres de profondeur, moins par endroits ; par temps calme, on peut voir les terres englouties, avec leurs ruines. L’angoisse avait monté avec deux jours sans vent, le bateau avançait si lentement dans le halètement de la vapeur, cette immensité vide tout autour, l’horizontalité morne et plombée de l’eau, le couvercle étouffant du ciel à peine plus clair… "
      Wardenberg est un choc pour Lisbéï. Tout y tellement différent de Béthély ! Aussi bien l’économie de cette province grise et triste que les relations personnelles qu’elle tisse avec une nouvelle Famille.
      Ses amies, Carmelle de Raduze, Fraize, Edwina seront, elles,  fascinées par Lisbéï qu’elles reconnaissent pour une grande historienne. Au petit groupe s’ajoute Douglass, un jeune homme secret et mystérieux, sensible et dévoué, être étrange aux yeux des autres jeunes femmes. Durant cette période, racontée à  travers les lettres envoyées à Tula, Lisbéï nous fait part de ses réactions, de son désarroi. Elle s’est inscrite à la Schole pour y continuer ses recherches d’historienne. Puis, à la Printane, elle s’engage dans une patrouille de surveillance des frontières des Mauterres. Elle y connaîtra l’expérience de la force physique en se faisant respecter de Gerda une coéquipière qui l’avait prise en grippe.
      De retour à Wardenberg, elle a le plaisir d’écouter une conférence de Kélys sur le thème : Halde avait-elle vécu dans les Mauterres ? Arrive la fête de la Célébration. Secouant son dégoût, Lisbéï décide d’y participer :
      " C’est à ce moment-là qu’elles les tuaient, les mâles devenus stériles, à ce moment où la chaleur de la drogue explose et roule dans le corps, bute contre la peau, se libère enfin en un cri joyeux, cruel, immémorial. Les cris montent au hasard dans la foule, la drogue ne fait pas effet chez toutes au même instant et lorsqu’ils criaient aussi, les mâles inutiles, dans l’extase de leur Déesse, les prêtresses des Ruches leur tranchaient la gorge. Mais maintenant, tandis que les cris deviennent plus nombreux, plus aigus, ce n’est pas le sang qui répond à l’appel, éclaboussant les fleurs de la plate-forme, mais deux silhouettes nues et luisantes. Lisbéï sent la chaleur se nouer en elle., se replier sur elle-même, se dévorer au lieu de s’épanouir en cri, elle gémit tout bas," Tula ", et elle se mord les lèvres, le goût fade de son sang passe dans sa bouche tandis que Tula et leMâle, loin, loin à Béthély, ondulent l’un vers l’autre dans la première figure de l’Appariade. "
      Angoissée par ce rite dont elle ignore tout sauf qu’il est d’ordre sexuel, l’esprit embrumé par la drogue indispensable aux désinhibitions – l’Agavite- elle fait la rencontre impressionnante de Toller, un homme de la maison de Guiséia. Elle apprend de lui que les Familles sont toutes issues d’une même lignée génétique et qu’une expérimentation est en cours, à travers lui-même et Kélys qui doit redonner un nouvel équilibre hommes/femmes à la Société des Mères. C’est là tout le sens de l’Appariade dans le rite de la Célébration.
      Suite à cela, Lisbéï est adopté par la Famille des Guiséia où se poursuivent d’autres recherches dans le but d’éradiquer la Maladie qui tue de nombreuses jeunes enfantes impubères. En épluchant les Contes, dits héroïques de l’Ancien Temps, Lisbéï arrive à la conclusion qu’ils traduisent une vérité fondamentale. S’appuyant sur la traduction, Lisbéï est incitée à explorer un nouveau lieu archéologique, le tertre de Belmont qui lui semble prometteur. Le travail de déblaiement sera effectué par des hommes, ce qui représente une autre expérience particulièrement intense.
      C’est là que Douglass met fin à ses jours, se sentant incompris, secrètement amoureux de Lisbéï, alors qu’il n’y a aucun espoir que cet amour puisse se réaliser un jour. Durant la Dolore, chacune évoque le défunt dans ce qu’il lui a apporté de meilleur.
      L’exploration du tertre se poursuit et révèle un trésor, une quantité énorme d’artefacts. C’est la reconnaissance glorieuse du travail de Lisbéï et de la véracité des Contes.
      La quatrième période, la plus courte,  réunit l’Assemblée des Mères à Entraygues pour y décider de la destination des artefacts. Après une discussion serrée où chaque Famille prétendait tirer la couverture à soi, l’on a établi que le résultat des fouilles de Belmont irait dans un musée spécial, consacré au culte de Garde.
      Avec l’arrivée de Tula, vieillie, mûrie, à présent Capte de Béthély et Mère de la Capterie, Lisbéï comprend ce que leurs relations ont d’irréductible, chacune devant assumer une mission bien précise. La sienne propre sera de retourner dans les Mauterres avec Kélys pour se réapproprier un passé si lointain et si obsédant.
      Chroniques du Pays des Mères est une œuvre post-cataclysmique majeure, d’une grande densité et richesse humaines. Eclairant cette nouvelle société strictement féminine qui s’est mise en place après la disparition des hommes, la romancière lui confère une vie intense en la décrivant sous tous ses aspects, cultuels, ethnologique, anthropologique, tribal, etc.
      Par cela elle parvient à convaincre le lecteur de la vérité de cette société aussi étrange et lointaine que si elle habitait sur une autre planète. Si différente de la nôtre et pourtant si cohérente, car reposant sur des prémisses scientifiquement étayées, le principe de vraisemblance s’incarnant d’autant plus dans le concret par le choix que fait l’auteur de la technique du roman  épistolaire, cher au XVIIIème siècle. Nous sommes en présence d’un chef-d’œuvre du genre en particulier et de la littérature en général.

    2. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, guerres futures 2, menaces idéologiques Auteur: Jean DOUTRELIGNE Parution: 1951
      A Berlin, chez le maréchal Orloff, se déroule une partie de thé à l’ambiance feutrée qui cache difficilement le danger d’une nouvelle confrontation entre l’Est et l’Ouest.. Cette nuit-là, Daisy, la narratrice et secrétaire du généralissime Patton, chef des forces occidentales, se réveilla soudainement :
      " Je n’eus pas le temps de réfléchir. Tout d’un coup, le nord-ouest du ciel fut crevé par le jaillissement de centaines de coupoles d’une blancheur de métal en feu. J’en suis tombée à la renverse. Un roulement inouï de cataracte emplissait l’espace. "
      Les Russes venaient d’enclencher le processus d’une guerre nucléaire. Il fallait quitter d’urgence l’Allemagne pour préparer la contre-offensive. Les bombardiers occidentaux reprennent du service, les chars s’ébranlent en catastrophe, Patton veille au repli stratégique. En forçant l’encerclement russe, le général en chef parvient à gagner la frontière entre la France et l’Allemagne. Les dernières nouvelles ne sont pas bonnes ; le monde entier est à feu et à sang :
      "Nos bases d’Angleterre avaient cessé d’exister. A trois heures, un tapis de bombes atomiques –plusieurs centaines – ou de bombes à l’hydrogène (on ne pouvait encore rien préciser) avait liquidé l’île britannique et l’Irlande en quelques secondes. De ces deux pays absolument plus rien ne répondait ".
      Les Russes, par une attaque atomique généralisée, en pratiquant la politique du " tapis de bombes " avaient anéanti tous les centres névralgiques du monde libre. La seule possibilité pour Patton était de créer un contre-feu, soit d’appliquer le plan " Grogy " qui visait à couper l’Europe en deux, du Danemark à l’Italie, par une lancée de bombes thermonucléaires de façon que les Russes soient obligés de stopper leur avance :
      "Le cas a été prévu de longue date au plan Grogy. A  l’heure H, du Danemark à Venise, le tapis, avec une zone de réaction d’une profondeur de cent vingt-cinq kilomètres, sera déversée (…)  Ce tapis doit interdire radicalement aux Soviets toute possibilité d’avance. "
      Bien que de nombreuses capitales européennes, de grandes cités fussent broyées en ce jeu insensé, le succès du tapis de bombes ne fut pas total. Les Russes parviennent à contourner l’obstacle par la Belgique :
      " Au-dessus de la Ruhr, au-dessus du Palatinat, le tapis est tombé, plus puissant même qu’il n’avait été prévu. Mais plusieurs centaines de bombardiers atomiques n’ont pu survoler l’objectif central. (…) Patton s’éponge : -Trente millions de morts sans doute. Pour un coup incomplet, c’est-à-dire raté. Le colmatage allemand est fichu. "
      Il faut réagir. Patton, avec ses blindés et son aviation, broie tout devant lui, d’autant plus que les Soviets s’appuient sur les communistes européens qui constituent la cinquième colonne,  en cet affrontement généralisé. En de nombreuses villes, des soulèvements révolutionnaires les mènent au pouvoir où ils commettent des exactions sans nom :
      "Des cris effrayants retentissaient, des cris perçants, des cris stridents. Patton avait pris un communiste à la gorge : - Qui crie ainsi ? Qui crie ? -Monsieur, ce sont les femmes qui brûlent…- Des femmes brûlaient. Les femmes des riches. Les femmes des ennemis politiques. Les femmes des tués des fossés, enfournées dans les souterrains du vieux château. "
      La campagne de France débute avec difficulté.  Dans le nord du pays, les Français ripostent encore mais les bombardements continuels auront bientôt fait place nette. Là aussi, Patton tranche dans le vif: il faut " atomiser " ! Plutôt mort que rouge !, telle est sa devise :
      "Patton commençait à piaffer. -Monsieur le Président, il faudra qu’on atomise ! - Qu’on atomise ? - Ses yeux firent trois tours, comme dans le visage des enfants de couleur. Patton le conduisit à une grande carte d’état-major. -Nous tiendrons encore vaille que vaille à la Seine jusqu’à ce soir.
      Si nous nous y accrochons plus longtemps, demain nous serons bouclés et détruits. Il faut filer. Et il faut couper. A l’est du Rhône,   aussi, d’ici quarante-huit heures, tout sera cuit. Là encore, le barrage atomique est l’unique solution. ".
      Comme au temps de la deuxième guerre mondiale, la bataille des Ardennes sera décisive. Les Soviets repoussent l’armée de chars de Patton. Le général, plutôt que de se faire enfermer, fonce vers le sud où il aperçoit les fuyards que la guerre a jeté sur les routes :
      " Mais c’est au-dehors qu’est la vraie tragédie. Des dizaines de milliers d‘autos flambent. Des milliers de morts grillent, les chairs grésillantes, crépitantes. Des milliers de blessés, le visage cuivré par les lueurs de l’incendie, se tordent en d’horribles grimaces, parmi leurs intestins épars comme des serpents gris et verts. "
      C’est une véritable vision d’apocalypse :
      " Des cadavres retournés sur le ventre, noircis déjà, gonflés comme des outres, pourrissent dans des tourbillons de mouches immondes. D’autres cadavres ont été poussés pêle-mêle dans des voitures fermées, abandonnées. On dirait qu’ils regardent par la vitre, les yeux glauques, le poil hirsute, gris-verts. D’autres, noirâtres, découvrent des dents jaunes, dans un rictus horrible. "
      Pendant ce temps, l’Amérique tergiverse et hésite à se lancer dans le conflit. Or, tout retard aggrave la situation. Les trois quarts de la France sont déjà aux mains de l’ennemi. Encore et toujours, Patton ne voit qu’une solution : celle d’atomiser. La France du Nord, puis la région parisienne formeront une seconde ligne de défense qui permettra le repli vers les Pyrénées des restes de l’armée occidentale. Les gens, mourant de faim, bloquent les seules pistes d’aviation encore opérationnelles. Une distribution de vivres aggrave la situation. Afin de dégager les abords des pistes, Patton envisage de griller les pauvres bougres au lance-flammes !
      Johnny, le fiancée de Daisy, est grièvement blessé dans une escarmouche aérienne. Le retrait se précipite,  alors que partout en Europe s’organise le massacre de la bourgeoisie. Patton en tire la conclusion suivante:
      " Hitler voulait collaborer, avait besoin de collaborer. Alors la France restait pour l’Allemagne un partenaire éventuel, et un partenaire important. Aujourd’hui, les Soviets ont dix partenaires possibles, bien plus importants que votre pays (…) Depuis Hitler, faisait remarquer, sarcastique, Patton, plus un politicien anti-communiste n’a eu le peuple avec lui en Europe, n’a été capable de lui insuffler une foi, une volonté, un enthousiasme.  Nous avons racheté en solde, après 1945, des lots de socialistes, embourgeoisés, ficeliers , et des prédicateurs en cravates "
      L’Italie est tombée aux mains des communistes ainsi que les grandes villes du sud. La situation est désespérée car, roulant en convoi près de la Bidassoa, la colonne occidentale est attaquée, et bientôt,  la tête de Patton ornera le fût d’un canon de char. Grâce aux Russes présents sur le terrain, Daisy évitera d’être violée par les communistes français mais sera immédiatement déportée dans un kolkhoze andalou. La bride est lâchée à tous les crimes, c’est la fin de la civilisation :
      "La civilisation n’est qu’un vernis qui saute au feu des grandes passions grégaires. Ces tourmentes sont comme une libération de l’animal – homme. Elles le démusèlent. Il se rue. Il retrouve son état naturel. L’état naturel de l’homme n’est pas la civilisation. La civilisation n’est qu’un accident; l’animal, c’est la substance. Après des milliers d’années de religion, de mœurs policés, l’animal, en cinq minutes, se retrouve instinctivement "
      L’Europe vaincue se trouve sous la domination rouge. Partout dans le monde, à l’exemple européen, les révolutions grondent, en Afrique, au Brésil, en Amérique même,  des mouvements fomentés par des agitateurs noirs, amènent des pro-Soviets au pouvoir. Israël est anéanti:
      "La seule chose certaine que les Russes se racontaient en s’esclaffant, c’est que l’Etat juif de Palestine avait été liquidé par un tapis. Liquidation dans la ligne. (…) Moscou n’avait pas eu besoin, pour régler définitivement le problème juif d’utiliser comme Himmler des camps de concentration. Les Juifs s’étaient concentrés eux-mêmes en Palestine ; un tapis les avait envoyés en masse et en colonne chez Jéhovah. "
      Quant à Daisy, sa journée de travail terminée, elle sert de viande à soldat. Partout, à travers le monde, s’étalent des zones mortes contaminées par la radioactivité. Un autre univers a jailli du néant :
      " Les zones occidentales qui furent atomisées, il y a deux ans et demi commencent à redevenir habitables, mais le Praesidium des Soviets a ordonné qu’on les conservât provisoirement comme zones de réserves (…) l’ancien Paris, à cause de son importance ferroviaire, a été dégagé partiellement, grâce à l’effort des travailleurs de Leningrad qui ont adopté l’ex-capitale de la IVème République. Elle contient une cinquantaine de milliers de nouveaux habitants, slaves sans exception, campant surtout dans la banlieue. Elle s’appelle Lenina. Les Iles britanniques et l’Irlande sont restées totalement vidées de leur population civile, occupées uniquement à leur extrémité Ouest, par des installations militaires : bases sous-marines, rampes de lancement de fusées, aviation. "
      Nous connaissons les sympathies pronazies de Jean Doutreligne, alias Léon Degrelle, chef du mouvement rexiste belge durant la deuxième guerre mondiale; le lecteur ne s’étonnera donc pas des opinions professées, ici et là, dans le texte. Au-delà de la profession de foi, il se trouvera confronté à l’un des récits les plus effrayants qu’il lui ait été donné de lire dans le champ  cataclysmique, du type " guerre totale ". L’effet de vraisemblance s’articule sur un vécu encore proche. La chair torturée, les morts par millions, l’aliénation des uns, la haine des autres, l’hypocrisie et la mauvaise foi constantes, justement concrétisées en des personnages puissants, donnent du corps à l’ouvrage. L’épouvantable machinerie d’une guerre,  peut-être pas si future que cela, fait froid dans le dos. Un cauchemar à lire et qui sonne juste.

    3. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Christiane FOURNIER Parution: 1941
      Franz, jeune homme d’une vingtaine d’années, parcourt les gorges du Verdon, une région qu’il affectionne, avec son ami Claude. Le soir venu, celui-ci disparaît alors que Franz , par hasard, découvre dans une cavité située sous un gros rocher un manuscrit en latin. Il s’agit d’une prophétie de l’illustre physicien Gassendi. Celui-ci prédit pour l’année 1954 (nous sommes en 1952) des bouleversements cataclysmiques sur la terre. Selon lui, la lune éclatera subitement en morceaux par l’activité  des taches solaires , ce qui ne sera pas sans influence sur notre globe : " Luna in permultos satteles distrahetur  (La lune se divisera en multiples fragments.) "
      Franz prend cette histoire très à cœur et confie le manuscrit à Nadège sa petite amie en lui faisant jurer de garder le secret. Mal lui en prend. Le lendemain, elle l’a déjà trahi en remettant le document entre les mains de Claude qui disparaît au Japon (!) emportant l’ultime preuve du cataclysme annoncé. Franz fait ce qu’il peut pour prévenir ses semblables. Il demande audience à l’Académie des Sciences à Paris et se fait proprement éjecter. Les gens de sa région le prennent pour un fou. Nadège même, sa tendre petite amie, le bat froid. Désespéré, il erre dans la montagne pour retrouver une preuve de ce qu’il annonce partout à corps et à cris. Rien n’y fait.  Si ce n’est qu’à l’heure dite, la lune disparaît du ciel et que tombent des bolides sur la terre. Les conséquences de la catastrophe sont terribles : la pesanteur augmente et surtout l’oxygène de l’air se raréfie. Les cardiaques, les vieillards, les enfants, les gens faibles meurent asphyxiés.
      Nadège , la pâle petite amie chlorotique de Franz, atteinte par le mal, fait amende honorable et regrette ses agissements. Pas bégueule, Franz l’installe sous une tente à oxygène, car, lui au moins avait prévu le manque d’oxygène. Claude, le grand absent du récit, lui renvoie d’urgence le manuscrit volé à partir du Japon. Que faire ? Les ouvriers et habitants de la Provence accordent unanimement leur confiance à Franz (n’avait-il pas pressenti l’événement avec justesse ?) quand celui-ci leur indique un moyen susceptible de les sauver.  Grâce à de l’eau jetée sur un bolide lunaire, il arrive à en extraire un corps radioactif, le lunarium, qui aura la propriété de régénérer l’oxygène terrestre. Hourrah ! le monde est sauvé ! Des fragments de bolide serviront de par le monde à réanimer toutes les populations qui se sentaient déjà condamnées. Franz, marié à Nadège (à sa place, on aurait hésité), sera adulé et riche mais n’aura pour toute ambition que de continuer ses chères expériences de chimie dans sa chère vallée de Haute Provence.
      Une nouvelle gentillette qui n’a pas peur de friser le ridicule ni " l‘héneaurme ", dans la tradition des opuscules pour adolescents de l’immédiate après-guerre

    4. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: André SAGLIO Parution: 1904
      Le monde en fin de vie, orbitant autour d’un soleil rouge. Les derniers représentants de l’espèce humaine se sont réfugiés au sein de la terre, dans sa chaleur, qui s’amenuise régulièrement :
      « Or, un matin, comme le prodigieux astre de fer surgissait, Orgouzalam vit à la crête de la muraille à pic qui fermait la vallée devant lui un long scintillement sanglant, une miraculeuse frange de rubis qui suivait le caprice de la roche aussi loin que le regard pouvait aller. Il comprit que c’était la glace qui atteignit enfin, dans son implacable marche de destruction, le dernier refuge de l’humanité »
      Ogouzalam, le sage vieillard présidant aux destinées de son peuple, réunit celui-ci pour lui faire part de son  projet. Plutôt que de périr lentement et sans chaleur, en une lente consomption, ne vaudrait-il pas mieux faire refleurir brièvement mais intensément la nature en monopolisant en un seul coup toutes ses ressources volcaniques, quitte à subir une fin brutale et inexorable quant ces dernières seraient définitivement épuisées ? Lui, Orgouzalam, au cas où sa proposition serait acceptée, promettait à son peuple un euthanasie sans douleur et rapide. Le projet fut adopté et l’on vit une floraison extraordinaire de la nature et de l’espèce humaine :
      « Ce fut comme une folie d’activité qui secoua l’humanité figée depuis des siècles dans la morne attente de l’inévitable fin. Par toutes les galeries souterraines les êtres s’affairaient, fourmillaient si denses qu’on eût cru que subitement l’espèce avait décuplé. Une rumeur énorme de voix grondait à travers le labyrinthe des voûtes inondées de lumière électrique et se mêlait au fracas des machines roulant et frappant. »
      Cette renaissance fut brève. Bien que les hommes aient oublié la mort inexorable, Orgouzalam s’en souvenait, lui; il avait camouflé le mécanisme fatal sous un jouet, et appelant auprès de lui un petit enfant :
      « Sur ses menottes tendres, sur ses genoux, le petit erra, trébucha. La boule d’or attira son regard ; il s’en approcha avec des cris et des rires, étendit ses doigts tremblants, perdit l’équilibre et s’abattit de tout son faible poids sur le jouet. Une poussière d’étincelles fleurit un instant dans l’immensité, puis s’éteignit, et l’œil sanglant du soleil chercha vainement le monde. »
      Une nouvelle étonnante, baroque, désespérée d’un style puissant par un auteur tombé dans l’oubli, et jamais rééditée.

    5. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Rita KRAUS Parution: 1972
      La Terre est devenue un gigantesque poubelle, tellement énorme que, sur tous les continents, dans toutes les villes, jusqu’aux plus petits villages, des montagnes de détritus, des murs colossaux de déchets, empêchent désormais toute communication entre les êtres humains. Or Romain est amoureux de Sabine qu’il a entrevue dans le village voisin. N’étant pas dénué d’ingéniosité, il travaillera au rapprochement des corps et des esprits, souhaitant, avec un explosif de son invention, faire disparaître l’immense obstacle qui les séparait :
      « Lorsqu’on se rendit compte ce de qu’il avait combiné et qu’on voulût l’arrêter, il était déjà trop tard. L’étincelle initiale avait jailli… Dans une débauche de chaleur et de lumière, la Grande Décharge au complet fut annihilée et également, par suite d’une regrettable erreur de calcul sur les effets de la réaction en chaîne, son support : la Terre. »
      L’absurdité du cumul d’ordures poussée jusqu’au délire en une métaphore transparente.



    6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Vargo STATTEN Parution: 1956
      Le vaisseau interplanétaire « Nuage cosmique », en route vers Vénus, explosa sans raison après avoir capté un message suivi d’un son de cloche à résonance grave. Avant de disparaître corps et biens, le commandant Henderson pu faire parvenir ce message à la terre.
      Nat Williams, directeur d’une chaire mondiale de mathématiques et pionnier de l’espace, présenta le message au président, après qu’il ait pu  décrypter celui-là. C’était l’annonce d’une menace pesant sur le monde. Après un «mystérieux délai », scandé par les battements réguliers d’une cloche cosmique, les Vénusiens, très avancés technologiquement, ayant fui depuis longtemps leur planète d’origine, et pour éviter que leurs secrets ne tombent entre les mains de terriens inaptes et destructeurs, ont, en toute simplicité, piégé leur planète. Après 400 000 battements, soit un délai de deux ans, Vénus devait exploser, entraînant dans sa disparition la Lune et la Terre :
      « Nous (ce sont les défunts Vénusiens qui parlent) avons calculé que la force expansive de cette explosion fera voler en éclats notre planète tout entière qui se transformera en poussière cosmique. Vous qui écoutez ce message, vous êtes certainement parvenus à une culture scientifique très élevée puisque vous avez pu réussir à voyager dans l’Espace. Vous comprendrez donc que la brusque désintégration d’une planète et sa réduction en poussière, surtout lorsqu’il s’agit d’une planète du volume de la nôtre, c’est-à-dire de dimensions à peu près égales à celles de la vôtre, provoqueront certainement chez ses voisins l’anéantissement et la panique. Bref, nos calculs démontrent que la destruction de notre planète entraînera celle de tous les mondes du système solaire. Il ne s’agira pas d’une désintégration complète, mais toute vie sera balayée de leur surface. »
      L’heure était gravissime et il convenait de désamorcer cette machine infernale. Nat Williams pressenti comme sauveur constitua son équipe : Tony Dyson, le « Muscle » et Mike Benton, le « Cerveau », en dépit de son grand poids. Enfin, Myriam, sa secrétaire, la « touche féminine », qui aura bien du mal à échapper à son rôle de soubrette.
      Ils partirent donc en direction de Vénus, croisant en chemin les restes éparpillés du « Nuage cosmique », au nom prédestiné. Ils échappèrent aussi, grâce à la subtilité de Nat, aux ondes magnétiques tendues par les Vénusiens , destinées à les éparpiller eux aussi dans l’espace.
      Vénus était une planète chaude proche du mésozoïque terrestre avec une omniprésence de cuivre dans les roches et les océans, ce qui mit les Terriens sur la piste de l’engin infernal qui ne pouvait être que situé profondément sous terre. Avisant, après leur atterrissage un volcan éteint, ils s’en approchèrent pour y pénétrer. Cela n’alla pas sans mal, car la faune était à l’aune de la planète. Ils eurent donc à se défendre contre une guêpe gigantesque avant de se retrouver en une fragile sécurité. La descente du puits volcanique s’avéra périlleuse, semée de dangers, comme cette coulée de lave programmée par les vénusiens et déclenchée à leur passage.
      Arrivés au fond, ils aperçurent une gigantesque rangée de machines, ces engins que les Vénusiens avaient décidé de détruire car elles auraient pu faire faire aux Terriens un bond décisif vers le progrès. Encore plus loin, au fond, dans une salle, ils virent la machine infernale : un câble reliant un globe à une pyramide de cuivre qui puisait son énergie dans les profondeurs mêmes de la planète, connecté à la totalité du cuivre disponible dans le manteau. C’est la planète elle-même qui devait déclencher la bombe, après une onde initiale, à peine le délai écoulé.
      Nul ne semblait être en mesure de la désamorcer. La Terre était donc irrémédiablement perdue lorsque l’excès de précautions dont s’étaient entouré les Vénusiens se retourna contre eux. Une machine infernale robotique et programmée en conséquence, se mit en marche pour annihiler les intrus. En face de ce danger extrême, Nat fit sauter une mini-bombe atomique qui dérégla l’engin, lequel dirigea son rayon mortel sur  la bombe, envoyant le globe, le câble et sa pyramide dans l’avenir.
      La terre était donc sauvée… pour le moment ! Nul doute que d’ici un futur proche, avec l’aide de la technologie étrangère, les Terriens auront trouvé le moyen de désamorcer définitivement la mortelle menace.
      « Mystérieux délai » présente un récit d’aventure dans un contexte de science-fiction. Toujours écrit avec clarté et simplicité, l’intrigue se développe de manière linéaire, associée aux stéréotypes et aux poncifs récurrents du genre, verrouillant quelque peu l’imaginaire du lecteur (Mais il est vrai que l’on s’adresse aux adolescents des décennies écoulées……)

    7. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: A. VALERIE Parution: 1935
      Une société humaine blottie au sein d’une cité, elle-même calfeutrée sous terre et réchauffée par le volcanisme interne. Une cité régie avec toute la rigueur d’une science toute-puissante et omniprésente, soumise à l’appréciation d’un conseil des Sages. Un peuple dont le comportement est calqué sur celui des fourmis ou des abeilles. Unique moyen de faire perdurer les dernières traces de civilisation humaine largement décimée par les effets d’une nouvelle glaciation mondiale.
      Hégyr, jeune homme sensible et plus curieux que la moyenne des jeunes gens de cette société lymphatique, se voit chargé d’une mission de la plus haute importance par les Sages: celle de sortir de la cité et de vérifier si les glaciers reculent comme certains signes tendent à le prouver. Il quitte Aniéla, sa promise, s’avançant vers un sort redoutable muni de tous les perfectionnements techniques qui lui rendront la survie possible hors de la cité: casque de protection, trousse médicale, liaison radio constante:
      "A chaque découverte, il avait éprouvé des joies d’enfant. La vue de la première chaîne de montagnes avait fait battre son coeur.  En elles, c’était enfin la terre, la vraie terre, qu’il voyait, la substance du monde, sa chair nue, débarrassée de son manteau d’emprunt, qui n’avait pu partout s’y accrocher. D’énormes glaciers serpentaient à la base des pics, mais de place en place, la muraille de roches se dressait, apportant pour le plaisir des yeux, la diversité de ses teintes parmi l’immensité blanche."
      Il découvre que les glaciers ont fait place à une forêt qui abrite des humains primitifs, descendant des hommes restés à l’air libre au moment de la construction de la Cité. Grâce à sa science,  il sauvera la vie d’un jeune chef, Yagh, qui deviendra son ami. D’autre part, un sentiment tendre s’éveille en lui à la vue d’Eve, jeune fille primitive promise à Yagh. C’est tout un monde de sensations et d’émotions neuves, de sentiments nouveaux liés à la beauté brutale d’une nature vierge,  qui affecteront Hégyr en le transformant. Participant à une chasse à l’ours, blessé puis soigné par les sorciers, unissant son sang à celui de Yagh en signe de fraternité, Hégyr prend conscience de ce que la primitivité a de force et d’authenticité, ce qu’il oppose à la vie stérile et cloisonnée de la ruche.
      Comme émissaire de la Cité, il est tenu de rendre compte de la situation. Les Sages ne peuvent tolérer l’existence dans l’indépendance d’une tribu d’humains rétrogrades et antiscientifiques. Ils demandent à Hégyr d’obtenir leur allégeance à un mode de vie scientifique en les plaçant sous la domination de la Cité. Hégyr ne peut s’y résoudre. Il fait une tentative pour convaincre Yagh et le reste des chefs de se soumettre à la loi bienfaisante de la cité. Ceux-ci refuseront et ce sera la guerre.
      La Cité envoie pour les réduire,  d’énormes machines-robots. Yagh est fait prisonnier par l’une d’entre elles et emmené au sein de la Cité. Hégyr les suit. Il libère Yagh, se met derechef hors-la-loi, est capturé et attend sa sanction. Appelé par le Grand Sage mourant, il apprend avec stupeur de sa bouche que la Cité a fait son temps, qu’il a été désigné comme intermédiaire entre les primitifs et la Cité et que c’est grâce à lui que les habitants souterrains s’ouvriront à la nature libre puisque les temps ont changé :
      "Nous le savons déjà! dit,  avec dépit, l’un des Maîtres. L’existence de ce peuple inconnu peut être considérée comme un affront à l’orgueil de notre science. Les siècles de recherche, de calculs et de déductions subtiles ont conduit nos ancêtres, et nous ont conduit à conclure que la planète toute entière n’était qu’un astre mort, aussi mort que le monde lunaire... Nous vivons sur cette conviction depuis des milliers d’années. Et, depuis des milliers d’années, la vie a continué de s’épanouir à la surface, narguant tous nos systèmes et toutes nos théories!"
      Mais cette adaptation prendra du temps, beaucoup de temps. Le Grand Sage lui demande de résider dans la Cité afin d’assumer une nécessaire période de transition. Hégyr, fidèle à lui-même, dit adieu à Yagh, retrouve Aniéla et referme définitivement les portes sur lui et les siens.
      Roman sensible, composé avec une opposition très nette entre deux aspects du monde: celle des technocrates et celle des primitifs. Vision de ce que cette vie, dite "primitive" peut apporter de potentielle vitalité à une humanité défaillante. Description fouillée d’un thème qui sera souvent repris, celui de la vie en vase clos (voir à ce sujet" la Cité et les Astres" de Clarke ou "Captifs de la cité de glace" de  Gary Kilworth). Ce roman a été magistralement adapté par Pellos en bande dessinée sous le titre de " Futuropolis ".

    8. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: André-Marcel ADAMEK Parution: 2003
      Lors d’une excursion souterraine dans la grotte de Château-Rouge, l’éthologue Anton Malek, spécialiste du comportement des loups, reste seul survivant, en compagnie de Marie, une vieille dame, d’une convulsion tectonique consécutive à l’explosion de bombes nucléaires sur l’Allemagne. La jambe brisée, il sort de sa prison-refuge après des efforts inouïs, aidé par Marie, pour observer le paysage d’apocalypse qui s’étend devant lui. :
      « Ce qu’il avait pris pour un ciel gris n’était qu’un champ épais de fumées qui couvrait les hauteurs du paysage jusqu’à l’infini. Les crêtes des collines s’y noyaient, et l’on distinguait à peine leurs coteaux hérissés d’arbres noirs. Une forte odeur de bois brûlé imprégnait l’espace. Le pavillon où Malek avait pris l’ascenseur huit jours plus tôt était à moitié calciné. Les grands épicéas, fauchés comme des herbes, l’entouraient de leurs squelettes aux ailes épineuses. En contrebas, une immense crevasse cisaillait la vallée. Des villages engloutis dans les profondeurs, rien ne subsistait que les clochers épars, dénudés de leurs ardoises et montrant au ciel opaque leurs charpentes de grands oiseaux foudroyés.»
      Marie, devenue indifférente à la vie, a préféré se laisser mourir au fond de son puits sans que Malek ne pût lui porter secours.  Titubant, il prend le chemin de l’auberge où il résida, découvrant les premiers morts :
      « Les morts, il les trouva un peu plus loin, étendus devant la porte ouverte de la cave. Il y avait le patron et quatre pensionnaires. Eux non plus ne dégageaient pas d’odeur. La peau du visage noire et tendue comme le cuir d’un tambour, ils ressemblaient à des momies aztèques. (…) Il ne put franchir les limites du hall où s’entassaient pêle-mêle des plâtras, des débris de la toiture et de la cage d’escaliers, formant une véritable muraille qui condamnait l’accès aux chambres. »
      Il y survécut un certain nombre de jours grâce aux vivres trouvés dans les décombres, de plus en plus marqué par les radiations. Il prendra finalement la direction de la mer, vers le cap Gris-Nez, s’adjoignant un chien survivant, sans pelage, mais rescapé de l’holocauste lui aussi.
      Ailleurs, une unité combattante de trois êtres humains avec à sa tête une jeune femme, Mélanie, appelée Méduse, s’est trouvé prise au piège. Méduse déteste les hommes en général et ses coéquipiers en particulier, qui le lui rendent bien. Surtout Génard, une grosse brute tenant sous sa coupe Juju, soldat falot et lâche. Le premier moment d’affolement passé, Méduse commande aux deux hommes de patrouiller dans les environs. Mais la disparition de toute structure sociale organisée provoque la rébellion de Génard contre l’autorité de Méduse. S’étant enivré après une prospection dans les ruines, il réduisit Méduse à l’impuissance et la viola avec l’assentiment timide de Juju. En se libérant, Méduse coupa les hommes en deux avec la mitrailleuse de son blindé. C’est en cette posture qu’elle croisa une première fois la piste de Malek. Les deux êtres, sans fraterniser, suivront leur propre chemin.
      Celui de Malek, qui se déplaçait en side-car, lui fit faire connaissance avec les « Gros », habitants non contaminés d’un bunker voisin, et de leur égérie, la petite Tinou. Indemnes de toute radiation, ils ne sortaient de leur refuge que pour aller au ravitaillement, leur chef, Dondornier, refusant tout autre contact. Il conseille à Malek de rejoindre la poignée de survivants qui, un peu plus au bord de la plage, à Audresselles, tentaient de reconstituer un semblant de communauté.
      Malek suivit cette recommandation et s’agrégea à la petite communauté qui comptait entre autres des femmes, toutes plus ou moins marquées par les radiations. Il fraternisa avec Laury, le chef démocrate et humain d’un camp où chacun se rendait utile selon ses capacités. Les uns, les «prospecteurs», avec à leur tête Colasse, fouillaient les ruines pour pourvoir au ravitaillement. Le « pêcheur », avec une petite barque remise en état, approvisionnait la communauté en poissons frais.
      Le destin de Méduse fut différent. Dans son parcours, elle rencontra Mi et Fa, deux magnifiques jumelles de dix-huit ans, lesbiennes, dangereuses comme des serpents. Elles tuaient tous les hommes de rencontre, pratiquant un cannibalisme alimentaire et vengeur :
      « Elle sortit de son fourreau le couteau de plongée et découpa une épaisse tranche de viande. La croûte en était d’un brun mielleux et le centre légèrement rosé. Méduse sentit la salive lui monter à la bouche et prit le morceau encore brûlant que lui tendait la jumelle. Elle n’avait jamais mangé du cerf. La chair lui fit penser à la fois à du porc et à du gigot de mouton mariné. (…) La dernière tranche qu’elle engloutit n’était pas encore à bonne cuisson, et chaque bouchée faisait gicler de ses lèvres un filet de sang qui tachait son treillis.(…)
      Quand elles se sentirent assouvies, elles s’allongèrent sur le dos, le regard perdu dans le ciel lugubre. – Ce n’était pas du cerf, n’est-ce-pas ? demanda Méduse. Mi, ou peut-être Fa, lui piquait le cou de baisers humides. – Vous avez raison, chère Méduse, ce n’était pas du cerf. – C’était le moniteur ? – Oui. Nous l’avons tué avant-hier. »
      Méduse, avec sa science du combat, fut acceptée d’emblée, même quand elle se sentit enceinte des œuvres de Génard. La survenue inopinée de cet enfant allait compliquer ses  relations. Elle craignait pour la vie de ce dernier s’il s’avérait être un mâle. Dès lors, sa méfiance à l’égard de Mi et de Fa ne se relâcha plus, qui continuaient de plus belle leur tuerie :
      « Mi s’élança vers la victime, et comme elle avait pris l’habitude de le faire, ouvrit une large plaie du pubis au sternum avant d’évacuer les viscères. Sous ses doigts élégants et fragiles fumait l’écume des boyaux. Après, elle sectionna le pénis et tendit ce trophée pitoyable dans la faible clarté du jour. Quelques heures plus tard, suivant le rituel qui leur était devenu familier, elles allaient se partager le sexe, les dix doigts, et compléter le repas par des languettes de cuisse, découpées si finement qu’elles s’enroulaient comme des mirlitons à la chaleur des flammes.»
      A la naissance du bébé, ses craintes se confirmèrent. Les jumelles, qui avaient décidé de se rendre en Espagne, acceptèrent le nourrisson avec réticence. Méduse profita de la mort de Mi, irradiée, pour se sauver avec l’enfant, poursuivie par Fa. La confrontation finale entre les deux femmes provoqua la mort de Fa qui, ne voulant survivre seule, s’empala d’elle-même sur l’épieu tendu par Méduse.
      Au camp, la situation s’était aussi considérablement dégradée. La survenue d’un « curé » douteux, avide de pouvoir, renversa l’ordre établi. S’appuyant sur Malavoine, une brute épaisse, le « Padre » contraignit chacun à vivre selon les préceptes d’un évangile arrangé par lui, dénonça Laury comme juif et le fit chasser du village. Il ordonna même l’attaque du bunker des « Gros » qu’il rendait responsables d’avoir volé la barque du pêcheur. La situation empira avec la disparition des prospecteurs, tombés dans un piège tendu par les jumelles, et celle de leur fourgonnette, perte irréparable.
      Tinou, l’orpheline, fuyant les massacres, trouva refuge auprès de Laudy, qui l’adopta, tous les deux fuyant définitivement le village maudit. En réalité, c’était Balbus, un alcoolique chassé du village par le Padre qui, pour se venger, avait volé la barque. En compagnie de deux autres pauvres hères, rencontres de hasard, il comptait gagner les rivages de l’Angleterre. La marée le rejeta tout près du camp. Le Padre décida donc de leur mise à mort, ce qui ne plut pas au pêcheur lequel, voyant de loin la scène, préféra se suicider :
      « L’expédition aussi meurtrière qu’inutile au bunker lui avait rempli le cœur de regret. La farce macabre de la veille le submergeait de colère et de honte. Sous la coupe d’un cureton douteux et d’une implacable brute, Audresselles avait perdu son âme. Et c’était pour ramener quelques kilos de poissons à cette tribu d’assassins qu’il risquait sa peau.(…) - Nous allons y passer ! cria Lambert. –Tant mieux! Ils n’auront plus jamais un harenguet ou une anguillette à se mettre sous la dent. Ils devront brouter l’herbe ou se dévorer entre eux. Qu’ils crèvent. (…)
      Enroulez-vous ça autour du ventre, ça vous aidera à flotter. – Et vous ? – Moi, je vais rendre visite aux crabes, c’est une compagnie très appréciable par les temps qui courent. »
      Malek, lui aussi, ne put en supporter davantage.  Sous prétexte de partir en side-car à la recherche du groupe de prospecteurs, il s’enfuit du village condamné, rencontrant pour la deuxième fois Méduse, avec son enfant. Regroupant leurs forces, ils repartirent en couple dans un monde dévasté.
      La « Grande Nuit»  se présente comme un roman post-cataclysmique intelligent, fin, bien composé selon les lois du genre. Approfondissant la psychologie de chaque personnage – ni tout blanc ni tout noir- l’auteur fouille dans ses descriptions au scalpel  la chair et l’âme de ses contemporains,  dans une ambiance de désespoir moral. Répertorié à tort dans l’étude de Costes et d’Altairac «lesTerres creuses », le roman se donne avant tout comme une puissante réflexion sur les processus de décomposition chez l’être humain.

    9. Type: livre Thème: menaces idéologiques, menaces et guerres nucléaires Auteur: Donald GORDON Parution: 1965
      Lorsqu’une tête de missile atomique muni d’un message des autorités russes s’abat dans Hyde Park, l’angoisse étreint l’Angleterre. Les Soviétiques invitent les Anglais à leur rendre la pareille ou à se soumettre à leurs désirs, sous peine de déclencher un conflit nucléaire. Les autorités anglaises se demandent comment relever le défi :
      « Le Premier Ministre poursuivit d’une voix impassible l’énumération des événements fâcheux de la veille. L’U.R.S.S. avait prouvé qu’elle pouvait déposer ses roquettes où elle l’entendait ; une fusée était tombée près des rampes du cap Carnaveral, après que la radio de Moscou eut annoncé son lancement vers ce point ; une seconde avait atteint les environs de Woomera, et une troisième le voisinage de Uist. Les défenses antimissiles, encore embryonnaires, du camp occidental avaient montré leur inefficacité. Il n’y avait rien là qui surprît, mais le fait demeurait décourageant, et même effrayant. Les communistes, bien sûr, tiraient grand parti de la déconfiture occidentale. »
      Trois compagnons dans l’aéronautique, Christabel Barlow, jeune femme spécialiste en télécommunications, le commandant Ken Oakman et le major Polhill sont affectés sur le « Bat »,  un avion capable de trouver sa route grâce à un système de navigation révolutionnaire par cartes magnétiques. Ils proposent au major Polwell d’utiliser le Bat, qui est opérationnel, pour rendre la monnaie de leur pièce aux Russes et déposer la réponse du berger à la bergère au centre de la Place Rouge. Le temps presse : le délai accordé n’est que d’une semaine. Le premier Ministre anglais, plongé en pleine crise, est d’abord réticent à cette solution,  mais il lui faut admettre que les moyens de dissuasion occidentaux sont inférieurs à ceux des Russes. D’ailleurs l’annonce de la menace russe crée la panique à Londres qu’évacuent en masse les citadins :
      « Sur la route, la circulation parut bizarre à Christabel, mais il lui fallut longtemps pour en comprendre la raison : les voitures d’écoulaient dans le mauvais sens. A 8 heures du matin, elles auraient du se diriger vers Londres ; au contraire, elles en sortaient. Christabel savait pourquoi. On lui avait parlé de l’exode qui, depuis la veille, vidait les grandes villes ; on lui avait appris que des dizaines de milliers de familles fuyaient vers les côtes, pour se tapir comme des oiseaux migrateurs sur les plages de Cornouailles, du Pays de Galles ou du sud-ouest de l’Ecosse. Mais elle n’avait pas réalisé ce que le mot d’exode voilait de fatigues et de souffrances humaines : les autos surchargées, les remorques bondées, les pelotons de cyclistes. La foule des piétons répétant le geste de l’auto-stop, car les transports publics ne pouvaient absorber tous les fuyards. »
      Polwell convainc le gouvernement anglais d’utiliser les Bat. Trois équipages différents devront s’entraîner sans délai pour cette mission délicate. Les deux principaux problèmes à résoudre sont le ravitaillement en cours de vol – le Bat ayant une autonomie restreinte- , afin que l’équipage puisse en revenir sain et sauf, et le réalignement régulier de l’appareil sur des amers significatifs, puisque toute tentative de la part des Anglais sera étroitement surveillée par les Russes.
      Sir Basil Timperley, général en chef de l’armée de l’air anglaise, n’a plus d’autre choix et donne son accord au projet.  Un concours malheureux de circonstance, maladie dans la première équipe, déstabilisation de la deuxième, propulse l’équipe d’Oakman, initialement en troisième position, aux commandes du Bat. Le jeune pilote, sous des dehors impeccables, est en proie au doute et à la peur : réussira-t-il dans sa mission sans se faire tuer ?  
      Christabel, en secret amoureuse d’Oakman, règle les problèmes d’alignement de l’engin. Elle suggère que le point se fasse en un endroit précis de la mer Baltique, à partir d’un chalutier de pêche dans lequel serait dissimulée la balise émettrice.
      D’autre part, le Bat, pour parvenir à son but devra se ravitailler en plein vol, en se confondant avec un avion de ligne finlandais régulier à côté duquel il volera de si près qu’il échappera aux radars russes. Ainsi, arrivé au-dessus de la steppe russe, et rasant le sol, il filera jusqu’à Moscou sans être repéré :
      « Ils rasaient l’eau, sachant que plus ils volaient bas, moins ils risquaient d’être signalés. La lune continuait à monter dans le ciel au-dessus d’une mer inondée de laque dorée. Les aiguilles du compas et de l’altimètre conservaient une immobilité de roc. Les nautiques fuyaient derrière l’avion, à raison de 10 à la minute - 1100 kilomètres à l’heure. Au bout d’un moment, l’atmosphère de la cabine devint fâcheusement chaude, car, à pareille vitesse, le revêtement extérieur de l’avion dépassait la température de l’eau bouillante »
      Les rôles sont donc distribués : Oakman pilotera l’avion, Polhill s’occupera de la navigation en examinant préventivement et en détail toutes les cartes aériennes de la région survolée, quant à Christabel, elle sera responsable de l’opération « chalutier » sous la direction de Mac-Kinnon, un véritable agent secret.
      Avec des luxes de précaution qui s’avéreront très utiles, le couple embarquera sur le « Karl Ego », authentique bateau de pêche, prêt à prendre la mer pour une saison à partir du port finlandais de Lorista. La balise réceptrice sera fixée sur le Bat qui prend son essor pour son rendez-vous avec la mort. Lorsque la bombe anglaise aura été larguée, les deux hommes devront annoncer par message codé au monde entier la réussite de leur mission.
      Au moment où le chalutier opère sa jonction avec le Bat, le bateau est repéré par les gardes-côtes soviétiques et arraisonné. MacKinnon se sacrifiera en faisant sauter la vedette russe. Le réalignement n’ayant pu se faire, c’est grâce à Polhill, qui se rappelant les cartes étudiées, que Oakman, corrigeant sa trajectoire par touches successives, à une vitesse inimaginable et en rasant le sol russe, placera sa bombe en plein dans sa cible :
      « Libéré du poids de la bombe, la Bat sauta comme un saumon, que le pêcheur a ferré. Du coin de l’œil, Polhill vit jaillir la flamme de la roquette de propulsion de la bombe autoguidée, en route maintenant vers la Place Rouge. Rien ne pouvait plus arrêter le projectile (…) A cet instant, le cockpit s’illumina ; un craquement violent résonna dans la carlingue, puis un cri de douleur, et, dans le fond du fuselage, une sorte de sifflement. Le Bat, saisi dans le feu d’une batterie de D.C.A., fut à demi renversé sur le dos.»
      Comme ils sont pris en chasse dès leur retour par l’armement russe, un coup au but détruira l’émetteur radio ainsi que  le système d’éjection du pilote. Le contact avec le chalutier « Karl Ego » sera de ce fait des plus périlleux. Oakman savait qu’il allait mourir puisqu’il ne pouvait plus s’éjecter. En sombrant avec l’avion, il permit à Polhill d’être repêché et de lancer son message de victoire lequel, bien que brouillé par les stations russes mais relayé par la Finlande, atteignit le monde entier. Ainsi furent évitées de justesse la troisième guerre mondiale et la première guerre nucléaire.
      Un roman d’aventures et d’espionnage rempli de rebondissements, écrit en un style alerte, avec des personnages soigneusement étoffés. L’ambiance de menace universelle, l’écoulement strictement contingenté du péril, déterminent une intrigue de style classique. Jouant sur la peur à l’égard de la Russie soviétique, et de l’arme atomique –thématiques courantes des années soixante- ce roman de politique-fiction se lit d’une traite.

    10. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, guerre des sexes, matriarcat Auteur: Adam SAINT-MOORE Parution: 1992
      Vol.01 : les Lois de l’Orga,  Fleuve Noir éd., 1979, coll. " Anticipation " N°953. vol. broché, in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par  « Young artists » roman d’expression française
      1 ère  parution : 1979
      L’Europe sous le règne de l’UMAT (Matriarcat universel). Un siècle et demi après « la grande Désolation », selon les principes de l’ORGA (Organisation Suprême), les femmes exercent le pouvoir en une  société féodale, se situant entre le nazisme et le bolchévisme. Organisation militaire anti-scientifique qui rejette les hommes coupables d’avoir anéanti l’Europe. La guerre a laissé en friche de vastes régions contaminées (les Zones d’Insécurité)  et des métropoles ruinées où prolifèrent les « SousHums » et autres déviants. Unies dans une religion d’Etat (le Culte de la Terre-Mère), les femmes, protégées par la SEGOR (Sécurité Générale), une sorte de gestapo, embrigadent leurs jeunes filles dans l’organisation de la jeunesse de l’UMAT : les «Filob » (Filles de l’Aube) qui auront à leur tête une « Alpha» (Chef de patrouille). Elles exercent un pouvoir absolu sur les hommes (les « Etis ») considérés comme des esclaves. Par des recombinaisons de gènes artificiellement provoquées à l’ORSELUP (Office Supérieur de Sélection des Espèces) les Etis (Etres Inférieurs) ont l’apparence et la brutalité des animaux : épais de corps et d’esprit, soumis totalement aux MatSurs (Matriarches de la Sécurité), ils oeuvrent dans des fermes d’état comme planteurs, agriculteurs, constructeurs et bêtes de trait. Les filles, elles, sont élevées dans le respect de l’homosexualité, le « crime contre l’espèce » (coucher avec un mâle), étant considéré comme l’insulte suprême, et puni de mort.
      Dans la ferme d’Etat 606, le mâle Kervel est une exception. Grand, aux muscles déliés, intelligent, il est provoqué à la course par un groupe de Filob, commandé par l’Alpha Goveka. Celles-ci se réjouissent de le poursuivre. Destinées à asseoir l’expérience de ces jeunes, ces « chasses du Comte Zaroff » d’un nouveau style se terminent généralement par la mise à mort du gibier.
      Kerval,  non seulement distance le groupe, mais s’approprie Goveka en une étreinte sexuelle où celle-ci découvre, troublée, qu’elle aime ça. Soupçonnée, on lui proposera de convoyer le jeune homme vers sa destination finale, « le retraitement », après sa participation aux jeux de Gaïa, destinés à faire resurgir toute l’animalité du mâle :
      « Elles (= les arènes) étaient colossales. Elles pouvaient contenir cinquante mille spectateurs. Elles avaient été édifiées de main d’Hommes, sans qu’une seule machine  intervienne dans leur construction. L’ORGA avait proscrit l’usage des machines et choisi l’abandon de toute technologie. La main-d’œuvre devait remplacer la mécanisation. L’ORGA proscrivait la Science qui, dans les temps de la Vieille Histoire funeste avait empoisonné l’esprit humain et la Nature jusqu’à la catastrophe finale. Des milliers d’Etis avaient charrié les pierres, taillé les blocs et édifié les immenses arènes de pierre blanche, avec leurs frontons et leurs portes de marbre noir. Les gradins étaient divisés et conçus de telle sorte que chaque partie de l’arène puisse être isolée et fermée, en cas de nécessité. »
      Kerval, grand vainqueur des jeux, va donc être convoyé dans un camp de l’OFHY (Office de l’Hygiène de l’Espèce) pour y être détruit, flanqué de Goveka et d’une vieille MatSur, chargée de surveiller la jeune Alpha. Goveka tuera la MatSur, délivrera Kerval. Ils prendront la fuite en direction de Mégapole Trois, poursuivis par les escadrons noirs de la SEGOR. Après bien des avanies, ils échapperont aussi aux griffes des SousHums, et, guidée par Gemella une jeune esclave, s’enfuyant par les souterrains, ils gagneront la «Montagne Bleue » où vit la tribu de Gemella, les Eghors. Accueillie avec simplicité et joie, Goveka redécouvre les sentiments d’une vraie femme, la vie en couple, le désir d’être mère.
      Premier volet d’une longue chronique dans laquelle les événements se déroulent sur fond de décor cataclysmique fortement charpenté, le récit campe des personnages récurrents et crédibles. Une réussite incontestable d’un auteur confirmé.
      Vol.02 : les Jours de la montagne bleue, Fleuve Noir éd., 1980, coll. " Anticipation " N°980, 1 vol. broché , in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par « Young artists ».  roman d’expression française
      1 ère  parution :1980
      Goveka et Kerval coulent des jours heureux chez les Eghors de la Montagne Bleue. Un jour, Goveka sauve un homme des mains des SousHums de Mégapole 3. Un homme curieux, à la langue étrange, au comportement déroutant, mais sympathique. Le sergent Wilcox –c’est son nom- est un fossile :
      « Je suis né en 2080, dit Wilcox, au commencement de la Grande Désolation, quand la guerre entre les Puissances Anciennes Euramérindiennes et les Nouvelles Puissances d’Africasia a débuté. Et je me suis endormi dans mon «hibernaculum» en 2100, quand l’anéantissement de l’Ordre ancien commençait. Quand je me suis réveillé, au terme du processus de décongélation programmé et surveillé par mon ordinateur, nous étions selon notre chronologie traditionnelle, en 2851. Donc j’avais vécu sept cent cinquante et un ans, ou sept siècles et demi, si vous comprenez mieux ce dont il est question… »
      Il observe avec surprise le monde que les siens ont façonné, un monde primitif et brutal, soumis aux lois de l’ORGA. Quelques mois plus tard, Goki, le plus jeune fils de Kerval, lui signale que des machines (des stators) prennent position dans le Désert jaune, juste avant la Montagne bleue. Goveka, intriguée, piège, avec l’aide d’un petit groupe d’Eghors, trois Noires de la SEGOR qui explorent le terrain.
      Par elles, ils apprennent qu’une grande opération d’extermination des Etis a été planifiée et que plus de 50 000 Noires vont déferler sur la Montagne bleue. Comment lutter contre de telles forces ? Goveka se sent perdue.
      Le sergent Wilcox les aidera. Préposé à la garde d’armes d’une puissance terrifiante datant d’avant la Grande désolation, il sait comme se les approprier. Il mènera un petit groupe d’Eghors, dont Goveka, dans les souterrains d’une Mégapole pourrie et hantée par les Déviants. Ils en reviendront triomphalement, épuisés, alors que la lutte a déjà commencé. La SEGOR progresse rapidement dans les vallées, tuant et massacrant tous les Etis. Alors, devant les yeux incrédules de Kerval et de Goveka, le sergent Wilcox utilise ses armes :
      « Il y eut un sifflement déchirant, et une flamme rouge illumina la place, tandis que l’explosion dispersait à travers l’espace des débris sanguinolents et des éclats de pierre et de briques. Quand la fumée se dissipa, il ne restait rien du pan de mur ni des nains. Rien qu’un trou béant et fumant. (…) Ahuris, les Eghors virent un magma de corps mutilés et hachés qui se traînaient sur le sol ou agonisaient avec des soubresauts de grenouilles écorchées. »
      Les appareils transporteurs détruits, le terrain jonché de cadavres, c’est la débandade dans les forces de la SEGOR. Les Eghors seront tranquilles pour longtemps, .. très longtemps. Mais, comme si le temps tellement contenu reprenait ses droits, Wilcox vieillit d’une manière vertigineuse, puis meurt, au grand désespoir de Goveka. Les armes du passé, jugées trop dangereuses, seront ensevelies dans un lac.
      Vol.03 : 3087, Fleuve Noir éd., 1980,  coll. " Anticipation " N° 987, 1 vol. broché, in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par « Young artists » roman d’expression française
      1 ère  parution :1980
      Quarante années ont passé sur la Montagne bleue. Mouira, la petite fille de Goveka, est l’exacte réplique de sa grand’mère. Grande, belle, une guerrière hors pair, et passionnée.
      Il est dommage que les Eghors aient conservé un système patriarcal qui la méprise et minimise ses actes. Même lorsqu’elle fournit la preuve qu’elle est venue à bout toute seule du terrible sangalor, les hommes la rejettent. Errante dans la forêt, elle tombe sur une survivante de la SEGOR aux mains de bûcherons. Répondant à un désir inconscient, elle délivre la Noire des griffes des mâles. Séduite par la prestance et l’agilité de la guerrière, Mouira accompagnera celle-ci pour vivre désormais au sein de l’UMAT.
      Ses qualités exceptionnelles l’aideront à gravir les différents échelons de la SEGOR, après le « drill » militaire nécessaire au réajustement de ses manières et de sa façon de penser. Aidée et prise en mains par Ok, dont elle tombera amoureuse, Mouira finira par occuper la fonction la plus haute de la SEGOR, celle de MatSur 0. Elle se rappellera pourtant, après trente ans passés dans cette charge, sa jeunesse sauvage. Jamais, semble-t-il, elle n’avait réussi à se plier à une administration tâtillonne, à la délation généralisée, au mépris affiché envers les hommes. Fatiguée de vivre dans un univers oppressant, désabusée et meurtrie par la mort d’Ok, Mouira sauvera de l’esclavage une jeune déviante qui la tuera en retour d’un coup de javelot entre les épaules.
      Vol.04 : la Mémoire de l’Archipel, Fleuve Noir éd., 1980, coll. " Anticipation "   N°1014, 1 vol. broché, in-12 ème , 215 pp. couverture illustrée  par  « Young artists ». roman d’expression française
      1 ère  parution :1980
      Igio est une aquanaute travaillant comme plongeuse et surveillant les fermes marines d’Etat, en symbiose parfaite avec son dauphin, Kô. Au repos durant quelques jours, elle sauve des griffes d’une vieille perverse Irina, une jeune Filob de 13 ans, égoïste,  intelligente, sournoise et… ravissante. Les deux filles subissent un raz de marée qui entraîne leur trimaran très loin, dans une Zone Interdite marine, au-delà de la muraille de brume jaunâtre qui en garde l’entrée, tout droit dans les griffes de pirates déviants. Elles seront capturées par les troupes d’Alexandre IV qui rêve d’égaler les exploits de son ancêtre, en conquerrant les terres de l’ORGA.
      Leur base est un archipel de l’ancien temps, les anciennes îles grecques. Le jeune empereur voit en Igio l’incarnation de sa promise, Statira, à laquelle est liée sa destinée. Prêt à l’épouser (ce qui fait frémir Igio), il lui dévoile « la mémoire de l’archipel », des enregistrements holographiques du déroulement de la guerre ayant abouti à la « Grande Désolation ».
      Le rêve d’Alexandre IV sera de courte durée. Profitant de l’attaque d’une escadre de « Palmés » sortis de leur marais et dans le désordre de la bataille, Igio et Irina s’enfuient, guidées par Kô. Abordant à nouveau une rive connue de l’ORGA, Igio se demande à quel point elle pourra accorder sa confiance à Irina, prête à la dénoncer pour gravir encore plus vite les échelons dans la hiérarchie du système matriarcal.
      Vol.05 : la 26 ème  réincarnation,  Fleuve Noir éd. , 1981, coll. " Anticipation " N°1049, 1 vol. broché , in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par Robbin Hidden.  roman d’expression française
      1 ère  parution :1981
      La Vénérable Mère Ourga accompagnée et protégée par Blinske, une jeune guerrière « Noire », est à la recherche de la nouvelle réincarnation de la MatOr, aux confins de l’empire de l’UMAT. Elles la découvrent dans le village perdu de Simiane en la personne d’une toute jeune fille qui présente les signes de la divinité.  Après avoir fêté l’événement, elles reprennent la route en sa compagnie mais tombent rapidement dans le piège d’une secte de Déviants qui croit en la divinité du « Grand Revenu », un mâle énorme doué de grandes qualités psy. Elles seront enfermées dans leur forteresse, une ancienne base de silos à missiles nucléaires. Le Grand Revenu rêve de conquérir les terres de  l’ORGA et d’en éradiquer les femmes qu’il abomine.
      Blinska organise la rébellion en stimulant les femmes-esclaves, anciennes ressortissantes de l’ORGA, prisonnières  entre les mains des sectaires. Leur fougue naturelle les entraîne à l’assaut des Déviants qu’elles taillent en pièces. Cependant, vaincre leur chef s’avèrerait impossible sans la présence d’Ourga qui l’affronte, seule à seul, en un combat à mort se déroulant sur le plan de la pensée et de la maîtrise des forces spirituelles. Après une lutte acharnée entre les deux cerveaux, le Grand Revenu meurt, tué par Ourga. Les femmes prennent la fuite pour rejoindre une ferme d’Etat en emmenant avec une grande déférence la jeune MatOr. Blinska sait désormais qu’elle pourra compter sur l’appui indéfectible de celle-ci  au sein du corps d’élite de la Garde d’Or.
      Vol.06 : la Traque d’Eté, Fleuve Noir éd., 1981, coll. "Anticipation " N°1078 vol. broché, in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par  « Young artists » roman d’expression française
      1 ère  parution :1981
      Jova, la jeune Alpha entraîne son équipe de " Filumat " pour la " traque d’été ". Véritable parcours initiatique leur permettant d’accéder à la caste des SEGOR, les jeunes guerrières devront pourchasser des "Etis déviants" et rapporter leur dépouille par-delà la "Zone d’Insécurité", glacis protecteur infertile et désertique entre des régions inexplorées de l’ancien monde et les implantations de l’UMAT.
      La chasse ne se déroule pas comme prévue. Elles font tout d’abord connaissance avec Ouro le chasseur qui tue une de leurs jeunes guerrières. Dans leur désir de vengeance, elles le traquent jusqu’aux " Montagnes Rouges " où niche sa famille. Pourchassées à leur tour par les " Yakis ", sortes de mutants-vampires, des êtres dégénérés et dangereux, les filles établiront une alliance objective avec la famille d’Ouro.
      Cernées par les Yakis en haut de leur falaise, elles parviendront à s’échapper grâce à Jova et Ouro qui les conduiront dans les dédales rocheux des Montagnes rouges qui représentent en réalité un ancien site de silos d’ogives nucléaires. Jova tombe sous le charme d’Ouro et, à sa propre stupéfaction, commet avec lui le " crime contre l’espèce". Toujours pour échapper aux Yakis, ils trouvent refuge à l’intérieur des silos. En parcourant les tunnels à moitié effondrés ils font connaissance avec une terrible menace sous la forme d’un androïde de surveillance, encore actif après plus de mille ans de veille. Celui-ci élimine, fidèle à son programme, tout danger potentiel en désintégrant les envahisseurs.
      Habilement, Jova et Ouro permettront aux leurs de s’échapper alors que les Yakis se feront décimer. De retour sur les terres de l’UMAT, acclamées et fêtées, les survivantes de la traque n’oublieront pas de si tôt leur aventure. Quant à Jova, ne pouvant vivre avec Ouro, elle poursuivra sa destinée guerrière.
      Vol.07 : l’Hérésiarque, Fleuve Noir éd., coll. "Anticipation " N°, 1159 1 vol. broché, in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par Peter Good-fellow. roman d’expression française.
      1 ère  parution : 1982
      La jeune  MatSur Orsa affectée à la ferme d’Etat 2002, aux confins de l’empire ORGA, est appelée par une voix mystérieuse à un destin exceptionnel. Il lui faudra s’emparer de « l’Epée » pour réinstaurer le Culte de la Mère Originelle en destituant l’actuelle Matd’Or qui règne aujourd’hui sur l’ensemble de la société matriarcale.
      Au cours d’une de ses patrouilles, elle découvre que des Etis sauvages envisagent un coup de main contre la ferme. Avec quelques compagnes dont Atyr et Mygo, qui deviendront ses premières affidées, elle pourchassent les SousHums mais tombent dans une embuscade au milieu des marais. Capturée par des mutants dégénérés, les « Ecailleux », petits nabots verdâtres et belliqueux, les femmes sont mises en présence du « Masque d’Argent » qui est un androïde des anciens temps dévolu jadis au gardiennage de la zone et à la sélection des espèces. Bien que 900 ans se soient déroulés, le robot, fidèle à sa logique, poursuit son travail d’amélioration du pool génétique et compte faire féconder les femmes par les Ecailleux.
      Orsa ne l’entend pas de cette oreille, surtout qu’elle vient d’apercevoir dans l’antre du géant l’Epée dont elle eut la vision, ainsi que d’autres armes datant de l’époque de la Grande Désolation. Par ruse, elle s’empare de l’épée-laser, tue l’androïde, libère ses compagnes qui suivront Orsa dans sa quête spirituelle jusqu’à la Cité Sainte.
      Quand Jeanne d’Arc rencontre la science-fiction…
      Vol.08 : les Ombres de la mégapole, Fleuve Noir éd., coll. " Anticipation " N° 1300, 1 vol. broché, in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par Robbin Hidden. roman d’expression française.
      1 ère  parution : 1984
      Athyr, une jeune géographe de l’ORGA, procède à des relèvements en zone interdite, en compagnie de « Noires ». Soudainement, elles se font toutes tuer, sauf elle, par une bande de déviants commandée par Ouror, un jeune géant, pour qui Athyr éprouve une immédiate attirance.Traversant un immense marais, ils échappent, non sans peine à une attaque des « Palmés », des mutants-vampires résidant dans la boue, pour atteindre l’orée d’une immense Mégapole :
      « Une sorte de piste étroite conduisait à la périphérie des ruines. D’énormes blocs de béton, des dalles basculées par ce qui avait dû être un souffle effrayant, s’amoncelaient. Athyr reconnut les restes d’une des grandes autoroutes qui quadrillaient le pays. Cette voie surélevée s’enfonçait dans l’étendue des ruines (…) Jusqu’aux confins de l’horizon, on ne distinguait que des décombres, des avenues dévorées de mousse et de lichens, des bâtiments enlacés par des millions de racines, des tours effondrées où poussaient des arbres centenaires. Des monuments indéchiffrables surgissaient à demi de la masse végétale. Athyr distingua une tête colossale, émergeant d’un nœud de racines, avec un œil de métal grand ouvert. Puis une sorte d’étoile brillante, en métal sombre, brandie par une main. C’était comme si un géant avait été là, enseveli et respirant encore sous les tentacules de la Forêt. »
      Dans l’incroyable densité des ruines survivent divers clans. Le chef de l’un d’eux, Pinius-le-Grand, conquis par la beauté d’Athyr, l’enlève des mains d’Ouror.
      La famille de Pinius se veut la seule vraie dépositaire de la civilisation et la continuatrice des grands Ancêtres qui sont pour elle…les gens du cirque, comme le suggère une ancienne affiche. Clowns inquiétants, dotés d’un nez rouge et d’un règlement absurde qui les oblige à toutes les pitreries, les membres du clan (surtout les femmes) voient d’un mauvais œil l’intrusion de cette étrangère en leur sein. Pinius sera tué par jalousie de la main de l’une d’entre elles.
      Athyr s’enfuit dans les soubassements de l’immense métropole. Elle échappera de justesse à la férocité de rats géants et, trouvant miraculeusement des objets de l’ancien temps, dont une torche-laser qui lui sauvera la vie, resurgira à grand-peine à la surface.
      Elle rencontrera Xhas, l’homme-oiseau qui fait partie d’un clan surveillant les ruines. Les hommes-oiseaux, munis d’ailes mécaniques, se sentant investis d’une mission de régulation, ont suivi toutes les péripéties de la jeune femme. Ayant aboli toute émotion pour pouvoir survivre sur un mode communautaire, ils constatent que la passion de Xhas envers Athyr met en péril la cohésion du groupe. Le Conseil des Anciens décide donc de la ramener vers Ouror, toujours à sa recherche dans les ruines.
      Vol.09 : les Clans de l’étang vert, Fleuve Noir éd., 1985, coll. " Anticipation " N°1368, 1vol. broché, in-12 ème , 230 pp. couverture illustrée par Linda Garland. roman d’expression française
      1 ère  parution : 1985
      Athyr poursuit sa route en compagnie d’Ouror le long de «l’Etang Vert », immense mer intérieure bordée de roseaux, envahie par des formes de vie variées et étranges. Ils font une halte auprès des « hurleurs », pêcheurs longilignes et réputés pacifiques. La personne d’Athyr semble vivement intéresser leur chef Shoumir.
      C’est qu’elle répond à la prédiction de la prophétie d’Akka qui prétend que la venue d’une jeune Matriarche permettra de régénérer le clan. Droguée, enlevée et cachée dans les roseaux, Athyr devra la liberté à Djema, une jeune fille du clan tombée éperdument amoureuse de sa personne. Elle l’enlève à son tour, se cachant des siens. Ensemble, elles visitent les rives de l’Etang Vert, se nourrissant grâce à l’habileté de Djema,  et coulant des jours torrides de passion.
      Puis, Djema décide de se rendre auprès des Ichtos qui, dans leur île, ont établi une sorte de société caricaturale du Vatican. Le pape Jean XXVIII les prend sous sa protection et les défend contre les attaques d’un inquisiteur visqueux. Peu combattifs, les Ichtos seront défaits lors d’une attaque menée par les Ourakos, autre clan formé de brutes sauvages et cannibales. Athyr donne l’alerte, permettant au pape d’utiliser une arme de l’ancien temps, un canon-laser, aux effets terrifiants, qui désintègre les Ourakos. L’île d’Ichtos libérée, Athyr et Djema reprennent leur bateau. Cette dernière, malgré l’amour qu’elle porte à la jeune Matriarche, la ramène auprès d’ Ouror.
      Cet épisode clôt la chronique.

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