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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Edgar Rice BURROUGHS Parution: 1916
      A bord du vaisseau le « Coldwater », le jeune amiral Turck patrouille entre le 30 ème  degré de latitude ouest et le 175 ème . Ces deux chiffres forment la limite absolue qu’il lui est interdit de franchir car depuis longtemps la fédération Pan-Amerika, à laquelle il appartient, a perdu tout contact avec l’Europe. Par suite de différentes guerres, les régions interdites ont sombré dans le chaos et depuis deux cents ans la fédération – d’un haut niveau technologique- les a laissées à l’écart.  Un orage terrible ajouté à un sabotage des écrans-moteur obligent Turck à braver l’interdit. Il se retrouve naufragé avec son vaisseau et ses hommes en pleine terra incognita (soit près de l’Angleterre).
      Alors qu’il s’était isolé du vaisseau avec trois de ses hommes, il le voit passer au loin. Le véhicule avait été réparé et le saboteur (son deuxième officier) a décidé  d’abandonner son chef  à son triste sort. Les quatre survivants, ne pouvant traverser l’Atlantique sur leur esquif, abordent en territoire hostile. Ils naviguent à travers l’ancienne baie de Plymouth puis prennent la direction de l’ancienne Londres :
      « Nous avions accosté, et je me tenais à présent à l’endroit, où, d’après ma carte, une grande cité aurait dû ériger ses tours et ses cheminées. Il n’y avait rien qu’un sol rude et craquelé recouvert d’une épaisse couche de mauvaises herbes, de ronces et de hautes tiges exubérantes. »
      Leur traversée est mouvementée et dangereuse à cause des nombreux lions et tigres qui pullulent dans la région. Dans l’île de Wight, ils font connaissance avec des sauvages qui disent appartenir au « Camp Est », en guerre contre ceux du « Camp Ouest », ignorant tout des événements historiques qui les avaient menés à cette situation.
      Vers Londres, nos survivants tombent à nouveau, lors d’une dramatique expédition de chasse à l’antilope, sur un groupe de barbares traînant avec eux une jeune fille, Victory, qu’ils délivrent. D’après ses dires, il apparaîtrait que des anciens Anglais auraient déserté leur pays d’origine pour se diriger vers le continent. Hormis quelques tribus primitives, l’Angleterre serait donc vide d’habitants. Victory elle-même est promise à un être brutal, Buckingham.
      Turck la libère de cet odieux personnage,  mais obligé de prendre la fuite,  le couple aboutit dans les ruines de Londres, surnommées « le Camp des Lions ». Ils seront poursuivis par ces fauves jusque dans l’ancien palais du Parlement anglais :
      « Des tapisseries splendides, à présent moisies et pourrissantes, pendaient aux murs. Il y avait aussi des peintures murales, représentant de grands événements historiques du passé. Pour la première fois, Victory vit l’image d’un cheval et elle fut fort émue par une gigantesque peinture à l’huile représentant une charge de l’ancienne cavalerie contre une batterie d’artillerie.
      D’autres scènes dépeignaient des vaisseaux à vapeur, des navires de guerre, des sous-marins et des trains aux allures surannées. »
      Au prix de grands efforts, en s’enfuyant à la nage dans la Tamise, ils retrouvent leurs compagnons. Ensemble, ils  se dirigent d’abord vers Ostende, puis vers Cologne, sur le Rhin supérieur :
      « A Cologne, j’avais espéré trouver quelques indications rassurantes, mais il n’y avait plus de Cologne. Et comme il n’y avait nulle autre cité le long du fleuve jusqu’à ce point, la dévastation était infiniment plus grande que ce qu’aurait pu causer le temps seul. Des armes lourdes, des bombes et des mines avaient dû raser tous les édifices que l’homme avait élevés, puis la nature, sans frein, avait recouvert de son beau manteau de verdure l’affreux témoignage de la dépravation humaine. »
      Là, Snider, l’un des survivants,  disparaît en enlevant Victory,  au grand dam de Turck. La liberté du petit groupe sera de courte durée : ils seront capturés par les éléments d’une armée moderne, des soldats de Ménélik, un empereur éthiopien, conquérant moderne de la barbare Europe. Dans la condition d’esclave, Turck suivra au front son maître, le colonel Mélik,  un fin lettré, qui le fera jouir d’une relative liberté. Les Ethiopiens ne sont pas les seuls envahisseurs. Ils se battent contre les Jaunes, eux aussi supérieurement armés,  et décidés à conquérir le territoire européen :
      « Les hommes jaunes de l’Est et du Nord contestent à présent nos droits ici, dit le colonel. Mais nous vaincrons… nous conquerrons le monde, apportant le Christianisme à tous les païens ignorants d’Europe, et d’Asie aussi. – Vous êtes un peuple chrétien ? demandai-je. Il me regarda, surpris, hochant affirmativement la tête. –Je suis chrétien, dis-je. Mon peuple est le plus puissant de la terre. Il sourit et hocha la tête avec indulgence, tel un père à un enfant qui oppose ses jugements puérils à ceux de ses aînés . »
      Turck retrouve, lors d’une fête, Victory prisonnière,  en passe de devenir la favorite du tyran noir. Ensemble, ils assassinent Ménélik pour s’enfuir au moment où la ville-frontière est bombardée par les Jaunes. Ils tomberont de suite entre les mains de l’Empereur jaune qu’ils devront suivre jusque sur le site de l’ancienne Moscou. L’Empereur, qui fédère le Japon, la Chine, les Philippines, la Russie et la Corée est bien plus ouvert que Ménélik . Son ambition étant de nouer des rapports étroits avec la confédération pan-américaine, Turck et Victory lui serviront d’envoyés plénipotentiaires. Rétabli dans ses droits, marié à Victory, lors de sa réhabilitation, Turck verra avec satisfaction la condamnation de celui qui l’avait trahi et abandonné.
      Un récit d’aventure qui distille l’idéologie d’une Amérique isolationniste, frileuse et pacifiste, dans le cadre d’une Europe redevenue barbare par la faute de ses habitants. C’est donc en toute logique que les Américains s’entendent avec d’autres peuples pour continuer à répandre les bienfaits de la civilisation. Cet ouvrage pourra être comparé avec profit à celui de Léon de Tinseau (le Duc Rollon) et à celui de Morgin et De Kean (le Continent maudit) dont les hypothèses de base sont très différentes.


    2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jacques HAESSLE Parution: 1984
      Deux hommes et une femme, réfugiés dans une caverne proche d’un sommet émergé des Vosges, survivent tant bien que mal, jour après jour. Tandis qu’Anne-Lise ramasse des champignons, que Chari s’active dans la grotte,  Jean surveille les abords avec son arc et ses flèches. La forêt est parcourue par des soldats, piliers de la dictature qui s’est installée dans les sites émergés d’une plaine d’Alsace noyée sous l’eau. Le réchauffement climatique n’a pas seulement provoqué des catastrophes écologiques mais aussi sociales. Les soldats passent sans voir les survivants : encore une journée de vie gagnée !

    3. Type: livre Thème: Après la Bombe..., guerres futures 2 Auteur: Roger IKOR Parution: 1951
      Cette fois-ci, elle a eu lieu, la guerre totale. Russes (les Communistes) et Américains (les Yankees) s’étripent en un dernier sursaut. La guerre froide est devenue "tiède", puis "bouillante", de préférence au-dessus de la France dont il ne subsiste plus rien que des ruines éparses et quelques survivants terrés dans des abris. Marcou et sa femme Marcelle sortent à l’air libre :
      " Les grandes villes avaient été pulvérisées par les bombes atomiques, les campagnes et les villages calcinés par les pluies de rayons cosmiques. Mais les petites villes et les gros bourgs montagnards, à cause de leur situation moyenne, s’étaient trouvés quelque peu préservés. Naturellement, plus trace d’habitants : les concentrations bactériennes avaient fait leur œuvres. Néanmoins, quelques pans de mur restaient debout, quelques caves n’étaient pas écroulés; avec un peu de chance, on pouvait y découvrir ça et là un pot de confiture, une boîte de conserve que les poisons n’avaient pas gâtés. "(…)
      Toujours debout, il jeta un regard autour de lui. Des ruines, des ruines à perte de vue, un désert de ruines informes, innommables, éboulis pierreux, talus obscurs surplombant d’énormes lacs de nuit, un chaos, un moutonnement de ruines auquel nul quadrillage humain ne se laissait appliquer, voilà, c’était Paris! Il serra les poings. Beau travail, messieurs les Yankees! "(…)  
      La Seine, obstruée par endroits de monstrueux éboulis, s’étalait au milieu d’un marécage. Cependant, à mesure que le temps s’écoulait sans nouveaux cataclysmes, les îlots de décombres fondaient, les anciennes berges dessinaient plus nettement leur courbe pointillée à fleur d’eau; le fleuve, cédant à l’obstination des lois naturelles, tendait à regagner peu à peu son lit d’autrefois.  Traversé par deux bras demi morts, le Champ de Mars était crevé d’énormes étangs; des morceaux de ferraille l’encombraient, écrasés, pilés, piétinés frénétiquement, où s’embarrassait le limon jaune du fleuve. "
      Une pause (et non la paix) est finalement décrétée. Par qui? Pour quoi? L’on ne sait. Mais cet interlude permet à nos héros de mener leur vie propre et de vaquer à leurs tâches d’après le cataclysme.  Tous deux sont des communistes convaincus et prêts à sacrifier leurs idéaux humanistes pour la société meilleure d’après-demain, même si, pour l’établir, il faut passer sur des cadavres. Et des cadavres il y en a beaucoup.
      Henri se sort de ses doutes, prêt à servir de toutes ses forces le " guide suprême" en pourchassant les espions yankees. Quant à Marcelle qui n’est pas faite pour vivre dans des abris, elle sera heureuse en compagnie de Henri dans leur P.C. de campagne. Henri Marcou, monté en grade, deviendra commissaire politique dans le sud de la France. Marcelle reprendra sa profession de médecin, toute dévouée à soigner les vrais communistes, laissant les autres à leur triste sort. C’est le triste ordre des priorités!
      Hormis ce couple dont nous suivons l’ascension sociale et les hésitations psychologiques, s’impose la forte figure du "Prof." En voilà un d’un autre temps. Ancien universitaire, sensible et réaliste, déchiré par des postulations contradictoires mais prêt à transformer tout opposant en cadavre, manipulateur des foules, intellectuel anarchiste et libertaire. Désireux de survivre quel qu’en soit le prix, il endosse la défroque de chef de guerre féodal. S’entourant de gens efficaces et tourmentés, tels que Mathieu, vieux paysan catholique, et Stem, ancien curé honteux de sa charge, ou Rougon, Provençal matois qui n’espère rouler que pour soi,  "Prof" mène sa troupe de brigands de lieux en lieux, enrôlant tous ceux qui se trouvent sur son chemin.
      Il s’amourache notamment de Laurette, une jeune fille de quinze ans, qu’il viole d’abord consciencieusement, avant d’en faire sa maîtresse. Ayant découvert un château désaffecté, il l’investit pour y jouer à tous les jeux de pouvoir et pour répondre à diverses énigmes; par exemple, comment l’on peut être curé et communiste à la fois, ou quel sera le sort de la religion chrétienne dans ce monde apocalyptique.Fatalement, il se heurtera à un autre chef de bande le "Curé" (vrai ou faux),  et surtout au Commissaire Henri Marcou et ses staliniens venus "normaliser" la région. Beaucoup mourront durant les affrontements, mais non "Prof" qui profitera du désordre pour s’éclipser. Sans illusion sur l’avenir de l’homme, il survivra seul quelque temps au bord de la mer, de plus en plus attiré par la mort. Il se suicidera lors d’une plongée sous-marine.
      Quant à Henri, il perdra l’amour de Marcelle lorsqu’il donnera l’ordre à Korb, son lieutenant, de torturer Stemm, l’innocent curé, qui s’était livré de son plein gré pour adoucir le sort de ses compagnons. Marcelle n’admettra jamais les méthodes fascistes adoptées par Henri pour faire parler Stemm :
      " -Ils le torturent, n’est - ce- pas? - Marcelle, je voudrais… -Il ne faut pas, oh! Il ne faut pas!… - Elle se tordait, comme torturée elle-même, elle pétrissait les mains d’Henri.
      - Comprends - donc, mon Henri, mon chéri, mon amour, pas nous, pas nous! Pas des communistes, ou alors plus la peine de parler de… Passe encore pour des mises à mort. Si elles sont indispensables, mais pas torturer, torturer à loisir, sadiquement; voyons, voyons, voyons, Henri, nous sommes communistes, pas fascistes! Si nous torturons l’homme, un seul homme, que deviennent toutes ces…toutes ces idées qui nous ont menés au communisme, qui nous font dire qu’il faut le communisme?… "
      A la fin de la "pause", la guerre reprend, plus violente que jamais, à la grande satisfaction de Henri qui pense que pour arriver à la constitution du paradis communiste sur terre il faut déclencher la lutte finale avec "les Grands Moyens" :
      "C’était donc en toute objectivité qu’il souhaitait la reprise de la guerre. Il voulait, n’est-ce-pas, le bonheur des hommes: qui veut la fin veut les moyens, qui veut intensément la fin veut les moyens les plus énergiques. Or, qu’est la guerre sinon le plus énergique des moyens ? "
      Ikor signe un roman qui traduit la crainte d’un conflit atomique généralisé. Préoccupé par la problématique des êtres et les jeux de pouvoirs, il met plus l’accent sur une rhétorique intellectualiste que sur la description proprement dite. Un parallèle fécond pourra être tenté avec "Malevil" de Robert Merle où sont développées les mêmes peurs mais non les mêmes solutions. Celle d’Ikor - le communisme avant tout - sont aujourd’hui peu crédibles car trop datées."Les grands Moyens" est un ouvrage d’un pessimisme sauvage. Se lit encore aujourd’hui malgré une problématique " curés contre communistes " quelque peu surannée.

    4. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Luke RHINEHART Parution: 1983
      Lorsque Neil le skipper et Jim le fils de son employeur et ami Frank,  atteignent la baie de Chesepeake à une centaine de kilomètres de Washington, les nouvelles internationales étaient préoccupantes. Prêts pour une virée en mer, Frank leur avait fixé un rendez-vous à Christfield, de l’autre côté de la baie, où ils devraient également embarquer Jeanne, une de ses amies, et sa fille Lisa. Tous réunis, ils repartiraient en mer sur le trimaran « Vagabond ». Mais le sort en a décidé autrement. La guerre nucléaire mondiale venant de débuter,  tout près d’eux, une bombe avait anéanti Washington :
      « Auparavant, ils avaient tous écouté le transistor. Sur la bande AM, ils n’avaient pu capter que cinq stations là où, d’habitude, il y en avait plus d’une quarantaine. Des bribes de nouvelles chaotiques, parfois à peine cohérentes arrivaient. Ce n’était que lorsqu’une information avait été répétée plusieurs fois, et sur des postes différents, qu’ils la croyaient vraie. Ainsi, il paraissait établi que Whashington, New York et entre cinquante et cent grandes villes avaient été détruites ; que le nombre des victimes se situait  dans une « fourchette » de vingt à quatre-vingt millions ; enfin,  que la plupart des grandes  stations de radio et de télévision ne fonctionnaient plus. Et ce n’était qu’un début… »
      C’est le sauve qui peut. Neil suggère de prendre la large alors que Frank souhaite maintenir son rendez-vous. Une course contre la montre commence pour chaque personnage, liée à son destin propre :
      « Jeanne regarda de nouveau son rétroviseur et vit la même lueur. Elle jeta un bref regard sur sa gauche : deux voitures la dépassaient à toute vitesse. Alors, elle se retourna carrément : la lueur grossissait à l’horizon, s’élargissait, s’élevait… le noyau central semblait baisser d’intensité à mesure que le reste du ciel s’illuminait. Les doigts de Lisa s’enfonçaient dans la chair de son bras, qui tremblait toujours. Jeanne pensa simplement : « une bombe nucléaire est tombée sur Washington. » Elle en ressentit sur le coup ni terreur ni peur, seulement une lucidité à l’égard de l’événement.»
      Lorsque Neil arrive à Christfield avec, derrière lui, un immense nuage de cendres radioactives, c’est pour sauver Jeanne et Lisa menacées par la folie humaine. Déjà, des personnages douteux ont pris son bateau d’assaut, notamment Macklin, une sorte de truand, qui tente aussitôt de prendre le pouvoir à bord. Neil l’accueille malgré tout car,  en ces circonstances,  il a besoin d’un second à poigne. De retour du ravitaillement à quai, il s’aperçoit que Vagabond a disparu. Macklin le lui a volé, avec à son bord tous ses amis.
      Le skipper légitime sait qu’il lui faudra reprendre son bien avant que Macklin ne le fasse sortir de la baie. Avec Olly, un ancien capitaine pêcheur haut en couleurs et marin émérite, qui, lui aussi, n’a plus rien à perdre, ils se lancent à la poursuite du trimaran, réussissant par ruse à investir son bord. Macklin sera désarmé et si Neil l’épargne à nouveau c’est qu’il lui sera indispensable dans les jours à venir. Il est d’ailleurs plus que temps de chercher Frank qui monte sur Vagabond avec Tony, un autre individu susceptible d’aider à la manœuvre.
      Vagabond prend le large en direction du sud alors que des retombées radioactives s’abattent sur un pont que Frank et Neil nettoient scrupuleusement :
      « Une terreur diffuse planait sur les équipiers de Vagabond, tandis qu’ils continuaient de descendre le Chesapeake vers l’Atlantique. Ceux qui attendaient, entassés dans le carré, parlaient à voix basse comme s’ils étaient à une veillée funèbre. De tous côtés, les monstrueuses masses grises semblaient converger avec des intentions meurtrières : tandis que l’un des nuages virait au nord, l’autre bouchait l’horizon sud au-dessus de Norfolk, c’est-à-dire la région où ils étaient contraints de passer. Ils n’échapperaient pas aux retombées. »
      Les journées en mer sont très dures pour des non-marins, des êtres désespérés et qui vivent dans la promiscuité. Souvent les terribles tensions seront apaisées par la douceur de Jeanne. D’autre part, Neil, vu les circonstances, fait adopter un règlement de fer auquel tous seront soumis. Sur terre règne la désorganisation la plus complète et les nouvelles les plus insensées circulent.
      A bord, après que plusieurs d’entre eux aient souffert de la maladie des radiations, les survivants se divisent dans leurs options. Les uns souhaiteraient pousser jusqu’aux Caraïbes pour mettre le maximum de distance entre eux et la menace,  les autres, dont Frank et Tony,  encore mus par un esprit patriotique, suggèrent d’aborder au plus vite la terre ferme pour pouvoir se mettre à la disposition des forces combattantes.
      Neil, quoiqu’ancien combattant, et Olly, savent qu’il importe de fuir mais devant la fatigue engendrée par des jours de  mer sans pitié, ils se résignent à gagner le port de Morehead City, à la pointe du cap Hatteras. Dès leur arrivée, l’organisation locale de l’armée les avertit de se tenir à disposition. Vagabond devra être réquisitionné et tous les hommes valides rejoindront les rangs. Les autres, dont les femmes, seront reversés parmi les réfugiés. Ils trouveront asile dans un grand garage désaffecté. Olly, trop vieux, restera à bord en attendant. Jim et Tony touchent leur paquetage. Jeanne travaillera avec Katya, une nouvelle venue, pour soigner les nombreux grands brûlés. La situation semble désespérée :
      « Une dizaine de personnes gisaient à même le sol de ce qui avait dû être auparavant une grande salle d’attente ; certains de ces malheureux gémissaient et l’un d’eux hurlait. Deux au moins étaient déjà morts. La salle sentait le vomi. Tous ces corps agonisants, sur le parquet, avaient des brûlures irréversibles. Un homme n’avait plus d’yeux et son visage était arrivé à un tel point dans l’horreur que sa vue était difficilement soutenable : la peau d’une de ses joues pendait comme de la chair sur un croc de boucher. »
      Neil se résout à rejoindre la corvette commandant le port dont il croit connaître le capitaine, un ancien ami de l’école militaire, tandis que les conditions des réfugiés s’aggravent jusqu’à devenir insupportables :
      «D’autres maladies commençaient à faire autant de ravages que les radiations et les brûlures. Les dysenteries, le typhus et le choléra devenaient rapidement endémiques dans de nombreuses régions du monde : en effet, l’interruption du réseau électrique avait entraîné une raréfaction et une pollution des ressources en eaux dans les régions surpeuplées. Et la maladie mystérieuse apparue dans l’Ouest des Etats-Unis s’étendait… »
      La rencontre de Neil avec le commandant tourne au désastre. En lieu et place de l’homme fier dont il se rappelait, il rencontre un être brûlé, velléitaire, dont le seul objectif est d’attendre la mort,  et qui lui signale que la défaite des Etats-Unis est totale. Il lui apprend aussi que de nouvelles retombées sont attendues au-dessus de la région pour les jours prochains :
      «la Guerre », l’holocauste : la guerre des missiles, des bombardiers, des lasers, des satellites ; la guerre mettant en action toute une technologie sophistiquée de la science militaire moderne ; la guerre entre les Etats-Unis et leurs alliés d’une part, l’Union Soviétique et ses alliés d’autre part ; cette guerre était finie.  Plus personne n’envoyait de missiles ; les explosions nucléaires avaient cessé. La mort descendait encore du ciel, mais elle tombait à présent lentement, comme une pluie molle. Les gens mouraient encore mais ils ne quittaient plus ce monde dans une lueur de feu, pulvérisés ou réduits en cendres. Ils disparaissaient d’une façon plus naturelle, plus banale : vaincus par la faim, le typhus, le choléra, la dysenterie, l’épuisement et le désespoir. Personne n’avait crié victoire, personne ne s’était avoué vaincu. »
      La décision de Neil sera vite prise : il faut repartir, tout de suite ! Battant le rappel de ses compagnons avec Katya en prime, il tente de sortir d’un port surveillé jour et nuit. Feignant un naufrage qui détournera l’attention de la vedette patrouilleuse, ils se retrouveront au large,  en fuite devant l’horreur.
      Voguant vers les îles Saint-Thomas où ils espèrent enfin jeter l’ancre, ils subissent encore la dureté quotidienne de la vie à bord,  là où les jeux de pouvoir se révèlent de plus en plus intenses. Neil est amoureux de Jeanne mais n’ose se déclarer à cause de Frank. Jim et Lisa resserrent leurs liens affectifs. La lutte pour la survie est continuelle, la pêche aléatoire. Ils apprennent aussi que de nombreux pays du sud rejettent les Américains qu’ils accusent d’avoir mis le feu aux poudres :
      «Et c’est ainsi que dans la foulée de l’holocauste et du conflit Nord-Sud, une troisième guerre commença : une guerre aussi ancienne que l’est l’humanité : une guerre entre ceux qui mangent à leur faim et ceux qui ne mangent pas à leur faim. Les gouvernements d’Amérique du Sud se cramponnaient à leur pouvoir, exécutant tous ceux qui résistaient, tous ceux qui tentaient de franchir leurs frontières, tous ceux qui remettaient en cause l’état de  siège par lequel ils se protégeaient. A travers le monde, les réfugiés de guerre menaient un combat le plus souvent perdu d’avance. Un combat pour survivre. Une guerre était finie. Les survivants ne l’avaient pas remarqué.»
      Devant l’invasion des réfugiés, les Caraïbes se ferment, la piraterie se fait coutumière. Ils en feront l’expérience au large des Bahamas où des soldats déserteurs tentent de s’attaquer à Vagabond. Avec l’expérience acquise, le groupe les met en fuite et se fixe comme escale le port de Charlotte Amélie, capitale de l’île de Saint Thomas.
      Bien que les restrictions pleuvent, ils ont quand même le droit de quitter le bord. Mais ici, rien ne peut s’acquérir sans or ou sans argent. Or, ils avaient un besoin vital de trouver des vivres dans cette société qui commençait à se désintégrer. Jim et Lisa, de plus en plus repliés sur eux-mêmes s’étaient liés d’amitié avec des jeunes de l’île et passaient leur temps à zoner. Comment reprendre la mer ? Grâce à Philip et Sheila, un couple d’anglais, désireux de partir eux aussi, un plan fut mis en place.
      Dans l’île s’était cachée une bande de pirates dont il fallait voler et les vivres et le bateau. Avec Jeanne comme appât sexuel, Neil et les siens attaquèrent avec succès les bandits, s’emparant du Mollycoddle et du Scorpio deux bateaux qui, avec Vagabond, allaient leur permettre de quitter l’île. Le départ se fit dans la précipitation car une émeute généralisée anti-Blancs venait d’éclater ce matin-là.Sous la mitraille, Macklin et Tony manoeuvrèrent, prenant à bord Katya et Neil en toute dernière extrémité. Avec la mer démontée et Philip blessé, la sortie du port fut un enfer :
      « La première vague d’une hauteur de sept à huit mètres était une colline plutôt qu’un mur d’eau, et elle était coiffée d’une couronne d’écume blanche. Le grondement s’intensifia, puis la vague gigantesque les saisit, souleva l’avant de Vagabond et l’ensevelit aussitôt, heurtant sauvagement les trois coques : trois mètres d’eau déferlèrent sur tout le bateau, faisant voler en éclats l’arrière de la timonerie et propulsant le bateau à une vitesse d’une vingtaine de nœuds. Olly, Jim, Jeanne et Frank se retrouvèrent écrasés et entassés contre le mur et le panneau de descente vers le carré, tandis que Neil se cramponnait à la barre. »
      Grâce à l’habileté de Neil le danger fut jugulé avec une seule victime, Katya, emportée par la vague gigantesque. Le convoi reprend la route du sud, vers Punta Arenas , l’extrême pointe de l’Amérique. Cependant, la peste qui vient d’éclater à bord d’un des bateaux crée une nouvelle situation conflictuelle : Macklin et Tony, subvertissant Frank, font sécession. Menaçants les autres, ils espèrent s’emparer de Vagabond laissant le groupe en perdition. Le revirement de Frank qui lui coûtera la vie, règlera définitivement le sort de Macklin écrasé entre les deux quilles de bateau. Tony, abandonnant Vagabond, cherchera la terre à bord du Scorpio. Le groupe meurtri et endeuillé aura au moins un motif de satisfaction: les guérisons de Jim et de Lisa que la peste a épargnés.
      C’est donc au sein d’une famille ressoudée que Neil et Jeanne aborderont à Punta Arenas où, avec quelques autochtones indifférents au sort du monde, quelques Roumains et d’autres rescapés de l’holocauste, ils tenteront de refaire leur existence dans la paix et la  sincérité :
      «Au Nord, les guerres auxquelles ils avaient échappé continuaient sans doute à faire rage. Ici, au bout du monde, quelques survivants s‘étaient rassemblés. Ils luttaient encore pour survivre, mais ils luttaient ensemble et non plus les uns contre les autres : un premier pas sur la route du long retour d’Apocalypse. »
      « L’Odyssée du vagabond » est un grand roman dans lequel se conjuguent l’amour de la mer et du grand large, une vision humaniste de l’homme et une description minutieuse de la folie nucléaire. C’est une œuvre aux rebondissements multiples et à l’action enlevée qui se lit d’une traite. Peu connu en France malgré sa date de parution récente, il n’en constitue pas moins une performance impressionnante dans le genre.

    5. Type: livre Thème: disette d’éléments, menaces idéologiques Auteur: Henri SUQUET Parution: 1939
      Le " Directeur des Forces " Hartman-Weiler a de quoi être satisfait. La Terre est unie dans le village planétaire cher à Mac Luhan selon la pensée unique et par une seule énergie appelée " les Forces ". Un Directoire de cinq représentants des cinq continents avec à leur tête Hartman-Weiler, a pour tâche de veiller à la pérennité du monde. Tout semble aller pour le mieux mais des relents de  "Métropolis " traînent dans l’ouvrage. Il y a la population d’En-Haut, ceux qui contrôlent les Forces  et qui gouvernent, et la population d’En-Bas, les travailleurs et camarades prolétaires. Enfin, entre les deux classes ... le scoutisme!
      Marianna, la propre fille du Directeur mondial est une cheftaine scoute (toujours prête!), entièrement dévouée à travailler pour l’amour du prochain, de Dieu, et pour celui de Chef Dominique Loup, le scoutmestre qui règne sur l’île de Ceylan, la seule qui soit restée isolée des Forces :
      "Tous ceux que lassait l’immense bourdonnement de la ruche humaine, tous ceux à qui pesait le lourd écrasement des Règles et des Lois, ceux qu’inquiétaient la Science prodigieuse, et les vols étonnants, et les extraordinaires vitesses, ceux qu’un sursaut dégageait des Obligations de Séjour, les rêveurs, les bâtisseurs d’Idéal, ceux pour qui la beauté dépassait toute fortune, songèrent à l’Ile heureuse et naviguèrent vers ses grèves... "
      Hartman-Weiler n’aime pas l’option prise par Marianna. Bientôt d’autres soucis le submergent. Régulièrement depuis quelque temps, à 19h  35 minutes, les Forces disparaissent, déclenchant une crise énergétique de première importance: les avions tombent et les usines s’arrêtent de fonctionner. Des troubles sociaux, fomentés par quelques meneurs, éclatent à cette occasion. Marianna tente en vain d’apporter la bonne parole à ceux d’En-Bas:
      " N’en étaient-elles pas preuve les exactions commises par ces hordes, montées des Fonds, qui, franchissant sur un conglomérat de victimes les zones d’action des Rayons Paralysants, étaient parvenue dans les Hauts, avaient pris d’assaut les Centres Publics, puis, transformant en esclaves antiques leurs occupants, attendaient, en une barbare débauche, l’anéantissement final du Globe? "
      En dépit de sa puissance mentale supérieure, Hartman- Weiler n’arrive pas à comprendre où se dilue l’énergie des  Forces. Une des conséquences de cette déperdition est la formation au-dessus des continents d’un "ciel de cuivre " qui éclate en orages titanesques. Marianna, avec l’aide de ses amis scouts, dans son petit avion et au péril de sa vie, rejoint Chef Dominique Loup à Ceylan pour lui faire part - puisque l’île est isolée du reste du monde - du danger encouru par la terre:
      " -Qu’est ce que vous dites? Elle expliqua: -Depuis huit jours, tous les soirs, les Forces s’évadent. Personne ne sait comment le phénomène se produit. Brusquement, elles ne sont plus là, et cependant la Centrale tourne à pleine puissance...
      Il répéta sans comprendre encore: -Qu’est ce que vous dites?...
      Elle continuait, vite, comme cherchant à tout révéler avant son épuisement complet: Alors, tout se détruit petit à petit..., des révoltes sont nées dans les Zones Inférieures. Chef Pierre y a emmené le Groupe pour continuer la mission de dévouement dont vous nous aviez chargés. Mais ce sont des foules immenses, exaspérées... Cela peut devenir terrible... Il m’a dit de tout vous raconter... Il demande de l’aide... Il vous alerte pour les autres scouts de la Terre... Blanche dans la nuit claire, accoudée au rebord de la machine de ses deux bras en croix, elle semblait une martyre offerte au sauvetage du Monde. "
      Or,  par une merveilleuse coïncidence, chef  Dominique Loup dont la passion est l’astronomie, a remarqué une activité électrique suspecte sur Io, l’un des satellites de Jupiter. L’évidence s’impose à lui: l’énergie terrestre est captée par des Ioniens -dont on ne saura strictement rien par ailleurs - qui plongent la terre dans le chaos. Il charge notre cheftaine intrépide d’aller rapporter cette précieuse information à son dictateur de père, fût-ce au péril de sa vie et pour la gloire de Dieu. Marianna, toujours prête, repart vers l’Europe dans son petit avion. Lors d’un énième bouleversement atmosphérique, elle s’abîme en mer, non sans avoir communiqué par radio l’effarante nouvelle à Hartman-Weiler:
      " -Allo! H24 P, Avez-vous entendu Centrale? Réponse: Directeur au Directoire nations siégeant permanence cause évévements. Doit-on prévenir? Elle eut, dans sa solitude, un sursaut de joie: la liaison s’établissait. -Z4D de H24P: Oui, toutes affaires cessantes... Urgence extrême. Désirerais relations directes. -Allo! Centrale Forces? Ici z4D.Appelez Directeur immédiatement. Cherchez réception directe H24P... Marianna Hartman-Weiler... "
      Le papa dictateur fait fonctionner son génie : pour organiser la riposte il est impératif, au préalable, de faire taire les ambitions prolétariennes. Ensuite, il suffit de submerger les Ioniens d’un afflux énergétique si massif que, n’arrivant à l’absorber en sa totalité, ils se fassent sauter. Dont acte. Le péril écarté, la fin du monde remise à demain, la révolution avortée, Hartman-Weiler se résoudra à mourir paisiblement (cette histoire nous étant racontée en flash-back par un Dictateur sur son lit de mort) dans la paix de Dieu retrouvée grâce au sacrifice héroïque de sa fille.
      Un roman mal écrit, mal composé avec des intrigues parallèles qui courent sans jamais se rejoindre, au message réactionnaire. Il est une insulte à la littérature romanesque, dessert à la fois la cause de la science-fiction et celle du scoutisme.  Puissent les mânes de Henri Suquet rester dans les limbes littéraires dans lesquelles elles baignent jusqu’à aujourd’hui!

    6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Max EHRLICH Parution: 1951
      David Hughes est l’adjoint du Dr Watson, astronome de réputation mondiale qui s’occupe de " l’oeil géant ", c’est à dire du télescope du mont Palomar. Au moment où s’ouvre le récit, la tension est vive entre les Américains et les Soviétiques. Ces derniers paraissent employer une arme secrète qui rompt l’équilibre de la terre en déstabilisant les USA. Des tremblements de terre, des inondations catastrophiques se multiplient qui ne peuvent être provoqués que par ces Soviétiques tant haïs. C’est du moins la thèse du joyeux va-t-en guerre, le général Harshaw, qui ne souhaite qu’une chose: déclencher la 3ème guerre mondiale, la 1ère guerre nucléaire, et de casser du Soviet!
      Le docteur Watson est convié à une réunion de la dernière chance à New York, en compagnie de tous les militaires munis d’un cerveau, en y apportant ses arguments écrits . Ne pouvant s’y rendre, Watson y délègue David. Le jeune homme débarque dans une ville de New York au bord de la crise de nerfs. Le centre en est quasiment désert et toutes les fonctions habituelles d’une cité sont paralysées. Les gens ont peur du déclenchement imminent des hostilités, d’autant plus qu’à son arrivée survient une nouvelle secousse tellurique descellant toutes les vitres et semant la panique parmi les citoyens encore présents:
      " Fasciné, les cheveux plaqués aux tempes par une horrible sueur froide, Hugues regardait de tous ses yeux, incapable de remuer pied ou patte, incapable même de respirer. C’est alors que les premières vitres s’abattirent d’un coup, du haut des fenêtres du Plazza Hôtel, du Savoy-Plazza, du Tiffany et du Plummer. Elles dégringolaient en cascades de verre, en avalanches d’éclats mortels qui s’abîmèrent dans les rues. Des cris de frayeur retentirent. Des gens couraient de toutes leurs forces pour s’abriter sous les portes cochères. Un grand gaillard s’effondra dans un flot de sang, la tête à moitié tranchée au vol, par une façon de couperet. "
      Malgré le danger, David court vers Cora, sa bien-aimée qui , comme journaliste, n’a pas voulu fuir la ville. Il passe la nuit avec elle, en dépit de sa morale puritaine , et bien lui en prend car un coup de téléphone de son patron lui apprend que, toutes affaires cessantes, il doit revenir immédiatement au Mont Palomar. David obéit . Il arrivera sans peine à convaincre Cora de l’accompagner. En utilisant son passe-droit et en se camouflant à l’occasion, le retour se fera sans problèmes.
      Avec stupeur, il apprend de la part du majordome Francis, que sont réunies autour de Watson les sommités mondiales en matière de cosmologie, y compris les Russes. Watson lui apparaît fermé, préoccupé, soucieux . Il y a de quoi. Un bolide a été découvert fonçant vers la terre. Celui-ci, de la grandeur de Jupiter, sans qu’aucun doute ne soit permis, coupera l’orbite de la terre le soir du 24 décembre 1962. Ce sera la fin du monde. Lui et ses collègues ont vérifié plus de mille fois la trajectoire du corps céleste :
      " Cela paraissait impossible, bien sûr. Dans l’immensité de l’espace infini, la terre n’était guère qu’un grain de poussière. Il en était de même de cette nouvelle planète, de cette planète Y. Toutes les lois qui régissent le hasard étaient contre cette conjonction, qui n’avait qu’une chance sur des milliards et des milliards de se réaliser. Et, cependant, elle était fatale. Les orbites s’intersectaient. Le point de collision était patent. Et rien ni personne ne pourraient empêcher le cataclysme. La fin du monde. La fin du monde ! La fin du monde! Les syllabes cognaient contre les parois du crâne du jeune homme avec une résonance tragique. "
      La nouvelle de la fin du monde fut proclamée lors d’une conférence de presse. Le monde entier, frappé de stupeur, mesure alors le minuscule laps de temps qu’il lui reste à vivre et au-delà des réactions instinctives d’une somme d’individus apeurés - suicides " préventifs ", vols, viols, fornication, jouissance débridée, - entreprend une totale reconversion morale:
      " Puis, à mesure que le temps passait, le dérèglement s’atténua . Les gens retrouvèrent une forme d’équilibre, se résignèrent à vivre sous la menace de la planète, puisqu’ils étaient impuissants à en détourner le cours. Des millions d’indifférents se convertirent, se mirent à fréquenter assidûment les sanctuaires et les temples. (...) L’argent avait perdu beaucoup de sa valeur relative. Son utilité s’amenuisait dans la proportion où se rétrécissait l’avenir. Les riches distribuaient leur fortune. (...) La pauvreté se résorba progressivement. Vers les derniers mois de l’an I, les mendiants avaient disparu. (...) En juillet, un gouvernement mondial fut instauré."
      La guerre est bannie (qui la ferait encore et pour quel gain?), un gouvernement mondial est instauré, des comités de salut public naissent comme des champignons pour organiser le minimum vital dont aurait besoin l’humanité jusqu’au jour fatidique, puisque tout échange économique s’arrête net.  
      La planète maintenant visible dans son approche tourne toujours la même face  vers la terre, comme un oeil géant, comme l’oeil même de la conscience. Beaucoup d’humains y voient l’oeil d’un dieu vengeur décidé à se débarrasser de sa créature malfaisante. « L’Oeil géant » - c’est ainsi qu’on nomme la planète vagabonde par glissement sémantique - répand une lueur malsaine dans le ciel terrestre qui éclipsera bientôt celle de la lune. Les hommes continuent de vivre en attendant le choc final. David et Cora donnent naissance à un bébé et agissent "comme si..." Le Docteur Watson meurt gelé, assis devant le tube du télescope géant.
      Le moment fatidique étant imminent, David a décidé de mourir debout, en homme, avec toute sa famille. Entraînant sa femme et portant son enfant, ils sortent affronter l’instant fatal, comme bien d’autres êtres humains:
      " On n’entendait aucun bruit en dehors du carillon lugubre et funèbre des cloches. Aucun véhicule ne circulait plus, aucun klaxon ne cornait par la ville paralysée. Sous la voûte sonore des glas, des milliers et des milliers d’êtres humains avaient envahi les rues, se pressaient sur les boulevards, engorgeaient les parcs, masse compacte et silencieuse, figée dans une attente morne. Des oraisons ferventes et des gémissements montaient des églises et des temples à la pâle lueur des cierges. L’empreinte de la mort marquait déjà tous ces visages tournés vers l’Oeil Géant, ceux des hommes, ceux des femmes et jusqu’à ceux des enfants. Toute peur avait disparu et faisait place au calme et à la résignation. Le ciel s’empourpra davantage. La planète parut augmenter de volume . Les cloches sonnèrent plus fort ! Il était trois heures. D’un même élan tous les gens se jetèrent à genoux dans la neige, courbèrent la tête et se mirent en prière dans l’expectative du dénouement final.
      Les cloches cessèrent de tinter. Tout fut silence. "
      La collision n’aura pas lieu. L’Oeil géant évite la terre, diminue de volume puis disparaît causant à notre globe des dégâts limités, quelques raz-de-marée titanesques, des tremblements de terre, du volcanisme... , bref, des broutilles.
      La planète est sauvée et, dans les jours qui suivirent, David mettra la main sur une note de Watson qui stipule clairement que celui-ci savait tout dès le début, le bolide ne devant que frôler la terre et non l’écraser. D’où l’idée d’une mise en scène de la fin du monde, décision prise à l’unanimité par le groupe de savants, désireux d’extirper une fois pour toutes la guerre et de rendre morale la vie publique nonobstant les déséquilibres et les morts que devait obligatoirement engendrer une telle décision.  Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité , grâce à la menace universelle  de l’Oeil géant, les êtres humains se seront sentis solidaires devant le danger et auront modifié leur comportement en conséquence. David gardera pour lui la terrible découverte.
      Malgré quelques naïvetés charmantes (les protagonistes contempleront la venue du bolide du pas de leur porte), quelques outrances caractéristiques pour décrire la psychologie des militaires, quelques avertissements moralisateurs très anglo-saxons, on peut noter la tonalité optimiste générale dans laquelle se développe l’intrigue (David et Cora ont un bébé malgré le danger mortel). Les savants, loin d’être les promoteurs du désastre - lieu commun habituel dans le genre - sont au contraire les artisans d’un véritable renouveau social en assumant personnellement les conséquences de leur complot du silence. Une oeuvre originale dans le cadre d’une thématique vétuste.

    7. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Joseph DELTEIL Parution: 1924
      Partout dans les rues, durant les bals populaires, les gens écrasent sous leurs pieds de minuscules tubes, de provenance inconnue, contenant le germe de la peste :
      " Le 5 mai 1925, jour anniversaire de la mort de Napoléon, l’agent 584 ramassa sur la place Saint-Michel un tube de verre écarlate, portant une étiquette avec ces mots : Peste. "
      Les premiers morts apparaissent et l’épidémie se répand de manière foudroyante dans le monde :
      "Cependant, la peste se répandait à vue d’œil. Ces rassemblements d’espèces humaines dépourvues de phénol et de morale se révélèrent étonnamment enclins à la contamination. Il mourait à Bergen trois ou quatre mille personnes par jour. De tous âges et de tous sexes. Bientôt, ce nombre s’accrut. Il passa à 5.000, puis à 7.000. Il fallut mettre sur pied toute une organisation mortuaire. On mobilisa à l’usage des cadavres une Police Noire. On embaucha " pour la durée de la Peste plus 6 mois " toute une tribu de cafres, chargés de  l’inhumation, ou plutôt de l’immersion des défunts. "
      Les peuples bougent et se mobilisent car l’on dit que dans les pays froids le mal est moins important. C’est l’occasion pour l’auteur, en d’interminables énumérations spécifiant les qualités ethniques de chaque peuplade, de les montrer, s’embarquant, se bousculant, se tuant, toutes en fuite vers le nord de l’Europe pour s’établir d’abord à Bergen en Norvège puis à Tromsoë en Finlande :
      " Maintenant la Flotte Française longeait les côtes de la Norvège, cinglant vers le cap Nord. On croisait des cargos chargés d’Espagnols, des trirèmes pleines de Romains, des jonques, des gondoles, des monitors de Malte, des myriades de lougres et de cotres, des trois-mâts barques à foison. Il y avait des canots pleins de Cafres, des voiliers surchargés de Croates, des Tchéco-slovaques, d’Algériens, d’Afghans, de Chinois et de Canadiens. Des paquebots de la Cunard-Linie, de yachts de cuir jaune, des felouques de Constantinople voguaient bord à bord sur des eaux d’une verdeur scandinave. La grande voile latine, les quadruples cheminées à charbon, les tuyaux de dégagement de pétrole, pêle-mêle, emplissaient l’horizon nordique. Parfois, quelques cuirassés sans canons, le pont encombré de huttes de planches, passaient soufflant et crachant. Ou bien quelque tartane marseillaise, la sardine à la corne, et toute odorante d’échalotes. La terre entière avec toutes ses embarcations naviguait vers le Pôle Nord. "
      Parallèlement à ces déplacements de population qui forment pour ainsi dire le fond du décor, quelques personnages bien typés s’activent au premier plan : ce sont les héros découvreurs présumés d’un vaccin. La figure héroïque et le destin d’Eléonore, d’abord bergère gardeuse d’oie à Castelnaudary,  puis biologiste émérite, s’y détache en premier. De plus en plus appréciée par les populations qui s’efforcent de la protéger, elle recherche inlassablement un remède à la peste. Elle travaille dans le laboratoire du professeur Elie-Elie, un juif bon teint  secrètement amoureux d’elle. Peu à peu, il essaye de briser sa résistance mais elle ne s’en laisse pas compter. Pratiquant le noble art de la boxe, elle le met knock-out lors d’une mémorable séance devant aboutir au viol d’Eléonore.
      Chaque personnage, de son côté, cultive son jardin secret. Elie-Elie se sert de Mouche, une jeune turque pour assouvir ses besoins physiologiques. Eléonore apprécie énormément Gaspard, un jeune bellâtre qui s’attache à ses pas. Pendant ce temps, la peste poursuit ses ravages et pousse les peuples les uns contre les autres.
      Les Sénégalais, par exemple, forment une barrière de protection autour d’Eléonore alors que les Yankees, fraîchement débarqués, cherchent à l’enlever des mains du maire de Bergen avec lequel elle coule le parfait amour.
      Gaspard se rend à Londres où règne la désolation. L’Angleterre dévastée ne participera pas au concert des nations qui ont repris leur déplacement vers le pôle. Elie-Elie, toujours amoureux d’Eléonore, envoie Mouche dans les bras de Gaspard pour que  celui-ci lui laisse le champ libre auprès de sa dulcinée. Celle-ci corrige le tir et reprend Gaspard en mains. Alors Elie-Elie, par l’entremise de Mouche fait sauter l’abri dans lequel se trouvent Eléonore et Gaspard. Le couple meurt. Finalement, Elie-Elie est crucifié par une foule en délire qui le torture à la chinoise en lui enlevant progressivement les cinq sens :
      " Un roulement de tambour. ON VA DETRUIRE LES CINQ SENS ! L’Ouïe! Un Brandebourgeois couvert de brandebourgs, de couenne de porc et de médailles commémoratives s’approche d’Elie-Elie, lui marche sur les pieds, et lui coupe les deux oreilles. L’Odorat ! Un Napolitain au teint de homard, ayant fait trois génuflexions, lui taille le nez du fond du cœur, au son de la mandoline. Le Goût ! Un beau Russe à grands soupirs lui arrache toute la langue, au bout de ses longues mains abominables. La Vue ! Un Turc grassouillet et doux s’approche sur ses talons, et lui arrache les deux yeux. Le Toucher ! Une Japonaise ingénue, accroupie à hauteur de ses cuisses, tranche au rasoir les deux bulles d’amour. Et maintenant, devant Elie-Elie en lambeaux, le défilé du genre humain commence."
      Heureusement, avant de disparaître, Eléonore a réussi à découvrir le remède tant attendu. Les hommes seront sauvés!
      Le roman cataclysmique est ici prétexte à une débauche de mots, un univers-fiction où le monde évoqué rejoint Rabelais dans " l’Héneaurme ", dans l’indicible. Choc de mots, alliances de phrases, coq-à-l’âne, calembours, tropes, zeugmas, etc., les figures de style abondent sur plus de trois cents pages. Humour, contestation, xénophobie, ironie et racisme se partagent un récit inclassable mais indéniablement original.

    8. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Bruce STERLING Parution: 1994
      2030. L’Ouest des Etats-Unis s’est totalement asséché. Un déséquilibre climatique permanent, alimenté par l’effet de serre, provoque tornade sur tornade, notamment au Texas. Bien que la sécheresse semble s’être installée sur la totalité de la planète, sept milliards d’individus continuent de vivre tant bien que mal dans une biosphère hostile. L’évolution technologique a crée une société planétaire curieuse,  à la fois "branchée" informatique et démunie du strict nécessaire
      C’est dans ce milieu qu’évolue Alex, adolescent rachitique, atteint d’une maladie génétique de type mucoviscidose. Il lui reste peu de temps à vivre. Il lui faut pour continuer à respirer se "vider" périodiquement les poumons à l’aide d’un fluide physiologique spécial, une opération très douloureuse.
      Cependant fils de bonne famille - son père est richissime -,  il connaît la zone et sait se débrouiller à l’occasion. C’est dans une clinique mexicaine que sa soeur Jany l’enlève à l’appareillage médical supposé l’aider, et l’emmène vivre dans un groupe de marginaux, les "Frontistes",  bande d’allumés, informaticiens et mathématiciens, va-nu-pieds,  dont le seul plaisir est de traquer les tornades, les plus grosses et les plus dangereuses, en recueillant toutes les informations sur celles-ci.
      Leur chef, Jerry Mulhegan, l’amant de Jany, se présente comme un mathématicien hors-pair et un leader charismatique. Tous les autres le suivent dans sa démarche car lui seul sait quand se déclenchera une "F-6", c’est-à-dire, la reine des tornades, du jamais vu, avec un vortex libérant des vents de plus de 500 km à l’heure.En attendant que se présente une telle opportunité, Alex s’accoutume à la vie du camp, aux costumes en papier, résistants et jetables, au guidage des « ornithoptères » en vision directe grâce au casque-visu qui interprète en temps réel les données de la caméra, fixée sur l’appareil, lorsque celui-ci plonge dans l’oeil de la tornade.
      Ainsi se passe la vie faite de crasse, de poussière, de manque d’eau, de repas pris sur le pouce et de beaucoup de naïveté. Même avec les autres, Alex reste encore marginal, se sentant condamné par sa maladie. Sa rencontre avec Léo, le frère de Jerry, lui vaut une inimitié haineuse de la part de ce dernier. Se sentant décliner, sa seule ambition est de tenir jusqu’à sa rencontre avec la F-6.,Celle-ci ne tardera pas à se concentrer au-dessus de l’Oklahoma : Jerry pressent une tempête d’une violence inouïe. Tout le monde se prépare à accueillir l’événement, conscient du danger mortel qu’il représente.  Soudain, une masse d’air froid gigantesque entre en contact avec le sol en libérant une énergie d’une violence prodigieuse. La totalité de la ville d’Oklahoma-City est aspirée dans les airs :
      " Ils traversaient une bourgade. Celle-ci apparaissait périodiquement alentour, illuminée par les monstrueux éclairs stroboscopiques de la foudre. Le fracas étant général et continu, il régnait sous son casque un silence complet. Le patelin ressemblait à une ville fantôme silencieuse, soumise à un barrage d’artillerie inaudible. Et qu’on serait en train de raser systématiquement : murs abattus, toitures soufflées.
      Mais le vent n’était pas seul à l’oeuvre. Le vent avait convié ses amis. Des objets - autant de projectiles, de shrapnels - défonçaient au hasard, renversant tout ce qui était dressé, tout ce qui résistait, volant, percutant, écrasant, pulvérisant. Des objets volants et destructeurs. D’antiques poteaux téléphoniques d’avant les transmissions radio - sectionnées nets au ras du sol, et venant défoncer les murs des immeubles. Avec une aisance étrange, comme on transpercerait de grosses masses de tofu avec une baguette."
      A bord de Charlie, un véhicule blindé, hautement sophistiqué et semi-intelligent, Jany et Alex suivent la tornade en fournissant toutes les informations possibles au reste du groupe. Lorsque Charlie se renverse, Jany se réfugie dans une sorte de bunker, puis est sauvée par Léo et son groupe de dealers. Alex, lui, trouve miraculeusement refuge dans les branches d’un arbre gigantesque. La tornade passe, laissant sur son passage mort et destruction.Les bandes vidéos et les données informatiques exploitées ultérieurement rendent Jerry et Jany immensément riches. Ce qui leur permet de concevoir une nouvelle vie bourgeoise et feutrée. Alex, grâce à l’argent de son papa, se fera remodeler entièrement le génome pour se débarrasser de sa maladie, faisant de lui un être totalement nouveau. Et la vie continue, dans laquelle tout ce petit monde s’accoutume parfaitement de la pollution.
      Un récit pessimiste quant à la nature humaine et à ses motivations qui vaut surtout par l’introduction de l’élément "cyberpunk" au milieu de la thématique catastrophiste, déjà bien utilisée par des prédécesseurs («le Vent de nulle part» de Ballard ", "le Nuage noir" de Hoyle). Cependant, les descriptions hyperréalistes de l’activité des tornades ainsi que le style de l’auteur, volontairement " branché " font de ce roman un texte «dans le vent».

    9. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: John CHRISTOPHER Parution: 1924
      Vol. 01 : Les Montagnes blanches, Ecole des Loisirs éd.,1988, 1 vol. broché, in-12ème ,156pp. couverture illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)
      1 ère  parution : 1967
      La Terre souffre sous la coupe des tripodes, immenses machines extra-terrestres, qui l’ont envahie :
      « Enfin nous entendîmes le ronflement lointain, grave et rythmé, dominant le son des cloches, et il y eut une sorte de soupir général Le ronflement se rapprocha ; soudain, nous le vîmes au-dessus des toits des maisons, vers le sud : le grand hémisphère de métal brillant se balançait dans les airs sur ses trois pieds articulés, plusieurs fois haut comme l’église. Son ombre le précéda et tomba sur nous quand il s’arrêta, deux de ses pieds enjambant la rivière et le moulin.»
      La société technologique n’est plus qu’un souvenir, les hommes étant réduits en esclavage, conditionnés par les tripodes, depuis plus de cent ans. En Angleterre, Will, un adolescent de quatorze ans, attend avec impatience et crainte la cérémonie de la «Coiffe», comme en un rituel,  où l’on placerait une résille métallique sur sa tête, moyen par lequel les Tripodes asservissent les humains. De cette collaboration forcée tripodes/humains est issue une nouvelle féodalité, avec tous ses avatars : abandon de la technologie, de la rationalité, prééminence des titres seigneuriaux, chasse à courre que les tripodes ont adopté lorsqu’ils traquent des êtres humains :
      « Quand les tripodes sont arrivés – ou quand ils se sont révoltés- il y a eu des choses terribles. Les villes furent détruites comme des fourmilières, et des millions et des millions de gens furent tués ou moururent de faim. Des millions… J’essayai d’imaginer, mais impossible ! Notre village, qui n’était pas réputé petit, comptait environ quatre cents âmes. Il y en avait une trentaine de mille dans la cité de Winchester et alentour.
      Quelques réfractaires au conditionnement, les «Vagabonds», sillonnent le pays. Les uns sont vraiment fous, d’autres simulent car ce sont de vrais résistants. Ozymandas est un vagabond résistant qui conseille à Will de se sauver, de gagner les « Montagnes Blanches » où se cache une poignée de réfractaires. Il lui donne une carte pour se diriger. Peu avant la cérémonie de la Coiffe , Will Parker prend la fuite,  accompagné de  son cousin Henry. Ils progressent en se cachant des hommes et des tripodes.
      En une bourgade étrangère où Henry faillit être maintenu en captivité, ils font la connaissance de Beanpole, un adolescent à l’allure d’échalas, à l’intelligence aiguisée et rationnelle. Beanpole, durant leur marche, les rendra attentifs à l’excellence des produits technologiques des anciens, dont il reste des débris. Empruntant le «Chuinte-fer» (wagons sur rails tirés par des chevaux), ils atteignent une grande cité (Londres ?) détruite par les tripodes : « Certains immeubles s’étaient effondrés, sous l’effet des années et des intempéries, mais par endroits, beaucoup – parfois des rangées entières- avaient été comme aplatis, écrasés par un marteau descendu du ciel »
      Les ruines recèlent des trésors, notamment des sortes d’œufs explosifs (grenades ?)  que Will ramasse dans les souterrains d’un ancien métro.  Ils continuent leur route vivant toujours de rapines. Un jour, Will se blesse gravement. Découverts par la comtesse du château de la Tour rouge, nos trois amis y trouvent refuge soin et compréhension. Surtout Will qui s’amourachera d’Eloïse, la fille de la Comtesse, au point d’en oublier ses amis.
      Eux, devant son inertie, se décident à poursuivre leur objectif : rejoindre les Montagnes Blanches. Laissant le jeune adolescent à sa passion, ils se remettent en route. Bientôt, Will se rendra compte qu’il a commis une erreur. Surtout lorsque s’approche le jour de la Cérémonie et qu’il découvre qu’Eloïse est coiffée d’une résille, et qu’il est étroitement surveillé par un tripode.
      Profitant d’un moment d’inattention générale, il prend la fuite à cheval constamment poursuivi par le tripode, ce qui ne laisse pas de l’étonner. Il retrouve ses deux amis dans une vallée proche des Montagnes Blanches. Grâce à Beanpole, Will comprend l’acharnement du tripode: un émetteur avait été implanté dans sa peau ! Beanpole , non sans mal, le débarrasse du mouchard électronique, ce qui rend le tripode furieux.Agressivement, il attaque les jeunes gens qui se défendent en utilisant « les œufs » découverts dans la cité détruite :
      « J’ai senti la terre trembler encore et encore, avec de plus en plus de violence. Puis un des pieds du Tripode traversa le bleu ; j’ai vu l’hémisphère noir contre l’arc du ciel, et j’ai essayé de m’enfoncer dans la terre. A cet instant, le hurlement s’est arrêté. Dans le silence, j’ai entendu le sifflement différent de quelque chose qui cinglait l’air, et, regardant craintivement, j’ai vu deux ou trois buissons déracinés et jetés au loin. »
      Finalement, ils accèdent au but et seront recueillis par une douzaine de résistants dans les grottes des Montagnes Blanches.
      Vol. 02 : La Cité d’Or et de plomb, Ecole des Loisirs éd., 1987, 1vol. cartonné, grand in-12 ème ,  169pp., jaquette illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)                                                                                                                           
      1 ère  parution : 1967     titre original : the City of gold and lead
      Beanpole, Will, Fritz et Henry s’entraînent aux « jeux » dans le refuge montagneux, loin des tripodes. Leur objectif est de participer au concours qui permettra au plus fort d’entre eux de pénétrer à l’intérieur de la Cité des « Maîtres », les envahisseurs extraterrestres utilisant les tripodes comme armes. Bien que non dénuée de danger, l’opération est essentielle pour pouvoir récolter un maximum d’informations sur les extraterrestres.
      Les Jeux se déroulent dans le nord de l’Allemagne. Ils s’y rendent par voie fluviale, non sans peine. Finalement seuls Fritz et Will auront la chance d’être choisis. Ils seront acheminés au sein de la Cité par un tripode pour servir d’esclaves aux Maîtres, que Will aperçoit pour la première fois :
      « Ils étaient beaucoup plus grands qu’un homme, presque deux fois plus, et larges en proportion. Leur corps était plus gros à la base, faisant environ un mètre cinquante…, mais réduit en haut à quelque trente centimètres pour la tête. Si c’était bien la tête, car il n’y avait aucune continuité, aucune trace de cou…Le corps se mouvait non pas sur deux jambes, mais sur trois, celles-ci étant épaisses mais courtes. Ils avaient aussi trois bras ou plutôt trois tentacules émergeant d’un point situé à mi-hauteur de leur corps. »
      Les conditions régnant à l’intérieur de la cité sont épouvantables pour les humains : une chaleur tropicale, une atmosphère verte, irrespirable et une gravitation augmentée font qu’au bout de deux ans la majorité d’entre eux sont au bout du rouleau, se rendant d’eux-mêmes au lieu de «l’heureuse Délivrance », en fait l’euthanasie.
      Will et Fritz furent choisis chacun par un Maître différent. Celui de Fritz, sadique et brutal, le frappe constamment. Celui de Will est un intellectuel. Il désire faire de Will « son ami » comme le font les humains avec les chiens et va jusqu’à lui montrer ses collections, qui font la fierté des envahisseurs :
      « Regarde, garçon. J’ai regardé, et la sueur salée de mon visage s’est mêlée au flux plus salé des larmes –pas seulement des larmes de tristesse, mais de colère ; de la colère comme jamais je n’en avais éprouvé, je crois. Le curé de Wherton avait une pièce qu’il appelait son bureau, et dedans il y avait un meuble de bois ciré aux nombreux petits tiroirs. Un jour on m’avait envoyé lui faire une commission et il avait ouvert les tiroirs pour me montrer ce qu’ils contenaient. Sous du verre, il y avait des rangées et des rangées de papillons épinglés, leurs jolies ailes étendues. J’ai pensé à cela en découvrant ce qui était exposé là. Car il y avait des rangées de coffres, tous transparents, et dans chacun reposait une jeune fille vêtue de beaux atours. »
      Ravalant sa haine, Will, en lui obéissant en tout, le met en confiance, ce qui lui permet de soutirer des renseignements utiles. La géométrie de l’étrange cité, l’atmosphère létale (il ne se déplace qu’avec un casque), les comportements curieux des Maîtres lui seront bientôt chose coutumière. Malgré leur aspect grotesque, les Maîtres sont d’une mortelle efficacité. D’ailleurs Will apprend qu’ils projettent, d’ici quelques années, de modifier totalement l’atmosphère terrestre à leur profit, condamnant tous les humains à mort. Il devient urgent de faire connaître ces données à Julius.
      Un jour, Will, découvert par son Maître, n’a d’autre alternative que de le tuer, car il connaît son point faible, situé entre le nez et les « bouches ». L’adolescent rejoint ensuite Fritz, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Celui-ci lui indique une voie pour quitter la Cité, soit se laisser emporter par la rivière souterraine qui la traverse de part en part, les Maîtres ayant un absolu besoin d’eau. Proche de l’asphyxie, Will émerge au-delà de l’enceinte, recueilli par Beanpole qui surveillait les lieux. Alors que Fritz se sacrifie pour la cause, Will et Beanpole se dépêchent de relater à Julius la véritable nature des envahisseurs et de la menace qu’ils font planer sur le monde.
      Vol. 03 : le Puits de feu, Ecole des Loisirs éd., 1987, 1vol. cartonné, grand in-12 ème,  168pp., jaquette illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)                                                                                                                           
      1 ère  parution : 1967     titre original : the Pool of Fire
      La lutte s’organise. Grâce aux informations de Will, Julius met en place un plan d’attaque contre les envahisseurs. Il s’agit de pénétrer à l’intérieur de la cité, y tuer les Maîtres en y introduisant l’oxygène terrestre,  mortelle à leurs poumons. Pour que le plan réussisse, des conditions impératives doivent être remplies. Tout d’abord, il importe de connaître leur point faible afin de les mettre hors d’état de réagir, au moins un certain temps. L’on envisage de capturer un Maître qui servira de cobaye.
      Ensuite, il faudra très précisément minuter l’opération. Les Maîtres ayant établi trois bases sur terre en contact permanent entre elles, sur le continent américain, européen et en Asie. Chaque adolescent aura une mission particulière.
      Beanpole travaillera au quartier général, à l’aspect scientifique du problème. Will (rejoint par Fritz qui a pu se sauver en dernière extrémité) devra stimuler la foule en suscitant partout des cellules de résistance. Ils iront vers le Sud jusqu’en direction de la Turquie.
      Mais, avant tout, comment s’emparer d’un Maître ? Une stratégie est mise en place avec Will comme appât. Peint en vert (couleur inhabituelle censée soulever la curiosité de la proie), le jeune homme attirera le tripode dans un piège creusé à même le sol. Le Maître en est extrait et enfermé en une cellule de préservation.
      Longtemps l’extraterrestre restera une énigme pour les humains. Ce n’est que fortuitement qu’ils apprendront que son système nerveux réagit à l’alcool, dont une infime quantité le plonge en catalepsie. La décision prise amènera un groupe-commando, dont Will et Fritz, à pénétrer au sein de la cité, de s’y faire oublier le temps nécessaire à la fabrication d’une grande quantité d’alcool.
      Au moment prescrit, dans les trois cités, l’alcool sera versé dans les réserves d’eau pour priver les Maîtres de conscience. Le plan réussit. Par le démantèlement d’une porte de sas, ils arrivent à faire pénétrer l’air terrestre dans la cité. Le dôme éclatera à cause de la différence de pression, en causant la mort des envahisseurs. Mais la cité d’Amérique, situé sur le canal de Panama, fait de la résistance . Julius, toujours prévoyant,  y dirige sa toute nouvelle force aérienne, mise au point par Beanpole. Des aéroplanes, bourrés d’explosifs, sont censés faire éclater le dôme. Finalement, ce sont des ballons dirigeables qui emporteront la décision, et notamment le sacrifice d’Henry qui se fera exploser avec sa charge à l’aplomb exact du dôme.
      La terre est sauvée. Même la menace du vaisseau extraterrestre s’évanouit puisque, avertis par une mystérieuse forme d’empathie, les envahisseurs repartiront vers leur planète non s’en avoir fait sauter les têtes de pont que constituaient les trois cités.Au moment même où, une année plus tard, les outils technologiques du passé étaient redécouverts, où de toute évidence il s’agit pour les humains de se serrer les coudes, Julius, qui rêvait d’un grand consensus mondial, est contesté politiquement. Les hommes retournent à leurs égoïsmes :
      « Le premier délégué des Etats-Unis a dit : « Nous sommes venus ici de bonne foi, prêts à travailler avec les hommes de tous les pays. Nous avons entendu des querelles mesquines, des injures à un grand homme. Les livres d’histoire nous avaient dit que les Européens étaient ainsi, qu’ils ne pourraient jamais changer, mais nous ne les croyions pas. Eh bien, nous les croyons maintenant. Cette délégation se retire donc de cette Conférence grotesque. Nous avons notre propre continent et nous pouvons nous débrouiller seuls. » Ils ont repris leurs affaires et se sont dirigés vers la porte. »
      Alors que Will, désabusé, pense se lancer à la découverte de régions encore inconnues, Fritz se contentera de « cultiver son jardin ».
      Une fin amère pour un grand roman !


    10. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Daniel WALTHER Parution: 1979
      L’Alsace après la catastrophe atomique de Fessenheim. Le Sundgau (dit « Sund’ ») devenu une zone tropicale et contaminée. Cinq hardis aventuriers alsaciens, des durs à cuire qui mordent à l’appât du gain, sont envoyés par m. Drop, le représentant du ministre à Strasbourg, et sommés de rapporter un petit moteur atomique égaré en cette région (on se demande bien pourquoi !) Ils seront accompagnés dans leur périple par des «askaris» c’est-à-dire des porteurs «béni oui-oui» qui ont abandonné le beau dialecte alsacien pour l’usage exclusif  du «français pointu» et qui, à l’occasion peuvent rendre de menus services :
      « Jäckele Wirtz, le hetman des askaris était un grand gaillard viril et rougeaud qui essayait désespérément de s’exprimer avec l’accent du midi mais il n’y parvenait pas, à moins d’avoir bu quatre verres de brändi.
      –hé là, Jäckele ! s’exclama soudain Hazel, viens « voir » ici.
      -oui, mensahib, sur le champ !
      Jäckele était dans les petits papiers de la gironde Hazel depuis que celle-ci l’avait vu sortir son membre de sa braguette pour uriner contre un baobab.
      Les dimensions réellement « primitives » du negerbibes du caporal-chef Wirtz l’avaient tellement impressionnée qu’elle s’était juré de se garder le beau militaire sous le coude jusqu’au moment où une « occasion » se présenterait.»
      L’expédition se passe plutôt mal puisque arrivés sur les lieux, ils seront assaillis et défaits par des guêpes géantes, formes mutantes et intelligentes, purs rejetons de la pollution atomique.
      La nouvelle qui, en soi, ne présente aucune originalité (sauf, peut-être, la référence implicite aux « Furies » de Philip Wylie) offre une saveur particulière pour les Alsaciens, ouverts aux connotations régionalistes et linguistiques.
      Ainsi en est-il des noms (Caspar «Schmarotzer» signifiant «Caspar le Parasite », « Andy Firlafanz », Andy « Double Langue »), de certains mots, comme « negerbibes » (la « b… de noir »), ou d’attitudes typiquement alsaciennes (« do s’mr gbora, do welle m’r starwa », soit « c’est ici que nous sommes nés, c’est ici que nous voulons mourir »).
      Il est donc certain que cette nouvelle, telle qu’elle est écrite et composée, réjouira un public, certes de qualité,  mais fort restreint

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