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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
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Livres
711 livres
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L'offensive Des Microbes - Par BenF
En 192.., l’Allemagne, désireuse de se venger de la France, met au point dans un laboratoire soigneusement camouflé, en Poméranie, un microbe destiné à infecter les Français, les Belges et les Anglais :
« Ludwigburg avait songé à s’adresser aux laboratoires de biologie et à leur demander s’il n‘était pas possible d’arriver à fabriquer un produit d’une virulence telle que la moindre petite plaie infectée par lui donne infailliblement la mort et que le cadavre ainsi putréfié devienne un centre de contagion terrible. »
Le professeur Von Brück en est le maître d’œuvre et, avec l’appui du gouvernement en la personne du Chancelier Ludwigburg, dans le plus grand secret, il prépare un cocktail microbien mortel, conditionné dans des bombes en verre, qui sera répandu sur toutes les grandes villes, larguées par des avions civils camouflés,et sans déclaration de guerre préalable. Comme les Allemands pensent à tout, Von Bruck ne déclenchera l’opération que lorsqu’il estimera être en possession de vaccins et sérums destinés à protéger ses seuls compatriotes.
Paris bombardé est rapidement à genoux. L’épidémie se répand à une vitesse foudroyante en désorganisant en peu de temps la société civile. Les Français prennent conscience qu’il s’agit d’une attaque traîtresse de la part des Allemands mais ils ne peuvent y répondre puisque l’armée elle-même est affectée :
« Les troupes, elles aussi, étaient très éprouvées. Les hôpitaux militaires, remplis tout de suite, ne pouvaient suffire à aliter le monde toujours croissant des malades. On avait même été obligé de les garder à l’infirmerie. Ils y mouraient, et leurs cadavres continuaient à propager le fléau dans les casernes. Toute avance des troupes en territoire ennemi paraissait devoir être impossible. La mobilisation se trouvait entravée. »
Lorsque le Kaiser et le Chancelier estiment le délai suffisant, ils envoient un ultimatum à la France : « Capituler sans conditions et guérir par les équipes sanitaires envoyées d’Allemagne ou périr ». La rage au cœur, les Français cèdent. Aussitôt, comme par enchantement, apparaissent des équipes allemandes, toutes sur pied de guerre et parfaitement vaccinées. Cependant Von Brück et Ludwigburg traversant la France sont en proie à une sombre inquiétude : partout règne le silence de la mort. Il semblerait que les microbes allemands aient été plus efficaces que prévu :
« Déjà la mort s’installait aux carrefours. Paris prenait l’aspect d’une nécropole immense. Sur plusieurs places, des bûchers se dressaient, qui étaient destinés à brûler les cadavres ; (…) Le four crématoire de Père-Lachaise était bien entendu insuffisant, et les grandes usines construites , il y avait quelques années, à Ivry, à Issy et au Bourget, pour détruire les ordures ménagères, étaient beaucoup trop loin et suffisaient à peine à réduire en cendres les morts de la banlieue.(…)
Tandis que la Bretagne, moins atteinte, ne laissait grandir le fléau que lentement, l’est, le nord et la région lyonnaise le voyaient venir avec une intensité effroyable. A Lyon, on était contraint de brûler les cadavres, mais dans le désarroi général, et pour aller plus vite, on en jetait dans le Rhône, qui les entraînait dans ses eaux tumultueuses, pour aller les déposer sur des rives plus ou moins lointaines où ils étaient de nouveaux centres d’infection. »
La même situation se répète en Angleterre et en Belgique. Les Allemands se rendent enfin compte qu’ils ne maîtrisent plus la situation, leurs vaccins s’avérant inopérants. Quand les premiers médecins allemands sont touchés à leur tour, c’est l’affolement et le repli stratégique vers leur pays ; tous les trains sanitaires retournent au-delà du Rhin, les équipes germaniques cessant de soigner leurs ennemis.
Les Français, décidément très en colère, réagissent en assassinant les derniers Allemands qui résident encore en France, en menaçant le Kaiser dans sa résidence à Amerangen et en pourchassant Von Brück de leur colère, lequel meurt d’une crise cardiaque. Mais surtout, ils rendent à leurs ennemis la monnaie de leur pièce en jetant au-dessus des villes allemandes des cadavres infectés :
« On se précipita pour constater la nature de ce nouveau bolide et quelle ne fut pas la stupéfaction des spectateurs ahuris, quand ils purent se rendre compte que la masse qui venait de s’écraser sur la chaussée n’était autre qu’un cadavre en putréfaction répandant ses organes pourris sur le sol et baignant dans une répugnante sanie. »
En Tunisie, un petit groupe de savants français, de Manoux, de Vysne, Ginestous et le professeur Mérande, de l’institut Pasteur de Tunis, se mettent à l’œuvre. Ginestous ayant rapporté des vaccins et des souches microbiennes en provenance de Paris, ils installent leur laboratoire, par mesure de sécurité, sur un grand yacht américain et, avec l’assentiment du propriétaire, partent pour l’Afrique, autant pour fuir le péril que pour rechercher des grands singes qui devront servir de cobayes. Entre-temps, l’épidémie entre dans sa phase explosive : les microbes n’épargnent aucun pays, éradiquant toute vie humaine en Europe, en Asie, puis en Afrique, enfin en Amérique sans qu’une quelconque parade ait pu être trouvée :
« Bientôt l’hiver vint couvrir de son linceul de neige tous ces cadavres dispersés, seuls les loups restèrent maîtres de cet énorme territoire, trouvant dans ce vaste charnier, une nourriture facile. (…) Tous mouraient sans sépulture. Quand le dernier Russe succomba, l’humanité avait disparu de l’Europe. »
Même le groupe du professeur Mérande, pourtant bien prêt d’une solution, échouera, puisque le bateau sombrera au cours d’une tempête. Le monde entier, de par la faute des Allemands et l’absurdité de la guerre, survivra sans l’humanité, livré aux animaux et aux végétaux qui réinvestissent les centres urbains abandonnés :
« Notre-Dame continuait à se dresser majestueuse, inviolée par cette puissance microbienne destructrice de ces hommes qui, à des périodes troublées, avaient attenté à la beauté de ces pierres sculptées. Les microbes ne sont pas iconoclastes. Sur le parvis, la statue de Charlemagne continuait à lui tourner le dos. L’avenue de l’Opéra présentait la physionomie de ce qu’elle était jadis à quatre heures du matin. L’herbe y avait peu poussé à cause du revêtement de sa chaussée et de ses trottoirs. A son extrémité, l’Opéra intact semblait prêt à ouvrir ses portes et à recevoir un nouveau directeur disposé à y engloutir une nouvelle fortune. Sur l’esplanade des Invalides, toujours dominée par la coupole dorée de Mansart, quelques animaux demi-sauvages paissaient tranquillement, sans se douter de l’extravagance de leur situation. Tous les quartiers présentaient la même immobilité. Seules quelques bandes de chiens errants, qui commençaient à ressembler à ceux de Constantinople, troublaient par leur course folle, la placidité et le silence des rues. »
Un roman écrit par un médecin anti-germanique en diable, qui va au bout d’une logique de mort, très moderne dans sa philosophie, et romantique dans ses descriptions. Un ouvrage précurseur à rééditer.
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Le narrateur, Philippe Sorlin, nous raconte son incroyable aventure liée à la pandémie qui a frappé les pays riches du monde occidental. Modeste fonctionnaire à la DEP (Département des Etudes et Prospectives), il vivait heureux jusqu'à présent, marié à la douce Zoé, jusqu'à ce qu'un jour, comme des milliers d'autres hommes, il ne se réveille affligé d'une verge démesurée, immensément grossie:
"Un matin, je me suis réveillé avec une sensation de lourdeur entre les jambes. J'ai retiré le drap et secoué Zoé pour lui montrer ce qui m'arrivait. J'étais paniqué. Mes organes génitaux avaient triplé de volume pendant la nuit. Le moment de stupeur passé, Zoé a fait de son mieux pour me rassurer. Mais elle était pâle et sa voix tremblait. Je n'arrivais pas à me lever. Chaque tentative me causait des douleurs aiguës dans le dos et les gestes simples, que j'avais toujours faits machinalement pour sortir du lit, me demandaient de terribles efforts. Quand j'ai pu me mettre debout, le poids de mon bas-ventre faillit m'entraîner en avant. J'avais l'impression que mon corps m'était devenu étranger. Je chancelais, en équilibre instable, incapable de marcher. Je me rendis compte de la gravité de mon état et je pleurai."
L'éléphantiasis, c'est ainsi que s'appelle dans la réalité cette maladie due à un virus transmis par un moustique dans les pays chauds. Mais dans le récit, les éléphantiasiens, de plus en plus nombreux, sont tous de race blanche, vivant dans des pays développés, et sans doute victimes de la pollution:
"Le professeur Montoya confirma qu'il existait un lien direct entre certains polluants chimiques et la mutation des Hox. Des expériences effectuées avec la mouche du vinaigre -la Drosophila melnogaster- montraient que les spécimens exposés à des polluants organiques développaient des hypertrophies des pattes, des ailes et des yeux qui se résorbaient progressivement quand on replaçait les insectes dans un environnement préservé de toute pollution. Pour Montoya, les produits chimiques toxiques en suspension dans l'air étaient, à l'évidence, responsables de l'hypervergie."
Quoiqu'il en soit, cette maladie le rend inapte à une vie sociale normale. En attendant, sa honte passée de mise vu le grand nombre d'hommes atteints, adaptant ses vêtements à son état, il continue sa vie professionnelle, haï par sa chef de service Marie-Paule Boron (dite "MP" comme pour "Military Police"), et méprisé par sa voisine, la naine, dite "Goldorak", une professionnelle du sexe adepte du sado-masochisme.
Zoé l'entoure de toutes les prévenances et il reste l'ami de Krapolski, un voisin anarchiste, ainsi que de Sadou, un squatter noir déniché dans l'immeuble que le couple accueillera chez lui. Avec le temps, l'ambiance de la vie quotidienne change subtilement:
"Les spectateurs ne s'identifiaient plus à des héros "plats". Les anthropologues avaient beau montrer tous les ossements prouvant que la morphologie de l'homo sapiens sapiens évoluait sous l'influence de son environnement depuis trente mille ans, l'éléphantiasis masculin n'en provoquait pas moins une rupture spectaculaire avec des millénaires de civilisation. l'homme représenté par l'art rupestre, magnifié par les artistes de l'Antiquité, dessiné par Vinci, peint par Raphaël, sculpté par Michel-Ange, chrono-photographié par Marey, avait disparu sur la moitié de la planète."
Tous les domaines, éthique, ethnique, culturel, esthétique, etc. se modifient. Par exemple, l'on adopte dorénavant un vêtement adapté à l'entrejambes des hommes atteints. Les femmes deviennent plus agressives et les hommes davantage misogynes. MP, qui connaît Goldorak, intrigue pour se hisser à un poste plus élevé dans la hiérarchie. Quant à la naine, elle crée, dans l'immeuble même, en dépit de toutes les lois, un atelier de couture appelé "Profiline", qui connaît un succès phénoménal.
La deuxième phase de la maladie sonnera le glas de l'homme occidental. Un matin, Philippe Sorlin se réveille muni d'une verge pesant vingt kilos. L'hypervergie -c'est le nom dont on la baptise - crée un objet innommable faisant du mâle un total handicapé. Celui-ci vivra dorénavant dans un fauteuil à roulettes en pensant à la cruauté de son sort. La maladie des Hox -c'est le nom des gènes déficients qui provoquent l'hypertrophie - aura des conséquences irréversibles. Les hommes, impotents, impuissants, ne servent plus à rien. Incapables de se maintenir au pouvoir, ils se trouvent à la merci totale des femmes. La société explose. Les femmes prennent le pouvoir. Tous les postes et fonctions occupés par les hommes le seront désormais par des femmes. Des lois seront votées qui favoriseront la coopération avec les PVD (Pays en Voie de Développement) et leurs populations à majorité noire non affectées par la maladie des Hox, ce qui favorisera les mariages mixtes et permettra aux femmes de compenser leur stress sexuel.
Même Zoé, la douce Zoé, quittera Philippe pour Sadou qui, cependant, restera l'ami fidèle du narrateur, avec l'humour et l'insouciance de ceux de sa race. L'amertume du narrateur est d'autant plus grande lorsqu'il apprend que MP se destine à la présidence, en passant d'abord par le ministère de la Santé, et que Goldorak se transforme en une capitaine d'industrie puissante, pliant les lois à son usage et adoubée par le nouveau régime féministe. Les malades mâles, sous le prétexte d'être mieux soignés, seront regroupés dans des ensembles médicalisés, anciennes ZUP ou ZEP, en fait des ghettos de banlieue, où atterriront également une majorité d'anciens édiles politiques.
Il y pourtant pire. Le narrateur, ayant aperçu de sa fenêtre son voisin Hitch, handicapé comme lui, atterrir sur le pavé de la cour, soupçonne un assassinat perpétré par des femmes. D'ailleurs les cas se multiplient. Les femmes songeraient-elles à se débarrasser des hommes?
"La criminalité avait augmenté" depuis le début de la pandémie. Cette recrudescence provenait essentiellement des agressions d'éléphantiasiens par des jeunes filles qui opéraient à deux ou trois, dans la journée, parfaitement renseignées sur les codes d'accès aux immeubles et les appartements où vivaient les hommes seuls. mais les complicités n'étaient pas faciles à établir. Les informations pouvaient aussi bien provenir de la gardienne que d'une ancienne locataire, une infirmière, une aide-ménagère, une postière une dératiseuse, une peintre, un plombière, une livreuse, une employée du gaz ou de l'électricité, une ramoneuse, une voisine, une huissière, une policière, une parente ou une familière."
MP, accédant à la présidence, assignera immédiatement en justice les hommes politiques du passé, responsables, selon elle, de ne pas avoir tenu compte des dangers de la pollution et de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour parer à la maladie en Occident. Ils seront déclarés coupables et emprisonnés. Quant à Philippe Sorlin, soulagé par Mélanie, une gentille aide-soignante (ce qui le change de la précédente, Sylvie la féministe), il méditera amer sur son bonheur perdu, les jours enfuis, la défaite de la gent mâle et le regret de n'avoir su profiter en temps voulu des menus plaisirs de la vie.
En un style fluide, analysant avec délicatesse les sentiments et les émotions d'un malheureux soumis à son handicap, l'auteur explore les conséquences de sa pandémie avec une lucidité féroce, notamment en ce qui concerne les actions des femmes enfin libérées de la tutelle masculine. Il appuie aussi sur l'égoïsme des pays développés en inversant les situations comme l'a fait, dans un autre registre, John Christopher avec son "Hiver éternel".
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La Comete Ecarlate - Par BenF
Le professeur Berillus, astronome myope, s’est rendu sur l’île de Vulcano en compagnie de Jean et de Lucienne , deux tourtereaux et ses aides éventuels, afin d’observer l’approche d’une comète de couleur rouge (d’où "écarlate") qui doit croiser l’orbite de la Terre le 24 mai et y faire émerger un continent nouveau. Il se fait voler ses plans par le pirate des mers Zephoris. Au moment fatidique ont lieu des perturbations, notamment le réveil de tous les volcans de la Méditerranée :
" Comme c’est impressionnant ! murmura Lucienne. Un grondement sourd ébranla le cosmos. Jean retint Lucienne qui avait failli être précipitée à la mer. Les flots se soulevèrent et battirent plus fort. Les deux jeunes gens levèrent les yeux. Chose étrange ! La comète écarlate, dont on voyait nettement augmenter le diamètre du noyau, au fur et à mesure que l’astre baladeur approchait de la Terre, paraissait d’un éclat beaucoup plus terne. Ils comprirent presque aussitôt. Le ciel se voilait. Une pluie de cendres venue de tous les cratères de Sicile, allait gêner les observations. "
En guise de continent, seule une petite île émerge sur laquelle Berillus s’installe. Zephoris qui n’a pas abandonné la lutte décide de transformer la caverne sous-marine de l’île Berillus en garage à sous-marin. Malheureusement pour lui, et selon les nouveaux calculs du savant, l’île ne tarde pas à se réenfoncer dans l’eau, annihilant les pirates, tandis que nos héros se sauvent in extremis.
Une bluette sympathique et sans prétentions écrite dans le plus pur style du roman populaire. A comparer avec "l’étoile mystérieuse ", aventure de Tintin par Hergé parue en 1942.
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La Papesse Du Diable - Par BenF
Envoi :
" Nous écrivons ce livre à la lueur des Trois Lunes, réjouis par la vision des futurs cataclysmes. La Fin du Monde approche et malheur à qui s’efforce de la nier au nom d’une prétendue Raison, misérable palliatif à son impotence mentale. Le galop des chevaux tartares s’impose à nos oreilles, et nous percevons, par delà les âges, le bruit des hordes en marche vers l’Orient. "
L’Archimagesse, Elle, l’Egale des Dieux, la Papesse du diable mandée par les ombres du Grand Androgyne, l’Archange Noir, instaure son royaume sur cette terre. Partie d’Asie où des hordes mongoles lui sont toutes dévouées, elle conquiert l’Europe, qu’elle met à feu et à sang :
" En cet hiver de l’an 19… , Paris présentait un aspect lamentable. Depuis un mois, l’immense armée asiatique, couvrant l’Europe, bloquait les capitales de l’Occident. La cavalerie mongole patrouillait dans les forêts de l’île de France et dans les bois de la banlieue parisienne où les débris de l’armée occidentale, écrasée, anéantie, s’étaient clairsemés en petits groupes, soldats affamés, livides, infirmes, malades, que seule une terreur justifiée par ce que les derniers journaux racontèrent du sort des prisonniers, empêchaient de se rendre aux vainqueurs.
L’Europe était battue après cinq ans de lutte formidable. Malgré l’armement perfectionné, les moyens de défense chimique, l’armée aérienne, les hordes défilant en ouragan avaient balayé d’abord la Russie, qui n’avait offert qu’une faible résistance… "
En compagnie de sa secrétaire-esclave Diana, jeune Russe experte en plaisirs lesbiens, Elle, l’Egale des Dieux, n’a d’autre but que de réduire la papauté et d’instaurer le règne noir de la jouissance universelle.
Paris, conquise, lui tient lieu de capitale. De là, elle lance des expéditions punitives contre les Chrétiens d’Europe qu’il faut éradiquer. Le pape Pie XIII est finalement capturé, torturé et mis à mort au sommet de la tour Eiffel.
Rien ne semble plus contrecarrer l’Archimagesse et son règne obscur. Pourtant, Feng-Nohr, le sculpteur émérite qu’elle a ramené d’Asie, s’appelle Monseigneur Tsen Ho Lin , le nouvel archevêque de Canton, prêt à reprendre le flambeau tombé des mains de Pie XIII, en consacrant un nouveau pape, Benoît XVIII.
Tel le phénix, la religion chrétienne renaît de ses cendres et des messes sont régulièrement dites dans les ruines du Vatican. L’Archimagesse mettra du temps à démasquer le traître dont elle tombera par ailleurs éperdument amoureuse.
Amour partagé, puisque Tsen Ho Lin, pour un baiser d’elle, se damne, se parjure et livre le reste des croyants à la vindicte jaune. L’Ange Noir, le Grand Pan, l’Ombre maléfique, le patron de l’Archimagesse, lassé sans doute de régner sur un peuple d’esclaves, abandonne la terre à son triste sort.
Ainsi s’accomplissent les prédictions : deux lunes mortelles apparaissent dans le ciel terrestre ; invinciblement attirées l’une vers l’autre, elles provoquent, en se désintégrant, une situation cataclysmique sur notre globe, faisant se réveiller les volcans d’Auvergne, engloutir l’Amérique, s’écrouler toutes les cités. Paris ne fera pas exception à la règle.
L’Archimagesse, ayant refusé de s’enfuir dans son engin volant avec l’astronome de Chaldée Lysiclès qui seul a prévu la catastrophe, meurt dans les ruines de son palais en compagnie de Tsen Ho Lin, dans la convulsion d’un coït généralisé :
" Le monde en était aux derniers sursauts de l’agonie. L’Amérique entière s’était écroulée sus les eaux, l’ancien Continent se disloquait sous le bombardement des météores.
Entouré de charniers, Paris, aux maisons effondrées, brillait des milliers d’incendies allumés par les bolides. Dans les abris souterrains, les gens s’écrasaient et périssaient d’une horrible asphyxie. (…)
Partout des pleurs, des râles, des écroulements de tableaux et d’objets culturels, des crispements de soie. Des chiens venus d’on ne sait où, couvraient les femmes en haletant. Un adolescent, les bras en croix, gémissait lentement, à demi - étouffé sous quatre femmes. Trois hommes dans un coin s’étreignaient en miaulant comme des chats. Des jeunes filles entrelacées se tordaient sur un divan. "
Lysiclès, lui non plus, n’échappera pas à son destin et sera broyé dans la même étreinte cosmique qui réduit la terre en poussière, tué par son ancien maître Ashivérus.
Une œuvre marginale du courant surréaliste, hautement symbolique et significative des rapports qu’entretient ce mouvement esthétique avec l’inconscient, le sexe et la mort : " la beauté sera convulsive ou ne sera pas ", selon les propres mots d’André Breton. Avec un habile entrelacement des thèmes plastiques, poétiques, littéraires et de science-fiction, le récit mérite une place de choix dans notre thème.
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La bataille navale qui décida du sort de l’Allemagne se déroula près de Héligoland et dura deux nuits sans que la victoire ne fût acquise. L’approche de l’escadre française provoqua l’affolement dans les villes portuaires du nord de l’Allemagne et des conséquences telles que durant toute la nuit les cuirassés français furent torpillés dans un déluge de fer et de feu :
« Partout, les eaux sont sillonnées des noirs engins de guerre : les torpilleurs français croisent les torpilleurs allemands ; la lumière électrique –en jets irradiants et capricieux- fraye le chemin. La mêlée est sinistre. Des cris d’agonie montent des navires qui tournoient, engloutis par l’abîme. »
Au matin, l’escadre française passa à l’action, bloquant le port allemand de Jade qu’elle arrosa copieusement :
« Un pâle soleil, apparu dans le ciel livide, illumine le Jade. Les navires désemparés gisent sur la grève, avec des corps d’hommes confondus, sanglants, mutilés. Des épaves s’en vont sur la surface souillée des eaux. Les Français ravitaillent leur flotte, ensevelissent leurs morts dans l’insondable tombeau des flots, réparent leurs avaries et prennent les dernières dispositions pour l’attaque. »
Malgré une résistance allemande désespérée, le port de Wilhelmshafen eut aussi à subir d’intenses bombardements.
Dans l’épouvantement de la pluie de feu, des incendies, de la population qui s’enfuit, les Français arrachèrent une victoire à la Pyrrhus. L’affrontement décisif eut lieu au-delà du détroit de Skagerat, vers le Sund et Copenhague, où les Français seront accueillis avec enthousiasme. La sanglante bataille navale près de l’île de Langenland, suivi d’un projet de débarquement à Kiel, ébranla l’Allemagne pour longtemps et décida de la victoire finale.
Une courte et réaliste nouvelle centrée sur la marine allemande considérée comme la plus forte d’Europe avant 1914.
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Ce texte représente l’un des nombreuses suites de la «Bataille de Dorking ». Spiridion Gopcévic démontre, avec une rigueur amusante, le rôle joué par la marine française dans cette conquête qui rend enfin à raison la suprématie britannique en ce domaine. Tout commence par la prise de l’Egypte par l’Angleterre. C’en est trop pour la France qui ne peut admettre qu’on la dépouille de son protectorat (et incidemment du canal de Suez). S’appuyant sur l’Irlande, folle de joie à l’idée de regagner sa liberté, s’étant assuré de la neutralité des autres pays européens, elle arme ses deux flottes, l’une partant de Brest, l’autre de Toulon.
Les Anglais, mis au courant, veulent prévenir l’attaque en la personne de l’amiral Clark fort de ses cinquante-cinq cuirassés qui aussitôt firent route vers la Méditerranée pour bloquer l’escadre française dans son port de Toulon :
« Le Rodney et le Conqueror, qui avaient déjà canonné le Richelieu, lors de son passage à contre-bord, s’attaquèrent plus spécialement au Caïman, et, concentrant sur lui le feu de leur artillerie, pendant qu’il mettait à l’eau ses torpilleurs vedettes, réussirent à le couler ; les deux petits torpilleurs ne tardèrent pas à venger la perte de leur navire-mère. A la faveur de la fumée épaisse qui couvrait la plaine liquide, ils parvinrent à lancer en bonne direction, deux torpilles Whitehead, qui firent sauter à la fois le Rodney et le Conqueror. »
Averti à temps de la décision anglaise par l’aviso-torpilleur «la Dague» en embuscade avancée, l’amiral français Borny pris la mer à partir de Brest pour voler au secours de la flotte toulonnaise :
« Le soleil levant du 1 er août 1888 vint éclairer un imposant spectacle. Une flotte formidable appareillait de Brest : 280 vapeurs de tous les types remorquant des navires à voiles, 8 cuirassés, 20 torpilleurs et 22 croiseurs ; au total 330 bâtiments quittaient ce grand port au milieu des hourras enthousiastes de plus de 200 000 voix et prenaient leur course vers Land’s End. Les avisos et les torpilleurs ne tardèrent pas à se placer de tous côtés en éclaireurs, tandis que les bâtiments de ligne restaient plus près, autour du convoi, pour le protéger. Dix heures plus tard, le même soleil assistait à Cherbourg à un mouvement de navires aussi considérable. 8 cuirassés, 20 torpilleurs, 22 avisos et 270 transports ; -en tout 320 bâtiments quittaient les côtes de Normandie, et faisaient route à l’Ouest. »
La bataille de Corrobedo demeura incertaine quant à la victoire française, les forces en présence s’équilibrant, les deux armadas se coulant respectivement leurs cuirassés à l’aide de leurs petits navires rapides, les torpilleur, qui firent merveille. L’arrivée imprévue, pour les Anglais, des secours français de Borny inclina la décision finale en faveur de la France.
Malgré de lourdes pertes, l’Angleterre put se dégager du piège. Les Anglais enragèrent et ne cédèrent pas. Peu de temps après, ils mirent en commun toutes leurs forces, constituant une nouvelle escadre dans la Manche dont ils confièrent la destinée à l’amiral Harlington pour une vigoureuse contre-attaque dans le but de dégager définitivement les côtes anglaises.
L’engagement eu lieu au large de la Corogne, au désavantage des Anglais dont les cuirassés sombraient les uns après les autres, attaqués de tous les côtés par les torpilleurs français. C’en était bientôt terminé de l’orgueilleuse flotte britannique. Les Irlandais jubilèrent. La France, confiante en sa toute nouvelle force, prépara son débarquement sur les côtes du pays ennemi, près de Portsmouth et de la Cornouaille. L’amiral Drach, appareillant le 1 er août avec sa formidable flotte, établissant plusieurs brèches dans la défenses désespérée des Anglais, établit la tête de pont, débarquant à terre une armée de plus de 100 000 hommes. La jonction de toutes ces forces devait s’établir à Exeter et, de là, prendre la direction de Londres.
« Le commandant en chef décida de la retraite le 17 août ; mais il était trop tard, un corps de l’armée française avait opéré son mouvement tournant et attaquait ses derrières. Il était enveloppé de toutes parts. Il tenta de faire une trouée à travers l’ennemi, mais cette attaque désespérée demeura sans succès, par suite du manque d’entrain de la milice et des volontaires.
Enfin, dans la matinée du 18 août 1888, l’armée anglaise fut réduite à capituler ; et le 23, les armées françaises faisaient leur entrée dans Londres. Pendant ce temps, les transports avaient fait retour en France et y avaient embarqué 100 000 nouveaux hommes. La moitié de ceux-ci furent mis à terre en Irlande où la population se souleva et les accueillit à bras ouverts ; l’autre vint renforcer l’armée d’occupation. »
Malgré une défense héroïque, les journées d’août 1888 furent désastreuses, qui virent la destruction complète de la flotte anglaise. La mer étant libre, maintenant, de partout dans le monde, dans l’océan Indien, en mer de Chine, au large de l’Australie, près de l’Amérique du Nord, au large de Sainte-Hélène (lieu ô combien symbolique !), des petites escadres françaises fortes de leurs avisos et de leurs torpilleurs coulent les navires de commerce britanniques, portant le coup de grâce à l’Empire.
Fin août, après la bataille définitive de Labuan, l’Angleterre était à genoux. Elle fut sommée de verser trente huit milliards de francs-or au titre des dettes de guerre. Le reste de sa marine fut démantelée. Elle perdit toutes ses possessions lointaines (à l’exception de l’Australie), qui se déclarèrent républiques indépendantes. Le reste de ses territoires fut partagé entre les vainqueurs français et les voisins européens. Finis Britanniae !
L’auteur, d’une manière qui se veut exemplaire, comptant et recomptant inlassablement les forces maritimes en présence comme les boutons de guêtre d’un uniforme de soldat, veut ainsi démontrer :
1.que les Français sont d’habiles tacticiens maritimes
2.que la souillure de la défaite de Trafalgar devait impérativement être lavée.
3.que la perte des cuirassés anglais était en grande partie due à l’usage novateur des torpilleurs, plus rapides, plus légers, plus maniables, et partant plus dangereux.
Dans la lignée des « Batailles Imaginaires » établie par Garçon Augustin et l’éditeur Lavauzelle , le récit de Gopcévic Spiridion a le mérite d’être court, enlevé, précis, démonstratif, traçant ainsi dans l’imaginaire ce que jamais la France ne put accomplir au réel.
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Le Guide De L'avenir - Par BenF
En 2400, près de la statue du « guide de l’avenir », deux amis se disent adieu. L’un, Thomas Brack, immodeste et sûr de lui, va être envoyé dans le passé pour incarner ce « guide de l’avenir » qui a conduit les peuples de l’an 2000 à la victoire. L’autre, Luc Vincox, ne pense pas à assumer ce destin. Pourtant lui aussi partira pour le passé. Par une ironie du sort, le premier aboutira en pleine néo-barbarie, après une guerre nucléaire destructrice. Il sera fait prisonnier par «Attila» le chef mondial, qui a réduit tous les peuples en esclavage après la catastrophe. Il travaillera comme forçat dans ses mines de fer et mourra finalement dans les arènes sous les dents d’un lion.
Vincent, envoyé à la même époque par le professeur Robert Kelvan, mais muni de fusils désintégrateurs et autres armes de guerre, prendra contact avec les dissidents, éparpillées un peu partout sur terre dans des régions désertiques ou sauvages. Reconnu et acclamé, il sera l’artisan de la victoire. Grâce à ses armes infiniment supérieures aux arcs et flèches du tyran, il défera la terrible dictature pour promouvoir une nouvelle ère de paix et de démocratie qui formera la base de la sereine et technologique civilisation de 2400. Et la statue, sur la place, sera la sienne.
Une nouvelle en forme d’apologie qui, quarante ans avant la série des « X-Files » adopte leur devise : « la vérité est ailleurs ».
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Appartenant au peuple des Longs-Nez, Zlinno s’inquiète de la maladie de son Dieu. Désireux d’en avoir le cœur net, il se rend, en tremblant, au temple où l’attend un Dieu bien vieux qui le baptise : " Vermine " :
" Le dieu est très grand. Infiniment plus grand que nous. Il est comme un arbre immense et sa tête est couronnée d’une masse de cheveux blancs qui retombent sur son dos et sur ses épaules. Il a le teint très jaune et il est maigre, osseux. Il se déplace lentement, beaucoup plus lentement que nous, et il semble malade. Il parle tout seul et, merveille, je comprends ce qu’il dit ! - Bordel… Quand donc finira ce cauchemar ? Quand est-ce que ce foutu monde va enfin exploser ? Et ces cons qui s’envoient toujours et toujours des bombes sur la gueule… "
De retour chez lui, il rend compte de sa mission, mais comme le " Suprême " n’aime pas les concurrents potentiels, il est chassé du " Paradis " vers le " Grand Extérieur " pour avoir dit la vérité. En parcourant le désert caillouteux qui s’étend devant lui, parsemé par les " Chars-des-Dieux ", il a la connaissance intuitive d’une grande révélation. Des mots lui viennent, il ne sait d’où, tels que " maisons " ou "voitures".
Par une intelligence adaptative croissante, il parvient à se débarrasser d’un groupe d’ennemis " les Briseurs-de-Reins " en déversant sur eux de l’essence enflammée issue d’un camion-citerne abandonné. Dans sa pérégrination, il rencontre une compagne " blanche ", de son vrai nom " Réva", poursuivie par des " Longues Oreilles " Vermine lui sauve la vie mais Reva est longue à lui prouver sa reconnaissance, car il est de couleur noire. Mis au courant de la mission de Vermine qui est de découvrir un autre Dieu, elle le conduit subrepticement auprès d’un vieux sage de son clan, Obo, qui pourra lui fournir des renseignements. Malgré leurs précautions, les congénères de Reva les découvrent et les emprisonnent avec la ferme intention de mettre à mort le couple. Vermine et Reva seront sauvés au dernier moment par le " Fléau " mystérieux qui, régulièrement, décime les tribus. Ils s’enfuient ; leurs pas les conduisent vers un grand temple des Dieux, appelé " Centrale Nucléaire " où règne une abondante activité militaire. Sans nul doute, c’est là que résident les Dieux ! Cependant, seuls sont visibles des robots qui accomplissent des gestes stériles pour une guerre inutile. Avec terreur, ils apprennent la vérité de la part de la " Machine Suprême " qui contient la mémoire collective d’une humanité défunte tuée par son orgueil et sa méchanceté :
" La machine parle : La guerre a été mondiale. Les peuples se sont opposés au gré du jeu des alliances et des traités. Ethnies et religions se sont déchirées. Des antagonismes raciaux se sont exacerbés. Les peuples qui souffraient de la faim et des maladies se sont retournés contre ceux qui possédaient la richesse et la nourriture. Mais ceux-là possédaient aussi la technologie. La guerre s’est éternisée. Elle a changé de nature. Elle n’était plus un moyen. Elle était devenue une finalité en elle-même. La guerre pourrissait la guerre et vivait de la guerre. Il y eut des milliards de morts… Le chiffre ne me dit pas grand-chose. Mais les images sont claires. Des batailles, des explosions, des incendies. Des hommes aux prises les uns avec les autres. Des cadavres. Des champs de cadavres…. Des villes détruites, des pans de murs aveugles se détachant sur un ciel de feu, des campagnes brûlées. Des rivières polluées, des océans charriant d’innombrables épaves. Des forêts réduites aux troncs des arbres décapités sur la terre calcinée… "
C’est la Machine qui a conduit Vermine en ce lieu, qui envoie régulièrement le service de nettoyage (le " Fléau "), qui espère que Vermine, rat mutant, aura une descendance nombreuse appelée à remplir la niche écologique laissée vacante par l’homme.
Une fable cataclysmique qui sonne juste en ouvrant des échappées sur la problématique posée par la xénophobie ou le racisme. Que demander de plus à ce petit roman paru dans une si grande collection (grande par la quantité d’ouvrages publiés)
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En l’an 4257, à Tchad-Ville, l’Europe ayant depuis longtemps été désertifiée, le savant renommé Négou-Dar, en possession des six photos ayant miraculeusement échappé au désastre, administre à ses concitoyens la preuve que la ville de Londres, engloutie en 1890, fut «détruite par un soudain affaissement du terrain volcanique sur lequel elle repose ".
Les photos en témoignaient de façon manifeste, notamment l’une d’entre elles qui représentait :
"des eaux montantes (dont) émergeait une longue ligne d’édifices sombres. La noirceur des maisons, l’ombre crépusculaire, l’étendue de la nappe d’eau, tout indiquait l’envahissement des choses par la mort. "
Mais son concurrent, Nédar-Gou, archéologue lui aussi, prétend que toute cette thèse est fausse et que les fameuses photos n’étaient jamais que des clichés manqués sur lesquels avait coulé la gélatine. Personne cependant ne voulut le croire et l’on éleva une statue triomphale à Negou-Dar.
Une très courte nouvelle, l’un des premières en date, qui donne dans l’anglophobie, thème présent dès le début du siècle.
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Paris En L'an 3000 - Par BenF
La comète de Halley a eu raison de l’indifférence des citoyens de la Terre à son égard. Lors d’une de ses réapparitions, en 1985, sa queue balaie la surface du globe provoquant une catastrophe mondiale et notamment, le détournement du Gulf-Stream:
"New York, Londres, Paris, Pékin, Berlin, le Maroc, la principauté de Saint-Martin, le val d’Andorre et le Japon lui-même s’effacèrent de la carte du monde. Ainsi que jadis Troie, Herculanum, Pompéi, toute la terre habitée en 1985 s’ensevelit sous les couches de cendre de boue ou de glaces.
Je dis de glaces, car la température tomba partout à 55° au-dessous de zéro. Un amas prodigieux de bolides et d’aérolithes, une pluie de scories recouvrit tout. Villes et villages, collines et montagnes, rivières et routes, tout fut ballotté, cahoté, écrabouillé."
Le Pôle Sud devient l’une des seules régions tempérées qui accueille les rares survivants , alors que l’Europe est ensevelie sous de vastes étendues glaciaires.
Mille ans après, en vue de favoriser la vérité historique, l’Académie des Sciences de Pôle-Sud dépêche " l’Obus-32", un navire volant dernier cri, pour explorer ces confins glacés et de redécouvrir Paris.
A son bord prennent place deux distingués Académiciens, messieurs Pudding et Ventrepotte, aussi dissemblables au physique qu’au figuré. L’un se réfère aux (fausses) mémoires historiques de Valtermoche pour situer la ville, l’autre analyse et déduit son emplacement à partir de preuves fossiles et géologiques.
Ils s’arrêtent tout d’abord dans leur voyage au-delà d’un équateur glacé, au-dessus d’une plaine en mettant à jour ce qui apparaît comme une ancienne boîte de foie gras, preuve incontestable qu’ils survolent bien le territoire français.
Les découvertes se multiplient, toujours plus prodigieuses et toujours plus frustrantes : une statue sans bras (c’est la Vénus de Milo), un ancien couloir de métro effondré (c’est la station Rome), le tombeau de l’empereur Napoléon, des morceaux de fer (c’est la Tour Eiffel).
Pudding et Ventrepotte se chamaillent, l’un en faveur de l’hypothèse de l’origine " romaine ", l’autre croyant indéfectiblement à l’origine " parisienne " des trouvailles:
" C’était un spectacle étrange que celui des dix hardis explorateurs, lampe électrique à la main suivant ce tunnel où mille ans auparavant circulèrent des trains de voyageurs.
On marcha pendant dix minutes ; les ferrailles, les fils tordus s’enchevêtraient de plus en plus. Puis un amas informe de débris sans nom: restes de plates-formes et de wagons assurément, car on retrouvait des roues de fer, des plaques blindées, et, spectacle horrible, sous l’amas de terre, de bois pourri, le capitaine Balthazar retira un ossement humain.
Pudding s’écria: -Messieurs, ce sont les débris d’un train... d’un train rempli de voyageurs au moment où se produisit le cataclysme. "
L’ambiguïté sera levée en la personne de Gallichard, un vrai de vrai de Pantruche, qui a décidé en son temps de se faire congeler et de ne se réveiller qu’au bout de cent ans:
" C’était en effet, entre deux rocs, une sorte de boîte, de parallélépipède de glace qu’avait aperçu le lieutenant, et dans la glace transparente, on voyait distinctement les formes d’un corps humain, admirablement conservé. On travailla toute la journée à remonter le bloc, et on décida de remettre l’ouverture au lendemain. L’aurore vit ce spectacle inoubliable, extraordinaire et pourtant véridique: les parois de la glace fondant doucement à la chaleur d’un chalumeau, et débarrassant de son enveloppe réfrigérée le corps d’un homme ayant vécu mille ans auparavant. "
Au grand contentement des savants polsudiens, Gallichard rétablit la vérité historique en traçant un portrait flatteur de l’empereur.
Pressé cependant de faire connaissance avec le doux climat de Pôle-Sud, il s’empare de " l’Obus-32 " en compagnie de Ventrepotte, abandonnant les hardis explorateurs à leur sort, en leur promettant de leur envoyer vite du renfort. Ceci fut fait. Une flottille d’engins volants viendra à leur secours, explorera en profondeur le site et tout le monde rentrera au bercail avec une ample moisson de renseignements sans prix.
Un ouvrage cataclysmique français, tout en ironie et bonne humeur, destiné au public enfantin de l’époque. Henriot y fait courir son admiration envers la personne de Napoléon. Au-delà de l’humour, subsiste l’hypothèse de l’hibernation (déjà utilisée par Boussenard dans "les secrets de M. Synthèse ").
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