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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Michaël KURLAND Parution: 1975
    " Un siècle auparavant, les savants avaient pénétré le secret des particules à l’intérieur des particules des atomes, leur regard avait atteint les étoiles des galaxies les plus lointaines, et ils avaient envoyé des hommes sur d’autres mondes. Aujourd’hui, soixante dix ans après l’apparition de la Mort, " science " était un mot maudit à l’extérieur des enclaves, et n’était plus, à la limite, qu’un souvenir à l’intérieur. Une fois de plus, l’atome était inviolable, les galaxies lointaines invisibles, et les hommes exilés sur les autres mondes condamnés à y rester, car un obstacle infranchissable s’était dressé sur le chemin du retour vers la Terre : le virus mutant ECHO, plus connu sous le nom de "mort ".
    Les Etats-Unis en 2080 après le passage du virus ECHO. Un continent dépeuplé, où subsistent diverses enclaves. Celles des scientifiques, en contact entre elles, qui travaillent à redonner au pays un niveau technologique convenable. Celles des agriculteurs où des Américains, traumatisés par la catastrophe, obéissent, en bons puritains, aux lois d’un dieu vengeur qui abomine les agissements des scientifiques ainsi que toute manifestation de tendresse. Peter et Ruth se sont fait prendre la main dans le sac. Ils ont été jugés et seraient exécutés par pendaison sans le secours de Mordecaï Lehrer, un marchand ambulant âgé, en fait un scientifique déguisé.
    Par ailleurs, il subsiste une colonie martienne autonome du temps de la splendeur des Américains. Quoique isolés,  les colons martiens survivent, épargnés par le virus qui a frappé les Terriens, au même niveau technologique qu’auparavant. Voici qu’un message est recueilli par les rares appareils radio encore en état de marche: Mars aurait trouvé un antidote au virus qui s’apprêterait à muter une nouvelle fois. Un colon l’apporterait aux scientifiques en se servant d’une navette en orbite terrestre encore opérationnelle.
    Mordecaï, accompagnés par Peter et Ruth, se chargeront de l’accueil de l’astronaute, en sillonnant le territoire, du Duché de Californie jusqu’à l’enclave de Chicago, pour rencontrer une communauté scientifique après l’autre afin de les prévenir de cette venue et leur livrer les toutes dernières informations scientifiques.
    Le voyage n’étant pas exempt de danger, ils circuleront sous le déguisement de bateleurs de foire, supposés apporter un peu d’animation dans les différentes zones traversées. Leurs rencontres seront variées et parfois animées. Bien accueillis par la confrérie des bateleurs de Mme Bonecia et du Dr Admirab, qui leur fourniront des contacts, ils ne tarderont pas à rencontrer des Américains plus primitifs, sortes de gardiens de bisons, dont l’économie repose sur le troc. Lorsque leur chef John D. Septième leur propose de troquer Ruth contre quatre chevaux, rien ne va plus. Mordecaï  la tirera de ce mauvais pas en les menaçant de son arme:
    " Le cavalier qui avait échangé les cadeaux avec Mordecaï fit un geste en direction des quatre poneys. " Chevaux, " dit-il - " Oui " approuva Mordecaï. " Des chevaux " - Nous offrons des chevaux. Quatre chevaux. Bon Prix. " - " Certes, " dit Mordecaï soupçonneux. " Contre quoi? " - " Elle, " dit l’homme. " Contre elle. Contre votre fille. Le patron veut votre fille. Il offre quatre chevaux. " - " Le patron ? " - " John D. le Septième. " Il montra du doigt le petit homme chauve qui souriait de ses deux dents et hochait vigoureusement la tête. Les autres buffalo-boys, rassemblés autour de leur patron, hochaient la leur avec une vigueur identique. On voyait même un bras s’agiter. - " Oh non,  fit Ruth . "
    A Ogallala, après leur visite habituelle à l’enclave des scientifiques, ils se livrent à des tours de prestidigitation et d’hypnose devant un public hostile à la magie. Le révérend de la communauté leur permet de s’enfuir à condition qu’ils ne remettent plus jamais les pieds en cette région.
    Le capitaine Sterling de la libre communauté du Nebraska les met en garde contre les agissements de Brother Simon, roi des Simples,  sorte de seigneur de la guerre, qui hante des lieux plus au nord et qui a déjà soumis de nombreux villages, tout en étendant son propre domaine.
    A la sortie de Grand Island ils seront accueillis par une délégation de Simples qui les amènent devant frère Simon. Homme étonnant quoique inculte, Brother Simon, au charisme indéniable, estime Mordecaï à sa juste valeur. Il rêve de redonner à l’Amérique la splendeur du passé, en réunissant les différentes enclaves lors d’une guerre sainte. Il  laisse nos héros libres de rendre visite à Frère Randall qui n’est autre que le Principal de la communauté scientifique de Lincoln. Mordecaï lui annonce l’imminence de l’arrivée de l’émissaire de Mars.
    Brother Simon, qui souffre d’une maladie de peau,  consent à libérer les trois voyageurs à condition que Mordecaï le guérisse. Le faux magicien et vrai scientifique s’attelle à la tâche, lui préparant une décoction d’herbes inoffensives que Simon doit ingurgiter tout en accomplissant des gestes rituels qui leur donneront le temps de prendre la fuite.
    Ils arrivent enfin à l’enclave scientifique de Chicago Spaceport où doit se faire l’atterrissage. La communauté est doublement en alerte: elle remet en état les vieux appareils informatiques pour que Socrate Proudfood, le cosmonaute, puisse effectuer un atterrissage sans risque. Elle contient aussi les exaltés qui, ayant eu vent de l’affaire, s’assemblent de plus en plus nombreux  devant Chicago Spaceport pour empêcher l’atterrissage de la navette. Les manifestants ayant franchi toutes les barrières et mis le feu à l’appareillage scientifique, Mordecaï accueille Proudfoot, à bord de sa navette bringuebalante. Celle-ci est incendiée par les émeutiers tandis que le petit groupe, muni du précieux antidote, court se mettre en sécurité au sein de l’enclave. Proudfoot sait qu’il ne quittera jamais plus la terre:
    " Le bus démarra de la tour de lancement juste avant que la foule ne l’atteigne. La horde se divisa et une moitié se rua vers la navette. Dix minutes plus tard, alors que leur bus rejoignait le chariot à l’extrémité opposé de la piste, une boule de feu éclatante jaillit derrière eux, bondit jusqu’au ciel et brûla les yeux de tous ceux qui s’étaient retournés pour regarder. Quarante secondes après, l’onde sonore les frappa, et ce fut comme si la main d’un géant invisible s’était violemment abattue sur le bus. Mordecaï se tourna vers Socrate assis à côté de lui. " Bienvenue sur la Terre, " dit-il.
    Un roman qui envisage, comme bien d’autres, un futur sombre pour les Etats-Unis, un retour à une sorte de moyen âge puritain et antiscientifique (Cf. " Molly-Zero " ou " les Géants de Craie ").  Le thème traité reste cependant superficiel et proche de l’anecdote, l’auteur s’amusant davantage à décrire la trajectoire du groupe, à exploiter le pittoresque des diverses communautés, qu’à proposer une analyse précise des mutations psycho-sociales qu’aurait dû provoquer le passage du virus ECHO.

  2. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Stephen GOLDIN Parution: 1974
    Harker et son ami Garry ont décidé de s’engager. L’armée leur offre la situation avantageuse de pouvoir se mettre en hibernation à la fin des combats afin de reservir dans une guerre ultérieure. Les premiers réveils, quoique difficiles, sont suivis par un briefing détaillé : on leur dit contre qui ils étaient censés se battre, à quelle unité ils appartenaient et, après une séance de remise en forme, les dirigeait-on sur les zones de combat. Jamais, au cours de leurs nombreux réveils, Harker ne quitta Garry. Peu à peu domina un sentiment d’étrangeté, les mobiles pour lesquels ils se battaient perdant progressivement de leur intérêt.
    Un jour, le théâtre des opérations se situait en Afrique, tel autre en Antarctique, puis sur la Lune (en fait trois siècles plus tard), puis sur Vénus, enfin sur des planètes extrasolaires, avant qu’ils ne se retrouvent  sur la Terre. Savoir contre qui et dans quel camp ils luttaient n’avait plus aucune importance. Les seuls éléments concrets qui leur restaient étaient le théâtre des opérations, des champs de ruines, la farouche attention qu’ils apportaient à préserver leur vie, et les meurtres qu’ils accomplissaient régulièrement. Quoiqu’on leur permît, à chaque réveil, de se désengager des opérations, ils n’y pensaient même pas. Etrangers à eux-mêmes, étrangers à l’époque, ne pouvant plus s’insérer nulle part, ils s’étaient transformés en machines à se battre. Les conflits leur paraissaient de plus en plus oniriques, surtout lorsqu’on leur appliqua une nouvelle procédure, sensée économiser le transfert des corps : le seul enregistrement des données de leur esprit.
    C’est ainsi que Harker eut l’immense surprise, lors d’un de ses engagements, d’abattre son ami Garry : on avait dupliqué son essence vitale en de nombreux exemplaires pour économiser d’autres vies de soldats ! La guerre perpétuelle atteignit enfin l’horreur absolue le jour où Harker se rendit compte que l’homme qu’il venait d’abattre était en réalité lui-même, les armées du futur ne se composant plus que de soldats clonés,  indéfiniment ressuscités :
    « Il chercha la trousse des premiers soins dans son ceinturon pour panser sommairement sa blessure. Il ne la trouva pas. L’idée lui prit une minute pour se frayer un chemin dans son esprit : ON NE LUI AVAIT PAS REMIS DE TROUSSE MEDICALE. Pendant un bref instant, il éprouva de la colère. Mais ce fut bref. Pourquoi lui en aurait-on fourni une ? Qu’était-il pour ceux qui l’employaient ? Une créature rappelée du passé, un anachronisme auquel on ne demandait que de se battre et, si nécessaire, de mourir. Rien de plus. Un spectre en un temps qui n’était plus le sien, se raccrochant à la vie au milieu de la mort. Un charognard qui se repaissait de cadavres et de destruction pour survivre, n’ayant d’autre utilité que de donner la mort. Et lorsqu’il avait achevé de tuer on le remisait pour la fois suivante. »
    Une vision cauchemardesque semblable à l’enfer de Dante établie avec la plus froide logique.

  3. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, Adam et Eve revisités Auteur: Gabriel JAN Parution: 1976
    Béatrice se réveille dans un laboratoire souterrain où elle avait " été  hibernée" (sic!) avec son mari, Ken. La Terre, cinquante années auparavant ne constituait plus un lieu de vie. Pour d’obscures raisons, les humains ont inventé une bactérie qui a dépeuplé le monde.
    Afin de préserver Béatrice et Ken de ce sort funeste, ils ont été mis entre parenthèses, destinés à un futur incertain. Ken ayant disparu, Béatrice tombe entre les mains d’un groupe de squatters dégénérés et drogués, les " Déchus " (anciens anarchistes) qui, après l’avoir bien étrillée, la forcent à s’intégrer au groupe en un rituel de viol collectif.
    Béatrice s’échappe. Elle évite les " Gluants ", êtres humains monstrueux et mutants vivants dans des marais, pour rencontrer Chris-aux-yeux-clairs, un homme-enfant de quinze ans pourvu de qualités psy. Que s’était-il donc passé dans le monde ?
    Ce sont les " Vohuz ", les responsables. Extraterrestres sans corps physique, très avancés sur le chemin de l’évolution, les Vohuz se trouvent à l’origine de l’humanité. Sujets d’expérimentation, les humains devaient leur servir de forme. Déçus par la constante agressivité de leurs hôtes, ils ont décidé de mettre fin à l’expérience en provoquant un suicide collectif, tout en en conservant certains échantillons d’humains (les hommes-enfants, les Déchus, les Gluants…), et l’on se demande bien pourquoi !
    Béatrice venant fausser le jeu, les Vohuz décident de sa mort car elle détourne les hommes-enfants de l’appel des extraterrestres : par sa seule beauté, elle agit trop fortement sur la conscience de Chris. Les Vohuz abandonnent la terre, laissant derrière eux leur Ancien, Arva. Ce départ provoque la mort certaine de tous les terriens survivants… sauf de Béatrice. Alors, Arva se glisse dans le corps préservé de Ken pour jouer avec elle la chanson du recommencement.
    Un roman fourre-tout, aux mécanismes simplistes et aux accents douteux (ce sont les drogués, les anarchistes les responsables de la dégradation de l’humanité !)

  4. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Keith ROBERTS Parution: 1966
    "On peut les nommer les Gardiens. Peut-être nous avaient-ils trouvé par pur hasard, peut-être nous avaient-ils sentis et avaient-ils été attirés, et ces choses venues de l’espace découvrirent la Terre. "
    Elles prirent la forme de guêpes géantes d’un mètre de long et décidèrent l’élimination systématique de l’espèce humaine. On les appela "les Furies". Au moment où commence le récit, le héros, Bill Sampson est ignorant de ce qui se prépare. Dessinateur humoristique retiré dans la campagne anglaise, il vit en compagnie de son chien Sek, qui , plus tard , se révélera un allié précieux. Il fait la connaissance de Jane et deviendra pour un temps son compagnon dans le malheur. La première attaque sérieuse des Furies les bloque tous les trois dans la maison:
    "Je me mis à la recherche d’une arme, n’importe quoi. J’entendis un bruit de verre brisé derrière moi, puis quelque chose atterrit avec un bruit sourd dans la cuisine. Je me retournai d’un bond et vit pour la première fois une Furie de près. "
    Ils seraient perdus sans une autre catastrophe qui affaiblira l’espèce humaine, mais les sauvera eux trois. Il s’agit d’un tremblement de terre gigantesque consécutif à des explosions nucléaires, qui raye de la carte du monde de nombreuses régions habitées. C’est dans un univers bouleversé, au paysage balafré de crevasses que les trois amis, s’étant emparés d’un engin blindé militaire tentent de gagner la côte afin de fuir l’Angleterre. La ballade ne sera pas de tout repos. Ayant grillé quelques Furies à l’aide d’un lance-flammes, ils seront attaqués par les survivantes lors d’un arrêt du véhicule:
    " L’insecte était-il là depuis le début ou un bruit l’avait-il fait sortir de sa cachette ? Je ne devais jamais le savoir. Je ne perçus aucun intervalle de temps appréciable entre l’instant où j’aperçus le masque jaune et noir observant Ted du haut de la pompe et celui où ce dernier se débattait faiblement à mes pieds tandis que l’insecte lui sectionnait méthodiquement le cou. Je vis ses mains gratter futilement la terre et sa tête pendre en avant, entourée de deux jets de sang clair. "
    Malgré tout, Ils réussiront à fuir, mais le blindé ayant versé dans une crevasse, la machine deviendra un piège pour ses occupants bloqués à l’intérieur, sous le poids des Furies, et sous la chaleur torride. L’attente se poursuit et la température aug intolérable :
    " Les guêpes étaient toujours là, ces bruits grinçants et métalliques étaient certainement leurs griffes quand elles couraient sur le blindage, et ces chocs lourds dénotaient l’arrivée de nouveaux insectes venant se joindre à elles ou les relayer. Les tambourinements mous, à peine audibles, devaient être causés par leurs antennes lorsqu’elles palpaient la surface de l’engin. Et les grincement aigus et persistants étaient certainement leurs mandibules essayant de percer le blindage. Perce et tue, perce et tue, encore et toujours. C’étaient des machines programmées pour nous détruire. "
    Tout d’un coup les Furies s’en vont. Nos héros repartent à pieds, en rase campagne, leur engin étant inutilisable. Ils atteignent un hameau où ils peuvent se reposer, se restaurer et y trouvent une autre voiture qu’ils transforment en blindé. Ils repartent, victorieux d’une première bataille, tuant trois Furies d’un coup, et s’élancent sur la route tout droit. . . vers un nid :
    "On aurait dit un gigantesque chantier de ferrailleur, au-dessus duquel les Furies planaient comme une brume dorée : le bruit de leurs ailes était semblable au grondement d’une cataracte. "
    D’un coup,  les événements s’emballent ; s’échappant en direction de la mer, Jane s’embarque, Sek se fait tuer pour protéger Bill, lequel entraîne les Furies à sa suite. Devenu à  demi-fou, il se cache dans un village pour se faire ramasser par un camion rempli de gens  esclaves des Furies. Celles-ci ont fini par comprendre que des humains valides pourraient leur être d’une grande utilité. Et c’est la vie dans un camp, étroitement surveillé.
    Bill y rencontre Greg, un bagarreur, qui lui permet de s’évader avec quelques autres, pour continuer la lutte. Le groupe trouvera refuge dans un complexe de cavernes qu’ils fortifient, d’où ils lanceront des raids victorieux envers les nids de plus en plus nombreux. Les actions deviennent plus périlleuses au fur et à mesure que passe le temps. Les Furies agacées, les traquent à l’aide des "symbios", ces humains-esclaves-collaborateurs qui ont réussi à établir une communication avec les gigantesques guêpes.
    Greg meurt, Bill est capturé et emmené dans un nid-capitale où il est témoin d’un étrange spectacle: les Furies ou "Gardiens ", ces entités extra-terrestres qui ont décidé de prendre corps, sont victimes de leur propre état. Elles perdent leur nature intelligente pour se comporter comme des guêpes ordinaires. L’humanité - ou ce qui en reste - est sauvée. Tous les nids, ainsi que les Symbios, seront détruits par le feu. L’Angleterre ne comptant plus que deux millions d’habitants, l’ouvrage de reconstruction ne manquera pas. Mais jamais Bill ne retrouvera Jane, disparue dans la tourmente.
    Un roman cataclysmique " classique " se situant dans la veine anglaise et narrant une invasion d’insectes géants. Quoique le thème soit le même que celui de Spitz dans " la guerre des mouches ", ici, aucune distanciation, aucune ironie ni de mentions de type idéologique. L’action est consacrée aux personnages principaux, des individus qui se débattent dans un drame qui les dépasse, ainsi qu’à l’analyse de leurs sentiments respectifs.

  5. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée, guerres futures 1 Auteur: Stephanie BENSON Parution: 1975
    Vol. 01 : Cavalier seul, l’Atalante éd., 2001, 1 vol. broché in-8 ème , 283 pp. couverture illustrée (Jérôme Bosch) roman d’expression française.
    1ère parution: 2001
    Deux groupes hors du commun s’opposent. Celui de Katz, le policier « angélique » qui, avec ses subordonnés et amis, Iris, l’hypersensible, Günther et Stefan, traque les violeurs meurtriers d’enfants et psychopathes notoires. Actuellement ils recherchent la jeune Annelie Reuter enlevé par un dénommé Thomas Geist. De l’autre côté, une secte néfaste, celle du « Millenium de l’Aube Radieuse », et ses aficionados. D’abord Ulro, le maître de Tirzah, une jeune femme amorale, sans culture, parfois morbide,  mais intuitive , page vierge sur laquelle le Maître a décidé d’écrire :
    « Nouvelle source de contrariété : le bébé. Elle avait pensé qu’ils allaient juste lui donner le bébé, et qu’elle le soignerait (mais elle ne le mangerait pas, c’était promis), sauf qu’à présent, c’était elle qui devait leur fabriquer leur foutu bébé, et elle n’avait pas la moindre idée de par où commencer. Pour être tout à fait honnête, elle ne savait même pas comme c’était fait, un bébé. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’en ouvrir un pour regarder dedans. »
    Puis Los, son comparse, un nouveau messie cynique  et répugnant, dominant un groupe de disciples moutonniers. Ulro et Los cherchent à promouvoir « l’Untergott » qui réduira en poussière le monde tel qu’il est.  Etablissant la jonction entre ces deux groupes, héros véritable du récit, Milton le diabolique, à la personnalité exceptionnelle dans le mal. Milton le maudit, psychopathe redoutable pour qui la souffrance et la mort d’autrui sont les piments de sa propre jouissance. Génie de l’informatique, il a crée un site crypté, « Paradise Burial Services »,  réservés aux seuls pervers payants pour lesquels il programme en « life » la mise à mort de tendres enfants innocents, enlevés et séquestrés. Or, Annelie Reuter est l’une de ceux-là et Thomas Geist s’appelle en réalité Milton.
    La rencontre maléfique de Milton avec Ulro a lieu pendant que le groupe de Katz cherche à saisir la mentalité particulière de ce psychopathe. Ulro espère se servir de Milton dont il a reconnu le génie pour activer le programme spécial que lui ont imposé ses commanditaires. Car la secte est une couverture qui permettrait à une poignée internationale de riches industriels de gagner le pouvoir définitif en ce monde :
    « Le capitalisme n’a jamais cherché à instaurer un équilibre, mais, au contraire, à pousser le déséquilibre presque – mais jamais tout à fait- jusqu’au point de rupture. Le déséquilibre psychique –de l’individu - et politique –des collectivités – que nous tentons d’instaurer aujourd’hui en Europe est la condition sine qua non du plein épanouissement du modèle néo-capitaliste. Afin de profiter du déclin déjà amorcé de l’Empire nord-américain, nous devons aller encore plus vite que lui. Les Etats-Unis sont sur le point d’imploser, l’Europe est en pleine décadence mais, de ce fait, peut prendre la place ainsi libérée. Reste à savoir de quel type d’Europe nous avons envie. » (…)
    « Vous ne voyez pas que c’est déjà la fin du monde et que le cavalier de la guerre tend son épée sur la planète ? Regardez autour de vous, pauvres vers de terre obnubilés par votre nombril, et voyez ! Ces enfants palestiniens qui fabriquent leurs lance-pierres et s’entraînent au nom du dieu Intifada. Les mêmes enfants russes  déguisés en soldats dans les rues de Grozny ou cachés dans les caves de Téhéran. Regardez encore, vous les verrez partout : Rwuanda, Tibet, Sierra Leone, Afghanistan, quel est l’antonyme de guerre, espèces de connards ? Où voyez-vous la paix dans ce monde foutu ? En Europe ? Où les chômeurs sont réprimés à coups de matraques et de gaz lacrymogène ? En Amérique, où ces mêmes enfants sont assassinés pour le bien de la communauté en toute légalité ?  Qu’est-ce qui suit le cheval roux de la guerre ? La famine ? Demandez aux bénévoles des Restaus du cœur si tout le monde mange à sa faim, même ici, dans l’eldorado postindustriel de la bonne vieille Europe ! »
    S’apprêtant à susciter le Satan prôné par la bible, ils espèrent déstabiliser l’espèce humaine en réalisant scientifiquement les prophéties de l’Apocalypse :
    « Ils étaient sept à table ; représentants des sept pays les plus industrialisés, les rois du monde mercantile, les détenteurs de dollars, de yens et d’euros, et ils s’étaient permis de rêver. Que nous manque-t-il, à nous qui avons tout ? L’un d’entre eux, il ne se souvenait pas exactement qui, avait dit : - le pouvoir ultime ; celui de détruire le monde. Celui d’ouvrir le livre, de déclencher le cataclysme, l’avènement de l’Apocalypse. Il y avait eu un court silence, puis quelqu’un d’autre avait applaudi. C’était l’Allemand, ça, il s’en souvenait, qui avait dit quelque chose dans le genre : -C’est faisable, vous savez. Il suffit de l’organiser. »
    Pour que cet être extraordinaire soit crée, ils font appel au docteur Allen St.Jones qui, par le jeu de mutations génétiques dirigés, implante ses embryons dans un mère porteuse. Encore faut-il mettre tous les atouts ensemble. Un géniteur exceptionnel comme Milton et une mère docile comme Tirzah feraient parfaitement l’affaire. Milton, que ce projet enchante, feint d’accepter la direction d’Ulro, qui n’a pas conscience de l’extrême danger que court la secte avec ce personnage.
    Katz, dont les ennuis matrimoniaux lui font apprécier d’autant plus la fragile beauté d’Iris, enquête, d’abord à Strasbourg, puis à Berlin, où il découvre dans une planque vingt-quatre petits cadavres en décomposition. Serrant de plus en plus près le meurtrier, ayant décrypté l’accès à son site informatique, il utilise le photographe Mortimer Blakeman (appelé Mort), fasciné  par la mort, pour faire sortir Milton de son trou, Pendant ce temps, Milton joue l’étalon obligé auprès de Tirzah  dont les excentricités –comme de dormir auprès d’un cadavre - met Ulro mal à l’aise :
    « Ulro se détourna pour cacher son malaise et commença à monter l’escalier de bois, avide de respirer de l’air pur. Comment Milton savait-il tout cela ? Il n’avait rencontré Alamandra que la veille, et elle, de toute façon, ne savait rien. Il fronça les sourcils, le dos tourné. Se rendit compte que tourner le dos à Milton n’était peut-être pas une bonne idée. S’arrêta. Se retourna. Milton faillit lui rentrer dedans.
    -La prophétie du Jugement dernier, dit Ulro d’une voix légèrement voilée. Tu vas nous aider à précipiter la fin du monde. Milton sourit. – On commence quand ? »
    Ulro devient conscient du danger représenté par Milton et cherche à l’éliminer non sans avoir pris langue au préalable avec le groupe de « l’Apocalypse ». Tirzah bien qu’elle aussi soit fascinée par Milton pense à fuir. Elle veut se rendre en Mauritanie, sa patrie d’origine, et se cacher auprès de grand-mère Mariem, une guérisseuse. Milton s’aperçoit qu’on a visité son site. Il remonte à Mortimer, dont il fait son esclave inconditionnel. Puis il fait le ménage dans la secte. Tue Los. Prend le contrôle du « Millenium de l’Aube Radieuse », déclenchant une apocalypse immédiate lorsqu’il propose aux disciples de lui amener leurs enfants morts.
    A Strasbourg, Katz a fait le rapprochement  de l’événement avec ses propres recherches et l’immeuble de la secte est investi. Alors que Tirzah, pour protéger son bébé - ses bébés?- implanté en son ventre prend la fuite en direction de la Méditerranée, Milton, pris dans la rafle, sera blessé mais s’échappera finalement grâce à Mort.
    La troisième guerre mondiale éclate :
    « (…) Des bribes de conversation décousue :
    La Chine a lancé un missile
    Thermonucléaire.
    Contre Washington.
    Je croyais qu’ils devaient attaquer l’Inde.
    Ca, c’est la Turquie.
    Mais non, c’est l’Inde qui a envoyé le missile.
    Bombe à neutrons.
    C’est vrai qu’ils ont la bombe.
    Des milliers de morts.
    Des cinglés, ils ont tué des gosses.(…)
    Pékin vient d’exploser.
    Riposte.
    Une secte en implosion a souvent recours au suicide.
    Collectif.(…)
    Ils ont égorgé leurs propres mômes, putain. »
    Vol. 02 : Cheval de guerre, l’Atalante éd., 2003, 1 vol. broché in-8 ème , 284 pp. couverture illustrée (Jérôme Bosch). roman d’expression française
    1ère parution: 2003
    Phil et Bruno rencontrent Tirzah en fuite et l’accompagnent dans son périple vers les « hommes de poussière », en Mauritanie. Tirzah, enceinte des œuvres de Milton, attend des bébés qui devront sauver le monde en proie à un complot généralisé d’un groupe d’individus richissimes et puissants (« le Cercle »), de toutes nationalités, qui désirent déclencher l’apocalypse par une guerre étendue aux divers continents dans le but d’instaurer un ordre nouveau :
    « Et maintenant Abaddon leur avait trouvé une fonction dans la vie, un but à atteindre au-delà de leur épanouissement personnel, une véritable raison d’être : participer à la fin du monde. Prendre en charge l’une des sept têtes de la Bête afin que le faux prophète puisse faire dégringoler de leur trône les rois du néolibéralisme et de la conscience éclatée. Détruire un tiers de l’humanité et rebâtir avec du sang neuf un monde meilleur. Se trouver aux premières loges de la révolution mondiale. Putain, le pied. »
    Ils se sont servis de Milton qui, sous différents noms, Abbadon, Altman, etc, se donne pour l’incarnation de l’Antéchrist, vicieux, pervers, pédophile, meurtrier mais informaticien génial qui a conçu le site web « Paradise  Burial» pour partager avec les pervers du monde entier ses «snuffs movies », soit la mort en direct d’enfants torturés :
    « Il alluma l’ordinateur portable, se connecta à l’Internet et tapa l’adresse du site Paradise Burial Services. Un tombeau (granite), une inscription (en latin), le dernier mot (mori) et bienvenue au premier niveau de l’enfer. Amateurs de mort lente et douloureuse (celle des autres), sortez vos cartes bleues et venez rejoindre les enfants de l’Apocalypse. »
    Milton, lui aussi à la recherche de Tirzah, est traqué par Katz, incarnation de l’ « ange Gabriel », mais policier malheureux et séparé de sa femme. Il est secondé avec brio par l’énigmatique Iris, une femme-fleur-flic dont il tombe éperdument amoureux, et des équipiers solides, comme Gunther ou Toussaint, qui ne reviendra pas de l’aventure.
    Katz est depuis longtemps sur les traces de Milton, ayant défait la secte qui l’abritait, mise en place par Ulro et Urizen, deux commanditaires internationaux des « Maîtres du monde ». Celle-ci affichait deux objectifs : servir de retraite à Tirzah fécondée avec le sperme de Milton (à son corps défendant) et couvrir les activités du pédophile informaticien. Mais Milton échappe à leur contrôle poursuivant un seul but, le sien, qui est d’universaliser le mal et le crime. Pour échapper à Katz, il se servira de Mort Blakeman, photographe homosexuel fasciné par le meurtre. Littéralement envoûté par Milton, Mort le conduira jusqu’en Afrique. Blakeman semble être le produit d’une transformation génétique puisque, abandonné par Milton, il demandera l’assistance des rats dont il prendra peu à peu la forme, pour « retrouver le Maître ». Lorsqu’ils se revoient, Milton, ravi par sa métamorphose qu’il considère comme «un summum de l’esthétique du mal » signe le tableau en tuant le photographe.
    Tirzah affiche une personnalité complexe. Après avoir vécu en toute innocence au sein de la secte où elle servit d’objet sexuel à Ulro, inculte et vierge, au sens fort du mot, elle reste « branchée » sur des visions intérieures et répond à une éthique élevée qui est de sauver le monde de l’Antéchrist. Contrairement aux prévisions des conjurés du Cercle, les enfants ont été conçus en ce but. Après leur naissance, au nombre de quatre, ces clones aux yeux noirs, grandiront très vite, chacun étant spécialisé de par sa sensibilité propre à percevoir le mal. Pour l’instant, Tirzah en fuite a besoin de Bruno et de Phil, deux protecteurs qui la conduiront vers Grand-Mère Mariem, une devineresse maure installée près de Nouakchott.
    Cependant, Urizen, le maillon français des responsables du Cercle croit encore pouvoir diriger Milton grâce, notamment, à un groupe de généticiens chinois qui ont réalisé une immense chimère, « un Dragon cracheur de feu». Milton, entré en contact avec le groupe de Chinois au Tchad est passionné par le Dragon, cet être étrange qui prend progressivement conscience de lui-même à un point tel qu’il se débarrasse d’Urizen, le rôtissant proprement.
    L’explication finale aura lieu en bord de mer lorsque Tirzah s’apprête à fuir une nouvelle fois. Le Dragon ratera son but et sera tué par Mariem (un coup de lance dans son œil gauche). Milton apprenant la venue de Katz et de ses «katzmen » dans la région, reprend sa quête du mal. Philippe prend les enfants sous sa protection, avant qu’ils ne se séparent, chacun voyageant sur un continent différent. Mais la guerre généralisée brûle déjà un monde voué à la destruction… :
    « La guerre allait curieusement aussi bien qu’il l’avait espéré. De bombe nucléaire en arme bactériologique, sans oublier tout un arsenal de petites bébêtes électroniques plus ou moins perfectionnées, la population des Etats-Unis avait diminué de douze pour cent en trois semaines. Encore plus fort que Verdun. L’Inde avait perdu un peu plus, près de treize et demi pour cent, mais pouvait se le permettre sans que cela se remarque trop. Quant à la Chine, elle avoisinait les quinze pour cent de pertes sans effet notable sur les flots de soldats qui continuaient de se déverser sur le continent américain. Les Américains avaient peut-être fait preuve d’une précipitation irréfléchie en envoyant tant de troupes en Europe. De toute façon, personne apparemment ne s’intéressait à l’Europe. En dehors des premières bombes sur Londres destinées à calmer les ardeurs d’alliance de la perfide Albion, il n’y avait même pas eu d’alerte au nuage toxique pour faire les choux gras des médias. »
    Vol. 3 : Moros, l’Atalante éd., 2004, 1 vol. broché, in-octavo, 270 pp. couverture illustrée (Jérôme Bosch). roman d’expression française
    1ère parution: 2004
    Tirzah a atteint le village de grand’mère Mariem et mis au monde non un seul enfant, mais quatre clones qu’elle prénommera : Barachiel, Jehudiel, Uriel et Séatiel. Enfants issus du sperme de Milton mais, par une curieuse inversion, se situant dans le camp du Bien. L’aventure deviendra planétaire lorsque les enfants – qui grandissent prodigieusement vite- quittent leur mère et se partagent leur terrain d’investigation, chacun, accompagné d’un membre de la tribu de Tirzah, se dirigeant vers un autre continent, tout en restant en communication télépathique les uns avec les autres. Ils lutteront seuls ou en accord avec la police locale contre le mal qui se répand à cause de l’influence de Milton.
    Jehudiel, à Mexico, est sur les traces d’un meurtrier en série. Barachiel, à Londres, enquête sur des enfants disparus. Seatiel, au Sénégal, s’abandonne à des visions qui lui montrent le Japon rayé de la carte du monde et cherche à percer les états d’âme d’Aboucabar Fall, autre meurtrier d’enfants et créature de Milton. Katz et Iris suivent la piste des ascendants de Milton qui les amène en Ecosse à découvrir  la grand’mère de ce dernier, laquelle leur dévoile le véritable nom de Milton, soit An Mac Mallachtan, c’est-à-dire « le Diable ». Milton, toujours aussi riche et connecté à « Paradise Burial », caché dans une de ses nombreuses planques européennes, suit l’évolution de la situation planétaire qui se dessiné au Japon :
    « Si ces calculs étaient justes, un bon tiers de la population tokyoïte serait effacée en quelques secondes, les bâtiments ne subiraient que de légers dégâts, et les survivants disposeraient d’un tiers de place supplémentaire. On circulerait en ville, la pollution chuterait sous la barre de l’acceptable, les écoles ne seraient plus saturées, le métro, n’en parlons pas. Bref, Thel transformerait sa propre folie en une œuvre de salubrité publique. »
    A son arrivé à Tokyo, il rencontre Nozdi, l’infirmière perverse qui euthanasie ses malades,  et fait connaissance avec le pervers délirant Katho Sathoshi-Shan, cannibale et sadique, pour qui les autres sont possédés par les «Modulons»,  des extraterrestres, ce qui le plonge dans le ravissement total :
    « Kato Satoshi-Shan mange les petites filles qu’il aime. Au petit-déjeuner, au dîner, pour le goûter, à l’occasion. Les nouvelles marionnettes de Milton sont branchées poupées.  Dans ce monde, en complète décadence, la préadolescence est à la mode. Bientôt les mecs vont se branler sur des images de nourrissons. Tiens, voilà ce qui manque à ma famille élargie ; un assassin de bébés, une sage-femme sanguinaire, une obstétricienne ogresse. Kato Sathoshi-San n’est pas assez horrible, déjà en deçà du superlatif  dans l’univers du toujours plus. »
    Enfin le « Cercle », confrérie internationale de tueurs de haut vol, s’est réuni en France pour affiner une intervention militaire en Europe, soit des avions décollant d’une base suisse et qui placeraient des bombes thermonucléaires sur les principales capitales. Mais Thel, comme son collègue Tharmas,  deux parmi les plus anciens du Cercle comptent éliminer leurs confrères et garder pour eux les fruits de la victoire. Leur machination mise en place, ils partent aussi pour le Japon. Juste à temps pour entendre Milton à la télévision – sous les oripeaux de l’éminent professeur Kimgasa dont il s’est débarrassé -,  prêcher la violence et le meurtre seuls fondements d’une liberté absolue de l’individu:
    « Le monde de l’avenir sera un vaste plateau de cinéma sur lequel évolueront des acteurs, amateurs et professionnels, unis dans une débauche de sexe et de sang. Derrière la caméra : Milton himself. Filmer, regarder, imaginer, mettre en scène, manipuler, diriger. Le reste ne l’intéresse pas. L’argent ne l’intéresse pas. C’est facile, il en a. Dans le monde l’avenir, l’argent ne vaudra pas plus que des cacahuètes. La seule valeur sera ce qui fait plaisir à Milton. Le monde entier n’existera que pour faire plaisir à Milton. »
    Kato ne reconnaît pas Milton : il est convaincu que le professeur Kimgasa est une incarnation de Modulon et se prépare à le tuer. Milton, cependant, n’a pas perdu de vue le danger que représente Katz. Pour s’en éloigner définitivement, il capture les enfants de ce dernier dont il apprend l’existence par une indiscrétion. Savourant sa vengeance, il les emprisonne sous les caméras de « Paradise Burial » dans un hangar de la région strasbourgeoise pour les laisser mourir de faim. Dans le but de contrer Milton et libérer les enfants, tous les membres du clan du Bien se retrouvent, Tirzah et Katz, Iris et Barachiel, en liaison télépathique constante avec ses frères. Tharmas, qui s’était également enfui à Tokyo assiste de loin à la destruction de treize villes européennes. Alors que Milton, lui aussi de retour au Japon, prend une flèche dans le bras de la part de Katho, Katz, qui a réussi à libérer ses enfants, s’oppose à Milton sur le terrain des médias. D’abord, Il fustige l’attitude de ses semblables :
    « Dans une maison ordinaire, dans la banlieue de cette ville, un homme a enfermé deux enfants, commença Phil sans attendre la première question. Il les a enlevés pour les tuer. Il veut le faire. Il croit qu’il en a le droit. Il le croit d’autant plus qu’il y a quelques jours, il a montré au monde entier des images de torture, de souffrance et de mort, et le monde n’a rien dit. Je n’ai rien dit. Vous n’avez rien dit. Et parce que nous n’avons rien dit deux enfants seront torturés et tués. Chaque fois que nous ne disons rien, le domaine des ténèbres s’étend. Chaque fois que nous ne nous croyons pas concernés, le domaine des ténèbres s’approche un peu plus de notre porte. Et le jour où cet homme viendra chez vous, il ne restera sans doute plus personne pour lui dire quoi que ce soit. Alors, ce soir, je vous le dis. La violence n’est pas un choix de société acceptable. Je ne parle pas de petits voleurs mais de violence d’Etat, tolérée, orchestrée. La pauvreté n’est pas un mal nécessaire. Le chômage n’est pas une fatalité économique. Les pays du tiers-monde n’ont aucune dette envers les pays riches, au contraire. Qui a exploité qui pendant des décennies ? L’argent investi en bourse ne produit pas d’emplois. L’accumulation ne bénéficie à personne. Nous pouvons tous vivre sans piscine privée, mais nous ne pouvons pas vivre sans la conscience du bien et du mal. Merci de m’avoir écouté. Merci de bien vouloir y réfléchir. »
    Ensuite, à l’aide des préceptes paradoxaux et mystérieux du livre prophétique que conserva le clan de Tirzah en Mauritanie selon une tradition immémoriale. Car pour Katz, il est maintenant évident que tout se rejoint : les enlèvements en série et les meurtres d’enfants, la guerre européenne, les menées du « Cercle » et l’instigation au mal par le diabolique Milton. L’enquête avance par l’appui décisif qu’apportent les enfants de Tirzah. A Tokyo Tharmas est appréhendé et interrogé sur son rôle  et celui du Cercle dans le conflit mondial. S’ensuit une vague d’arrestations, notamment celle de Thel à l’aéroport de Tokyo. Milton, piégé dans sa planque par Barachiel, est tué d’une balle en pleine tête tandis que Katz, grièvement blessé, est transporté de toute urgence à l’hôpital. Tirzah, piégé dans un monde intermédiaire semblable au coma, ne reviendra jamais de ses aventures. Katho est exécuté. L’aventure se clôt sur une Europe dévastée, terrassée par le mal.
    « Al Teatro », comme son nom l’indique,  est un théâtre de la cruauté, l’enfer du « Jardin des délices » de Jérôme Bosch retraduit de manière littéraire. Fresque touffue, énorme, inclassable (dont le résumé ne donne qu’une vague idée), elle brasse des personnages d’exception, dans le Mal (Milton, dont le nom est tout un programme) et dans le Bien (Katz, l’avisé); s’appuie sur la théorie du complot généralisé, les agissements occultes des sectes et des partis, mêle le fantastique noir à l’enquête policière, le tout dans un décor où l’Europe se délite dans une guerre totale. La force de ce roman  - pléthore de personnages, de lieux, de situations, discours incisifs, emploi de phrases verbales – est aussi cause de sa faiblesse, qui oblige le lecteur à un va et vient conceptuel pour renouer constamment le fil du récit. Une oeuvre baroque et foisonnante, unique en son genre, à lire de toute urgence.

  6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Albert ROBIDA Parution: 1925
    Le «Chalet dans les Airs» présente un épisode cataclysmique dans ses chapitres douze et treize.
    M. Cabrol, en voyage autour du monde en aéro-chalet avec ses deux neveux, en profite pour faire une halte sur l’île d’Astra, au milieu de l’océan. En réalité un bout de terre appelé le Sixième continent, situé en plein Pacifique, reste d’un morceau de planète qui, jadis, avait heurté la terre.
    M. Cabrol évoque l’événement :
    « Et lorsque le bolide, éclairé d’une flamme sinistre, commençait à monter au-dessus de l’horizon, un grand cri s’élevait au-dessus des foules, qui, dressées brusquement, se mettaient à fuir de tous côtés pour chercher des refuges illusoires, n’importe où, au fond des bois, derrière une taupinière quelconque ou même dans les caves des maisons.(…) Le monstrueux bolide tournait toujours plus près, plus près ; on distinguait des détails à sa surface, des hérissements de montagnes et des creux où sinuaient des filets brillants qui devaient être des fleuves ou des ruisseaux. Il arrivait dans un grondement effrayant d’ouragans et d’orages qui roulaient sans arrêt depuis des semaines….
    Et tout à coup, ce fut la fin. Un matin, je me rappelle, le soleil ne se leva pas, ou plutôt ne put percer l’épaisse couche de nuages noirs qui couvrait toute la nature ! (…) Pendant des heures, frémissements du sol, roulements, grondements des orages sans fin, zigzags aveuglants des éclairs »
    Il s’ensuivit un séisme gigantesque, des raz-de-marée énormes, le délitement des régions côtières du continent américain :
    (…) des raz-de-marée terrifiants ravagèrent les côtes américaines du Nord et du Sud ; les eaux achevèrent de rompre sur tous les points faibles l’isthme de Panama, du Yucatan à Costarica, dévastèrent des régions, firent éclater toutes les chaudières volcaniques de la côte et ruinèrent des centaines de villes, des côtes asiatiques sur l’autre rive, en Chine et au japon, jusque dans les mers glaciales du Nord, où le Kamtchatka souffrit particulièrement ; il en était de même également pour les côtes australiennes ou les passages du pôle Sud. »
    La chute du bolide réchauffa même les océans, ce qui fit périr les bêtes en grand nombre :
    « Tout le fond des océans bouleversé par la chute d’Astra, les mers chaudes jetées sur les côtes, réveillant les volcans, établissant des courants fous qui, débordant les vieux chemins habituels, s’en allaient assaillir les barrières glacées du Pôle, vers le Kamtchatka , où de douzaines de volcans flambèrent et sautèrent à leur tour, ou bien, par les brèches de panama, gagnaient les rivages d’Europe et s’en allaient s’attaquer aux banquises du Spitzberg.(…) C’est ainsi qu’un mois ou deux après l’événement, tant de cadavres de bêtes inconnues à nos pays s’en vinrent échouer sur nos côtes. »
    Le cataclysme passé, le monde put s’enorgueillir d’une terre nouvelle, en plein milieu du Pacifique, ce qui n’alla pas sans susciter de nombreuses convoitises.
    Ce petit épisode cataclysmique enchâssé dans un merveilleux conte pour enfants, dévolu aux merveilles de la technologie (l’aéro-chalet, le téléphonoscope, le remodelage des terres de la vieille Europe malmenée par la pollution, les repas –et les vins- en pilule, etc…) prouve que Robida , l’anti-Jules Verne, ne peut s’empêcher d’exprimer ses craintes habituelles à l’égard du futur (voir à ce sujet « La guerre au Vingtième Siècle »)

  7. Type: livre Thème: pollution généralisée, Adam et Eve revisités Auteur: Pierre BARBET Parution: 1990
    Au-dessus de la Terre grillée la couche d’ozone a disparu. La quasi-totalité des humains survivants se terrent à l’ombre, à l’abri du soleil, dans des sous-sols, casemates ou labos souterrains. La société s’étant effondrée, ne subsistent plus que les traditionnelles bandes de pillards et de meurtriers qui survivent vaille que vaille en se servant des stocks encore disponibles dans les supermarchés. Cependant le docteur Denis Roussel, biologiste français de génie, a réussi la transformation des génomes de plantes et même d’humains en créant des variétés aptes à supporter les terribles UV solaires. Soutenu par l’armée - seul noyau civilisé - il tentera une croisade du Sud vers le Nord (Nice, Toulon, Marseille, Brest, Paris) pour convaincre dans son bunker le président Davier - homme d’éthique rigide farouchement opposé à toute manipulation génétique:
    " ...Les survivants faisaient tous partie de bandes organisées; en face d’eux, les rescapés de l’ancien gouvernement, protégés par l’armée, réfugiés sur le plateau d’Albion ou dans l’abri de Taverny prévu comme P.C. en cas d’attaque nucléaire. Là se terraient le Président de la République et ses ministres. Mesquins et bornés, ces fantoches monopolisaient les maigres stocks alimentaires, se réservant farouchement l’abatage du bétail restant et l’accès aux champignonnières. Aucun dynamisme, aucune cohérence, aucune planification de la recherche scientifique... "
    Se protégeant des rayons solaires à l’intérieur de son train blindé, Denis Roussel, avec comme garde du corps le commandant Duval, convainc tous les militaires -enthousiastes- de le soutenir. Ceux-ci envisagent même un putsch pour destituer Davier et promouvoir le renouveau de l’humanité. Un pittoresque trajet en train leur fait rencontrer tour à tour un clan de chevaliers (ce sont des universitaires qui ont décidé de faire joujou en ces temps troublés !), d’infâmes salauds fascistes (leur chef se fait appeler avec originalité Hitler), et enfin Davier qui, quoique rigoriste, n’hésite pas à faire pratiquer d’atroces expériences dignes d’Auschwitz sur des malheureux sacrifiés. Grâce aux militaires, Davier est destitué, Roussel le biologiste devient Premier Ministre pour apporter une nouvelle liberté au monde. Quant aux pillards, ils seront éliminés, en toute simplicité.
    Une énième mouture d’un roman-catastrophe qui se délecte à décrire l’innommable sur fond de pollution généralisée. Le style repose sur un jeu de questions-réponses, certainement plus faciles à être compris par le public auquel se destine le roman. Il faut souligner l’énergie de l’auteur à mettre le salut du monde entre les mains des militaires - intelligents, fins, vifs, sensibles, généreux, prompts à analyser les situations - auxquels s’opposent le président Davier-le-Sadique ainsi que les brigands des villes, pauvres gens dont le cancer n’est que la traduction visible des vices dont ils sont atteints. Quand le roman cataclysmique se transforme en contes de fées pour adultes consentants !

  8. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Michel DARRY Parution: 1937
    A Tanger, le lieutenant de vaisseau Stève de Kermayeur, ayant suivi une jeune fille, Lucile, est assommé sans qu’il puisse reconnaître son agresseur. Il sera réveillé par Didier Delannoy, un as du 2 ème  Bureau, qui lui proposera de partager sa traque à l’encontre de dangereux gangsters associés à Baroy, le compagnon de la jeune Lucile. Ils procèdent à la filature du susdit et aboutissent dans un tunnel sous-marin dont la largeur et la disposition des sas de sécurité révèlent le caractère fonctionnel. En le parcourant, ils atteignent les soubassements granitiques du Rocher de Gibraltar, découvrant ainsi une voie d’invasion probable par où des Allemands pourraient envahir Gibraltar lors d’une guerre germano anglaise hypothétique.
    Stève et Didier se feront malheureusement repérer par les bandits. Destinés à finir leurs jours dans la « chambre d’immersion », ou « chambre de la mort lente », ils devront la vie sauve à Lucile qui, quoique pactisant avec l’ennemi, ne put se résoudre à supprimer d’aussi beaux jeunes hommes. Le combat final avec l’ennemi étendit pour de bon l’infâme Allemand Otto Saads et l’ignoble Italien Abattino, son complice, au moment même où la troupe anglaise, avertie par l’ingénieux Didier, investit à son tour le tunnel, réduisant à néant la menace d’invasion.
    Un fascicule populaire offrant des personnages stéréotypés sur un fond de guerre conjecturale peu crédible.

  9. Type: livre Thème: l'air empoisonné, menaces idéologiques Auteur: Daniel BLICK Parution: 1999
    La journaliste Julia Van Ostade, spécialisée dans le suivi des sectes, est réveillée le matin par un sinistre coup de téléphone. Sa correspondante, appartenant au groupe des «Vigiles de l’Univers » lui annonce que le compte à rebours vient de commencer pour l’humanité qui n’a plus que quarante heures de vie devant elle. Intriguée, inquiète, tandis que son mari le docteur Martin Cruz part pour son hôpital et que sa fille Claudia prépare son goûter d’anniversaire, Julia contacte son ancien ami Everett qui occupe des fonctions politiques, et le met au courant de la sinistre prédiction. Celle-ci est d’ailleurs corroborée par un film vidéo montrant un amoncellement de cadavres sur l’île de Tao Tao où réside une partie des membres de la secte :
    « -L’air que nous respirons étant devenu parfaitement irrespirable, si rien n’est fait d’ici là, il y a fort à craindre que toute vie sur cette terre soit menacée d’extinction pure et simple… Clyde…. Clyde Burroughs est l’un des spécialistes scientifiques de la chaîne…
    -Oui, Helen, des informations, et surtout des précisions de sources que l’on peut qualifier de sûres, viennent de nous parvenir quant à la nature même de l’empoisonnement de notre air. De fait, il semble bien se confirmer qu’il s’agit, ni plus ni moins , d’une progressive déperdition de la masse d’oxygène dans l’air que nous respirons. »
    Everett reçoit l’appui du FBI en la présence de Jerry qui, tout en déclenchant l’alerte au niveau présidentiel, tente d’écarter Julia de l’affaire. Mais celle-ci est coriace et sa connaissance des Vigiles de l’Univers précieuse. Elle seule pourra reconnaître les éléments infiltrés. D’après les nouvelles les plus récentes, il semblerait qu’un virus ou un procédé chimique inconnu soit à l’œuvre dans l’atmosphère terrestre la privant graduellement de son oxygène en un processus d’une grande rapidité.
    Julia, dont le réflexe professionnel a joué, a prévenu son patron Ben de l’état de crise du pays, malgré les tentatives gouvernementales de museler la presse. La panique commence à gagner tous les niveaux de la société, de la plus haute à l’homme de la rue, qui met en scène des comportements suicidaires à la manière des lemmings ou des comportements de fuite totalement irrationnels. Fuir ! Mais fuir où lorsque le danger est universel ?
    Les relations sociales les plus intimes seront perturbées par l’idée de la fin imminente de toutes choses. Le mari de Julia l’abandonne pour fuir avec sa secrétaire Mary, kidnappant la petite Claudia. Ils finiront bloqués dans l’immense embouteillage sur la route de l’aéroport et se suicideront avec une capsule de cyanure offerte à la masse par un prophète illuminé :
    « -Maintenant, surtout que personne ne triche. Tous ensemble, nous allons déposer la capsule que nous tenons entre nos doigts dans la bouche de notre voisin, mais surtout, surtout, nous ne la croquons pas, non non, pas de triche madame, la gourmandise est un vilain défaut !
    Mary hésite un instant puis, unissant son mouvement à celui de la foule, place sa capsule dans la bouche de Martin qui lui-même pose tendrement la sienne sur la langue de Claudia. Il se sent enfin sans volonté et sans regret du lendemain.
    -Je compte jusqu’à trois et à trois tout le monde croque, d’accord ? Un…deux… et TROIS ! On sourit et on croque.
    La foule paraît étrangement obéissante. Martin a bien obéi, et Mary aussi. Le corps de Martin Cruz s’affale une fraction de seconde après celui de Mary, tous deux allégés du poids de leur âme. Martin tombe sur sa petite Claudia. Le cyanure a un effet immédiat. Maintenant que le repos les a gagnés, ils ont l’air paisibles. Des milliers et des milliers de morts qui feraient un sit-in sur la route menant au John-Foster-Dulles Airport. »
    La mère de Julia qu’elle désire revoir, a tué son mari avec une paire de ciseau « pour qu’il dorme d’un bon sommeil » et regarde la télévision, assise à ses côtés, tout en s’empiffrant. Les meurtres et les suicides – surtout par défenestrations - deviennent tellement courants qu’il faut se garer de la chute des corps sur l’asphalte :
    « Il n’y a pas d’immeubles à New-York aux pieds desquels ne s’amoncelle son lot de cadavres ; aux heures noires de l’histoire, les professions ne sont plus ce qu’elles étaient : les marchands de fenêtre font une sérieuse concurrence aux marchands d’armes. Et l’immeuble où vit la mère de Julia dans la 57 ème rue ne fait pas exception, trois morts font le trottoir. Julia ne peut réfréner un cri en avisant, écrabouillé devant la porte d’entrée, le cadavre d’une femme dont elle entrevoit la chevelure auburn. La couleur des cheveux teints de sa maman. Mais en retournant le corps, Julia reconnaît Elizabeth Murphy, la voisine du douzième. »
    Des viols, des orgies impliquant des milliers de personnes se déroulent en tous lieux et surtout à Central Park :
    « La foule qui s’est massée cette nuit dans Central Park est en tous points différente de celle qui panique sur les routes. De manière étrange, tous ceux qui tiennent à vivre la fin du monde comme un gigantesque happening semblent s’être donné rendez-vous au Park. Comparativement, Woodstock fut un jardin d’enfants. Non seulement les gens chantent et dansent, mais ils font l’amour sans aucune retenue. Faire l’amour comme remède contre la terreur de passer dans l’au-delà. Et ce ne sont pas cinq ou dix couples échangistes qui donnent libre cours à leur désir, mais des milliers et des milliers d’hommes et de femmes qui se jettent fougueusement les uns sur les autres. Et leurs mugissements couvrent le chant des musiciens »
    Un immense réseau de savants cherche la solution au problème, partout dans le monde, et le FBI retrouve la piste du responsable, un certain William McGuffin, un chercheur de pointe qui a malencontreusement crée le MG 107, une combinaison chimique capable d'annihiler l’oxygène atmosphérique. Conscient du danger, il a voulu en détruire la formule mais son adjoint, Herb, adepte des Vigiles, l’a transmise à son Dieu, le Vénérable prophète Mc Williams, un être croyant en la pureté tellement absolue, qu’il trouva là le moyen d’éviter aux planètes en voie de spiritualisation l’infection que, sur terre, l’on appelle l’Homme : il répandit le produit dans l’atmosphère.
    Chaperonné par Julia, protégé par les membres du FBI, McGuffin est sommé de se remettre à l’ouvrage, malgré sa dépression qui le pousse à se suicider. Opération risquée. Le vénérable des Vigiles lui envoie ses « Anges exterminateurs»,  à lui ou à tous ceux qui pourraient lui venir en aide. Il éliminera Kim, le chercheur européen, assassiné de trente coups de couteau. Quant à McGuffin, on lui a réservé l’ange le meilleur, un tueur pur d’entre les purs, spécialiste de l’assassinat et des armes à feu, appelé Merv Peak. La traque est incessante ; par hélicoptère ou dans la rue, il rate sa cible de peu à cause de la présence d’esprit de Julia.
    Après une période de découragement intense, car rien ne sort de ses neurones, alors que le délai se réduit à une dizaines d’heures, que la société tombe en miettes, que le président des Etats-Unis lui-même a fait la preuve de sa couardise en voulant se mettre en orbite spatiale, McGuffin atteint enfin son laboratoire de Columbia. Seul, il n’arriverait à rien. Mais il y a l’extraordinaire chercheuse française, Dominique Loubinou, physiquement monstrueuse, pygomèle et cyclope à la fois, handicapée se traînant sur son fauteuil roulant, au corps contrefait, qui découvre l’amour en la personne d’Oscar. Oscar l’aime au-delà des apparences et se mariera avec elle à Notre-Dame, devant une foule exaltée et suicidaire. C’était l’aiguillon qu’il fallait à Loubinou pour aider McGuffin, puisqu’elle ne veut plus mourir maintenant qu’elle a découvert l’amour. Se remettant en communication avec Guffin, à eux deux, ils trouveront la formule-remède miracle. Un miracle double d’ailleurs car au même instant, Merv Peak a retrouvé la trace du savant, s’apprêtant à l’exécuter. Sans la présence d’esprit de Julia qui lui ment en lui déclarant que les Vigiles ont échoué dans leur entreprise de nettoyage, McGuffin serait mort. La désillusion est insupportable pour Merv Peak qui se suicide. L’humanité, sonnée mais sauvée, pourra continuer l’odyssée de sa vie.
    « Game Over » est un thriller de la meilleure veine. Les personnages principaux, sur fond de malheur et de catastrophe, sont à la recherche de leur destin propre. La machine à décaper qu’est le roman-catastrophe, inverse toutes les valeurs et remet à leur juste place les puissants de ce monde. Les scènes , parfois franchement gore, rendent à merveille l’ambiance morbide. Ecrit à la vitesse du reportage journalistique, « Game Over » apparaît comme un grand jeu de piste pour les passionnés du polar.


  10. Type: livre Thème: épidémies, savants fous et maîtres du monde Auteur: Frank HERBERT Parution: 1982
    O’Neill, un brillant biochimiste américain d’ascendance irlandaise vient à Belfast en vue de participer à un colloque. Pour l’occasion, son épouse Mary et ses deux enfants l’accompagnent. O’Neill les aperçoit avec horreur mourir déchiquetés dans un attentat à la bombe dont l’auteur, John Herity, appartient à l’IRA provisoire :
    « Ce n’était pas une très grosse bombe, comparativement parlant, mais elle avait été placée par une main experte. La vieille voiture se transforma en fragments déchiquetés de métal et de verre – une boule de feu orange truffée d’éclats meurtriers. Un morceau de capot décapita Mary O’Neill. Les jumeaux se confondirent en une mare de sang projetée à travers la rue contre la clôture métallique de St Stephen’s Green. »
    Le choc est si terrible pour O’Neill qu’il en devient fou et médite une vengeance implacable. De retour en Amérique, il liquide tous ses avoirs. Brouillant toutes les pistes à l’aide de plusieurs identités consécutives, acquérant petit à petit le matériel indispensable à son projet, il s’installe dans une cave désaffectée qu’il aménage en laboratoire. Par la manipulation du code génétique humain, O’Neill prépare une arme terrifiante, imparable,  capable d’infecter toutes les femmes et de les tuer en vingt-quatre heures :
    « l’ARN et l’ADN ont la même relation entre eux qu’un gabarit et le produit fini correspondant. Comme un moule et la pièce coulée qu’il permet de fabriquer. L’hôte infecté fabrique la protéine commandée par l’ARN. Quand un virus bactérien infecte une bactérie, l’ARN formé correspond à l’ADN du virus et non à celui de l’hôte. La séquence des nucléotides de la nouvelle molécule d’ARN transfert est complémentaire de celle de l’ARN messager du virus. –Il a transmis ce truc au moyen d’un virus ? - Il a modelé de nouvelles bactéries à l’aide d’un nouveau virus. Des déterminations extrêmement précises au sein de structures très subtiles. »
    Ce sont les hommes qui seront les vecteurs de dispersion. Parallèlement, il prévient le monde de ses intentions par des lettres : l’Irlande, la Libye et l’Angleterre, les pays qui selon lui accueillent ou pratiquent le terrorisme, devront être frappés d’ostracisme par le reste du monde :
    « Il fut expédié cent copies exactement de la première «Lettre du Fou », et les lettres suivantes furent plus nombreuses.(…) Le message était clair : mettre en quarantaine les régions infectées. »
    Tous les ressortissants de ces pays devront être bannis et renvoyés chez eux ou bien l’épidémie affectera la totalité du globe. Il signe ses lettres « le Fou » et, lorsque les divers états s’inquiètent de la situation, il est déjà trop tard : le virus a été dispersé par l’argent-papier dont le Fou a inondé de nombreuses associations et œuvres caritatives. Rapidement, malgré les mesures prises, le monde entier s’installe dans le chaos car l’épidémie se répand au-delà de la volonté d’O’Neill :
    « Les Etats-Unis voulaient établir une «bande» de poussière de cobalt autour de la zone, une douve radioactive qu’aucune forme de vie ne pourrait franchir. Cela révélait à Bergen, entre autres choses, que les Etats-Unis avaient amassé de vastes stocks de cette poudre. Il avait objecté qu’il en résulterait inévitablement une contamination radioactive de tout le bassin méditerranéen. »
    L’Irlande, l’Angleterre, la Libye sont isolées. La stabilité politique de nombreux états est affectée. Les groupes de recherche pour comprendre la nature intime du fléau n’obtiennent aucun résultat tellement le procédé découvert par le criminel est novateur. O’Neill, activement recherché par toutes les polices du monde, s’apprête à rejoindre l’Irlande sous l’identité de Kevin O’Donnell. Les femmes encore préservées du virus deviennent un capital précieux qu’il faut à tout prix isoler. Ceci est à l’origine des « Feux de panique » , zones infectées cautérisées à l’arme atomique qui établissent des barrières infranchissables de pays à pays. L’économie, totalement effondrée, isole d’autant plus certaines régions :
    « John écouta avec une profonde attention. On soumettait Istanbul à la « NéoPyrolyse ». Parmi les nouveaux « points chauds » identifiés, on citait trente et un villages et villes d’Afrique, au nombre desquels figuraient Nairobi et Kinshasa. Johannesburg était toujours un amas de ruines radioactives. En France la perte de Nîmes était confirmée. A Dijon, la foule avait lynché deux prêtres soupçonnés d’être irlandais. Aux Etats-Unis, on essayait toujours de sauver «la plus grande partie de New Orleans. » Les Suisses avaient battu en retraite derrière ce qu’ils appelaient la « barrière de Lausanne », annonçant que le reste de leur pays n’avait pas été touché par la contamination».
    O’Donnell débarque avec difficulté en Irlande entre les mains du « Sin Fadal » , autre branche de l’IRA. Il y sera accueilli par les «Beach boys » une armée secrète ayant pour mission de surveiller les côtes frontières. Quelques indices suggèrent à Doheny, le nouveau chef de l’état irlandais, qu’il se trouve en présence du Fou. Pour en avoir confirmation, il dépêche sur les lieux trois personnages qui devront arracher à O’Donnell son secret : John Herity, le Père Michaël et un jeune orphelin qui n’auront pas été choisis au hasard. Chacun devra faire pression à sa manière sur O’Donnell pour le faire avouer.La difficulté de la tâche est extrême puisque O’Neill, totalement schizophrène à la suite de son acte,  s’est transformé en  un être double. L’un, O’Donnell, arrive en Irlande pour aider à la recherche d’une solution, l’autre, le criminel, est parfaitement dissimulé en lui, à l’insu du premier. Le groupe s’apprête à traverser une Irlande dévastée pour rejoindre le laboratoire de Killaloe.
    Parallèlement à l’intrigue principale, l’on apprend qu’un jeune couple, Stephen et Kate,  a été miraculeusement épargné et vit isolé dans un container aménagé, soigneusement gardé par les soldats de Doheny.  La situation mondiale est désespérée. Les femmes continuant de mourir, un nouveau et fragile équilibre se met en place notamment en ce qui concerne les relations russo-américaines.
    Le subtil jeu politique est tout entier tourné vers la découverte d’O’Neill, seul capable, semble-t-il, de défaire ce qu’il a fait. Sa progression en Irlande est constamment épiée à l’insu des Irlandais. Les arrière-pensées de domination ne sont pas absentes de ce jeu : le pays qui arrivera le premier à contrôler le phénomène, contrôlera le monde. Herity, malgré toute sa roublardise, n’arrivera pas à faire avouer O’Donnel. C’est le père Michaël qui recueillera sa confession, la présence du jeune orphelin ayant joué en ce sens. O’Donnell lui avoue qu’il « a O’Neill en lui » :
    « -Père…j’ai John Roe O’Neill en moi. » Le visage du prêtre se vida de toute expression. Il chuchota d’une voix rauque : « Vous… vous êtes O’Neill ? » John le regarda fixement. Pourquoi le prêtre ne comprenait-il pas ? « Non, père. Je suis John O’Donnell. Mais j’ai O’Neill en moi. »
    A partir de là, Doheny agit. Il enlève le container de Stephen et Kate pour le conserver à son avantage, fait arrêter O’Donnell, le traduit devant un tribunal selon les anciens rites celtiques. Mais il n’aura pas le temps de profiter de sa victoire. La foule ayant entendu la nouvelle de la capture, envahit le tribunal et réclame la tête du savant fou. Herity meurt, empoisonné pour sa culpabilité dans le déclenchement de la catastrophe. Sauvé in extremis par le Père Michael, O’Donnell se découvre brutalement O’Neill. Devant l’horreur de la situation, il s’enfuit dans la campagne sauvage pour la hanter de ses cris, jusqu’à sa mort :  
    «La bouche de John s’ouvrit –un trou rond dans un visage torturé. « No-o-o-o-o-o-oon ! » C’était une plainte surnaturelle jaillie de cette bouche ouverte. Il fit un pas vers Doheny, qui se raidit. Puis il pivota sur lui-même et se jeta contre la porte qui s’ouvrit sous le choc. »
    Un monde entièrement remodelé sortira de l’épreuve. Les Etats traditionnels auront vécu. La recherche génétique, stimulée par les découvertes d’O’Neill, contient en germe des promesses immenses par rapport à l’avenir de l’humanité. Pour le reste, le faible pourcentage de femmes survivantes (une femme pour huit mille hommes), propulsera celles-ci sur le devant de la scène :
    « Stephen prit lentement conscience de ce que disait Stonar : Si peu de femmes étaient envoyées dans les zones dévastées ! la Chine, l’Argentine, le Brésil et les Etats-Unis sont les seuls pays qui aient accepté, de leur propre chef, de partager leurs femmes à des fins de reproduction. L’Angleterre n’en recevra pas beaucoup plus d’un millier. » Comme du bétail, songea Kate. »
    La morale bourgeoise sombre avec le vieux monde. La polyandrie est instaurée. Les femmes, d’abord considérées comme pure marchandise, détiendront rapidement tous les pouvoirs politiques et tiendront entre leurs mains la promesse d’un futur meilleur.
    « la Mort blanche » allie le talent de Frank Herbert à la thématique déjà ancienne du « savant fou ». Ce roman cataclysmique s’ouvre sur une étude sociologique, politique et religieuse des rapports entre les peuples. La description hyperréaliste des faits, le traitement en profondeur de la psychologie entre les êtres, l’analyse des mobiles et de la personnalité d’un « Fou » , font de cet ouvrage un chef-d’œuvre dans le domaine.