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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: C.F. RAMUZ Parution: 1939
    Le bourg de Saint-Martin-du-Haut, encaissé dans une haute vallée des Alpes suisses, connaît un événement singulier au sortir de l’hiver : le soleil est en passe de disparaître. C’est du moins ce que disent Follonier et Denis Revaz qui a fait soigner son genou chez le vieil érudit Anzévui, le sage de la petite communauté, lequel prétend, après avoir lu  la bible et opéré les calculs astrologiques nécessaires, que le soleil disparaîtra pour de bon, très bientôt, et qu’il est temps pour chacun de se préparer. Lui-même, au moment ultime, mourra :
    " Tu as pourtant refait les calculs, tu es arrivé au même résultat que moi…Et bien, je vais te dire, parce que tu n’as pas compris. Eh bien, dans le livre, il y a une guerre ; - il y a justement une guerre à présent. Et il y a  aussi une guerre dans la région du soleil. 1896 et 41 ça fait le compte. Il est dit que le ciel s’obscurcira de plus en plus, et, un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours (…)
    " C’est pas ça, disait Revaz.
    -Et qu’il y ait eu des filles qui avaient des inquiétudes à leurs fins de mois…
    -C’est pas ça ?.
    -C’est quoi ?
    -C’est le soleil.
    -Le soleil ?
    -Oui
    -Et qu’est ce qu’il va lui arriver , au soleil ?
    -Du pas tant bon, dit Revaz "
    Chaque habitant vivra cette révélation en fonction de sa psychologie. Les uns (surtout les jeunes) traitent ceci de faribole et Anvézui de menteur :
    -Alors ce soleil ?
    -Eh bien, je ne sais pas, moi ; je ne suis pas un savant comme Anzévui ; j’ai pas lu ses livres…
    -On te demande seulement de nous dire comment ça se passera, le soleil qui n’éclaire plus. Pourquoi est-ce qu’il n’éclaire plus ?
    -Je sais pas, il y a extinction, ou bien c’est nous qu’on cesse de tourner…
    -Oh ! justement, disait Follonnier, c’est qu’on tourne et on ne peut pas cesser de tourner . Comment veux-tu qu’on cesse de tourner ?
    -Je sais pas.
    -On tourne même doublement, parce qu’on tourne autour du soleil et ensuite autour de nous-mêmes, et ça fait la nuit et le jour. Pour qu’il n’y ait plus que la nuit, il faudrait qu’on soit comme la lune.
    -Justement…
    -Ou bien que le soleil éclate en morceaux ; comment est-ce qu’il peut éclater en morceaux ? Il faudrait qu’il rencontre une comète…
    -Justement.
    -Mais il n’y a point de comète… Ou bien qu’il se refroidisse tout à coup et qu’il devienne noir comme quand on pisse sur le feu… "
    Les autres, à l’exemple de la vieille Brigitte qui allume une chandelle par semaine écoulée, entreprennent de constituer des réserves de bois.  Follonier, le rusé et avisé paysan, envisage le temps qui reste pour réussir des affaires, notamment celle de racheter le terrain d’Arlettaz qui a impérieusement besoin d’argent pour pouvoir rechercher sa fille enfuie et alimenter son alcoolisme. Vivant dans une crasse inimaginable, il déboursera sans compter l’argent du terrain, payant à boire à qui le souhaite.
    Le jeune Métrailler désire en avoir le cœur net. Armé de son fusil et dans la nuit noire, il grimpe au sommet du grand Dessus pour vérifier si effectivement le soleil a disparu :
    " Il n’y avait plus de ciel ; il y avait seulement un brouillard jaunâtre qui était tendu d’une pente à l’autre, comme une vieille serpillière, un peu au-dessus du village, et les montagnes sont derrière, ou bien est-ce qu’elles n’existent plus, les pointues, les carrées, les rondes, celles qui sont comme des tours, celles qui sont comme des cornes, celles qui sont toutes en rochers, celles qui sont toutes en glace  qui brillaient toutes ensemble autrefois sous le ciel bleu. "
    Mais un faux pas, une entorse, réduit son projet à néant. Ses camarades de Saint-Martin-du-Haut, à l’instigation de Métrailler père, se chargent de le ramener. Le bistrot de Sidonie se transforme en centre opérationnel. Dans l’atmosphère enfumée se commentent les événements ; les jeunes qu’Anzévui met mal à l’aise projettent de lui jouer un bon tour : ils espèrent lui faire peur en se déguisant en femmes.  Entre-temps,le père Métrailler tombe dans le coma. Effrayé de le voir ainsi, Métrailler fils cherche Anzévui qui seul est capable de libérer l’agonisant d’une vie devenue inutile. Quant au père Revaz, il pense à mettre ses affaires en ordre avant le grand départ de la fin du monde et transmet son héritage à ses enfants. Soudain, Brigitte se rend compte que la chandelle restée habituellement allumée sur le rebord de la fenêtre de la maison d’Anzévui, n’éclaire plus : le vieux sage est trouvé mort dans son fauteuil. Pour la communauté, c’est une catastrophe car à partir de maintenant, le soleil ne reviendra plus ! Seule Isabelle, la femme de Revaz, espère secouer l’espèce d’engourdissement qui pétrifie la volonté de ses concitoyens:

  2. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Charles Clarence BECK Parution: 2003
    Voici une petite fin du monde qu’évitera le capitaine Marvel grâce à ses poings (Shazam !)
    Zeus, écoeuré par la vilénie des habitants de la Terre décide d’abréger leurs souffrances. Shazam, plaidant pour la cause du juste comme jadis le fit Loth pour Sodome et Gomorrhe, obtint un sursis mis habilement à profit par le capitaine Marvel. Ce dernier prouve à Zeus, s’il en était encore besoin, que l’amour d’un jeune couple fleurit  même dans ce cul de basse-fosse que sont les rues d’une grande ville. Emu, Zeus surseoit à sa condamnation.
    Un récit complet peu probant et pétri de bons sentiments  selon l’american way of life.

  3. Type: livre Thème: épidémies, la cité foudroyée Auteur: James HERBERT Parution: 1975
    Dans la région de Wiltshire en Angleterre se produit une terrible catastrophe : une faille énorme, longue de deux kilomètres engloutit maisons et gens, y compris John Holmes, employé du gouvernement dans le domaine de la Défense, amoureux de la jolie Casey, et en mission sur le terrain. John, pris dans la faille, arrive en dernière extrémité à s’en extirper non sans respirer une sorte de brouillard jaune qui monte des bas-fonds et s’envole au vent.
    Ce brouillard, extrêmement toxique, est composé d’une multitude de virus, une arme secrète expérimentale que l’armée avait enterrée profondément et que la fissure – autre conséquence d’un essai d’explosion souterraine - a libéré de sa gangue.Le virus, qui se regroupe en un noyau lumineux au sein d’un brouillard toxique compact, s’attaque aux neurones.Tout en les détruisant, il les remplace par son propre contenu viral, libérant l’agressivité inconsciente de l’archéo-cerveau humain.
    Les cas individuels de délire meurtrier se succèdent dans la région touchée, allant des plus simples (agressions de personnes à personnes, souvent horribles) aux plus complexes, comme le suicide collectif des habitants de Bournemouth :
    « Les habitants et vacanciers de Bournemouth avaient quitté leurs maisons, hôtels et pensions de famille par milliers pour se déverser sur la plage. Le brouillard qui avait gâché leur journée de la veille les tuait ce matin. Ils allaient vers la mer se noyer comme des lemmings ; ceux qui venaient derrière grimpaient sur les cadavres entassés sur le bord. Ceux qui pour une raison ou pour une autre ne pouvaient marcher se donnèrent la mort de diverses façons. Des centaines de personnes ne purent atteindre le rivage, bloqué par trop de noyés. Celles-là furent emmenées hurlantes de la plage par ceux qui étaient accourus pour tenter de limiter l’hécatombe. »
    Holmes lui-même est infecté, mais comme il est le premier à avoir respiré le gaz toxique encore dilué et qu’il vient de subir une transfusion sanguine, il est aussi le seul à être mithridatisé contre l’action du virus. Par là, il devient le personnage-clé du récit, amené à lutter contre un agent infectieux dont les savants ne possèdent pas la composition exacte, car son inventeur, contaminé dès l’origine, est mort fou.
    En attendant que l’armée réagisse, le brouillard mortel poursuit ses pérégrinations en se concentrant et se dirige vers Londres. Tous ceux qui l’inhalent se transforment en forcenés, doués d’une force phénoménale. Ils ne ressentent ni douleur ni  inhibition morale, et sont prêts à découper leur conjoint ou leur voisin en morceaux. Holmes en fait la triste expérience en la personne de Casey qui se transforme en furie. Il réussira à la faire interner et poursuivra le combat contre le virus, soutenu par les plus hautes instances de la Défense du territoire, qui n’ont plus d’autres moyens de protection que de se confiner dans un bunker atomique, lorsque le brouillard atteint les faubourgs de Londres.
    En quelques heures, au sein de la capitale, c’est l’apocalypse. Pour Holmes, sommé d’éradiquer le fléau, il s’agit d’accéder au noyau viral, bien protégé par son cocon méphitique, afin d’en prélever un échantillon à fins d’analyse. Flanqué par l’adjoint Barrow (qui ne l’aime guère), Holmes avance dans un univers cauchemardesque où les rues de Londres, empuanties par le brouillard servent de décor à mille actes de barbarie. Les fous, en vertu d’un tropisme inexpliqué ont tendance à se regrouper lors de la mise à mort d’un des leurs, ou à se suicider de concert, le tout en une joyeuse ambiance de kermesse et de rires :
    «Ils croisèrent beaucoup d’immeubles en flammes, beaucoup de voitures aussi ; des théories de gens errant dans les rues, la folie inscrite sur les traits ; d’autres prostrés dans un coin, qui de temps en temps relevaient sur le monde des yeux égarés, remplis de frayeur.
    Ils doublèrent des corps qui étaient tombés ou avaient sauté d’immeubles voisins ; ils entendirent des hurlements de frayeur ou de rire, des chansons vociférées à tue-tête ; ils virent des gens prier à genoux. Et le plus surprenant, c’est qu’ils virent aussi des gens se conduire normalement, faire la queue aux arrêts de bus, marcher d’un pas vif vers leur travail peut-être, avec des parapluies ou des serviettes, pénétrer dans des immeubles ouverts, attendre patiemment devant des portes encore closes, bavarder tranquillement comme un jour ordinaire, sans s’apercevoir du chaos ambiant. Etait-ce leur façon d’être fous ? »
    Holmes, progressant avec difficulté, doit à plusieurs reprises se débarrasser de ceux qui veulent sa mort, comme cet automobiliste en apparence sain d’esprit qui transporte à l’arrière de son véhicule le corps de sa femme sans tête, cette dernière soigneusement rangée dans une petite valise !Une première approche, après que le noyau ait été localisé dans la cathédrale de Westminster, échoue.Une deuxième sortie, dans des conditions de plus en plus terrifiantes, situe le noyau viral dans un tunnel de métro.
    En liaison constante avec le centre opérationnel, Holmes préconise de l’emmurer en ces lieux, en faisant sauter les deux extrémités du tunnel. La manœuvre pourtant bien exécutée par des soldats du génie et sous la direction du savant Rycker, l’un des responsables civils de la Défense, échoue elle aussi : le brouillard parvient à s’échapper par une petite fissure. Attiré par le gaz complexe contenu  dans des gazomètres géants disposés le long de la Tamise et remplis de méthane, le brouillard se love dans cet environnement.
    Pour Rycker, c’est l’opération de la dernière chance, même si elle comporte d’énormes risques : il faut faire sauter les gazomètres ! L’explosion éventre la ville de Londres en provoquant une tempête de feu mais le virus sera définitivement  éradiqué. Afin de sauver les Londoniens infectés et s’en approcher sans danger, l’on arrosera les différents quartiers par un puissant somnifère, ce qui empêchera les suicides de masse. En fin de compte, Holmes retrouvera Casey guérie,  et sa tranquillité.
    Un bio-thriller prenant qui évoque le possible danger couru par l’humanité dans le cadre d’une utilisation d’armes nouvelles non maîtrisées. Une fiction proche de la réalité.

  4. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Vernor VINGE Parution: 1986
    Vers l’an 2300 l’humanité entière a disparu sans que l’on en sache la raison. Cette disparition est appelée "la Singularité". C’est ce dont se rendent compte les rares survivants terriens réunis dans un avenir incroyablement lointain, à cinquante millions d’années de la Singularité : " Même sans E majuscule à Extinction, les derniers hommes s’étaient si profondément enfoncés dans le futur que personne ne se serait attendu à trouver leur espèce encore là. Mais la majorité des néo-techs ne pensent pas qu’il s’agit d’une invasion extraterrestre. Alice Robinson dit que l’humanité s’est éteinte au cours du XXIIIème et qu’on ne trouve aucun signe de violence avant la fin du siècle. En outre, s’il y avait eu une invasion, on pourrait penser que nous aurions vu arriver toutes sortes de réfugiés du XXIIIème. Au lieu de quoi, il n’y a eu personne – à part les derniers d’entre vous, les néo-techs de 2201 à 2202. "
    Ils sont cent vingt-trois, tous d’origine différente avec leur motivation particulière, de rares rescapés ayant parcouru l’avenir grâce à la " bulle de stase ", soit un artefact électromagnétique à l’intérieur duquel le temps relativiste peut être programmé selon la volonté de son occupant sur une durée (la " nictation ") de quelques heures à quelques semaines, alors qu’autour d’eux s’écoule le flux temporel en millions d’années.
    Les départs en route vers un futur sans retour se sont faits pour diverses raisons. Les uns sont partis pour faire fortune, les autres par obligations, certains, comme le détective Wil Brierson, personnage-clé de ce roman, contre leur gré, "shangaïé " dans le futur par leur ennemi.
    Au bout d’un temps assez long de cinq cents millions d’années, l’humanité se retrouve devant son destin : on y dénombre les néo-techs, les plus évolués, qui datent du XXIIIème siècle et qui, grâce à leur technologie et leur interfaçage informatique, rendent la vie possible à tous les autres sur cette terre du futur.
    Il y a les paléo-techs, dont fait partie Brierson, les néo-Mex et les tenants de la " Tutelle de la Paix ", fragments des gouvernements d’antan, et puis des êtres d’exception, tels que Léna, revenue d’un voyage de neuf mille ans dans l’espace, ou l’archéologue Chanson, prisonnier au sein du soleil dans sa bulle et récupéré au bout de dix mille ans
    L’option qui s’ouvre à  ces gens est entièrement déterminée par Marta, la néo-tech qui désire, à partir de ce qui reste d’humains, établir une nouvelle colonie dans le futur pour réensemencer la terre et y réimplanter l’espèce humaine :
    " Eh bien, nous sommes dans une situation plutôt bonne, en ce moment. Mais notre civilisation - souche s’est éteinte. La chute peut être longue… En comptant les Pacifieurs, vous êtes environ trois cents paléo-techs. Avec votre aide, nous devrions pouvoir rallumer le réacteur de l’espèce humaine à un niveau convenable de technologie – celui du XXème ou du XXIème siècle. Si nous y arrivons, nous remonterons rapidement la pente. Sinon, si nous sommes retournés à l’âge préindustriel quand nos automs tomberont en panne… nous serons juste assez primitifs et trop peu nombreux pour survivre. "
    Cette option cependant n’est pas partagée par tous. Marta se retrouve " naufragée du temps ", criminellement rejetée hors d’une stase par un adversaire inconnu. Tandis qu’à l’intérieur de la bulle humaine se passent deux semaines, à l’extérieur, pour Marta, se déroulent quarante longues années durant lesquelles elle n’a qu’un seul but : faire connaître à Yelen Korolev, sa sœur-épouse néo-tech,  l’identité de son adversaire.
    Elle livre un journal construit à partir de cairns dressés çà et là, observe la nouvelle faune qui se développe sur terre, araignées mutantes et primates évolués, chiens à l’intelligence agrandie. Elle mourra, " captive du temps perdu " sans avoir pu réintégrer la protection de la bulle de stase.
    Yelen charge le paléo-tech Brierson de l’enquête. Celui-ci découvre, en compagnie de Della sa collègue extra-terrestre, l’horrible vérité : Marta a été victime d’un complot bicéphale. La première agression a eu pour origine un ancien dictateur d’Eurafrique, Philippe Genet, qui avait décidé dès le début de l’installation de la nouvelle colonie qu’elle ne se construirait que sous son autorité. Trafiquant les systèmes informatiques des néo-techs, infiltrant toutes les défenses de stase, il fit se battre entre eux en une guerre fratricide les diverses fractions d’humanité encore existantes. Plus de la moitié de ces rescapés du temps périt dans le combat qui, grâce à l’apport décisif de Della, joua en faveur de l’orthodoxie. Genet éliminé, sa réserve de zygotes récupérés, une lueur d’espoir subsista à nouveau pour l’espèce humaine.
    Le deuxième assassin de Marta était l’archéologue Juan Chanson à l’esprit dérangé, persuadé que la Singularité ne pouvait être que l’oeuvre d’extraterrestres. C’est parce que Marta avait détecté certaines de ses falsifications historiques que Chanson l’abandonna dans le temps. Sa punition fut à la hauteur de son crime : au moment où la dernière colonie humaine se réinstalla en stase pour survivre et fonder l’ultime cité, Chanson, à son tour, dut subir les affres de l’abandon. Il vécut seul, sur une terre devenue étrangère, voire étrange, pendant plus de dix mille ans, avec l’assistance des " automs ", sortes de robots médicaux. L’humanité allait pouvoir relancer son histoire après une parenthèse de cinquante millions d’années sans comprendre cependant ce qu’a pu être cette " Singularité " qui faillit causer sa perte définitive.
    Roman sophistiqué basé sur le thème temporel et celui de l’extinction, roman policier se déroulant dans un décor de science-fiction, avec des passions, des crimes, une enquête, des émotions, des revirements. Bref, une réussite qui se lit sans faiblir et avec du plaisir. Par un écrivain dans sa maturité.

  5. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, disette d’éléments, sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: J.H. ROSNY AINE Parution: 1993
    Deux physiciens, Langre et Meyral, font une découverte stupéfiante: la lumière est malade, elle se dédouble, les longueurs d’onde les plus longues dévorant les plus courtes. Suite à cela, la folie gagne les rues de Paris, le psychisme des gens étant perturbé. Ils se piétinent incapables de résister à leurs mauvais instincts. C’est dans cette ville en délabrement que Langre et Meyral vont arracher Sabine, la nièce de Langre, des griffes de son mari.
    Ils la mettent en sécurité dans leur laboratoire et continuent leurs recherches. Ils apprennent bientôt que les vagues de folie destructrices sont liées au rythme solaire, à la disparition des couleurs du spectre ce qui entraîne aussi la perturbation totale des communications. Peu à peu le rouge, puis le jaune, le vert, puis le bleu, disparaissent. Enfin vint :
    " L’aube, puis le jour, un jour qui ressemblait aux nuits du poète quand l’aurore boréale monte à travers les nuées. "
    Le groupe, réuni autour de Langre, subit un dernier assaut, fatidique pour beaucoup d’humains, le froid se fait sibérien, la folie rôde. Soudain le phénomène, comme une vague, décroît. Mais il a laissé des traces douloureuses en modifiant le comportement des individus.Nos deux héros se réfugient à la campagne, dans une villa, pour se reposer. Ils constatent qu’un lien émotionnel de plus en plus intense, les unit. Meyral note, en face de l’impossibilité de quelques-uns à s’éloigner de la maison:
    "Remarquez que d’instinct nous nous sommes approchés de la maison, c’est à dire du centre favorable.Ce qui m’étonne le plus c’est en somme qu’il ne s’agit pas d’un instinct proprement social. Nous ne désirons pas nous réunir à d’autres groupes. Les groupes du village ne le désirent pas non plus... Hier, quand j’ai voulu aller seul au bord de l’Yonne, j’ai ressenti, à mesure que je m’éloignais de vous tous un véritable sentiment de détresse."
    Le phénomène du " groupisme " est né. Les membres d’un même groupe seront désormais obligés d’évoluer ensemble sous peine de mort. L’humanité a changé de nature. Les liens sociaux universels se sont rompus pour donner naissance à une sorte "d’Homo-Gestalt", à la mobilité circonscrite dans une zone d’action réduite :
    " Il inscrivit quelques notes sur son carnet et reprit sa route. Ce fut pénible, ce fut douloureux. De minute en minute la difficulté s’aggravait. Quand Meyral ayant dépassé l’îlot fut en vue de l’aqueduc, la marche devint épuisante : c’était comme s’il avait traîné un chariot, de grosses gouttes de sueur coulaient dans sa nuque. En même temps une souffrance aiguë envahissait tout le corps; les tempes semblaient pressées par des plaques de bois: le coeur haletait; des brûlures lancinaient les poumons. Il savait que ses peines se répercutaient là-bas, moindres cependant, réparties, diluées. Jusqu’à l’aqueduc, il persévéra; enfin la fatigue devenant intolérable et se sentant à bout de forces, il s’arrêta:
    -Inutile de pousser plus loin l’expérience! Le soulagement musculaire fut instantané. "
    De retour, Meyral fit part de son expérience aux autres membres du groupe. Langre surenchérit:
    «Si je n’étais en proie au plus absurde optimisme, je serai saisi d’horreur. Car tout se passe comme si nous étions devenus une sorte d’être unique.»
    Langre arrive à la conclusion suivante:
    " Oui... nous sommes pris dans un piège immense... Nous sommes saisis par une autre vie. "
    Cette " autre vie " se manifestera par des taches sur le corps de tous les membres.  Pourtant l’été est splendide et les récoltes s’avèrent bonnes. Tout irait donc pour le mieux à l’intérieur du groupe qui partage des émotions de plus en plus intenses si ce n’était l’arrivée d’une nouvelle menace: le "carnivorisme". Comme une épidémie, un besoin incoercible de viande se fait jour parmi les humains, les rendant identiques à des animaux. Entre temps, nos héros s’aperçoivent que les taches qui les recouvrent sont toutes réunies en un réseau de filaments qui se nourrissent de l’énergie des émotions:
    " Vous croyez que ce flux (celui qui a entouré la terre) tout entier était vivant? –Non -Vous croyez que les taches le sont? -J’en suis sûr. Le phénomène dont nous sommes victimes est d’ordre organique. Chaque groupe ,selon moi, est englobé dans un être. "
    La menace du carnivorisme se fait pressante car le manque de viande est mortel. Venu de Westphalie le mal se répand sur l’Europe et se rapproche de la villa où se trouvent nos amis. Langre en organise la défense lorsque le groupe , à son tour, est atteint par la maladie. L’idée lui vient que des champignons combleraient le besoin de viande. Il emmène ses compagnons dans une vieille champignonnière, perdue au fond des bois, où ils pourront assouvir leur besoin. En mangeant des cèpes par grosses quantités, ils se sentent mieux instantanément.
    Ils décident donc de s’établir là pour repousser les "carnivoristes" qui s’approchent, en s’alliant avec les groupes voisins, à qui ils révèlent leur secret. En attendant l’assaut final, Meyral et Langre, devenus chefs,  font fortifier le village. L’attaque survient :
    "On commençait à percevoir des voix sourdes, des grondements de bêtes, de piétinements. Cela venait de l’ouest, mais à mesure la rumeur se propageait au nord et au sud. Parfois un cri sauvage, une plainte retentissante annonçaient des blessures ou une agonie. "
    Après ce combat sauvage, la villa est épargnée et la vie continue cahin-caha, jusqu’à ce que leur arrivent des nouvelles d’espoir  
    " Chaque jour, les nouvelles devenaient plus favorables. Le lien surnaturel qui entravait les sociétés se défaisaient rapidement: l’action individuelle reprenait. "
    La conclusion appartiendra à Langre lorsque, devant un aréopage distingué de physiciens, il exposera sa théorie:
    " On peut conjecturer que c’est UN MONDE ou un fragment de monde qui a rencontré notre terre. De toute évidence CE MONDE appartient à un système très différent de nos systèmes solaires. Il ne s’ensuit pas qu’il fasse partie de systèmes situés en dehors des étendues occupées par la voie lactée et par les autres nébuleuses .
    Il se peut que notre espace comporte des espèces différentes d’univers, tantôt susceptibles d’agir partiellement les uns sur les autres, tantôt d’une indifférence et même d’une perméabilité mutuelles à peu près complètes. Dans ce denier cas, la coexistence des univers, quelle que soit leur proximité, ne donne lieu à aucun trouble perceptible, tandis que dans le premier cas des cataclysmes proportionnels aux analogies sont possibles.
    Le monde qui vient de passer au travers de notre système n’avait pas assez d’analogie avec le nôtre pour détruire notre terre (la masse planétaire semble n’avoir subi aucune modification sérieuse), mais il en avait suffisamment pour attaquer nos énergies superficielles et pour menacer la vie. Un degré d’analogie de plus, ou un passage moins rapide de la catastrophe, et l’animalité terrestre disparaissait.  Quoiqu’il en soit, nous posons l’hypothèse que nous avons subi le heurt d’un monde, incapable de compromettre l’existence de notre globe, et même de troubler sa marche, et que ce monde comporte, comme le nôtre, un règne organique."
    "La Force mystérieuse" est un chef-d’œuvre de l’anticipation française. L’action, constamment relancée, l’intrigue qui ne s’embarrasse pas de fioritures sentimentales (contrairement à l’habitude du roman de l’époque) , des personnages bien campés, cela seul suffirait à en faire un bon roman. Les idées extraordinaires qui annoncent la science-fiction moderne foisonnent : disparition des couleurs et leur influence sur le psychisme, création de l’Homo-Gestalt, rencontre avec un univers parallèle et des êtres radicalement  autres, font de Rosny Aîné l’un des auteurs-clés de la science-fiction d’expression française.

  6. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Fred SABERHAGEN Parution: 1962
    Un épisode de la guerre contre les Berserkers, ces immenses vaisseaux d’une époque prodigieusement lointaine lâchés dans la galaxie et programmés pour tuer tout et dans n’importe quelle circonstance.
    Une de ces machines, au comportement incompréhensible, croise auprès de la Terre. L’expérience a prouvé aux  humains que, pour détruire ces dernières à coup sûr, il était préférable d’être à trois. En attendant que le troisième vaisseau terrestre soit opérationnel,  Dell, le commandant de l’un des deux autres, accompagné de son « aiyan » Newton, une créature semblable à un singe et non-humaine, subit le premier choc.Le Berserker lui adresse la parole, désirant jouer à un jeu avec lui pour tester sa résistance, jeu largement pipé puisque l’agresseur est capable d’immobiliser Dell en paralysant son cerveau.
    Le commandant, en prévision de son incapacité, forme son aiyan à la manière de déplacer des pions de façon aléatoire  - déplacement symbolisant la place des vaisseaux respectifs -, ce qui maintiendrait le Berserker sur la défensive et l’empêcherait de tirer. La manœuvre réussit grâce à la logique préventive dont fit preuve Del jusqu’à ce que, à l’arrivée du troisième vaisseau, le Berserker fût désintégré.
    Une description des aptitudes et compétences à développer dans le cadre d’une guerre spatiale, largement connues depuis grâce aux films de Georges Lucas.

  7. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: J.G. BALLARD Parution: 1962
    "Bientôt, il ferait trop chaud. Il était un peu plus de huit heures. Du balcon de l’hôtel, Kerans observait le soleil se lever derrière les bosquets touffus de gymnospermes géants qui envahissaient les toits des grands magasins abandonnés à quelque quatre cents mètres de là, sur la rive est de la lagune. (...) Le disque solaire ne formait plus une sphère aussi nette, mais une grande ellipse étalée qui, à l’orient, se déployait sur l’horizon, comme une boule de feu colossale; son reflet dans la lagune transformait la surface de plomb éteint en une carapace de cuivre éblouissant".
    Le soleil a changé de forme en devenant plus chaud. Les glaciers fondent. La transgression marine, inexorable, se produit partout. Les hommes meurent ou émigrent vers les pôles. Le reste de la planète est livré à une végétation de type secondaire, gymnospermes, prêles, fougères géantes, et des marécages où s’ébattent quantité d’iguanes:
    "Tout le long du ruisseau, perchés aux fenêtres des immeubles et des grands magasins, les iguanes les regardaient passer, secouant leur gueule dure et figée de manière raide et saccadée. Ils se lancèrent dans le sillage du canot, happant les insectes délogés des mauvaises herbes et des troncs d’arbre pourris, puis regaèrent, en traversant les fenêtres à la nage et escaladant les escaliers, leurs positions stratégiques, les uns sur les autres, en piles hautes de trois pieds. Ces lagunes et ces ruisseaux dans les immeubles à demi engloutis eussent été d’une étrange et irréelle beauté, sans ces reptiles; mais iguanes et basilics avaient dépouillé ce monde de tout caractère fantastique. Comme l’indiquaient leurs sièges dans ces salles de conseil provisoire, ils régnaient sur la cité. Une fois de plus, ils représentaient la vie de façon dominante. Kerans leva les yeux sur ces vieilles têtes impassibles et comprit la peur bizarre qu’elles suscitaient: elles évoquaient les scènes terrifiantes des jungles des premiers temps du paléogène, à l’époque où l ’ apparition des mammifères domina le règne des reptiles et il ressentit cette haine implacable qu’éprouvent les reésentants d’une espèce biologique envers ceux d’une autre qui leur a usurpé la place."
    Kérans reste dans les étages supérieurs de la ville morte. Il avait fait partie d’une expédition qui avait eu pour mission de décrire les nouvelles conditions de vie sur la planète terre. Il abandonnera ses compagnons afin de s’étudier lui-même dans le silence mouillé d’une ville engloutie. Les autres humains constitueront un obstacle à son désir de régression. Au moyen de puissantes autopompes, ils libèrent un quartier urbain soigneusement délimité de l’eau qui le recouvre. Un tel acte apparaît sacrilège à Kerans:
    "A une vingtaine de mètres sous le canot, une allée grise s’allongeait entre les immeubles, toute droite, reste de quelques grandes artères d’autrefois. Les carcasses bossues de voitures rouillées stationnaient toujours sur les bas-côtés. Un cercle de constructions intactes et par conséquent peu embourbées, entourait la plupart des lagunes, au centre de la ville. Dépouillés de toute végétation, Si ce n’est quelques massifs de touffes de sargasses, les rues et les magasins avaient été entièrement préservés; tout cela ressemblait à un tableau reflété par un lac, qui, on ne sait comment, avait perdu son modèle original. La ville elle-même avait disparu depuis longtemps; les constructions bâties sur acier des centres commerciaux et financiers avaient seules survécu à l’envahissement des eaux. Les maisons en brique et les usines à un étage avaient totalement disparu sous les tapis de vase. Aux seuls endroits où elles émergeaient, des forêts géantes d’un vert morne et incandescent, s’élevaient dans le ciel, étouffant les champs de blé qui recouvraient autrefois l’Europe tempérée et l’Amérique du Nord. Forêts impénétrables du Matto Grosso, atteignant parfois une centaine de mètres de haut, monde de cauchemar où rivalisaient dans leur retour précipité vers un passé paléolithique toutes les formes organiques; les seules voies de transit pour les unités militaires des Nations unies passaient par cette série de lagunes qui s’étaient accumuées sur les cités anciennes. Mais ces passages eux-mêmes étaient maintenant submergés, après avoir été obstrués par la vase."
    Il finira par s’opposer au groupe et un seul désir subsistera dans sa tête: "aller vers le Sud et la chaleur intense et les lagunes submergées de l’Equateur."
    Peu à peu, une étrange métamorphose s’opère en lui. Il devient indolent, calme, étrange à nos yeux, comme l’iguane dont il prend progressivement les attitudes. Son psychisme se met à vibrer à l’unisson de la grande régression et se dirige successivement, traversant des strates de plus en plus profondes, vers son noyau primitif, l’archéo-cerveau ou cerveau reptilien. A la régression planétaire  répond la régression du héros. Elle n’est pas à considérer comme plongée autistique dans le monde de l’enfance mais quête douloureuse d’une identité propre. Bientôt le Monde englouti et l’homme Kérans, isolé en son moi primitif,  ne feront plus qu’un. Kérans ira se perdre au Sud.
    L’inimitable style de Ballard fait émerger des plages d’impression. Chaleur, humidité, touffeur et calme, puissance végétale sont les seuls états que le lecteur partage avec Kérans. Ballard, contrairement à de nombreux autres auteurs du genre, ne reste pas au niveau d’une description sensationnaliste. Pour lui, la catastrophe est prétexte à une approche phénoménologique des êtres. Coït de l’eau et du feu, le "Monde englouti" reste un chef-d’oeuvre du genre cataclysmique.
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  8. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: POSTERITAS Parution: 1939
    Le « Siège de Londres » relate la fin de la domination anglaise sur le monde et le désastre militaire que subit l’Angleterre à cause de l’incurie de ses gouvernants. Le parti conservateur au pouvoir fit place aux Libéraux, menés par le tonitruant Gladstone. Ces derniers, avec l’accord de tous, démagogues et tièdes à la fois, firent leur possible pour diminuer l’influence de l’Angleterre dans le monde sans jamais tenir compte d’aucun des signes annonciateurs du désastre. Ils dégarnirent les place fortes militaires en Inde. Ils signèrent des accords de bonne entente avec les Boers d’Afrique du Sud, qui ne les respectèrent jamais. En Afghanistan, ils comptèrent sur l’amitié indéfectible des Russes qui ne pensèrent qu’à les trahir. Les Irlandais, toujours opposés aux Anglais, obtinrent de plus en plus de voix au Parlement. Enfin, en Egypte, ils abandonnèrent leurs alliés à la vindicte des Arabes du Soudan qui,  de pillages en pillages, menacèrent gravement le pays. Ce faisant, les politiciens anglais mécontentèrent, et  leurs citoyens, confondus par cette politique extérieure catastrophique, et les Français, de plus en plus agacés par leur morgue :
    « En effet, un parti considérable en France criait qu’il fallait une guerre avec l’Angleterre, et il était évident qu’une telle guerre aurait été très populaire du côté du détroit français. La France jetait des regards d’envie vers l’Egypte, et ne se lassait pas déclamer contre la « perfide Albion », qui l’avait exclue des rives du Nil. Les journaux français, favorables à une rupture entre les deux pays, s’attachaient à démontrer la faiblesse de la marine anglaise à cette époque, et la réduction actuelle de l’ancienne armée britannique au-dessous de sa force normale. »
    Lorsque les Conservateurs arrivèrent à nouveau au pouvoir, le mal était fait. L’Angleterre, affaiblie politiquement et isolée, devint une proie facile pour la France qui noua des alliances objectives avec les autres nations européennes désireuses de se partager le gâteau.Les efforts militaires entrepris par le nouveau gouvernement dans ses colonies ne furent pas suffisamment dissuasifs, malgré la grande bataille du Transvaal que gagnèrent les Anglais. Alors que les Français préparent une flotte d’invasion à Cherbourg et Calais, les Russes avancent en Afghanistan. L’Espagne, irritée par la situation de Gibraltar s’unit à la France. Les Irlandais bougent de plus en plus.Malgré tout, la déclaration de guerre de la France à l’Angleterre ne désarçonne pas le gouvernement anglais, toujours persuadé de l’excellence de sa force maritime, d’autant plus que l’invasion tarde à se produire :
    «L’activité dans les ports, tout autour de la Grande-Bretagne, devenait étonnante. Le bruit des marteaux et des rivets était incessant. Portsmouth et Sheerness étaient une scène de tumulte et d’animation farouche. Dans toutes les stations les préparatifs recevaient une impulsion extraordinaire. A Woolwich des milliers d’ouvriers supplémentaires étaient engagés et les garnisons des côtes étaient renforcées. On rappelait les réserves navales : on augmentait la petite escadre du détroit de façon à former une flotte formidable, et une flottille de puissantes torpilles se trouvait prête en un temps incroyablement court. De plus, cinquante steamers magnifiques appartenant à des compagnies privées étaient remis entre les mains de milliers d’ouvriers pour être convertis en vaisseaux de guerre. »
    Aussi fut-ce un coup de tonnerre dans un ciel bleu lorsque les citoyens anglais apprirent conjointement la nouvelle de la bataille de Bristol et le bombardement de Douvres par deux canonnières. L’insurrection de la population irlandaise du Sud et enfin le débarquement d’un corps expéditionnaire de dix mille Français, une tête de pont,  dans le comté de Sutherland au nord de l’Ecosse, provoqua une énorme panique dans les villes anglaises où l’on décréta, sans plus attendre, la mobilisation générale. Le gouvernement Gladstone, revenu au pouvoir, fut renversé ; des émeutes populaires mirent la ville de Londres à sac :
    « La résidence officielle du premier ministre fut attaquée et réduite en ruines. Plusieurs membres du cabinet furent maltraités, et les gardes à cheval avec un grand nombre d volontaires chargèrent le peuple, réussissant à le repousser, non sans verser beaucoup de sang. La scène était horrible, et Londres n’avait jamais rien  vu de semblable. Les rues étaient partout teintes du sang d’hommes et de femmes massacrés. Bien des maisons dans le voisinage furent complètement détruites, et il n’y en avait pas une qui ne portât les traces de la grêle de balles dont la malheureuse populace avait été assaillie.
    A nouveau le haut commandement militaire s’était trompé: il avait laissé le nord du pays quasiment sans protection, ce qui permit aux Français, dès qu’une puissante force conquérante eût quitté Brest pour Douvres, de marcher sur Londres, afin de prendre la capitale anglaise en tenaille.La tête de pont écossaise constamment réapprovisionnée par des vaisseaux français légers et rapides, progressa rapidement jusqu’à la grande bataille de Plymouth, qui se déroula de nuit, à l’aide des lampes électriques. A Douvres, l’explosion des magasins de munitions provoquée par un Irlandais traître à la cause anglaise,  signa la défaite du Sud et fut la cause de la grande Terreur. En face du péril, les Anglais s’unirent comme jamais. Les Montagnards écossais du Nord ainsi que les citadins anglais du Sud s’apprêtèrent à combattre et à périr.Le massacre de la terrible bataille d’Assynt fut comme un avant-goût de celle d’Edimbourg. A Inverness, les Français s’emparèrent du fort Georges, qui devint citadelle d’appui pour leurs troupes. Les Montagnards écossais, retranchés dans la ville, livrèrent une défense farouche qui ne résista pas à la ruée des zouaves. Les Ecossais, voyant que tout était perdu, pratiquèrent la politique de la terre brûlée, livrant leur capitale aux flammes, la réduisant à un champ de ruines :
    « L’infanterie et l’artillerie de l’armée d’invasion se rendirent à la ville où elles entrèrent au Grass Market, et dans les rues autour de cet espace vacant, afin que le château fut menacé de là. Les sapeurs français en minèrent la grande porte, qui, par son explosion, redit l’entrée facile : mais, pour y arriver, il fallut passer devant des maisons d’où l’on jetait de grosses pierres et des pots de pétrole enflammé. Des femmes en sortirent, armées de couteaux et de haches, pour assaillir l’ennemi qui avait tué leurs pères ou leurs maris, leurs frères ou leurs fils. Les Français, tués et blessés, formaient ainsi dans les rues étroites des espèces de barricades. La boucherie était féroce, et il paraissait douteux que le château pût être pris au milieu de cet ouragan de feu et de mort. Bientôt, pourtant, les Français, par un élan presque frénétique, sautant sur les tas de cadavres, entrèrent dans le château et passèrent ses défenseurs au fil de l’épée quand ils eurent refusé de se rendre. »
    L’opposition politique anglaise se fit de plus en plus violente au fur et à mesure que les Français approchaient de la capitale. A Carlisle les deux armées françaises firent leur jonction. Les envahisseurs redoublèrent de vitesse, à marche forcée, car il importait que les faubourgs londoniens soient pris avant qu’il ne s’y amasse une trop grande concentration de troupes ennemies. A Derby, les Français tombent dans un piège, en conséquence la ville fut passée au fil de l’épée. L’armée du Nord souffrira beaucoup de cette résistance acharnée, désespérée. Elle établit enfin son camp à Hampstead, s’emparant de toutes les lignes de chemin de fer, vitales pour les Anglais.
    Pendant ce temps, à Londres, autour de la Tamise, s’était constituée une armée de cent vingt bataillons anglais, les Français bloquant l’embouchure du fleuve. L’attaque de Dulwich et de Hammersmith dura quinze jours durant lesquels les positions respectives des belligérants demeurèrent inchangées. L’on abattit les maisons de Chelsea pour faire place nette aux batteries, afin de casser un siège qui durait déjà plus de deux mois. La tour de Londres fut bombardée, et s’écroula. La bataille décisive eut lieu dans Green Park et Hyde Park, que les Français pilonnent sans relâche. Un brouillard intense aida un moment les Anglais qui manoeuvrèrent pour attirer les Français, méconnaissant le terrain, dans la « Serpentine », un petit lac, pour qu’ils s’y noient. Mais ce moment de gloire fut suivi par un ouragan de boulets, et par les charges sauvages des Dragons français. Cette contre attaque, qui dura six heures, brisa définitivement le moral des Anglais. Balayés par les zouaves, combattant à un contre dix, ils capitulèrent sans conditions.Les Français sont possesseurs d’un Londres transformé en monceaux de ruines. L’Angleterre, vaincue, cessa d’exister. L’Empire des Indes passa à la Russie, le protectorat égyptien, ainsi que Chypre, à la France, Gibraltar à l’Espagne. Les indemnités de guerre s’élevèrent à plus de trois cent cinquante millions de livres et la marine anglaise fut définitivement mise hors service. L’Irlande devint indépendante.
    Un court roman, l’une des nombreuses séquelles, conséquences de la « Bataille de Dorking ».  Les faits, relatés avec une précision journalistique, traduisent la crainte et l’angoisse de la Grande Bretagne en face de la montée des puissances continentales. L’accent est mis sur l’irresponsabilité des politiques, le but de cette guerre conjecturale étant de réveiller le peuple anglais de son illusion de toute puissance.

  9. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: André ARMANDY Parution: 1954
    Jean, étudiant en sciences biologiques à la Sorbonne, fait la connaissance de Claude, jeune fille dont il tombe éperdument amoureux. Elle cultive déjà une autre passion, celle de comprendre son maître à penser, le professeur Slansky, chercheur et biologiste réputé quoique méprisant envers le genre humain.
    Retenu à Bordeaux par le décès de ses parents, Jean se voit obligé d’interrompre ses études et de reprendre l’exploitation maritime familiale. Quant à Claude, venue revoir Jean à Bordeaux une dernière fois, elle s’embarque pour New-York avec le professeur Slansky dont elle est devenue l’assistante privilégiée. Après New–York, le tandem entreprendra des recherches dans les îles Marshall. Jean est meurtri par cette situation mais ne peut y remédier. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur il s’évertue à rendre agréable à Claude sa dernière entrevue en lui présentant son entreprise et en lui faisant faire la connaissance d’un vieux capitaine breton, Cloarec, qui a une énigme à résoudre, soit celle de la provenance d’un scarabée extraordinaire, à la carapace extrêmement résistante, et radioactif de surcroît.
    Ces petites bêtes semblent avoir été contaminées par l’explosion programmée d’un important stock de bombes atomiques disposées dans la fosse des Aléoutiennes. Les divers Etats, jouant plus ou moins franc-jeu, avaient pris la décision de diminuer le risque nucléaire en immergeant les bombes les plus nocives à cet endroit. Mais l’homme étant ce qu’il est, l’un des partenaires a triché. En faisant éclater ses bombes, il a provoqué un gigantesque raz-de-marée qui a balayé les îles polynésiennes en rendant toute la région radioactive :
    " Les îles Aléoutiennes, les plus proches de son foyer, avaient été les premières à lancer un S.O.S. désespéré, puis avaient brusquement cessé toute émission. Mais le désastre allongeait son rayon, élargissant ses ondes meurtrières et n’épargnant pas les bateaux. Bientôt les appels se croisèrent en réseau si serré qu’il ne fut plus possible d’en déterminer l’origine. Le formidable raz-de-marée balaya tout le Pacifique, ravageant tout sur son passage et laissant derrière lui d’innombrables victimes. "
    Un message angoissant de Claude appelle Jean à son secours. Elle se trouve en compagnie de Slansky sur l’île d’Uziran, située en plein périmètre touché, et interdite d’accès par les autorités maritimes. Grâce à Cloarec, et avec beaucoup de difficultés, Jean gagne l’île d’Uziran. Il y retrouve Claude et Slansky vivant dans une cabane où se poursuivent de mystérieuses expériences. Le professeur, qui n’aime guère être dérangé, admet la présence de Jean dont il suppose la venue liée aux réparations d’une antenne émettrice endommagée par le cyclone. Pour pouvoir survivre dans ces conditions hostiles, ils s’injectent un sérum mis au point par Slansky, destiné à neutraliser les effets de la radioactivité.
    Des rumeurs, des hurlements la nuit, des porcs sauvages dépecés, l’inquiétude manifestée par Claude,  autant de signes qui indiquent à Jean que l’île est cernée par des monstres mystérieux et dangereux qui sortent de la mer à la nuit tombée. Ce sont des êtres repoussants, amphibies et carnivores, des  mutants,  dont le développement est lié à l’augmentation de la radioactivité :
    " La lune qui l’éclairait de dos ne me laissa voir que sa silhouette. La description que m’en avait faite Claude me frappa par son exactitude : il tenait à la fois de l’homme et de la bête. De l’homme par la disposition de ses membres et sa stature verticale ; de la bête par la nature de sa peau, une sorte de cuir huileux qui luisait sous la lune, et surtout par sa tête : une énorme tête sans cou qui se rattachait aux épaules comme celle des taureaux. L’ensemble évoquait la silhouette de quelque gigantesque batracien. "
    Slansky, en en capturant certains,  se livre sur eux à des manipulations pour en faire des êtres supérieurs aptes à remplacer un jour l’humanité qu’il hait. Grâce à Josuah, serviteur noir gagné à la cause de Claude, Jean arrive à faire fléchir Slansky qui, finalement rendu à la raison, empoisonne les amphibies ayant servi à ses expériences et se décide à prévenir ses pairs de la menace que fait peser sur l’espèce humaine la radioactivité incontrôlée.
    Un récit dont les rapprochements avec " l’île du Dr Moreau" de Wells sont évidents. Les personnages, leur psychologie et motivations occupent une place importante dans le tissu du roman. Le mystère entourant la menace se lève progressivement alors que l’avertissement aux peuples sur les dangers du nucléaire est un lieu commun à l’époque.

  10. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: André CARPENTIER Parution: 1992
    Depuis longtemps, la « Visiteuse » profile son globe noir sur le ciel nocturne, occultant progressivement la lumière des étoiles. Pourtant sa nature, sa densité, sa marche erratique restent un mystère pour l’humanité. Subsiste une seule certitude : elle se dirige vers la Terre qu’elle détruira dans sa course :
    « La Visiteuse, obscure et gigantesque, d’un diamètre valant environ un dixième de celui du soleil, qui est donc près de mille trois cents fois plus volumineuse que la Terre, et qui fait son chemin dans la galaxie, est sur le point de rencontrer notre planète. »
    L’espèce humaine, ébranlée, a déjà fait son choix. Les savants, les techniciens, les positivistes, les fortunés sont partis, emportés dans la première « Exode », préférant observer de loin la catastrophe :
    « Nous sommes tenus dans l’ignorance presque complète de ce qui se passe sur le reste du globe, les communications sont rompues depuis des années. On ne compte plus… La fuite des élites avec le meilleur de la technologie a soudainement laissé les continents en ruine. Ici comme ailleurs tout se délabre. »
    Mais il ne s’agit que d’une infime minorité. Les autres, s’agglomèrent, s’enterrent, se battent, ou prient. De nouveaux « Pèlerins » apparaissent, qui dirigent une horde de plus en plus importante en marche vers Montréal, lieu mystique où, selon leur croyance, ils seront épargnés. Parmi eux,  les « Panthéistes » s’attendent au choc, car la Visiteuse est faite de roches dures disent-ils, alors que les «Rédemptoristes », cachés derrière leur mouchoir anti-poussière, croient en une survie possible, le bolide errant étant supposé former un nuage de particules qui épargnerait la terre en son ensemble.
    Le narrateur est père et écrivain. Au sein de la horde comme tant d’autres, il tient la comptabilité au jour le jour, des derniers faits et gestes d’une humanité moribonde, adressant ces lettres à sa fille Arduina, sa petite fille, qu’il entraîne à sa suite comme les quatorze autres membres de sa famille.
    Des assassins et des prêtres parcourent le troupeau, tuant pour les premiers, pillant pour les seconds :
    « Voilà sans doute pourquoi, en ce troisième jour de marche, on retrouve en tête de ce convoi d’espérance, des prieurs et des prieuses qui appellent sur leurs épaules de bure le poids de toutes les fautes du monde. Ils illuminent leurs visages d’une flamme inextinguible qui élève leurs prières. Leurs dieux sont multiples, mais ils ne s’adressent qu’à eux, soit par le cri ou par le silence, par la danse ou par la marche, par l’intermédiaire des éléments ou par leur seule foi. Garderas-tu en mémoire des images de tout cela, Arduina, ou feras-tu abandon de ce passé ? »
    Il racontera à Arduina comment sa famille se rétrécit inexorablement en laissant tantes ou cousins moribonds sur les bas-côtés de la route. En dépit de son angoisse grandissante et de sa culpabilité, il garde la foi du charbonnier dans l’espérance du miracle.
    Les journées, « plus noires que des nuits » s’écoulent rapidement. Les épidémies, les affections de la peau, le nombre d’êtres contrefaits augmentent proportionnellement à l’approche de la Visiteuse.  Sous un ciel enfin totalement noir s’allument soudain un peu partout de grands feux : ce sont les villes qui brûlent !:
    « Je ne sais plus ce qu’il faut croire ou faire, s’il faut cracher au visage des Apôtres de la Poussière pour mourir d’un coup sec, s’il faut moquer les pèlerins rédemptoristes et panthéistes, pour ne pas périr sans ironie ou s’il vaudrait mieux adopter la prudence crasse de la majorité silencieuse, celle qui sillonne les routes ou qui creuse des galeries en tous sens, qui attend… »
    A l’heure du grand choc, au moment décisif où les suicides collectifs atteignent une intensité inouïe, le narrateur s’aperçoit que la Visiteuse a épargné la terre. Elle ne l’a pas détruite, elle l’a a peine grignotée, la privant en surface de ses minerais de fer. Indubitablement vivante, composée de particules intelligentes, elle a su reconnaître la vie développée sur ce globe qu’elle s’apprêtait à détruire, l’épargnant pour disparaître à nouveau dans l’infini du cosmos.
    Arduina survivra, ainsi que son père, mais dans un monde profondément transformé :
    « (…) les grands édifices s’écroulent inexplicablement, les ponts, les pylônes, les restants de véhicules qui encombraient les rues s’émiettent et n’ont pas le temps de joncher l’île de bancs de poussière ; ces particules disparaissent mystérieusement en se mêlant à l’air.  Les Apôtres de la poussière triomphent sous les lunettes et le mouchoir. Leurs chefs visent maintenant les pleins pouvoirs sur la nation, leurs mercenaires commencent à se constituer en police… Qui sait ce que vous souffrirez sous leur emprise, Arduina, toi et tes enfants, si le monde ne périt pas!
    Une excellente nouvelle apocalyptique composée par un grand écrivain canadien.  Par une grande économie des moyens littéraires et un style irréprochable, utilisant notamment la technique du resserrement de l’action dans le temps, il analyse les nouvelles morales du désespoir, arrache les masques de l’hypocrisie chez l’homme en prise directe avec sa mort. Un récit intense et peu connu en France.