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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Le Meteore - Par BenF
A l’observatoire des « Monts maudits », dans les Pyrénées, quatre savants attendent des événements inquiétants. Les astronomes Blackbliss et Simpson, réticents à l’idée de céder à la panique, s’enferment dans leur laboratoire. Le jeune météorologue, Herrick Redern, en conversation avec Sophie Dupont, la passionaria de la Science métapsychique et sa mère spirituelle, se demande combien de temps il reste à l’espèce humaine avant d’être anéantie. Sophie Dupont prévoit en effet que trois « marées électromagnétiques », trois vagues létales pour la sensibilité et l’âme terrestres déferleront d’ici peu sur le globe :
« Dans trois minutes, Redern, la grande caresse somnifère passera sur nous. Pendant deux heures, la marée sera étale. Puis, une autre vague déferlera, puis une autre, et une dernière enfin, éteignant la vie par tranches successives, compliquant la torture physique des civilisations de la plaine par le martyr moral et l’épouvante. »
Envoyées par des Marsiens choqués par l’insensibilité et le matérialisme terriens, elles renverront au néant toute vie animale et humaine. Ses collègues, incrédules face à cette théorie, ne la feront pas changer d’avis :
« Voyez-vous, Herrick, si ces énergumènes m’avaient écoutée, nous eussions eu, ici, un train de cerfs-volants, muni d’un chapelet de nacelles contenant, chacune, un animal quelconque et un altimètre enregistreur, pour sonder les zones successives et mesurer l’épaisseur du fuseau des ondes meurtrières qui, d’heure en heure, enveloppent la terre de leurs tourbillons concentriques. »
Elle sait que les Marsiens provoqueront leur mort, en leur envoyant une paralysie physique et mentale, un vieillissement précoce de toutes les facultés, une corruption fulgurante de l’esprit :
« Devant l’incuriosité des terriens, ceux d’en-haut ont jugé que nous étions en parfaite décadence. Ils en ont conclu à un gaspillage, par nous, des forces universelles qui se concentrent dans les êtres pour l’action. En somme, ils ont décrétés l’originaire meurtre des vieillards. »
Ayant cru au malheur, elle seule sera en mesure d’y faire face grâce à un médicament de sa composition qu’elle injectera d’abord à Herrick, puis à elle-même. Lorsque le météorologue est atteint de plein fouet ,
« On eut juré que ce n’était plus le même être. Son dos se voûtait. Sous le poids du corps, ses jarrets faisaient une grimace géométrique. Mais ce qu’il y avait de plus impressionnant, c’était le ravage progressif de sa physionomie. Les muscles de ses joues étaient distendus. Sa lèvre inférieure(…) retombait, flasque comme la lippe d’un cheval fourbu. »
En se débattant, Herrick casse la seringue condamnant Sophie à mort. Il ne pourra plus rien pour elle au moment où la deuxième vague magnétique , à son apogée, enveloppe la terre, produisant une chaleur effrayante et une profusion de taches sur le soleil :
« Il s’agenouilla près du corps de Sophie Dupont qu’on eut déjà dit momifié. Il joignit les mains exsangues pour la prière éternelle. Il se pencha sur la sybille endormie, la baisa au front. Et il se redressa, s’inclina encore, en saluant, la main à la visière, comme lorsque l’on envoie par le fond, enveloppé dans un drapeau, le corps du marin péri en mer. »
Ouvrant la porte du laboratoire pour faire part de la triste nouvelle à ses collègues, il s’aperçoit que Simpson et Blackbliss, pris de folie, se sont entretués. Alors, comme possédé, il forge une nouvelle seringue, la remplissant du produit salvateur, s’étant rappelé que sa fiancée, Maria Pia, devait venir à sa rencontre à travers la montagne, avec un couple d’amis, Gonzalo et Juanita. Il bondit vers eux et, les trouvant inanimés, les rend à la vie :
« La bouche s’ouvrit, découvrant les dents petites et d’un pur émail. Et il y eut dans le soulèvement rythmique du buste, dans les mouvements des membres sveltes, une telle puissance de volupté que Herrick Redern se releva, épouvanté, comme s’il se méfiait de lui-même et que, dans ce monde renaissant, l’envahissait le désir impulsif qui dut cravacher le sens des primitifs à chaque fois que triompha l’espèce des cataclysmes qui modelèrent violemment, à travers les millénaires, la physionomie multiple de la terre.»
Il se dit qu’étant seuls survivants sur une terre vide, ils seraient de nouveaux Adam et Eve… et il se réveille ! Pris de boisson la veille, il s’était endormi et avait fait ce rêve effrayant. Mais lorsque Blackbliss, goguenard, vint lui raconter les nouvelles politiques du jour, Herrick pensera que la réalité est bien pire que le rêve et songera à se rendormir :
« Ecoutez donc !… La France a conquis l’Allemagne , sans coup férir, et les Allemands s’entrecogent à-qui-mieux-mieux, un vrai charnier, mon cher, parce que ces bougres-là ne peuvent pas admettre qu’il n’y ait pas de la bidoche en charpie partout où campent des soldats !… En Italie, fascistes et communistes se sont administrés, à Milan, une de ces peignées !…(…) La Lithuanie a envahi la Pologne !… Les Lapons déferlent en Russie ! (…) L’Angleterre est occupée par l’Irlande ! »
Une nouvelle dont la théorie de base, proche de celle des «spiritualistes », rend responsable de la décrépitude et de la mort la relation anthropocentrique que le psychisme humain entretient avec l’univers. L’anglomanie dominante rend irritante une lecture d’un texte gâché par son épilogue : tout ceci n’était qu’un rêve ! Un beau rêve pourtant qui débarrasserait la terre de tous les cacochymes haineux se faisant la guerre sur le dos de jeunes lesquels pourraient prendre à leur compte le titre d’un ouvrage de Champsaur : «Tuer les vieux, jouir ! »
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L'autoroute Sauvage - Par BenF
Vol.01. l’Autoroute sauvage, Fleuve noir éd. 1993, coll. "Anticipation (Métal) " N°1925 (1 ère éd. dans la même collection N°742), 1 vol. broché, in-12 ème , 190 pp., couverture illustrée par Florence Magnin. roman d’expression française.
1ère parution:1976
Gérald, jeune solitaire, plutôt doué pour rester en vie, a décidé à gagner le sud du pays en empruntant à pied les restes de l’autoroute A7 en une France post-cataclysmique. Immédiatement, il liquide trois " groupés " qui le visualisent sous la forme d’un bifteck :
" Je me suis retourné pour voir l’arc, et la flèche pointée. J’ai bougé, très vite, en lançant le couteau. La flèche n’a pas fait mouche, mais ma lame, si. Elle s’est enfoncée jusqu’au manche dans le cou de l’archer. Une fronde tournoyait en sifflant. Flexion du buste, jet du deuxième couteau. Une bille d’acier a ronflé pas bien loin de mon crâne. Le frondeur hoquetait, en crachant des bulles de sang. "
En passant, il sauve la vie d’Annie, jeune fille intrépide et décidée dont il tombera malgré lui éperdument amoureux. Elevé par Jo, mort récemment de " la peste bleue ", maladie épidémique responsable de la désertification du pays, Gérald n’a aucun projet précis, sinon celui de rester en vie. Aussi la proposition d’Annie qui souhaite gagner Paris, ne lui convient pas. Ils lieront aussi connaissance avec Thomas, un autre solitaire qui deviendra plus tard leur ami. Mais le jeune couple se fera bêtement surprendre par une bande de fanatiques pseudo-religieux menée par un sadique. Ses agissements avec la petite Rose pousse Gérald à se surpasser. Annie, à l’aide de son arc, aussi efficace que le garçon avec ses couteaux, permettra au couple de s’extirper de leurs griffes.
La jeune fille n’a pas abandonné son idée fixe, se rendre à Paris pour y chercher un dossier donnant les indications d’un remède à la peste bleue. Originaire de l’île de Porquerolles où réside encore sa famille avec une poignée de civilisés, Annie, après son détour urbain, consentira à suivre Gérald en direction du sud. En ronchonnant, le jeune Solitaire se décide enfin à changer de direction :
" Tu sors d’où ? D’une autre planète ? Une grande ville, ça veut dire des poches de gaz hallucinogène, de gaz paralysants, des mares de bactéries, des floppées de rats. Les rats. Au moins ça, tu connais, non ? Ca véhicule la peste bleue, les rats, figure-toi. Une grande ville ! Rien à bouffer, parce que tout ce qui vit là-bas risque d’être infecté, et rien à boire, parce que même la Seine doit être dangereuse sur ses bords, là où il reste parfois de l’eau stagnante. Et je ne te parle pas des égouts. Un paradis de bactéries, et chaque fois qu’il pleut, ça dégorge dans le fleuve. (…) Tout est tombé sur les grandes villes. Absolument tout. Sauf la bombe atomique, parce qu’ils craignaient de détruire la Terre, mais ils l’ont détruite, quand même, d’une autre façon ".
La traversée vers le nord est animée. Dans une propriété déserte, Gérald victime d’un accident, balancera entre la vie et la mort. Sans le dévouement d’Annie, il n’aurait pas survécu. Plus loin, dans la région de Nemours, près du village de Souppes, devant une propriété fortement défendue, ils découvrent un homme supplicié, entortillé dans des fils de fer barbelés. C ‘est Thomas, victime d’un Seigneur de la guerre. Ils le délivrent. Après avoir réglé son compte au chef indigne, ils poursuivent vers Paris. L’entrée en ville est périlleuse ; des dangers innombrables guettent le petit groupe :
" La ville, c’était quelque chose ! De chouette ! Une accumulation de squelettes invraisemblable. L’ossuaire dans toute sa beauté. Des os, on en avait déjà croisé pas mal, en traversant la banlieue. Mais là, ça dépassait les bornes. Ils étaient partout. Affalés sur les trottoirs, étalés sur la chaussée, entassées derrière les vitres brisées, enfermés dans des carcasses de voitures. Des fois, ça tenait ensemble, des fois, c’était éparpillé comme par la patte d’un chat. On bousculait des crânes, on repoussait des cages thoraciques, on piétinait tibias et fémurs. "
Suivront une poche de gaz hallucinants place Denfert-Rochereau qui manque de détraquer Gérald, la pollution de la Seine, les rats, et surtout une nouvelle forme de vie mutante, une sorte de gelée animant des squelettes. Ils retrouvent cependant le dossier dans le petit appartement de la rue Croix-des-Petits-Champs, ne songeant qu’à quitter au plus vite les lieux. Une dernière rencontre avec des survivants retournés à l’état de bêtes sauvages les fera encore frémir :
" Ils ont surgi des buissons, de derrière les arbres, de l’abri d’une statue. Quinze ou vingt, peut-être. Mâles et femelles. L’une d’entre elles portait une petite horreur grise et déjà chevelue accrochée à son sein. Ils se ressemblaient comme des pois dans une cosse. On les différenciait plus par la poitrine que par le sexe enfoui dans une floraison de poils. Des yeux. Sans une lueur d’intelligence. Ca exprimait deux choses : la peur et la faim. Ca grondait, les dents à nu, mais sans oser attaquer."
Après la porte de Vanves, Annie disparaît mystérieusement. Gérald perdra beaucoup de temps à la chercher, en vain. Le cœur brisé, il suivra Thomas en direction du sud. Mais, ayant trop tardé, ils seront surpris par l’hiver glacial dans le massif Central. Sans Bernard (St Bernard ?) et son groupe, ils seraient morts de froid.
Requinqués au sein d’une ferme accueillante, ils laisseront passer la mauvaise saison avant de repartir. Arrivés en face de l’île de Porquerolles, ils allument, comme prévu, un grand feu pour signaler leur présence. Une surprise divine attend Gérald : c’est Annie elle-même qui vient à sa rencontre. Enlevée par une bande de lesbiennes, elle avait finalement réussi à se dégager de sa captivité pour rejoindre toute seule sa famille. Fous de joie, l’une à l’idée que le dossier a bien été récupéré, l’autre à l’idée de retrouver sa campagne, nos deux tourtereaux prendront un long repos dans cette île bénie des dieux.
Un roman post-cataclysmique d’une grande efficacité où l’intrigue linéaire rebondit constamment en actions diverses, sans que le lecteur ne puisse reprendre haleine. Servi par un style descriptif qui privilégie décor et comportement, "l’autoroute sauvage " donne un second souffle, de par sa nouveauté, à une collection vouée à l’immobilisme.
Vol. 02 : la Mort en billes, Fleuve Noir éd., octobre 1994, coll. " Anticipation (Métal) " N° 1710 (1 ère éd. dans la même collection N° 772), 1 vol. broché, in-12 ème , 219 pp. couverture illustrée par Florence Magnin. roman d’expression française
1ère parution: 1976
Peu à l’aise sur l’île de Porquerolles, Gérald se voit confier une mission par le père d’Annie, consistant à contacter le groupe de Bernard vivant dans le Massif Central, près d’Ambert, et à le convaincre de se réfugier dans l’île qui a un besoin essentiel de techniciens et d’ingénieurs.
Dans la même foulée, il pourra aussi tester le remède contre la peste bleue, mis au point à partir du protocole rapporté de Paris. Thomas et Gérald se remettent en route et sauvent de la mort la petite (et insupportable) Marie-Thérèse, dit MariThé, de " la mort en billes ". Se reposant au bord d‘une rivière, ils se font voler le remède par Axel, un solitaire, mis au contact de la maladie. Heureusement, Axel, rejoint par le groupe, est de bonne composition et deviendra leur ami. Lorsque Axel et Thomas se feront capturer par une dangereuse bande de " groupés ", c’est lui qui conduira MariThé auprès de Bernard.
En attendant, le sort de Thomas et Gérald n’est pas enviable. Les groupés, adeptes du cannibalisme, les enferment dans le garde-manger auprès d’autres " moutons :
" -On prend celui-là, a décidé Bec de vautour.
-D’ac, a accepté Rougeaud.
Ce choix a fait exploser Pleine lune en cris stridents. Un porc à l’abattoir. Et il s’agissait de ça, tout juste. Rougeaud a tranché le licou noué à un anneau, pris l’extrémité de la corde en main, tiré un coup sec, et entraîné Pleine Lune en l’étranglant à moitié. Bec de vautour activait le bestiau en cinglant vigoureusement ses fesses charnues.
Ils sont sortis. La lourde porte s ‘est refermée, sans éteindre les clameurs suraiguës de Pleine Lune. Elles se sont intensifiées, au contraire, vibrantes à crever les tympans, puis se sont interrompues net. "
Bien que nombreux, ils auraient dû se méfier davantage de Gérald. Se libérant, nos deux héros exécuteront sans pitié la bande de cannibales, puis, laissant les moutons organiser leur propre société, ils reprendront la route vers le Massif Central jusqu’à leur rencontre avec Jean-Pierre, un soldat, dont l’hélicoptère se pose à leurs pieds. Jean-Pierre est originaire de Suisse, du canton de Vaud, où subsiste encore une force organisée. Sous la férule des militaires, les Suisses ont mieux résisté à la catastrophe et Lausanne connaît une vie civilisée. Le jeune militaire, en mission d’exploration, apprécie le fait que Gérald possède un remède contre le mal et souhaite ramener sans attendre les deux solitaires à Lausanne auprès de son chef. Malgré la méfiance légitime existant entre les deux partis et leur culture si différente, le général suisse, témoignant de sa confiance en Gérald et Thomas, commande à Jean-Pierre de les mener par la voie des airs, le plus rapidement possible, vers Bernard. Hélas ! le crash de l’engin à cent kilomètres du but oblige les trois alliés à parcourir à pieds le chemin restant, en traînant Jean-Pierre gravement blessé, dans une nature hostile, où abonde la mort en billes ou " gelée ".
Ils toucheront non sans peine à leur but et, à peine remis, avec Bernard et son groupe, ils reprendront sans désemparer et à cheval, la route du sud. Un trajet cauchemardesque où ils affrontent les mutants transparents qui, se multipliant par scissiparité, augmentent en nombre. Quoique lents, ceux-ci demeurent redoutables car obstinés, et semblent indestructibles. A bout de forces, les humains atteignent enfin la côte en face de l’île. Prévenus par les Suisses, qui y avaient déjà dépêché un hélicoptère, les insulaires viennent chercher les immigrants en bateau. La victoire fut totale pour Gérald lorsque, par hasard, il découvrit le point faible de la gelée : elle explosait lorsqu’on y boutait le feu !
Vol. 03 : l’Ile brûlée , Fleuve Noir éd., 1 er trimestre 1979, coll. " Anticipation " N°910, 1 vol. broché, in-12 ème , 219 pp. couverture illustrée par Young Artists. roman d’expression française.
1ère parution: 1979
Gérald et Thomas retournant à Porquerolles découvrent l’étendue du désastre : toute l’île a été brûlée et les implantations humaines anéanties par ceux qu’ils appelleront plus tard " les Cracheurs de feu ", en provenance de la côte tunisienne.Grâce à leur ami, le général suisse, un groupe comprenant Alex, Thomas et Gérald, se fera parachuter au-dessus du territoire ennemi. Immédiatement capturés, ils seront confrontés à une jeune femme télépathe, mutante de la peste bleue, meneuse des Tunisiens et désireuse d’expansion territoriale.
Avec constamment un temps de retard dans leur prévision, Gérald et Thomas seront libérés par Gamal, un télépathe mâle, originaire de " la Démence ", région désertique bourrée d’insectes et de plantes aux pouvoirs étranges et souvent mortels. Là, après un nécessaire temps de repos, ils affronteront à nouveau les Cracheurs de feu pour libérer Alex et Annie. Par l’entremise d’un vieux savant, prisonnier lui aussi, qui a réussi à contrôler la gelée , l’expédition est couronnée de succès. Annie, localisée et Alex récupéré, s’ensuit le chambardement systématique de la base, la fuite vers la Démence sans que les Cracheurs de feu, désorganisés, n’aient rien pu empêcher. Les forces suisses prévenues par Gamal, règlent définitivement et sans pitié le sort des pirates en trois jours. Tandis que Gérald blessé récupère à Lausanne en rongeant son frein, Annie rejoint Porquerolles où les survivants se réorganisent.
" L’île brûlée " constitue le troisième et dernier volet du cycle de " l’Autoroute sauvage. " Toujours aussi vivant et coloré, le récit, sans prétention, se lit agréablement à cause surtout de la technique narrative du monologue intérieur attribuée à un Gérald gouailleur.
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La Fin Du Monde - Par BenF
Une pièce en trois actes et quatre tableaux qui met en scène le Seigneur, fatigué de l’impertinence et de la cruauté des humains. Durant le jugement de Jeantilou, un condamné à mort décapité à tort, défendu par l’ange Patifol, Grégoire, ex-souverain Pontife, et le Suicidé, ex-professeur de philosophie, attendent leur tour, ce qui met le comble à l'irritationde Dieu :
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Miasmes De Mort - Par BenF
A Paris se présente une situation invivable. Des milliards de mouches, de l’espèce Calliphora Vomitoria Sarcophaga (mouches bleues et mouches à viande), en provenance de tout l’hexagone, ont envahi le ciel de la capitale. Elles constituent un danger mortel pour les Parisiens au moment même où la ville est mise en quarantaine :
" Fou de peur, l’homme se giflait de toutes ses forces pour chasser les diptères. Son visage était à présent couvert d’une purée visqueuse, broyat d’abdomens et de lymphe. Une terreur innommable le liquéfia. Celle qui devait hacher les tripes des premiers humains au moment où les mandibules des insectes géants qui peuplaient alors la planète se refermaient sur eux pour les déchiqueter. Il ouvrit la bouche pour hurler sa détresse et un nuage de mouches s’y engouffra. Elles se frayèrent un chemin vers les poumons et les viscères afin d’y pondre leurs larves à charogne. Quand il la referma, mâchant la bouillie vibrionnante qui lui engluait la langue et le palais. Mornier disjoncta. "
Des chars ont pris possession aux divers points d’accès de la cité pour empêcher toute évasion désespérée. Des hélicoptères sillonnent le ciel larguant régulièrement des paquets de Di-Phényl Benzène, insecticide plus puissant que le D.D.T. Les Parisiens sortent la nuit, et en scaphandre, pour éviter d’être dévorés vivants :
" Le son s’enfla soudain dans un crescendo à l’aigu insoutenable. Le convoi venait de pénétrer dans l’œil du cyclone. Au même instant, un formidable crépitement grêla les tôles. On aurait dit que des millions de petites billes d’acier se déversaient sur le wagon. Tous les regards convergèrent vers le plafond et ces yeux reflétaient une atroce terreur. Ceux qui ne l’avaient pas encore fait enfilèrent fébrilement leur heaume et réglèrent le respirateur.
-Les mouches, dit simplement Sherman. "
C’est dans cette ambiance de fin du monde que les détectives Sherman et Silvani cherchent une piste, supposant qu’un tel fléau ne peut avoir une origine naturelle. Aucun indice ne sera négligé, même le vol dans un obscur bureau du palais de justice de Dijon, d’un embryon dans le formol, ancienne pièce à conviction d’un crime particulièrement horrible commis en son temps par un prêtre défroqué :
"Le bac mesurait un mètre cinquante de longueur sur soixante centimètres de hauteur et quarante de profondeur. Empli d’un liquide rose, légèrement luminescent, il s’irisait régulièrement de fulgurations mauves. Un fœtus, recroquevillé, se balançait tout doucement dans le faible courant généré par la différence de potentiel électrique. Son corps, presque translucide, laissait apparaître sa fragile ossature. Ses longues mains brassaient le liquide amniotique."
Les voleurs ont signé leur forfait de quatre lettres hébraïques, le Beth, le Zaïn, le Vau et le Tau, ce qui s’interprète comme " Baal Zevoth ", autre formulation pour "Belzébuth ", le " 666 " ou le " chiffre de la Bête ". L’affaire sera mise en relation avec une autre où apparaissent les mêmes lettres.
Entre temps, le deuxième fœtus volé est acheminé à travers les égouts de Londres vers sa destination où il sera branché sur le réseau électrique. Immédiatement, des nuages denses de mouches se rassemblent car le Baal Zevoth est le catalyseur par lequel s’installera le règne de la " Bête ". Sherman est invité à la conférence du professeur Morasse, grand spécialiste des diptères. Il fait la connaissance de Tara, la femme du professeur, qu’il croit impliquée en cette ténébreuse affaire. En réalité, Tara est un agent double au service du 2 ème Bureau et sera éliminée par les dévôts du "Baphomet ", le grand organisateur de l’apocalypse, tandis que Sherman, livré aux mouches, est à deux doigts de périr :
" Il sembla à Sherman que le son diminuait en même temps qu’un liquide visqueux dégoulinait de ses oreilles. Il comprit. Les larves. Sarcophagas et Calliphoras pondaient par rafales, lui emplissant tous les orifices du corps. Le caviar blanc ruisselait au coin de ses lèvres, recouvrait ses paupières, emplissait toues ses cavités. Le privé s’efforçait de n’ouvrir les yeux que par brefs instants. Malgré cela il pleurait déjà des centaines de millions d’œufs. "
A l’origine de l’affaire se situe le Baphomet, un magicien noir, le " Seigneur des mouches " qui espère provoquer l’arrivée d’un nouveau règne dès la chute des " babylones modernes ".
A Londres, Sherman et Silvani, encadrés par des troupes de choc, recherchent le foetus maudit dans les égouts. La lutte avec les disciples du Baphomet est âpre mais aussitôt le monstre éliminé, les mouches cessent toute activité au-dessus de la ville. Lord Humphrey Hupsdrick (HHH) est l’un des complices du Baphomet, chargé d’engrosser la jeune vierge Fiona, en vue de continuer l’action entreprise :
" -Mais les temps sont venus, continuait la fille, enflant la voix comme un animateur de reality-show. Après le Big Bang, le Big Crunch approche. Après l’expansion, ce sera la Grande Récession. Les mouches vont détruire l’homme. Puis elles seront exterminées par les fourmis et les fourmis succomberont à leur tour sous la masse des termites. L’imago rejoindra la nymphe et la pupe rentrera dans l’œuf. Toute vie retournera dans le sein de Mère. Après s’être dilaté, l’espace se contractera. Ce qui était infini redeviendra de la taille d’un point.
-Amen ! baîlla Sherman, à qui elle commençait à casser les burnes. Et c’est le Baphomet qui doit réaliser les projets de ta Mère machin ? "
Il n’en aura pas le temps et sera éliminé par Sherman. A Paris, le désastre est déjà tellement prononcé qu’il faut un moyen radical pour se débarrasser du Baal Zevoth, soit inonder la totalité des égouts de la capitale. L’action sera couronnée de succès puisque, là aussi, les mouches abandonnent la ville. In fine, le fléau est éradiqué … mais le Baphomet court toujours.
Un récit policier qui repose essentiellement sur des effets "gore ", en un style paroxysmique, par ailleurs, savoureux.
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La Terre, avant le jour de « l’Horreur », qui a lieu, chaque année, en septembre. Des maisons détruites, des ruines, une humanité réduite à sa plus simple expression, plus aucune naissance et, partout dans le monde, des forteresses étranges formées de cubes, de cônes, de pyramides, qui brillent de mille feux :
" Derrière un rempart scintillant s’élevaient des rangées de structures d’un éclat pur, aveuglant. Force brute? ? Energie rudimentaire ? Maddox s’abrita les yeux devant ces fontaines étincelantes, ces collines d’essence lumineuse, ces éblouissants nimbus géométriques, ces voiles de lumière indolents qui flottaient d’une mince flèche à l’autre. Il brava cette impudente splendeur, et put distinguer d’immenses cubes verts, des pilônes oranges gracieux élancés, des pyramides émeraude, de miroitants obélisques gris qui paraissaient trompeusement contenir les partis les plus solides de la ville. "
Tout ceci est l’oeuvre des «Sphères», sortes d’entité immatérielles qui ont envahi le monde il y a dix ans déjà, détruisant l’espèce humaine en s’adonnant aux rituels de la «Chasse» (humains poursuivis et mis à mort de façon aléatoire) et de la «Sélection» (notamment celle des enfants et des femmes enceintes). Chaque année, à la même date, le ciel se couvre d’une «grille» lumineuse et les humains exposés sont pris par d’atroces souffrances, croyant apercevoir un soleil étrange qui les brûle jusqu’aux tréfonds de leur être :
" Une bourrasque arracha les volets. Par la fenêtre, il vit le soleil, un disque de lumière tamisé à l’éclat terni qui tremblota, s’éteignit comme il le regardait. Et, à sa place, se gonfla une gigantesque boule d’un feu violent, surnaturel, qui parut aspirer les éléments de la Grille, se nourrir de leur essence pour enfler encore et lancer des vagues de nausée et de chaleur toujours plus terribles. "
Pour Maddox, le dernier commandant terrien et son petit groupe de soldats, il ne s’agit pas d’une illusion : c’est bien un soleil extraterrestre qui luit et vers lequel la Terre, étrangement attirée sous l’impulsion des Aliens, semble vouloir se diriger :
" Et chaque fois, l’interrompit Uhlrich, il a été remplacé par une énorme boule d’un éclatant feu d’enfer. C’était le soleil coexistant qui amènera inévitablement la mort de la race humaine. Il émet des rayonnements dans un spectre dont on ne connaît pas d’autre exemple. Il stimule directement les centres de perception du cerveau. Il provoque la Seconde Vue, ou Vision Pénétrante. Il brûle, il s’enfonce dans les chairs, nous ne pouvons nous cacher. Imaginez ce qui arrivera quand nous y serons complètement et définitivement exposés, au lieu de le supporter seulement quelques secondes par heure. "
Cependant, la psychologie des Sphères reste mystérieuse et il n’est pas envisageable de les abattre avec nos armes. La lutte devra se poursuivre sur le plan mental car les Sphères réagissent à l’inconscient des êtres humains en se servant d’une substance de base, immatérielle, le « Psychon » qu’ils modulent à leur guise. Maddox hérite de deux anneaux, objets extraterrestres, récupérés lors d’un raid dans l’une des forteresses. Il s’aperçoit que le fluide mental du Psychon s’écoule de ces anneaux et il apprend à son tour à contrôler le flux jusqu’à en faire une arme décisive à opposer aux Sphères. L’urgence en est absolue puisque le prochain jour de l’Horreur chassera définitivement la Terre hors du système solaire provoquant l’extinction totale de l’humanité.
Comme si cela ne suffisait pas, Maddox et les siens doivent aussi lutter contre les agissements de Gianelli, sorte de maire auto-proclamé d’un village humain, jaloux du pouvoir du commandant, et contre une secte de fanatiques, les tenants du «Jugement dernier» , adorateurs des Sphères. En dominant le Psychon par un entraînement assidu qui doit les purger des scories de l’inconscient, Maddox, Linda et Edie entraînent un petit groupe de soldats.
Le temps presse. La forteresse à base de Psychon qu’ils arrivent à élever les protège de justesse contre les forces de la haine alors que débute l’ultime jour de l’Horreur. Une seule possibilité subsiste encore pour éviter l’innommable : empêcher les Sphères d’accomplir leur œuvre de mort, en détruisant toutes les forteresses étrangères répandues sur le globe. Pour cela il leur faudra acquérir les pouvoirs de télékinésie et de translation que seule domine pour le moment Edie. Sur le point d’échouer, Maddox fait une découverte fondamentale : les anneaux qui s’agrandissent à volonté sont capables de projeter leur propriétaire soit dans le passé, soit dans le futur.
Plus aucune hésitation n’est permise. Maddox et Edie traversent les anneaux…. pour se retrouver en un endroit étrange de l’avenir de la terre, en face d’une cité lumineuse, entièrement constituée de Psychon, façonnée par les humains, à côté de statues les représentant, tandis qu’une foule immense vient à leur rencontre. Les Sphères ont disparu de notre monde en laissant à l’humanité renaissante des pouvoirs supérieurs dans la manipulation de l’esprit, dont la télépathie et la domination mentale sur la matière.
Un roman curieux dont l’action passe par la confrontation entre forces psy, et description de formes de vie radicalement irréductibles aux nôtres. Il n’est pas sans rappeler le « Grand Silence » de Silverberg ou la « Terreur grise » de J. Hunter Holly.
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Nancy Kearns, une femme-médecin, participe à une expérience de simulation de guerre nucléaire. Avec ses deux compagnons, Dave et Farman , elle est prête à passer trois mois sous terre dans un abri anti-atomique pour y tester son efficacité. Même l’explosion est simulée pour que les résultats soient les plus proches de la réalité. L’expérience prend une tournure inattendue. Au sortir de l’abri, tout autour d’eux, le paysage est méconnaissable, ravagé, soit un désert de sable pulvérulent s’étendant là où l’on trouvait des montagnes, des lacs, en cette région de Californie, proche de San Diego. Quelque chose s’est passé. Mais quoi ? Un cataclysme formidable et surprenant, une sorte de secousse tellurique intense a fait basculer dans la mort le monde entier, semble-t-il, sauf eux trois, préservés par l’abri anti-atomique.
Pas pour longtemps en ce qui concerne les deux hommes. Une puissante voiture jaune surgie de nulle part et animée d’intentions malveillantes, tente de les écraser en fonçant sur eux. Nancy ne doit la vie sauve qu’à l’arrivée inopinée d’un chevalier servant, Mickael Dobretsko, qui, avec sa Mercedes blindée et ses mitrailleuses bricolées, pulvérise l’agresseur. Nancy apprend de sa bouche que le monde a basculé dans l’horreur depuis quelques mois déjà , qu’il ne subsiste plus ni villes ni sociétés, et que seuls de pauvres groupes humains survivent avec difficulté dans le désert qu’est devenu la terre (et surtout cette région).
Mickael, est un solitaire qui ne désire pas s’attacher à Nancy. Il l’emmène dans le clan de James Rabek, son ami, lequel saura sûrement utiliser les compétences en médecine de la jeune femme. Nancy, réticente car déjà secrètement amoureuse de Mickael, se rend à l’évidence : elle sera davantage en sécurité dans le clan de Rabek où le bon géant McGinn veillera sur elle. Les hostilités perdurent ; la bande adverse, celle de Garush, ne cesse de harceler Rabek. A l’intérieur même du clan , Scott Trévor un psychopathe lâche et veule, se révélera être un ennemi pour Nancy. Le danger le plus terrible reste celui que font planer les voitures jaunes, les " autos de l’apocalypse ", venues d’on ne sait où, sans conducteur, animées d’intentions meurtrières à l’égard de tout ce qui bouge. Mickael veut connaître leur origine. La bande de Garush étant finalement décimée par les véhicules assassins, il profite de cette opportunité pour en capturer un. En l’examinant, il s’aperçoit qu’une série de micro-caméras disposées autour de la carrosserie, enregistrent tous les mouvements et gestes alentour. La voiture semble télécommandée car , lorsqu’elle manque d’essence, elle abandonne le combat, pour retourner dans son repaire. Mickael, avec Rabek et Nancy (celle-ci s’impose à la place de McGinn), décident de la suivre. La poursuite les entraîne sur un ancien site industriel, encore en parfait état de marche où des chaînes de montage robotiques construisent et réparent les voitures jaunes. Celles-ci, lorsqu’elles sont prêtes, partent commettre de nouveaux assassinats.
La clef de l’énigme réside dans la personne d’un ingénieur électronicien , présent sur ce site et rendu fou par la catastrophe. Affichant une haine féroce à l’égard de tout ce qui reste en vie, il a reprogrammé les chaînes de montage dans un but meurtrier. Mickael met fin à l’aventure du dément. Peu à peu, la vie reprend comme autrefois (si l’on peut dire), avec une petite différence toutefois : c’est avec Nancy que Mickaël sillonnera dorénavant les solitudes désolées.
Un roman parfois naïf parfois original par son inventivité et qui distille une angoisse sourde en un suspense bien dosé. Il n’en faut pas davantage pour lire sans ennui ce livre, témoin de la peur d’un machinisme incontrôlé.
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La Fin Du Monde (Renez) - Par BenF
Jean Novalic personnifie le Christ en croix dans le cadre d’une représentation théâtrale à laquelle assiste son frère astronome Martial Novalic, Geneviève de Murcie et son père, astronome également, ainsi que Schomburg, un banquier peu scrupuleux, et sa maîtresse Isabelle. Jean Novalic a la tête de l’emploi : pénétré des misères humaines il avait écrit un ouvrage prophétique, que peu de ses contemporains ont lu, « le Royaume de la terre », dans lequel il pointait l’amour universel comme moteur de l’évolution humaine. Attitude philanthropique que méprise Schomburg, véritable Satan incarné, qui convoite Geneviève:
« Schomburg avançait lentement, mais sûrement. Le poison versé grossièrement par Isabelle, il le versait, lui, goutte à goutte, et cette distillation du venin agissait sur Geneviève, qu’il prenait peu à peu par le rire. Elle riait follement des propos malsains qu’il murmurait à son oreille, le regardant, elle le comparait à ces belzebuths de pierre que les sculpteurs du moyen âge mettaient en gargouilles sur le toit des églises. Il était vraiment satanique, et Geneviève trouvait une volupté malsaine à se voir désirer.»
Le père de Murcie, s’apercevant du manège, jaloux de la réputation de Martial Novalic qui a eu le prix Nobel, propose Geneviève à Schomburg. Elle, qui n’a d’yeux que pour Jean, hésite devant l’hommage du banquier qu’elle sait intéressé.
Pourtant, la situation internationale ne prête pas à rire. Partout des bruits de bottes confirment l’horreur d’une guerre mondiale future dans laquelle les Chinois seraient principalement impliqués comme agresseurs :
« Les quatre cavaliers de l’Apocalypse cavalcadaient, farouches, et derrière eux, des milliers de cadavres échappés du néant suivaient, agitant leurs suaires ou se démenant dans des uniformes en lambeaux et leurs figures spectrales grimaçaient hideusement ; cette marée funèbre, grandissant peu à peu, envahissait l’inscription terrible et fugitive annonçant la révolte de neuf cent millions d’hommes prêts à la course à la mort. »
Schomburg est aux anges. Avec Wester, un autre banquier douteux, il prend des options sur une vente importante d’armes, les deux complices étant assurés de s’enrichir énormément :
« Les deux banquiers échangèrent un sourire. Cela marchait fort bien ; la tourmente allait s’abattre sur le monde, les cadavres s’entasseraient et, pour arriver à ce charnier, il fallait des munitions. La banque allait retrouver les heureuses heures de jadis ; on allait jongler avec les vies humaines pour entasser des flots d’or. Crève l’humanité, pourvu que les coffres-forts engouffrent l’or ! La Banque est internationale, elle est sans patrie, car le capital est universel, et c’est à cette preuve qu’il appartient de droit. »
Alors que Jean survit misérablement dans une soupente, trahi par ceux auxquels il a fait du bien, y compris par Geneviève, qui, fascinée, s’acoquine avec Schomburg, survient un événement imprévu et dramatique qui va modifier les situations. Martial Novalic détecte l’arrivée d’une énorme comète :
« Le noyau opaque de cette comète me paraît être sept fois celui de la Terre ; la longueur de sa chevelure, de trois cent millions de kilomètres. L’analyse spectrale me l’a montrée baignant dans le protoxyde d’azote et l’oxyde de carbone. Elle sera distincte à l’œil nu dans un mois et heurtera la Terre dans cent quatorze jours, sept heures, vingt deux minutes et sept secondes. »
Ses calculs – dont tout le monde savant se gausse en les prétendant faux- sont sans appel : l’évenement dramatique aura lieu et il ne reste que cent jours pour en tirer toutes les conséquences. Schomburg est furieux. L’annonce de la fin du monde fait passer au second plan les guerre dont il espérait tirer profit. Après avoir violé Geneviève, il se dresse contre Martial pour le discréditer. Ce dernier, en rendant visite à Jean, s’aperçoit de l’extrême misère de son frère et lui donne une forte somme d’argent que le prophète utilise pour répandre ses visions d’amour sur tous les supports médiatiques possibles :
« Si tu as besoin de mes écrits, puise dans ces manuscrits qui sont les gardiens fidèles de ma pensée. Si tu as besoin de ma présence vivante et de ma parole, l’industrie moderne t’en donnera les moyens. L’argent que tu m’as envoyé m’a été précieux pour mon œuvre. Voici des disques de phonographe, le verbe ; voici des films impressionnés, la présence vivante. Même, moi disparu, mon action peut s’exercer sur l’humanité. »
Devant les attaques de Schomburg, Martial réagit. Il convainc Wester, l’ancien allié du banquier, de l’imminence de la fin des faibles et de la survie des forts. Il lui demande de mettre son argent à la disposition du Bien et, incidemment, de ruiner Schomburg. Ensemble, ils construiront une organisation mondiale dans laquelle une dizaine de relais autour de la planète seront chargés de propager les idées généreuses et fraternelles de Jean Novalic. La tour Eiffel leur servira de relais de communication principale jusqu’à l’arrivée de la comète.
Bientôt, l’agitation gagne le monde entier :la comète devient visible à l’oeil nu :
« Les gens campaient dans les rues. La visibilité de la comète se faisait de jour en jour, elle était devenue des trois quarts de la grosseur du soleil et présentait une teinte verdâtre. Un grondement sourd, continu, bruit étrange, jamais entendu, accentuait l’anxiété générale. Des orages magnétiques commençaient, des nuages noirs passaient devant la comète et l’éclipsaient par instants. (…) Le règne végétal commençait à être frappé (…) le feuillage se rétractait comme crispé par l’épouvante et tombait. Les arbustes se tordaient et mouraient. »
Schomburg – toujours avec l’aide du père de Geneviève- déclenche une vaste campagne de calomnie envers Martial, mettant les policiers de son côté. Il désire éliminer physiquement Wester et Martial dans leur quartier général de la tour Eiffel. Quant à Jean, son rôle prophétique prend fin. Vaincu par trop de passion, sa raison s’altérant, il sera transporté dans un asile d’aliénés.
Les jours passent et la comète, énorme maintenant, provoque un ensemble de bouleversements telluriques, météorologiques, atmosphériques qui créent la panique pour des millions d’êtres humains :
« Une pluie lumineuse semblait s’abattre sur la terre ; des aérolithes tombaient, écrasant des maisons, apportant la terreur et si quelques-uns parmi les humains se terraient, fous de peur, d’autres, extatiques, écoutaient toujours les paroles salvatrices inspirées par Jean Novalic.
La bourse en chute libre, le travail arrêté, les comportements les plus aberrants se font jour, soit de jouissance effrénée, soit d’agressivité incoercible. Geneviève, prise de remords, avertit Martial de l’attaque de Schomburg. Le banquier satanique mourra écrasé par la chute de la cabine d’ascenseur de la tour. Pendant ce temps, les émissaires de Martial, qui ont travaillé les populations en profondeur, rassemblent les hommes de bonne volonté, les « forts », ceux qui survivront au péril. La proximité de la comète modifie à tel point les conditions terrestres habituelles qu’une étrange sensation s’empare des survivants :
« Chose curieuse, à la fébrilité des êtres succédait une sorte d’extase, leur figure rayonnait comme s’ils avaient la vision de quelque miracle. Une fluidité inconnue traversait les choses, tous les corps, comme si l’univers baignait dans de l’air liquide. (…) Martial, qui se débattait dans la torpeur qui vient de s’abattre sur tous, balbutia aux savants qui l’entouraient : -Courage : l’oxyde de carbone en rencontrant l’oxygène, forme le protoxyde d’azote. Nous baignons dans les gaz hilarants.(…) Tout devenait d’une diaphanité de rêve, plus d’ombre, et le triomphe de la lenteur dans une atmosphère irisée et splendide s’affirme. La Terre devient comme une sorte d’ectoplasme de la comète. »
Sans perdre de temps, Martial et Wester avec De Murcie et Geneviève repentante, jettent dans les heures qui précèdent le cataclysme, les bases d’une république universelle fondée sur l’altruisme et la fraternité, proclamant la guerre hors-la-loi :
« Un grand cri vint rompre le silence humain et domine l’effroyable sifflement de l’atmosphère incendiée.
-La Terre brûle ! la Terre brûle ! hurlent des torches vivantes qui viennent d’un point touché par un aérolithe, qui courent et s’effondrent. Le bruit étrange redouble, on entend la plainte, le gémissement de la terre. Martial parle :
-Article III : les Etats fédérés des deux Amériques sont constitués.
Les Américains, sous une pluie de feu, agonisent, en acclamant ces mots. Et article par article, le Maître des forts proclame la fédération asiatique, africaine. Les noirs, fraternellement, embrassent les blancs. Qu’importe le cataclysme, puisque doit en sortir l’union des peuples. »
Dans le monde entier l’on projette les images enregistrées de Jean Novalic où il explique ses idées novatrices à ceux qui survivront à la catastrophe :
« En gros plan, sur l’écran, à genoux, suppliant les hommes, Jean, les mains tendus, avait une telle expression, que toute la foule, d’un seul élan, se leva et se découvrit comme devant l’apparition d’un saint. La voix de Jean se faisait encore plus persuasive.
-Aimez la plante, l’oiseau, le vent, l’eau et les pierres mêmes. Aimez-vous ! Aimez-vous ! Aimez-vous ! »
Enfin la comète, ayant rebondi sur l’atmosphère terrestre, se perdra à nouveau dans le cosmos, laissant une terre meurtrie et dévastée mais une société d’hommes nouveaux, lavés de tout mal et tournés vers l’avenir.
« la Fin du monde » de Joachim Renez est une adaptation scrupuleuse du scénario filmique d’Abel Gance, lui-même inspiré par le roman de Camille Flammarion. Certaines idées peuvent sembler naïves mais le récit ne manque pas de grandeur. D'ailleurs, une rédition récente en DVD vous permettra de vous en faire une idée de visu.
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Le professeur Bakermann, savant passionné par les microbes, les collectionne, les étiquète, les bichonne, les élève. Ses ambitions – hormis le fait de boire des bocks avec ses amis Rodolphe Muller, César Pück et Valérian Grossgold - est de créer une race de microbes résistants et invulnérables. Après d’acharnées recherches, il atteint son but en transformant le microbe du beurre rance en un petit monstre. Il le baptise du nom de " Morti-fulgurans ". Lui-même est immunisé, mithridatisé, résistant à tous les microbes connus et inconnus, y compris le Morti-fulgurans.
Ce n’est pas le cas de Mme Joséphine Bakermann épouse aigre, mégère non apprivoisée et jalouse de surcroît. Soupçonnant M. Bakermann de quelque liaison avec une ancienne servante, elle fouille son laboratoire pour y découvrir des preuves de sa trahison sans se douter qu’elle s’infecte avec le nouveau microbe pendant que M. Bakermann vide des bocks. Elle meurt au bout de trois heures des résultats d’une contamination foudroyante.
M. Bakermann, atterré, y reconnaît l’activité du Morti- fulgurans. Par acquis de conscience il fait appeler le Dr.Rothbein qui prétend que la mort est causée par l’influence pernicieuse d’un microbe du Dahomey, le "koussmi-koussmi ".
" Il examina quelques instants la malade et secoua la tête d’un air navré. - Eh bien ? —Ah ! mon pauvre ami, du courage, du courage ! - Mais quelle est cette affreuse maladie ? osa dire Bakermann. Rothbein réfléchit un instant ; puis, après un nouvel examen minutieux : Ca, dit-il, c’est une maladie extrêmement rare, qui ne se voit presque jamais en Europe : c’est le koussmi-koussmi du Dahomey. -Vraiment ! " dit Bakermann. "
L’infection se répand comme une traînée de poudre, d’abord dans la bonne ville de Brunnwald, puis de proche en proche, jusqu’à Berlin, Munich, et de là à travers le monde :
«La rapidité avec laquelle se développait ce microbe maudit empêchait toute mesure préventive. Point de quarantaine possible. Plus d’entraves aux frontières. En douze heures, avec les chemins de fer à vapeur surchauffée, on va de Cadix à Saint-Pétersbourg. Ce n’est plus comme au XIXème siècle où l’on faisait péniblement 60 kilomètres à l’heure. Aussi en une nuit, l’Europe entière fut-elle empoisonnée. La ville de Brunnwald, à moitié anéantie, Berlin, Vienne et Munich comptant déjà quelques cas de mort et probablement infectées en tous les points ; Paris, Londres, Rome, Saint-Pétersbourg envahis, sans qu’on puisse arrêter l’invasion, et en quarante-huit heures l’humanité anéantie, tel était le bilan de l’heure présente. (…)
La désolation régnait. Chacun se répétait que la fin du monde vivant était venue. Un grand nombre d’individus, préférant une mort rapide aux angoisses d’une douloureuse et invincible maladie, s’étaient tués pour échapper à la mort. Toutes les affaires étaient suspendues. Plus de chemin de fer, plus de bateaux, plus de police, plus d’administration. Quelques crimes furent constatés. C’étaient des gens, ordinairement pacifiques, qui, affolés, reçurent à coups de revolver des fournisseurs qui essayaient de pénétrer chez eux. La sauvagerie humaine, latente en nous tous, avait repris le dessus. Le monde civilisé, si fier de sa civilisation, était redevenu barbare comme aux premiers temps de l’humanité. On reculait à l’époque de la pierre polie, même au delà. "
Le professeur Bakermann se sent responsable du désastre. Ira–t-il se dénoncer ? A quoi cela servirait-il, surtout s’il reste le dernier être humain vivant sur terre ? Etant le seul à être immunisé contre son microbe, il se met au travail pour trouver une parade. Et il la trouve. Il suffisait de mettre le corps infecté en contact avec de "l’énergie électrique positive" pour que Morti- fulgurans (alias koussmi-koussmi) soit tué. En expérimentant son procédé sur ses amis buveurs et menacés, il prouve au monde son éclatante réussite. L’humanité reconnaissante lui élève des statues. Bakermann comblé, riche et libéré de son épouse savoure de nouvelles bières et sa victoire sans nuages.
Une petite nouvelle injustement oubliée pleine d’ironie et d’un humour noir qui n’est pas sans entretenir quelques rapports avec celui des dadaïstes.
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L'autre! La Derniere! - Par BenF
André, le narrateur, nous convie à une visite programmée de l’enfer. Agriculteur en 1933, jeune homme amoureux d’Alberte sa femme, amoureux de la vie, pacifiste convaincu, probablement anarchiste, il est invité à participer à la grande boucherie anticipée de 1940. Elle s’accomplira, comme en 14-18, au fond des tranchées et sur un champ de bataille transformé en charnier. On y généralisera également l’usage des gaz et celui des armes bactériologiques.
La guerre future sera « vécue » de l’intérieur, décrite au jour le jour sur le mode intimiste, analysée et expliquée à l’usage de ceux qui ont la chance d’en être éloignée. Les amis qu’André se fait au front ne le restent pas longtemps. La mort fauchera les Max, les Antonin, les Cassou, les Gaulo, les Tellier. Ils mourront tous gazés, empoisonnés, brûlés, réduits en charpie, volatilisés, déchiquetés en une bouillie sanglante. Lui-même, à la fin de l’holocauste, en 1942, amputé d’une jambe, la « gueule cassée », tordu et en butte aux mépris des « planqués» ne survivra pas longtemps à l’ignominie et à la trahison de sa femme : il se suicidera d’une balle dans la tête.
Mais, au moment de partir pour la ligne de front, il a encore la force de vitupérer les « pousse-au-crime », les individus comme Georget, son ami de collège, et patron de journal, heureux de la situation :
« Ne soyons pas trop pessimistes. Le fait n’est que la conséquence de ce que nous appelons l’esprit français : un coup de fouet qui cingle bien et tout le monde se croit piqué au vif. D’ailleurs… Si la guerre doit arriver nul ne l’empêchera. Pour ma part, je sais, que s’il y en avait une, tu comprends… L’armée a besoin d’imprimeurs. – Toi à l’abri, les autres peuvent se faire tuer. C’est ce que tu veux dire sans doute ?
-Pourquoi pas ? j’espère bien que de ton côté… »
A peine André parti, Alberte en profitera (mais a-t-elle le choix ?) pour le tromper avec cet ignoble individu. S’élevant contre la frénésie populaire qui réclame le sang de l’Allemagne, le narrateur sent qu’il vit ses derniers beaux jours. Un rêve prémonitoire le conforte en cette opinion, rêve où les morts jugent les coupables de la tuerie à venir :
« Le silence se fit à nouveau. – Les coupables maintenant, dit la voix devenue dure. Les rangs se desserraient pour les laisser passer. La horde apparut : c’était quelques centaines d’hommes laids, vils, monstrueux. Une rumeur indescriptible salua leur apparition. Il fut exigé que chacun se confessât et, l’un après l’autre, ceux qui avaient été rois, présidents, ministres, consuls, généraux, tous, comme subjugués, s’accusaient de leurs forfaits.
-J’ai voulu cette guerre !
-J’aurais pu intervenir !
-Moi seul pouvais empêcher le conflit !
-J‘ai sur la conscience trois millions de vies humaines .»
La guerre s’ouvre sur un bombardement aux gaz de la région parisienne :
« Les gaz ! Des cris semblables à des râles s’élèvent. L’infamie de la bousculade commence. Des toux retentissent. Des gestes démesurés animent ce spectacle de fin du monde. On entend un bruit prodigieux d’affaissements et d’essoufflements, un halètement insensé de foule qu’on bâillone. Ensuite c’est la lutte entre ceux qui ont des masques et ceux qui n’en ont pas. »
Au front, dans les tranchées, se poursuit laborieusement une vie de cauchemar :
« Le sol est criblé. L’air est agité par toutes sortes de déflagrations. La terre s’élève en gerbes pâteuses qui retombent avec un bruit sourd qu’on croirait venir du sein de la terre. Au-dessus du vacarme on entend cependant des imprécations. Des cris d’enfer, des clameurs atroces s’élèvent. »
Il partage avec son ami Max, un jeune agrégé, les premières expériences du combat, et la mort. Lorsque Max lui fait signe de venir :
« Je cherche vainement Maréchal qui, d’habitude, même sous sa cagoule se fait reconnaître par ses vertes plaisanteries. –Viens ! fait Max les dents serrés. Ce disant il m’entraîne. Au bout de quelques pas, je heurte quelque chose de mou. –Voilà ! Effectivement Maréchal est mort. Un éclat d’obus lui a déchiré son masque et, par surcroît, brisé la mâchoire. L’action des gaz a été instantanée. La plaie est déjà toute bleue ainsi que le visage. »
La vie dans les tranchées, dans la crasse et la sanie, est ponctuée par des tueries sporadiques, des incursions sur le terrain, lorsqu’ils déboulent à l’arrière des chars, par la haine et la peur qui leur nouent les tripes. L’horreur s’amplifie :
« Un regard de côté me montre Max en fâcheuse posture. Je prends de flanc un de ses assaillants. L’autre glisse. Je lui tranche la gorge. Mes jambes tremblent. Mes tempes battent, horriblement. Je suis malgré tout Max qui court comme un diable. Dans une tranchée trois baïonnettes se dressent. J’hésite un instant en regardant dans les yeux ces hommes qui, eux aussi, me dévisagent. Ce contre temps suffit pour qu’un coup de crosse s’abatte de mon côté. Max est tout rouge. Il a l’air d’un boucher. Le ciel est rouge. La terre est rouge. (…) Mon pied est enfoncé profondément dans une fange sanguinolente. »
Ils ne comprennent pas pour quoi et pour qui ils s’ont amenés à se battre. Les profiteurs de tout acabit, les aggioteurs, la collusion intime entre les politiques et les religieux, coiffés par le grand capital, leur paraissent être les principaux responsables de la tuerie. Le vécu quotidien les rend pareils à des bêtes ou des monstres déshumanisés :
« Le tapis rouge lèche Tellier puis l’environne. Il environne aussi Goguet ! Ils s’agitent dans l’incendie comme les flammes elles-mêmes, remuant au-dessus d’eux des lueurs surnaturelles. Leurs vêtements flambent. Des cris surhumains courent, exténués, vers tous les horizons de la plaine ensanglantée. Plusieurs torches s’agitent encore un instant, puis tout s’abîme dans le feu… Pendant un quart d’heure, de la chair grésille. Soixante hommes au moins viennent de périr brûlés vifs. »
La récurrence des faits de guerre, l’accumulation voulue et naturaliste des détails du meurtre collectif sont destinées à provoquer un malaise croissant chez le lecteur, jusqu’à l’insoutenable. Dans cet univers de feu et de sang, un seul sentiment le fait encore réagir, celui de retrouver le paradis perdu, la vie d’avant, à la campagne, avec sa douce Alberte, et l’amour pour son enfant. Hélas ! lorsqu’il « touche » enfin une permission, c’est pour découvrir qu’Alberte le trompe.
Lui-même se perçoit dorénavant comme une brute. Le beau cadre bucolique accentue l’horreur de sa situation. Il sait, en repartant au front, que la guerre lui a tout enlevé. Les belligérants sont exsangues : l’emploi des gaz de plus en plus toxiques, le carnage répété, rend le silence au champ de bataille :
« Nous allons comme des aveugles en pleine attaque. Tous les éléments sont déchaînés. C’est une furie. Le terrain est si fréquemment remué, les sifflements et les bouleversements tellement orageux que le front a plutôt l’aspect d’une mer gigantesque où se heurteraient d’énormes unités.(…) Quelques fous que les gaz à grande concentration ont atteints courent sur le terrain embrasé. Leurs hurlements dépassent en horreur le spectacle de la bataille elle-même. Ils dépassent les bornes extrêmes de la démence. Toute une compagnie, la semaine dernière, s’est enfuie de la sorte. Deux mitrailleuses en X les ont terrassés en quelques minutes et, lorsque nous les avons ramassés, ils étaient troués comme les perles immenses d’un sinistre collier. »
Par un miracle inespéré, il reste en vie, quoique blessé. Dégagé vers l’arrière en un hôpital militaire, il partage le sort des autres éclopés de la vie, infirmes, amputés de corps et de cœur, épaves que la guerre a éparpillées sur le bord du chemin. La terreur de la réinsertion s’installe en lui et ne le quittera plus jusqu’à sa décision finale d’abréger ses souffrances.
Un ouvrage d’une violence rare, dans la veine des grands romans de Méric (la « Der des der »), à poser au panthéon de la dénonciation de l’horreur guerrière. Là où le Colonel Driant ne voit que drapeaux et faits d ‘héroïsme, Demarty dénonce la bête en l’homme.
Bien que la projection dans le futur d’une guerre proche (celle de 39-45 a connu le « Blitzkrieg » et non la guerre de tranchées), il ne sera pas dit que dans un futur plus lointain il ne puisse avoir raison et que l’on ne retournera pas à une guerre « classique ». Une œuvre prophétique… et oubliée !
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La Fin Du Monde En 2003 - Par BenF
Le savant Girard, ayant inventé une machine à lire le futur, apprend avec stupéfaction que la fin du monde aura lieu le 3 mai 2003. Le professeur Barlenon, un psychiatre fou (!) convainc le monde entier que la peur de l’humanité devant la tension Est-Ouest, est la manifestation en elle de Martiens spiritualisés hostiles à l’homme. Il serait urgent de les éliminer.
Pour cela, on parquera tous les blonds aux yeux bleus - c’est à ces signes que l’on reconnaît le Martien -, en Grande Bretagne transformée en un immense site d’aliénés. Puis on y fait exploser une bombe H. Mais les bougres se défendent et attaquent tout azimut. De dérapages en dérapages, la guerre devient totale, le globe entier se trouvant entouré d’un halo radioactif. le savant Girard, qui veut dénoncer la menace que constitue la thèse du professeur Barlenon, se fait tuer par la Sécurité.
Une nouvelle médiocre dont l’excuse est de refléter (mal) l’angoisse nucléaire de l’après-guerre.
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