Aller au contenu

bdd_livre.png.38ca27d0c9044ccbdbae2e058729c401.jpg

Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

Accédez au flux RSS :

Livres

  1. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Pierre Paul PARADIS Parution: 1895
    Le poète désire faire partager sa vision de l’apocalypse qui se présente sous les traits communs de l’eschatologie chrétienne. Son tableau est traversé par des images romantiques et modernistes. Comme si cette vision était trop horrible pour être appréciée de près, il est enlevé sur la planète Vénus :
    « La distance à Vénus est incommensurable.
    Jamais je n’eusse pu voir l’étoile admirable
    Sans l’électricité.
    Parvenue sur la nue un courant électrique
    Donna de tels élans au tourbillon magique
    Qu’en l’astre il m’a porté. »
    A l’instar de la Terre, Vénus possède des villes, des arbres, des palais mais apparaît déjà condamnée :
    « Le temps allait finir sa course séculaire.
    La sombre éternité, s’avançait sans mystère, (…)
    Déjà la fin des temps, ce spectre au front livide,
    S’abattait sur Vénus comme une hyène avide. »
    Des guerres sanglantes, des malheurs de toutes sortes se font jour :
    « Le soleil obscurci n’éclairait la nature
    Que par des jets sanglants rougissant la verdure ;
    Des tonnerres affreux, d’horribles tremblements
    Faisaient sécher d’effroi tous les êtres vivants. »
    Elles contrastent avec les périodes heureuses d’avant où la planète était féconde, où
    « Rien ne venait voiler l’éclatant horizon.
    Les plaisirs les plus doux doraient chaque saison ;
    Tout respirait l’amour sur cette étoile blonde. »
    Avec l’apparition du prophète de la mort, l’Antéchrist, qui fascine les foules :
    « Son règne s’étendit comme un nuage noir
    Quand un sombre ouragan éclate sur le soir
    Et déchaîne les vents et l’éclair et la foudre. »
    D’autres désastres suivront comme les blés qui se dessèchent, le soleil qui s’obscurcit, la famine, les désordres sociaux et les crimes, la guerre de tous contre tous. Les éléments naturels ajoutent à ce tableau sinistre : cyclones, ouragans, ciels ensanglantés, grondement des mers :
    « Sur le funèbre lit, tombeau des nations
    On eût dit le réveil des générations.
    Tout annonçait, hélas ! les derniers jours du monde.
    Les peuples cependant sur ce volcan qui gronde
    Bâtissaient des cités et des chemins de fer,
    Essayant de jouir encore en cet enfer.»
    Aussi, lorsque les hommes (tiens ! ne sommes-nous donc pas sur Vénus ?) s’obstinent à vivre comme ils le peuvent, le poète, témoin à un mariage digne d’un enterrement, voit venir un messager de la mort, annonciateur de la fin :
    « Chacun vers son foyer avec effroi s’élance;
    L’écho devient sonore ; un silence imposant
    Règne alors dans les airs pendant quelque moment ;
    Un poids lourd pèse aussi sur tout ce qui respire ;
    Tout se tait, nulle brise au-dehors ne soupire,
    Et la nuit est profonde ; une intense chaleur
    Se fait sentir et jette une morne stupeur. »
    Les signes se multiplient dans le ciel, les bêtes sauvages cherchent un refuge auprès des hommes, des églises et des temples volent en éclats, des cratères bouillonnants s’ouvrent sous les pieds. Au dernier moment, le poète, menacé dans sa chair, est enlevé par un ange et ramené sur notre planète. Depuis, sa vision le hante.
    Peu de science-fiction dans ce long poème à but apologétique mais une description de la fin du monde tellement précise et circonstanciée que nous l’avons pensée digne d’être inscrite à notre répertoire.

  2. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Guy CHARMASSON Parution: 1992
    Vol.01 : la Vengeance, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation "N°1634, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée. roman d’expression française
    1ère  parution : 1988
    Raff al Raff est le nom d’un gigantesque vaisseau extraterrestre qui croise au-dessus de notre planète. C’est de là que sont originaires les Raffs, des êtres tenant à la fois du félin et de l’ours, à la civilisation avancée, au code d’honneur intangible et pratiquant l’eugénisme dans un souci constant d’amélioration de leur race. Daniel Ivols est le nom de l’un des derniers terriens ayant participé à la bataille d’Elmendorf où les humains ont failli battre les Raffs. Aujourd’hui, habitant caché dans la Zone, sorte de no man’s land canadien où se retrouvent tous les marginaux agressifs et désaxés, Ivols, toujours efficace, la quitte pour venger la mort de sa femme et de sa fille, carbonisées par des Raffs chasseurs.
    Au-delà de la Zone, c’est le monde normal, celui de la société humaine qui collabore et qui est soumise aux Raffs lesquels dominent l’humanité par l’intermédiaire des "Chiens", sortes de cyborgs humains dans le cerveau desquels est implantée toute une électronique incitant à l’obéissance. Quant aux autres, le niveau de civilisation que leur ont laissé les extraterrestres, les incite à la mollesse et la vie facile. Ivols, l’un des derniers tueurs d’Elmendorf, prend contact avec le M.O.R.T., une organisation secrète de résistance, peu efficace par ailleurs. L’organisation a besoin d’Ivols pour relever son prestige en lui proposant de tuer Jill Tarr le Raff, ministre de la Culture interraciale et incidemment meurtrier de la famille du héros.
    Vol.02: la Mission, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation " N°1639, 1 vol. broché, in-12 ème , 187 pp. couverture illustrée.
    1 ère  parution : 1988
    Nanook le Zonard, tueur d’ours et de Chiens, alias Ivols, le dernier des tueurs d’Elmendorf, s’apprête à liquider Jill Tarr, le chef des Raffs envahisseurs, sur l’instigation de Felice, l’un des dirigeants de M.O.R.T., mouvement de résistance à Raff Al Raff, le vaisseau des extraterrestres. Un doute lui fait épargner la vie du Raff. Bien lui en prend. Caché par Joanna Guanwista dans son appartement, Ivols apprend avec stupeur, et en un renversement absolu, l’incroyable vérité de la bouche même de celui qu’il a failli tuer. Felice est l’un des responsables des "Trois", les supérieurs des Chiens. La bataille d’Elmendorf a été gagnée par la Terre mais, dans le vaisseau des envahisseurs, les Trois, désireux de faire perdurer la pression exercée sur la société terrestre, ont obligé les Raffs à assumer leur rôle d’oppresseurs, eux, qui n’avaient qu’un désir, celui de repartir dans l’espace avec leur engin enfin réparé !
    En désespoir de cause, et pour sauver l’honneur de sa Maison lors de la cérémonie du Kriss ou automutilation rituelle, Jill Tarr partage son secret avec Ivols : c’est lui, le chef Raff qui a subverti le M.O.R.T., c’est lui qui a travaillé dans l’ombre pendant plus d’une vingtaine d’années pour détourner la colère des Terriens sur les Chiens et non plus sur les Raffs, c’est lui enfin qui a surveillé et protégé Ivols pour le conduire vers la Zone d’où pourront sortir les nouveaux libérateurs de la Terre  afin que les Raffs puissent enfin s’en retourner dans l’espace.
    Un récit intelligent, structuré, original qui vaut par la crédibilité que l’on  accorde à ces félins extraterrestres à travers la description de leurs rites sociaux et psychologiques. Un bon roman noyé malheureusement dans une gigantesque collection proposant une marée d’ouvrages illisibles.

  3. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: A.D.G. Parution: 2004
    Jéroboam Papoux traverse une société à l’agonie. Autour de lui, les gens meurent, sans raison. La maladie mortelle, foudroyante et non douloureuse, sans signes révélateurs, terrasse progressivement le monde entier, sauf lui, Jéroboam Papoux, fonctionnaire au ministère des Ressources langagières, qui constate les faits, sans pouvoir les expliquer:
    « Puisque tout le monde mourait, pourquoi pas lui, mais il devait constater que tout son entourage familial, professionnel, amical était mort depuis belle lurette quand lui demeurait en vie, sans souci majeur, avec juste une petite angoisse bien naturelle, quand il avait trouvé sa femme froide un matin à son réveil, son aîné mort à l’école, la benjamine et la cadette frappées à cinq minutes d’intervalle devant la télévision, laquelle ne marchait plus, faute de personnel et parce qu’il était déprimant, voire même un peu lassant de contempler les gens mourir en direct sur le petit écran. »
    Cette maladie, la « morticose » ne le dérange pas plus que cela. Se déplaçant à l’aise dans une France de plus en plus vide, Papoux s’organise « une vie pépère de retraité de l’existence » mais il ne sait pas encore qu’il était le dernier humain sur terre. Et pour cause : la morticose est de son fait, c’est lui qui, par cercles concentriques, avait contaminé son entourage, de par sa seule qualité relationnelle. Le dernier homme sur terre, c’est vite dit. N’était-il pas plutôt «l’avant-dernier » ou même «l’avant-avant-dernier » car le texte qui le dépeint – écrit par qui et pour qui ?- ne suppose-t-il pas au moins deux autres survivants ? Une petite nouvelle sans prétention qui s’amuse avec les conventions du thème.

  4. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: Marcel BATTIN Parution: 1958
    Paul Carlier, le narrateur,  est le "délégué du Conseil des Camps", envoyé par son chef en tournée d’inspection au camp iroquois de Versailles. Les chemins sont défoncés, son habillement en loques,  et ce qui l’attend à son arrivée est du même ordre :
    " A  manger, il y avait naturellement des galettes de farine, du lait et des cerises. Je me suis habitué depuis longtemps à manger sans sel et ça m’est égal si c’est fade. J’ai perdu une autre dent en mangeant, et pourtant les galettes n’étaient pas dures. C’est la deuxième en un mois. Le commandant m’a fait voir les siennes, il n’en avait presque plus sur le devant. Ca ne fait pas mal, elles tombent  voilà tout. Ca a l’air d’un phénomène naturel. "
    Les dents déchaussées de son interlocuteur (à 16 ans !) répondent aux maladies de peau et aux ventres gonflés des adultes qui sont parqués dans des zones spécifiques. En cette France d’après la bombe, ravagée par les radiations, seuls des adolescents aux noms d’indiens, tentent encore de reconstituer une structure sociale dont sont exclus les adultes. L’ignorance fait autant de ravage que la radioactivité parce que tout contact entre Iroquois et adultes est interdit. Soignant  leur sang empoisonné et leurs pelades avec de l’aspirine et du talc, il leur reste peu de temps avant leur disparition définitive
    Une petite nouvelle percutante et sinistre portant sur le thème de la menace radioactive, qui ne s’embarrasse d’aucune fioriture verbale.

  5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Brian W. ALDISS Parution: 1973
    Dans un moyen âge de légende ou post-cataclysmique, deux jeunes gens, Prian et Lambant prennent du plaisir avec deux jeunes filles, Lise et Chloé. Abandonnant le bourg où se déroule la foire avec ses bateleurs et marionnettistes, trouvant tout naturel la présence en l’air de femmes ailées et sur leur chemin d’hommes-lézards, mutants ou extraterrestres, ils discutent entre eux, ayant trouvé refuge sur une table rocheuse, des grandes questions qui agitent l’homme : qu’est-ce que l’esthétique, l’amour, le sens de la mort, et surtout, vivent-ils en une période de décadence ou de progrès artistiques ? Sans pouvoir donner de réponses fermes à l’art du joueur de marionnettes et du graveur, ils font l’amour avec la délicatesse de la jeunesse, ignorants pour toujours du sens des étranges situations reproduites par les poupées en bois qui font appel à un passé immémorial :
    « Bonhomme Voleur entra, masqué de rouge, et essaya de fracturer le coffre-fort de Bonhomme Banquier. Celui-ci, gras, poilu et malin, apparut et attrapa Bonhomme Voleur sur le fait. Bonhomme Voleur lui donna un coup avec sa besace à la grande joie des enfants. (…)
    Bonhomme Voleur, malgré les avertissements criés par les enfants, monte avec complaisance dans le coffre. Bonhomme Banquier claque la porte du coffre, rit, et va chercher Bonhomme Policier. Rencontre à sa place Bonhomme Allosaure.(…) Bonhomme Astronaute descend, attrape Bonhomme Allosaure dans le casque… »
    Une nouvelle envoûtante qu’anime l’art de Brian Aldiss apportant le souffle d’une décadence flamboyante. A la limite de notre thème.

  6. Type: livre Thème: épidémies, invasions d’insectes Auteur: Yvon HECHT Parution: 1988
    Sous forme de journal, les événements sont relatés par différents protagonistes. Le Docteur Nathan, gynécologue est le premier à se trouver en contact avec l’horreur : un bébé que la jeune femme qu’il vient d’accoucher a mis au monde :
    " Je le regardais. Si je n’avais pas su son origine, j’aurais pu croire qu’il s’agissait d’une larve blanchâtre de hanneton ou de papillon tropical mais aux dimensions géantes ; une cinquantaine de centimètres sans doute. Les bourgeons dorsaux me semblèrent moins importants qu’à première vue. Les annelures étaient agitées par un flux interne. J’apercevais la tête. Contrairement aux larves communes, les yeux étaient clos. Une fine membrane, la paupière ( ?) les recouvrait. Des mandibules fonctionnaient devant l’orifice buccal, humecté par un liquide assez épais.
    A cette vue, il appelle son collègue Bovotny qui était déjà au courant car, selon lui, de nombreux accouchements provoquent l’existence de monstres. Une lésion des gènes aurait crée une mutation régressive. Les mises au monde des monstruosités augmentent continuellement. Déjà des journalistes signalent, ça et là, l’apparition d’insectes géants.
    Le deuxième témoignage provient de Vertin, chef des informations d’Express matin, et de Debroux, journaliste. Partout dans le monde, des foyers d’insectes s’attaquent aux récoltes. Les savants sont inquiets : ils sentent se profiler une menace abominable pour l’espèce humaine :
    « Songez que l’être larvaire (que la femme a engendré) ressent peut-être l’acte d’amour, la colère, la joie et que tout s’imprime dans ses jeunes tissus. Maintenant un parasite a pris sa place. Peut-être par un simple phénomène d’osmose, par une stase d’accoutumance au milieu, la larve qui naît conserve-t-elle aussi dans sa mémoire le jeu des sentiments et des passions humains. Rassemblez maintenant ces deux données : civilisation des insectes et mémoire fœtale : vous aurez à une puissance inconnue le développement d’insectes monstrueusement adaptés et riches. »
    En Inde, les insectes sont sacralisés et certains fanatiques se disent leurs serviteurs, s’opposant par là à l’ordre officiel qui  est d’éradiquer sans pitié tout insecte nouvellement né.L’infection progresse pour tous les mammifères : le bétail mettant bas, les insectes se reproduisent à une cadence accélérée, acculant l’Orient à la famine :
    "J’aurais voulu la saisir par les épaules, lui parler de fraternité universelle, de l’élan de générosité de tous les peuples riches quand ils apprendraient la situation effroyable de l’Inde, mais je savais que l’épidémie avait gagné déjà l’Europe et l’Amérique et que demain peut-être, la barbarie, la misère l’effroyable cyclone d’un destin ironique et vengeur égaliserait sans doute toutes les nations dans le dénuement. "
    Bientôt le pullulement des insectes est tel qu’ils se lancent à l’assaut des villes humaines, sources de nourriture. La lutte se durcit entre les hommes et les insectes qui ont pour eux l’avantage du nombre :
    " La rue était envahie d’un moutonnement. C’étaient des milliers d’insectes qui avançaient, énormes fourmis en cohortes,  serrés, tassés, comme un ruban indéfiniment long et lent. "
    Leur arme est une sorte de sérosité vénéneuse dont l’attouchement provoque une paralysie des nerfs. Avec la guerre, émerge une nouvelle catégorie d’êtres, les collaborateurs ou humains esclaves des insectes qui cohabitent avec eux en des complexes souterrains à la structure de fourmi-lières. En certains cas, il leur arrive même de leur servir de nourriture. :
    " Dans chaque niche, il y a un homme ou plutôt une gelée d’hommes. Les os ont été ou disloqués totalement ou, plus vraisemblablement, liquéfiés. On reconnaît le visage ou la main, mais les contours sont flous, étalés ; des yeux clos se plaquent sur le visage distendu et mou (…) et dans cette chair informe une petite larve respire ".
    Les hommes, par hasard, feront la preuve de l’intelligence des insectes en mettant la main sur des cartes topographiques annotées, décrivant des plans d’invasion de territoires humains en France ou en Espagne. Les humains perdent pied peu à peu alors que les insectes, sapant les fondations des villes, en provoquent leur chute.L’espèce humaine semble condamnée. Les insectes, qui non seulement se multiplient mais croissent en taille, adoptent une stratégie leur permettant de saper les fondations et de détruire tous les grands centres urbains, gardant un quota restreint  de villages et leurs habitants comme réservoir de main-d’œuvre.
    La nature même s’est transformée. Des fougères géantes, des prêles, qui poussent plus drues ramènent l’humanité, ou ce qu’il en reste, à l’ère secondaire.Néanmoins, tout le monde n’a pas abdiqué.
    En Europe, de rares centres scientifiques secrets ont trouvé une arme efficace issue de ces fougères mêmes : l’utilisation de phéromones et d’indicateurs olfactifs qui modifient le comportement des insectes, détournant leur agressivité contre ces derniers.Ainsi émerge, hormis le groupe des savants bientôt enrôlé dans la lutte,  un meneur d’exception : Kloppenbourg. Celui-ci instaure un système social autoritaire, satisfaisant à la fois son goût du pouvoir et sa volonté de mener les hommes, ou ce qu’il en reste, hors de la nasse. Tous plient devant lui. Il obtient d’ailleurs des succès appréciables dans l’utilisation de ces phéromones, faisant se battre entre eux termites géantes ou fourmis empoisonnées :
    «Antennes vibrantes, plusieurs milliers de fourmis avançaient sur le chemin de la nourriture balisé par l’hélicoptère. D’autres groupes se précisaient, suivant les aspérités du terrain. La terre se recouvrait peu à peu de ce tapis vivant, brunâtre qui oscillait dans sa marche. En observant mieux l’invasion de ces barbares, on devinait qu’il ne s’agissait pas d’une ruée indisciplinée.
    Des insectes en serre-file, tout le long du ruban, empêchaient toute dispersion, toute velléité de s’ébattre ou de musarder. Le flot était compact, les antennes de chacun palpaient le corps du précédent et la cadence de progression était rythmée par des éclaireurs dont les premiers parvenus au pied des tours, se déployaient comme pour les encercler.»
    Vivant dans un camp retranché, les derniers combattants ont fort à faire pour vaincre non seulement les insectes, mais aussi les collaborateurs, les traîtres, les défaitistes et les agitateurs de tous poils qui contestent son autorité. Même certains savants, dont Bolzinsky, trouvent que Kloppenbourg prépare la mort totale de la biosphère.
    Partant de l’idée que les insectes entretiennent une relation vitale avec les plantes à fleurs, il recrute et donne l’ordre à tous ces agriculteurs improvisés de commencer à raser les angiospermes, afin d’éradiquer les ennemis, mais condamnant consciemment à la famine le restant des humains. Sans oublier qu’une nouvelle religion, la « la Fraternité blanche » prêche l’équilibre d’une vie ou insectes et humains vivraient cote à côte. Sans oublier qu’un couple, qui a rompu les amarres avec la société autoritaire, se présente comme les nouveaux Adam et Eve d’une humanité régénérée…
    « La Fin du quaternaire (… et la suite) », en une série de tableaux et de relations faites par les divers protagonistes, multiplient les points de vue pour mieux faire saisir au lecteur l’étrangeté et la radicale transformation des sociétés, menacées de l’intérieur même par leur propre descendance dans laquelle elles ne se reconnaissant plus.
    L’adoption d’une telle composition augmente l’effet de vraisemblance mais provoque aussi un désagréable sentiment de rupture, accentué par les ajouts et remaniements successifs d’une deuxième mouture ou les positions philosophiques de l’auteur prennent le dessus sur le romanesque, sans pour cela être davantage convaincantes.
    En bref, un livre daté et obsolète qui n’a pas le souffle des «Furies», par exemple (voir ce titre).

  7. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, menaces et guerres nucléaires Auteur: Steve ALTEN Parution: 2001
    Michael Gabriel est complètement fou. Enfermé depuis onze ans dans la clinique du docteur Foletta, il est pris en charge par Dominique, une jeune stagiaire psychologue. Fils de l’archéologue décédé Julius Gabriel et de sa femme Maria, Michael croit que la symbolique des anciens sites mayas, toltèques ou incas, cache un secret effrayant : celui de la fin du monde, l’apocalypse devant survenir le 4 Ahau et le 8 Cumku du calendrier maya, soit le 21 décembre 2012. En compagnie de son père et d’un collègue archéologue, Pierre Borgia, il avait exploré l’ensemble des sites de Chichen Itza à Stonehenge, des inscriptions du plateau de Nazca à la grande pyramide de Chéops. Il en est arrivé à l’idée que la grande comète qui a frappé la terre et assuré l’extinction des dinosaures à la fin du Crétacé était en réalité un vaisseau spatial gigantesque dont l’écrasement a provoqué la formation de la presqu’île du Yucatan.
    La trame du récit coupée par la narration du journal de Julius Gabriel montre comment les rapports entre les deux archéologues se sont détériorés. Julius a volé Maria, la fiancée de Pierre Borgia. Celui-ci ne le lui pardonnera pas et, en se lançant dans la politique, abandonne l’archéologie pour devenir Secrétaire d’Etat à la présidence des Etats-Unis non sans avoir, auparavant, ridiculisé une ultime fois Julius pour ses théories, en une séance publique. Le père de Michael ne s’en remettra jamais et mourra d’une crise cardiaque. Michael, voulant venger son père, agresse Borgia. Ce dernier le fait enfermer comme fou monomaniaque persuadé de l’existence d’une menace extraterrestre.
    Autant la lecture du journal de Julius que des indices de plus en plus pertinents « qu’il se passe quelque chose » convainc Dominique de faciliter l’évasion de Michael dont elle tombe amoureuse. Libéré, Il ne perd pas de temps : il lui faut rejoindre de toute urgence le Yucatan car c’est au-dessous du plancher marin que se tapit la terrible menace du vaisseau extraterrestre encore actif, là où se concentre un vortex de lumière vert émeraude empêchant toute tentative d’approche. Parallèlement, une nappe noire d’une  pollution inconnue s’échappe de cet endroit, aborde les plages et infecte les êtres humains d’une manière incroyablement agressive et rapide. L’on y découvre l’influence d’un virus inconnu, aux effets terribles :
    " D’un seul coup, un énorme flot de sang noir épais et de tissus est expulsé de sa bouche. La bile brûlante se déverse sur sa poitrine et éclabousse la visière des scaphandres de Teperman et de l’infirmière. Chaney recule de plusieurs pas. La vue de la bile noire lui soulève le cœur. Il ravale le vomi qui remonte dans sa gorge et se détourne pour essayer de se ressaisir. "
    Dominique et Michael sont obligés de se cacher du docteur Foletta qui est sur leur piste. A la demande du jeune homme, le couple se rend à Chichen Itza en suivant les indications déchiffrées à partir des dessins du plateau de Nazca qui tenteraient à prouver qu’il existerait une arme permettant de contrer efficacement la menace représentée par le vaisseau. Michael, guidé par la " télépathie " d’un mystérieux "Gardien ", assumera un rôle déterminant dans cette action. Il est persuadé que le Gardien, un  extraterrestre qui le guide, grand, barbu, clair de peau, est celui que déjà les Mayas adoraient sous le nom de " Kukulcan ", leur dieu fondateur. On le mentionnerait par ailleurs dans plusieurs autres religions primitives et même dans la Genèse qui assure que des " Néphilim s’unirent aux filles des hommes ".
    Ce Néphilim-Gardien  lui expliquera qu’il est à l’origine de la socialisation humaine, faisant passer l’être humain du stade tribal au stade des cités.  Il est le seul de son espèce à être resté sur terre en vue de prévenir, à l’aide de multiples indices,  les hommes de l’immense danger qui les guette le 21 décembre 2012. A cette date, la créature noire qui gît dans le vaisseau sous-marin, à travers l’alignement  d’un tunnel spatio-temporel,  sera libérée et anéantira la Terre. Cette créature, qui se présente sous la forme d’un serpent appelé Teczatipoca par les Anciens, est l’ennemi du gardien Néphilim dont il a déjà anéanti les congénères. Le vaisseau-robot resté inactif durant soixante-cinq millions d’années reprend vie. Teczatipoca envoie des drones de par le monde, des monstres ailés, qui auront pour mission,  par la fusion nucléaire, de provoquer la libération de tout le CO2 emmagasiné sur terre depuis son origine sous la forme de carbonates. Le gaz carbonique libéré transformera totalement l’atmosphère terrestre, la rendant irrespirable pour les hommes mais viable pour les extraterrestres du type Teczatipoca,  lesquels sont à la recherche d’une nouvelle planète pour s’y établir. Quant aux millions de morts provoqués par cette fusion, c’est le cadet de leurs soucis :
    " L’explosion silencieuse de lumière blanche aveugle la femme d’affaires. L’allumage de l’instrument de fusion pure a généré un chaudron d’énergie plus brûlant que la surface du soleil. Janet Parker ressent une sensation de brûlure ultrabrève à l’instant où sa peau, sa graisse et son sang grillés se détachent de ses os. Une nanoseconde plus tard, son squelette se désintègre, tandis que la boule de feu déferle dans toutes les directions à la vitesse de la lumière. "
    Deux de ces drones, l’un en Chine l’autre en Russie, activent les systèmes d’alerte militaire du monde entier. Les Russes sont persuadés que le coup provient des Américains et déclenchent la phase d’assaut nucléaire. Partout dans le monde,  la terreur est à son comble,  à l’origine de paniques gigantesques :
    " Et le chaos régna… L’annonce qu’une guerre thermonucléaire a failli faire périr l’humanité a été accueillie avec incrédulité et soulagement, suivis par la peur et l’indignation. (…) L’indignation a rapidement débouché sur la violence. Deux jours et deux nuits durant, l’anarchie a régné sur la plus grande partie du globe. Des sièges de gouvernement ont été détruits, des installations militaires saccagées et les ambassades des Etats-Unis, de Russie et de Chine envahies. Des millions de citoyens ont marché sur leurs capitales pour exiger des changements. "
    Michael est le seul à pouvoir détruire les drones ainsi que le monstre car il a été programmé génétiquement depuis l’origine par le Gardien pour être le " Hun Hunaphu ", le sanctifié, celui qui, selon les mythes mayas, tuera le dragon et fermera à nouveau la porte du ciel.  La confrontation ultime aura lieu sur le terrain du jeu de balle de Chichen Itza au moment où Teczatipoca apparaît, avec sa gueule démesurée, qui est en réalité l’entrée du vortex extraterrestre. Michael/Hun Hunaphu, grâce à l’arme du Gardien (une sorte de glaive de sacrifice maya) pénètre dans le gueule du serpent, le tue et , ce faisant, referme la porte du ciel :
    " Je suis un Hunaphu, et je sais qui tu es ! D’un geste vif comme l’éclair, il plonge le couteau dans la gorge de Dominique (le monstre a emprunté les traits de sa fiancée) en lui donnant un coup de pied qui l’envoie au sol. Une substance noire suinte autour de la lame qu’il enfonce plus profondément. La créature se tortille dans les affres de l’agonie. Elle grogne, sa peau se ratatine, s’assombrit jusqu’au vermillon grillé. Le masque tombe sous les yeux de Michael. Avec un cri de guerrier, il tranche la tête du démon. "
    Comme tout héros, il meurt à la Terre dans son sacrifice ultime qui permettra également la libération des autres Néphilims, compatriotes du Gardien, encore prisonniers du monstre. Quant à Dominique (la véritable), enceinte de Michael, elle mettra au monde deux jumeaux prédestinés à être des héros. La Terre revit. Les missiles nucléaires, miraculeusement désamorcés par l’arme de Hun Hunaphu, n’ont pas éclaté. Les drones redeviennent inertes. Les sociétés auront tiré la leçon des événements : rendues plus sages, elles font le ménage dans leurs gouvernants, bannissant toute utilisation de l’arme nucléaire. Pierre Borgia, parce qu’il s’est acharné sur Michael, croupira en prison jusqu’à la fin de ses jours.
    Une oeuvre foisonnante, d’une imagination riche, se lisant à plusieurs niveaux et qui repose en partie sur les hypothèses d’Erich von Dänicken. L’originalité se situe dans la traduction en termes scientifiques et rationnels de mythes anciens. Le lecteur peut cependant être agacé par la personnalité floue et peu convaincante de Dominique qui oscille constamment entre le sabre et le missel, la lâcheté et la tendresse.


  8. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Philip WYLIE Parution: 1972
    Dans ce récit d’un réalisme terrifiant,  le narrateur nous fait vivre l’agonie de notre planète. La période se situe entre 1970 et 2023. Le texte s’assemble sous forme de rapports et réunit des faits, des enquêtes ainsi que des analyses. Le tout permet de suivre l’évolution désastreuse vers laquelle l’homme amène inexorablement la planète:
    " 1975. Date de non-retour. Déjà dans les années précédentes, il y avait eu bien des désastres qui n’étaient que les signes annonciateurs des pires malheurs. A Londres, un "smog" avait durant quatre jours causé plus de mille morts par jour. Un pétrolier, le Torrey Canyon s’était échoué et fracassé, polluant une bonne partie des côtes de la Manche.
    Les écoulements des puits de pétrole sous-marins au large de la Californie avaient rapidement atteint Santa Barbara et les alentours. Tous les grands fleuves d’Amérique étaient affreusement pollués. Le lac Erié était " mort ". Les lacs communicants, Michigan, Ontario, Huron étaient "mourants."
    La technologie galopante, la course à la consommation, entraînent les grandes et petites industries à produire plus et plus vite. La pollution suit le même rythme. Centrales nucléaires, usines chimiques, alimentaires, industries minières, pétrolières, automobiles, militaires, chacun apporte son lot de déchets:
    " Dès 1970 on estimait que l’industrie et les activités humaines connexes déversaient dans l’environnement au moins un demi-million de composés chimiques dont beaucoup d’une incroyable complexité, dont des dizaines de milliers étaient connus pour leur effets toxiques sur certaines espèces, ou dont on pouvait prévoir les dangers. Ces additifs aboutissaient à la mer, entraînés par les cours d’eau, le ruissellement des pluies. Et si les quantités étaient faibles pour certains produits, ils se déversaient néanmoins dans la mer par milliers ou par dizaines de milliers de tonnes. En 1980, les mers de la planète charriaient plus d’un million de produits chimiques... "
    Les tentatives pour alerter l’opinion restent vaines, ou alors:
    " Les gens tournèrent le bouton pour ne plus entendre parler des nouvelles sans cesse plus alarmantes quant aux dangers courus par leur environnement. Ils étaient fatigués, ils en avaient marre... Ce qui advint ensuite, quand on fit un effort pour forcer l’industrie et les villes à mettre un terme à la pollution, fut pire. Une telle entreprise impliquait des pénuries passagères, et  cela, les populations, menées par les syndicats, se refusaient à le supporter. "
    Quelque part, une écume verte mutante se développe. Ailleurs, une rivière devenue poubelle, explose à la suite d’une réaction chimique. Il y aura plus de cent mille victimes dans l’agglomération se situant sur ses rives. Ailleurs encore, les habitants d’une grande ville d’Amérique sont fauchés par millions, l’air qu’ils respirent devenant toxique. Un virus qui détruit le riz dans les pays du Tiers Monde, et c’est la fin. La mer charrie des milliards de vers qui attaquent toute vie animale et humaine.
    La recherche de nouvelles énergies provoque le cataclysme final. L’Antarctique malmené entre dans une période d’activité volcanique. Les glaciers fondent, le niveau des mers monte. Mers polluées, atmosphère polluée, radioactivité, smog, formes de vie mutantes, climats bouleversés, tremblements de terre, monée du niveau des océans, telle est la situation en 2023. L’homme n’a plus aucun avenir.
    La "Fin du rêve" est un roman prémonitoire qui met l’accent sur la généralisation des pollutions en ce fin de siècle. Avec le "Troupeau aveugle" de John Brunner, il constitue l’avertissement le plus net quant à la probabilité d’une vraie catastrophe dans le monde réel du XXème siècle si aucune mesure n’était prise pour minimiser le phénomène. Or ce qui sépare le réel de la fiction est que ces mesures commencent à être prises.
    Néanmoins, en 2001, la mer Baltique reste une étendue d’eau polluée par les sous-marins soviétiques en train d’y pourrir, les rejets porcins en Bretagne stérilisent une terre devenue acide, les nappes phréatiques sont régulièrement polluées par les nitrates, les centrales nucléaires en Russie demeurent obsolètes et très dangereuses, la pollution aérienne par jours de grand beau temps au-dessus des villes atteint des pics dangereux. Et là, ce n’est plus de la fiction...

  9. Type: livre Thème: épidémies, sociétés postcataclysmiques 1 Auteur: Robert SILVERBERG Parution: 1976
    Comme chaque matin, Shadrak Mordecaï, le médecin personnel du dictateur du monde Gengis 2 Mao IV, se réveille. Relié par des implants informatiques à son auguste supérieur, il est averti immédiatement des états kinesthésiques de Gengis, se transformant pour lui en une sorte de prothèse électronique. Gengis 2 Mao IV ne tient pas à mourir en ce matin de l’an 2100. S’étant hissé au sommet du pouvoir mondial, il a instauré le règne de la dictature prolétarienne absolue, reposant sur la théorie de la double redondance.Grâce à lui, un semblant de cohésion sociale existe encore de par un monde irrémédiablement réduit à quelques dizaines de millions de personnes, en diminution constante. Tout a commencé avec le réveil du volcan Cotopaxi en Amérique du Sud qui, en crachant des nuages ininterrompus de cendres empoisonnées a déstabilisé l’écologie de la planète :
    "L’air s’est raréfié et refroidi, il porte une âcre odeur de soufre. Ce n’est encore que le milieu de l’après-midi, mais la cendre tombe si dru qu’il faut déjà éclairer les rues, où la couche de fine neige grise atteint la hauteur des chevilles –tandis que le Cotopaxi gronde et siffle, et que les gens se pressent en désordre vers le nord. Mordecai sait ce qui va se passer (…)L’explosion n’est plus loin, celle qu’on entendra à des milliers de kilomètres de là, puis il y aura le tremblement de terre, les nuages de gaz empoisonnés, le déversement insensé de tonnes de cendre volcanique qui effaceront le soleil de l’horizon de la planète entière ; en cette nuit du Cotopaxi, les anciens dieux courront libres à la surface du monde, et les empires s’effondreront. "
    Des troubles politiques et sociaux s’en sont suivis à travers les populations fragilisées, provoquant des guerres totales qui ont fait basculer tous les régimes et détruit tous les systèmes gouvernementaux existants. Enfin, la " Guerre virale " a provoqué le syndrome du " pourrissement intérieur", maladie qui affecte le patrimoine génétique de l’homme. L’être humain n’a plus que le choix de mourir soit très vite (forme rapide de la maladie), soit en pourrissant sur pieds (forme lente) :
    " Ici tout le monde souffre du pourrissement organique, mais la chose est acceptée et ne provoque aucune panique. Les corps des New-Yorkais sont transparents ; Shadrak voit rougeoyer les légions internes, les zones de purulence et de décomposition, les éruptions, les érosions, les suppurations qui affectent intestins, poumons, tissus vasculaires, péritoine, péricarde, rate, foie, pancréas. La maladie se signale par des vagues de pulsations électromagnétiques qui martèlent lourdement sa conscience, rouge, rouge, rouge. Ces gens sont bourrés de trous de la cave au grenier… "
    L’empire de Gengis, dont la capitale mondiale se situe à Oulan-Bator, s’est répandu universellement, comme l’énonce son journal fictif :
    " L’ancienne société se meurt. Il y a seulement dix ans, je pensais qu’un bouleversement fondamental était impossible; puis il y a eu le volcan, la terreur, les soulèvements, la Guerre virale, le pourrissement organique. Trois milliards d’êtres humains ont péri et les institutions s’écroulent comme autant de mauvaises constructions, frappées par un tremblement de terre. Je ne partirai pas d’Oulan-Bator. Je crois que mon heure est enfin venue. Mais le gouvernement que je vais constituer ne portera pas le nom de République populaire. "
    Instaurant un état dictatorial absolu, une sorte de stalinisme technologique selon la théorie de la " dépolarisation centripète " où tout le monde est surveillé vingt quatre heures sur vingt quatre, où tous les noms sont enregistrés, où la police est omniprésente à travers le système de surveillance de Vecteur 3, où le monde est dirigé par un vieillard de plus de quatre vingt dix ans qui n’a plus rien d’humain. Ses organes internes sont régulièrement remplacés de telle manière qu’il puisse se survivre à lui-même, sinon éternellement, du moins le plus longtemps possible. Des banques d’organes sont constamment réapprovisionnées avec les opposants – supposés ou non - du régime. Son seul problème est le remplacement de ses  neurones. Craignant à terme que la sénilité le gagne, Gengis a ordonné la mise en œuvre de trois projets qui devraient assurer sa survie.
    Le premier consiste à créer un double mécanique, miroir de sa personnalité. Le deuxième recherche toute possibilité de faire repousser les neurones. Le troisième envisage le transfert de l’esprit de Gengis en un nouveau corps plus jeune. Il compte utiliser à cet usage son neveu Mangu. Mais Mangu se suicide. Gengis attribue cette mort à une action terroriste et, du haut de sa sénilité, décrète une immense purge. Même les dignitaires du régime se sentent menacés. Shadrak qui informe constamment le Khan de son état de santé,  apprend de la bouche du chef de projet N°3 que le dictateur s’est réservé le propre corps de Shadrak en remplacement de celui de son neveu.Troublé, déchiré par sa vocation médicale qui met sa loyauté au service du vieillard et désireux cependant de préserver sa propre vie, Shadrak s’autorise un voyage autour du monde pour prendre ses distances par rapport à un avenir menaçant.
    Lui, comme les autres dignitaires du régime, sont régulièrement préservés du pourrissement lent par le sérum "Roncevic ", du nom de son découvreur. Contrairement aux annonces officielles qui destine le médicament au monde entier, celui-ci est réservé à  l’élite politique de Gengis. Shadrak découvre dans sa pérégrination autour du monde, le mal dans toute son horreur : Jérusalem, Istanbul, Pékin offrent le même visage de décomposition et de mort. A Pékin, il est accueilli par le chef de service de la police de Gengis qui est envoyé pour le ramener chez le dictateur. Shadrak apprend que Gengis souffre d’atroces maux de tête dus à une accumulation du liquide céphalo-rachidien, ce qui augmente la pression intracrânienne.
    Une intervention est décidée afin de mettre en place, à l’intérieur même du cerveau de Gengis, une dérivation à l’aide d’une valve. Trouvant là une solution à son problème, Shadrak, avec l’aide d’un informaticien contestataire, se fait greffer un implant-maître dans sa main gauche qui aura pour effet d’inverser le sens d’ouverture de la valve lorsque le médecin serre le poing ce qui tuerait à coup sûr Gengis. A partir de ce moment, Shadrak tient au sens propre du terme la vie du dictateur dans sa main et pourra le diriger telle une marionnette. Gengis, vaincu, accède à sa demande de devenir le directeur de l’autorité médicale mondiale dans le but de faire distribuer le médicament salvateur au restant des populations.
    Une œuvre originale qui, comme souvent chez Silverberg, explore l’inconscient de ses personnages, tous d’exception, fouille leur motivation, décrit leur évolution psychologique, le tout sur fond de cataclysme et de décrépitude. Un roman qui atteint au classicisme dans le genre.

  10. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Robert JEAN-BOULAN Parution: 1950
    La terre est condamnée. Menacée par une grosse pluie d’aérolithes, elle volera bientôt en éclats. Le professeur Vaubert initie donc le projet de transporter environ six cents êtres humains choisis (l’on ne saura pas comment) à bord de ballons gonflables (eh !oui) sur la planète Mars,  où les hommes pourront se perpétuer en toute quiétude. Menée par le vieux savant Jean Denouart, l’expédition prend son envol. Alors que la terre disparaît dans un déluge de feu, nos chanceux aéronautes atterrissent sains et saufs sur Mars où, avant de s’implanter définitivement, ils aideront les autochtones de la planète rouge en forme de champignons, à combattre leurs ennemis.
    Un petit récit dont les invraisemblances scientifiques contribuent au charme suranné de la naïveté des années cinquante.