Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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La Fin Du Temps - Par BenF
" Juché sur la dernière fenêtre du monde, le corbeau regardait distraitement s’enfoncer la terre comme un baldaquin de mains et d’adieux derrière la fumée lointaine du soleil, rouge de soir inutile et d’espérance trahie. "
L’expression d’une nostalgie de la finitude.
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Shangaï Express - Par BenF
Lupin Brandon, 39 ans, crétin patenté et authentique franchouillard, est le dernier homme sur terre. Pourquoi lui seul a-t-il su résister à l’épidémie virale foudroyante, surnommée « Shangaï express », qui, en vingt jours, a décimé la totalité de l’espèce humaine? On ne sait. En tout cas, il s’amuse en fonction de son degré de culture et de ses croyances racistes, scatologiques et anti-technologiques. Avec délectation, il marche : « sur les cadavres décomposés des riches clientes foudroyées dans cette épicerie de luxe (Fauchon). Il guettait particulièrement le petit bruit sec des cages thoraciques cédant sous le talon de ses rangers. »
Malgré cela, il s’ennuie. D’autant plus qu’il a tué son unique compagnon, survivant lui aussi, parce qu’il utilisait des mots qu’il ne comprenait pas.N’ayant plus d’avenir, haïssant un monde qui l’a laissé vivre, Lupin Brandon, crétin patenté, finit par se suicider. Au grand plaisir de tous les animaux qui eux, ont survécu au virus.
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Axel Et Nova - Par BenF
Vol. 01 : le Dirigeable des sables, Nestiveqnen éd., 2003, coll. « Axel et Nova », 1 vol. broché, in-12 ème , 137pp. couverture illustrée par Kara. roman d’expression française
1 ère parution : 2003
Axel et Nova, deux jumeaux télépathes et leur chauve-souris mascotte Black, vont connaître de terribles aventures dans un monde infernal saccagé par l’arrivée d’un météore qui a transformé la Terre, fait s’évaporer l’eau des océans, instauré une chaleur infernale en tous lieux. Le manque d’oxygène a poussé le dernier groupe des humains sous la férule de Jeanlin, le père des jumeaux, organisateur hors-pair, dans des grottes hermétiquement closes où ils survivent avec peine.
Mais l’heure est venue d’en sortir car l’eau et l’oxygène s’épuisent. Le groupe compte sur Axel et Nova pour les sauver. A l’aide d’un dirigeable hâtivement conçu, il leur permettra de partir pour explorer l’extérieur dans le but de découvrir de nouvelles ressources. Nos amis embarquent. Ils ont pour mission de suivre un câble, anciennement sous-marin. Les ennuis commencent de suite, dès la crête rocheuse franchie, au-delà de la ville moderne en ruines où se distinguent encore des cadavres desséchés. Le soleil impitoyable et le manque d’oxygène qui les obligent à enfiler un scaphandre, leur font douter de leur réussite bien qu’étant stimulés télépathiquement par leur père.
Par deux fois ils manquent de mourir. D’abord, lorsque arrêtés pour s’approvisionner en eau près d’un immense navire échoué, ils seront attaqués par les membre survivants de l’équipage, métamorphosés en odieux mutants radioactifs. Des crabes géants, issus du marécage puant, plus vilains encore que les mutants, les en débarrassent en entraînant les monstres au fond d’une eau polluée par le pétrole.
Ensuite, quand leur dirigeable perdra de l’altitude dans une plongée effrayante, les entraînant dans ce qui fut jadis une fosse marine, jusqu’à leur faire frôler le bouillonnement volcanique du rift médio-atlantique :
« - Quelle horreur… parvient à souffler Nova, mettant ses mains devant sa bouche pour ne pas crier.
Tout en bas, au plus profond de la nuit rocheuse, des fleuves de lave grondent, charriant leurs bombes incendiaires, leurs cordes incandescentes, leurs lueurs de soleil liquide. Des fumerolles corrosives montent, des flammes pâteuses tentent de lécher l’appareil.
-Remonte, remonte ! hurle Nova. »
Sauvés par un courant d’air chaud et puissant, l’appareil remonta, emportant en ses flancs Axel et Nova évanouis.
Au réveil les attend une agréable surprise. Ayant quitté la zone des dangers, ils ont atterri au Vénézuela, dans le delta de l’Orénoque où subsiste encore un micro-climat convenable au développement de la végétation. Et surtout –ô miracle !- où les attend leur maman, une ancienne hôtesse de l’air qu’ils croyaient disparue à jamais.
Recueillie lors de la chute de l’avion par une tribu indienne aux pouvoirs chamaniques, elle a survécu, contente de retrouver les enfants qui sont indubitablement les siens du fait de leurs pouvoirs télépathiques.
Axel et Nova, après avoir mis leur père au courant de leur bonne fortune, se reposent en ce décor enchanteur avant de poursuivre leur périple.
Vol. 02 : les territoires bleus, Nestiveqnen éd., 2003, coll. « Axel et Nova », 1 vol. broché, in-12 ème , 138pp. couverture illustrée par Kara. roman d’expression française
1ère parution : 2005
Axel, Nova, Black et Armelle, leur maman, doivent, sur l’incitation mentale du chamane qui a passé dans l’esprit de Nova, aller plus loin dans leur quête. Le météorite inconnu, à l’origine du cataclysme, est resté bloqué quelque part dans le pays de la nuit. Car non seulement il est à l’origine du bouleversement écologique mais encore, il a freiné, puis arrêté la rotation de la terre, engouffrant la moitié du globe dans une nuit éternelle. Et c’est vers elle que se dirigent nos amis dans leur engin volant.
Il leur faut avant tout traverser les Andes, barrière rocheuse présumée infranchissable.
Guidés par Black et la claire vision de Nova, entraîné dans un courant d’air irrésistible, le dirigeable s’enfonce à l’intérieur d’une immense caverne glacée et sombre formant tunnel. Ils déboucheront à l’air pur, sous les étoiles, pour frémir devant une autre vision: à perte de vue la noirceur, le froid et la surface miroitante d’un océan Pacifique gelé :
« Riches de cette découverte, ils ne se lassent pas de contempler la banquise fluorescente qui reflète derrière les hublots, le ciel étoilé. Parfois, en fonction des angles de la glace, dix ou vingt lunes apparaissent en même temps sur le sol figé. La banquise, baignée d’une lumière surnaturelle, est hérissée de cristaux et de facettes. La succession de glaçons, de falaises neigeuses et de crevasses qu’ils survolent sans qu’ils puissent distinguer le moindre indice d’eau libre en profondeur, leur donne le vertige. »
Par bonheur, ils se feront reconnaître d’une autre tribu qui a adopté les habitudes polaires des Inuits. Subsistants autour d’un énorme puits d’eau libre dû au réchauffement interne, ils subissent les assauts de toutes les bêtes marines et polaires, notamment des ours, qu’ils parviennent à éradiquer grâce au lance-flammes de Nova. Soignant les gelures d’Armelle, ils aideront nos hardis pionniers à repartir en direction de la météorite dont la force magnétique est si puissante qu’elle attire tous les objets métalliques à des centaines de kilomètres alentour.
Pour éviter de la subir , ils transforment leur dirigeable en parachute à skis, le laissant aller à sa guise. L’accélération, de plus en plus forte, leur fait craindre pour leur vie. Finalement, ils arrivent à freiner juste devant la météorite, grande comme une colline, enchâssée dans la glace.
Grâce à l’appui télépathique de son père, Nova sait qu’ils devront la libérer de sa gangue, ainsi le bolide repartira-t-il dans l’espace retrouver par aimantation la planète dont elle provient, appelée Magnétis.
Toujours astucieux, ils mettront le feu (à une distance prudente) aux nappes de pétrole et de kérosène s’échappant des soutes des navires agglutinés autour de la météorite. La chaleur faisant fondre la glace, la météorite s’arrache à la banquise, disparaissant dans l’espace :
« Alors, dans un ultime tableau d’apothéose, la météorite s’arrache du sol. Bouches ouvertes, ils assistent à son lent décollage.
La masse métallique sort en repoussant des bourrelets de glace à demi fondue, souillés de pétrole et de cendres. Elle n’en finit pas de s’élever en grondant, engendrant autour d’elle failles et vagues dans la banquise éclatée. Ensuite, tout va très vite. Tel un œuf monumental, elle jaillit de son nid blanc, projetant tout autour d’elle une pluie d’étoiles glacées. Un moment, on dirait qu’elle flotte dans l’air, défiant toutes les lois de la pesanteur. »
Aussitôt, la température s’élève et l’aube commence à pointer car la terre a retrouvé sa rotation.
Ayant sauvé le monde, il leur reste encore à revenir auprès de leur père qui, dans les grottes, semble être en butte à des émeutes. Mais ceci est une autre histoire…. non publiée jusqu’à présent.
Un récit pour pré-adolescents, pédagogique et moralisateur, dans lequel l’auteur a surenchéri sur l’incroyable, et tordu la logique à son gré : chamanisme, télépathie, monstres gluants, respect de papa et de maman, « trucs et ficelles », écologie et avertissements, se partagent le texte en un pot-pourri rapidement lassant.
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Dans les chapitres 22 et 23 Mitou et Toti, un petit garçon et une petite fille qui voyagent dans les siècles grâce à un anneau magique, aboutissent par erreur à la fin des temps. Ils contemplent un monde à l’agonie, où les montagnes sont arasées, où s’étale une mer plane, où luit faiblement un soleil rouge :
" Le lent travail des eaux avait presque entièrement nivelé la surface de notre vieille planète où toute vie semblait avoir disparu.(…) Un soleil rouge et réduit de moitié éclairait faiblement ce décor apocalyptique. Diminué par suite de la contraction due à son refroidissement, le soleil avait conduit inexorablement la Terre vers sa fin dernière. "
Sur le site de l’ancienne cité de Paris réduit à un chaos informe de rochers, des petits bonhommes à huit bras se précipitent dans une fusée et décollent. Le génie de la terre, vieillard grinçant qui les réexpédiera dans leur passé, leur expliquera que ce sont des extraterrestres qui pillent les derniers minéraux d’une terre défunte.
Une petite incursion dans notre thème par un auteur imaginatif et esthète.
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Shiva Le Destructeur - Par BenF
Au début du XXIème siècle, la technologie a permis de mettre sur orbite des satellites opérationnels ; l’homme a installé une base permanente sur la lune et même visité Mars. Mais une menace baptisée « Shiva » se profile sur l’horizon astronomique. Il s’agit d’un essaim de météorites de belle taille avec, au centre, un noyau de deux kilomètres de diamètre et de 30 000 milliards de tonnes, essaim appartenant au groupe des « Apolliniens », appelés à croiser l’orbite de la Terre depuis plusieurs millions d’années.
Mais cette fois-ci la collision est inévitable et imminente. Certains signes avant-coureurs se sont déjà manifestés par la destruction entière de quelques villes. Encore n’est-ce qu’un hors d’œuvre puisque Shiva, de retour de son aphélie, percutera la terre de plein fouet assurant à coup sûr la destruction de l’espèce humaine. Il reste environ deux années avant le choc et l’Amérique, toujours en avance technologique, est le seul état capable de réagir.
Le président Knowles prend immédiatement contact avec les Russes ainsi que toutes les nations susceptibles d’aider les USA. Il s’agit d’envoyer à l’encontre de Shiva l’ensemble de missiles atomiques disponibles, de les y faire exploser, ne serait-ce que pour dévier l’énorme masse centrale de l’orbite terrestre. Toutes les énergies doivent concourir en ce but et une équipe de cosmonautes mêlant Russes et Américains deviendra opérationnelle rapidement. Elle comprendra à la tête de la fusée « Alpha » le colonel Carl Jagens, un être dominateur et rationnel dont l’unique mission sera de sauver la terre du péril qui la menace :
« Menchov resta muet et Jagens lui en fut reconnaissant. Il lui fallait se concentrer totalement sur la tâche à venir. Rapidement, il passa la situation en revue. S’ils n’avaient pas dévié Shiva d’ici deux heures, plus rien n’aurait de signification. La collision se produirait et même si elle ne se produisait pas de plein fouet, le choc n’en prendrait pas moins des proportions colossales. La terre se trouverait toujours sur le passage. Ce qu’ils allaient faire au cours des deux heures suivantes déciderait du sort de l’humanité. »
La fusée « Oméga », celle qui devra parfaire le travail en dispersant l’essaim, sera commandée par Lisa Bander, une jeune femme sensible mais accrocheuse. Les équipages seront entraînés à Cap Carnaveral en même temps que de nombreuses autres bases, éparpillées sur le territoire américain, qui toutes participeront à l’effort de guerre. Avec la bombe russe de quatre cents mégatonnes, Shiva devra encaisser le coup central. Elle sera suivie par une vingtaine de bombes de vingt mégatonnes chacune. Une opération à haut risque tenue par Knowles d’une main de fer alors que la décomposition des sociétés humaines a déjà commencé :
" Le chaos. Même dans l’armée. Mutineries sur les navires, désertions, sabotage. La Royal Navy perdit le Repulse, dont l’équipage, imitant celui du Bounty, mit le cap sur Tahiti. Les Russes perdirent deux bâtiments, coulés par leurs équipages, dont tous les membres disparurent pour consacrer à la débauche leurs ultimes semaines. Les Français eurent un navire sabordé dans le port du Havre, les Boliviens aussi. Les coups d’Etat se multiplièrent en Amérique du Sud. La mère de Mort Smith découverte assassinée dans son appartement de Fort Lauderdale. La loi martiale ne s’appliquait pas encore sur l’ensemble du territoire, mais on n’en était pas loin. Le président Knowles réussissait à faire garder son sang-froid au gouvernement bien qu’il y ait eu des émeutes provoquant des centaines de morts. Du moins n’avait-on pas dynamité le Capitole ni le monument de Washington, la tentative ayant échoué. Un monde devenu fou. Littéralement fou. "
A la stratégie de la NASA s’opposeront les « Gabriélistes », ainsi nommés à cause de « Frère Gabriel », un ancien commercial qui s’est reconverti en sentant son heure venue. L’arrivée de Shiva est pour lui le signe de l’apocalypse et seuls survivront les forts après que l’humanité aura été balayée. Pour cela, la marche de Shiva ne devra pas être contrariée et les Gabriélistes, de plus en plus nombreux et efficaces au fur et à mesure que le danger se précise, s’y emploieront jusqu’à envisager la destruction des tours de lancement des deux fusées. D’autres religions de la fin naissent comme celles qui proposent le suicide ou l’orgie. Les échanges commerciaux se ralentissent puis s’arrêtent. Le troc prend place. Les rues sont envahies par des bandes braillardes qui, en proie à la peur de la mort, se livrent aux pires exactions.
Les personnages suivent leur destin individuel dans ce délire collectif. Knowles, par exemple, qui apparaît comme un maillon essentiel de la survie humaine, écrasée par sa mission, se réfugiera dans son adolescence en jouant de la guitare et en couchant avec sa secrétaire. Carl Jagens, décidé à tout prix à empêcher la collision, après l’envol de la mission et en approche de l’ennemi, se transformera en fou paranoïaque allant jusqu’à éliminer ses coéquipiers pour s’assurer la victoire à lui tout seul. Il y gaspillera ses missiles et , chevauchant la bombe, (clin d’œil à « Dr Folamour »), il disparaîtra, transformé en énergie pure. Lisa Bander, malgré ses hésitations et son affection envers Diego, un autre membre de l’équipe, placera ses missiles à bon escient. Quant à Frère Gabriel, il convainc par le truchement médiatique, des millions d’hommes à se sacrifier.
L’on suit aussi l’action essentielle d’obscurs sans-grades, tels ce sergent Saperstein qui aide à contenir la ruée des Gabriélistes vers les tours alors que d’autres se sacrifient pour assurer l’alimentation électrique nécessaire au relais chargé de communiquer les dernières informations techniques essentielles à la précision du tir aux deux fusées Alpha et Oméga. Dans la ville de Houston, en pleine anarchie, ils « emprunteront » l’alimentation électrique à un hôpital pour assurer les communications, condamnant à mort du même coup de nombreux blessés :
« Saperstein regarda autour de lui. Une centaine de personnes – dont quelques enfants- gisaient à l’intérieur du périmètre. Des milliers étaient empilés en tas muets et obscènes le long de la clôture, qui crépitait encore en jetant des étincelles. Un corps tomba comme une masse et resta étalé dans une posture indécente. C’était celui d’une jeune femme. »
Les derniers instants avant l’impact seront précédés par des chutes de météorites qui, bien que de taille modeste, creuseront de profonds cratères, ressusciteront d’anciens volcans, provoqueront des raz de marée gigantesques, pulvériseront des cités ou des régions entières. Finalement Shiva le Destructeur se transformera en Shiva le Sauveur. Les derniers missiles lancés par Lisa ont infléchi sa course et l’ont amené à se satelliser autour de la terre, avec dans ses flancs une immense fortune, des milliards de tonnes de ferro-nickel qui fourniront à l’humanité, transformée par l’épreuve, une longue prospérité économique. Lisa et Diégo, seuls survivants de l’aventure cosmique, seront hissés au rang de héros planétaire.
« Shiva le destructeur » est un roman complexe, touffu, étonnant. Mélangeant personnages et situations dramatiques, préparation minutieuse des événements, malaxant destins individuels et collectifs de manière hyperréaliste, Benford et Rostler ont signé une grande fresque humaniste. Ils ont rénové un thème archétypique du genre cataclysmique en faisant de ce récit le substrat d’une œuvre angoissante par son réalisme.
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Trois joyeux compagnons reviennent des Etats-Unis en transatlantique jusqu'au Havre. Fontable, reporter parisien de "la Voix", Jacky, un jeune acteur de cinéma et Jim Horder, ex-matelot de la marine américaine désirent se rendre au plus vite dans la capitale française. Pourtant, le mystère naît et s'épaissit lorsqu'ils n'arrivent ni à téléphoner, les lignes étant toutes coupées, ni à prendre un avion, les départs étant annulés, ni à accéder au train pour les mêmes raisons. En désespoir de cause, ils hèlent un taxi qui les transportera au plus vite jusqu'au siège du journal. Mais une surprise les attend dès leur entrée en ville. Les quatre hommes parcourent rues après rue sans rencontrer âme qui vive, sans croiser d'autres voitures, sans qu'aucune vie urbaine ne se manifeste. Tout Paris semble profondément endormi:
"Après avoir traversé les zones populeuses de la grande banlieue parisienne, plus l'auto qui transportait le journaliste et ses deux compagnons, se rapprochait de Paris, plus elle semblait s'enfoncer dans le désert. Lorsqu'ils eurent franchi les portes de la capitale, les trois amis eurent l'impression de se trouver dans une ville inhabitée, dans une ville morte. Il pouvait être environ midi: il n'y avait pas un passant dans les rues, pas une voiture, pas un chat; toutes les boutiques, tous les cafés étaient fermés, tous les stores baissés, tous les volets poussés... Tout était calme, vide et désolé."
Intrigués, et soupçonnant un événement de taille, même à la rédaction de "la Voix", ils trouvent les collègues de Fontable inertes, hormis Constantin, un vieux garçon de bureau poussé sur la bouteille, qui n'a pu leur expliquer la cause du curieux phénomène. Ils reprennent donc leur périple à travers divers quartiers de la ville jusqu'à apercevoir, dans la rue d'Hauteville, un singulier vieillard, au comportement bizarre, qui, agité et souriant, ausculte certains gisants, leur tapote la poitrine et éclate de rire sporadiquement:
"Glissant le long des murs, il se rapprocha peu à peu de l'homme. Il parvint bientôt à distinguer ses traits: c'était un petit vieillard à barbiche grisonnante, vêtu d'une sorte de redingote, coiffé d'un chapeau noir, et le nez chaussé d'une paire de lorgnons qui tremblaient à chaque pas qu'il faisait. Son costume était élimé, sale, rapiécé, ses souliers étaient éculés, et son pantalon en accordéon. Il portait à la main une paire de gants beurre frais flambants neufs. Il marchait tantôt sur un trottoir, tantôt sur l'autre, et entrait dans chaque maison."
Soudain, une camionnette arrêtée près d'une bijouterie et des hommes qui y chargent diverses caisses font supposer au journaliste d'assister à un vol de grande envergure. Il est aussi témoin de l'enlèvement du vieillard, jeté ligoté au fond de la camionnette. Celle-ci repart, suivie par le taxi, et s'arrête près d'un terrain d'essai à Issy-les-Moulineaux où se trouve un avion prêt à prendre le large. Renvoyant ses amis à Paris pour enquêter sur l'insolite phénomène, Fontable se charge de la surveillance des malandrins.
Dans la capitale, les gens se réveillent brusquement. La police est sur les dents. Elle vient d'enregistrer plus de cinq cents vols commis dans des banques et bijouteries; c'est le casse du siècle! Elle envisage l'hypothèse d'un endormissement généralisée de la capitale par des gaz somnifères. C'est d'ailleurs la thèse qu'avancera notre vieillard, découvert par Fontable dans une maison abandonnée, proche du terrain d'aviation. Toujours aussi agité et au bord de la crise de nerfs, celui-ci lui révèlera être un savant, du nom de Panowski, inventeur d'un narcotique ultra-puissant, qu'il avait mis au point pour éradiquer la guerres en endormant les belligérants sur le champ de bataille;
"Partout, on ne vous parle que de gaz asphyxiants, de rayons qui tuent, ou de bombes microbiennes. La prochaine guerre, Monsieur (...) sera une guerre scientifique: la guerre chimique, la guerre microbienne. Vous imaginez cette chose atroce; grâce à tous les engins, grâce à tous les appareils qu'on est en train de fabriquer, et de mettre au point, tout le monde sera tué avant de s'en apercevoir... la surface de la terre, Monsieur, sera littéralement nettoyée...."
Il était en proie à une exaltation frénétique. Il avait lâché Fontable et, tout en parlant, il marchait de long en large dans la pièce, en poussant des cris gutturaux et en balayant l'espace de ses deux bras".
De retour à son appartement parisien avec le journaliste, le vieillard délirant s'aperçoit qu'on lui a aussi volé sa formule. Mais Fontable soupçonne que Panowski ne lui a pas dit toute la vérité. Le remettant entre les mains de Jacky et allant enquêter du côté de l'Institut, il y apprend que le professeur Panowski y est un parfait inconnu. Par contre, il tombe sur un entrefilet de "la Voix", qui cite un certain professeur Maiserelle comme l'inventeur de "l'électro- narcose". Il se rend au domicile de Maiserelle qu'il trouve ligoté dans son bureau. Celui-ci lui apprend que c'est son procédé qu'ont employé les malandrins, dont Panowski était le complice, dirigés par un certain monsieur "Lechef". N'ayant pu soudoyer le véritable savant, Lechef l'a capturé et a utilisé sa machine pour endormir Paris. Alors que Maiserelle destinait son invention à soulager les malades, Lechef et sa bande y ont vu le moyen de s'approprier les richesses d'autrui.. Quant au vieillard, il a pensé être à l'origine du phénomène d'endormissement, en ayant inventé la formule d'un narcotique imaginaire. Les contorsions ultimes de ce dernier fournissent d'ailleurs à Fontable la preuve irréfutable de la folie dont il est frappé:
"Lorsque Fontable, accompagné cette fois du professeur Maiserelle, retourna rue de la Pompe, la crise de désespoir du "professeur" Panowski était complètement et définitivement passée.(...) Il était retombé dans son absurde rêverie. Il divaguait doucement. Il disait qu'il était le roi, l'empereur, le maître tout-puissant des cinq parties du monde. Il voyait l'univers à ses pieds; l'univers lui offrait des fortunes gigantesques, des milliards et des milliards de francs, de dollars et de livres sterling, pour lui acheter son invention; mais lui, insensible à ce mirifiques propositions, repoussait l'univers d'un geste excédé..."
Ainsi, le mystère s'était éclairci. Panowski fut confié aux mains expertes des neuro-psychiatres. De Lechef et de sa bande de brigands, il n'en fut plus question. Fontable, maintenant célèbre, devint rédacteur en chef de son journal. Et le professeur Maiserelle put reprendre ses travaux en tout quiétude. Quant à ses amis... mais pourquoi, diable, avait-il eu besoin d'amis?...
Un roman pour adolescents qui tient beaucoup de la nouvelle. Un papier épais, une double interligne, des lettres en gros caractères, une intrigue linéaire, un savant fou en prime et une fausse piste, le destinent sans ambiguïté à un public jeune. La seule petite infraction à la morale du roman populaire est que cette fois-ci, le crime a payé: jamais l'on ne retrouvera l'argent du vol! En conclusion, un texte facile, d'un abord agréable, qui devait plaire aux lecteurs de douze ans d'âge.
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La Cage De Londres - Par BenF
Les Martiens de Wells (le prophète !) sont de retour. Ayant réduit le reste des Terriens en esclavage, leur nature trop différente de ces derniers les empêche de les reconnaître comme des êtres pensants. Ils s’en servent comme du bétail, des vaches, dont il faut traire le lait, c’est-à-dire le sang, puisque les Martiens sont des vampires. En conséquence, ils ont bâti un centre d’élevage rationnel sur l’ancienne cité de Londres en ruines :
« Le 2ème cercle d’Oxford est une grande enceinte circulaire, où se pressent environ cent cinquante personnes, enfants, adolescents et adultes dans la force de l’âge. Trois arches dans le mur communiquent avec les compartiments voisins : au sud, le 1er cercle d’Oxford ; au nord, Cambridge ; à l’est, Chelsea Bis. On désigne aussi ces larges salles bétonnées comme des « arrondissements » d’une vaste agglomération. En tout, trente-deux arrondissements similaires forment la grande cité de Londres ».
En confinant les humains dans des salles sphériques mais communicantes, il leur est loisible non seulement de les traire, mais aussi de changer leur litière, de les désinfecter ou d’éliminer les unités les moins productives (les vieux notamment ou ceux qui ont mangé du rat, ce qui rend leur sang incompatible avec le leur). Du côté des hommes, cette situation est vécue dans la fatalité et la passivité, dues essentiellement à leur méconnaissance des intentions des Martiens, êtres qu’ils prennent pour des dieux. L’invasion dont Wells (le prophète !) a parlé en premier est appelée la «Sainte Invasion » :
« Autrefois, paraît-il, l’Humanité a vécu une longue période de purgatoire. Une période terrible. Les Londoniens connaissaient la souffrance, étaient victimes de pénibles maladies, devaient trouver eux-mêmes leur nourriture, devaient se vêtir (difficile à imaginer), construire des abris pour se protéger des éléments (encore plus bizarre…, des écarts de température, de l’eau qui tombait du ciel, des éclairs et du tonnerre… quel monde inconcevable !) Puis un prophète, Wells le visionnaire, a annoncé le premier la Sainte Invasion. »
Nus, nourris, mis en stabulation, les esclaves humains ne pensent plus à se révolter. Au contraire, ils ont développé un ensemble de rites religieux pour expliquer les agissements des Martiens, « Maîtres » mystérieux et tout-puissants. En accentuant l’aspect religieux, la vénération à l’égard de leurs tortionnaires, les « Prefesseurs », aidés par des acolytes, insufflent, en tant que médiateurs, la vraie foi à leurs ouailles qui doivent se soumettre en toutes choses. La première traite (prise de sang) est attendue avec impatience par les jeunes humains qui, comme nouveaux initiés, pourront participer à un rituel d’accouplement, la sexualité formant le deuxième pilier de la stabilité dans la cage de Londres :
« Garçons et filles sont nus, comme la plupart des occupants de la vaste enceinte bétonnée. Mais leurs longs cheveux ont été savamment tressés par leurs mères en arabesques complexes pour la cérémonie rituelle. Quand ils ressortiront de la chapelle du sacrifice, leur crâne sera rasé. Leurs aisselles et leurs organes génitaux seront aussi proprement épilés, de même que la poitrine et le visage des garçons. »
Enfin l’ordre social est assuré par un « mâle dominant ». En cet environnement clos, les Martiens-vampires (les Drocres) prélèvent régulièrement le sang des humains par rotation, en vue de l’expédier sur Mars pour approvisionner le Clone , une sorte d’entité collective. Les conditions de vie sur Mars (Rocre) sont devenues de plus en plus rudes, ce qui a rendu l’invasion de la troisième planète impérative :
« La cargaison de lait en provenance du Troisième monde était la bienvenue. Car la famine menaçait le Clone drocre. Le monde souche, dans sa grandiose majesté, imposait des conditions bien rigoureuses au bourgeonnement de la vie »
Aujourd’hui, l’humanité, réduite à néant, hormis quelques êtres sauvages hantant encore les ruines des premières cités, est prisonnière dans quatre centres d’élevage établi sur les divers continents.
Georges, jeune bête humaine et curieuse, lors d’une traite, éveille la curiosité d’un jeune drocre qu’il prénomme Will ; celui-ci tient à en faire un animal familier (Ggeg), qui pourra lui rendre de menus services. De retour en salle commune, Georges est perçu de manière ambivalente par ses congénères : les uns l’évitent, les autres le craignent mais personne – pas même le mâle dominant - n’envisage de lui faire du mal puisque c’est un protégé des dieux. D’autre part, un vieux drocre à l’instinct dévié s’est pris d’affection pour Margie, une splendide jeune femelle qu’il emmène sur Mars lors d’un de ses voyages. Elle survit difficilement à l’expédition et, sans les soins attentifs de son protecteur, ne reviendrait pas sur Terre.
Georges/Ggeg, à travers la fréquentation constante avec Will, prend progressivement conscience de l’état d’abaissement des humains. Ne laissant rien paraître de son irritation, Ggeg est embarqué par Will à bord d’un tripode. Le Martien veut lui montrer le monde extérieur à la cage et jouir ainsi de sa surprise :
« A toute vitesse (pour s’amuser un peu des soubresauts de Ggeg) il (= le drocre) dirigea son tripode vers l’antique Repaire des animaux. Envahi par la végétation, c’était un fouillis de pierres disloquées et de poutrelles tordues ; des squelettes de bâtiments qui portaient par endroits les traces calcinées des canons infrarouges ; des ponts effondrés au milieu du fleuve ; les restes d’une tour ridicule »
Soudain, un événement inattendu met le feu aux poudres, l’assassinat d’un humain sauvage par Will qui réduit l’homme en cendres au moyen du rayon ardent. Par surprise, Georges blesse Will, s’empare du tripode, le manœuvre maladroitement, tue quelques Martiens, défonce le toit de la stalle Chelsea 2 et met pour la première fois les siens en contact avec le vaste monde. Traumatisés par le trop-plein d’espace libre, les humains refusent de suivre Georges, lui reprochant d’avoir attenté à leur sûreté :
« Le premier jour, de très nombreux curieux se sont pressés hors de l’enceinte de Londres… sans trop s’éloigner. Mais les étranges conditions à l’extérieur troublent les plus braves : le soleil aveuglant, trop chaud ; le sol inégal, les cailloux qui blessent les pieds nus;le vent qui agite follement les herbes rouges ; les bruits inquiétants d’animaux inconnus ; la lune et les étoiles suspendues dans le vide, qui pourraient se décrocher et vous tomber dessus à tout moment ; et cet orage horrible, hier, comme dans les anciennes légendes d’avant la Sainte Invasion ! »
Alors, avec Margie et le mâle dominant, ainsi qu’un petit groupe de courageux, Georges tente de rejoindre les derniers hommes sauvages dans les ruines de Londres. En attendant, les drocres, qui ont introduit malgré eux des rats sur Mars, ont fort à faire avec ces derniers, qui, en s’adaptant, menacent la survie même du Clone. Peut-être la Terre sera-t-elle délivrée des Martiens par un allié inattendu…
Merveilleux petit roman, intelligent et alerte, la « Cage de Londres » se veut à la fois un hommage à H.G. Wells et une suite à son récit. Les Martiens vainqueurs sont saisis dans leur « inquiétante étrangeté », la description de leur être et de leur biosphère reste l’une des plus crédibles qui soit dans le domaine romancé des Aliens. La minutieuse relation des conditions de vie sur la planète rouge, celle des derniers Terriens assimilés à un cheptel signe un bon récit d’une jeune auteur canadien, à rapprocher de la nouvelle « la Soie et la chanson » de Fontenay
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La Flamme Cosmique - Par BenF
Soudain le centre de Londres fut en proie aux flammes dévastatrices et à une chaleur intense :
« Du ciel bleu et doré de l’été, un gigantesque éclat de lumière fulgura brusquement, aussi intense et insoutenable que si le soleil tout entier avait fait explosion. Pendant l’espace de quelques secondes, les vieilles rues de Londres, noires de suie et de poussière, furent transfigurées en un décor de féerie. La cité eut subitement l’aspect irréel d’une agglomération d’immeubles blancs qu’un éclair de magnésium illumine dans la nuit.»
Le premier Ministre de Grande Bretagne, Sir Douglas Jaycott, fut averti par une mystérieuse organisation qui se nommait « la Flamme Cosmique », de remettre immédiatement sa démission et de transférer le pouvoir au membre désigné de ladite organisation, faute de quoi, n’importe quelle ville, n’importe où dans le monde serait frappée à mort.
Devant son refus, le criminel procéda : Londres à nouveau, puis Glasgow, Melbourne, New Delhi…Jaycott, convoquant deux agents très efficaces du Bureau, Bob Curtis et Englefield, pense que le malfaiteur ne peut être que le savant Gideon Clay supposé travailler sur une « machine incendiaire » gouvernementale détournée à son profit. Sa fille, Dorothy Clay, convainc Bob et Englefied de l’innocence de son père et, à eux trois, ils vont tâcher de soulever le voile du mystère.
Etant sûrs que le crime a seulement pu être commis à partir de l’espace, ils s’embarquent dans leur fusée –car en ces temps voyager dans le système solaire n’est pas plus compliqué que d’acheter des cigarettes au tabac du coin –, et découvrent, proche de la terre, une immense lentille formée du cristal le plus pur, une sorte d’astéroïde, investie par les malfrats. Capturés, ils seront derechef mis en présence du cerveau de la « Flamme Cosmique » qui n’est autre que… Sir Douglas Jaycott lui-même, prêt à dominer le monde et la Grande-Bretagne. On comprend mieux maintenant pourquoi il a tant insisté pour mettre le papa de Dorothy en prison.
Incidemment et préalablement à ces faits, Englefield avait été approché par le chef d’une mystérieuse soucoupe volante. Adam Charteris – c’est son nom – est un savant terrien qui a voué sa vie à la cité spatiale et scientifique de Marinax. Dotée de pouvoirs scientifiques immenses, Marinax, qui croise au-delà de l’orbite de Pluton, est le berceau de scientifiques terriens, tous volontaires et cooptés, qui ont coupé tout lien avec leurs concitoyens pour vivre en paix. On les comprend.
Englefield, flatté d’avoir été pressenti par Charteris, tient d’abord à remplir sa mission personnelle : détruire la loupe infernale qui menace la terre. La seule manière d’y parvenir serait de faire exploser l’astéroïde.De fait, une mauvaise manipulation l’expédie, lui et ses deux amis, aux confins de l’univers par le truchement d’une vitesse quatre fois supérieure à celle de la lumière. Manquant de peu d’y laisser leur peau, ils reviendront dans le système solaire grâce au génie scientifique d’Englefield qui se sert d’un minerai «d’oxyde magnétique » trouvé en ces parages isolés.
Une étape obligée sur Vénus, le temps pour eux d’établir leur plan d’action, les révèle à Jaycott, devenu le Maître du monde.C’était sans compter avec Adam Charteris qui fait pencher la balance en leur faveur. Par « télépathie suggestive » il libère Gideon Clay et l’incite à s’expliquer avec le maître du monde. Bob Curtis et Dorothy resteront sur Vénus pendant qu’ Englefield le héros, précipite sa fusée bourrée d’oxyde magnétique sur la lentille extraterrestre, sacrifiant sa vie par la même occasion.
Là encore Charteris intervient en l’arrachant à son malheureux destin pour qu’il puisse l’aider dans la merveilleuse cité scientifique de Marinax.Nous voilà rassurés : Jaycott sera exécuté par Gideon, Dorothy et Bob convoleront en justes noces.
Un récit pour adolescents des années cinquante. Conte moderne dans lequel les vils agissements de l’ogre Jaycott sont contrecarrés par les heureux effets de la fée Charteris accordant son soutien au Chat Botté Englefield. De la belle ouvrage !
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Les Allemands ont gagné la guerre de 14-18. Ils envahissent l’Europe, installent leurs valeurs et leur culture dans tous les pays, surtout en France :
«Le parti essaya de discuter, il éleva la voix, il en appela aux socialistes allemands, aux membres de la sozial-demokratie, à tous ceux-là qui faisaient partie de l’ancienne Internationale… O illusionnés ! Qu’attendaient-ils ? Qui sait même si ces camarades d’antan : les Wendel, les Noske, les Haase, les Kautsky, les Sudekum, les Fischer, les Barth, les Dittmann n’avaient pas poussé à ce régime, sachant précisément comment on fait marcher l’ouvrier ? – Mais nous sommes tous frères ! clamaient les hommes de la S.F.I.O. – Ja wohl, ja wohl ! Deutschland über alles ! répondaient les autres. »
Leur main-mise sur toutes les richesses, leurs manières de germaniser le pays pour l’assouplir et l’intégrer au grand Reich allemand sont décrites à travers les yeux de la famille Ferrat. Le père, Mathieu Ferrat, capitaine de vaisseau en retraite, vit avec ses deux filles Gabrielle et Emma en regrettant l’absence de son fils Lionel dont il n’a plus aucune nouvelle. Ecoeuré par la situation sociale, il envisage d’abandonner son lieu de naissance en Touraine pour terminer sa vie à Sainte-Maxence, dans le Sud, dans une «réserve» française que les Prussiens ont laissé subsister pour « l’exemple » :
« Quatre parties seulement du territoire, parce qu’elles se trouvaient en dehors de la ligne des grands fleuves, ne devaient connaître la germanisation qu’en dernier lieu, tout en étant aussi Deutschland que le reste. Ces quatre parties : la Bretagne – tout le pays entre Loire et Garonne – la Gascogne au sud de la Garonne – et la contrée à l’est du Rhône, constituaient les réserves.»
Sa fille Gabrielle l’y suivra. Emma, elle, volera de ses propres ailes. Fille intelligente, elle avait fait la connaissance d’Otto Mayer, un professeur d’université bavarois qui, sensible à sa beauté, l’encourage de s’installer à Paris d’où elle pourra continuer à suivre ses cours puisque, lui aussi, y a été nommé (par favoritisme). Car l’une des actions principales des Prussiens aura été d’interdire l’usage et la pratique de la langue française sur tout le territoire national (sauf dans les réserves). Tout manquement au règlement provoquait la mise en détention ou le bannissement du contrevenant dans une forteresse prussienne. Une dictature militaire s’était donc installée en France :
« C’est nous, les Français, qui inventons et ce sont les autres qui appliquent. Et cette invention ?… - Elle consiste à fournir le courant électrique sans qu’il soit besoin de câbles ni de fils. (…) - C’est tout bonnement merveilleux (…) Je sais ce que vous allez dire. Un progrès, n’est ce pas ? La fin de la houille, plus de mineurs, plus de ces pénibles travaux souterrains… Seulement, voilà, les Allemands sont venus. Alors, savez-vous ce qu’ils ont imaginé ? De ce servir de cette invention pour ajouter à leurs moyens de répression. Aussitôt l’installation terminée, tout autre mode d’éclairage ou de chauffage sera supprimé : gaz, pétrole, huile, alcool, bougie ; obligation d’utiliser le sans fil. Et dès lors, quand ils voudront nous courber sous tel arrêté nouveau, nous obliger à payer des contributions supplémentaires, nous contraindre à quoi que ce soit ou supprimer un mouvement d’indépendance, crac ! Ils tourneront un bouton : la ville sera privée de lumière et tous nous devrons manger nos repas froids. C’est beau le progrès… le progrès au service de la force. »
Comme un nuage de sauterelles qui s’abat et ravage tout un pays, les Allemands, portant leurs préférences sur Paris et l’Ile de France, verrouillent les postes administratifs, contrôlent tout déplacement sans visa, interdisent tout rassemblement en groupe, pratiquent la délation, encouragent la collaboration. Ils écrasent les Français avec un poing de fer, germanisent les monuments et les noms de lieux, rêvent de transformer le plus rapidement possible la France en une succursale de l’Allemagne. Emma, malgré ces difficultés, s’installera chez son amie Rose Déjean, à Paris :
« Quelque étrange que puisse paraître l’aspect des rues de Paris étiquetés en caractères gothiques, cela ne la surprenait pas trop : Tours lui avait offert le même spectacle. En approchant du centre, toutefois, des enseignes d’hôtels aux dénominations teutonnes, des réclames voyantes de maisons germaines, des affiches aux images coloriées commencèrent à l’intéresser. Mais ce fut à la place de l’Opéra, à l’intersection des grands boulevards, qu’elle ouvrit des yeux étonnés. A cet endroit s’élevait le premier monument dressé dans Paris à la gloire de la Germania. C’était, sur un soubassement en granit rose du Rhin, une colonne de marbre, sans ornements, mais lourde et massive, portant à son sommet, toutes ailes déployées, l’aigle des Hohenzollern. Aux pieds de l’aigle, sur la frise, quatre mots, la nouvelle devise de Wilhelm, I.R., Das habe Ich gewolt (J’ai voulu cela) »
Lorsqu’elle prit contact avec se nouvelle famille, Mme Déjean lui fit part du malheur qui la frappait. Son fils Victor, francophile convaincu et bon ouvrier linotypiste, venait d’être emprisonné pour des peccadilles et risquait de longues années de détention. Emma se rappelle l’existence d’Otto Mayer, elle court lui demander de l’aide. Troublé par la beauté de la jeune fille, le professeur lui promet d’agir en faveur de Victor à condition toutefois qu’une telle démarche ne soit pas défavorable à sa carrière. Victor libéré, à la grande joie de sa mère, Emma chercha un travail. Rose lui présenta Georges Dorman, imprimeur de son état, qui avait non seulement besoin d’un ouvrier typographe mais aussi d’une bonne secrétaire et correctrice pratiquant parfaitement la langue allemande. C’est ainsi que Victor et Emma furent embauchés. La pression germanique n’empêchait cependant pas la parution de nombreux journaux et feuillets contestataires, dont « la France Libre » qui occupait une place importante dans les cœurs et les esprits.
De multiples perquisitions imposant un coup d’arrêt qui aurait pu être fatal au journal, Georges Dorman fut pressenti, de le prendre en charge. En toute discrétion il installa une petite presse non répertoriée dans le grenier des Déjean et, avec Victor, se chargea de « la France Libre ». Emma, bien qu’elle fût au courant de ces actions d’opposition, avait d’autres soucis : elle venait d’avoir des nouvelles de Lionel, emprisonné à vie dans une forteresse en Germanie. Elle pensa donc, grâce à sa connaissance de la langue, se faire passer pour allemande, éviter le visa obligatoire pour voyager, et rendre une visite à Lionel.
Elle partit pour Bruxelles au moment où une perquisition s’opérait chez les Dorman et les Déjean. Trahie par Otto Mayer qui s’étonnait des fréquentations d’Emma, la jeune fille fut arrêtée par la police, tout comme ses amis. Son cas, dissocié des autres, fut considéré comme gravissime par les maîtres prussiens qui voulaient voir en elle une espionne :
« Elle entra dans la salle d’audience et prit place sur le siège réservé aux accusés. En face d’elle vinrent s’asseoir les juges, des officiers revêtus de brillants uniformes, à l’air rogue, rigides, compassés, bombant leur torse sur lequel s’étalaient de multiples décorations à commencer par la croix de Fer – le fer, symbole de la race. Autour d’elle, rien que des militaires et son défenseur d’office, un oberleutnant. Aux quatre angles de la salle, des drapeaux ; sur le mur du milieu, derrière les juges, l’oiseau de proie, l’aigle noir de la Prusse.»
Après une parodie de procès, Emma fut fusillée dans la cour d’une caserne.
Ce roman, apparenté clairement au genre de l’uchronie n’est donc, à priori, pas susceptible de figurer dans notre répertoire. Néanmoins nous avons considéré que la description quotidienne de la vie française sous la botte des allemands, les conséquences idéologiques et sociologiques d’une occupation de longue durée, la mise à mort proclamée d’une nation européenne par consomption et assimilation, l’usage de la délation et de la science en un but d’oppression, puissent être assimilés à une catastrophe. Nulle part, il nous a été donné de lire un ouvrage aussi fouillé, un réquisitoire aussi terrible contre l’Allemagne du Kaiser où, grossissant par la charge et la caricature les traits des traîtres « boches », la haine et l’esprit de vengeance jaillissent à chaque page de l’ouvrage
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Les Flottes Evanouies - Par BenF
Les menées expansionnistes du Japon rendent la guerre avec les Etats-Unis imminente :
«Depuis plusieurs années déjà, de graves sujets de dissensions existaient entre le Japon et la grande République américaine. Des troubles, provoqués d’abord par des causes purement ethniques, avaient éclaté à diverses reprises. La côte du Pacifique, fatalement vouée par sa position géographique à se voir envahie par l’armée des travailleurs jaunes – ces maigres petits hommes que l’Extrême Orient vomit par millions pour venir prendre le pain dans la bouche des autres prolétaires – la côte du Pacifique refusait nettement d’accueillir ces visiteurs encombrants.»
Guy Hiller, secrétaire de la légation britannique à Washington, tombe amoureux de Norma Roberts, fille du «Père Roberts », un savant réputé et grognon. Cependant, Norma semble distante, préoccupée par d’autres projets. L’invasion des Philippines par les Japonais anéantira les projets de Guy. Norma et son père disparaissent pendant qu’il est demandé en Angleterre, alliée des Japonais, et sommé d’expliquer la passivité des troupes américaines en face du péril. Alors que les Japonais continuent leur avance en direction d’Hawaï sans tirer un seul coup de canon, les journaux s’émeuvent de la situation , stigmatisant l’inaction du gouvernement. En vue de leur donner satisfaction, les Etats-Unis décrètent une mobilisation générale des troupes…en direction de la frontière canadienne qu’elles devront rendre hermétique :
« Personne ne devait plus franchir la frontière ; les fils télégraphiques qui reliaient les deux pays en temps de paix furent coupés et arrachés de leur poteaux, par ordre supérieur, comme si l’on renonçait à jamais à communiquer avec la contrée voisine. Bien plus : à tous les points d’atterrissage d’un câble, sur cette immense étendue de côtes, un poste de soldats fut placé : les stations de télégraphie sans fil se trouvèrent brusquement fermées, l’air même placé sous le ban. Des proclamations annoncèrent qu’on tirerait sur n’importe quel ballon ou aérostat qui tenterait de communiquer de l’extérieur ou qui se risquerait au dehors ; tout aéronaute qui enfreindrait ces ordres encourrait la peine de mort. »
De même, tous les ports américains seront bloqués, provoquant l’isolement total du pays. Guy Hiller, renvoyé aux USA pour y découvrir ce qui s’y trame, l’apprendra à ses dépens : il ne franchira pas la frontière du nord malgré de nombreuses tentatives de sa part. Un autre personnage, le comte Seigo, espion nippon infiltré de longue date aux Etats-Unis, en fera aussi les frais. Ayant découvert en Floride l’incroyable secret de la défense américaine, il ne le communiquera pourtant pas à ses concitoyens, étant abattu par les soldats alors qu’il tentait de prendre la mer.
Le Japon, encouragé par l’apparente passivité de son ennemi, progresse ainsi jusque devant les côtes orientales des USA. Soudain, toute sa flotte, qui croise au large de Seattle, disparaît brutalement. L’Angleterre, inquiète pour ses alliés, leur envoie sa propre flotte qui se volatilise dans les mêmes conditions :
«Plus que tout autre, la Grande-Bretagne demeurait consternée. Bientôt il fut hors de doute que le puisant cuirassé Dreadnought avait disparu, emporté par quelque mystérieux cataclysme. Des milliers de braves marins, de sujets britanniques, avaient péri – et personne ne doutait que ce ne fût par l’acte de la terrible république d’outre-mer. Dans tous les cœurs s’éveilla un furieux désir de représailles. »
Le monde entier est en transes et Hiller soupçonne le Père Roberts d’être à l’origine de cette affaire. Aucune explication cohérente ne fut avancée par une Amérique soumise à un feu brûlant de questions. La configuration géopolitique donnera illico des idées au kaiser qui déclare la guerre à une Angleterre affaiblie. Puis, le chef prussien disparaît brutalement.
On découvrit qu’il était parti, apparemment consentant, dans la voiture de l’ambassadeur des Etats-Unis. Le roi d’Angleterre, lui aussi, lors d’une soirée au théâtre, disparut de la même manière, en accompagnant l’amiral Robert Bevins, envoyé spécial des USA. Enfin, l’effroi fut à son comble, lorsque l’on retrouva le «Dreadnought», l’un des vaisseaux de la flotte de sa Gracieuse Majesté, barbotant dans la Tamise.Que s’était-il passé ?
Lorsqu’en plein conseil de guerre le président des Etats-Unis eut la visite du savant Roberts, il ne savait pas encore que ce dernier venait de mettre au point , avec sa fille Norma, une arme révolutionnaire qui rendrait toute guerre future impossible. Son principe, supprimant la force de la gravité, permettait à des masses métalliques immenses de se mouvoir à des vitesses énormes :
« Un cri simultané s’échappa de toutes les poitrines. Le bloc solide, immobile, demeurait suspendu dans les airs, sans support, sans aucun étai visible ; point n’était ici question de prestidigitation ou de spiritisme.(…) Une masse de métal que tous leurs efforts combinés n’eussent pas réussi à remuer d’un pouce une heure plus tôt planait maintenant libre et seule au-dessus de leurs têtes, tel un cerf-volant gigantesque… »
Décision fut prise de construire le plus vite possible et dans le secret absolu, des engins volants de cette nature, en Floride, et d’isoler totalement l’Amérique du reste du monde. Dans le même temps, pour respecter le plus de vies humaines, ordre fut donné à la marine américaine de fuir la confrontation avec les Japonais. Bien que Norma souffrît de l’absence de Guy, liée par son serment, et sous la direction de l’amiral Brokton, elle s’attela avec son père à la construction de ces formidables engins, baptisés «radioplanes ». Après quelques ajustements, l’expérience fut concluante et les essais réussis :
« Ils avaient ressenti un choc au moment où la puissante machine avait quitté la terre, et maintenant, loin au-dessous d’eux, ils voyaient se dessiner les mille lumières de la capitale. Déjà ils en étaient éloignés de plus d’un mille et ils montaient avec une rapidité foudroyante, l’horizon s’élargissant autour d’eux comme une cuvette gigantesque. La mer s’étendit soudain dans leur champ visuel ; quelques navires, sur sa surface, semblaient des jouets d’enfant ; plus loin, les lumières d’un train en marche paraissaient le sillage d’un vers luisant. On eût dit que la terre s’enfonçait, s’écroulait dans l’espace, les laissant seuls maîtres de l’immensité. Autour d’eux brillaient d’autres lumières, les étoiles vers lesquelles ils semblaient monter. »
En peu de temps, la flotte de radioplanes prit le départ en direction de la flotte nipponne. Le combat fut rapidement expédié et la capitulation des Japonais totale lorsqu’ils virent ces immenses engins d’un type inconnu fondre sur eux à la vitesse de l’éclair, s’emparer de leurs bâtiments à l’aide de grappins magnétiques, pour les parquer dans un lac, près de Seattle :
« Tout alentour, sur la houle lente dont la teinte sombre prenait peu à peu un gris de plomb, les autres navires de l’escadre japonaise assistaient muets et impuissants au plus stupéfiant des spectacles. Ils avaient vu ce corps monstrueux s’abattre sur le vaisseau amiral, en briser les mâts impuissants comme autant d’allumettes, puis revenir à la charge, s’acharner comme un être vivant, briser, démolir les cheminées, et soudain s’élever d’un vol surnaturel, emportant après soi, suspendue à ses serres d’acier, cette formidable masse de métal, ce colosse de fer, le cuirassé Ito, orgueil et force de leur marine, arraché à l’océan, emporté à travers les airs avec une rapidité foudroyante (…) Bientôt la masse formidable ne fut plus qu’un point, une tache flottante dans l’azur du ciel… Puis tout s’effaça ; l’immensité redevint vide… »
La flotte anglaise subit le même sort – sans qu’un seul soldat ne soit tué. Enfin, pour désamorcer la guerre annoncée entre la Prusse et l’Angleterre, le radioplane «Norma », le premier construit et piloté par la jeune fille, enleva les deux chefs d’état pour leur faire entendre raison. Ils réapparurent, prêts à signer un traité de paix universel sous l’égide des Etats-Unis, les Américains étant ravis de mettre leur invention à la disposition du monde entier - ce qui, entre nous, n’est peut-être pas la meilleure idée !- le mariage de Norma et de Guy concluant cette belle histoire :
« Déjà le monstre inconnu était assez rapproché du sol pour qu’on pût distinguer les bannières qu’il portait : le pavillon étoilé des Etats-Unis, le drapeau de la Grande-Bretagne et l’étendard immaculé de la paix. La surprise des assistants fut à son comble quand le radioplane ayant atterri, ses portes d’acier s’ouvrirent, et on vit paraître le roi d’Angleterre, souriant, suivi par son premier ministre et par le premier lord de l’amirauté.»
Le roman présente une vision utopique de la paix universelle rendue possible par l’avancée scientifique et la sagesse des politiques. La composition du texte, des plus intéressantes, présente en deux parties distinctes, selon un vécu extérieur ou intérieur, une même réalité. L’invention des radioplanes, sortes d’immenses soucoupes volantes, est une trouvaille qui surpasse largement les fantaisies des années cinquante en ce domaine.
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