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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Leslie CHARTERIS Parution: 1954
      Une aventure du Saint dans laquelle Simon Templar, appelé au secours par Fernack, le représentant de la police officielle, se heurte à un savant fou ex-nazi, Anton Morgan, dont le but est de négocier au plus offrant un virus mortel, capable de dépeupler la planète:
      "  - Qu’est ce que c’est ? murmurait Greta considérant le décor et toutes ces boîtes scellées.  -Tout simplement la victoire du 3ème Reich, Greta, répondit l’homme à la tête de mort, en ce moment assis dans un fauteuil de cuir. Il observait la jeune femme avec un sourire narquois;  entre ses doigts, il tenait une cigarette dont la fumée s’élevait en volutes légères. - Oui, la victoire... répéta-t-il d’un ton ardent. Si notre bien aimé Führer nous en avait donné l’ordre. .Hélas ! Cet ordre n’est pas venu.  -Anton? murmura Greta avec une expression anxieuse sur son merveilleux visage.  -Oui. Il y a ici de quoi faire périr non seulement les Etats-Unis, mais encore le monde entier. Le virus 13 ne pardonne pas. "
      Accompagné de son fidèle gorille Uniatz, le Saint rencontre la troublante Greta qui joue double jeu,  et réduit à néant, après une lutte serrée, les ambitions d’Anton.
      Un avatar médiocre du thème de l’épidémie axé sur l’aspect policier du récit en un style parfois approximatif.

    2. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: CAYATTE RIBON Parution: 1933
      Le président français Prader-Miquet est assassiné dans sa propriété de Hauterives. Comme il possède des documents ultra-importants dont la divulgation pourrait faire basculer le pays dans le chaos, le fin limier Julien Cazalis est chargé de l’enquête. Par la puissance de ses déductions, il met à jour le coupable, soit le ministre des Affaires Etrangères de… (Le nom du pays ourdissant le complot n’est pas mentionné mais comme nous sommes en 1932 il n’est donc pas difficile de le deviner) et retrouve les documents compromettants. Finalement le chaos annoncé se réduit à une nuit d’émeute autour de la tour Eiffel.
      Un bon roman policier à la française qui ne touche notre domaine que tangentiellement.

    3. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: F.RICHARD-BESSIERE Parution: 1957
      Roland Mercadier, en cette année 2048, quoique astronome compétent, a délaissé son domaine pour l’exploration de l’océan. Il vient d’inventer un appareil hyper-sophistiqué, l’aquajet, à propulsion " magnéto-atomique " qui lui permet, en compagnie de sa femme Nancy et de Steve, le rejeton de l’entreprise américaine Whitefield and Cie qui finance les recherches, de sonder les fonds sous-marins. Le voyage révèle la présence à plus de dix mille mètres de profondeur, d’une ville étrange quasi-intacte qui leur livrera des trésors, des plaques ornées d’une écriture inconnue ainsi qu’une boîte remplie d’une bizarre gelée grise qui semble vivante. Puis, d’autres préoccupations détournent nos héros du monde sous-marin. Le sergent Peck de la station de Pluton vient de signaler l’approche en notre système solaire d’un monstrueux soleil noir qui semblerait vouloir couper l’orbite de la terre. Le major Parker demande à Roland et ses amis d’aller vérifier sur place la réalité de cette menace.
      Au cours du trajet interplanétaire, ils réceptionnent un message incompréhensible, émis, semble-t-il, par  l’un des satellites qui accompagnent le soleil noir dans sa course. Après l’étape plutonnienne, ils décident d’en avoir le coeur net et se dirigent vers ce satellite, où vit une société hautement civilisée. Ils atterrissent sur Kalpa (c’est le nom de ce monde) où ils sont accueillis par le Président Un, un être à l’apparence totalement humaine qui, une fois les barrières de la langue vaincues, leur fait des révélations inattendues et surprenantes. Il leur dit que la situation dramatique vécue actuellement par la Terre n’est pas nouvelle. Dans le passé déjà, il y a quatre millions d’années, la menace cataclysmique s’était retrouvée presque à l’identique avec celle d’aujourd’hui.   Le soleil noir, qui parcourt une orbite très elliptique, recoupe régulièrement l’orbite terrestre. Les Terriens de ce temps-là , grâce à leur avance technologique, avaient pu se sauver à temps en émigrant vers les systèmes stelaires voisins. Certains d’entre eux se sont installés sur Kalpa, tout en faisant souche.
      Sur Terre, était resté le professeur Kadwidj qui, avec des boîtes de " concentrés de vie " s’était donné pour mission de faire renaître l’espèce humaine de ses cendres. Actuellement, en face de la nouvelle menace, les Kalpiens ont décidé d’abandonner leur monde et de rejoindre leurs ancêtres dans le système de Proxima du Centaure. Ils ne peuvent rien pour les Terriens , les premiers n’ayant pas le temps matériel de les aider, les seconds n’ayant pas l’avancée technologique nécessaire qui leur permettrait de se soustraire au péril. D’un commun accord , nos héros décident de laisser leurs congénères dans l’ignorance de la menace mortelle qui condamnera irrémédiablement le monde et, au contraire, de les rassurer, pour éviter toute panique prématurée, en leur annonçant que les Kalpiens viendraient à leur aide. Après un retour triomphal sur Terre , le ton change lorsque augmente la pression exercée sur la mentalité des hommes par l’approche du soleil noir :  
      " le 9 décembre , le Soleil noir coupa l’orbite de la Terre à quelque 550 millions de kilomètres. La Terre bascula sur son axe , les océans déferlèrent, engloutissant l’Islande, l’Australie et Madagascar. En quelques secondes , des millions d’êtres humains avaient péri. Notre Soleil était environné de langues de feu qui atteignirent d’abord Mercure. Cette planète éclata comme une grenade sous la poussée des gaz brusquement libérés. Une grande vague rouge monta à l’Occident. Un disque d’argent apparut. C’était le Soleil noir, qui, à l’approche du nôtre, se réchauffait et devenait ainsi brillant. Les deux astres jetaient impitoyablement leurs feux en direction de la Terre , absolument désemparée. Un désordre indescriptible régnait dans les cités. A San- Fransisco , les rues étaient noires de monde. On courait , on se piétinait, on s’écrasait, on ne savait où aller. ".
      Alors que le monde bascule dans l’abîme, quelques couples, en compagnie de François et Nancy, munis de " boîtes de vie", s’embarqueront à bord de l’aquajet  pour gagner la cité sous-marine  afin de réitérer l’exploit de leur ancêtre, le professeur Kadwij.
      Un récit qui joue avec l’idée de catastrophe cyclique , basé entre autres sur l’anéantissement d’un continent englouti (l’Atlantide?). La description moderniste d’une technologie très " année cinquante " donnent un relief kitsch à une aventure encore lisible aujourd’hui, ce qui est une performance de la part de cet auteur populaire.

    4. Type: livre Thème: menaces technologiques Auteur: Herbert PAGANI Parution: 1972
      1.Prélude à Mégalopolis
      2. Discours du président Directeur Général de l’Europe
      3.Arche de Noé
      4. Sérénade
      5. Radio taxi
      6.la Cuisine, le Ménage et l’Amour
      7. les tapis roulants
      8. Chez nous
      9. le P.A.P.E.
      10. confession d’un cadre supérieur
      11. Mégapocalypse
      12. le printemps d’après la fin du monde
      «Mégalopolis» est une œuvre musicale ambitieuse s’articulant sur une chorégraphie soignée, qui décrit le passage d’un monde dystopique (le nôtre) à une société utopique à travers un cataclysme technologique lequel, comme dans « Ravage » de Barjavel, provoque la chute de la cité. Le fil conducteur y est assuré par un jeune et sympathique couple et leurs enfants vivants au sein de l’enfer technologique. Ils parviendront à survivre au cataclysme pour se fondre dans le noyau de la société future.
      La société dystopique est analysée au plan politique et idéologique, débutant par la conférence du Président Directeur Général des Etats-Unis d’Europe, Maxime Vanderlove , qui promet, à qui veut le croire la « liberté d’entreprendre et l’édification de communications plus étroites » :
      « Cette bataille de la circulation sera notre victoire. Le Rhin, le Danube, le Tibre, la Seine et la Tamise, ces merveilleuses voies de circulation naturelles seront recouvertes de béton pour nous permettre d’aller plus vite et plus loin. Nous avons les autoroutes, nous aurons les auto-fleuves ! »
      Coupé par des flashs publicitaires, le discours trouvera un écho auprès des militaires engagés dans une guerre impérialiste sous le prétexte de défendre les valeurs occidentales (rappel transparent de l’engagement américain au VietNam), et à qui l’on promet l’impunité pour leurs crimes :
      « Soldats !
      Avant de quitter le pays
      Rasez-moi les fermes et les villages !
      Pour cette dernière sortie
      Droit de vol, de viol et de pillage !
      Groupés autour du drapeau
      Vite de l’héroïne aux héros
      We’re ready, let’s go ! »
      La situation des citoyens connectés, conditionnés, répertoriés, particules de l’immense réseau planétaire leur donne l’illusion  d’une liberté consistant à consommer les gadgets d’une société post-industrielle par un travail répétitif et abrutissant :
      « Au premier click du Métronome des Métropoles
      Les portes claquent
      Et les gens quittent leurs alvéoles
      Et en avant
      Les tapis roulants ! (…)
      Remplis ton sac au bric à brac électronique
      A des prix choc.
      La viande en stock c’est plus pratique
      Et en avant
      Sur tapis roulants. »
      Bien que le jeune couple vive replié sur leurs amis et fasse de la résistance passive, autour d’eux la ronde infernale se poursuit jusqu’à ce qu’un accident mineur, mais analysé dans le détail, déclenche l’apocalypse avec son cortège de malheurs :
      « Tout a commencé
      le mardi 6 décembre
      Il neigeait ce soir-là
      des flocons couleur cendre
      Sur la ville oxydée
      Que traquait le destin… »
      Un avion géant en perdition a percuté un noeud électrique privant Mégalopolis d’énergie au sein de l’hiver :
      « Carcasses et tripes de ferraille
      percutent au cours de leur descente
      Un bras de la Centrale quarante
      En superélectropagaille
      Et l’Europe thermonucléaire
      Reçoit partout ce choc sauvage
      Et à la vitesse de la lumière
      La panne se propage… »
      Les conséquences en sont terribles : arrêt des activités, arrêt des transports, désorganisation sociale, famine, manque de chauffage. Le froid et la neige s’abattent sur les hautes tours de béton qui illuminent la nuit :
      « 10 millions de passagers
      se trouvent prisonniers du métro
      Rayons X poumons d’acier
      S’arrêtent dans tous les hôpitaux (…)
      Et le lendemain
      Sous un ciel de Norvège
      On a vu la cité
      qui flambait sous la neige ! »
      La mort, l’agressivité dans le malheur, la peur des épidémies enclenchent les réactions égoïstes. Chacun se calfeutre dans son malheur, la société régresse vers la barbarie :
      « La ville est retombée
      dans un étrange moyen âge
      et les supermarchés
      sont les vedettes du pillage
      les forces de police
      ont employé les grands moyens
      la faim systématique
      multiplie les assassins (…)
      Les morts qui s’amoncellent
      Dans les places et dans les rues
      Appellent des gourmands
      Dont on ne se souvenait plus
      Les rats, oui, par milliers,
      Les rats remontent à la lumière
      Avec la rage aux crocs
      Avec la peste en bandoulière… »
      A pieds, avec leurs enfants, le couple traverse la ville vers la campagne glacée où se manifeste la guerre de tous contre tous:
      « Et voilà les révolvers
      qui se gavent de munitions
      Je te creuse une boutonnière
      Pour deux tranches de jambon
      Et voilà les tours d’hier
      Qui se dressent en châteaux forts
      Les vivants se font la guerre
      On ne compte plus les morts,
      La guerre a commencé. »
      De loin, Mégalopolis, comme un monstre asphyxié, a cessé de vivre. Seules les carcasses tordues des voitures témoignent encore de sa grandeur passée. Ni l’argent, ni les appels politiques, ni les lamentations oiseuses du pape ne parviennent à enrayer le processus de décomposition :
      « Je suis malade
      je suis malade
      je sens les forces m’abandonner
      Maître céleste
      Il ne me reste
      Même plus le temps de me racheter…
      Sur les plaies sanglantes de la terre
      J’ai souvent pleuré, mais
      Par prudence, oui, Mon Père

    5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: A.E. VAN VOGT Parution: 1949
      Le pilote d’essai Morlake, sur l’unique exemplaire d’un avion expérimental à vitesse foudroyante, le S29A, assiste à la chute de bombes atomiques sur les centres urbains des Etats-Unis. L’une d’elles le frôle dans sa descente et il put ainsi vérifier la trajectoire de celle-ci, qui lui parut verticale. Bien que sa base de Kane Field fût en grande partie détruite, il réussit à s’y poser pour faire part de ses observations au général Herrold tandis que de partout provenaient des nouvelles alarmantes :
      « Catastrophe à l’échelle d’un continent ! Quarante millions de morts dans cinquante grandes villes en moins d’une demi-heure. On devait apprendre par après que chacune des bombes avait dégagé une chaleur de quarante billions de degrés centigrades. Il était inutile de songer à lutter, où que ce fût, contre cette violence déchaînée. L’équilibre d’un hémisphère avait vacillé. Des tremblements de terrre ravagèrent des régions qui n’avaient jamais enregistré la moindre secousse. Pendant toute la soirée et toute la nuit, le sol trembla avec une violence inconnue dans l’histoire de l’humanité. »
      Morlake fut immédiatement arrêté, ses propos au sujet de bombes tombant verticalement, donc lancées à partir de la Lune, étant considérés comme des mensonges. Alors que ce qui restait de l’armée américaine se perdait en conjectures sur les responsables du bombardement, Morlake parvint à s’évader. Etant le seul apte à piloter le 29A que les militaires tenaient à tout prix à récupérer, il s’échappa et, se posant parfois sur des bases désaffectées pour refaire le plein, commença une longue quête pour prouver son innocence, sans que les militaires qui suivaient ses traces ne purent jamais le capturer. Le seul espoir du pilote était de convaincre le général Clarke avec l’aide du professeur Glidden, son ami, de la véracité de ses dires. Morlake avait la certitude que l’ennemi des Etats-Unis se terraient à l’intérieur de son pays :
      « Une réalité plus forte que la tuerie s’imposait à lui, c’était la certitude que des hommes, quelque part sur la surface de la terre, guettaient, avec des précautions diaboliques, les moindres signes d’une surveillance dont ils seraient l’objet. Ils n’hésiteraient pas, s’ils étaient découverts, à sacrifier le reste de la terre pour se sauver eux-mêmes. Leurs chefs réfuteraient toutes les accusations, parleraient de conspiration et, grâce à l’arme terrible qu’était le contrôle de la Lune, pourraient bombarder n’importe quel endroit de la terre. »
      Ses soupçons se portent sur le sénateur Tormey qui assumait la présidence en ces temps troublés. Avec l’aide de Clarke, qu’ils avait réussi à convaincre, un piège fut tendu à Tormey, lequel se démasqua avec ses complices, tous Américains extrémistes et racistes ayant utilisé des fusées désaffectées pour bombarder leur pays. Tormey mourut d’une balle bien placée, un vaste coup de filet réduisit les extrémistes, Morlake fut réhabilité et le pays pansa ses plaies radioactives.
      Une nouvelle confuse de Van Vogt qui a au moins le mérite d’innover en la matière. Délaissant la sempiternelle rivalité USA-URSS, il avança en science-fiction l’hypothèse de «l’ennemi de l’intérieur » dans le cadre d’un conflit nucléaire.

    6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Pierre DOMINIQUE Parution: 1926
      Savigny le romancier et sa femme Madeleine, Chevrillon le député, Mérindol le compositeur, Lydia Féline l’actrice et Cormier l’astronome forment un petit groupe d’amis réunis à Savigny, dans un propriétée près de Mantes sur les bords de la Seine, pour y goûter quelques jours de vacance, qui seront aussi leurs derniers. En effet, une comète énorme fonce vers la terre et, selon les calculs de Cormier ainsi que d’autres astronomes, elle heurtera la terre de plein fouet. Ce sera l’apocalypse :
      " - Je répète, dit Cormier. Diamètre supérieur à celui de la Terre. Densité du noyau considérable, contrairement aux autres comètes. Au lieu de quelques millions de tonnes, celle-là doit en peser quelques centaines de millions. Vitesse formidable : 6 500 000 kilomètres en vingt-quatre heures ; courbe de rayon immense, ce qui laisse supposer que si la Comète est déjà arrivée dans le voisinage de notre planète, c’est il y a quelques milliers d’années (…) Evidemment le choc serait effroyable et, indépendamment des bouleversements atmosphériques, il faudrait compter avec la chute d’innombrables aérolithes, peut-être de masses d’une prodigieuse grosseur. Probablement y aurait-il aussi des tempêtes, des cyclones, et puis des chocs électriques formidables. Oui, sans doute. Et puis les gaz ! Car les gaz disséminés dans la tête, la chevelure et la queue envelopperaient un instant la boule. Parviendraient-ils à tuer la vie, toute la vie ? La course de la Terre dans l’espace serait-elle changée ? Son écliptique varierait-elle ?"
      Les événements s’enchaîneront rapidement, en trois jours, le choc devant avoir lieu jeudi soir vers les 9h 30 minutes. Or, nous sommes le mardi. Durant ce laps de temps le comportement, les attitudes, les visions du monde respectives des personnages se délitent et l’auteur, à travers les réflexions cyniques de Savigny, trace le tableau fidèle de la dégradation des rapports humains. Quant aux événements extérieurs, ils ne sont mentionnés qu’à de brefs moments :
      " Malgré la censure rétablie sur toute la Terre, l’ordre était difficilement maintenu. Ca et là, des essais de mouvement révolutionnaires avaient déjà eu lieu. La peur, la vieille peur ancestrale retenait encore les gens. On sentait bien, en effet que, dès qu’ils auraient la certitude de la fin, les gens se rueraient les uns sur les autres, les pauvres sur les riches, les hommes sur les femmes et qu’une orgie, un pillage, un vol, un viol, un meurtre général commencerait et que les soldats et les agents seraient les premiers à lâcher pied pour goûter tout leur plaisir avant de mourir. "
      Le plus souvent l’analyse ne mentionne que la réaction apeurée des paysans du village alentour qui ne comprennent rien aux événements jusqu’à leurs derniers instants. Cette tragédie est servie, comme il se doit, par l’unité de temps, de lieu et d’action. Savigny surprend l’aventure de Madeleine avec Chevrillon, qu’il déteste. Désirant passer ses derniers instants de vie avec sa femme, bien qu’elle ne l’aime plus, il n’admet pas que Chevrillon puisse l’en priver à  ce moment-là. Il suit le couple et, au bord de la falaise, tue Chevrillon d’un coup de révolver quand il les surprend en pleine infamie dans une grotte. Madeleine blessée est ramenée au bercail par Savigny. Le temps passe vite. Le curé du village, Vandresse, consulté par les protagonistes cite l’apocalypse de St Jean et se réfugiera auprès de Savigny lorsque des paysans dans leur excitation et leur athéisme voudront s’en prendre à lui. L’atmosphère sociale se transforme, les masques tombent, les rôles se défont. Savigny reste fidèle à lui-même et envisage même une explication astucieuse quant au sens de la catastrophe :
      " - J’avoue, dit Savigny, que si nous étions, nous, les hommes, le cerveau de la terre, il serait aussi laid de voir ce balbutiement agonique que d’assister aux dernières éructations d’un paralytique général. Mais nous ne sommes pas sûrs de cela. Il se peut que des millions d’autres soleils aient chacun leurs Terres, sensiblement constituées, éclairées, chauffées comme la nôtre et possédant une vie qui, par endroits, peut être intelligente. Il se peut donc que le cerveau du Monde soit beaucoup plus vaste que nous ne le pensons et que nous n’en formions qu’une cellule. Dans cette hypothèse, le désastre auquel nous assistons ne serait qu’un petit coup d’apoplexie, tout juste. Et après-demain le monde serait guéri… "
      Elise, la bonne de la maison, se promène toute nue, aguiche tout le monde,  ne pense qu’à la jouissance pour quitter ce monde en une frénésie orgasmique. Personne ne reproche à Savigny son meurtre. Au village, les exactions plus nombreuses, les viols, les débordements orgiaques, les scènes insanes se suivent et s’amplifient à l’instar de ce qui se passe dans le reste du monde. Les villes brûlent et se vident de leurs habitants qui pensent trouver un refuge près de la mer ou dans les montagnes. Vains efforts puisque la comète au noyau dense et au diamètre plus important que celui de la terre n’épargnera rien, ni personne.
      Cormier, en une attitude hypnotique et compulsive, calcule inlassablement la trajectoire de la comète. Mérindol espère encore avoir le temps de mettre en musique des extraits de l’Apocalypse de St jean. Quant à Lydia, elle se décompose littéralement et, comme une poupée inerte, dort ou geint. Seul Savigny, dans son désespoir lucide, et le curé Vandresse, dans sa certitude, sont prêts à affronter les ultimes instants. Des phénomènes très inquiétants se font sentir lorsque la comète devient visible et éclipse la lumière de la lune. Des vents subits, des pluies de cendre, une sécheresse inhabituelle et des tremblements de terre provoquent les premiers morts. Madeleine s’échappe de la maison pour mourir près du cadavre décomposé de son amant. La villa de Savigny est attaquée par les gens du village, mais le propriétaire arrive à en défendre l’entrée. Les animaux, même sauvages, sentant que quelque chose d’inhabituel se passe, se réfugient près de la maison :
      " Une des choses les plus touchantes de ce début de nuit fut la grande peur des animaux. Dans le pays, depuis deux jours, les animaux se rapprochaient des hommes. Non seulement les familiers, mais le lourd bétail domestique et même les animaux sauvages. Les oiseaux se jetaient dans les maisons et, les bœufs, les moutons, beuglaient ou bêlaient aux portes. "
      Jeudi après-midi, les troubles prennent une dimension dantesque. De l’électricité statique crépite à la surface du sol, les étoiles sont éclipsées par l’ombre noire, menaçante, de la comète toute proche :
      " La terre maintenant n’était plus qu’une effroyable plaine blanche qui luisait si bien qu’à l’orient elle se confondait avec le ciel. De brusques vents couraient comme des foudres entre les éclairs et les grondements. De hautes fumées montaient de vingt points de l’horizon incendiés par la foudre. La réverbération commençait d’être insoutenable. De temps en temps une traînée d’ombre se produisait du côté de la chevelure et la queue entière avait de brusques changements d’éclat. "
      La campagne se dessèche, la terre se meurt. Bien que le choc soit imminent aucun protagoniste ne le subira. Ils mourront tous asphyxiés préalablement par les gaz cyanhydriques présents dans la queue de la comète : " Il (= Savigny) entendit, mais de très loin, la voix pure de Mérindol monter comme une espérance, trouer un bruit de plus en plus formidable. Devinant que le noyau de la Comète atteignait enfin l’atmosphère terrestre, il perçut : - Et il y eut de nouveaux cieux et une nouvelle terre. Et la voix se rompit avec le Monde. "
      Un récit réaliste, pur roman - catastrophe, qui relate heure par heure, le déroulement du processus de mort. L’auteur, en écrivain consommé, s’attarde sur les effets de la catastrophe, et l’impact psychologique  d’un événement unique.

    7. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: les TROUBADOURS Parution: 1045
      Le dialogue innocent entre une petite fille et son papa expose en filigrane l’horreur d’un état de la société d’après «la dernière guerre », entendez la dernière guerre nucléaire.
      Elle a trouvé dans les ruines un livre d’images montrant de bien jolies choses, des dessins sur lesquels elle s’extasie : des petites filles comme elles (rarissimes semble-t-il aujourd’hui), une jolie femme comme l’était sa mère (disparue semble-t-il aujourd’hui) et des arbres verts  (qui n’existent plus semble-t-il aujourd’hui). Les réponses tristes de son père, sa pudeur, s’opposent à la gaieté innocente de sa fille et amplifient le malaise ambiant :
      « Papa, papa, dis-moi papa, papa, je serai sage
      Pourquoi c’est  pas comme ça
      Comme c’était dans ce livre d’images…
      Viens petite Melinda, viens près de ton père
      C’est parce qu’ils n’ont rien compris
      avant la dernière guerre. »
      Une petite chanson qui dénonce de bien grands crimes.

    8. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: James GRESSIER Parution: 1974
      Le narrateur, Richard Malétrin, fait la connaissance de Saint-Léger qui, étudiant en médecine, devient son ami. Saint-Léger épouse Nadège, et Richard, qui est professeur, remarque l’une de ses élèves, Ludwine, sa future femme. Vivant à Boutrance en appartement avec Ludwine, il ne se rend pas compte à quel point sa vie sociale est sur le point de basculer en cette fin de siècle. Nommé à Nanterre, il acquiert une propriété secondaire dans le village de Saint-Germain d’Yrande pendant que Saint-Léger occupera le château de Rochegune,  une vieille forteresse située dans la même région qu’il pressent assez solide pour résister aux événements dont les signes avant-coureurs se multiplient.
      Des sauvageons, les " Zoulis " mettent à mal le consensus social avec une agressivité telle qu’elle entraîne des désordres sociaux graves et provoque des morts, surtout en milieu urbain :
      " Visiblement un délire s’emparait des rues de la capitale ou des quartiers entiers, moins informés que nous de leur désastre, défilaient dans la joie jusqu’à des carrefours de l’horreur où l’on voyait des coques noires de voitures retournées devant des boutiques d’où s’échappaient des flammes. (…)  Des grappes d’hommes et de femmes entraient en haine. On s’emparait de ceux qu’on prétendait reconnaître comme incendiaires à leur chevelure partiellement rasée, à leurs tatouages, à leur jeunesse. "
      A la Saint-Sylvestre de l’an 2000, les troubles se propagent comme un feu de paille : les villes sont incendiées tandis que des forces urbaines de sécurité essaient d’appréhender les jeunes anarchistes. Mais rien n’y fait même pas la formation de partis politiques extrémistes tels que les P.O.R. (Parti de l’Ordre et du Renouveau) ou les P.U.R. (Parti de l’Urgence Républicaine). La situation est hors de contrôle.
      Richard déménage dans sa ferme de Saint-Germain d’Yrande laquelle, bien qu’ayant déjà été saccagée, constitue encore un lieu de repli acceptable. Ses voisins, les Violis et les Renard, l’aident à s’installer tandis que Ludwine manifeste une nette mauvaise humeur à l’idée de jouer à la fermière. D’autre part,  Saint-Léger a entrepris la restauration de Rochegune pour transformer la citadelle en abri sûr.  Un tendre sentiment unit aussi Richard à Nadège sans que cela n’altère les rapports entre les deux amis.Les systèmes politiques se dégradent rapidement et Paris se retrouve brusquement scindé en plusieurs circonscriptions urbaines autonomes :
      "Chaque quartier de Paris organisait des barricades. Les habitants du XVIIème avaient mis à profit la fosse du chemin de fer qui les enveloppait au nord pour fermer une partie de l’arrondissement. (…) Sur le boulevard de Courcelles, tous les volets étaient tenus fermés jusqu’au second étage, des barrières obstruaient les rues où on ne pouvait s’engager qu’avant huit heures et sur présentation d’une carte. Un couvre-feu de fait s’était peu à peu institué dans toutes les grandes agglomérations divisées en quartier qui assuraient leur propre protection. "
      On pend les " Zoulis " aux lampadaires ; le président Gérard Furlace fait voter des lois d’exception. Les citadins commencent à fuir les villes avec beaucoup de difficultés car tous les services sociaux sont déficients. Mais il est trop tard pour se protéger des avanies et la plupart périssent en cours de route ou se retrouvent en manque d’essence. L’égoïsme et l’insécurité se généralisent. Saint-Léger travaillera  à l’hôpital d’Auzarce, proche de Rochegune, Richard et Ludwine s’installeront définitivement dans la forteresse. Bien leur en a pris car la campagne environnante est gagnée par les troubles. Des voisins, les Lopez, sont sauvagement assassinés et leurs têtes décorent les plats de faïence trônant sur la table de la cuisine. Les Zoulis se sont spécialisés : il y a les " Iroquois ", qui tuent en silence, les " Cambrioleurs ", les " Violeurs ", etc. :
      " Il y avait les crameurs, les gentlemen, les barbe-bleues, les grands saigneurs, les requiems, les petits marrants, les postiches, les asociaux, les chinois, les salopes, chaque bande classée selon son style. "
      Ludwine, lors d’un des derniers séjours du couple dans leur ferme isolée, est violée par des Zoulis et Richard, en passe d’être noyé dans sa piscine, doit la vie sauve à l’intervention énergique de Jules Renard , un voisin, avec son fusil. Renard, dans l’action, perd son fils Jerry ; il deviendra de ce fait un farouche tueur de Zoulis. La vie à Rochegune est difficile. L’essentiel du travail de ses habitants, composés par d’autres voisins venus se mettre en sécurité, consiste à fortifier et à renforcer les défenses naturelles du château. Saint-Léger, bien que soignant encore les éclopés de passage, se rend compte que, pour ne pas être submergé par toute une plèbe de malheureux, il lui faudra modérer son ardeur. Parfois, des motos rôdent aux environs. Richard aidé par une amie, Tara, a découvert un souterrain qu’il s’emploie à déblayer. Paris a définitivement sombré dans le chaos. Des islamistes, profitant de la faiblesse de l’Occident, larguent deux bombes atomiques sur la capitale. C’est le dernier des soucis pour les habitants de Rochegune qui doivent faire front à la première attaque d’envergure des Zoulis :
      " Par le chemin de Saint-Germain arrivait un cortège de voitures silencieuses. On avait retiré leurs portières et couvert le pare-brise d’une tôle généralement prélevée à la voiture elle-même, souvent le couvercle de la malle grossièrement fixé aux montants et perforé d’une fente qui permettait de voir. Quelques-unes des voitures dont le moteur fonctionnait en entraînaient d’autres en remorque, mais la plupart étaient poussées par des êtres des deux sexes, souvent très jeunes, et tous d’une maigreur que cachaient mal les peintures primitives dont leurs corps nus, enduits de blanc étaient partiellement ornés. Leurs yeux étaient couverts d’un masque plat, leur cou enveloppé de bandelettes pâles qui gagnaient le visage, annulaient la bouche mais épargnaient les oreilles soulignées de rose comme les parties sexuelles, et le crâne d’où les cheveux étaient absents, ou blanchis, ou tressés de nattes tentaculaires plongées dans des teintures multicolores. "
      Ceux-ci, qui n’ont pas peur de mourir, entassent des carcasses de voitures pour combler les fossés, dressent des échelles contre les murs pour prendre d’assaut la forteresse, constamment stimulés par un orchestre dément. Ils sont  près de réussir leur invasion, lorsque Richard et Tara, utilisant le boyau dégagé, font sauter l’orchestre, le réduisant au silence et démoralisant du même coup les Zoulis. Ludwine, dans l’action, s’était réfugiée chez les jeunes assaillants. Découverte, elle est immédiatement mise à mort par les défenseurs de Rochegune. Tara meurt elle aussi dans l’explosion, quant à Richard, sérieusement blessé, il se remet lentement du désastre. Une seule Zoulie est retrouvée vivante, créature falote et informe, qui, comme un chien, s’attachera à Richard pour lui servir de dérivatif sexuel.Le temps passe, interrompu par l’arrivée soudaine d’un hélicoptère de combat qui atterrit dans la cour du château.
      De retour d’un champ de bataille en Italie, le colonel-pilote (surnommé 92) a décidé de jouer son propre jeu. Envisageant de se mettre à l’abri des hostilités, Rochegune lui semble l’abri idéal. Saint-Léger ne le détrompe pas car il faut un chef à compétence militaire pour défendre la forteresse. Prévoyant de se réapprovisionner en essence à Boutrance, ancien lieu natal de Richard, 92 lui propose un aller-retour en hélicoptère pour qu’il puisse prendre des nouvelles de sa mère. L’hélicoptère est attaqué dès l’atterrissage, 92 périt dans les flammes et Richard se retrouve isolé de Rochegune. Sa mère, qu’il a revue, ne le suivra pas dans son périple du retour à pied vers le château, ce qui, dans les circonstances actuelles, s’apparente à une odyssée. Il suit d’ailleurs des recommandations bien utiles :
      " Il te faudra un jeu de brassards et au moins deux passeports. Je peux te céder un sauf-conduit du P.U.R. que tu feras transformer. Pour l’autre, on vous le vendra à la mairie. Dis - toi que partout où tu iras, qui voyage est d’abord suspect. Le mieux est de te procurer un plan de chaque patelin où tu es forcé de passer et de te présenter toujours comme quelqu’un de la région. Le truc des miliciens en civil est de se faire prendre eux-mêmes pour des gens de passage. Ils te demandent des directions. Ils veulent toujours savoir le nom du maire ou celui des églises. "
      Echappant aux miliciens zélés dans telle ville, vivant d’expédients dans telle autre, subsistant quelque temps en compagnie d’une femme pour se refaire une santé, laissé pour mort par trois vagabonds, sauvé par un Arménien qui le prend en protection, Richard, après bien longtemps fait une entrée peu glorieuse à Rochegune. Saint-Léger est mort, tué par des rôdeurs. Nadège, devenue folle, meurt elle aussi dans ses bras. La situation du groupe est corrompue et l’on attend de Richard qu’il y mette bon ordre.Tout en réorganisant la vie au château, Richard arrive à s’emparer d’un engin à vapeur mené par d’anciens truands, dont il se débarrasse, et qui rendra dans l’avenir de signalés services à la petite communauté. Le nouveau moyen âge est définitivement retombé sur l’Europe en ce début du troisième millénaire :
      " Les habitants de Bourges s’étaient donné un roi. Selon de mystérieux documents, il était l’héritier de la race mérovingienne qui, après treize siècles révolus devait régner de nouveau sur le royaume de France. Ou : Quelque par en Lorraine, des enfants entraînés par une fille de quinze ans qui promettait de les mener au paradis avaient créé une communauté dans un parc d’attraction imité de Disneyland. Ils y avaient grandi et adoraient un nain géant avec une tête à deux oreilles énormes surmontées d’un bonnet en forme de pénis auquel ils sacrifiaient les égarés pour s’en nourrir. Egalement : Des scientifiques et des gens de lettres fondaient des clubs dont les membres, la tête rasée, devaient se relayer jour et nuit pour réciter le texte de la Déclaration des Droits de l’Homme. "
      La vie ne laissera d’autre choix à Richard, replié au sein de sa forteresse, que d’épouser l’ancienne Zoulie, surnommée la "succube" et appelée aussi "la Droite" qui lui donnera trois enfants pour lesquels il espère un avenir meilleur.
      Un récit charpenté, des rebondissements constants, une écriture en finesse et un niveau de langue soutenu, font de ce roman une œuvre intéressante. Bien que le thème de la lutte des générations soit déjà bien implanté dans le  genre ("2024" de Jean Dutourd, " les Loups dans la ville " de Kancer ) l’originalité formelle de ce texte le range parmi les meilleurs.

    9. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités Auteur: Robert SHECKLEY Parution: 3767
      L’universitaire Nuggent Miller, pacifiste convaincu, a pressenti le danger d’une guerre nucléaire lorsque le Chinois menacèrent Formose. S’étant caché durant de longs mois dans un réseau de grottes aménagées, il fut le seul survivant de l’holocauste. Maintenant, toujours prudent, son compteur Geiger à la main, il cherche désespérément un autre être humain vivant. Or, il découvre non pas une, mais plusieurs traces laissées par cinq femmes, qu’il rejoint dans une clairière.
      O bonheur ! Elles sont toutes jeunes et désirables mais menées par Miss Denis, ancien professeur de maintien, féministe convaincu qui affiche sa haine de l’homme, responsable du désastre, et celle du mâle, responsable de l’oppression féminine. Elle refuse tout contact avec Nuggent Miller, le faisant même chasser à coups de pierres par ses élèves. Pour le survivant, l’enjeu est trop important. Il ne peut se laisser déposséder ainsi de ce qui lui revient de droit par un legs de l’humanité. Prêt à tout pour retrouver ces filles, il renie ses valeurs fondamentales en affûtant son couteau…
      « Une minute plus tard, le dernier civilisé avait disparu de la surface du globe. Avec lui périssaient le dernier des pacifistes, le dernier des objecteurs de conscience, le dernier des amateurs d’art, le dernier des bibliophiles. A la place de ces figures admirables se dressait Miller, couteau au poing et promenant tout autour de lui, de par la forêt, un regard farouche. (…)
      Miss Denis n’allait pas tarder à voir surgir devant elle, hirsute, sale, puant et massue brandie, le condensé horrible de l’abominable espèce mâle tout entière. Il espéra qu’elle aurait néanmoins le temps de comprendre, de se rendre compte que c’était elle-même qui avait ressuscité la brute des cavernes.»
      Une charge humoristique et ironique contre les excès du féminisme et des généralisations.


    10. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Parution: 1992
      Jessica Richter et Cornélia, deux sœurs, résident à Obermenzing, en Allemagne. Jessica, souffrante, prête à essayer tous les remèdes « spirituels » qui guérissent, vit avec Karli Schwöhrer qui dort toute la journée,  et « un certain Michaël », n’hésitant pas, à l’occasion, à se faire faire un enfant, le petit Ménélik, par Tobias Seelewig, lesquels deviendront des personnages fondamentaux dans la suite du récit. Jessica fait aussi la rencontre d’Eugène, dit «Nostradamus Deux », un charlatan doué, enseignant les sciences spirituelles de « l’Ere du Verseau ». Cependant, ce fut Cornélia qui s’entichera le plus de cette personne et qui connaîtra une carrière fulgurante grâce à la rencontre inattendue de Jessica avec un vaisseau extraterrestre.  Ces immenses engins spatiaux atterrissent un soir près de Paderborn :
      « Quand quatre-vingt-huit vaisseaux spatiaux avec des Saints d’or à leur bord atterrirent le vendredi 2 janvier, par une chaude journée annonciatrice du printemps, dans le territoire mentionné, les maisons, les forêts, les clôtures, les gens et le bétail furent aplatis comme par un gigantesque fer rouge. »
      Après quelques heures, l’un des vaisseaux repartit non sans avoir prélevé des échantillons de la faune et de la flore terrestre. Jessica fut témoin de l’événement et, en fouillant les ruines avec Nostradamus Deux, elle découvrit un objet extraordinaire, une sorte d’artefact bleu pyramidal qu’elle baptisera « trèfle » et qui s’avèrera être un instrument de communication pour extraterrestre. A partir de ce jour Cornélia, enseignant « l’amour extraterrestre de l’Ere du Verseau », devint célèbre et riche par ses conférences données dans tout le pays. Elle parcourut le monde avec Eugène en écrivant de nombreux ouvrages.
      Un deuxième atterrissage, puis un troisième, en Autriche, mit l’émotion à son comble. Cette fois-ci, Cornélia, bien décidée à prouver la sainteté des extraterrestres, suivie d’une foule nombreuse, s’approcha du gigantesque vaisseau  en susurrant des mots d’amour et de bienvenue. Ce fut sa dernière tentative puisqu’elle fut proprement décapitée par un rayon issu de l’engin. Sans le savoir, l’humanité venait de basculer dans la nouvelle « Ere du Verseau »! Le premier contact avait eu lieu en 1993. En 2011, la Terre est totalement envahie. Partout s’étaient posés des vaisseaux extraterrestres grands comme des cathédrales :
      « Aux premières heures du jour (heure d’Europe centrale), les Saints d’or apposèrent sur le globe à peu près à la hauteur du cinquantième parallèle une marque au fer rouge ayant la forme d’une couronne : tous les cent ou deux cents kilomètres, il y eut une brûlure qui fit siffler la terre et transforma en fumée et en cendres tout ce qui se trouvait sous les sceaux incandescents : les hommes, les  animaux, les plantes, tout. »
      Les « Saints d’or » ou les « On-ne-peut-plus-Vénérables » - c’est ainsi que l’on nomme les E.T.- sont incompréhensibles, énormes, muets, luisants et roulants, et se déplacent à grande vitesse. Ils n’entrent pas en relation avec les Terriens mais les exterminent en accaparant leurs territoires. Jessica – toujours muni de son trèfle d’or, appelé « Treutling », - y entend par hasard la voix de Nostradamus Deux, enlevé par les Aliens. Cette voix lui conseille de vénérer les Saints d’or qui, lors d’une sortie d’extermination, découvrent les sabots en bois portés par un autochtone autrichien. Poussés par on ne sait quelle motivation, ils demandent immédiatement une immense quantité de ces sabots. Les Européens, ne sachant comment lutter contre les entités, accèdent à leur désir en contrepartie d’un contrat qui leur laisse encore quelques terres à cultiver. L’intermédiaire privilégié et obligé entre les extraterrestres et les habitants d’Obermenzing est un certain Seelewig, dont le (supposé) fils Ménélik note les faits et les gestes .
      Sous la pression étrangère, l’humanité a fondu. Il reste encore de par le monde quelques cinq cents millions d’êtres humains menacés également par l’effet de serre et la montée des eaux :
      « A partir de cette époque, nous vécûmes au sein d’une communauté qui ressemblait à la fois à une forteresse assiégée, à une petite bourgade médiévale et à un îlot perdu au milieu du chaos. Comme les médias disparaissaient, les gens perdaient la vue globale des choses (…) Notre «village» fortifié compta tout d’abord cinq à six mille habitants, plus tard, quelques autres « villages » de ce genre, à l’ouest de l’ancienne Munich, se joignirent à nous pour constituer finalement une ville moyenne comptant quelque vingt mille habitants. « Village fortifié » n’est pas simplement une métaphore ; peu à peu on construisit effectivement autour du Grand-Menzing une enceinte surveillée jour et nuit. A l’extérieur, la violence et la peste faisaient rage. »
      Ménélik, maintenant adulte, continue la relation des événements. Deux camps d’extraterrrestres se partagent la terre, les Saints d’or bleus en Europe, les « Violets » en Amérique, deux clans antagonistes. Les Bleus refusent que les Violets poussent plus avant leurs conquêtes territoriales. S’étant avisés que la seule arme terrienne susceptible de les anéantir était le bruit, ils chargent les habitants d’Obermenzing, sous la conduite de Tobias Seelewig, d’anéantir les Violets infiltrés dans la haute vallée du Rhin. Grâce à la « sirène atomique », un engin humain inventé à l’occasion et qui produit un son terrifiant, les hommes font littéralement « fondre » les Saints d’Or envahisseurs qui abandonneront la région. En contrepartie, les vainqueurs, dans leur réserve d’Obermenzing, seront choyés par les «Bleus » qui leur distribuent de la nourriture ainsi que des Treutlings, appareils agissant sur le cerveau humain à l’instar de drogues mais qui font tomber l’utilisateur en poussière au bout de quelques années :
      « Certes, la pollution de l’environnement diminua et il n’y avait plus de plastique. Les nuits de pleine lune étaient longues et romantiques, et quand une jolie fille en jupe courte traversait la rue, tenant une cruche à la main gauche et une lanterne dans la main droite, pour aller chercher une bière à la buvette – peut-être pour son amant épuisé-, c’était un spectacle charmant. Mais quand un incendie se déclarait, comme c’était parfois le cas, et que les puits étaient vides, quand on entendait les hurlements d’un violeur que l’on éventrait sur la Steuber-Platz ou d’un voleur de petits pains auquel on coupait la main, quand les latrines, par temps lourd, répandaient leurs émanations nauséabondes et quand, comme chaque année, le grand fléau des mouches vertes s’abattait sur Grand-Menzing, les choses étaient très différentes. Les charmantes vitres en culs-de-bouteille des petites maisons de la Kemnahten-Strasse étaient ravissantes, mais quand un arracheur de dents opérait sans anesthésie et que les hurlements de son patient s’élevaient bien haut au-dessus du parc du château, ceux qui se souvenaient encore du bon vieux temps se disaient qu’il aurait tout de même été préférable que les Saints d’or ne vinssent pas nous « sauver ».
      La situation reste critique dans la réserve à humains. Hormis la fabrication des sabots en bois, l’économie a disparu, la médecine remplacée par un chamanisme dégradée dont Jessica est la grande-prêtresse. Sous la tutelle de Seelewig, les humains filent doux sauf Burschi, le contestataire, qui suggère d’essayer la sirène atomique contre les Bleus, «ceux-là de là-bas qui nous ont volé nos terres ». Avec une bande de révoltés extérieurs à Menzing, il vole la sirène et entreprend une campagne victorieuse contre les Saints d’or. Rolff, le correspondant extraterrestre de Seelewig, affolé, demande aux humains « fidèles » d’éradiquer le péril, leur confiant l’arme à « rayons oranges découpeurs ». Burschi et les siens seront exterminés. Pour fêter l’événement, grande distribution de Treutlings. Quant à Seelewig et famille, ils accèdent à un statut de commandement privilégié.
      En 2035, il ne reste plus que quelques centaines d’humains sur Terre, tous réunis dans le village d’Obermenzing, dont Ménélik et Jessica, maintenant vieille et toujours souffrante. Pour éviter à jamais toute révolte, les derniers humains, parqués dans le « zoo Menzing » devront avoir une jambe coupée, sauf Seelewig, évidemment. Ménélik, choyé par Jupp le remplaçant de Rolff, sera le dernier terrien. Il aura pour mission de relater le plus sincèrement possible, à l’usage des extraterrestres, ce qu’a pu être la civilisation humaine du temps de sa splendeur :
      « Pendant un certain temps, je ne remarquai même pas que j’étais le dernier homme en vie. C’est lorsque six semaines eurent passé sans que j’eusse vu un unijambiste ou une femme que je commençai à m’inquiéter et que j’inspectai toutes les maisons  les unes  après les autres.Je criai, mais il n’y avait plus personne pour me répondre.
      Récemment, j’ai rêvé que Mara était revenue. Elle avait onze ans et disait qu’elle continuait à rêver le monde, que je pouvais être assuré. Mara était âgée de plusieurs centaines d’années et elle était complètement nue. Elle portait le chapeau rouge puceron de tante Jessica. Dans mon rêve, Mara me dit qu’elle avait cessé de rêver les Saints d’or. Le monde n’est qu’une chimère argentée sortie des rêves de Mara. Je suis rassuré. »
      Un récit grinçant, dérangeant, burlesque, révolutionnaire, relatant sous la forme d’une immense métaphore, la rencontre des Européens avec les Américains primitifs, et ce qui en résulta. Avec un style foisonnant, baroque (même en traduction, ce qui donne à penser de l’original), l’auteur s’attaque aux tares humaines : l’égoïsme, les jeux de pouvoir, les fausses religions et les combinaisons méprisables. Un récit à mettre en parallèle avec celui de Silverberg « le Grand Silence ». Une réussite !

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