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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races, guerres futures 1 Auteur: Pierre Barthélémy GHEUSI Parution: 1931
      Claudie Argal, en compagnie d’un groupe de réfugiés, dont ses amis Violette Kauffmann et Olivier Ghersaint, attend le sous-marin « le Marsouin » qui les prendra à bord près de la côte bretonne. L’engin est de la conception de Robert Argal un savant et ingénieur français, père de Claudie. Enorme, sophistiqué, invincible, le submersible croise contre la flotte mongole dans l’Atlantique, qui appuie l’invasion jaune sur l’Europe. la France à genoux comme tous les autres pays européens, Paris envahi a dû s’incliner devant la race jaune – Chinois, Japonais, Mandchous, Touchkènes, etc.- qui a déferlé, avec, à sa tête, Tamerkhan le tyran asiate :
      «L’occupation totale de l’Europe par les Asiates est terminée ; mais les diverses contrées n’ont pas souffert des mêmes maux. Ainsi, l’Espagne et le Portugal, reconquis surtout par l’islam, n’ont pas subi de massacres. Madrid, Séville et Lisbonne sont intacts. Hélas ! Paris et Londres, submergés par l’Asie Centrale, ont été détruits ; deux millions de victimes ont péri dans leurs ruines (…) Les Mongols ont asservi les survivants. La terreur règne partout où il sont, sauf en Ecosse et dans les montagnes difficiles à occuper, les Alpes, les Pyrénées, quelques hauts plateaux du massif d’Auvergne. Rouen, Brest, Bordeaux, Orléans, Lyon sont démantelés : Bruxelles et Anvers jonchés de décombres. En Allemagne, par contre, Berlin, Dresde et Francfort, aux mains des soviets et des Mandchous, restent indemnes, n’ayant pas voulu résister. Là, les vaincus aident les Asiates à installer une nation neuve. »
      Des îlots de résistance subsistent, comme celui symbolisé par le Marsouin. Avec ses torpilles à l’argalite, un puissant explosif, Robert Argal coule un grand nombre de vaisseaux mongols. Le commandant du Marsouin recueille donc les réfugiés ainsi qu’une pièce de choix arrachée des mains des Mongols : Vigorde Médéric.
      Ancien partenaire d’Argal, savant renommé considéré comme son fils spirituel, Médéric n’a su résister au sang slave qui coulait dans ses veines. Il avait enlevé Martine, la femme d’Argal, exigeant en contrepartie de sa libération, les plans du Marsouin. S’étant rallié à la cause des Jaunes, il s’était acoquiné avec Tamerkhan en commandant les unités indiennes du dispositif d’invasion.
      Seize ans durant, Martine fut détenue sur l’îlot de St. Roman, près des côtes brésiliennes où Médéric avait installé une base sous-marine. Bientôt ses divergences de vue avec les Mongols  condamna Vigorde Médéric à être démis de ses fonctions et fusillé. C’est là qu’Argal le prit à son bord, avec la joie qu’on lui soupçonne.Bien que Médéric, dégoûté à jamais des Asiates, s’était dit prêt à se soumettre avec ses unités indiennes aux ordres des Européens, en délivrant enfin Martine, il n’en fallut pas moins que les supplications conjuguées d’Olivier, de Violette et de Claudie pour que Robert Argal cède,  et lui fasse à nouveau confiance.
      Enfin, le Marsouin, piloté par Médéric, mit le cap sur l’îlot de St. Roman. Hélas ! trop tard. Martine, lassée de ses seize années de captivité (on la comprend !) venait de s’enfuir avec un pilote américain, prisonnier lui aussi, un « old timer» dont la passion était la remise en état de son vieil avion. S’étant trompé de route, les évadés s’abîmèrent en mer avant d’être recueillis par les Mongols, sur le vaisseau même de Tamerkhan. Dès que, à bord du Marsouin, l’on sut la vérité, la traque recommença, et l’on coula les navires mongols les uns après les autres. En face de ce danger, Tamerkahn libéra la femme d’Argal avant de prendre lui-même la fuite vers le continent, se réfugiant d’abord dans une de ses bases en Gironde, puis à Paris.
      Lorsque le Marsouin fut rejoint par son frère jumeau, le Dauphin, dont Médéric prit le commandement, la reconquête de l’Europe put commencer, ces deux formidables engins étant appuyés sur terre par les troupes américaines d’une part et la résistance européenne d’autre part. Partout, l’on élimina des millions de Jaunes en un élan irrésistible, auquel se joignirent les forces indiennes de Vigorde Médéric. La France enfin reconquise, l’on se battit dans les ruines de Paris :
      « Et Paris, dévasté par la barbarie orientale, apparut à tous les yeux dans l’horreur de son bouleversement. Un gigantesque chaos de décombres, dominés ça et là par des pans d’architecture calcinées, une nécropole immense au lendemain d’un tremblement de terre, les vestiges de vingt cités en une seule après l’éclatement de ses poudrières, tel fut le funèbre spectacle qu’embrassèrent de leurs regards épouvantés les témoins de la rage asiatique (…) Le Louvre, brûlé, ne dressait plus au bord du fleuve que sa colonnade de l’est, et, le long de la rue de Rivoli, les dépendances du Musée des Arts décoratifs, saccagés de fond en comble, mais encore abrités de façades noircies et de vastes toitures effondrées à demi. Sur l’Arc-de-Triomphe, les bas-reliefs étaient brisés ; mais « l’arche » démesurée avait cassé les dents du fauve asiatique et se dressait, ébréchée à peine, sur un amoncellement de caissons et d’affûts en morceaux.»
      Les derniers envahisseurs, galvanisés par l’arrivée du dirigeant suprême, l’ascète Liou-Tchang, le marxiste ultime, s’y cramponnaient encore. En face de la forte pression occidentale et se voyant en difficulté, Liou-Tchang proposa une alliance à Robert Argal pour qu’ensemble ils établissent en Europe – devenue l’Eurasie- cette société rouge marxiste dont il défendait les valeurs. Argal refuse avec horreur cette proposition et lui préfère la constitution des Etats-Unis d’Europe. Alors Claudie, plein de haine et de rancune envers ce personnage, le tua d’un coup de fusil électrique, malgré l’immunité parlementaire  de ce dernier (ce qui n’est pas bien !).La guerre terminée, le « Mascaret rouge » endigué, Claudie et Vigorde, accompagnés d’Olivier et de Violette purent enfin convoler en justes noces.
      Un roman à l’eau de rose sur fond de péril jaune. Peu convainquant dans son intrigue, il présente de belles descriptions de Paris, humilié et ravagé par les Jaunes, et surtout sa très belle illustration de couverture…

    2. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races, guerres futures 2 Auteur: Louis GASTINE Parution: 1933
      La "Mission internationale pour l’Occident" conduite par Pierre Prédal ne rencontre que du vide au-devant d’elle. Où sont passés tous les habitants des pays de l’orient, Mongolie, Mandchourie, Turkmenistan? Ils ont tous rejoint Timour II, le descendant de Gengis-Khan qui, avec ses mongols et associés chinois, dirigés par des "lamas ", a décidé de mettre fin à la suprématie européenne, aux démocraties vacillantes, pour y faire déferler ses hordes, des centaines de millions d’hommes qui tous se dirigent vers l’Ouest. Appuyée par les Soviets qui doivent leur fournir l’appui stratégique et l’intendance, la horde jaune s’ébranle en direction de la Mission internationale. Celle-ci est cernée et massacrée, sauf Prédal et ses proches. Car Timour II a deux faiblesses : Adala sa fille qui, bien qu’élevée en Europe, possède du sang mongol dans les veines, et Monica Pawlowski, une jeune femme de l’expédition qui deviendra sa compagne.
      Le correspondant russe Radkine trahit les envahisseurs. Il sera arrêté et tué de la main d’Adala. D’autre part les lamas bouddhistes réclament à corps et à cris la peau de Prédal. Protégé par Timour II qui espère le gagner à sa cause, Pierre, dont Adala est amoureuse en secret, restera prisonnier, escorté par des milliers de Mongols, fidèle à la cause de l’Occident. Il aura plus d’une fois l’occasion de s’apercevoir de la cruauté et de la détermination du chef mongol qui fait décapiter, écorcher vif, empaler tous ceux des siens qui n’observent pas ses ordres. L’Occident sera prévenu de l’imminence du péril par l’un des avions d’observation de la "Mission", mais le général concerné n’accordera aucun crédit à ce qu’il prend pour une fable. Durant ce temps, les Jaunes déferlent sur la Perse, en direction de l’Est de la Turquie, se comportant comme une nuée de sauterelles en laissant exsangues les pays traversés.  Finalement, des éléments d’information inquiétants en provenance de plusieurs sources obligent l’Occident à réagir. Une Dictature est décrétée sous le despotisme éclairé et sans appel d’un savant, Marcel Roudant. Celui-ci promulgue les "Douze Edits" qui permettront, espère-t-il, d’arrêter l’invasion (et d’assouvir les fantasmes anti-soviétiques de l’auteur). En voici quelques-uns :
      " Ordre de s’emparer en tous lieux des moscoutaires, des communistes ou autres révolutionnaires et de les fusiller IMMEDIATEMENT et sans jugement.
      Saisie et incarcération préventive, jusqu’à la fin de la Guerre, des pacifistes et des défaitistes
      Bombardements par avions, sans déclaration préalable, des foyers de bolchevisme en Russie Soviétique. Tous les chefs et représentants ou employés du Gouvernement Soviétique sont mis hors la Loi. "
      Dissolution immédiate de tous les parlements d’Europe et des Amériques, ainsi que ceux des autres parties de l’Occident.
      Interdiction de publier quoi que ce soit et d’aucune manière, sans autorisation de la " DICTATURE GENERALE ", sous peine d’emprisonnement, d’amende et de mort, selon les cas.
      Suppression du droit de grève collective dans tous les corps de métiers sous peine d’emprisonnement sine die, et sous peine de mort pour les services publics de guerre. Suppression du droit des réunions politiques.
      Suppression immédiate de tous les appareils de TSF publics et privés. Peine de mort contre les constructeurs et détenteurs de postes de TSF clandestins.
      Interdiction, sous peine de mort, de toutes les tentatives de spéculation quelconques touchant à l’œuvre de Guerre et à l’alimentation publique.»
      Le pouvoir illimité et centralisé formera le pilier central de l’opposition à la horde jaune. Le matériel de guerre sera produit en un temps record : des myriades d’avions, de bombes, de tanks et d’armements divers permettent un passage à l’action rapide.  Tous savent maintenant que le grand affrontement aura lieu dans l’est de la Turquie, sur les plateaux d’Anatolie, au-delà d’Istanbul, la véritable porte d’entrée de l’Europe. Les événements qui se précipitent ne sont pas favorables à Timour II. Contrairement à ses plans, la Russie soviétique n’a pas disposé comme prévu des caches de ravitaillement. Le gouvernement des Soviets décimé et abattu, les communistes traqués dans le monde entier ont perdu leur pouvoir. Leur marine défaite, leurs transports annihilés, ils n’ont pu respecter leurs engagements. Le chef mongol avec ses centaines de millions d’hommes se trouve donc sans ressources. Affamées, les hordes se cannibalisent, mangeant leurs femmes, leurs enfants, leurs prisonniers… :
      " Ceux qui rejoignirent les armées accumulées en Turquie d’Asie les trouvèrent à bout de souffrance et de courage. Là, on mangeait jusqu’aux rares lézards, serpents et insectes sortant des crevasses du sol à la fraîcheur nocturne. Qu’attendez-vous, dirent-ils à ces affamés, près desquels ils revenaient, qu’attendez-vous pour utiliser les enfants à la mamelle que leurs mères ne peuvent plus nourrir et qui meurent elles-mêmes d’inanition sur les cadavres de leurs petits ? Nous avons été forcés d’en manger pour revenir jusqu’ici ; cela vaut mieux que de mourir de faim. "
      Devant cette détresse, Timour II n’entrevoit plus qu’une seule issue pour gagner la guerre : il faut piller les réserves de l’Occident, se ruer sur les bords de la mer Noire, envahir Istanbul. Mais bombardés, pilonnés, harassés, exterminés, les Jaunes meurent en masse.
      " Quand la ruée des combattants eut commencé l’escalade de l’Anti-Taurus et des autres reliefs accentués au Nord-Ouest et au Sud du plateau central, des cataclysmes épouvantables se produisirent : des morceaux gigantesques des monts s’en détachèrent, éclatèrent avec des détonations assourdissantes, un fracas inouï, auquel s’ajoutait le retentissement des éboulements de ces pans de montagnes dans les ravins et les vallées. Des coupures rocheuses hautes de 150 à 200 mètres, larges à proportion, s’écroulaient, se projetaient sur les lames d’assaut humains qu’elles écrasaient et ensevelissaient. "
      En avion, Timour II, parti en expédition avec Monica, sera abattu au-dessus d’une éminence naturelle. De là, sans vivres et à l’agonie, il pourra contempler la ruine de son rêve. Un grand nuage noir monte vers les belligérants au-delà de l’horizon : c’est une mer de feu alimentée par l’ensemble des puits de pétrole du moyen orient qui s’avance vers les envahisseurs.
      " Au loin, à la limite de l’horizon, s’élevait un long nuage noir…immensément long, barrant la presqu’île sur toute sa largeur. (…) Bientôt les colonnes flamboyantes devinrent plus nettes dans la chute rapide du jour… et une ligne de feu les relia, faisant comme une base lumineuse éclatante aux nuages noirs qui s’élevaient toujours. (…)
      En réalité, de la ville de Boli jusqu’à celle d’Afioum-Kara-Hissar, c’est-à-dire sur une largeur de 250 kilomètres, l’extrémité désertique du plateau central d’Asie brûlait.  Et l’incendie grandissait, se prolongeait, avançait. (…) Par milliers, les êtres humains tombaient aussitôt foulés, écrasés par d’autres milliers, qui tombaient de même et se trouvaient, à leur tour, foulés et écrasés ; l’amoncellement de ces victimes, fuyant le feu, s’élevait sur divers points à dix mètres de hauteur , qu’escaladaient les fuyards suivants. "
      Carbonisée, réduite en cendres, l’immense horde cesse d’exister. C’est dans une Europe glorieuse et nouvelle que Prédal et Adala convolent en justes noces.
      "la Ruée des Jaunes" représente encore l’un de ces nombreux textes dénonçant le péril jaune, thème conventionnel de la première moitié du XXème siècle. En un style hystérique, il permet l’étalage de toutes les obsessions d’une époque. Jaunes, Démocraties, Ouvriers, Communistes, Intellectuels, Fainéants, tout cela étant du même acabit,  il importe d’éradiquer la chienlit avant qu’elle ne sonne le glas de la société bourgeoise !

    3. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Christophe PAULIN Parution: 1946
      Claude Madan (anagramme d’Adam) est un romantique invétéré. Pour composer en toute tranquillité sa poésie amoureuse, il se réfugie au sein d’une chambre plombée à l’Institut du radium, dirigé par son père. Il y trouvera la paix requise. Le lendemain - car il s’y était endormi- toute vie a disparu de la Terre. Les menaces de destruction totale qu’un savant fou avait depuis peu lancées à travers les médias se sont révélées exactes. Claude reste le seul être vivant, protégé par sa gaine de plomb. Espèce humaine, mammifères, oiseaux, insectes, microbes même, tout a disparu. De ses pareils, il reste peu de choses:
      " Là par terre, sur le trottoir, un petit tas sombre. Quoi donc? Des vêtements. Claude s’approcha: c’était une tenue de sergent de ville, en tas, surmontée de sa casquette plate. " (...) La vermine? mais non. Les rats devaient avoir disparu comme les autres animaux. Ah oui car, ici, Claude voyait une peau de chat, là une peau de chien. Sous les arbres, de petites boules de plumes. Les oiseaux! Les oiseaux aussi avaient disparu. Et les tout petits animaux ?"
      Après une période de tâtonnements, de désespoir, de pèlerinage  vers les êtres chers de jadis, Claude prend conscience de sa totale liberté: plus de menace sociale, animale ou microbienne! Héritier de tout, il n’a envie de rien. Il utilise ce que lui a laissé la société, mais se rend compte que la ville de Paris n’est plus un endroit sûr. Le feu y fait des ravages. Il se dirige donc vers le Sud:
      " Les routes étaient belles, dans une fin de printemps radieuse. Par endroits, un des énormes camions routiers qui faisaient le transport de nuit s’était écrasé contre un arbre, un mur, jeté dans un fossé. Quelquefois, il s’était mis en travers de la route, mais il laissait en général un passage suffisant pour la Dodge; ce ne fut que très rarement que Claude dût chercher une déviation "
      Il s’établit à Cannes, dans une villa, de bord de mer, qu’il aménage à son goût, passant par des phases alternatives de gaieté et de tristesse. Parfois, il s’amuse à dégager les rails de chemin de fer pour explorer en train l’arrière-pays. Il remet également en état un voilier pour se promener sur une mer dépeuplée. Quelquefois aussi, vaincu par la mélancolie, il sombre dans l’alcool. La femme lui manque et il y supplée comme il peut:
      " Ici, à Cannes, il y (= à l’absence de femmes) avait réfléchi. Hélas! Aucune honte ne devait y (=  la masturbation) être attachée: cette triste délivrance était préférable à la folie "
      Après plusieurs années passées dans son refuge, il  sent le besoin de bouger, ne serait-ce que pour vérifier une fois de plus si aucun autre être aurait pu survivre. Il reprend d’abord le chemin vers Paris:
      " Claude passa par la Défense, descendit la voie majestueuse. Les bas côtés et les trottoirs étaient couverts d’herbe, d’une façon d’ailleurs agréable à l’oeil, mais la chaussée elle-même était à peu près normale, les petits pavés en éventail n’ayant donné prise qu’à quelques mousses jaunâtres. Quant aux maisons, avec leurs volets clos, elles n’avaient point changé d’aspect. (...) Dans certains porches de maisons, le vent, comme il amasse des congères de neige, avait accumulé des tas de grandes feuilles à moitié changés en humus où poussaient de jeunes plants. Le vêtements abandonnées ne se voyaient plus que ça et là, semblables à des serpillières; et les autos couvertes d’un incrustât grisâtre, semblaient pétrifiées. La chaussée était jonchée d’ardoises brisées, de cheminées abattues. Le silence était absolu, hormis quelques grincements d’enseignes et de barres de stores rouillées. "
      Définitivement écoeuré par la ville, il  explorera l’Europe en préparant son expédition qui l’amènera jusque dans les plaines du Caucase. Nulle part, il ne découvre un être vivant.   Tout en soignant son scorbut, il se rend à l’évidence: il lui faudra terminer sa vie seul, à Cannes. Il revient en France décidé à y mourir. Or, lors d’une partie de pêche, il attrape un poisson: toute vie n’a donc pas disparu? D’où provient ce poisson? Cette interrogation est suivie par une autre énigme, celle de la découverte d’une jeune fille mystérieuse:
      " Là, tout près de lui, sortait de l’eau, dansant devant la vague, son corps lisse tout ruisselant, riant et les bras levés, une jeune fille. Une jeune fille au torse étroit et aux seins menus, mais aux hanches larges, sur de fines jambes, dans le contre-jour. Une jeune fille de moins de vingt ans, nue, comme apportée par la mer. "
      Diane - c’est son nom -, après avoir assouvi leur réciproque désir, lui racontera sa vie. Elle vient d’Amérique, de Long Island, où elle a laissé ses dix-huit soeurs. En avion, elle a traversé l’Atlantique, s’est arrêtée à Cannes, se guidant sur le phare réparé par Claude lequel fonctionnait jour et nuit.  Racontant de mémoire, Diane explique le sauvetage entrepris par sa mère Anne le jour funeste. Secrétaire du savant fou et zoologue, elle avait compris l’imminence du danger et s’était acharnée à sauver quelques animaux du zoo voisin en les emmenant dans une chambre de plomb. Seule avec eux, son fiancée n’ayant pu la rejoindre à temps, elle s’est réveillée, comme Claude,  dans un monde totalement vide. Avec des efforts surhumains, et après de longues années, des moutons, des chèvres, des poissons, des colombes ont réamorcé la chaîne de la vie.
      Elle seule n’a pas pu avoir de descendants. En s’attelant à la tâche, elle a réussi a créer une vie parthénogénétique grâce à " l’ampoule " et finalement a accouché de deux jumelles, clones parfaits d’elle-même. Celles-ci se sont reproduites elles aussi selon un rite désormais consacré, jusqu’à atteindre le chiffre de dix-huit. Lorsque la mère de Diane mourut, elle leur a légué un héritage lié à la conservation de l’électricité et à " l’ampoule ". Claude, requinqué par cette rencontre, programme un  voyage en avion qui les amènera au-dessus de la Chine. Ils y feront la connaissance d’un vieux Chinois philosophe, seul survivant de sa race, heureux et misanthrope dans sa solitude, ainsi que d’un vieillard gâteux, ancien " contre-général français " dans les colonies. Ils abandonnent à sa demande le Chinois à son isolement, ramènent le " grand-père " qui meurt bientôt. Les enfants de Claude et de Diane grandissent en Europe, sans que Diane n’envisage un seul instant de retrouver ses soeurs parthénogénétiques en Amérique.  
      Les " Claudiens ", car c’est ainsi que s’appelle la nouvelle race humaine issue de Claude, prospèrent dans un monde sans animaux nuisibles où tout est à reconstruire:
      " Très vite disparurent l’électricité, le moteur à explosion. Puis la vapeur. Cent ans après la rencontre de Claude et de Diane, l’âge de fer n’était pas encore tout à fait perdu, mais menacé " (...) Au bout de mille ans à peine, tout ce qui avait été papier n’était plus que poussière. Les bibliothèques avaient été pillées, brûlées; les parchemins avaient servi à faire des tabliers ou des chaussons. La fameuse collection du Times, imprimée sur peau d’âne, avait bien été trouvée, quand, au 12ème siècle, à ce qu’on prétend, les méditerranéens avaient découverts l’Ile qu’ils avaient baptisée " sans vie ", Albion, parce qu’on n’y rencontrait que des oiseaux et des insectes. "
      Un nouvel empire se développe. Des contacts maritimes s’établissent entre l’Ancien Continent et le Nouveau Monde. Les Claudiens, éblouis, découvrent une civilisation d’Amazones qu’ils soumettent par la force. Le progrès social fait un bond en avant:
      " Mais les Claudiens, dans la métallurgie religioso-génétique des Amazones surent vite voir les avantages pratiques; aussi la civilisation matérialiste fit-elle un bon en avant. Et, mille ans après la " guerre des femmes", 5000 ans après Claude, le monde en était à peu près en l’état du vingtième siècle après Jésus-Christ ".
      La fin du récit joue avec les paradoxes temporels. L’auteur du roman affirme qu’un « inventeur, Barjavel, venait de mettre au point un ingénieux scaphandre qui permettait de se transporter en un autre point du temps».
      Il l’utilise afin de donner un coup de pouce aux "Claudiens" Cependant:
      " Ah! vous dites-vous, comment puis-je vivre en l’an Claudien 5000 (6957 pour vous) puisqu’en 1957 toute matière animale, sauf Claude, Anne et sa ménagerie, ont disparu? J’échappe à cette volatilisation, puisque je suis " à cheval sur l’espace du temps ". Mais il est exact qu’après le 19 mai 1957, je ne pourrai plus " revenir " puisqu’alors " je serai disparu  (...) Quant à vous... j’ai longtemps hésité à vous donner la date du " rayon de la mort ". Si vous voulez échapper au destin, vous n’avez qu’à construire des chambres de plomb et vous y enfermer. Cela changerait tout, mon histoire serait fausse. C’est pourquoi, puisque je sais que mon histoire a été vraie (ou pour vous, sera vraie) je sais que vous ne le ferez pas. Tout simplement parce que vous prendrez ceci pour un roman ".
      «S’il n’en reste qu’un» est une oeuvre astucieuse, développant le thème couru du dernier homme en l’enrichissant à sa manière par des innovations scientifiques et une thématique parallèle: la parthénogenèse, l’uchronie, le paradoxe temporel. Le souci de vraisemblance, l’honnêteté de la description - il n’évacue pas le problème sexuel comme dans d’autres ouvrages- lui confèrent un rang plus qu’honorable dans le genre.

    4. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: FERRAZ Parution: 1933
      Le détective Serge Servin suit les traces du boxeur Trucq Bert, enlevé en Algérie.  Après «une catastrophe incompréhensible» qui détruit le Transaharien, Serge saute en parachute au-dessus de l’Atlas, repaire d’un savant fou. Capturé par des robots, il est emmené devant le Docteur Satanas qui désire se venger de la société. Devant lui, celui-ci étale sa puissance, une usine entièrement robotisée et un « rayon de la mort ».
      Serge s’élance sur Satanas et, avec de la dynamite, fait sauter son repaire tout en sauvant les robots, en réalité des êtres humains conditionnés, quelques Chinois ainsi que… le boxeur Trucq Bert. Satanas, reprenant ses esprits provoque de terribles éruptions volcaniques avec son rayon, s’apprêtant – dit-il d’une voix sarcastique - à « disloquer le monde ». Serge reprend du service et, par un terrible uppercut, met définitivement le monstre hors d’état de nuire.
      Un récit complet comme en fleurirent beaucoup après-guerre, à l’intrigue convenue et au dessin effroyable.

    5. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Raoul BIGOT (aucune référence) Parution: 1918
      Le lieutenant Jacques, dans sa tranchée, entrevoit, en tant que scientifique, une solution radicale pour mettre l’Allemagne à genoux. Il s’en ouvre aux seuls Président du Conseil et au Généralissime du commandement des forces françaises. Au jour dit, le plan préconisé fut appliqué : une mystérieuse épidémie d’origine électrique infecta le fer qui devint mou, puis tomba en poussière :
      " Il s’arrêta devant un train chargé de munitions et contempla de gros obus qui gisaient pêle-mêle. Du bout de sa canne, il frappa l’un d’eux et s’arrêta stupide. " Voyons ! il rêvait, ce n’était pas possible ! ". Et il renouvela l’expérience : sa canne était entrée dans l’obus ; sous le faible choc, le magnifique acier des usines allemandes s’était éparpillé, laissant voir à nu l’explosif redoutable. Machinalement il recommença et chaque fois son bâton désagrégea un de ces obus dont il était si fier.
      Comme sous l’effet d’une hallucination, il frappa alors à coups redoublés, espérant enfin entendre le son métallique que rendaient d’ordinaire ces gros bijoux de mort que seule l’Allemagne avait su préparer d’avance ; mais il ne rencontrait que des corps mous, que des enveloppes friables qui s’émiettaient et laissaient voir à nu leur hideuse âme jaune ! Alors, pris de vertige, il s’enfuit mais il n’alla pas bien loin ! "
      A partir du front, l’épidémie emprunta les voies du chemin de fer en paralysant totalement la circulation des ennemis de la France. Puis, elle gagna l’arrière, où rien ni personne ne fut épargné. Les canalisations de gaz, les usines d’armements, le matériel maritime, l’industrie, tout subit la "pourriture du fer ", provoquant de gigantesques incendies dans toutes les villes allemandes. En quelques jours, l’Allemagne à genoux, implora grâce. Le lieutenant Jacques aurait pu être légitimement fier de son " virus électrique " si cela n’avait été un… rêve !
      Une nouvelle à comparer avec " la Mort du fer " de Held. Elle rappellera également le traitement réservé par Franquin au fer  par les bombes de " Métomol " dans " Z comme Zorglub ", de la série des " Spirou et Fantasio ".

    6. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Gordon R. DICKSON Parution: 1972
      La Terre est en en proie à une terrible épidémie, la pourriture rouge, générée par les spores de plantes dont l’existence est due à la pollution généralisée. Les hommes, totalement protégés, ont installé leur cité sous bulle, en milieu aseptisé, pour éviter tout contact avec l’extérieur. Repliés sur eux-mêmes, les humains ont malgré tout gardé un haut niveau de technicité.
      Le héros, Chaz Sant, est un être psycho-sensible qui tente d’accéder à la " Masse Pritcher ". Tel est le nom donné par son découvreur à une sorte "d’inconscient collectif" réunissant les meilleurs esprits aux aptitudes parapsychiques avérées en vue de rechercher, par le biais de la pensée dirigée, une nouvelle terre où la survie de l’espèce humaine serait assurée.
      N’accède pas qui veut à la Masse Pritcher. C’est par des tests que le héros, au destin singulier, se trouve connecté et immédiatement repéré par les tenants de la "Citadelle", une mafia qui souhaite préserver pour son propre compte la Masse Pritcher, en abandonnant le reste des humains à son triste sort. Il est aidé dans ses périls par Eileen, une jeune "Sorcière", c’est ainsi que l’on prénomme les êtres aux capacités psi qui ont échoué aux tests.
      Chaz, après diverses péripéties, se retrouve à l’extérieur de la bulle où il fait la connaissance des "Roux", des hommes naturellement immunisés contre le fléau. Avec leur aide, il envisage de provoquer l’ouverture irréversible de la bulle, ce qui condamnerait à mort les citoyens, mais permettrait aux émeutiers de s’attaquer à la Citadelle. Fait prisonnier, il apprend que la Masse Pritcher est totalement infiltrée jusqu’à son plus haut niveau par les responsables de la Citadelle. C’est à ce moment-là qu’il a la certitude de pouvoir jouer le rôle d’un catalyseur en parvenant à réunir tous les esprits humains en réseau. La pourriture rouge, qui n’était en fin de compte qu’une maladie psychosomatique, est balayée,  et le chemin des étoiles s’ouvre devant une humanité libérée :
      " Les spores de la pourriture qui étaient touchées mouraient instantanément, comme elles mouraient dans les poumons des sorciers et des exilés immunisés. L’ouragan grossit et rugit. Un tourbillon se forma, montant vers les nuages les plus bas. (…) La force massique éventra le ciel, allant vers l’ouest, détruisant les nuages et la pourriture sur son passage. Une longue déchirure s’ouvrait dans l’épaisse couverture de nuages au-dessus de la ville. Comme le printemps fait éclater la glace d’une terre longtemps gelée, le soleil brilla soudain à travers cette déchirure dans un ciel sans nuage au-dessus d’un horizon libéré. "
      Le lecteur se trouve face à un récit confus qui exploite de nombreux thèmes – pollution, parapsychologie, dystopie, etc.-  sans jamais pouvoir les relier avec harmonie. Un roman peu convaincant!

    7. Type: livre Thème: invasion d’insectes Auteur: Philip K. DICK Parution: 2007
      Seul à comprendre le langage des insectes, il se méfiait en sortant de chez lui, avant d’être en  sécurité dans le bus qui l’emmenait au travail. Alors les fourmis se concertèrent pour décider, dès son retour, de l’éliminer,  afin d’éviter que le «Géant » ne signale à ses semblables le danger d’invasion permanent que représente la présence des insectes sur le Terre.
      Le soir tombé, il les attendait de pied ferme avec son pulvérisateur, averti par les araignées qui avaient depuis longtemps signé un pacte de non-agression avec l’homme puisqu’elles se partageaient les insectes comme nourriture avec les oiseaux et les batraciens.
      Elles lui recommandèrent de ne pas s’en faire, qu’elles seraient là pour protéger l’homme. Elles avaient oublié de préciser que « l’homme » pour elles désignait l’espèce et non l’individu. Quand le tapis se mit à onduler sous l’influence des cohortes ennemies, il était trop tard…
      Une courte nouvelle entre humour et inquiétude.


    8. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Will JENKINS Parution: 1951
      Les bombes atomiques s’abattent sur le territoire des Etats-Unis d’Amérique, balayant toutes les villes d’importance, faisant soixante-dix millions de morts en quelques minutes. Sans déclaration de guerre, sans que rien ne justifie un tel acte, des missiles d’origine inconnue, transitant par le pôle, écrasent le pays, « assassinent » les Etats-Unis. Toutes les nations du monde étant liées à l’Amérique par le pacte de Brienne qui stipule une réaction immédiate en cas d’attaque, solidaires avec le pays martyr, elles ne peuvent agir car l’identité de l’agresseur reste inconnue.
      La totalité de l’intrigue tourne donc autour de ce point : découvrir l’identité du pays agresseur. En vue de l’éventualité d’une attaque, l’on avait parsemé le territoire américain  d’un grand nombre de bases souterraines et secrètes, appelées « Terriers », en connexion radio les unes avec les autres, dont le seul objectif était de répliquer à coup sûr.  
      Le Terrier 89 est situé sous les montagnes rocheuses, sous le glacier Rainier. Il est dirigé par Fred Thale et le lieutenant Sam Burton, qui cherchent à percer eux aussi l’identité de l’agresseur. Le lieutenant Burton, apercevant des êtres humains en perdition  sur le glacier, les recueille au sein de la base. L’une des rescapées, Betty Clarke, est une ancienne connaissance de Sam qui s’en  méfie terriblement car il la prend pour une espionne.
      Sachant que la base va être incessamment la cible d’un coup nucléaire, Thale s’obstine à dévier les bombes pour, au moins, en récupérer une intacte dans le but de l’étudier. Par le brouillage des fréquences de guidage, Thale arrive à faire s’écraser l’un des missiles non loin de la base, sans que celui-ci n’explose. C’est par l’étude des composants électroniques de la bombe que Thale apprendra la vérité sur l’origine de celle-ci. Il se rend donc sur le lieu de chute alors qu’un nouveau venu dans le Terrier, le général Thaddeus Warsaw, exige qu’on lui remette le commandement.  Partout dans le monde, l’attaque inopinée provoque des émeutes, des tueries, des manifestations qui créent des centaines de milliers de morts :
      «A Londres, les grandes artères étaient tellement encombrées que les cadavres de gens étouffés continuaient à avancer, soutenus par la masse qui les entourait, fleuve humain s’écoulant avec une lenteur d’agonie vers les derniers faubourgs de la ville. A Paris, la panique provoquait une effervescence démentielle. Sur la grande place vers laquelle convergeait malheureusement quatre avenues alors qu’une seule rue étroite permettait d’en sortir en direction de la banlieue, les fuyards se concentraient en torrent. Chanceler, c’était tomber, et tomber, mourir. Là où la pression était la plus forte (…) s’élevait un monticule qu’il fallait franchir pour s’évader de cet enfer. Et le monticule allant d’un mur à l’autre, jusqu’à la hauteur du deuxième étage, était fait de cadavres piétinés. »
      Thale est près du but. L’identité de l’agresseur est certaine bien que celui-ci ait utilisé des composants électroniques achetés aux USA et qu’il ait situé sa base de lancement  loin de chez lui, en Antarctique. Sa manière d’assembler les éléments signe sa trahison. Thale meurt en transmettant ces informations à tous les Terriers. La contr’attaque commence. Warsaw –qui est un authentique espion – se suicide,  et Betty – qui est une authentique contre-espionne – rentre en grâce aux yeux de Sam. La base ennemie en Antarctique est écrasée sous un déluge de bombes ce qui provoquera la fonte du manteau rocheux du pôle sud. Tous les pays liés par le pacte de Brienne participent alors à la curée aux côtés des Etats-Unis et s’emploient à rayer de la carte du monde le pays de l’agresseur…
      « l’Assassinat des Etats-Unis » apparaît comme l’un  des premiers ouvrages portant sur le concept de « dissuasion » dans le champ romanesque, bien que de nombreux éléments liés à l’idée de guerre nucléaire totale en soient absents : importance de la radioactivité, «hiver nucléaire», disparition de la faune et de la flore, etc. Au fait : l’on ne saura jamais le nom du pays agresseur mais est-ce vraiment indispensable ?

    9. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités Auteur: Jean PAULHAC Parution: 2001
      Lago le braconnier, simple d’esprit et autiste doué en calcul mental, est le seul survivant, ou presque, de la catastrophe nucléaire., La « bombache », selon son expression, a vidé le petit village dans lequel il végétait en marginal méprisé ou moqué. Les uns ont passé de vie à trépas : les cadavres qu’il rencontre sans émotion apparente en témoignent. Les autres sont partis aller mourir plus loin.
      Dominant sa timidité et sa crainte, muni de son intuition et d’un instinct sûr, il s’apprivoise lentement à la vie. Avec  son copain « l’Idiot » et après une phase de maladie due aux radiations, ils se payent du bon temps à côté de ceux qui, comme le gros fermier Bernard, n’ont pu se faire à la catastrophe et qui finissent par se pendre.
      Un couple de clochards en provenance d’une banlieue proche croise les vies de Lago et de l’Idiot :
      « Ils attendirent le jour et partirent, poussant leur petite voiture. Ils traversèrent des ruines, qui semblaient se restaurer sur leur passage, comme un film passant à l’envers.
      Cependant, même les maisons intactes qu’ils rencontraient dans leur marche erratique n’étaient habitées que par des cadavres,à tous les degrés de décomposition, certains déjà réduits à l’état de squelettes propres, prêts à la quasi-éternité du minéral, tandis que d’autres semblaient tenir encore désespérément à leurs chairs pourries. »
      L’homme sera immédiatement tué par Lago qui s’appropriera sa femme pour un certain temps. La vie a plutôt des bons côtés après la « bombache » ! Sachant se repérer dans les bois environnants, les débiles se nourrissent des produits de la chasse jusqu’au jour où Lago poussera une pointe vers le « Château », un édifice imposant  dont il s’était fait éjecter jadis par le garde-chasse. Une surprise de taille l’y attend, celle de la jeune et jolie Emma, abandonnée par ses parents parce que simple d’esprit. La méfiance de Lago fond comme neige au soleil. Il ressent tout de suite de l’amour envers Emma sans qu’il puisse mettre un nom sur ce sentiment nouveau :
      « Tout de même Emma surprit Lago après l’amour, en se mettant à pleurer doucement. Il sentit les larmes couler sur ses mains et s’étonna : - Tu pleures ? Tu n’es pas contente ?
      - Si je suis très contente. Trop, même, et c’est pour ça que je pleure. Je suis un peu idiote, non ? C’est parce que je t’aime. Papa et maman sont gentils mais je sais qu’ils ne m’aiment pas. Et toi, est-ce que tu m’aimes ?
      Lago sentit quelque chose en lui qui fondait comme la neige au soleil. Il serra très fort Emma dans ses bras. – C’est la première fois qu’on me dit qu’on m’aime. L’Idiot il m’aime bien,je le sais et je l’aime bien, mais ce n’est pas la même chose.  Il se mit à pleurer et il trouva ça très bon. Ils se tinrent longtemps enlacés, bouche contre oreille, se disant des choses que personne n’aurait pu comprendre. »
      Heureux, il réside  au Château jusqu’à ce que l’Idiot le rejoigne pour lui dire qu’un groupe de survivants  qu’il appelle « les Sauvages » a investi le village en y semant désordre et panique. Lago décide de s’en rendre compte par lui-même.
      Parmi eux, il retrouve Coco, un ancien paralytique et poète à ses heures qui l’incite à prendre le pouvoir pour donner une structure sociale viable à ce groupe qui, autrement, continuerait à s’entredéchirer :
      « Je pense qu’il faut profiter de la situation pour faire une religion nouvelle. De toute façon, il en faut une. Un village sans prêtre, sans religion, c’est comme un pompier sans sa lance à incendie.
      -Ou sans casque, ajouta l’Idiot.
      -Il faut de grands principes, dit Coco. « Tu ne tueras point ».
      -C’est pas nouveau, dit Lago, j’ai toujours entendu ça. Mais, les poulets, les canards, les veaux, tu les mangeras vivants, tout crus ? Ou alors tu mangeras que des pommes de terre, des poireaux et tu n’auras plus de bon sang dans les veines.
      -Bon, je rectifie : ‘Tu ne tueras que pour manger.»
      -Alors, dit l’Idiot, le sauvage qui tue un bonhomme pour le manger, il aura le droit ?
      Coco confessa, après réflexion
      -Je n’y avais pas pensé. Il n’y a pas de religion parfaite. Disons : « Tu tueras le moins possible ».
      -Et les chasseurs, demanda Lago inquiet, ils auront le droit de chasser, dans ta religion ?
      -Pas s’ils tuent pour le plaisir. Il faut qu’ils tuent sans plaisir.
      -C’est dur, ta religion, soupira Lago. »
      Après une courte réflexion – il n’est pas doué pour les longues réflexions- Lago y consent, faisant de Coco son éminence grise et de l’Idiot son Capitaine de la gendarmerie.
      Il lui faudra encore éliminer des rivaux, des forts en gueule, en les subvertissant,  chacun par son point faible.
      La route du pouvoir enfin libre, la vie s’organise dans la bonne humeur jusqu’à l’ultime menace dont Emma fait les frais. Un groupe de gitans, qui survit dans les bois, viole la douce jeune fille et veut faire régner la terreur dans le village. Avec l’appui de ses concitoyens, le chef Lago se venge des gitans à coups de chevrotine puis incendie leurs roulottes.
      Le récit se termine en apothéose : une montée brutale des eaux fait se réfugier la petite société (y compris les animaux) au château, dernier bastion solide dans un univers devenu liquide. Bien plus tard, les eaux s’étant retirées, le personnage de Lago, enjolivé, mythifié sera considéré comme un père fondateur, un nouveau Noé d’une humanité nouvelle.
      L’épopée terrestre de Lago et de ses amis est prétexte, dans ce roman d’initiation et de formation, à faire émerger de ces êtres défavorisés un sentiment d’humanité qui leur ouvre la porte à la plus haute sagesse spirituelle. Une réussite incontestable.

    10. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat Auteur: Alexandre TORQUET Parution: 1997
      L’action se déroule à Tbilissi, en Georgie. Klevchine, agent du KGB, découvre sur le mont Kazbek la momie en très bon état d’une guerrière identifiée comme une amazone datant de 5000 ans. La femme (une princesse) a dû être surprise par le froid et mourir rapidement. Le docteur Diomka qui l’examine, découvre en elle un embryon parfaitement conservée et peut-être viable. D’où son idée qui consisterait à implanter cet embryon dans l’utérus d’une femme d’aujourd’hui.
      Svekta Bagratouni, la femme de Klevchine est stérile. Voilà une excellente occasion pour tenter l’essai. Svekta deviendra mère porteuse d’un enfant de sexe féminin, du nom de Daria, censé être la vraie fille de la momie amazone que l’on baptise Mzekhala. A la naissance de Daria, Svekta qui milite pour la promotion des femmes, est arrêtée et envoyée en camp de travail forcé. Daria sera élevée dans ce camp. Durant de longues années, les deux femmes seront soumises à un labeur inhumain au fond de la mine, et Svekta en concevra une haine indicible à l’égard de tous les mâles, haine qu’elle fait partager à Daria :
      " …les wagonnets qu’elle devait pousser étaient lourds, les galeries obscures et les gardiens brutaux. Alors, chaque soir après le travail, les deux femmes la réconfortaient, la baignaient, la massaient. Et puis, pour la consoler, elles lui racontaient la découverte de cette princesse d’autrefois dans un glacier, en lui expliquant que cette princesse était sa vraie mère. Elles lui promettaient un avenir féerique. Héritière d’une famille régnante, elle aurait une destinée hors du commun lors de la grande révolution des femmes. "
      Guillaume Lenk appartient à la Croix Rouge suisse. Il se trouve à Tbilissi pour y travailler dans l’humanitaire et incidemment y retrouver Alice, son ancienne compagne qui l’a quittée avec ses deux enfants. Alice adhère la «Womyn’s Promotion» qui a édifié un camp près de Tbilissi, le camp de Gombori :
      " Sur les murs de toutes les cités du monde on pouvait lire le slogan de ce mouvement : PEACE AND LOVE. La paix et l’amour, mais entre femmes. Quant aux hommes, la WP les rejetait au point d’avoir remplacé par un " y " le " e " de " women ". Ses adeptes pratiquaient l’entraide, recueillaient les alcooliques, les prostituées, les femmes battues ou abandonnées. Elles avaient ouvert plusieurs villages dans des pays en guerre ou en difficulté et regroupaient là des veuves, des orphelines, des femmes et des filles seules, à l’exclusion absolue de tout élément mâle. "
      Ce village, exclusivement féminin, est établi sous la direction de Nan Potters, assistée de Svekta qui deviendra la voix de la libération des femmes :
      " Ici même, en URSS, les femmes travaillent quatre vingt heures par semaine, dorment quatre heures par nuit, reçoivent la moitié du salaire que reçoivent les hommes, sont astreintes à de durs travaux sur les routes ou dans les champs .Elles doivent porter tous les fardeaux, tous les soucis sur leurs épaules, sont à la fois la mère de leurs enfants et celle d’un mari infantilisé. Epuisées, à bout de forces, elles n’ont que l’avortement pour moyen de contraception. Elles n’ont jamais accès aux postes de responsabilité et leur sexe ne leur vaut que du mépris. "
      Mzekhala représente pour elles le parfait symbole de la révolte. Lorsque les amis de Guillaume sont assassinés, celui-ci, protégé par Alice,  trouve refuge au camp de Gombori, malgré les réticences des femmes. A Gombori, on y enseigne la haine des mâles et leur éradication :
      " Il s’apprête à regagner son lit lorsque deux enfants de six ans l’aperçoivent. Elles le désignent du doigt et, aussitôt, une meute de filles se masse contre le grillage, vociférant, grimaçant, crachant et tirant la langue en le regardant. L’institutrice rit en contemplant la scène. "
      On y a installé un centre de procréation assisté où seules survivent les filles. Guillaume,  étant le seul à connaître l’endroit où Mzekhala a été entreposé par Diomka, devient un élément précieux pour les féministes qui désirent par-dessus tout se réapproprier leur symbole :
      " Mzekhala était là, éclairée par quatre chandelles, prête à bondir, le poing prêt à frapper, la bouche prête à mordre ou à vomir des insultes.(…) Elle incarnait un cauchemar de vengeance imméritée, venue du fond des âges "
      Les autorités russes s’inquiètent de ce qui se trame à Gombori et entreprennent, sous le commandement de Klevchine, une opération "récupération" au village : Guillaume est à tort soupçonné d’avoir trempé dans l’assassinat de ses amis, alors qu’il est de notoriété publique que c’était à cause de l’action de la mafia russe. Il est caché par les femmes puis accompagnera Daria à Londres dans le cadre d’une action de propagande, et surtout pour donner la preuve au monde entier par des tests génétiques que Daria est bien en parenté avec la momie. Les discours féministes de Daria mettent le feu aux poudres. Elle s’aliène les ligues fascisantes  et masculines. Expulsé d’Angleterre, le couple rejoint à nouveau Gombori où se pratique dorénavant le clonage d’embryons féminins. Afin de stimuler l’ardeur révolutionnaire des femmes qui avaient tendance à s’endormir, Svekta fait tirer sur le village par les "Monitrices", les sections d’assaut des féministes, prétextant une attaque de la mafia (et de mâles extrémistes).
      L’exemple de Gombori fait tache  d’huile. Partout dans le monde surgissent des contestations ; les femmes, bien que surveillées de près, s’arment. A Gombori, afin de survivre économiquement  et éviter la tutelle russe, les femmes vendent du caviar génétiquement modifié. Lorsqu’une explosion se produit soudain à Tbilissi, au moment où, une nouvelle fois le village est fouillé par la milice,les Monitrices vont porter la révolution en ville même. L’hôtel de ville est pris d’assaut.
      L’U.F.G. (Union des Femmes de Géorgie) prend le pouvoir. Rejetée de la présidence à Tbilissi, Daria prétend mettre la main sur Gombori. Elle se heurte à Alice qui représente la tendance modérée, qu’elle déstabilise. Après un affrontement verbal dont Daria sort vainqueur, avec pour argument la présentation de jeunes asexués crées génétiquement et destinés à devenir l’esclave des femmes, Alice et Guillaume sont définitivement chassés du village. Le couple se réfugie chez Diomka tandis que l’organisation du camp se transforme en véritable dictature.
      Svekta se rend compte que Daria va trop loin : les femmes du camp courent à leur perte. Gombori est un échec. Svekta brûle ce qu’elle a adoré : elle aide Guillaume et Alice à s’enfuir de Géorgie, en compagnie de leurs enfants. Poursuivis par les Monitrices, Svekta reste à l’arrière-garde et se sacrifie pour que le couple puisse se sauver. Quant à Klevchine qui n’arrive pas à surmonter son échec, il se suicide. En compagnie des plus modérées des féministes fugitives, Guillaume et Alice, toujours avec l’aide de la Womyn’s Lib, fondent un nouveau village, à Markakert, à la frontière de la Géorgie.
      Le "Matin des femmes" est un récit novateur à deux titres. Premièrement, l’auteur, généticien de renom, articule la thématique du roman sur la science qu’il connaît bien et dénonce l’exploitation de la femme dans le monde, notamment dans les pays de l’Est. Deuxièmement, en se servant du présupposé de l’amazone, il ancre historiquement le sens de la révolte des femmes et de la lutte des sexes   

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