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Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
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Livres
711 livres
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Maree Jaune - Par BenF
L’Inspecteur Yves Domino, qui s’exprime par monosyllabes, se révèle d’une grande efficacité. Personnalité importante de la police, sa sagacité est soumise à rude épreuve en cette Eurafrique future.
Le monde, divisé en trois blocs, Eurafrique, Panamérique et empire d’Asie, vit en paix jusqu’à ce jour, malgré les menées impérialistes asiatiques, surtout dans la capitale Tchéliabinsk. La science, le modernisme en tous les domaines, rend la vie aisée : il est facile de sillonner l’Europe avec les «gyros» (cela ne prend que quelques heures), de manger des repas sous forme de comprimés, d’extraire la vérité » du cerveau des condamnés par le «cazzamog », une sorte d’appareil à lire les pensées.Tout irait bien si l’on n’avait volé les plans de la «cellule» permettant la mise en action de la machine à ondes S.E.C., un bouclier électronique impénétrable, arme secrète de l’Eurafrique, contre toute tentative d’invasion du côté de l’Est.
Domino enquête, remontant la filière, débusquant les espions à la solde des Jaunes mais sans jamais arriver à saisir l’identité du «Quartier Central», le chef suprême qui tire les ficelles. Sommé par les triumvirs eurafricains de réussir au plus vite, Domino met la pression, allant jusqu’à enquêter à Tchéliabinsk alors que les suspects, tous et invariablement, soit disparaissent, soit sont éliminés avant qu’il ne puisse les interroger.
Le 14 mai, les hordes jaunes se lancent à l’assaut de l’empire occidental. Tout semble perdu. Pourtant, Domino débusque le traître fondamental en lui tendant un piège. Avec stupeur, il constate qu’il s’agit de son propre supérieur, Léonardi, chef de la sécurité de l’Eurafrique. Déjà les Asiatiques ont établi une tête de pont en Occident. Mais leur avance sera brutalement stoppée par la mise en route des rayons S.E.C. mettant le vaste territoire à l’abri de la menace ; grâce à l’inspecteur qui possédait par devers lui, un deuxième exemplaire de la cellule de commande, l’Empire put être sauvé. Léonardi, en fuite et non reconnu par les Jaunes, sera éparpillé aux quatre vents.
Didelot plutôt écrivain de roman policier, place son intrigue sur le terrain conjectural et sur fond de péril jaune, avec une écriture nerveuse et enlevée.
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Le Trust Du Soleil - Par BenF
La famille Horsford passe ses vacances entre Paramé et Saint-Malo. Elle se compose de M. et Mme Horsford, toute confite en confitures, Annie, la fille de la famille, et Charlie, son fiancé. Les Horsford sont des Anglais tout ce qu’il y a d’honorables, donc conservateurs. Seule Annie présente quelques tendances déviantes puisqu’elle revient des Etats-Unis, où comme journaliste, elle a vécu les conditions d’une ouvrière d’usine pour pouvoir comprendre le sort fait à ces femmes. Les Horsford sont autant anti-américains, ces sauvages incultes, qu’anti-français, ces êtres pusillanimes et dangereux à la fois :
" M. Horsford avait conçu contre la nation américaine entière une haine rancuneuse et vivace ; il avait fait une affaire personnelle des succès et du vacarme américains. S’il arrivait à l’Amérique quelque désagréable affaire, il se réjouissait ; lorsque, par exemple, le vaisseau Maine sauta dans la baie de Santiago, il donna un dîner à ses amis, et but à l’abaissement des rivaux de l’Angleterre. "
Appréciant la bonne chère et le bon vin à l’instar de nombreux autres de leurs concitoyens, ils programment leurs vacances au bord de mer, en France. Annie, ayant eu un message de la part d’un homme d’affaires américain, M. Fudge, à faire transmettre à l’ingénieur Dargentin, les Horsford, toujours prêts à parasiter, vont, comme un seul homme, accompagner la jeune femme.
La composition de la famille Dargentin rappelle étrangement celle des Anglais : M. et Mme Dargentin, leur fille Suzanne, bien gentille, le lieutenant des hussards Le Brissais, amoureux de Suzanne, enfin une petite peste, le frère cadet de Suzanne, Jean. N’ayant aucune prévention contre les Anglais, Dargentin les accueille dans son laboratoire. Mal lui en prend ! C’est là que, tout confiant, il annonce à M. Horsford qu’il expérimente actuellement le cristal d’éther méthylique que M. Fudge, qui l’avait découvert par hasard, lui avait expédié. Ce cristal, que Dargentin baptise "calorium", possède une étrange propriété unique et dangereuse : il emmagasine l’énergie solaire pour la restituer ultérieurement et progressivement comme une espèce d’accumulateur. Si le rendement en est pauvre, c’est qu’une grande partie de la chaleur se perd dans l’environnement sous forme d’orages magnétiques et de perturbations électriques de l’atmosphère :
" Vous avez, d’un mot traduit ma pensée: très puissant pour le mal, beaucoup moins pour le bien ! Vous comprenez que, pour emmagasiner quelques degrés de chaleur sous une forme très réduite et d’un maniement commode, il faut condamner des contrées entières au froid perpétuel, détruire le climat, en un mot, la chose est impossible et ne se discute même pas. Et quand je dis : détruire le climat, je n’exagère pas. En constatant les désastreux effets d’un morceau de calorium d’un si faible volume, songez à ce que cela serait, lorsqu’il s’agirait de blocs de plusieurs kilos… "
En utilisant le calorium, les conséquences seraient effroyables : troubles atmosphériques, chute brusque de la température, pluie et brouillard incessants qui se déclencheraient dans une zone géographique centrée sur le cristal. Dargentin se refuse donc à envisager une exploitation industrielle du calorium. Horsford et Charlie ne l’entendent pas de cette oreille. Ils désirent à tout prix s’approprier la découverte de l’ingénieur pour assurer la suprématie politique et économique de l’Angleterre sur la France et même sur les Etats-Unis en dépit des risques encourus :
" En somme, c’est dans son intérêt que nous agirons, reprit M. Horsford ; il ne peut tirer parti de son invention ; quelqu’un doit lui aider à le mettre en valeur ; si c’est l’Amérique, il n’aura rien ; si c’est l’Angleterre, nous partagerons avec la France. Il n’y a que dans le cas où notre puissance navale serait en jeu que nous prendrions le tout pour nous seuls. Tout s’efface devant l’intérêt patriotique ! Certes, l’Angleterre est naturellement généreuse ! déclara Charlie avec conviction. Elle a pris les royaumes des rajahs de l’Inde, mais elle leur fait des pensions. "
En ce but, ils subvertissent le petit Jean afin qu’il vole pour eux le cristal, comptant sur son innocence d’enfant. Dargentin, mis au courant du procédé, expulse les Horsford de chez lui et s’apprête à détruire le calorium sans se douter que Jean avait réussi à en subtiliser un fragment. Il en résulte une gigantesque explosion qui manque de tuer le savant. Alors que le scientifique avec toute sa famille se remet de ses blessures dans une propriété en Tunisie, le couple de voleurs anglais, munis du fragment de calorium, rencontrent M. Fudge qu’ils associent à leur projet, en dépit de leur répugnance, car lui seul est le légitime propriétaire du cristal. Ainsi se constitue le « trust du soleil ».
Fudge, en bon commerçant, voit tout le profit de l’affaire. Il accepte la collaboration avec les Anglais et tous trois cherchent un pays loin de chez eux, pas trop froid, pas trop chaud, pour essayer le calorium en grandeur nature. Ils se mettent d’accord pour la Tunisie et se rendent dans une mosquée désaffectée du Sud tunisien. L’effet de leur expérience ne tarde pas à modifier le climat : un temps épouvantable, froid et pluvieux s’installe en cette partie du pays ce qui fait soupçonner à Dargentin que quelqu’un de malintentionné se sert de sa découverte :
" Le lendemain matin, même ciel gris, même pluie battante. Rien ne saurait rendre l’aspect de désolation de la villa, de ses jardins, de l’oasis entière, sous ces nuées de plomb, dans cette température froide et brumeuse ; l’eau coulait en ruisseaux sur les feuilles des grands palmiers, les oliviers gris semblaient noyés dans la brume ; les petits ruisseaux s’enflaient, roulaient une eau boueuse ; c’était un spectacle beaucoup plus attristant que ne l’est la pluie dans une ville du Nord. "
Le Brissais, avec une compagnie de hussards, investit la place où opèrent les trois bandits qui nient, et leur vol et leur expérimentation. Fudge dissimule le morceau de calorium mais Charlie le dérobe et s’enfuit en compagnie de son futur beau-père, laissant leur ancien complice aux mains de Le Brissais. Annie, ayant appris entre temps le rôle trouble de Charlie dans cette affaire, arrive sur les lieux du drame, détruit les réserves caloriques. Une gigantesque explosion secoue la région, dont la jeune femme sort miraculeusement indemne :
" Puis une explosion inouïe se produisit… quelque chose de comparable à tous les canons de toutes les flottes du monde tirant à la fois !… Une trombe de chaleur intense, torride, effroyable comme une grande flamme d’incendie, balaya toute l’oasis, et s’en alla à travers les chotts, jusque vers Gafsa, où l’on crut à quelque feu souterrain achevant de détruire la Tunisie !… "
Les Horsford ont donc repris le bateau en partance pour Marseille. Annie, qui connaît leur destination, les accompagne. Elle supplie Charlie de lui confier l’unique morceau de calorium restant, sous la menace de ne plus l’épouser s’il n’y consent. L’homme est faible : il cède. Annie jette le cristal à la mer, mettant un point final à cette sombre histoire qui, par ailleurs, se termine bien pour l’ensemble des protagonistes (y compris pour Fudge).
Un récit d’aventure destiné aux enfants sages du début du siècle. Les personnages y sont tout d’une pièce : odieux ou droits, mais caricaturaux. La haine anti-yankee, l’anglophobie s’y révèle sans ambiguïté. L’idée du "calorium" est suffisamment originale pour fournir une base pseudo-scientifique qui rend la fiction crédible. A rapprocher de la bande dessinée d’E.P. Jacobs " S.O.S. météores ".
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Armalite 16 - Par BenF
Vol.01 : Marseil, Humanoïdes associés éd., 1983, 1 vol. broché, in-quarto, 72 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1979
Le premier chapitre, séparé de son contexte, conte les retrouvailles d’Algues avec Thomas, son père, dans la joie des veillées où l’on se rappelle le temps d’autrefois :
« Tu chantais la chanson du passé
Qui parle d’autoroutes
Et de voitures automobiles
Tu chantais la chanson du passé
Alors j’ai eu envie
De pleurer. »
Dans « Marseil », « Seule » vit avec Joël dans la gare désaffectée de St Rambert, près du Rhône, se méfiant des "Volants" (avions à réaction) de la base voisine. Elle rencontre le déserteur Serge et s’inquiète pour Joël, parti visiter l’un de ces engins abîmés au sol. A juste titre d’ailleurs, puisque Joël, repéré par des cavaliers, est abattu dans une tentative de fuite. Elle se promet de le venger en rejoignant les rangs de la résistance.
A Marseil, devenue cité indépendante, dans le chaos des rues, les résistants doivent rencontrer en toute discrétion le Gouverneur pour un arrangement. Tandis que Serge et Milou approchent de l‘Opéra Municipal transformé en palais, Hélène prend position sur les toits pour les couvrir. C’est Chloé, la propre fille du Gouverneur qui les mène à son père. La Sécurité militaire, ayant eu vent de la tractation, surveille les abords et repère les résistants. Ceux-ci s’enfuient non sans avoir compris que le Gouverneur, qui sollicitait une trêve avec les montagnards, ne pourra rien pour eux, prisonnier lui aussi de la Sécurité Militaire menée par Reboul. Le piège se referme sur un pont au-dessus de la Durance où, toujours couvert par Hélène, Serge et Milou tentent d’intercepter un convoi d’armes qui seraient utiles à ceux des « Terres Extérieures ». Reboul ferme le piège. Milou, ainsi que Hélène, seront tués. « Seule », arrivée en retard profitera d’un moment de faiblesse du militaire, qui la laissera rejoindre sa montagne.
Vol. 02 : Armalite 16, Humanoïdes associés, 1980, 1 vol. cartonné, 54 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1980
«Seule» est une jeune femme farouche, vivant isolée, comme son nom l’indique, dans une ferme de haute montagne., près de son village natal. Oublieuse d’un passé de guerre qui a transformé le monde, notamment Marseille (orthographié « Marseil ») et son arrière région, Seule s’est réfugiée dans le silence d’une nature renaissante. Mais le monde revient à elle sous la forme d’un déserteur, Serge Garnier. Fuyant ceux de la milice dont il faisait partie, blessé au pied, il se réfugie dans la montagne et sera témoin de la tentative de viol endurée par Seule.
Elle aussi, revenue pour un jour au village où habite encore sa mère, la jeune femme, bien que de taille à se défendre, est en proie aux moqueries haineuses de trois jeunes gens, qu’elle connaît bien, mais qui ne lui pardonnent pas d’être née de père inconnu. Sur le retour, l’un d’eux, Nathan, tente de la violer avec la complicité des deux autres. Mal lui en prend puisqu’il sera grièvement blessé par Serge. Plus tard, Seule aperçoit des traces sanglantes laissées par son sauveur. Alors que la première neige se manifeste, elle part à sa recherche...
Vol. 03 : Lune blanche, Humanoïdes associés, 1981, 1 vol. broché, 62 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1981
L’hiver s’est installé dans la montagne. Au village, les «hommes en vert » recherchent sans relâche mais sans succès le déserteur Serge Garnier. Ils envisagent de se replier sur « Grenob » malgré les chutes de neige abondantes bloquant les cols. Hélène recherche elle aussi le déserteur. S’entretenant dans la neige avec Jean et Pierre venus s’excuser de leur conduite, elle retrouve Serge, toujours blessé et l’emmène chez elle pour le soigner.
Au col, le bruit des moteurs déclenche une avalanche qui entraîne les camions militaires dans le ravin. Seuls s’en sortent le lieutenant Grimaud et le soldat Reboul. Ils reviennent au village prendre leurs assises auprès de Fauque le rebouteux qui, ayant soigné Nathan, est cependant prêt à le trahir.
Dans la montagne, Serge coule des jours heureux avec Hélène. Mais le soir où Thomas le violoneux vint jouer au village, Reboul surprend les paroles de Pierre et de Jean qui se proposent d’avertir Hélène du danger qu’elle court. Il en réfère au lieutenant Grimaud qui se met aussitôt en chasse. Grimaud sera tué par Hélène lors de sa rencontre décisive avec Garnier. Le matin, la « Mère », qui a donné l’hospitalité à Pierre et à Jean, aperçoit de loin, la ferme d’Hélène en feu. Elle sait que sa fille a pris le maquis avec Serge.
Vol. 04 : Dorianne, Humanoïdes associés éd, 1980, 1 vol. broché, 63 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1985
Jean se retrouve avec Serge et Hélène dans la montagne, toujours décidés à se joindre aux forces rebelles qui luttent contre « les hommes en vert » et, dans ce but, redescendre dans la vallée pour prendre contact avec Dorianne dans son auberge.
A l’auberge, Dorianne leur révèle le nom de leur correspondant, un certain Hug, lorsque se fait entendre la moto du lieutenant Gomez. Celui-ci entre dans la salle, interpelle Serge qui a perdu sa plaque d’identité militaire. Dans la confusion, Dorianne s’enfuit tandis que Serge et Jean sont embarqués dans un véhicule militaire à destination de « Grenob ».
Dorianne, revenant prendre son arc et ses flèches à l’auberge dévastée, rejoint Hélène. Les deux femmes suivent à la trace les prisonniers par des raccourcis de montagne, attendant le moment favorable pour les délivrer. Celui-ci se présente lorsque la troupe mécanisée ralentit pour franchir un passage rocheux particulièrement étroit. Dorianne, avec ses flèches, blesse Gomez et tue de nombreux soldats, mais les fuyards sont repris. Alors qu’à Grenob, Reboul est chargé d’infiltrer le maquis dans le Vercors, Hélène et Dorianne se sont intégrées au groupe du vieux Thomas dans sa lutte contre les soldats pillards du Haut Devoluy.
Vol. 05 : Infernets, Humanoïdes associés, 1987, 1 vol. cartonné, in-quarto, npag. noir et blanc et couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1987
Au refuge des Infernets, ils se retrouvent tous, Thomas et sa fille Algues, Dorianne, Hélène et les autres.Même Reboul sous le nom d’Agnel y est présent, prêt à apprendre toujours plus sur ces rebelles écologistes. Les journées s’y déroulent dans la paix et dans la beauté de la nature. Les soirées calmes se font en compagnie de Casi et Hugot, montés depuis la vallée, et qui en pincent pour Hélène.
Pourtant le 23 septembre est une date particulière. Ce jour-là, Agnel, soupçonné par Thomas, disparaît de la communauté pour faire son rapport en haut lieu. Ce jour-là, le soldat Serge Garnier s’évade du camp de prisonniers de Lyon-Granbase, qui appartient aux « Forces Internationalistes », grâce à l’aide du soldat Gomez repentant, pour se réfugier dans les montagnes.
« Armalite 16 » est une série irritante et embrouillée. «Marseil », paru en premier, déclenchera en l’auteur l’envie d’approfondir les relations entre ses personnages et de raconter leur vécu d’avant cet épisode. Le contexte post-cataclysmique est plus ou moins effacé par le message écologiste mettant en scène une société de pasteurs montagnards. Le scénario, souvent elliptique comme le dessin, brouille les pistes. Au lecteur de remplir les pointillés!
En conclusion, un récit énigmatique servi par un coup de crayon magnifique et des couleurs splendides exaltant une nature sauvage et somptueuse. « Lune blanche » est, à cet égard, l’épisode le plus abouti.
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Le professeur Anatol Markoff est un savant fou de la plus belle espèce. Travaillant de concert avec le jeune ingénieur Jean Dubreuil à Ernicourt, dans l’Oise, il séquestre son collaborateur lorsque celui-ci refuse de lui donner sa formule de la désagrégation de la matière. Car Markoff peut tout, y compris faire sauter la terre. Mais pour cela, il a besoin de cette formule :
« La fin du monde, proféra-t-il, les atomes, les électrons, les molécules m’appartiennent… Vous entendez ?
-Vous me faites peur… eut la force d’articuler Dubreuil.
-Il y a de quoi. Je tiens le sort de l’humanité entre mes mains. Je peux maintenant, à mon gré,, quand je le voudrai, à la minute que je choisirai, anéantir le globe !... (…) Et cet anéantissement commençait quand, sur mon ordre, vous l’avez arrêté… Sur mon ordre… Vous comprenez ? En quelques heures la terre sautait. Tout éclatait, disparaissait dans le néant, montagnes, villes, peuples…Plus rien ne subsistait, ni vivant, ni mort, plus rien, pas même la matière… »
Désirant par-dessus tout devenir le maître du monde avant de le faire disparaître dans le néant, il retient Dubreuil dans sa villa, l’abrutissant avec des anesthésiques et sous la garde de ses âmes damnées, Liptine et Popovitch. Hélène, La jeune épouse de Dubreuil étonnée de ne recevoir que des réponses convenues et optimistes de son mari disparu, confie ses inquiétudes au journaliste Xavier Bernard, puis à l’inspecteur Barral. Soudain, un appel au secours sous forme de message écrit, en provenance de New York, l’alarme davantage. Markoff avait en effet déménagé aux USA, prenant sa retraite au Plaza Hôtel ayant fait édifier son laboratoire dans le quartier de Welfare-Island :
« Dans l’immense salle où, sur les plans de Markoff, avait été installé le fameux laboratoire, Jean Dubreuil avait repris ses travaux. (…) De son côté, Markoff dans une salle attenante, blindée comme une casemate, manoeuvrait l’immense condensateur, commandant à coups de manettes d’énormes étincelles, dont l’éclatement, traversant les épais blindages, arrivait aux oreilles des deux hommes comme le grondement souterrain d’un tremblement de terre ou une canonnade lointaine.Markoff, le savant fou, produisait le fluide mortel… »
Araki, un diplomate nippon qui a eu vent de toute l’affaire, désire s’approprier l’invention de Markoff et Dubreuil au profit de son pays. N’y parvenant pas, il s’élèvera lui aussi contre le savant fou. Entre temps Hélène et Xavier, embarqués sur le Hindenburg, arrivent à leur tour à New York afin d’explorer les hôtels prestigieux de la cité, sans succès. C’est lors d’une soirée au Waldorf Astoria que Hélène fera la connaissance du libidineux Araki. Elle est persuadée qu’il connaît Markoff et ne se trompe pas.
De son côté, Popovitch, dont la mission était d’enlever Hélène pour faire pression sur Dubreuil, a échoué. C’est donc avec crainte qu’il se rend lui aussi au lieu de rendez-vous américain. Accueilli par Araki dès la descente du navire, il est sommé de collaborer avec le Japonais, ce qu’il fait sans complexe, contre une énorme somme d’argent.
Mais c’est l’inspecteur Barral qui défera le nœud gordien de toute cette histoire. Ayant discrètement filé Popovitch, il se retrouve lui aussi à New York. Il connaît la planque de Markoff grâce au courrier échangé par le savant avec ses différents complices. Ayant pris contact avec Bernard et Hélène et avec l’appui d’une équipe de « policemen », alors que les «cops» investissent le laboratoire du dément, celui-ci tend, en une ultime tentative, de déclencher l’apocalypse. Une hache plantée fort à propos dans son crâne par Barral l’en empêche définitivement. Tout est donc bien qui finit bien pour le jeune couple Dubreuil, heureux de rentrer en France, pour Barral qui arrive enfin à fumer son cigare en s’en délectant, pour Bernard qui va relater cet extraordinaire récit dans son journal… et pour le lecteur, heureux de sortir d’une intrigue passablement embrouillée.
Texte difficile à trouver, ce roman, écrit dans la veine du récit populaire policier paru dans la série « Police et Mystère» présente néanmoins un savant fou gratiné avec des relents de « péril jaune » en prime. Composé en 1938, ceci explique cela.
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L'armee Invisible - Par BenF
Le narrateur se trouve sur un champ de bataille. Sans que l’on sache de quelle guerre il s’agit, les Prussiens, une fois de plus, comme en 17, tentent d’envahir la France. La bataille tourne à leur avantage et le narrateur s’aperçoit avec horreur de l’avance ennemie, lorsque soudain :
" Du tertre le plus proche, une main surgit… puis un bras… Rejetée de part et d’autre par des efforts désespérés, la terre, enfin, desserra son étreinte . Le linceul d’humus écarta ses plis, découvrit une épaule, une tête, un buste… Pâle, avec les mêmes cheveux longs, la même barbe terreuse, poussée sur les joues creuses, les mêmes yeux flamboyants, un nouveau soldat se dressa sur son séant. "
L’ «armée invisible» se lève, aux soldats nombreux comme les épis dans un champ de blé, ceux de 14-18, ceux de 70, mais surtout ceux de la grande Armée. Avec stupéfaction et sans en comprendre la raison, le narrateur assiste à cette résurrection bouleversante :
" A travers champs, à travers bois, sautant haies et fossés, franchissant les ruisseaux, dédaignant les routes ravagées qui coupaient sa ruée, la charge passait, piétinant l’herbe rase des prés. Et nulle troupe régulière, correctement alignée et équipée, marchant au feu, conduite par ses chefs, n’aurait davantage impressionné que ce torrent déchaîné, menaçant déjà un ennemi encore invisible. "
Les libérateurs fantômes sont pourtant décontenancés par les armes modernes et hésitent à s’engager tant qu’ils ne perçoivent pas l’ennemi en chair et en os :
" Les ressuscités s’étaient arrêtés et considéraient avec surprise les horribles blessures des cadavres. Le bouleversement du sol, éventré par la chute des projectiles, parut aussi retenir leur attention. Mais ils n’accordèrent même pas un regard aux fragments de ferraille qui avaient causé ces dégâts. L’homme épiait leur ébahissement. Il jubilait, envahi par un sentiment de vanité puérile, comme si la supériorité destructrice de ses contemporains eût augmenté ses mérites personnels. Et il dit, sans prendre garde que nul ne semblait l’entendre, ni même l’écouter :
- C’est un peu mieux que vos boulets. Ah ! dame, en fait d’artillerie nous avons quelque chose… Vous n’étiez que des enfants. "
La mise à sac d’un village perpétrée par les bandits prussiens avec leur brutalité coutumière, les décide soudain. Ecoeurés par le lâche et vil comportement de l’envahisseur, ils foncent sur lui, le hachent menu avec leurs sabres invisibles. L’ennemi, ne sachant d’où vient le coup mortel, prend la fuite, épouvanté. L’armée invisible continue de s’étoffer, tous les vieux fidèles répondent à l’appel mais demeurent hésitants car il leur manque le Chef, l’Unique, l’Empereur lui-même.
Le narrateur se trouve toujours engagé à la suite de la masse fantomatique et guerrière. En un clin d’œil, il survole Paris, où une tornade invisible souffle sur la capitale et se dirige vers les Invalides. Il comprend le but des grognards désincarnés : ils sont à la recherche de l’Empereur !. Tout aussi soudainement, il saisit son rôle : si lui seul voit ces êtres fantastiques, c’est parce qu’il est le "Témoin", celui qui devra rapporter aux siens, plus tard, l’exploit des ancêtres. Terrifié, il assiste à la résurrection de Napoléon :
" Un vide s’était fait, ouvrant dans la foule une sorte de couloir qui allait de l’autel à la balustrade de la crypte. Dans ce couloir s’avançait un groupe chamarré, précédé d’un petit homme habillé en gris. Sous les ailes noires du chapeau, un visage pâle, au fond noyé d’ombre. Les yeux brûlaient au fond des orbites. La bouche, sévère, se pinçait. Le menton se perdait dans les profondeurs du collet, frileusement relevé.
-Lui ! murmura l’homme, cloué au sol. "
Reprenant la tête de son armée, l’Empereur procure son appui aux troupes françaises bien réelles engagées dans un combat incertain. Le revirement de situation est foudroyant :
" Devant les yeux émerveillés du témoin se déroulait un panorama triomphal. Soudés en une ligne unique, reliant l’Ouest à l’Est, cavaliers et fantassins refoulaient devant eux une autre ligne grise, celle des Allemands. A cette apothéose victorieuse figuraient tous les uniformes : le modeste bleu horizon, les capotes et les vareuses bleu ardoise, les culottes au passepoil jaune et jusqu’au pantalon jadis garance, maintenant gris et poussiéreux, fraternisaient avec les couleurs éclatantes des guerriers exhumés. Drapeaux déployés, clairons sonnant, les régiments chargeaient en chantant. "
Lorsqu’il se réveillera, plus tard, au lazaret où il avait été admis pour choc traumatique, le "Témoin", malgré toute sa sincérité n’arrivera pas à persuader le médecin-chef de la véracité de sa vision. A vrai dire, nous non plus.
Un texte curieux, atypique dans le domaine, qui traduit à la fois l’angoisse d’un nouveau conflit (le texte est écrit en 1933) et un patriotisme cocardier.
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Gunther, dit « Face d’Ange », en compagnie de son placide et méditerranéen ami Bassowitch, se met à la poursuite du professeur Berthold qui a récemment disparu. Occupant une place stratégique dans le processus de mise au point de l’arme bactériologique ultime, il travaillait à la mise au point du virus B34 :
« Une simple diffusion du B34 en gouttelettes aérosol de 5 millièmes de millimètre de diamètre (Berthold pensait qu’on pouvait même descendre jusqu’au micron) effectuée dans des conditions convenables et, en une demi-heure, une ville comme Londres ou New York devenait une nécropole. B 34 était tellement actif qu’il pouvait agir par simple pénétration cutanée. A côté de la pandémie que B34 déclencherait dans le monde, les vieilles pandémies du Moyen Age, les antiques pestes noires, les grandes décimations qui avaient saigné l’Europe et l’Asie au cours des siècles ne seraient que plaisanterie. »
Face d’Ange enquête. Ni la femme de Berthold, ni Louisa, sa maîtresse, ne savent ce qu’est devenu le savant. Peu de temps après, Louisa est agressée par deux individus. Elle sera sauvée par Gunther qui possède désormais une piste sérieuse puisque des concurrents recherchent aussi Berthold. Face d’Ange rend visite au premier agresseur, un homosexuel « bodybuidé » qui le met en relation avec son ami de cœur/patron, l’infâme petit gros, Lenz. C’est ce dernier qui fournira à Gunther et Bassowitch la clef de l’énigme. Travaillé par l’idéal nazi, Lenz, d’origine autrichienne, a crée le M.U.D.R.A. (Mouvement Universel pour le Développement de la Race Aryenne), dont les membres seraient seuls susceptibles de régénérer une humanité abâtardie, qui devra d’ailleurs disparaître grâce à l’usage immodéré et massif du B34 :
« Gunther savait que les Etats-Unis sont remplis de mouvements activistes de droite ou d’extrême gauche, organisés militairement et plus ou moins déguisés en sociétés de sport ou autres. Les « Minute Men », les types de la « John Birch Society » possèdent de véritables arsenaux et sont rassemblés en escouades d’intervention ».
Bassowitch met bon ordre à ces débordements guerriers et toute la clique néo-nazie se fera emmener par la police locale. Berthold reste cependant introuvable.
C’est là que Gunther, s’appuyant sur une intuition de génie, découvre la vérité. Dans la cellule du Comté, un groupe de nomades hippies s’était fait emprisonner pour vagabondage. L’un d’entre eux lui rappelle la silhouette de Berthold. Il s’agit en effet du savant qui, dégoûté par l’oeuvre de mort à laquelle il collaborait, avait décidé de changer de vie assumant, avec un nouveau costume, une nouvelle destinée de pacifiste et de spiritualiste. Gunther ne le dénoncera pas.
Un récit simple, voire simpliste, dont l’argument de base s’applique seul à notre thématique, laissant au lecteur le pur plaisir de sa connivence avec un héros aux yeux bleu accompagné par son dolichocéphale de compagnon.
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Une Fantaisie Du Dr. Ox - Par BenF
La merveilleuse et utopique petite ville de Quiquendonne en Flandres, est vouée à la placidité. Les habitants, comme leur bourgmestre Van Tricasse et leur conseiller Niklausse, sont tout confits en civilité, béatitude tranquille et hébétude sociale. C’est leur façon de vivre, à ces Flamands-là! Mais le Dr Ox et son serviteur Ygène vont changer tout cela. Sous prétexte d’installer dans toute la bourgade un puissant éclairage au gaz, ils saturent l’air de la cité en oxygène. Le résultat ne se fait pas attendre : des animosités apparaissent, la tension associée à la vivacité des propos dégénère en insultes et en agressions physiques.
Les citoyens en viennent à exhumer une vieille querelle de voisinage pour aller en découdre avec les habitants de la bourgade voisine. Heureusement une explosion des réservoirs d’oxygène met un terme à l’expérience du bon Dr. Ox:
" En résumé, et pour conclure, la vertu, le courage, les talents, l’esprit, l’imagination, toutes ces qualités ou ces facultés, ne seraient-elles donc qu’une question d’oxygène?"
Une nouvelle atypique dans l’œuvre de Jules Verne. Au-delà du thème de l’empoisonnement de l’air provoquant la désagrégation de la société et avec un humour absent de ses autres ouvrages, Jules Verne nous donne le choix entre deux attitudes possibles face au progrès: celle de foncer comme le ferait un taureau (Dr. " Ox "), quitte à casser du bois, ou celle de végéter dans la stabilité sociale d’un ennui mortel.
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Le Marteau De Dieu - Par BenF
La vie du capitaine Robert Singh, commandant du vaisseau « Goliath », est indissociable de sa mission qui l’entraîne aux confins du système solaire, vers Kali, un astéroïde de la famille des Troyens. Détecté par le professeur Millar, un astronome amateur, en dépit du programme « Spaceguard » mise en place par la NASA vers 2100 dans le but de répertorier tous les menus objets du système solaire, Kali, avec ses milliards de tonnes de roche, de fer et de poussière, fonce vers la Terre :
« Nous sommes en présence d’un petit monde criblé de cratères, en forme d’haltère ou de cacahuète, et d’une masse de deux milliards de tonnes. Par malchance il se déplace sur une orbite rétrograde, en sens inverse de toutes les planètes. Rien de bien inhabituel, la comète de Halley fait pareil, mais cela veut dire qu’il percutera la Terre à pleine vitesse et de plein fouet. C’est pourquoi nous devons absolument dévier sa trajectoire, sinon notre civilisation, et peut-être même notre espèce, sera rayée de la surface du globe. »
Le parcours personnel de Singh, son travail de spécialiste sur Mars, entre Phobos et Deimos, l’a désigné tout particulièrement pour cette dangereuse mission. A bord du Goliath, un long vaisseau minier en forme de tube, il aura pour obligation, avec ses compagnons et l’ordinateur de bord David, de fixer Atlas, une grosse tuyère propulsive, sur Kali, pour dévier sa trajectoire, « comme une souris qui pousserait un éléphant. »
Arrivé dans les parages de Kali, les géologues de la mission recherchent le meilleur endroit d’arrimage. Atlas est mis en place et fonctionne très correctement durant cinq secondes, puis s’éteint définitivement. Quelques exaltés de la nouvelle religion syncrétique terrestre, le Christislamisme, ont décidé que rien ne devrait entraver le plan de Dieu en sabotant Atlas, là-bas, sur Mars.
La situation est gravissime car le temps presse. Après un moment de découragement, les hommes du Goliath fixent leur propre engin à Kali pour en faire un propulseur, situation vécue avec intensité sur la Terre. Mais un autre danger surgit. Sous l’influence du vent solaire, l’astéroïde commence à dégazer, créant des forces perturbatrices opposées à celles engagées par Goliath, annulant la déviation prévue.
Comme deux issues possibles valent mieux qu’une, les Etats terrestres ont aussi activé le projet « Excalibur » qui consiste à faire exploser l’astéroïde par un missile atomique, ancienne arme de la « guerre des étoiles » terrestre, du temps de la guerre froide entre les blocs. Une fusée à forte charge nucléaire prend le départ pour Kali, condamnant à mort le Goliath et ses passagers. Fait incroyable, arrivée à destination, la fusée fait long feu, épargnant les hardis pionniers qui déjà s’étaient apprêtés à mourir. Mais son action ne fut pas nulle. L’ impact cassa Kali en deux par son milieu. L’une de ses parties, avec le Goliath accroché à ses flancs, dériva dans l’espace d’où l’on pourra ultérieurement recueillir les naufragés. L’autre, se dirigeant vers notre planète, rebondit sur son atmosphère non sans avoir, au préalable amorcé une catastrophe planétaire :
« Par chance, le principal impact thermique se produisit au-dessus de l’Antarctique, le seul continent capable de l’absorber. Pourtant, même si Kali n’eut pas la force d’arracher au pôle Sud son manteau de glace, le Grand Dégel bouleversa le tracé des côtes sur l’ensemble de la planète.
Parmi ceux qui entendirent passer Kali et survécurent, nul ne peut en décrire le bruit et les instruments n’enregistrèrent qu’un faible écho. Bien sûr les images vidéo furent superbes et les hommes pleins d’effroi les regarderaient pendant des générations. (…) Deux minutes après avoir effleuré l’atmosphère terrestre, l’astéroïde repartait vers l’espace. Au plus près, il avait frôlé la Terre à soixante kilomètres. Pendant ces deux minutes, il avait causé cent mille morts et fait pour trois milliards de dollars de dégâts. »
Avertissement sans frais pour les Terriens qui, à partir de maintenant, regarderont l’espace d’un autre œil.
Un grand savoir-faire littéraire et scientifique se dégage de cet ouvrage de Clarke qui se lit d’une seule traite. En chapitres courts et denses, sans que jamais l’intrigue principale ne se perde de vue, est brossée en arrière-plan une société du futur proche, crédible quant à ses motivations sociales et ses développements technologiques.
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L'arrivee Des Glaces - Par BenF
Denell, le dernier homme au monde, se remémore avec nostalgie sa longue vie. S’étant prêté à une expérience supposée le rendre immortel, elle a réussi mieux que prévu en lui ôtant toute possibilité de ressentir des sentiments. Alors, stérile par nécessité, il fait de son mieux pour pallier ses manques : il s’adonne aux joies de la contemplation des concepts ; mais son esprit épuise au cours des longs millénaires le champs des découvertes et, insensiblement, les êtres humains autour de lui, le dépassent en intelligence.
Il resta pourtant un témoin muet et taciturne, assistant au lent basculement des millénaires, aux convulsions des races, aux guerres, aux transformations progressives de la terre, jusqu’au moment final où celle-ci fut recouverte par les glaces , ne laissant de libre qu’une mince bande équatoriale. La terre se transformant en un tombeau glacé, ses derniers compagnons humains, redevenus sauvages, auront disparu dans la tourmente. Denell restera le seul de son espèce sur une planète morte :
" J’ai froid. Je l’ai déjà écrit. Je suis gelé. Mon haleine tombe en petits glaçons au contact de l’air et je peux à peine remuer mes doigts gourds. La glace se referme sur moi, je ne peux plus la briser. La tempête hurle autour de moi dans le crépuscule et je sais que c’est la fin. Et moi… moi, le dernier homme…Le dernier homme…"
Une nouvelle inédite originale en son temps qui partage quelques accents communs avec celle de Campbell Jr,
"Crépuscule".
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Fausse Aurore - Par BenF
En raison de pollutions diverses, d’essais nucléaires et de manipulations génétiques, l’Amérique a basculé dans l’horreur. Chelsea Quinn Yarbro convie le lecteur à une traversée de la partie ouest des USA.
Evans et Théa, les protagonistes de cette terre future et dévastée, remontent vers le "nord", luttant contre les hommes et les éléments. Evans Montague est un homme de quarante cinq ans, ancien chef des "Pirates", bandes organisés dont la vocation est d’exterminer les mutants qui prolifèrent par suite de déséquilibres génétiques. Fatigué de cette vie et sous la pression de rivalités internes, il a déserté, rejoint les montagnes et rencontré Théa.
Celle-ci a survécu par la ruse, l’intelligence et l’énergie toute animale qu’elle a su manifester dans un monde sans pitié. Par une ironie du sort, il s’avère que les deux héros sont des mutants, aussi bien Théa, pourvue de membranes nictinantes qu’Evans, dont le bras coupé repousse progressivement. Le récit commence in media res:
«Orland était une vraie boucherie, sous une lourde odeur de fumée et de mort. A la nuit tombée, Théa était passée à l’est de Chico - ce qui en restait-. Là, les pirates s’étaient vengés sur les rares survivants. Des hommes, atrocement mutilés, pendus par les talons aux lampadaires, et qui se balançaient en tournant. Et des femmes. "
Une femme, une mutante, attaquée par des chiens redevenus sauvages, est suspendue, crucifiée à un lampadaire. Théa l’achèvera d’une flèche de son arbalète, son arme favorite et silencieuse.
Quand elle rencontre Montague sa confiance en lui ne s’assied que progressivement. Leur vigilance à tous deux ne leur permet pourtant pas d’éviter Lastly, un pirate dissident qui violera Théa:
" Ecoute, conasse.. Tu es pour moi. Tu crois que je vais laisser un enculeur de Muts comme Montague t’avoir, hein? Il lui donna une tape sur les bras, les ramena en arrière, lui attacha les poignées avec un morceau de corde.
" On lui a donné une leçon, à lui et à ses pervers, à Orland, tu entends? " Il tendit la corde sur le cadre du lit. "Cette fois, j’ai ce qui me revient, d’accord? "
Théa sortira profondément marquée par l’épreuve, éprouvant à la suite de cela une telle haine pour le mâle, qu’elle ne s’offrira à Montague que tardivement et après beaucoup d’hésitations. Libérés de Lastly par Montague, ils commencent leur pérégrination à travers ce monde dément, évitant au maximum tout contact avec divers exemplaires d’humanité, empruntant malgré la rigueur de l’hiver, les crêtes des montagnes, se nourrissant, - quand cela leur était possible - des reliquats d’une société à jamais morte. Les endroits les plus divers leur servent d’abris de fortune:
«Le matin arriva avant qu’ils ne trouvent un abri dans un vieux fourgon, là où les rails rouillés traversaient l’éclaircie de la ligne de haute tension.»
Dans une cabane abandonnée, ils font une macabre découverte:
«Ces trois-là, quels qu’ils aient été, ils étaient morts depuis longtemps. La chair s’était momifiée car l’air était chaud et se . Ils étaient étendus dans la position où ils étaient morts, au milieu des mares desséchées d’excréments qui indiquaient clairement la cause de leur mort. La dysenterie amibienne avait été fréquente dix ans auparavant et ces corps étaient morts depuis au moins ce temps-là. Leurs habits et les couvertures, une fois trempés de sueur et autres sécrétions, avaient pourri, laissant sur les cadavres quelques fils, qui se détachaient de façon pathétique sur les corps ravagés. "
Au cours de leur voyage, ils tombent en pleine scène de bataille dans un village de fermiers qui se fait attaquer par des Pirates. Avec l’aide de Montague et Théa , les fermiers ont raison de leurs assaillants. En guise de remerciement, ils leur offrent l’hospitalité pour un temps donné. Puis, le couple reprendra la route, les Pirates ayant retrouvé les traces de Montague.
Echappant de peu à une vieille folle qui se nourrit de viande humaine, ils découvrent un village abandonné, isolé dans les montagnes. Ils y font une longue retraite avant que les Pirates ne les talonnent à nouveau. En repartant, leur route croise celle de moines fanatiques et sadiques, issus de ces communautés pseudo - religieuses qui ont poussé après la catastrophe. Capturés, torturés par les moines, à cause de Théa, forcément impure parce que femme, ils doivent leur salut, ironiquement, aux Pirates, qui, les ayant retrouvés, attaquent la communauté.
Ils parviennent à s’échapper à nouveau et Montague se souvient d’une cache d’armes automatiques par lesquelles la confrontation finale avec les Pirates tourne à l’avantage du couple.
Seuls et meurtris dans ce monde délibérément hostile, ils n’ont plus d’autre choix que de continuer, encore et toujours:
«Elle fit une misérable tentative de sourire: -Il n’y a peut-être nulle part où aller. -Peut-être, admit-il. Il y eut un silence entre eux, tandis que le vent se faisait plus âpre.
Puis elle se tourna à nouveau vers le Sud et gardant sa main bien serrée dans la sienne, Elle se dirigea vers les montagnes sombres, et la neige qui les suivait couvrit la trace de leurs pas comme s’ils n’avaient jamais existé. "
Une écriture forte, un renouvellement du thème post-cataclysmique, une vision réaliste du monde; Chelsea Quinn Yarbro, aime ses personnages, les suit, s’attache à leurs sentiments et émotions. Les valeurs de la volonté, du désir de vivre, de l’amour sont exaltées par opposition à un décor sinistre d’une société en décomposition prouvant une fois de plus , s’il en était besoin, " qu’il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ".
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