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Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
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Livres
711 livres
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Et Adam Refit Le Monde - Par BenF
Le petit Adam fit le constat que le monde tel qu’il était ne lui plaisait plus :
« Adam regarde autour de lui.
Il voit
Des gens pressés,
Des voitures pétaradantes,
Des manifestants bruyants,
Des ambulances,
Des enfants se querellant dans une cour d’école,
Des cheminées crachant leurs noires fumées,
Des usines délabrées,
Des immeubles bien trop hauts,
Des fleurs bien trop rares…
Et trop peu de verdure… »
D’un coup de balai, il fit disparaître tout cela. Le voilà seul, et bien content de lui. Assis près de son balai, au centre du monde, il s’ennuya ferme au bout de peu de temps. Alors, il repeupla son monde d’oiseaux qui pourtant n’avaient plus d’arbres pour poser leurs pattes. Il recréa donc la forêt pour eux, pensant qu’ils seraient satisfaits. Mais non ! Car sur toute l’étendue de la sylve, les oiseaux n’avaient rien à manger et le lui firent savoir. Adam leur dessina donc des insectes, pour les nourrir, et aussi des poissons, pour son amusement. Bientôt, irrité par leurs incessants pépiements, il dessina leur pire ennemi, le chat Tibert qui, tout seul de sa nature, mit fin aux débordements, et se transforma en petit tyran.
Adam se dit que dans le monde d’avant, il avait des copains. Qu’à cela ne tienne : bientôt Jérôme, Farida et Sarah, Pierre et le petit David, qui pleure pour voir son papa, l’entourent. Et des terrains de football, et les maisons des villes… Enfin, il se dit qu’il a ressuscité son ancien monde, avec toutes ses tares :
« C’est de nouveau la guerre
Quelque part dans le monde.
Des morts,
Des blessés…
Partout la désolation
Des enfants meurent de faim.
Des hommes fuient d’autres hommes.
Des armes,
On en voit partout,
Comme si chacun était prêt à se battre.
Comme si, pense Adam,
Je n’avais pas essayé de refaire le monde. »
Il s’apprête à nouveau à réparer son erreur mais cette fois-ci les gens ne sont pas d’accord :
« Adam voudrait parler aux gens
De cet autre monde qu’il avait imaginé.
Mais cela les énerve.
Tais-toi donc un peu, disent-ils.
Il n’y a pas d’autre monde. Quand vas-tu comprendre cela, Adam ? »
Finalement, le petit Adam comprit qu’il n’arriverait vraiment à changer le monde qu’avec l’appui de tous, afin d’y bannir à jamais la haine et la pauvreté.
Un petit livre illustré à l’usage des enfants, animé d’un esprit missionnaire. « Et Adam refit le monde » distille de nombreux messages tels que l’évolution expliquée aux tout-petits, l’interdépendance des espèces, la force de la communauté dans l’espoir du renouveau, enveloppés dans une historiette d’une naïveté toute apparente.
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Le Maître De La Soif - Par BenF
Le jeune et sémillant pêcheur, Ludovic Dorichon, assista, au bord de l'étang, où il s'était installé pour taquiner le goujon, à un événement extraordinaire. Soudain, l'eau devant lui s'est mise à bouillir , tandis qu'à l'horizon disparaissait un curieux avion, et qu'un non moins curieux bonhomme se dissimulait à toute vitesse dans le sous-bois. De retour chez lui, il fut assailli par les journalistes mais réserva ses exclusivités à Jacques Sernain , du "Grand journal", à qui il montra une carte de visite retrouvée sur le terrain. C'était celle du professeur Lucien Merlain, physicien à Paris, qui ne fit aucune difficulté pour expliquer aux deux hommes les détails de la chose. L'un de ses étudiants, Stephens Gildy, brillant mais corrompu, avait inventé un appareil infernal qui dissociait l'eau. Il s'était d'ailleurs baptisé "le Maître de la Soif". Une missive envoyée à l'instant par Stephens Gildy au professeur, l'avertissant qu'il avait enlevé sa fille Hélène et son intention de s'adjoindre des bagnards comme complices dans son entreprise d'assécher la ville de Paris contre rançon, fit que nos deux amis se rendirent en Guyane, au bord d'un affluent du Maroni. Là, ils attendirent Stephens Gildy. Bientôt, un autogyre survola le chantier où travaillaient les bagnards. Certains s'enfuirent sur le fleuve à bord d'un canot, poursuivis par le journaliste et son ami. Ils n'allèrent pas très loin et furent récupérés assez vite, Gildy faisant fonctionner son invention en asséchant cette partie du fleuve. Il embarqua les bagnards et captura ses deux poursuivants.
Dans leur geôle, sur une île non loin de la côte bretonne, ces derniers apprirent la triste nouvelle: le savant fou avait mis sa menace à exécution et privé Paris de l'eau de la Seine:
"Et, plus haut, on distinguait pourtant la masse liquide qui, au fond de la rivière, paraissait s'élever jusqu'au niveau normal, en pente douce, sur une longueur de plusieurs centaines de mètres!... mais, en aval de cette étrange coupure, seul un mince filet liquide serpentait au fond du lit de la Seine! Et, sur toute la traversée de Paris, l'immense fossé demeurait vide!... Dans Paris, on considéra d'abord cela comme un phénomène étrange. Les gens venaient "voir la Seine", étrange fossé boueux d'où montaient déjà des odeurs écoeurantes".
Sachant cela, les deux captifs résolurent de s'enfuir coûte que coûte. Aidés par Ellen , qui assomma leur gardien, ils parvinrent à fuir dans une barque, en direction de la côte. Mais le retour de l'autogyre dans le ciel au-dessus d'eux, les désespéra. Gildy fit à nouveau, fonctionner son invention pour leur barrer le chemin en asséchant la mer au-devant d'eux. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'Ellen avait saboté son engin et, par un retour dévastateur, le tourbillon frappa l'avion de l'inventeur qui périt avec son invention. Quelle fin heureuse pour tous les gentils protagonistes de cette triste aventure!
le "Maître de la soif", nouvelle populaire paru en fascicule policier, ne déroge pas au genre du vilain méchant (savant fou de surcroît), uniquement mû par la vénalité, opposé au gentil journaliste et ses amis futés. intrigue plate, clichés et déroulement linéaire ne rendront pas cette oeuvrette immortelle. La preuve en est qu'elle est très difficile à dénicher.
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Le Tournant Decisif - Par BenF
La Terre est au pouvoir des rats, conséquence de la guerre atomique de 1992 qui a fait disparaître l’homme en tant qu’espèce dominante. Le rat mutant, grâce à sa fécondité prodigieuse, a occupé la niche écologique de ce dernier. S’étant développé en taille et en intelligence, il a permis le maintien de quelques tribus humaines dans quelques enclaves éloignées et barbares, car il se rappelle avec nostalgie sa cohabitation de jadis, la relation amour/haine qu’il entretenait avec le bipède déchu :
« La situation ne manquait pas d’ironie. Les rats, de par leur expérience immémoriale de l’homme, lui portaient des sentiments curieusement ambigus : ils se rappelaient avec fureur les pièges, furets et raticides de jadis ; mais ils se souvenaient aussi, avec une sorte d’émotion, qu’un surmulot ne vivait vraiment heureux que dans le voisinage de l’homme. Non pas seulement pour les avantages de la nourriture et du gîte, mais pour le plaisir aussi d’avoir des gens autour de soi. »
Mais, pour que jamais plus l’homme ne reprenne le dessus, le rat contrôle rigoureusement sa fécondité, stérilisant au préalable tout humain en âge de procréer. A cette seule condition, il permet à certains d’entre eux d’émigrer au loin, dans ces enclaves sauvages, où les humains qui haïssent trop les rats pourront encore mener une misérable existence.Sans le savoir, ce vingt août 2067, ce rat, fonctionnaire du Bureau de l’Emigration de l’Empire, venait de vivre le tournant décisif pour sa race. Ce jour-là, il a permis à Walter Nolan, un opposant irréductible, et à sa femme Gloria, d’émigrer. Non sans s’être assuré que l’individu avait été soigneusement stérilisé et que la femme, qui avait fait une fausse couche peu de temps auparavant, avait subi une ovaritectomie. Ce qu’il ignorait, c’est que rien de tout cela n’était vrai. L’embryon, parfaitement viable, avait été transitoirement implanté dans le péritoine du mâle ce qui lui permettra de survivre jusqu’à ce qu’il retrouve son logement primitif dans l’utérus de la femme. Encore quelques cas de ce genre, et le glas de l’Empire des rats sonnerait à l’horloge de l’éternité.
Une nouvelle intelligente et ironique menée de main de maître.
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"Annee 500.000" - Par BenF
Un savant original, solitaire et quelque peu brouillon, le professeur Weinach, au moment de rejoindre son lieu de travail, est pris dans un « repli » de l’espace-temps qui l’envoie en l’an 500 000 :
« La chaleur était infernale, aucun arbre, aucun arbuste sous lequel il eût pu s’abriter un peu, pas un brin d’herbe, pas un animal, pas un oiseau, ni même un de ces pauvres petits lézards des sables… Rien ! (…) Au loin, une mer d’huile miroitait au soleil : pas une vague qui vînt en animer la surface. Il promena lentement son regard alentour. Les «bâtiments » qu’il lui semblait apercevoir n’étaient, en réalité, qu’un amoncellement de ruines informes »
Se réveillant dans un monde de désert incendié, une mer étale, un soleil rouge, prêt de mourir par déshydratation, il se réveille peu après dans la cité sous-marine B.93. Son guide, le savant Xarao, le met au courant des modalités de la nouvelle société dans laquelle il vient de s’insérer inopinément.
Vivant dans des cités sous-marines d’une haute technicité et au nombre de cent, servis par d’impressionnants robots, tenant en esclavage les « Untermen », qui ressemblent étrangement à Weinach, les « Vrais Hommes », la classe dominante, se différencient de notre savant par le haut du crâne, énorme, luisant et sphérique, abritant un immense cerveau :
« Il remarqua simplement que le crâne des hommes peuplant cette hallucinante nécropole de verre n’était « normal » que du menton jusqu’aux tempes. A partir de là, la calotte crânienne n’était plus qu’une énorme bulle de métal brillant et jaune comme de l’or. On aurait dit que l’on avait scié le haut de la tête pour y greffer cette calotte métallique destinée à recevoir un cerveau bien trop volumineux pour le corps… »
Ils se sont établis en une théocratie dont Z’ang est le grand-prêtre, appuyés sur une dictature policière incarnée par le grand Xaranz. Ces « Vrais Hommes », réfugiés sous la mer depuis si longtemps qu’ils ont perdu de vue le cataclysme universel qui les y a menés, survivent en greffant le crâne des « Untermen » sur un corps métallique afin d’en faire des serviteurs conditionnés. Ils utilisent également le ventre des femmes (fort jolies) des Untermen pour assurer leur progéniture et font travailler les mâles dans les fermes de « N’nuras », des sortes de champignons dont ils se nourrissent, dans des lieux aménagés à l’extérieur en de profondes cavernes.
Weinach ne reconnaît plus rien de la géographie terrestre. Le monde a basculé ses continents lors d’un ravage thermonucléaire général qui eut lieu peu après le XXème siècle et a mis un point final au développement de l’humanité dont il faisait partie :
« les bombes atomiques qui se déversèrent sur la terre furent des fabricants de mutations… petit à petit (…) la terre se mit à se peupler de monstres (…) je (c’est Weinach qui parle) suis persuadé que votre espèce est le produit d’une de ces mutations imposées à la nature… la terre brûlée se révéla vite incapable de contenir la vie qui, comme à l’origine, retourna à la mer… petit à petit vos ancêtres gravirent les échelons de la connaissance et s’adaptèrent à la vie sous-marine. Les femelles de votre espèce ne réussirent pas, pour une raison que j’ignore, à s’adapter et disparurent. Ils eurent donc, par obligation, des rapports avec celles des «survivants normaux » qui réussirent à leur engendrer, de temps à autre, des enfants semblables à eux. » L’ordre politique à relent nazi qui règne aujourd’hui sous l’océan lui est intolérable, surtout depuis qu’il connaît la belle Sarah, une « Untermen », à qui il a fait un enfant. Il n’aura de cesse de faire comprendre au grand Xaranz les faussetés de sa vue, appuyées sur une mythologie de type biblique selon des règles édictées par le grand ancêtre Moshe.
Il démontrera, grâce à la découverte inattendue d’une «capsule temporelle » immergée sur le site de l’ancienne ville engloutie de New York que cette société est bancale, que les « Vrais Hommes » sont les produits d’une mutation positive qui, avec le temps, ont dénié aux autres survivants le statut d’êtres humains, afin de s’en servir comme esclaves ou comme pièces de rechange pour leur propre vie.La démonstration impitoyable de Weinach, sa présence même en ces lieux, allument les feux de la révolution. Dans une caverne à « N’nuras » où il a trouvé un refuge, Weinach assiste, effondré, à la mort de Sarah lors de sa accouchement durant lequel elle met au monde un mutant à grosse tête pendant que les Untermen-robots se font hacher menu par les troupes de Z’ang et de Xaranz.
C’en est trop pour lui. Tout espoir définitivement balayé, Weinach, lors d’une ultime tentative de fuite, ressentira à nouveau les douleurs du « repli temporel » qui l’amènera à terminer sa vie dans un hôpital psychiatrique de l’an 2827.
Une intrigue alerte, des personnages stéréotypés, une action rapide et dense qui n’incite guère le lecteur à philosopher, des idées manichéennes et un vocabulaire basique (mais où vont-ils chercher les noms de leurs personnages ?) inscrit ce livre dans la moyenne de ce que l’on est en droit d’attendre de la collection « Anticipation ».
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Le capitaine de corvette Peter Alayeff croisant en méditerranée attend l’heure fatidique pour lancer sa soucoupe atomique sur Casablanca car, quelle que soit l’avancée des négociations entre Russes et Américains, il vaut mieux prévenir que guérir :
" Sous un ciel bleu clair où s’épanouissaient une succession de nuages blancs soulignés de reflets orangés, en forme de dômes étagés les uns au-dessus des autres, Casablanca n’existait plus. Elle gisait, calcinée, grand cadavre de ville assassinée, étendue, parsemée de monceaux de pierres noires mangées par endroits d’une sorte de moisissure jaunâtre, de tumuli de briques pilées, vitrifiées, d’où se détachaient à contre-jour, comme autant de gibets, des carcasses disloquées d’immeubles hérissées de pièces de ferraille. Des incendies achevaient de détruire le peu qui restait de la ville. "
Jean Ternant un chercheur physicien, l’un des rares survivants de la déflagration, sera miraculeusement sauvé par un hélicoptère. Soigné mais enfermé dans l’hôpital militaire de Marrakech, remis sur pied grâce à " Barbichet ", un médecin qui espère s’en servir comme cobaye, il sera pris en charge par le docteur Escobar pour être affecté avec le grade de capitaine dans une base secrète.
A CBM1 (Tanger) ou CBA1 (Oran) on suit avec angoisse les destructions massives opérées par les Russes. C’est sous terre, dans le SCR999, une base ultra-secrète, que Jean Ternant prendra connaissance de sa première mission, agréable au demeurant. Un énorme engin volant russe a été abattu. Le pilote, une jeune femme, le lieutenant Tatiana Kounine, prétendra avoir quitté son pays pour se rendre aux occidentaux. Soupçonné d’être une espionne, Jean Ternant est chargé de la sonder. En convalescence factice dans une maison de repos militaire, il fréquentera suffisamment Tatiana pour en tomber amoureux, convaincu de l’innocence de la jeune femme. Hélas ! C’est un faux constat, puisqu’elle avait prévu de l’empoisonner.
Jean est rapatrié en sa base et Kounine mise en prison. La guerre nucléaire perdure, les coups se répètent de part et d’autre :
" Sept secondes plus tard, dans la salle du SCR 999, malgré les épaisseurs de béton, malgré les parois insonorisées on perçut comme un vague rugissement étouffé, on sentit comme une longue trépidation, une secousse cosmique éloignée, qui se répercutait dans les membres et la tête. La calotte d’acier du puits principal s’était soulevée, les rampes de lancement venaient de lâcher, à une seconde d’intervalle, les vingt-quatre fusées d’interception de cinq mètres de long chacune, dont le ventre était bourré d’oxygène liquide et d’alcool s’enflammant sous pression téléréglable dans la chambre de combustion ; vingt-quatre fusées dont douze perforantes à charge creuse et douze à détonateur acoustique de proximité ; vingt-quatre fusées téléguidées possédant un radar spécial de poursuite ; vingt-quatre fusées qui, en une minute, avaient atteint la vitesse de 5 000 kilomètres à l’heure. "
Peter Alayeff assistera à la destruction de son navire, puis subira sa propre mort sur la terre maghrébine, fauché par une mitrailleuse. Ternant sera réaffecté auprès du colonel Bonhote, à Plutonville, une autre base secrète. Celui-ci, en militaire désabusé, lui prédit la fin du monde si les opérations militaires ne prennent fin.
En sa base se construit la station orbitale de demain, tous les éléments étant prêts à être lancés puis assemblés dans l’espace. Les astronefs, déjà opérationnels, n’attendent que le moment favorable. Pour passer le temps, Jean est convoqué comme témoin au procès de Tatiana. Malgré ses allégations en sa faveur, elle sera condamnée à mort mais sauvée en toute dernière extrémité lors de sa conduite sur le lieu d’exécution, par le souffle d’une explosion qui a dévasté Marrakech. Ternant revient donc avec Tatiana auprès de Bonhotte juste pour se faire confirmer que l’enfer sur terre a commencé : les Russes ont lancé toutes leurs forces dans le conflit :
" Toutes les îles, tous les continents du monde ont subi des raz-de-marée formidables. La mer a envahi la terre à plus de cent kilomètres des côtes. Un peu partout des montagnes se sont mises à cracher le feu. De toutes manières, c’est la fin des hostilités, la réconciliation universelle. Les explosions atomiques massives au Pôle Nord ont pollué l’atmosphère, d’immenses nuages radioactifs errent à l’aventure, semant la mort sur des milliers de kilomètres carrés. Il paraît même que la couche d’ozone a été déchiquetée. "
Des tremblements de terre incessants confirment que l’axe du monde vacille, que les neiges des pôles se sont mises à fondre, que l’atmosphère est envahie par d’immenses nuages radioactifs. La seule solution pour Jean et Tatiana, avec l’approbation du colonel, est de s’embarquer à bord d’un astronef et de vivre dans l’espace, à l’intérieur du nouveau satellite en voie d’achèvement.
Un roman-patchwork dans la veine des récits français des années cinquante : une reconnaissance sans borne envers les américanismes et descriptions des engins spatiaux à la Oberth, beaucoup d’annotations techniques, une intrigue plate, un héros à la mentalité villageoise et une grande admiration pour l’arme nucléaire.
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Le Maître De La Terre - Par BenF
La Grande-Bretagne vers la fin du deuxième millénaire. Le socialisme " utopique ", suivi par un socialisme "scientifique " a triomphé en Europe. La technologie est à son niveau le plus haut. Des " aériens " (dirigeables) abolissent les distances et transportent confortablement les voyageurs d’une capitale à l’autre. Les angoisses existentielles ont été supprimées. L’ère de l’athéisme est instaurée et les citoyens, quand ils l’ont décidé (ou qui ne peuvent plus se décider) sont euthanasiés en douceur et en musique. Le temps de l’Etre Suprême a débuté sous la férule bienveillante des valeurs judéo-maçonniques :
" Ce soir-là, au dîner des prêtres, il y eut un grand entretien sur l’expansion extraordinaire de la franc-maçonnerie. Cette expansion durait déjà depuis bien des années, et les catholiques avaient toujours parfaitement reconnu ses dangers. C’avait été, d’abord, au début du vingtième siècle, l’assaut organisé par les francs-maçons contre l’Eglise de France; et ce que l’on avait soupçonné était devenu une certitude, lorsque, en 1918, le P. Jérôme, ex-franc-maçon devenu moine dominicain, avait fait ses révélations sur les secrets de la maçonnerie. "
La Franc-Maçonnerie humaniste et libertaire s’est emparée des esprits et partout exorcise les fausses croyances, pacifie les coeurs, supprime les menaces de conflits encore existants de par le monde, surtout celles de l’Orient vis-à-vis de l’Occident.
Olivier Brand, jeune élu socialiste, est heureux en ce monde confit en douceurs. Habitant confortablement un cottage près de Westminster, en compagnie de sa jeune femme Mabel, de sa vieille mère, de son secrétaire Phillips, son étoile brille de plus en plus fort dans le ciel politique du pays. Remarquable orateur, il est distingué par Felsenburgh, l’étoile flamboyante, le leader spirituel, le Franc-Maçon essentiel, le mystérieux Président à vie de l’Occident, qui impulse la paix dans cette société. Lors de sa consécration dans la cathédrale de Westminster :
" L’enthousiasme de la foule avait cessé de se contenir. Un véritable océan de têtes et de bras s’était soulevé dans toute l’Abbaye, l’air s’était rempli d’une clameur énorme, et les voûtes et les colonnes avaient tremblé, secouées par une frénésie pieuse. Et ainsi, parmi la lumière surnaturelle, sous un fracas de tambours, entremêlés au tonnerre de l’orgue, dix mille voix affolées avaient proclamé Felsenburgh leur Seigneur et leur Dieu. "
A l’autre extrémité, se trouve Percy Franklin. D’abord simple curé, puis Cardinal-Protecteur anglais, Percy maintient le flambeau d’un christianisme agonisant dans un monde athée et hostile. Les Catholiques sont persécutés, chassés de toutes les institutions, éradiqués.
Le pape s’est retranché, pour survivre, dans la ville de Rome qui lui appartient encore, avec ses derniers fidèles. Cette ville est non seulement dévote mais aussi anti-technocratique. Les Catholiques n’admettent pas la main-mise des Francs-Maçons sur les affaires du monde. De plus en plus menacés, ils sont condamnés à disparaître car de nombreuses défections se font jour dans leurs rangs. Ainsi en est-il du père Francis, ancien ami de Percy, qui propose à Felsenburgh l’adoption d’un rituel " laïc " calqué sur la liturgie chrétienne.
Les camps socialistes connaissent aussi leurs misères. De temps en temps des frémissements d’inquiétude mystique traversent les âmes, notamment celle de la maman d’Olivier qui réclame un prêtre à son chevet lors de son agonie. Mabel, quant à elle, est troublée par les attentats anti-catholiques qu’elle considère comme autant de mises à mort, prouvant que le socialisme n’a pas encore éradiqué la bête en l’homme :
" Devant Mabel passait un grand brancard supportant une figure humaine, dont un bras pendait, avec les mains traversées comme de clous. Puis venait le corps nu d’un enfant, empalé sur une pique de fer, la tête tombant sur la poitrine, les bras dansant à chaque pas des porteurs. Et puis, c’était la figure d’un prêtre, encore vêtu d’une soutane noire avec une aube blanche ; et sa tête, sous une calotte noire, s’agitait, sautait avec la corde qui le soutenait. "
Alarmé par les tensions idéologiques continuelles, le pape rappelle le cardinal Percy pour consultation à Rome. Celui-ci lui suggère, devant la gravité de la situation, de modifier totalement la hiérarchie catholique qui devra dorénavant s’abstenir de tout ornement et s’intituler "l’Ordre du Christ Crucifié " en adoptant une structure militaire.
Le pape, vieux et usé, proche de la mort, se rend aux arguments de Percy et, avant de mourir, le désigne comme son successeur. Percy devient le nouveau pape sous le nom de Sylvestre. Un complot anti-étatique ayant été découvert durant cette période en Angleterre, dans lequel auraient trempé certains Catholiques, en guise de représailles, Felsenburgh décide l’éradication totale de l’église en bombardant Rome :
" Les journaux du lendemain apportèrent les détails de la catastrophe. Ils disaient comment, par une chance merveilleuse presque toute la hiérarchie de l’univers chrétien s’était trouvée rassemblée au Vatican, qui avait été le premier endroit attaqué. A présent, pas un seul édifice, à Rome, ne restait debout. La Cité léonine, le Transtévère, les faubourgs, tout avait été anéanti ; car les aériens s’étaient soigneusement partagés, la ville étendue au-dessous d’eux, avant de commencer à lancer les explosifs ; et, cinq minutes après le premier choc et le premier éclat de fumée, l’entreprise de purification était terminée. Alors, les aériens s’étaient dispersés dans toutes les directions, poursuivant les automobiles et autres voitures qui emmenaient des fuyards ; et l’on supposait que plus de trente mille de ces fuyards aient été ainsi réduits à néant. "
Au même moment Sylvestre, accompagné par certains de ses cardinaux, échappe au massacre. La tête de l’église chrétienne s’implantera discrètement en Palestine, près de Nazareth, et Sylvestre restera en communication radiophonique avec quelques-uns de ses vicaires chargés d’une mission œcuménique de par le monde.
L’action abominable décidée par le " Leader Maximus " et approuvée par son propre mari, a écoeuré Mabel à un point tel qu’elle décide de mettre fin à ses jours en se rendant volontairement dans une maison d’euthanasie, à l’insu d’Olivier. Peu de temps après, la retraite de Sylvestre est éventée de par la traîtrise d’un cardinal d’origine russe (!), nouveau Judas. Le lutte finale a sonné pour le Catholicisme. Le bombardement de Nazareth, et par extension, de l’ensemble de la Palestine, est décidé d’un commun accord entre les diverses sommités socialistes des Etats Européens. Alors que l’armée des " aériens " s’approche de la retraite de Sylvestre, celui-ci, ayant rappelé à lui tout ce que le monde comporte de dignitaires ecclésiastiques , se prépare à mourir en un ultime sacrifice, lors d’une dernière messe solennelle :
" Dans une lumière éclatante, il voyait devant lui, s’offrant à son choix, les deux cités de saint Augustin. L’une était celle d’un monde né de soi-même, s’organisant soi-même, et se suffisant à soi-même, d’un monde interprété par des forces socialistes, matérialistes, hédonistes et se résumant enfin dans Felsenburgh. Et quant à l’autre monde, Percy le voyait déployé devant ses yeux, lui parlant d’un Créateur, d’une création, d‘un but divin, d’une rédemption, d’une réalité transcendante et éternelle, dont tout avait jailli et où tout aboutissait. "
Quand les bombes tombent et écrasent définitivement toute étincelle spirituelle dans ce monde, le climat lui-même se modifie. Des nuages courent dans le ciel, des orages grondent et des tremblements de terre ponctuent le crime qui vient de s’accomplir.
Ce roman, avec un thème difficile et facilement caricatural à travers son manichéisme, aurait pu sombrer dans le pathos d’une bouillie littéraire innommable. Il n’en est rien, car soutenu par la puissance du style et la large vision de Robert - Hug Benson. Jamais ridicule, atteignant par moments au sublime, l’auteur pousse à l’excès, sous les oripeaux d’une fiction littéraire, les craintes de son époque livrée aux luttes anti-cléricales. Prenant clairement parti, il démontre que le combat entre Dieu et les hommes ne se situe pas au même plan et n’utilise pas les mêmes armes. Ce faisant, il nous livre l’un des meilleurs ouvrages du genre.
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La Toussaint Blanche - Par BenF
De 1994 à 2000, la France est en danger de disparition. A travers l’influence des groupes de pression anti-racistes, tels que ceux de l’AIR (Association internationale contre le Racisme) animé par Raphaël Blumenfeld, appuyé par la SITIF (Syndicat International des Travailleurs Immigrés en France), avec l’assentiment des intellectuels de gauche, la compromission de tous les médias, l’action continuelle en faveur des minorités ethniques de la part du gouvernement Mitandier, les portes de l’immigration sont largement ouvertes à tout ressortissant du Maghreb ou d’Afrique noire. L’avortement est encouragé, toute contestation, la plus futile soit-elle, est immédiatement mise sur le compte de comportements racistes :
«21 mars 1995, le printemps pointait. Il était 19h 59, l’émission « les Français devant la masturbation », animée par la sexologue Rachelle Bensaïd, maître de conférence à l’université de sexologie Wilhelm Reich de Nanterre, venait de se terminer. On entendit les premiers accents ralentis de la carmagnole, par laquelle le Président Timandier aimait à se faire annoncer. L’écran s’imprima du traditionnel « le Président de la République vous parle » et, bientôt, apparut le visage de Timandier que l’on comprit, aux clignotements de ses yeux, fort ému. »
En cette France du changement, le récit relate la trajectoire de vie de Vincent Fournier, jeune Français orthodoxe et sa prise de conscience progressive du danger ethnique. C’est par lui que le scandale arrive : ayant fait paraître une annonce matrimoniale dans laquelle il se disait à la recherche d’une âme-sœur « distinguée, blonde aux yeux bleus et européenne », l’AIR, en la personne de Blumenfeld, crée de ce fait-divers un exemple. Par une publicité tapageuse, attaqué devant la justice pour délit raciste, Vincent est lourdement condamné :
« Le tribunal, statuant publiquement, contradictoirement et en premier ressort…déclare Vincent Fournier coupable du délit de discrimination publique envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance, de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, à une race ou à une religion déterminée (… )Condamne : Fournier Vincent à la peine de deux ans de prison avec sursis et à dix mille francs d’amende. Le condamne : A payer à l’Association Internationale contre le racisme, reconnue d’utilité publique, la somme de : un franc à titre de dommages et intérêts. Ordonne la publication du présent jugement dans le prochain numéro de « Femmes de Demain ». Ordonne la publication du présent jugement par extrait dans six journaux ou périodiques français au choix de la partie civile. Condamne enfin Fournier Vincent en tous dépens du présent jugement…
Il se revoyait bien encore devant le tribunal rendant le jugement final « Condamne Fournier Vincent à la peine de deux ans de prison avec sursis et dix mille francs d’amende… » et les hystériques à la sortie du tribunal qui applaudissaient la décision, hurlaient, le huaient, le sifflaient… et scandaient : « raciste, fasciste, salaud, le peuple aura ta peau ! »…
Il perdra son travail, restera au chômage ; sa jeune épouse (qu’il a finalement trouvée) enceinte vivra de plus en plus difficilement dans une capitale inter-ethnique. Alors que l’union franco-maghrébine se renforce par la décision du président Mitandier de faire de la France une terre d’asile pour tous les Palestiniens –décision applaudie par les Juifs autant que les Arabes- la sociologie urbaine se modifie : des migrations de population auront lieu de l’est vers l’Ouest de la capitale. Contrairement aux lénifiantes annonces officielles, les tensions racistes se font de plus en plus fortes, mais toujours aussi sévèrement réprimées.
Vincent, à qui son ami Georges a définitivement ouvert les yeux sur le danger que court la France, devient (comme chômeur il a du temps à revendre) messager à Paris de groupes européens dissidents. La situation du pays empire à un point tel que Mitandier fera appel, dans le cadre de l’amitié franco-maghrébine, à l’intervention, sur le territoire français, d’un contingent militaire marocain qui aura une tâche de maintien de l’ordre, d’abord dans la région de Marseille, agitée par des émeutes sanglantes, puis à Paris. Un incident entre deux communautés (noire et maghrébine) met le feu aux poudres. Alors que Paris est bouclé pour éviter la fuite des autochtones blancs vers la Normandie et la Bretagne, les quartiers Est sont contrôlés par l’armée du général Ali. Les émeutes ne s’arrêtent pas pour autant. Mitandier étant en voyage culturel chez ses amis africains, les rues, les monuments, les bâtiments officiels de la capitale sont incendiés :
« Il était plus d’une heure de matin, lorsqu’il avait pu atteindre, se frayant difficilement un chemin au milieu d’une foule compacte de badauds, les abords de la place de Clichy. La foule regardait, livide et atterrée, sans ne presque rien voir, la place remplie de policiers et de CRS l’arme au pied, qui attendaient vraisemblablement des ordres. Continuellement des flics repoussaient une foule compacte, venant des rues adjacentes, qui, semblable aux vagues sur un rivage, se jetait en va-et-vient contre eux. D’autres essayaient, tant bien que mal, de maintenir libre un vague chenal permettant aux voitures de police ou de pompiers d’aller et venir. Des lueurs d’incendie, venant de la droite, éclairaient lugubrement cette nuit profonde et triste de décembre. »
Les opposants « racistes », dont Georges et Vincent, seront arrêtés et mis dans des camps de détention. L’économie de la France s’anémie. Les régions-frontière quoique sévèrement contrôlées, dérivent vers l’autonomie :
« La fermeture des frontières était donc loin de faire l’unanimité au sein de la piétaille démocratique. A Paris, l’affaire passait car on avait d’autres soucis immédiats, mais dans les régions frontalières, de véritables jacqueries avaient éclaté un peu partout. En Alsace, Strasbourg était pratiquement en état de sécession. A Chambéry et à Annecy, des manifestations spontanées et violentes s’étaient déroulées devant les préfectures et des CRS avaient été envoyés d’urgence en renfort. A la frontière franco-belge, de Roubaix à Charleville, des foules manifestaient leur attachement à l’amitié franco-belge, de part et d’autre de la frontière. »
Vincent, enfin libéré, se hâte de rejoindre au péril de sa vie sa femme et ses amis en Vendée où subsiste la dernière enclave de la France libre et européenne. Là, avec la population et les forces de police dissidentes, il participe comme résistant à l’invasion à des coups de force contre l’armée maghrébine dont les interventions sont constamment approuvées par les thuriféraires médiatiques du régime «socialo-libéral ou libéral socialiste » en place :
« Normandie : meurtrière embuscade ce matin à l’aube. Un convoi des forces de l’ordre appartenant à l’armée maghrébine a été sérieusement accroché, à Pont-Douilly. Après avoir fait sauter le pont, alors qu’un important convoi se dirigeant vers Cherbourg venait de le franchir, une bande rebelle estimée à trois cents hommes, a attaqué le convoi aux fusils lance-grenades et aux armes automatiques. Une vingtaine de camions ont été détruits. Les forces de l’ordre auraient éprouvé de lourdes pertes estimées à une cinquantaine de tués et blessés. Malgré l’intervention immédiate de l’aviation alliée, qui a réussi à mettre hors de combat une vingtaine de rebelles, la bande a pu décrocher. Une vaste opération de ratissage se déroule en ce moment dans la région, afin de la retrouver. »
Malgré les efforts des héroïques résistants, l’Ouest est progressivement envahi. Déjà Blumenfeld, qui a su se garder des excès de la capitale, prend la direction de l’antenne régionale de l’AIR en Normandie pour y dénoncer « les inqualifiables atteintes racistes ».
La « Toussaint blanche », pourrait apparaître comme le récit romancé des craintes du Front National et pousse la vision à son terme ultime : le démembrement et la dissolution d’une France «ethniquement pure, et de ses valeurs, au profit d’un « Universalisme » menteur. Le récit, enlevé et intéressant au plan sociologique est hélas ! desservi, à certains endroits, par un style approximatif et fautif. Roman à comparer à l’oeuvre de René Sédillot : « la France de Babel-Welche ».
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L'annee Du Grand Fiasco - Par BenF
Potiphar Breen est un statisticien émérite. Il n’est pas étonné lorsque, à l’arrêt d’un bus, il aperçoit Meade, une jeune fille, en train de se déshabiller. Elle est l’une de celles qui se livrent sans raison apparente à cette activité. Et, comme telle, elle s’inscrit dans ses prévisions mathématiques. Tout en la prenant sous sa protection, puis en lui témoignant son affection, il lui explique la puissance des mathématiques matricielles.
Selon lui, toutes les courbes concordent : les événements les plus divers, les plus imprévus, se réunissent en faisceaux pour tendre vers la même direction ; elles convergent en un point ultime, vers une date précise où se produira le "grand fiasco", c’est à dire un événement mondial d’une grande gravité. Les variables de toute nature, tremblements de terre, émeutes, guerres civiles, menaces de toutes sortes et même des événements insignifiants ou aberrants, comme ce qui est arrivé à la jeune Meade, prennent place dans le prévisionnel de Breen.
Potiphar, en compagnie de Meade qu’il a réussi à convaincre, liquide ses avoirs, prépare sa voiture et quitte une ville qu’il sait menacée. Il a même déterminé son itinéraire en fonction des courbes d’encombrement des routes. Ils arrivent juste à temps assez loin pour ne pas ressentir les effets de la première bombe thermonucléaire qui éclate sur la ville de San-Fransisco :
"Ils allaient remonter en voiture quand quelque chose comme un lever de soleil s’annonça soudain vers le sud. Une lumière rosée se diffusa presqu’instantanément, elle emplit le ciel puis disparut. A l’endroit où elle était apparue montait un nuage en forme de colonne, d’un rouge violacé, qui s’étalait en un champignon au sommet. Breen le regardait comme hypnotisé, puis il jeta un coup d’oeil à sa montre et dit d’une voix rauque: " En voiture ". -Potty c’est... c’est...
- C’est... c’était Los Angeles. En voiture ".
Ils s’établissent dans un petit refuge, en pleine montagne. Hélas!, les prévisions ne s’arrêtent pas là. Les courbes grimpent encore et traduisent cette fois-ci un déséquilibre cosmique. Meade et Potiphar se rendent compte que l’activité solaire est instable. Les taches solaires augmentent, visibles à l’oeil nu. Il ne leur reste plus qu’à s’installer confortablement pour assister à la fin du monde:
" - Assieds-toi et nous le regarderons." Elle s’assit à côté de lui et il lui prit la main. "Tu vois cette tache sur le soleil? Tu peux la voir à l’oeil nu ? " Elle ouvrit de grands yeux. " Ca, une tache solaire? On dirait que quelqu’un a mordu dedans. Il plissa les yeux pour l’observer à nouveau. Bonté divine, il avait bien l’impression qu’elle avait grossi... Meade eut un frisson. " J’ai froid. Mets ton bras sur mes épaules. "
Il obéit et lui reprit la main . Oui, elle était nettement plus grosse. Il la voyait grossir. Qu’y avait-il de bon dans la race humaine? Des singes, pensa-t-il, avec leur petit coin de poésie au coeur, qui s’agglutinent sur une planète de deuxième grandeur dont ils gaspillent les ressources, près d’une étoile de troisième grandeur.
Elle se blottit contre lui. " Réchauffe-moi ". - Il fera bientôt beaucoup plus chaud. Je veux dire, je vais te réchauffer.
-Cher Potty! " Elle leva les yeux. " Potty, ce coucher de soleil est soudain très bizarre " -Non, chérie, c’est le soleil lui-même -J’ai peur. -Je suis là , mon petit "
Il jeta un coup d’oeil à la revue qui était encore ouverte à côté de lui. Inutile d’additionner deux chiffres et de diviser par deux pour connaître le résultat. Alors, il lui serra passionnément la main, car il savait bien, avec un chagrin soudain et écrasant que c’était la...FIN "
Une nouvelle classique, non tant par le traitement des conditions par lesquelles se traduit la fin du monde (bombe thermonucléaire, instabilité solaire...) que par le style enjoué et ludique qui conditionne ce traitement.
L’idée originale, qui apparaît comme un aboutissement à la théorie du chaos, est que la fin du monde peut se prévoir grâce à l’outil statistique. Les courbes des événements les plus insignifiants, à condition qu’ils traduisent la totalité de la vie, dégagent un sens nouveau plus important que la somme de leurs parties.
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«Et la Terre, inexorablement, se refroidissait toujours..»
Cette petite phrase scande constamment ce court texte comme la mélopée d’un chant funèbre. La Terre se refroidissait sans qu’on en connaisse les raisons. Année après année, hiver après hiver, le froid devenait plus intense, avec ses glaciers, son gel, ses bises continuelles. Les humains, qui se défendent pied à pied contre l’adversaire impitoyable, sont contraints d’abandonner le terrain.
La France glacée, la Manche gelée, les villes mortes recouvertes par la banquise, le manque d’aliments, tout force les peuples à se diriger vers le Sud là où ils croient encore trouver de meilleures conditions d’existence.
Mais le refroidissement est vraiment universel. Ni en Amérique, où l’on creuse profondément pour rechercher du charbon, ni en Europe, où l’on brûle toute la couverture végétale, rien ne peut enrayer le froid. Les hommes meurent en masse, les frontières se modifient, les Etats disparaissent, la Méditerranée se réduit à un chaos de séracs glacés. Le globe étant à présent quasi pétrifié dans la glace, voici que meurt en Afrique le dernier représentant d’Homo Sapiens, héritier de millénaires de civilisation. C’est la fin !
Et pourtant… pourtant ce n’était rien de plus qu’un mauvais rêve qu’a fait notre ami Jean en ce terrible hiver de 1944, une façon de relativiser le malheur !
Une petite nouvelle bien ciselée, décrivant les effets d’une glaciation générale, elle-même métaphore de la mort, gâchée, hélas ! par la chute stéréotypée , si fréquente dans cette sorte d’écrit.
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Tout A La Main - Par BenF
Andrevon-le-narrateur , installé dans sa propriété du Mont (une ferme), munis de quelques conséquents packs de bière, de nourriture, et avec pour seul ami son chat Lascard, survit (provisoirement) à la fin du monde. Le grand jour, qu’il a daté du sept septembre, a gommé toute l’humanité (peut-être) de la surface de la terre. Epargné par hasard, subissant le syndrome de Malevil, il assiste, stupéfait, à la montée d’un fleuve de boue brûlante (du magma ?) qui recouvre progressivement les vallées environnantes, ne délaissant que son seul promontoire. Une lumière grise et fixe baigne le paysage.
En attendant de mourir de faim, ou grillé, ou noyé, Andrevon-le-narrateur se livre à une mise sur papier de ses fantasmes les plus intimes, récapitulant toutes les femmes qu’il a connues, de Claude à Mahi-Thé, de Colette à Marie-Angèle. Il nous décrit ses préférences en matière de sexualité, son attirance obsessionnelle pour les poils et le cunnilingus, son goût de la masturbation (bien obligé, heureusement qu’il aime ça !), son rejet de l’homosexualité :
« Je peux, vraiment ? » Pour toute réponse, j’écarte largement drap et couvre-lit, masquant mon érection dans l’angle relevé de mes cuisses. Je bande à en avoir mal. Elle se glisse près de moi, le bruit de son corps qui froisse les draps m’assourdit les tympans. Son odeur monte de plusieurs crans, elle m’envahit par tous les pores, sa sueur, le musc de son sexe pas lavé depuis longtemps, ses relents fauves. »
Détaillant les péripéties d’un écrivain (fictif) de science-fiction, spécialiste en fins du monde et en matière de femmes, il explore minutieusement les aléas amoureux et parfois professionnels d’un homme aux alentours de la cinquantaine:
« Tant de choses qui sont parties en fumée, qui se sont dissoutes sans que je m’en rende compte ou qui se sont brutalement brisées dans mes doigts en m’entaillant le cuir. Tant de choses, tant de gens. Cette sorte de gens : les femmes, que j’ai aimées, ou au moins désirées, et va tracer la frontière ! Celles qui vous échappent. De toute façon, celles qu’on regrette le plus, ce ne sont ni celles qu’on n’a pas eues ni celles qu’on a eues complètement. Ce sont celles qu’on n’a pas eues assez. Celles qui se sont échappées en cours de route, en plein milieu du chemin qu’on croyait pouvoir suivre encore un bout de temps. Françoise, Josy, Mariangela. Celles qui vous lâchent au milieu du gué. Tu connais cette réflexion de Jacques Sternberg : on annonce toujours le décès des hommes célèbres mais jamais leur naissance. L’amour, c’est l’inverse. Tu sais la première fois que tu fais l’amour avec une fille, tu ne sais jamais quand c’est la dernière. »
Jouant constamment avec le code romanesque, introduisant son jeu (son je ?) dans tous les domaines, il se rappelle son passé en un dernier effort d’écriture, sorte de carnet intime de plus de deux cents pages qu’il brûlera à la fin, seul de son espèce, Lascard même ayant disparu dans la quatrième dimension du néant, assuré que personne n’aura à lire ces pages (nous comptons pour du beurre) puisqu’elles ne seront jamais publiées, les éditeurs étant sous la boue, et que rien ne vaudra jamais la vie, surtout pas un roman:
« Combien de temps que j’écris, que je range, que je classe, que je colle ? Cinq, six, sept semaines ? Ca fait beaucoup de toute façon. Et rien ne change. Ni la température, ni la lumière sans lumière. Le temps ne change pas. Le temps s’est arrêté. Pourquoi je continuerais ? J’ai tout dit. Le cul, le cul, le cul. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à retenir dans une vie, quand on n’est pas Ghandi, Cousteau, Louis Lumière, Picasso, Pasteur, Pasqua, Pandraud, Hitler, ces gens-là?Rien d’autre que le cul. »
Les interférences entre la vie, les préférences de l’auteur et celles du narrateur sont étroites, mais constamment gauchies, déformées, fantasmées, et profitent du sentiment d’étrangeté que dégage le décor d’un paysage en perdition, alors que, dans le même élan, sont passés en revue les divers thèmes qui fondent le genre cataclysmique :
« Au moins je n’entendrai pas le cri de mort de la dernière baleine, du dernier éléphant, du dernier rhinocéros, du dernier tigre, du dernier kangourou. Je ne verrai pas la mer méditerranée terminer son agonie étouffée par les 12000 tonnes d’huile, les 60000 tonnes de détergents, les 10000 tonnes de mercure, les 2400 tonnes de chrome que nous y déversons chaque année. Je ne serai pas irradié par les 90000 m3 de déchets radioactifs que mon beau pays nucléaire aurait eus sur le dos en l’an 2000. Je ne verrai pas en l’an 2000 la couche d’ozone finir de se déchirer parce que des industriels de merde continuent de fabriquer et de vendre du fréon Je ne verrai pas en l’an 2000 nos dernières forêts se recroqueviller sous les pluies acides. Je n’aurai pas 63 ans en l’an 2000. Je ne verrai pas arriver lentement ce qui est arrivé en quelques secondes il y a deux mois, la mort de l’herbe et de l’air et de l’eau, la mort de la Terre, réfugié sur un dernier rivage, bonjour la science-fiction, bonjour le cinéma. (…) J’ai deux mois de bonus devant moi. Deux mois, en me masturbant deux fois par jour, ça fait cent vingt coups à tirer. Qui pourrait en dire autant ? »
Œuvre habile et à part dans la production de l’auteur (le vrai Andrevon). Tout à la fois témoignage d’une volonté de catharsis, d’une intention de faire le point arrivé au midi de sa vie, alors que la composante catastrophiste omniprésente est niée, et qui, obsessionnellement, gravite autour de la seule tension qui importe dans l’art et dans la vraie vie, soit la force du désir. Le roman, loin d’être l’œuvre d’un monomane sexuel, s’inscrit pleinement dans notre domaine.
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