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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Robert Duncan MILNE Parution: 1882
      1883 à San Fransisco. A l’occasion de l’arrivée d’une comète dans le système solaire, le docteur Akwright et le narrateur discutent de l’influence des astres vagabonds  surtout lorsqu’ils passent trop près du soleil. D’après le docteur, l’apport de masse généré par la comète pourrait avoir des conséquences dramatiques sur l’échauffement du soleil et, par conséquent, sur la température terrestre :
      « La lumière et la chaleur de notre astre seraient multipliées par cent, voire par mille, selon la nature de la collision. On peut imaginer une combustion si intense qu’elle évaporerait tous nos océans, en moins d’une minute, ou même volatiliserait la matière solide de notre planète en moins de temps que cela, comme une goutte de mercure dans une chambre à air chaud. »
      Cette conversation n’est pas innocente. Le Dr. Akwright, étant allé contrôler un ballon destiné à une ascension imminente dans les jardins de Woodward, aperçoit, de retour chez lui, une lueur immense et générale dans le ciel nocturne, identique à une aurore boréale. Les deux amis évoquent toutes les causes possibles de l’éclairement : un gigantesque incendie au Canada ou des villes ravagées par le feu. Mais la conclusion , beaucoup plus tragique, s’impose d’elle-même : c’est le soleil lui-même qui est cause de l’arc lumineux gigantesque, un signe avant-coureur de ce qui attend le continent américain dès le lever du jour. Vraisemblablement, les sinistres hypothèses liées à la comète se sont réalisées : la visiteuse a été absorbée par le soleil, dont elle a élevé la température, ce qui menace la terre. Des télégrammes de presse, en provenance du monde entier, corroborent les faits. Partout la chaleur progresse, partout des incendies font rage, partout les morts se comptent déjà par milliers :
      « LONDRES, 7h 45. Depuis cinq minutes, la chaleur du soleil est devenue intolérable. Les activités ont cessé. Des gens tombent raides morts dans la rue. Le thermomètre est passé de 11 à 45 degrés centigrades. La température monte encore. Un message de l’observatoire de Greenwich annonce… - La dépêche s’arrête brusquement à cet endroit, précisa le rédacteur. Et l’opérateur de New-York ajoute : - Message coupé. Rien de plus par le câble. Alerte extrême partout… »
      Akwright suppose que personne ne réchappera à l’enfer déclenchée par l’irruption de l’aube, lorsque le soleil frappera la terre en direct. Il suggère la seule possibilité pour lui et son ami, soit de prendre le ballon ascensionnel pour s’élever dans la haute atmosphère moins conductrice de chaleur et y survivre, peut-être.
      A la fin de la nuit, en ville, l’effroi est à son comble. Des milliers de gens ont quitté leur domicile , des alertes au feu éclatent partout, des magasins sont pillés, des gens sont rudoyés ou prient à même le trottoir. La température montant rapidement, les deux amis gagnent l’ère de lancement, lâchent les amarres et grimpent dans le ciel. Ils savent que leur vie ne tient qu’à un fil mais désirent, avant de mourir, satisfaire leur curiosité.
      Ils aperçoivent la cité, totalement paralysée. Quand l’aube commence à flamboyer violemment, la chaleur progresse encore, même dans les hauteurs. Transpirant abondamment, ils aperçoivent de petites silhouettes :
      « trapues et noiraudes, remuer, tomber, et rester étendues dans les rues. En bas du front de mer, les quais étaient constellés de corps nus ou quasi-nus, qui baignaient dans l’eau et restaient immergés, à l’exception de la tête, quoique celle-ci disparût sous la surface par de brefs intervalles. Des milliers de personnes occupaient ainsi cette position. Le spectacle aurait atteint le comble de l’absurde et du grotesque s’il n’avait pas été aussi terrible par son caractère lugubrement suggestif. »
      A sept heures du matin, la chaleur insoutenable les oblige à jeter du lest. Ils entrent dans une brume de chaleur épaisse due à l’évaporation des plans d’eau, ce qui les isole du monde. Akwright sait que ce n’est qu’un sursis, car la tranquillité n’est qu’apparente. Bientôt de gigantesques masses d’air se mettront en mouvement, les précipitant à terre. Personne sur terre ne réchappera à cette catastrophe généralisée.
      L’air chaud commence à se mouvoir et une terrible bourrasque déséquilibre brusquement le ballon. Au deuxième coup de boutoir, Akwright passe par-dessus bord, le ballon étant violemment entraîné vers le bas, hors de la brume. Le narrateur eut encore le privilège d’observer les effets de la catastrophe avant de mourir lui aussi :
      « Par les trouées mouvantes des nuages de vapeur qui obscurcissaient la scène, j’entrevis un spectacle qui m’emplit d’une indicible et indescriptible horreur. A l’ancien emplacement de la ville, on ne pouvait plus discerner ni rues ni immeubles. L’œil n’avait plus rien sur quoi s’attarder, si ce n’était des tas informes et irréguliers de scories vitrifiées et de cendres calcinées. Tout apparaissait, dans un mortel silence, aussi ravagé que la surface de la lune.(…) Ca et là, une lueur rouge sombre, d’aspect menaçant, prouvait que la lave en laquelle la ville avait été transformée était encore incandescente.. A l’Ouest, les dunes de sable brillaient comme des glaciers ou des miroirs ternis à travers les déchirures de la vapeur, et de longues masses informes – apparemment constituées de bois calciné - parsemaient la surface de la baie. »
      Une nouvelle méconnue que Marc Madouraud a eu raison d’exhumer. L’assise scientifique solide et rigoureuse souligne de manière permanente l’horreur d’une situation vécue au sein d’une catastrophe VRAIMENT universelle. Un beau texte se positionnant en plein dans notre thématique.


    2. Type: livre Thème: menaces végétales, la cité foudroyée Auteur: ARCADIUS Parution: 1961
      Mathias , le chef tout puissant, a crée une formidable organisation sur une île retirée où il met au point " la bombe verte ", un rayon capable d’endormir le monde entier en le plongeant en léthargie. Richard Sardain et Albane, la journaliste enlevée, se retrouvent au pouvoir de Mathias qui manipule leur inconscient durant leur sommeil. C’est Ming (comme chez Flash Gordon), autre scientifique prisonnier, qui, devenu fou, fera exploser la bombe verte, plongeant le monde entier dans le sommeil. Les seuls êtres réveillés au monde resteront le groupe des ravisseurs. Ceux-ci, sous la conduite de Mathias, fuient leur île et s’installent à Paris, une  ville qui semble tout droit issue du conte de la Belle au Bois dormant:
      "A la hauteur du pont d’léna, ils s’arrêtèrent devant un spectacle extraordinaire. Un car étranger de luxe était stationné devant le trottoir. Les touristes avaient été figés à l’instant même où ils sortaient à descendre. Dans le couloir, deux ou trois personnes s’apprêtaient à descendre. L’un d’eux, ayant perdu l’équilibre alors même qu’il sautait à terre, gisait sur la chaussée sous les roues du véhicule. Dans sa chute, son appareil photographique s’était ouvert et la pellicule se déroulait dans le ruisseau.
      Sur le trottoir, un jeune garçon offrait du feu à une femme ridiculement habillée d’une jaquette lie-de-vin. Le contenu d’un paquet de cigarettes jonchait le sol. La femme ne tenait plus rien entre ses doigts écartés. Plus loin, un vieil homme, vêtu à l’ancienne mode - chapeau melon et jaquette de soie noire semblait les regarder, méditatif, les jambes légèrement fléchies, les deux mains croisées sur le pommeau de sa canne. Richard s’approcha de lui on pouvait percevoir sa respiration lente. Mue par un réflexe irrépressible, Albane le secoua par l’épaule pour le réveiller. Le vieillard pivota sur lui-même et tomba, raide comme un mannequin, le nez contre le pavé. Son pince-nez se brisa et le chapeau melon alla rouler doucement jusqu’au milieu de la rue. "
      Ils déambulent dans les rues avec l’ivresse de la toute puissance. Quant à nos deux héros, enfin libres, ils se réfugient à Londres. Une conséquence inattendue de la Bombe verte est la prolifération extraordinaire de la végétation qui croît cent fois plus vite que la normale et encercle la totalité de la ville. Douée de mobilité, la végétation se montre très agressive envers l’homme :
      " La masse sombre d’une forêt avait envahi la rue, la cernant de tous côtés, menaçant les maisons de ses rameaux velus, de ses branches comme des reptiles, de ses lianes comme des tentacules. Elle attaquait la ville, bruissante comme une foule innombrable. Une herbe qui arrivait à mi-corps avait envahi les endroits non recouverts d’asphalte. Les arbres des avenues avaient crû de telle sorte que Konrad reconnaissait à peine le quartier. C’était devenu une féerie de cauchemar. Le toit d’une maison avait été embroché et soulevé par une branche. Des plantes grimpantes étaient montées à l’assaut des immeubles. Cette croissance accélérée, qui faisait palpiter cette végétation comme des plantes marines, minait les immeubles de minute en minute. Konrad vit la cariatide d’une maison voisine se détacher sous la poussée des bras innombrables et fouineurs du lierre. Elle hésita un instant,  puis basculant dans le vide, elle vint éclater contre le trottoir et la tête roula jusqu’à ses pieds dans un treillis d’algues qui jaillissait d’une bouche d’égout. "
      Le petit groupe humain resté à Paris décide de contre attaquer à l’aide du feu, en se frayant un chemin jusqu’à la tour Eiffel d’où ils pourront s’enfuir par la voie des airs. Pendant ce temps, Richard et Mathias mettent au point une formule pour se débarrasser de la végétation.
      Un roman acceptable pour l’époque dans le domaine français mais qui reprend tous les poncifs du thème. Pour du plus solide voir " les Triffides " de John Wyndham

    3. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Parution: 1992
      En 2300, la terre a été abandonnée par l’humanité. Les désastres écologiques se succédant, l’espèce humaine a été transférée sur un planète très lointaine dans le système de Castor et Pollux par l’intervention d’extraterrestres insectoïdes, les Arthroplanes, commandant des vaisseaux biologiques les « Anilvaisseaux », immenses organisme vivants de la grandeur d’une montagne au sein desquels les hommes, en vie suspendue (le Transommeil), lovés dans des « matrices biologiques », auront pu durer les siècles qu’exige une telle traversée :
      « Il fit quelques pas de plus, se retourna à nouveau pour la regarder. Mais elle était plus haute que les plus hauts gratte-ciels qu’il ait jamais vus et si large que son regard ne pouvait embrasser d’un seul coup son énorme masse. Elle scintillait dans le soleil, ce qui la faisait encore paraître plus grosse. Son corps était d’une blancheur plus claire que le blanc : irisée, et agitée d’un mouvement constant qui captait la lumière et la renvoyait en éclats. Elle était incroyablement compacte à un moment, et tout de suite après se transformait en frémissements de dentelles, de brocarts et de rideaux de perles ondulantes. (…) Elle rayonnait de solidité en même temps que de lumière, comme une montagne neigeuse dont on aurait coupé le sommet pour y attacher des myriades d’ailes »
      Sur Castor et Pollux domine la philosophie écologiste : tout doit être biodégradable et la compétition entre les espèces, bridée ou interdite. Les anciens Terriens survivants y forment une société dirigée par le « Conservatoire », un collectif gouvernemental agissant de concert avec les Arthroplanes, qui veille à l’éradication de tout déviant. En procédant à une mise entre parenthèse de la puberté, le Conservatoire permet à l’espèce humaine d’atteindre un âge avancé et de stabiliser son agressivité.
      Un organisme contestataire caché, « Terre Affirma » possède cependant la nostalgie des origines et désire rendre à l’homme sa patrie qui, selon ces opposants, doit depuis longtemps être débarrassé de toute nocivité. Pour en rassembler les preuves, et par chantage, ils subvertissent John, le commandant de l’Anilvaisseau « Evangeline »,  qui, en compagnie de son second Connie, une jeune femme issue d’un centre de réadaptation, et de l’Arthropode Tug, véritable chef de l’expédition, est sommé de rapporter des échantillons biologiques de la planète mère.
      Mais Terra Affirma se méfie aussi des gentils Arthroplanes, lesquels, sous les dehors d’une bienveillante fraternité,  désireraient euthanasier en douceur l’espèce humaine puisqu’ils redoutent la concurrence que les hommes pourraient leur opposer dans le domaine économique : les Aliens tiennent à garder la maîtrise de l’espace.
      John, le poète, et Connie , l’inadaptée, destinés à vivre des centaines d’années en sommeil, ont pour unique interlocuteur l’Arthroplane Tug. Celui-ci, enkysté au sein de la structure nerveuse  d’Evangeline tel un monstrueux parasite la dirige au moyen du principe récompense -punition. Il la nourrit en émotions dont elle est friande, ou, si elle ne répond pas au moindre de ses désirs, la torture,  en lui infligeant des douleurs atroces le long de son circuit nerveux. Manipulateur hors pair, Tug surveille aussi le comportement des deux humains, analysant constamment leurs rêves, les infléchissant s’il en était besoin, au sein du Transommeil.
      S’étant spécialisé  dans la compréhension de l’ancienne culture terrestre, il rassemble  - bien que cela fût interdit - tous les documents historiques pour les intégrer au stock culturel de son clan avant qu’ils ne soient irrémédiablement détruits. Il a même réussi à faire se joindre au voyage, constamment lové dans sa matrice et sans que sa présence ne soit connue du couple, un authentique Terrien des origines, Raef, atteint d’un cancer stabilisé et maintenu en stase :
      « Raef bougea légèrement dans sa matrice, un frisson saccadé en réponse à une légère stimulation électrique de ses muscles. Raef était dans le cycle tonique.(…) Le corps en somme, il devait être stimulé sans subir de vieillissement ni de stress. Le mouvement des yeux confirma que Raef était en train de rêver, que son esprit avait la possibilité d’être suffisamment stimulé pour éviter les dommages psychologiques provoqués par une trop longue période d’inaction. Depuis sa cellule, l’Arthroplane vérifia les points de pulsation réciproque qui lui permettaient de piloter la matrice de Raef. Tout allait bien. L’Evangeline contrôlait elle-même le cycle de rêves de Raef depuis toutes ces années, mais c’était un domaine qu’il continuait à piloter. »
      Pendant que John, préoccupé par sa mission, combat l’influence de Tug à chacun de ses réveils, Raef est en communication constante avec Evangeline par le biais de ses rêves. Il informe et éduque peu à peu cet être extraordinaire qu’est l’Anilvaisseau. Evangeline, dont l’intelligence supérieure avait été laissée en friche par Tug, comprend alors qu’elle et les siens sont les esclaves des Arthroplanes.
      L’empathie étant une nécessité vitale pour elle, elle crée un courant amical et amoureux avec Raef qui lui fournit les bases de la compréhension de l’univers.
      Arrivée en orbite autour de la terre, John et Connie, suite à une avarie simulée de la navette, touchent un sol dont ils ignorent tout. Evangeline, qui a réussi à contrer l’influence de Tug malgré la douleur que le parasite lui inflige régulièrement, entend soudainement l’appel d’un petit de sa race près de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Déposant Raef sur le sol terrestre, au grand dam de Tug impuissant et malade, elle s’envole vers ce qu’elle croit être un berceau de petits Anilvaisseaux.
      Pendant ce temps, John et Connie découvrent une terre dont tous les éléments –le vent, l’eau, le soleil, les animaux, etc.- leur paraissent étranges et hostiles. Insensiblement, ils se laisseront gagner par la beauté des lieux dont ils pressentent en faire partie :
      « L’océan.
      Complètement immobile, elle ne pouvait en détacher son regard. Il était aussi vaste que le ciel au-dessus de lui. Jusqu’aux limites mêmes de l’existence, inlassablement mouvant, bleu et salé. Des oiseaux blancs et gris glissaient dans le ciel en criant. John n’était qu’une minuscule silhouette, très loin sur la plage. La tache blanche de sa combinaison abandonnée était comme une gousse vide froissée sur la grève. Il se dirigeait vers elle en se faufilant entre d’énormes rochers. La chanson apaisante de l’océan peignait le monde de couleurs plus douces. Bleus sur bleus sur verts de l’eau mouvante ; »
      Ces derniers humains sont semblables à des gnomes, sortes de trolls déformés par l’ingestion des retardateurs physiologiques.  La crainte que leur avait inspiré Raef s’étant estompée, celui-ci leur explique leur véritable nature et le rôle néfaste joué par les Arthroplanes dans le destin terrestre. Entre temps, Evangéline découvre sur l’un des astéroïdes non pas un rejeton de sa race mais une arche, une « capsule-temps » lancée jadis par des Terriens au sommet de leur gloire, contenant des milliers d’échantillons biologiques, des embryons, des formes de vie mises ici en réserve dans l’attente d’un hypothétique retour de l’humanité en son bercail. Elle revient chercher John et Connie ainsi qu’un Raef à l’article de la mort, déjouant pour une dernière fois le machiavélisme du parasite logé en son organisme :
      « Silence implacable. Son deuxième segment était en train de tomber. Il considéra son corps rétréci avec résignation (…) Il rompit l’inutile contact ganglionnaire et tenta de ressaisir ce qui restait de lui.(…) Sans se préoccuper de sa souffrance, il se traîna jusqu’à la cicatrice nourricière et brancha son scolex. S’alimenter. Elle ne pouvait l’empêcher de s’alimenter. Il ne savait pas très bien cependant comment son corps mutilé allait digérer les nutriments. Mais même s’il n’y avait qu’une petite partie qui atteignait son organisme, cela augmenterait forcément ses misérables forces. Se nourrir et prévoir un plan. C’était tout ce qui lui restait. »
      Les quatre amis se donneront pour but de réensemencer la terre et de libérer les sœurs-esclaves d’Evangeline.
      Une œuvre originale et forte d’une grande complexité, creusant, autour des problèmes d’ordre écologiques, les rapports de la poésie et de la littérature ou ceux des différents types de pouvoir.

    4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Arthur TOGAB Parution: 1911
      Un jeune couple, dans une maison qui respire le bonheur, située près de Fos sur mer, dans le sud de la France. Elle, avec amour et tendresse, élève ses deux petites filles jumelles , et un nourrisson. Lui, investi de son devoir paternel, veille jalousement sur leur bien-être Or, ce soir-là, et bien que l’on soit proche du printemps, un froid terrible, intense, les réveille. Les enfants pleurent de froid.
      Avec un violent effort sur lui-même, le père sort de son lit et constate de signes inquiétants : le thermomètre – qui descend normalement à moins trente degrés- a volé en éclats, l’eau, dans les verres, s’est transformée en bloc de glace. Le froid est si intense que le père se résigne à sortir de la maison pour rapporter quelques bûches. En poussant les persiennes, le métal des fenêtres est si glacé que sa peau y reste accrochée. Dehors, c’est toujours la nuit noire, mortelle. Il ne reconnaît pas les constellations familières du ciel. Au contraire, des constellations nouvelles, étrangères, luisent d’une manière sinistre :
      « Sous une dense grappe d’astres auquel nul n’eût été capable d’attribuer un nom, planait un météore composé de six petits disques symétriques, piqués à égale distance d’un globe dont le cercle d’illumination paraissait égaler l’orbe que naguère nous désignions poétiquement sous le nom de Séléné. Ce foyer central épandait des ondes lumineuses changeantes, tantôt pourpres, tantôt opalines. Sa zone équatoriale était rayée d’un anneau présentant quelque analogie avec celui de saturne captif au réticule d’un puissant cristal. Des petits disques qui lui servaient en quelque sorte de pignons, les uns étaient verdâtres et marbrés de facules blanches, les autres roses. A vue d’œil le diamètre de ces satellites étaient inférieur d’un quart à celui du corps dont ils recevaient l’impulsion(…) Au zénith resplendissait, clef de voûte fascinatrice, une constellation hélicoïdale dont chaque unité – j’en comptais seize- dépassait en éclat Sirius. Dans la portion du firmament d’où, jusqu’à ce jour émanait la vie, persistaient des ténèbres de caverne(…)« des six disques que j’étais certain d’avoir comptés, quelques minutes avant, quatre avaient tout à coup volé en morceaux, de telle sorte que le globe, pistil de cette extraordinaire fleur astrale, entraînait maintenant, en guise d’étamines, une multitude de corpuscules. La coloration des satellites rompus s’était également modifiée et, du vert et du rose, avait passé au rouge, - pas le rouge aveuglant des métaux prêts à fuir dans un moule, mais celui plus sobre, comme pailleté d’or, des jeunes feuilles de nénuphar lorsque, avril jasant, elles essaiment sous l’instable miroir de l’eau. Les deux astéroïdes subsistants n’avaient rien perdu de leur aspect primitif ; mais tout portait à croire que, sous peu, ils allaient subir une dissociation analogue à celle de leurs congénères. En effet, le phénomène se produisit avec accompagnement d’auréoles orange, une dispersion d’éventails paraboliques argentés. »
      Il ne s’attarde pas au-dehors car il sait qu’il ne peut résister au froid. La flambée épuisée, le jour tarde à se lever. Le froid ne diminuant pas, à l’intérieur de la maison, il faut se préparer à subsister. C’est pourquoi, pour que Julienne son épouse, Marguerite et Renée, les deux jumelles, puissent être mises hors de danger et chaudement vêtu, le père se décide à ressortir pour aller au centre du village. Partout règne la même sinistre ambiance, comme si quelque cataclysme cosmique s’était déclenché. Tout semble paralysé et ce ne sont pas les paroles de M. Mamert, le receveur des postes, qui le calmeront. Celui-ci prétend que, quelque part, les pôles de la terre ont dû se déplacer :
      «Les rares télégrammes que j’ai reçus de Paris, à l’ouverture, et qui tous avaient trait à cette perturbation effroyable, signalaient des points les plus divers de la planète, des résultats identiques : « Déconcertantes dépressions du baromètre…, affolement de l’aiguille aimantée ; l’orient reste inactif. » Chacun se perd au champ sans bornes des conjectures ; les célébrités astronomiques sont à quin. C’est par milliers que l’on compte les cas de décès subits attribuables à ce maudit abaissement de température. A la suite d’une secousse comme jamais encore n’en a enregistré mémoire d’homme, le globe terrestre a dû subir un formidable déplacement…Déplacement des pôles…
      -Erreur, cher monsieur Mamert. Dans ce cas, en effet, nous continuerions à bénéficier, de près ou de loin, à l’influence souveraine du soleil. Tout porte à croire qu’il s’est plutôt produit une soudaine déroute dans le sens de notre orbite. »
      Heureusement, le jour pointe, avec la lumière et la chaleur, faisant craquer la glace de la rivière gelée. Mais là encore, c’est un faux espoir. En lieu et place d’un chaud soleil, une nappe de feu se lève à l’horizon. L’éclat en est intolérable et la petite famille sait maintenant que la terre, proche d’un soleil inconnu, s’achemine vers sa totale destruction :
      « Le limbe de l’astre venait d’émerger des imprécises vagues du brouillard. Il n’avait pas sa douceur habituelle , le premier rayon matinal ; tel un jet de lave épandu d’une secousse, il térébrait pour ainsi dire, chacun des corps sur lesquels bondissait sa lumière aveuglante ; il n’était plus nourricier, mais consomptif ; plus accompagné d’ombres lavées d’or et de lapis, mais d’un extraordinaire flux de couleur analogue à celle que prend l’onde sous le brusque écrasement des myriades de murex (…) Machinalement j’avais ramené l’une des persiennes pour mettre, entre cet astre horrible et nous, une sorte de bouclier. Lui, surgissait avec une implacable furie, aspirant la mer, faisant crépiter l’herbe et la pierre, fendant le sol, accueilli, de tous côtés, par des hurlements.(…) La chaleur devenait insoutenable. Devant nous, les persiennes, comme sous la fièvre de mille cisailles, éclataient. La maison se transformait en fournaise. Au-dehors, le cataclysme se déchaînait dans toute son horreur.
      « Julienne, oh ! que tu dois souffrir ! »
      Pas de réponse, mais ses yeux, toujours ouverts sur les miens, avaient pris une fixité terrifiante. Les plaintes des fillettes avaient cessé. »
      Une nouvelle d’un auteur parfaitement inconnu, à l’inventivité formelle extraordinaire, desservie par une volonté systématique de « faire du littéraire ». Gageons que le style amphigourique et précieux, un vocabulaire incompréhensible pour le lecteur d’aujourd’hui (quelques exemples:muges–adamantin-banne-honde-margolins-falourdes-jonchots–estagnon  de luciline – guillochis-zinzoline…) ne rendront pas cette œuvre pérenne..



    5. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races Auteur: Capitaine RICARDO Parution: 1950
      N° 154 : La Montagne noire
      savants fous et Maîtres du monde
      Victor Vincent, Jim Morisson, Jenny Favrel et Epervier Volant se voient confier une nouvelle mission par le chef de l’I.S. Un bombardier volant qui devait relier l’Inde à l’Angleterre a disparu soudainement au-dessus de l’Himalaya, ainsi qu’un B.23 venu à sa rescousse. On compte donc sur le petit groupe pour éclaircir le mystère. Sur place, dans leurs « hurricanes », ils repèrent les débris d’un appareil reposant sur le sol d’une haute vallée. Jenny, après avoir atterri, est capturée par des «diables jaunes» puis libérée , la nuit, par Epervier Volant, appuyé par ses amis bombardant le pont suspendu par où les ravisseurs allaient disparaître.
      Le journal de bord de l’avion accidenté leur révèle l’existence d’une «Montagne noire», plus haute que l’Everest, que nos amis s’empressent de découvrir. La fantastique construction artificielle repérée, ils y atterrissent «oubliant» le déficit d’oxygène à cette hauteur. Soudain, un magnétisme puissant les attire dans un tunnel où leur apparaît Fu-Mandchou (encore lui !), le Maître du monde. L’abominable Chinois leur explique patiemment dans l’ascenseur qui les entraîne dans les tréfonds de la terre où, sous l’immense barrière himalayenne, se cache la cité  diabolique Jaune qui s’y prépare à conquérir le monde :
      « Il montra un étrange appareil posé sur le sol et continua :
      -Voici la détente de la bombe. Elle est inoffensive sans elle. Le jour où ce sera nécessaire, je visserai cette détente dans la culasse. Dès ce moment, des décompositions chimiques mettront la bombe en mouvement.  Elle se vrillera vers le centre de la terre où la chaleur du feu éternel la fera éclater et notre globe s’éparpillera dans l’espace en une infinité de grains de poussière… »
      Il leur apprend aussi que l’équipage du B.23 est vivant mais prisonnier et qu’ils rejoindront bientôt les captifs car lui, Fu-Mandchou, a de vastes projets pour eux. Une ultime tentative de révolte sera vite matée. Qu’arrivera-t-il à nos amis ?
      Le capitaine Ricardo (!) signe là encore un de ses innombrables  (mauvais) récits composés à l’emporte-pièce, dans lequel le texte est irrémédiablement gâché par l’américanomanie de son auteur. Pas une ligne sans : « O.K.», « Go, Mates », « avec les engines », « By Jove », «the Devil », etc. et avec, de-ci, de-là, des annotations racistes : « ces Jaunes sont des ânes », des « diables », etc.
      N° 416 : la Terre gronde
      menaces et guerres nucléaires
      Les quatre héros prennent en charge un nouvel « engine » révolutionnaire qui les fera se déplacer à une vitesse supersonique. Décidés d’aller voir ce qui se passe du côté de New York, ils suivent leur boussole devenue folle et atterrissent à Mexico. Le « vrai Nord » a disparu et un «faux Nord » leur a indiqué une mauvaise direction. Morrison corrigera le coup mais se perd en conjectures sur l’origine de la perturbation. Reprenant sa route vers la Californie, le moteur qui les y propulse cale et les fait atterrir d’urgence dans la Vallée de la Mort. Très vite, un cavalier solitaire (qui n’est pas Zorro !) leur explique tout. Lui, contrairement aux apparences, n’est pas un cow-boy mais le professeur Dale, concepteur d’une usine à fabriquer des bombes atomiques dont le plan lui a été dérobé par son adjoint et remis entre les mains d’un nazi revanchard, Ernst von Hauser, lequel rêve d’une vengeance éclatante . Hell ! By June !
      Avec des repris de justice en goguette, von Hauser a fait édifier cette usine en plein désert, dont le fonctionnement journalier fausse les boussoles en créant un « faux Nord » et fait caler les moteurs d’avion. Mais seulement de jour, car la nuit, comme tout le monde dort, la machinerie s’arrête.. Avec Dale pour guide, Morrison et cie s’introduisent dans la place, détraquent le fonctionnement de l’usine, programmant l’éclatement de quelques bombes atomiques,  et se sauvent dans leur avion super-puissant. L’explosion qui suit n’est pas anecdotique puisqu’elle dégage une radioactivité sur la région pour au moins six mois ( !) et fait trembler la terre alentour (d’où le titre de l’épisode). Evidemment , von Hauser y a laissé sa peau : il ne manquerait plus que les nazis gouvernent le monde !
      Encore un épisode brillamment conçu et rédigé par le Capitaine Ricardo.



    6. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Richard MATHESON Parution: 1992
      Des signaux lumineux autour de la lune attirent l’attention d’un écrivain de science-fiction en mal de copie. En exhumant des documents écrits par lui jadis, il se rend soudainement compte que ces événements contemporains coïncident parfaitement avec le scénario qu’il avait  élaboré, à savoir que des Martiens rassembleraient leurs troupes d’assaut dans la banlieue lunaire avant d’attaquer et de détruire la terre. Quand la fiction rejoint la réalité, à quoi bon encore écrire ?

    7. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: Ward MOORE Parution: 1947
      Se pourrait-il que l’humanité disparaisse un jour, envahie, déborée, étouffée par l’herbe? Cette question peut paraître bouffonne, car on a du mal à imaginer qu’une plante aussi simple et commune puisse venir à bout de l’espèce humaine. Pourtant l’invasion lente, implacable de l’océan de verdure grignote lentement la place dévolue à l’être humain. Celui-ci poursuit malgré tout sa vie quotidienne faite toute de mesquineries, de soif du pouvoir, de jalousies, d’inconscience devant le péril,  de divisions...
      Tout commence par la découverte inoffensive d’un engrais, le "Métamorphosant". En dehors de l’herbe, véritable personnage du récit, le premier rôle est assumé par Albert Weener, représentant plus ou moins raté qui utilise le Métamorphosant au "Cynodon Dactylon" dont il fait sans le vouloir l’ennemi invincible de l’humanité.
      A partir de là, la vie de Weener est indissolublement liée à l’herbe. Elle fait de lui un journaliste médiocre mais célèbre puis, par le jeu des actions de la Consolidated Pemmican, l’homme le plus riche du monde.  Autour de Weener, gravitent une série de personnages plus ou moins falots, plus ou moins mégalomanes, comme un rédacteur en chef au nom inénarrable de W.R. l’Effacasé, bourru et efficace, et dont le rêve est de se retirer pour lire en paix les oeuvres de Thomas Hobbes.
      Le début de la catastrophe est comique avec les démêlés de Mrs Dinkmann et de sa pelouse où tondeuse, faux, feu, pétrole, dynamite, chars d’assaut se cassent successivement les dents. Cela ne vaut guère plus qu’un article dans la feuille de choux de l’Effacasé. Rapidement, le sourire se fige devant l’invulnérabilité de l’herbe qui envahit la ville, la recouvre jusqu’au dessus des immeubles et semble envoûter certains humains qui s’enfoncent en son sein pour se fondre en elle. Une fois de plus les hommes ont sous-estimé le péril en continuant de mener leur petite vie tranquille. La fortune de Weener se développe parallèlement à la progression de l’herbe comme si le destin voulait laisser face à face l’homme le plus puissant et l’herbe. Certes, il y a des répits, comme celui apporté par le sel qui semble pour un temps pouvoir stopper la progression de la marée verte. Mais ce n’est qu’un répit. Et pour comble de malheur et de dérision, voilà l’URSS, qui profitant de l’affaiblissement des Etats-Unis, tente d’envahir le continent nord-américain.
      Heureusement l’herbe sauve le pays,  momentanément. Elle reprend aussitôt sa marche triomphale, anéantissant la civilisation, faisant sauter les contraintes sociales, les tabous, au point que «tant de gens accomplissaient des actes illégaux pour trouver un appui dans les prisons que l’on finit par ne plus retenir que les meurtriers et les assassins», le plus souvent "exécutés le soir même" pour libérer les cellules. L’herbe devient même une nouvelle religion dont le proète frère Paul proclame: " Donnez votre âme au Christ et votre corps à l’Herbe ".
      A mesure que l’espace dominé par l’homme se rétrécit, l’action s’acélère, devient haletante, le récit se simplifie. Dernier rempart d’une humanité condamnée, l’Angleterre tombe à son tour. Il ne reste plus qu’une sorte d’arche de Noé moderne, avec à son bord Weener qui continue sa lutte contre l’Herbe, quelques savants et cinquante jeunes femmes (il faudra bien repeupler):
      " Je me suis attardé longuement devant la porte de la cabine-laboratoire, à écouter les rires, les hurrahs, les exclamations de triomphe... qui, j’en suis persuadé, annonçaient un indéniable succès. Mais... L’Herbe a trouvé un nouveau joint entre les lattes du pont. "
      «Encore un peu de verdure» est l’un de ces rares romans mettant en scène un dérèglement de la végétation. Ici, point d’effets spectaculaires dans la description de la catastrophe ni de descriptions dramatiques comme dans "le Nuage pourpre" ou "le Marteau de Vulcain". C’est l’horreur au quotidien par l’étouffement et la prolifération. Annonçant le roman écologique ("le Troupeau aveugle", "la Fin du rêve "), le récit de Moore est l’un des  premiers à se poser la question de l’interdépendance des écosystèmes.

    8. Type: livre Thème: l’air empoisonné Auteur: M.P. SHIEL Parution: 1901
      Adam Jefferson revient d’un voyage au pôle où il été épargné par la mort qui a frappé l’humanité entière sous la forme d’un immense nuage d’acide hydrocyanique en provenance d’une éruption volcanique (le livre a été édité en 1901 et le désastre du Krakatoa est encore présent dans les mémoires). Il redescend vers le sud en un long périple où la description des cadavres en petits paquets ou en masse attire le romancier par un voyeurisme teinté de sadisme, sur plus de cent cinquante pages:
      " Dans les chambres et les escaliers de toutes les maisons, les morts étaient empilés les uns sur les autres et je ne pouvais pas faire trois pas dans les rues sans être obligé d’enjamber des cadavres. J’allai à la prison du Comté. D’après ce que j’avais lu on avait relâché les prisonniers. Pourtant j’y trouvai autant de cadavres que partout ailleurs. Chaque cellule était occupée par au moins dix personnes; les corridors étaient jonchés de visages exsangues et de guenilles venues d’on ne sait quelle foire aux puces.
      Dans la cour centrale, c’était un entassement innommable, de chairs éclatées et de chiffons barbouillés de sang. C’était sans doute le résultat de l’explosion d’une chaudière. Près de la fabrique de biscuits, je vis un jeune aveugle enchaîné à un chien que l’ouragan avait projeté contre un mur et laissé là, dans une étrange posture, le bras bizarrement tendu au-dessus de l’animal, comme s’il avait voulu m’en faire cadeau. D’une façon générale, la plupart des cadavres que je rencontrai avaient été malmenés, déshabillés et défigurés par la tempête, comme si la Terre avait tenté, mais en vain, de nettoyer les rues.(...)  J’arrivai sous la verrière de la gare. Le silence de la nuit était total. Pas de lune, pas d’étoiles. Il était environ 11 heures. Je vis alors, que pour avancer, les trains avaient dû repousser des milliers de corps qui s’entassaient sur le ballast, mais ils avaient passé, tandis que moi je ne pouvais marcher sans piétiner les morts. Il y en avait partout, sur les toits des wagons, entre les wagons, sur les quais, écrasés contre les piliers, empilés dans des chariots.
      Dehors, il n’y avait pas un espace libre entre les milliers de véhicules. Les morts tapissaient littéralement le pavé de ce quartier de Londres. Et, là encore, l’odeur de pêcher qui - sauf sur un bateau - charnier - ne cessait d’embaumer le monde, se faisait sentir mais elle était maintenant dominée par une autre. Si l’âme des hommes, me disais-je, avait vomi au ciel cette odeur de chair que je ne connaissais que trop, rien d’étonnant que les choses soient dans cet état.
      (...) Je sortis de la gare en larmes, m’attendant presque à retrouver la rumeur de la rue, moi qui étais maintenant habitué à ce grand vide silencieux. Qu’allais-je faire? Mes anciennes terreurs m’envahirent . C’est dans un état d’esprit pitoyable que je reconnus la longue rue lugubre, sans lumières et sans son animation habituelle, telle une Babylone dévastée.
      Au lieu de l’ancienne rumeur, je n’entendais qu’un silence étourdissant qui montai jusqu’au ciel pour se mêler au silence des éternels luminaires qui brillent là-haut. Toutes le voitures que je voyais étaient inutilisables, tant elles étaient agglutinées les unes contre les autres, comme soudées en un seul bloc. Toutefois, près du Park, que j’atteignis en me glissant entre les roues et en avançant avec d’infinies précautions, je finis par trouver un coupé dont le réservoir était plein.. J’enlevai, non sans dégoût, les quatre corps qui l’occupaient, je m’installai au volant et mis le moteur en marche. En pétaradant à travers les rues dont je brisai le silence sépulcral, je poursuivis ma route vers l’est de la ville en écrasant une foule de cadavres. "
      En face de la ruine universelle, Adam Jefferson se pose le problème de sa propre survie. Certainement désigné par le destin (mais lequel?), lui seul demeurerait sur la terre (mais pourquoi?). En proie à un désespoir sans bornes, sa seule réaction sera destructrice. Afin d’imprimer "sa" marque à "son" monde, il voyage de continents en continents pour brûler, selon son bon plaisir, les villes encore debout:
      " Je revins à Vaucaire qu’un mois plus tard, laissant derrière moi des villes en ruine et des forêts en flammes. J’avais incendié Bordeaux, Livourne, Bergerac ".
      A Constantinople, l’incroyable se produisit : il rencontra une jeune fille épargnée par le fléau. Allait-il être le nouvel Adam et elle la nouvelle Eve? Hélas!, non. Jefferson est misogyne et jaloux de sa solitude ce qui n’est pas le meilleur départ pour une nombreuse descendance:
      " Quand je la quittais ce soir-là, elle essaya encore une fois de me suivre. Je cassai une branche de sassafras et je la cravachai à trois reprises jusqu’à ce qu’elle déguerpisse en pleurant. "
      Plutôt expéditif, Jefferson ne connaît pas les affres du désir. Cependant, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. L’auteur et son héros reviendront à de meilleurs sentiments et la femme, "une protégée" selon l’expression du romancier , aura malgré tout la possibilité de  s’unir à Jefferson. Le monde sera sauvé!
      Le roman de Shiel est significatif des débuts du genre. C’est l’un des tous premiers romans concernant l’empoisonnement de l’atmosphère. Ce thème aura une féconde pérennité, relancée par Camille Flammarion dans " la fin du monde " où c’est l’approche d’une comète (celle de Halley en 1902) qui déterminera l’empoisonnement du globe. Il sera suivi par la "Ceinture empoisonnée" de Conan Doyle, et d’autres récits comme "le Nuage vert" de Neil. Le romancier insiste sur l’ivresse immédiate du dernier homme livré à ses fantasmes, motif récurrent du genre. Chez lui la description monomaniaque des cadavres et de la décomposition, les sentiments misogynes forcenés prennent une ampleur rarement rencontrée dans d’autres récits.  Quoique contestable philosophiquement, Shiel fait oeuvre de précurseur et à ce titre mérite une place particulière dans l’histoire du roman cataclysmique.

    9. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: Luigi SAETTA Parution: 1946
      Le journaliste Etienne Mansart se promet de passer une bonne journée avec Nadine, sa collègue de travail du journal " Femina-Magazine", aux charmes de laquelle il n’est pas insensible. Un incident curieux émaille la projection du film " Napoléon " qu’ils sont allés voir : un spectateur se lève et tire sur l’écran prétextant qu’il était le seul et unique Napoléon existant. Nadine, troublée, quitte précipitamment Etienne. Le lendemain, il apprend avec stupeur par l’article de " Femina-Magazine " signé  Nadine que de nombreuses autres personnes se sont prises pour Napoléon. En arrivant à son journal, la confirmation lui en est donnée par son patron  lui-même gagné par une sorte de folie hallucinatoire qui s’imagine être la personne même de l’empereur.
      L’hallucination progresse, telle une vague de fond, et désorganise la vie publique. Seul Etienne est apparemment épargné par le fléau. Recherchant Nadine pour avoir une explication avec elle, il constate, en se rendant à son domicile,  qu’elle s’est fait enlever. Le mystère s’épaissit. Il sera convoqué à une réunion par le préfet  puisqu’il est l’un des premiers à avoir été en mis en présence de l’hallucination. Il y apprend que le contact avec le sud de la France est rompu. On ne sait pourquoi et rien n’y fait, ni les avions qu’on y envoie, ni les militaires dépêchés sur les lieux,  qui ne donnent plus signe de vie.Soupçonnant M. Leroy, un soi-disant représentant qui recherche Etienne, d’être l’instigateur d’une sorte de complot lié à l’hallucination, le jeune homme apprend que cet individu  est l’oncle de Nadine, désireux, tout comme Etienne, de faire toute la lumière sur l’enlèvement de sa nièce.
      La folie gagne Paris. Chaque citoyen étant convaincu d’être le seul Napoléon, des bagarres et des rixes éclatent, rendant la vie sociale précaire. L’anarchie s’installe au cœur de la cité :
      " Aussitôt, je comprends que l’inéluctable s’est produit. L’avenue ne présente pas plus d’animation qu’à l’ordinaire. Des gens errent sur les trottoirs, désoeuvrés. Plus désoeuvrés que de coutume, peut-être ? Je reconnais quelques ouvriers revêtus de leur costume de toile bleue, qui marchent très lentement, la tête droite, très raides. Des bourgeois en costume sombre font claquer les talons sur les trottoirs, et redressent leur courte taille, orgueilleusement Des sportifs, en culotte de golf agitent belliqueusement des raquettes de tennis…Malgré le froid, tout le monde circule à l’aventure, sans manteau, sans pardessus. Je m’avise alors que j’ai moi-même omis de me couvrir suffisamment. Je grelotte. Mais est-ce bien de froid ?… Ou d’épouvante ? Car tout ce monde somnolent, plongé dans quelque rêve halluciné, tout ce monde porte la main sous le gilet, sous le veston, dans cette pose popularisée par l’imagerie d’Epinal!… "
      Ne comprenant toujours pas pourquoi lui, Etienne, et maintenant Leroy, sont épargnés, le journaliste s’arrête à un indice : tous les Napoléon disent être décédés un cinq mai. Or, c’est une erreur. L’empereur est décédé un 7 mai. Lors de la réunion chez le Préfet, un savant, Sommerfeld, était le seul à avoir fait cette erreur. La seule explication rationnelle qui convienne est que le responsable de l’hallucination collective est Sommerfeld. Procédant par recoupements, Etienne apprend que Sommerfeld n’habite pas loin du cinéma où s’est déclenchée la première crise, ni loin du domicile de Nadine. En réalité, Sommerfeld, amoureux de Nadine, l’avait fait enlever par Alexis son valet, et grâce à un générateur d’ondes de son invention, avait plongé progressivement la France, puis les pays environnants dans l’hystérie la plus totale. Pour rien, parce que cela l’amusait follement.Sommerfeld est sur les traces d’Etienne qu’il sait être dangereux. Il le fait donc enlever à son tour, avec Leroy.
      L’oncle de Nadine, parvenant à se défaire de ses liens, fait sauter la machine,  tuant du même coup Sommerfeld et Alexis. Auprès de Nadine enfin sauvée, Etienne comprend qu’il doit son immunité à la jeune fille laquelle lui avait passé au doigt, ainsi qu’à son oncle, préalablement à l’aventure, un anneau métallique qui les protégeait des ondes néfastes, car elle connaissait l’invention de Sommerfeld. La diabolique machine détruite, les innombrables Napoléon abandonnent leur personnalité factice.
      Un petit roman, dans la veine populaire, jouant de la problématique du savant fou, et conté avec beaucoup de verve.

    10. Type: livre Thème: le dernier homme, guerre des sexes, matriarcat Auteur: Pia GUERRA et Brian K. VAUGHAN Parution: 1992
      Vol. 01 : le dernier homme, Sémic éd., 2004, 1 vol. broché, in-octavo, npag. (128 pl. couleurs) BD d’expression anglaise (USA)
      1 ère parution : 2002     titre original : the last man (réunissant les comics US1 à 5)
      Où l’on fait connaissance avec les principaux protagonistes, quelques heures avant le drame. Tout d’abord, le héros, Yorick, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui étudie la prestidigitation. Il sera le seul survivant humain mâle mais ne le sait pas encore. Il est amoureux d’Elizabeth qu’il pense épouser, actuellement en voyage en Australie. Il sera accompagné dans son périple par Esperluette, un macaque rhésus mâle, mis à sa disposition par des scientifiques de Boston en un but d’expérience.
      A Naplouse, se trouve le colonel Alter, une femme juive, très volontaire et traumatisée par la lutte contre les Palestiniens qui ont déjà tué ses parents. Elle se mettra à la poursuite de Yorick pour le récupérer. La mère de Yorick, à Washington, qui assume un rôle politique. Elle est sénatrice démocrate à la Maison Blanche, à la fois soulagée d’apprendre que son fils est en vie et préoccupée par l’enjeu qu’il incarnera. 355 est une jeune femme agent secret, légaliste et loyale à son pays, très efficace, dont la mission est de retrouver le Dr. Mann, responsable de la mise au jour du premier clone humain (et peut-être de la catastrophe).  Elle fournira aussi une protection à Yorick dans son périple à travers les USA sinistrés.
      Puis, à l’heure H, dans le monde entier, tous les mâles de toutes les espèces, y compris l’espèce humaine, meurent soudainement en crachant du sang, laissant les femmes seules sur cette terre. Sauf deux exceptions ; Yorick et Esperluette ! Tandis que certaines femmes tentent de réorganiser la société, jouant aux jeux de pouvoir coutumiers des hommes, Yorick erre dans les rues à visage caché. Se sachant l’objet de toutes les convoitises, il veut rejoindre l’Australie pour y retrouver sa fiancée, en un monde devenu terriblement hostile. 355, ayant protégé la future présidente des Etats Unis, la seule capable de reprendre en mains les rênes du pouvoir politique, se voit confirmer par celle-ci son rôle de tuteur à l’égard de Yorick et d’Esperluette. Sa première quête les amènera à Boston où sont censés se trouver le Dr. Mann et son laboratoire .De son côté, le colonel Alter, obéissant à un mystérieux coup de téléphone l’affranchissant sur l’existence et l’importance de Yorick, se met à leur poursuite. Quant au jeune homme, qui se demande ce qu’il est advenu de sa jeune sœur « Héro » (c’est son prénom), il affrontera un groupe de femmes en furie, « les Amazones », en un combat dont il sort vainqueur grâce à l’appui de 355.  Après avoir retrouvé le Dr. Mann dont le laboratoire avait été incendié, les deux femmes et Yorick, avec Esperluette perché sur son dos, prennent la direction de la Californie où subsisteraient encore des échantillons d’ADN susceptibles d’éradiquer le virus responsable du fléau.
      Vol. 02 : Un petit coin de paradis, Sémic éd.,2004, 1 vol. broché, in-octavo, npag. (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
      Pendant que Yorick monnaye leur passage vers l’Ouest à bord d’un  train, dans un wagon à bestiaux, les Amazones, menées par Victoria, une théoricienne du féminisme, ne désarment pas. En effet, la reine s’est prise d’affection pour Hero, une petite jeune, qu’elle presse de suivre la piste du dernier mâle de la planète, c’est-à-dire son frère. Dans leur train, les trois fugitifs attaquées par d’autres méchantes filles, seront éjectés du train et 355, blessée dans l’action, ne sera plus d’aucun secours. Yorick, à sa grande stupeur, se réveille entre les mains de Sonia, l’une des soixante quatre femmes du village de Marisville, échappées d’un pénitencier proche. Elles ont réorganisées leur vie là, dans cette région désertique de l’Ohio, loin du monde, pour y faire oublier leur condamnation et la survenue de Yorick et de ses deux amies bouleversent leur tranquillité. Néanmoins, galvanisées par Sonia qui est tombée amoureuse de Yorick, elles s’apprêtent à leur dire la vérité lorsque la survenue intempestive des Amazones change tous les plans.
      La confrontation entre Yorick et sa sœur Hero tourne au tragique à cause de Victoria qui veut à tout prix éliminer le jeune homme. Sonia tue Victoria, Hero tue Sonia, Yorick, sur le point de tuer Hero en est empêché par 355, qui calme tout le monde. Finalement, alors que Yorick, désespéré, reprend la route avec ses compagnes, les femmes de Marisville enferment le reste des Amazones dans leur ancien pénitencier. L’action est relancée cependant par Alea et ses femmes-soldates, lesquelles, en direction de l’Ohio par hélicoptère, selon les informations d’une mystérieuse informatrice, se mettent aussi à la recherche du dernier homme tandis qu’une stupéfiante nouvelle nous parvient : trois spacionautes russes en bonne santé, parmi lesquels une femme, s’apprêtent à atterrir sur la terre américaine.
      Vol. 03 : Un petit pas, Panini Comics, 2004, coll. «Vertigo», 1 vol. broché, in-octavo, n pag. (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
      1 ère parution : 2003
      Continuant leur avancée vers l'Ouest, à bord d'un train, 355 y fait la connaissance musclée d'une de ses consoeurs russe, Natalya Zamiatine. Après une franche explication sur  le toit d'un des wagons, il s'avère que Natalya a été envoyée de Russie pour réceptionner, elle aussi, le trio venu de l'espace. La capsule, qui aurait du atterrir dans les plaines russes, arrivera dans les plaines du Kansas par défaut, la Russie présentant de grandes zones irradiées.
      En attendant, la générale israélienne Alter , se déplaçant en hélicoptère, ne reste pas inerte avec ses soldates. Traquant elle aussi Yorick , la seule "usine à sperme" disponible, selon ses propres mots, elle a été mise sur sa piste par la propre mère du garçon qui, croyant en la loyauté des Israéliennes, leur a confirmé le point de rendez-vous grâce à un traqueur disposé dans le collier d'Esperluette. La ferme du Kansas, proche du point de chute de la navette, est en réalité une bio-base secrète tenue par deux jumelles , des médecins. Alter, déjà sur site, capture Yorick, désirant l'évacuer en hélicoptère. Au même moment, la capsule atterrit. 355 passe un marché avec Alter: pour Yorick, elle échangerait les deux astronautes mâles. Alter feint d'accepter car son seul désir est d'éliminer tous les autres protagonistes (surtout mâles) pour ne garder que le jeune garçon à sa disposition. Mais cela ne se passe pas comme prévu. La capsule prend feu. Les deux astronautes mâles sont carbonisés. Seule en réchappe la femme astronaute, sortie la première, étant donné qu'elle est enceinte. Elle sera aussitôt mise sous surveillance par les jumelles.
      Quant à Yorick, il ne se laissera pas mener comme un mouton à l'abattoir. Durant les tractations,  il assomme Alter tout en convainquant Saddie, l'adjointe de cette dernière de lui venir en aide. Celle-ci, convenant qu'Alter a dévié de sa mission, la neutralisera définitivement, libérera Yorick et prendra la direction des opérations militaires. Elle ne pourra toutefois empêcher l'action du groupe- commando dépêchée par Alter sur le terrain. Heureusement Natalya, avec ses aptitudes de sniper, les éliminera les unes après les autres. Au final, nos amis sont vainqueurs sur toute la ligne. Le périple vers le labo du Dr. Mann à San Francisco pourra continuer.
      Ailleurs, dans une autre localité située non loin de la ferme, un groupe de théâtre féminin joue une pièce de théâtre appelée "le dernier homme". Avant la représentation, elles ont la surprise de recueillir un petit singe, dont elles reconnaissent avec émotion le caractère mâle (car le virus avait atteint tous les mâles du règne animal). Il s'agit bien d'Esperluette et le lecteur se demande comment il a pu arriver en ce lieu. D'autre part, durant la pièce, l'on découvre une mystérieuse guerrière ninja qui surveille la scène... et Esperluette. Le spectacle, qui n'a pas le bonheur de plaire à une faction féministe et rétrograde de femmes menées par la maire de la petite bourgade, dégénère en pugilat général. C'est alors que trois formes voilées - Yorick, 355 et le Dr. Mann -interviennent armes au poing pour récupérer Esperluette. La chose faite, ils reprennent la route.
      Vol. 04 : Stop/Encore, Panini Comics, 2004, coll. «Vertigo», 1 vol. broché, in-octavo, npag. (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
      1 ère parution : 2004
      Esperluette, malade, a besoin de soins. A Allenspark dans le Colorado, 355 connaît une retraite sûre où elle pourra confier Yorick à une de ses collègues, 711, avant de repartir avec le Dr. Mann à la recherche d'antibiotiques pour le petit animal. Yorick reste donc seul en compagnie de 711, une charmante jeune femme, mais ce qu'il vivra sera plutôt inattendu. Ayant bu du thé drogué, le jeune homme à son réveil, pendu au plafond et saucissonné comme un jambon, découvre 711 habillée en maîtresse sado-masochiste, un fouet à la main. En suspension, celui-ci subira un traitement de choc, d'une violence extrême, l'obligeant à fouiller dans les profondeurs de son inconscient pour y faire émerger ses angoisses existentielles et notamment, pour s'avouer sa crainte des femmes, qui l'oblige constamment à adopter une attitude suicidaire envers elles. Proche de la noyade et de l'étranglement, sommé de dire toute l'attirance qu'il ressent envers sa tortionnaire, il subit un programme thérapeutique de choc mis au point au sein du Culper Ring dans le but de le débarrasser de ses fantasmes morbides, son existence étant bien trop précieuse pour l'avenir de l'espèce humaine.
      Lorsque ses deux compagnes reviennent, Yorick est différent, plus mûr, moins impulsif. Le trio repart à nouveau, laissant en arrière 711 dont on apprendra que le mari, agent secret lui aussi, avait été tué  en mission. Elle ne jouira pourtant pas longtemps de sa solitude. Elle sera achevée par un mystérieux trio d'agresseurs voilés, agentes d'un service secret concurrent. Sur la route de Queensbrock en Arizona,  ils feront la connaissance de P.J., une mécanicienne, maîtresse-femme, mais sympathique, qui les prévient que plus loin, la route est barrée par des camions disposés en travers de la chaussée. Les successeurs des "Fils de l'Arizona", les "Veuves Noires", un groupe de militantes d'extrême droite tiennent le pays. Elles se sont données pour mission de veiller sur un pays meurtri par les armes. La mère dirige d'une poigne de fer toutes ses filles, aussi fanatisées qu'elle.
      Le Dr. Mann, sans en faire part à quiconque, tente de négocier seule leur passage. Le seul résultat fut qu'elle se retrouva le visage tuméfiée à force d'avoir été battue et emprisonnée, en attendant de passer par les armes. Yorick restera avec la gentille P.J. pendant que 355 vole au secours de sa compagne. Malgré une résistance héroïque, elle sera elle aussi prise dans les filets des Veuves Noires. La mère-générale, voulant savoir de quoi il en retourne précisément, envoie une de ses filles sanguinaires vers le garage de P.J. où elle découvre Yorick et Esperluette. La confrontation tourne mal. P.J. sera tuéee et Yorick devra éliminer l'agresseur.
      A la base de Queensbrock les nouvelles ne sont pas meilleures. Attendant d'être exécutées toutes les deux , le Dr. Mann fait part à 355 de ses intentions, qui ne sont pas aussi sincères qu'elles le paraissaient. Au moment fatidique, seuls les réflexes foudroyants de l'agent 355 leur permettront de survivre. Les Veuves Noires seront toutes abattues, sans aucun remord. Alors que leur pérégrination se poursuit malgré tous ces contretemps, dans la bio-base du Texas où les deux jumelles veillent sur la rescapée du ciel, se profile une nouvelle menace: l'arrivée de Hero, la soeur de Yorick, qui traque son frère.
      Vol. 05 : Alliance contre nature, Panini Comics, 2007, coll. « Vertigo », 1 vol. broché, in-octavo, npag ; (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
      1 ère parution : 2004
      Ce cinquième épisode est tout en ruptures et reconnaissances, chaque personnage poursuivant le fil de sa destinée individuelle ou se rappelant son passé. Yorick, venu se recueillir dans une église désaffectée, fera la connaissance de Beth, une ancienne hôtesse de l'air à vocation religieuse. Ils se racontent leur malheurs, lui, qui vient de tuer une jeune fille, et Beth, responsable du crash de son avion. Ils se plaisent bien et font l'amour dans le cimetière attenant, interrompus pourtant par des amazones violemment anti-religieuses dont ils arrivent à se débarrasser avec difficulté.
      En Australie, la véritable Beth, fiancée de Yorick, vient d'être enlevée par des aborigènes femmes. Flash-back sur Hero, la soeur de Yorick, qui se rappelle son adolescence révoltée, comment, à la mort brutale de son fiancée, après une errance dans les rues, elle a intégré un groupe d'amazones, sous l'influence d'une figure terrifiante, Victoria, qui est devenue son mentor néfaste. S'étant libérée à grand peine, elle a entrepris un long périple pour retrouver son frère, le poursuivant d'étape en étape. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à chercher.
      Trois formes féminines voilées en veulent à 355. Ce sont elles qui ont tué 711. Elles font partie d'un groupe dissident du "Culper ring" et veulent récupérer à tout prix l'amulette que 355 a en sa possession. Après des rencontres musclées et des tractations, l'échange a lieu de nuit dans le stade de San Francisco, en présence de Hero. Celle-ci apprend à 355 la mort de son amie 711. Folle de rage, l'agente secrète liquide ses trois adversaires. Les deux femmes reviennent vers le laboratoire du Dr. Mann. Yorick, lui, est malade et soigné par le Dr. Mann, très inquiète, qui pense que le jeune homme, vu les symptômes qu'il présente, vient d'être atteint à son tour par le virus qui a éradiqué les mâles de la planète. Il n'en est rien, heureusement. Ayant ouvert une boîte de conserve avariée, il présente une contamination d'ordre botulinique. En lui prodiguant ses soins, le Dr. Mann fait tout à coup une découverte fondamentale: les anticorps qui ont protégé Yorick contre le virus proviendraient du singe Esperluette, plus exactement des excréments que ce dernier avait l'habitude de projeter un peu partout, et qui contiennent les éléments naturels d'une défense que le petit singe avait élaboré dans son corps. Un grand pas vient donc d'être fait,  même si l'on ne sait pas encore pourquoi ce singe-ci a pu évoluer de la sorte.
      La rencontre de Hero et de son frère sera orageuse, car le garçon pardonne difficilement à sa soeur ses agissements passés. C'est ce moment précis que choisira Toyota, la mystérieuse guerrière ninja, pour intervenir et enlever Esperluette. Elles sera poursuivie par 355, qui traque Toyota sur les toits glissants de pluie, et qui sera blessée dans l'action, alors que Hero, munie d'une éprouvette contenant de l'ADN du singe, prendra la route du Kansas pour apporter l'espoir d'une guérison à l'astronaute russe et à son bébé-bulle. Pour ce qui est de nos amis, il ne leur reste plus, s'ils veulent récupérer Esperluette, qu'à s'embarquer pour le Japon sur un bateau dont le port d'attache est Yokogata.
      Vol. 06 : Entre filles, Panini Comics, 2008, coll. « Vertigo », 1 vol. broché, in-octavo, npag ; (128 pl. couleurs). BD d’expression anglaise (USA)
      1 ère parution : 2004
      Embarqué sur la Baleine pour voguer vers le Japon, Yorick est découvert , caché dans une caisse, et amené avec  355 devant la capitaine. Après moult explications, celle-ci, sensible au charme du dernier homme, l'invite à passer la nuit dans sa cabine au grand déplaisir de 355, qui se consolera dans les bras du Dr. Mann. Après tout, une petite séquence homosexuelle , quoi de plus normal dans ce monde rempli de femmes.
      Une espionne à bord, qui a pour nom Rose, ayant neutralisé l'opératrice radio, communique les coordonnées du navire à un sous marin militaire en provenance d'Australie, et dont elle dépend. Cet engin a pour mission de traquer les pourvoyeurs de drogue à destination de l'Australie. Alors qu'un conseil de guerre débat de l'attitude à tenir en cas de conflit, le Dr. Mann rend visite à l'espionne emprisonnée, découverte durant sa mission, qui lui explique comment la drogue connaît une croissance exponentielle maintenant que  toutes les forces de police ont disparu et surtout que l'équipage de la Baleine  est fortement impliqué.
      A bord, l'ambiance se dégrade. Le sous-marin, à l'affût, décide d'expédier une torpille vers le navire. Alors que Yorick se trovue encore sous le charme de la femme-pirate, Rose, avec l'aide de 355 et du Dr. Mann réussit à se libérer. Le bateau, frappé de plein fouet, se couche sur la mer. A bord, c'est le sauve-qui-peut général, sauf la capitaine qui, selon la tradition, coulera à son poste. Le sous-marin faisant surface, récupère les naufragés,  et il faudra peu de temps à 355 pour convaincre la commandante du submersible, de sa bonne foi. Celle-ci, après un escale en Australie, se dit prête à rapatrier le petit groupe  jusque sur les côtes japonaises.
      En un autre lieu, à Tel-Aviv, Alter passe en jugement devant Saddie. Mais là encore, cela ne se passe pas comme prévu. Les geôlières, de mèche avec la criminelle, libèrent l'inculpée et tuent la juge. Enfin Beth , de son côté, vit un rêve qui la plonge au plus profond d'elle-même, au moment des jours heureux de sa rencontre avec Yorick et sa soeur Hero. Reprenant conscience, elle se voit au centre d'un cercle magique, attachée, nue et peinturlurée, prête à subir les incantations d'une sorcière aborigène.




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