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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Daniel PIRET Parution: 1975
      Sur une terre du futur, Seth, " l’homme vraiment né ", fuit la "Cité" pour rejoindre dans leur refuge secret ses derniers frères humains. Poursuivi par les Trann, il sera sauvé et emmené en lieu sûr. Gaella, une jeune fille de la tribu,  deviendra sa compagne et le présente à Vaken, le chef tribal. Celui-ci le reconnaît immédiatement pour l’envoyé, celui qui sauvera les derniers restes de l’espèce humaine de la griffe des Trann qui règnent sur la terre depuis plus de 4000 ans. Grâce aux machines sophistiquées laissées par les "Grands Anciens", Set apprendra qu’il est l’élu, l’incarnation des Anciens Am et Ima , qu’il fait partie d’un plan prévu de longue date consistant à éradiquer les Trann en utilisant les armes de ces ancêtres déposées dans le Tell de la Puissance.
      Les Trann sont des monstres sans âme, des termites géantes menées par la toute puissante reine Rachout qui attend, elle aussi, l’ultime moment de confrontation afin d’annihiler Seth, de récupérer pour son compte les armes et de procéder à la copulation avec son homologue extraterrestre, en vue d’instaurer sur terre le règne éternel des Trann. Ceux-ci se trouvaient présents sur la terre depuis longtemps de par leurs ancêtres, aujourd’hui dégénérés sous la forme d’innocentes colonies de termites mais qui, en des temps immémoriaux, avaient procédé à l’édification des grandes Pyramides, ainsi que d’autres monuments architecturaux encore lisibles dans le paysage terrestre. La confrontation entre l’Envoyé et la reine eut lieu, au détriment de celle-ci. C’est le moment qu’attendaient les humains, descendant des ancêtres de Seth qui avaient fui la terre sous la pression des Traan afin de fonder des colonies sur Mars et Vénus.
      Les termites géantes seront défaites lors d’une gigantesque bataille interplanétaire. Seth,  avec l’aide de ses cousins vénusiens et martiens accède à nouveau à la connaissance et avec lui refleurira l’espèce humaine sur une terre débarrassée de ses envahisseurs
      Un divertissement qui joue aussi bien sur la thématique des pulps que sur celle de l’archéologie parallèle, en proposant un personnage principal,  nouveau Moïse d’une humanité en quête d’elle-même.

    2. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, la cité foudroyée, Adam et Eve revisités Auteur: Jo WENCKER Parution: 1949
      Le jeune spéléologue Daniel Hérard (Dan) explore une grotte au-dessus des  vallées de Villejouve et de Brainville, avec des villages de haute montagne. Un tremblement de terre le surprend dans les grottes. Lorsqu’il lui arrive de revoir la lumière du jour, s’étend devant lui un champ de ruines et de terres vitrifiées. Il en déduit que, durant son absence sous terre, s’est produit un terrible cataclysme, sûrement d’origine atomique. Son but le plus pressant est de trouver à manger :
      « Daniel poussa un soupir. Si le fléau avait été partout aussi destructeur, il n’avait guère d’illusions à se faire sur son sort. Que pouvait-il espérer ? Que pourrait-il découvrir parmi cette poussière organique ? Certes, il s’agissait là d’une cabane de bois, d’un modeste bâtiment en matériaux combustibles ; sous les pierres épaisses des maisons villageoises, il trouverait peut-être quelques traces de l’existence des humains »
      S’avançant dans les rochers, il repère, au bout d’un instant, une forme allongée. C’est une jeune fille encore vivante, amnésique et férue de peinture qui avait recherché la solitude des lieux, ce qui lui a sauvé la vie. Il hésite un instant :
      « Or, il s’agissait d’une frêle et radieuse créature qui, dès le premier contact, l’avait considéré comme son sauveur. Il ferma les yeux, maudissant le sort injuste que lui infligeait cette nouvelle épreuve ; la pire de toutes peut-être (…) La terreur le gagna. Non !… Mille fois non !… il ne pourrait pas supporter un tel spectacle ; il ne pourrait pas rester devant ces yeux qui allaient s’éteindre lentement comme une flamme sans huile…Ah ! Pourquoi n’avait-il pas suivi son impulsion de la nuit ?… Il y avait toujours de grosses pierres autour d’eux. Un geste suffisait pour achever l’infortunée. »
      La décision étant finalement prise de la laisser vivre, Dan la réconforte. Près du village en ruines, dans une cave d’accès malaisé, il découvre des légumes, ce qui lui permet de parer aux besoins immédiats. Angélique (c’est le nom que lui donne le jeune homme), encore frêle et maladive, serait mieux dans les hauteurs. Daniel l’installe donc dans une grotte, sorte d’abri sous roche qui deviendra leur maison. Se croyant le dernier couple au monde, ils jouent à Robinson faisant de la recherche de nourriture leur quête quotidienne. Un aigle capturé dans son aire leur fournit de la viande et des œufs, comme quelques poissons pris dans un petit lac leur donnent de quoi subsister, mais chichement.
      Daniel tente même un retour à la terre en ensemençant un lopin moins dévasté que le reste avec des fanes de pommes de terre. Cependant, leur principale occupation est de s’adonner à des tortures morales concernant leur amour réciproque soigneusement caché, ce qui fournit à l’auteur l’occasion de belles envolées lyriques :
      « Daniel se ressaisit brutalement. La muette extase de son visage laissa place à un masque rigide. Les paupières venaient de se soulever et l’éclat pervenche apparaissait nuancé de surprise. Un subite rougeur envahissait le fin visage, rougeur qui semblait contagieuse car Daniel sentit un afflux de chaleur gagner son front. Dans la gêne qu’il crut lire, le jeune homme devina l’inattendu de sa présence : sa protégée, étouffant sous son lourd costume de montagne, profitait de ses absences pour se donner un bien-être légitime ; l’intimité du désert valait certes les cloisons les plus étanches. Son retour inopportun la surprenait dans une tenue, non indécente, mais qui livrait trop visiblement les charmes de son corps gracile. »
      Après de nombreuses pages, ils conviennent qu’il ne leur est pas possible de s’aimer parce qu’ils ne peuvent avoir d’enfants qui survivraient dans un tel environnement ! Chez Dan, cette impossibilité d’aimer tourne à l’obsession et modifie son comportement vis-à-vis de la jeune fille. Ombrageux et fier, mais poète à ses heures, il ne cèdera à sa douce inclination que lorsque Angélique se sera chargée des approches nécessaires.
      Les mois passent et l’hiver s’installe dans la région sans qu’il leur vienne une fois à l’idée d’aller voir ce qui pourrait subsister au-delà des montagnes. Un soir, Daniel entend du bruit. Il s’avance dans la vallée puis disparaît aux yeux d’Angélique qui pressent un malheur. Le jeune homme vient de se faire capturer par une patrouille militaire qui, intriguée par cet espace cultivé en plein désert, est revenue sur zone pour vérification.
      Daniel, mené devant le commandant, apprend que la région dévastée, appelée « Nécropolis »,  est le résultat d’un terrible accident nucléaire. Une centrale, qui y était implantée, a explosé, provoquant la mort des villageois et la mise en quarantaine de la zone contaminée. Daniel et Angélique (que l’on est revenue chercher) seront donc considérés comme des miraculés et rendus célèbres par les médias. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Angélique – qui s’appelle plus prosaïquement Germaine - retrouve la trace de son papa exilé aux colonies. Mais le jeune couple, soudé pour le meilleur (le pire n’étant peut-être pas encore passé), déclinera l’offre qui leur est faite de se réinsérer dans la civilisation. Ils préfèreront habiter dans une ferme d’une des hautes vallées du Jura, sous la protection de Dieu et du curé de l’endroit.
      Un ouvrage méconnu (on se doute pourquoi), donc rare. La catastrophe sert manifestement d’écrin à la description pseudo-romantique des relations amoureuses au sein d’un jeune couple. Que de turpitudes !

    3. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Parution: 1875
      " Le 29, le vent s’apaisa, mais, entre-temps, la neige n’avait cessé de tomber, formant une couche uniforme de trois mètres d’épaisseur. Avec de légères variations, elle s’étendait partout à la même profondeur, mais les congères atteignaient une hauteur prodigieuse. La national Gallery disparaissait totalement sous une montagne de neige. De Saint Paul, on ne voyait plus que le dôme qui se dressait tel un immense igloo. "
      Jefferies s’essaye à une description réaliste de la grande tempête de neige qui gela le coeur de Londres et sa région. Il en étudie les conséquences humaines, vitales, économiques à travers le journal intime de Smith, le narrateur. De la tempête proprement dite à la disparition de la cité sous la neige, l’horreur croît: les réserves pillées, les cadavres entassés, la guerre civile, la chute du gouvernement, la folie, le feu et la mort en sont les étapes obligées:
      " Les quartiers riches furent envahis par une armée de gueux affamés qui avaient escaladé les congères et, en un instant, les maisons furent dépouillées de toutes leurs victuailles. (...) L’aspect terrifiant de ces hordes incarnait la violence. Jamais je n’oublierai leur visage. Ils avaient les tempes enfoncées, les pommettes saillantes, les lèvres rentrées, les gencives bleues de froid et d’anémie, et des dents semblables à celles d’un chien prêt à mordre. "
      Un grand texte en peu de lignes.

    4. Type: livre Thème: guerre future 2 Auteur: Eugène DEMOLDER Parution: 1901
      « Comment finit Albion ? Mais un jour Alphonse Allais qui folâtrait en Normandie, y lança une ficelle, attachée à la balle de sa carabine. La balle tomba dans le comté d’York. Alors Allais tira. Il annexa l’Angleterre à la Normandie. Heureux, il donna un morceau à la Belgique, pour y installer les journaux boerophiles. Il céda aussi une partie à la Hollande, à cause de la belle conduite de la petite reine. Mais les Hollandais pissèrent sur le fragment d’Albion pour lui faire reprendre le large. »
      Eugène Demolder se livre à une charge féroce contre l’Angleterre sous la forme d’un brûlot ayant les apparences d’Alice au pays des merveilles. Le docteur Haringus, hollandais de souche, explique en deux temps trois mouvements pourquoi l’Angleterre est détestable et l'ennemie du genre humain. Selon un rêve fait par le docteur Haringus lui-même, rêve qu’il note et complète dans un manuscrit de sa propre main, les Anglais seront foulés au pied. D’abord physiquement, car leur apparence est immonde et effroyable, celle des hommes comme celle des femmes :
      « Les Anglais ont inventé l’habit rigide, étroit, affirme-t-il, ils ont mis à la mode le vêtement protestant. Dans ces étuis, ils ont la dignité insolente, la réserve vaniteuse, la morgue imbécile. Et dire que jusqu’en France on a imité ces façons de parapluie serrés dans leurs fourreaux et ces manières qui vous engoncent dans les faux-cols comme en des viroles ! C’est ridicule ! Mais ces bougres ont mis une baguette en fer au cul des gens, et comme ils ont des dents carrées qu’ils n’osent montrer, ils ont banni le sourire ! »
      (…)
      « Voici ce que Taine, homme juste et modéré a écrit (j’ai appris ces phrases par cœur !) : Beaucoup sont de simples «babies », poupées de cire neuve, avec des yeux de verre, et qui semblent parfaitement vides de toute idée. D’autres figures ont rougi et tournent au bifteck cru ; il y a un fond de bêtise ou de brutalité dans ces chairs inertes, trop blanches ou trop rouges. Quelques-unes vont à l’extrême de la laideur et du grotesque, pattes de hérons, cous de cigognes et toujours la grande devanture de dents blanches, la mâchoire saillante du carnivore. »
      Leur caractère bas, fuyant, lâche, cauteleux, exacerbe la haine des autres peuples contre eux :
      «Devant le Grand-Hôtel surgit un incident. Un grand négociant de Bordeaux se trouvait au balcon. Il reconnut la Cour de Londres et se rappela que lors du voyage du président Krüger un Anglais avait jeté des sous à la foule. Assoiffé de vengeance, il fouilla dans sa poche, prit une poignée de pièces blanches, les lança aux landaus. Aussitôt les ministres et les généraux se précipitèrent sur l’aumône qu’on leur octroyait. Le négociant les vit ramasser jusqu’au dernier sou dans la boue de la chaussée. Cette besogne faite, ils levèrent la tête pour voir si la pluie bénie n’allait pas retomber : le Bordelais fermait la fenêtre ».
      Le ressort fondamental du pamphlet est concentré dans la lutte de conquête que poursuit l’Angleterre au Transvaal, contre les Boers. Dans son rêve, Haringus imagine les Boers  vainqueurs, étrillant les Britanniques et, plus loin, toujours sous l’apparence du symbole, la « visite » d’une soixantaine de Boers en Angleterre, accueillis par John Bull lui-même :
      « Quand les soixante Boers débarquèrent en Angleterre, John Bull vint les recevoir. Il était, comme d’habitude, vêtu d’une redingote qui serrait son gros ventre de buveur d’ale ; son nez rouge, éclairé par le gin comme une lanterne de «vélo» par l’acétylène, illuminait sa face carrée. Ses lèvres étaient lippues, ses dents féroces, des dents de requin,  son nez écrasé ainsi que par le poing d’un boxeur. Il portait un fusil en bandoulière, des bottes de gentleman farmer, et un peu de sang sur sa culotte en peau de daim. »
      Ils y font la connaissance du marasme culturel des insulaires, de l‘attitude inqualifiable adoptée par les politiciens même envers leurs propres concitoyens, enfin leur effroyable mauvais goût, surtout dans le cadre de « l’art culinaire » :
      «Des rôtis ! des bouillis ! Des légumes sans assaisonnements, comme pour les perroquets ! Sur tout ça ils vident des bouteilles d’épices, qu’on dirait préparées par les Borgia ; elles contiennent des emporte-gueule et l’on ne serait pas étonné de lire sur ces fioles : « Pour usage externe ! » Pouah ! Leurs gâteaux sont durs comme des vieux châteaux-forts ! Le pudding est à la graisse de boeuf ! Les vieilles filles l’inondent de rhum ! ».
      La médiocrité des généraux anglais, leur impuissance à combattre, à élaborer des plans de campagne et à vaincre les braves Transvaaliens, est en harmonie avec les maladies qu’ils traînent derrière eux. Comme des animaux vaniteux, ils s’élèvent les uns contre les autres :
      «Mais le Dindon s’empourprait de rage : son fanon s’allongeait blanchâtre et rouge sur son bec : les plumes de sa roue comme un ressort se levèrent sur son siège :
      -Quand vous étiez à Prétoria, lança-t-il au Renard, vos patrouilles dépouillées par les Boers, revenaient chaque jour à leur camp, nues et sans feuille de vigne !
      -Est-ce ma faute ! s’écria la renard dont la queue rousse de dressait de colère derrière son dos. Vous avez abruti ces hommes avant mon arrivée. Vous ne savez, Monsieur, distinguer l’arbre de la locomotive et avez fait décimer vos troupes par vos propres canons !
      La Hyène se tenait les côtes de rire. »
      Leur rapacité sans pareille est au niveau de leur dignité :
      « Plus loin se profila un être bizarre, long, maigre, raide, vêtu d’une robe qui paraissait d’un autre régime et coiffé d’une perruque rousse. On n’eût pu dire son sexe ; d’ailleurs aucun Boer n’eut envie de lever les jupes qui étaient pleines de boue, comme si l’apparition avait été trempée dans une mare aux canards.
      -Quel est cet animal ? demanda le field-cornet.
      John Bull se redressa fièrement :
      -Cet animal ?, dit-il
      -Oui, affirma le Boer
      -C’est la dignité anglaise, dit Bull.
      Les Boers pouffèrent de rire. L’un d’eux allongea sa botte au derrière crotté par les canards. »
      Même alliés aux pires des maux que peut drainer une situation malsaine, ils ne résistent pas longtemps devant l’audacieuse volonté de reconquête des Boers, succombant à la haine universelle qu’ils ont éveillée en Europe à leur encontre :
      « Les affreuses gothons surtout leur causaient beaucoup de mal : ils avaient grande peine à se défendre contre leurs étreintes pourries et les baisers purulents qu’elles cherchaient à poser sur les lèvres de Transvaaliens. Ils apprirent depuis que ces embrassantes adversaires étaient, costumés en soubrettes, le typhus du Cap, la peste des indes, le choléra du Caire : les alliés secrets des Anglais, arrivés à l’appel de John Bull. »
      « L’Agonie d’Albion » est d’une complexité double. De par son style soutenu, ses coq-à-l’âne constants, ses références culturelles (aujourd’hui ignorées ou connues des seuls spécialistes de l’histoire), il désoriente le lecteur moderne. La haine viscérale exhalée contre les Britanniques dont il compare les exactions envers les Boers à celles des Espagnols à l’égard des Hollandais au XVIème siècle, est étrangement maquillée par les symboles. Haringus (celui qui mange des harengs ?), John Bull (figure emblématique de l’Angleterre), l’appel à des entités animales (la hyène, le renard, etc.) ou diaboliques, pour incarner l’âme anglaise, tout cela explique – indépendamment d’un petit tirage – que cet opuscule soit tombé dans l’oubli. Pourtant, rien d’aussi féroce en si peu de pages n’avait été publié sur ce même thème, et même les quatre mille feuilles de vitupérations du capitaine Danrit paraissent bien légères en comparaison.

    5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Didier CONVARD Parution: 1928
      Vol. 01 : Le Sang des Innocents, Glénat éd., 2010 , 1 vol. cartonné, in-quarto, 56 pl. couleurs.
      1 ère parution : 2010
      Les villes et toutes les zones urbaines sont couvertes par une neige dure et glacée, noyant les immeubles en ruines. La chute des villes est à mettre en rapport avec l’épidémie du virus d’Orion qui a fait se désagréger l’espèce humaine. Subsistent encore des micro-sociétés, chasseurs et nomades,  ainsi que des enclaves préservées où, à l’abri de leurs murs , des clans survivent en utilisant la technologie du passé. Vol-de-l’Est, un clan de chasseurs, se dirigent vers une zone sûre où la tribu espère être accueillie, troquant leur compétence et les produits de leur chasse contre la sécurité. La situation est d’autant plus sérieuse que deux de leurs femmes sont prêtes à accoucher. En suivant le tracé de l’autoroute déserte et enneigée, ils pénètrent dans un territoire urbain, hanté par les « bouffe-tripes », des êtres humains régressifs qui s’adonnent au cannibalisme.
      Après une brève attaque, dont ils sortent vainqueurs, ils frappent à la porte de l’Hospitalerie », un lieu de vie et de protection dans lequel ils ne seront pas accueillis car ils sont trop nombreux. Alors ils se dirigent vers le refuge des «stadiers », un clan plus fraternel. Il est plus que temps de trouver un refuge,  car le soir tombe et les «croquemitaines», appelés encore « vampires » hantent ces zones glacées.
      Quelques personnalités se détachent dans le clan des Vol-de-l’Est,  comme Boris, par exemple, un chasseur émérite et futur père angoissé, ainsi que sa femme qui accouchera d’un merveilleux garçon promis à un destin sanglant, hélas ! Du côté des Stadiers, la Capitaine, une forte femme, au propre comme au figuré, experte en maniement d’armes, et sans pitié.
      C’est cette nuit-là que choisirent les Vampire, en réalité des guerriers aguerris, provenant d’une autre zone technologique, à la recherche de sang fais. En effet, dans sa forteresse, située près d’un barrage, le comte Cruom, chef de cette bande, est atteint du virus  qui a décimé le monde et qui corrompt son sang. Il a donc un besoin incessant de transfusion sanguine pour contrer l’action mortifère dudit virus. Envoyant ses sujets dans le monde glacé, il organise des rafles d’enfants pour, en véritable vampire, pomper leur «sang pur». La naissance de jeunes êtres est une opportunité pour lui qu’il ne laissera pas passer. Les Stadiers auront fort à faire pour parer le coup  et n’empêcheront par le rapt des enfants et des nourrissons, au grand désespoir de Boris, qui réagit en premier. Se camouflant sous des oripeaux de bêtes, il suivra la trace des ravisseurs, découvrira leur repaire au haut d’un immense barrage et, de retour, organisera avec les Stadiers l’expédition vengeresse. Le barrage sera miné et sautera. La forteresse investie, le comte Cruom tué de la main de Boris, les enfants-cobayes, plus morts que vifs, délivrés. Mais quelqu’un veille dans l’ombre. C’est «l’Echarneur », le bras droit et le mignon de Cruom, qui n’a pas encore dit son dernier mot…
      Vol. 02 : l'Echarneur, Glénat éd., 2011, 1 vol. cartonné, in-quarto, 56 pl. couleurs.
      1 ère parution : 2011.
      A l'Hospitalerie, l'inquiétude grandit: le vaccin permettant de combattre le mal d'Orion se dégrade. Un groupe d'hommes dirigé par Lenton, se rendra dans la Zone-Paris , zone urbaine et glacée, pour rencontrer Howard, le biologiste découvreur du vaccin. Le déplacement sera dangereux car à l'insu de tous un traître veut s'emparer du stock des vaccins et de la nouvelle formule. Il a introduit un espion dans le groupe, l'Echarneur, pour suivre les opérations.
      Le groupe, en parcourant des zones glacées et hostiles, a sauvé la vie d'un guerrier menacé qui dit s'appeler MarcheDroit. Celui-ci, en s'intégrant se révèlera d'une grande utilité ... et constituera aussi un grand danger. Il leur permettra notamment de progresser par le tunnel du métro désaffecté et hanté par les "Gaspards", des formes mutantes et carnivores. Arrivé à la gare Parnasse, Lenton contacte le Prévost de la cité qui habite à l'église Notre-Dame. Surprise! Lenton est le fils du Prévost et Howard son frère, une dissension familiales à propos du virus les ayant séparés jadis. Avec réticence, le Prévost donne à Lenton l'adresse d'Howard qui réside à l'Hôtel-Dieu. Mais déjà, il est trop tard: le biologiste est infecté, le virus sur lequel il travaillait ayant muté. Pour éviter la propagation de la maladie, Howard s'immole par le feu ayant pu indiquer à Lenton où il pourra trouver la nouvelle formule salvatrice, soit à la Bibliothèque Nationale, auprès du Bibliothécaire Arnaud qui veille jalousement sur le trésor des livres.
      L'Echarneur ne perd pas une miette de tout cela et attend le moment propice pour entrer en action. C'est au bivouac, sur le chemin du retour, qu'il enlève le fils de Boris en une première tentative maladroite. MarcheDroit délivre le jeune homme en neutralisant l'Echarneur. Arrivé enfin à l'Hospitalerie, le traître se montre à visage découvert. C'est MarcheDroit,  qui prend en otage et le jeune homme et sa fiancé dans la serre de l'Hospitalerie, réclamant en échange la formule du vaccin rénové. Fous de rage, Boris et Lenton disposent des snipers sur les toits avant   d'engager le combat, ce qui ne dissuade pas MarcheDroit de poignarder l'adolescent avant de vouloir régler son compte à Boris. La mini-bombe qu'il lui destinait lui éclate au visage projetant des jets d'acide corrosifs. La face rongée, grièvement blessé, MarcheDroit bascule dans l'eau glacée de la Seine. II sera récupéré et remis en état par des gueux menés par Crache-Venin, leur chef, qui espère tirer profit de sa mansuétude à l'égard du traître. Mais MarcheDroit est d'une autre trempe. Munie d'une jambe artificielle, revêtus d'habits sacerdotaux, il élimine crache-Venin pour prendre lui-même la tête des gueux, motivé par la vengeance. Pendant ce temps, le fils de Boris s'éteint à l'Hospitalerie et le mal d'Orion continue sa progression

    6. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: le Colonel ROYET Parution: 1921
      Adam Pearson (Dam) , le fils du roi de la viande, en cette veille de l’an 2000, tient compte du mystérieux avertissement d’un mage de sa connaissance, Nadir, annonçant pour bientôt des événements catastrophiques d’après les signaux électromagnétiques du soleil. De nature mélancolique, le jeune homme avait déjà perdu des êtres chers :
      " Deux chères images du passé apparurent devant ses yeux : celle de sa mère, celle de cette adorable miss Lili Atkins, sa fiancée. Toutes deux, il les avait aimées tendrement. Elles étaient parties, victimes de la surcivilisation régnante, de ces réfrigérants subtils, de ces radiateurs réglables à moins d’un dixième de degré, toutes inventions merveilleuses destinées à dompter la nature, à maîtriser les éléments ; par l’excès même de leur perfection, elles avaient rendu les organismes humains plus délicats encore, plus susceptibles aux maux foudroyants. "
      Désireux de fêter la nouvelle année dans la solitude, il s’élève dans les airs à bord de son ballon à vol libre. C’est de là qu’il assiste, en spectateur privilégié, à la vague énorme qui non seulement engloutit la ville d’Atlantic-City en y effaçant tous ceux qu’il aimait, mais encore, rythmiquement, parcourt la terre pour y  détruire toute vie :
      " Ainsi, ce soir-là, le ciel avait pris un aspect extra-terrestre: la teinte livide de paysage et de la mer se transformait en sable jaune sale et en rouge sombre à mesure que l’œil s’élevait vers le zénith. Dam ne put s’empêcher de tressaillir en constatant que l’aiguille aimantée de la boussole tournait en tous sens, affolée comme lors des grandes perturbations magnétiques.  (…)
      En même temps, du fond de l’horizon, un mugissement montait, avec un crescendo de plus en plus intense. De l’Océan, il voyait venir avec une vitesse foudroyante, une montagne noirâtre. En un gigantesque raz de marée, la mer déferlait vers la côte, vers la ville, masse d’eau d’une hauteur qui devait dépasser trois cents mètres. "
      Le ballon est entraîné par des vents impétueux à plus de 12 000 mètres d’altitude. La température extérieure se modifie. Des débris de toutes sortes flottent dans l’air. Avec surprise mais détermination, il sauve de la mort une jeune Française, Eve Dampierre, qui dérivait à côté du ballon, accrochée à un parasol ( ! ). Celle-ci lui narre son aventure depuis le départ de Chine où l’usine de son père avait été détruite par les grévistes jaunes jusqu’à son séjour sur un immense paquebot-ville où la main-d’œuvre chinoise s’avèrera bien utile :
      " L’afflux de cette main d’oeuvre jaune était nécessité par les travaux indispensables aux pays civilisés et que ne voulaient plus faire les artisans des races affinées : terrassements, mines, chemins de fer, routes. Une garnison de police de 1500 soldats était nécessaire pour donner toute sécurité aux passagers ordinaires.  Sur un pont supérieur, établi à 15 mètres au-dessus des logements de coolies, des cottages entourés de jardin et de pelouses donnaient à ces voyageurs de marque plutôt l’impression d’une villégiature au bord de la mer que d’une traversée réelle. "
      Le bateau a été brisé par la tempête comme un fétu de paille. Le vent qui entraîne les jeunes gens à grande vitesse autour du globe, les oblige à stabiliser leur ballon au-dessus de l’ancienne vallée du Nil, près de constructions de type égyptien remises au jour par le cataclysme universel. Après l’atterrissage, ils explorent le " Pharaon Hôtel " où , à côté de quelques cadavres, ils trouvent de la nourriture. Mais des êtres étranges, cancrelats gigantesques et vers suceurs énormes ont surgi du sol et les attaquent :
      " De couleur gris sale, l’être n’avait pas de tête : une sorte de trompe aux contours dentelés semblait constituer la "bouche " par laquelle ce protozoaire  subvenait à son entretien. Tour à tour, la bouche s’évasait et se rétrécissait, comme pour happer ce qui se trouvait à sa portée (…) Dans les affouillements creusés par le vent avaient dû être entraînés des dépouilles d’animaux, d’hommes sans doute aussi. Et ces bêtes annelées, vestiges d’une époque accomplie de l’histoire du globe, vivaient dans ces profondeurs inaccessibles, se nourrissaient des détritus des premiers âges. Brusquement, le cataclysme les avait exhumés. A la lumière, gauches, lourds, terribles quand même, ils s’adaptaient, l’intérêt aidant, à la vie nouvelle qui se résumait pour eux à la recherche d’une proie. "
      Se réfugiant dans la plus haute tour, ils y découvrent un émetteur de radio ainsi qu’un avion prêt à l’usage. A tout hasard, ils appellent au secours sur les ondes. Une voix leur répond : c’est celle du grand-père d’Eve qui s’était réfugié auprès du sage Nadir (qu’il connaissait lui aussi), dans sa retraite himalayenne. Guidés par radio, ils échappent aux monstres gluants et fluorescents pour se retrouver quatre heures après à côté des leurs qui les accueillent à bras ouverts. Finalement tous les ingrédients seront réunis pour un nouveau départ : Adam et Eve, avec la bénédiction de leur grand-père et la sanctification de l’église (un prêtre fait partie des sauvés), copuleront dans la décence pour assurer l’avenir du genre humain :
      " Vous vous aimez, n’est-il pas vrai ? Les deux jeunes gens s’étaient levés, au comble de l’émotion. Grand-père Philippe prit la main de la Française et la mit dans celle de l’Américain. - Adam Pearson, prononça-t-il, je vous donne en mariage ma petite-fille, Eve Dampierre. Et, il ajouta, en une boutade presque joyeuse : - Ne suis-je pas le maire de la dernière commune terrestre ? Et maintenant, venez. Allons retrouver le père Luc dans son oratoire, où il prie, pour la pauvre humanité défunte. A son tour, il vous unira, selon les rites des aïeux, devant l’Infini. Mais, auparavant, petite Eve, je veux te remettre ta dot. Il tendit son sac. Oh, ce n’est pas de l’or, combien inutile. Ce sont des grains de blé ! "
      Une nouvelle inédite qui vaut par la naïveté de sa  mise en œuvre dans le champ de la littérature populaire : bons sentiments, monstres gluants, méchants grévistes et maudits Chinois, permanence de la religion. Un petit texte réactionnaire à l’état brut !

    7. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Henri FALK Parution: 1919
      Une épidémie très curieuse semble affecter les animaux du Gabon , des oiseaux qui se déplument, des chiens et des chats qui perdent leurs poils, etc. C’est ce que constate le Lieutenant-gouverneur Parmesif. Ce phénomène hélas ! ne s’arrête pas à l’anecdotique. Bientôt, le gens perdent leurs cheveux tout en développant des lésions cutanées dans de nombreux pays du globe.
      Née en Afrique, la vague pandémique gagne le Nord. Parmesif, inquiet, se déplace à Paris où l’un de ses vagues cousins, astrophysicien de son état, aurait découvert la cause du phénomène. Galfo – c’est son nom - a établi par spectroscopie la preuve irréfutable que les radiations solaires sont perturbées et qu’elles affecteraient la terre entière condamnant à mort les différents règnes, végétal, animal et humain. Si l’homme ne parvient pas à se protéger du rayonnement néfaste, ce sera la fin de son aventure.
      Heureusement, le plomb est imperméable aux radiations. En vertu de quoi, le savant préconise de développer des protections en plomb ! Un capitaliste américain, accompagné de sa fille (qui tombera amoureuse de Galfo) arrachera au physicien son secret, et prendra une avance considérable sur ses concurrents en rachetant avant eux toutes les sources d’approvisionnement en plomb. Peu de temps après, dans les pays bourgeois, triomphe l’ingéniosité humaine : les gens pauvres se calfeutrent chez eux. Quant aux autres, ils s’équipent , qui d’un « pararais » (variété de parapluie anti-rayons en plomb), qui de vêtements tissés en fils de plomb, d’une lourdeur épouvantable :
      «  Ils (= les vêtements) représentaient un tel poids que la marche et même tout mouvement devenaient extrêmement pénibles : le chapeau pesait environ trois kilogs (sic !), c’était un véritable casque ; les chaussures, du poids de sept kilogs, clouaient les pieds au trottoir. (…) On traîna les enfants dès l’âge de six ans, dans des voiturettes couvertes d’une bâche plombée, et on les maintint au logis sous de petits toits de plomb en feuilles avec défense de bouger. Cette interdiction, qui entraînait celle de se livrer à leurs jeux coutumiers, entraîna une épidémie inconnue jusqu’à ce jour de mélancolie infantile. »
      Les maisons seront couvertes de toiture en lames de plomb. Les animaux familiers mêmes, chiens, chats, chevaux sortent équipés ainsi. Le mode de vie des populations se modifie car toutes ces protections, très lourdes, condamnent les gens à une démarche d’escargot. Ceci sera à l’origine d’une nouvelle mode « plombée » :
      « Dans les rues, l’aspect général des passants, qui avait d’abord été celui de pachydermes, devint, grâce à l’ingéniosité des tailleurs et des couturiers, celui de gigantesques insectes : les manteaux de toutes sortes, très amples, aux couleurs de métal sombre, semblaient les élytres d’énormes coléoptères, surtout chez les femmes qui accusaient encore la ressemblance par leurs chapeaux à aigrettes, pareilles à des antennes, et par leurs jambes fines semblables à des pattes de scarabées. »
      Quant à la végétation, elle est condamnée à disparaître :
      « la destruction des végétaux constituait le pire désastre. Car sans plantes, plus d’animaux, et sans animaux, plus d’hommes. La conception qui sembla la plus pratique fut d’élever, sur de larges étendues, des charpentes que l’on toitura de verre plombeux, et l’on rassembla le cheptel sous ces « abris à pâturages ». Sous le verre au plomb la prairie vécut ; partout ailleurs elle végéta, puis inclina vers la mort. Quant aux arbres, nul remède. Ainsi l’été naissait à peine et déjà se mourait un paysage d’automne, ou, plutôt un paysage d’aspect rude, morne et brûlé, tel qu’aux approches des grands déserts. Il semblait qu’une lèpre, issue des abîmes, rongeât lentement la chair terrestre jusqu’aux pierres qui sont les os. Et, dans les pays sauvages, les peuplades décimées s’entre’égorgeaient sans merci, chacune attribuant le fléau à la malice de ses voisines. »
      Parmesif, prévenu à temps par Galfo, et Blackhurst , le banquier américain devenu entre-temps le beau-père de ce dernier, apprennent de sa bouche une deuxième stupéfiante nouvelle: aussi soudainement qu’il s’était produit, le phénomène va s’arrêter, ce qui leur permettra de s’adapter une seconde fois à la nouvelle situation et de conserver leur richesse.
      Une petite nouvelle exécutée avec ironie et finesse axée sur un thème innovant pour l’époque, l’influence des radiations nocives sur l’être humain, qui sera appelé à un grand succès dans le genre.

    8. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Herbert REGIS Parution: 1939
      Le narrateur, Georges, travaille en milieu hospitalier. Son futur beau - père,  le professeur Paul Evrard  est un patron de  clinique craint et respecté. L’action débute à Paris, un jour de grisaille ,  lorsque le narrateur propose à son frère Claude, journaliste, un papier intéressant : des cas d’atrophie primitive de l’oeil ont été détectés , plus nombreux que la statistique ne le permettrait:
      "C’est vraiment un curieux phénomène, continuai-je. Le nerf optique s’atrophie sans qu’on sache exactement pourquoi. Cela ressemble à un cancer. La gaine du nerf s’épaissit. Les fibres nerveuses disparaissent pour faire place à du tissu conjonctif. Tout se passe comme si l’enveloppe du nerf dévorait en quelque sorte le nerf  lui-même."
      Le professeur, devant l’afflux exponentiel des malades, tous destinés à devenir aveugles,  suppose l’existence d’une épidémie mais n’arrive pas à isoler le microbe responsable. De tous les pays du monde parviennent des nouvelles alarmantes: l’humanité, à très court terme, est condamnée à l’obscurité, ce qui implique des bouleversements sociaux considérables. Déjà on en sent les prémisses:
      " Pour un observateur superficiel, en effet, la ville revêtait encore sensiblement le même aspect. Les transports fonctionnaient, normaux. Chacun semblait poursuivre le même but qu’hier , le même que demain. Mais les indices clairs sautaient à mes yeux avertis. Dans les bas quartiers, des petites boutiques se fermaient pour ne plus rouvrir. "
      Pour le moment, le tragique de l’événement n’est pas encore assimilé par la population française qui a  fort à faire avec les projets d’invasion allemands. La mobilisation générale avait été décrétée et c’est dans une ambiance d’apocalypse que le professeur met en garde son futur gendre : la vie en société deviendra bientôt impossible. La force règnera. Le gouvernement tombera. L’économie se désagrègera et les survivants aveugles soit mourront de faim, soit imposeront la loi du plus fort. Il enjoint à Georges - qui entre temps a épousé Lucile, la fille d’Evrard - de préparer une retraite sûre pour les siens, pour Lucile, pour la mère du narrateur, ainsi que son frère Claude, et lui-même.
      Tous étant destinés à perdre la vue à court ou moyen terme, il lui faudra accumuler les vivres suffisants et le charbon nécessaire pour pouvoir survivre au moins les dix prochaines années. Il lui sera aussi indispensable de baliser le terrain afin qu’ils puissent se repérer dans les ténèbres qui tomberont sur eux et sur le monde. Il lui transmet tout son capital et lui propose comme retraite sûre sa ferme, résidence secondaire isolée,  près du  village de Barges. Lui continuera, en attendant, à chercher la cause du mal.Georges se met en quête, achète un véhicule, emmène les siens à Barges et, jour après jour, accumule des provisions achetées en multiples petites quantités pour ne pas susciter l’attention.
      Comme prévu, la société se délite. Le mal frappe  de plus en plus fort. Il aura eu au moins le mérite de stopper la guerre, faute de "voyants". Les aveugles se font plus nombreux dans les rues. Paris, comme toutes les grandes villes, est condamnée:
      " Une poussée irrésistible se propagea de proche en proche. On vit partout la peur, la peur au cent visages. L’angoisse martela les âmes les plus fortes. Elle déchaîna les rudes, anéantit les faibles. Peu à peu, la justice fit place à la violence. On lutta pour la vie. On lutta sans pitié, âprement, follement. Les coups les plus odieux, les ruses les plus viles furent considérés comme actes légitimes. L’instinct excusa tout. Des hommes, hier sans haine, se transformèrent en brutes. Une démence ignoble souleva les plus calmes pour les précipiter vers de furieux extrêmes. Le spectre de la mort conduisait jusqu’au meurtre. Cependant que tombait la nuit, inexorablement. "
      Etonnamment, le mal a son paroxysme produit peu de troubles violents. Les hommes, hébétés et honteux de leur nouvel état, évitent leurs semblables dans un environnement devenu dangereux. Ils se terrent chez eux pour y mourir. Le narrateur traversera des rues quasiment vides avec son véhicule.
      Une de ses dernières navettes consiste à ramener le professeur, devenu aveugle lui aussi, à Barges, en le sortant du laboratoire de la clinique. Au cours de cette dernière expédition , il tombe sur une bande de déserteurs , voyants ceux-là , et c’est grâce au sang-froid de Georges qu’ils se tirent de ce mauvais pas:
      " -Je veux parler à un officier, annonçai-je d’une voix dure. Leurs éclats redoublèrent sans mesure, dominés par les piaillements aigus des femmes. - Monsieur veut se plaindre sans doute ? dit celui qui m’avait frappé, exagérant insolemment la politesse.
      -Je veux simplement que vous laissiez ces bêtes tranquilles, répondis-je avec fermeté.
      Le gaillard se tourna vers ses compagnons. -On le fusille ? proposa-t-il. Quelque chose de féroce dans son expression me montra qu’il ne plaisanta pas. Je compris instantanément que j’étais tombé sur une bande de déserteurs. Les rires cessèrent d’un coup. Heureusement un soldat qui était monté dans le véhicule fit diversion. "
      Ce soldat, blessé dans l’échauffourée, fut emmené malgré lui à l’arrière de la camionnette. Une fois soigné, il se révélera un ami fidèle et un élément précieux pour la petite communauté.
      Enfin, la nuit tombe sur le monde. Progressivement, la cécité s’installe, le narrateur succombant en dernier. Ayant eu le temps de s’accoutumer à leur état, la transition n’est pas trop difficile  pour les membres du petit groupe. Rapidement, les sens de l’ouie et du toucher suppléent à la vision défaillante. Si les premiers jours de retraite sont presque gais, au fur et à mesure que passe le temps, l’ambiance se détériore. Claude s’enfonce dans le silence: il finira dans une paranoïa totale et disparaîtra après s’être échappé de la maison. Le narrateur , en un ultime voyage, aura trop présumé de l’avancée de son mal. Il deviendra quasiment aveugle en cours de route et vivra le calvaire de son retour vers le refuge à plus de deux cents kilomètres de là alors que sa vision n’accède plus qu’à l’environnement immédiat:
      " Rien cependant ne m’inquiéta sérieusement dans chaque première étape au cours de laquelle chaque borne kilométrique représentait pour moi un but monotone et sans cesse renouvelé. A cause de ma vue défaillante sans doute, je ne vis que très peu d’êtres vivants. Mais, par une sorte de sensibilité subconsciente, j’eus maintes fois l’impression vague des existences cachées. Beaucoup de hameaux, en apparence déserts, m’inspirèrent une méfiance irraisonnée, quand je les traversai. C’était comme l’avertissement occulte d’un sixième sens, se substituant à celui de la vue. Je le subissais sans l’analyser. "
      Un autre danger non prévu menace les isolés : les rats , qui profitent de la maladresse des hommes et des provisions accumulés , s’installent en maîtres dans la maison. Le petit groupe sera obligé de cohabiter avec ces hôtes indésirables qui les privent de plus en plus de nourriture:
      "Bientôt nous sentîmes autour de nous la présence permanente de tout un peuple s’activant à notre ruine. Au fur et à mesure, les rats devenaient plus audacieux. Ils s’établirent dans la cave et le grenier comme en un pays conquis, se dérangeant à peine lorsque nous y venions. A chacune de nos visites, on pouvait les entendre trotter et grignoter. Le bruit même que nous faisions ne les effrayait pas. On aurait dit qu’ils se rendaient compte qu’on ne pouvait rien contre eux. "
      Ils seront finalement découverts par les habitants aveugles du village avoisinant, qui meurent de faim . Venus en force, ceux-ci pensent mettre le feu à la ferme pour déloger nos amis. Le professeur, grâce à son charisme, parvient à redresser la situation en leur promettant des victuailles ; il leur suggère de s’unir afin de recréer un embryon de société civilisé. Ces propos favorablement accueillis marqueront le départ  d’une nouvelle vie . Abandonnant la ferme, le narrateur et les siens, avec l’aide d’Antoine, cultivent la terre, établissent des repères sonores précis pour ne pas se perdre, et élargissent leur territoire jusqu’à oser s’approvisionner en métaux ferreux dans le village voisin.
      Ils y découvrent même un voyant, immunisé naturellement contre le microbe qui mettra ses yeux au service de la communauté. Les naissances se multiplient et parmi celles-ci, bien que de nombreux enfants naissent aveugles, il arrive que l’un ou l’autre puisse voir. Ils formeront le ferment d’une civilisation future dont l’objectif sera de reconquérir le monde:
      "Il était normal que le temple, objet de la vénération unanime, fut aussi le réceptacle de nos biens les plus précieux. On y plaça donc les lampes destinées à perpétuer le feu. Mais à la longue, le caractère divin de l’édifice se communiqua à la flamme elle-même et l’entretien des lampes revêtit l’allure d’un rite sacré. C’est de nos jours un grand honneur pour une jeune fille que d’être admise à y participer. Il n’est jusqu’à la puérile menace inventée à l’origine par le patron afin d’éviter les négligences qui ne se soit progressivement transformée en une crainte de la colère céleste. Je prévois que dans une ou deux générations, le feu lui-même sera adoré."
      Un roman tout en finesse. L’intérêt ne faiblit pas un instant et le récit semble obéir aux lois des unités de la tragédie classique : de temps, de lieu, d’action, qui établit toute la problématique du huis-clos dans les rapports des personnages entre eux. Bien que l’intérêt soit centré sur les personnages principaux, le décor en filigrane est suffisamment travaillé pour rendre crédible les faits. La psychologie mouvante des aveugles, leurs angoisses et leur force, s’analysent au travers de leur comportement. Au-delà de la thématique du genre, (la «Révolte des Triffides»  de Wyndham, la «cité des sphères» de Galouye,  «le Pays des aveugles» de Wells), le roman débouche sur le classicisme. A rééditer

    9. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: James TIPTREE Jr. Parution: 1969
      Une jeune fille et un loup sont en mission dans une région désertique. Elle est une phocomèle, sans bras. La bête, intelligente, complice et dominatrice, lui est toute dévouée :
      « Quand les ombres recouvrirent le fourré, les branchages s’écartèrent. La fille et le loup sortirent ensemble pour aller à la source et se mirent à laper, la fille se tortillant comme un serpent. Ils mangèrent de nouveau, puis la fille refit le paquetage et boucla le harnais du loup. Il poussa du museau l’émetteur dans la poche qu’il portait sur le poitrail et ramassa une botte pour qu’elle y enfonce le pied. »
      Sans l’animal sa mission serait compromise, car elle est chargée, avec l’aide de son compagnon non humain, d’observer une tribu de sauvages vivant près de la rivière, d’attirer vers elle , en exposant son corps nu, le mâle le plus vigoureux, puis, en lui projetant un gaz anesthésiant au visage, de le récupérer comme étalon pour les siens, tous au corps incomplet ou handicapés par leur absence de membres. Dans cette région d’Ethiopie où jadis un cataclysme provoqua des mutations régressives, la connaissance resta chez les phocomèles qui se montrent encore désireux de modifier leurs conditions de vie par l’apport d’un sang neuf.
      Une nouvelle étrange et poétique par laquelle l’auteur – une femme de lettres- évoque la force irrésistible de la survie.

    10. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat Auteur: Roland WEISSENSTEIN Parution: 1982
      Depuis l’An 1 de la nouvelle ère, l’Empire de Vénus étend son pouvoir sur la totalité de l’Europe. Les femmes, fatiguées de l’agressivité des mâles et des grandes batailles de l’ère ancienne, se sont données une position dominante :
      « Ils (= les hommes) y présidaient si mal, qu’ils finirent par provoquer un effroyable cataclysme qui détruisit la plus grande partie de notre globe. C’est à ce moment-là que les femmes lasses de subir les folies des hommes, s’emparèrent du pouvoir. Elles fondèrent avec les survivants l’Empire de Vénus. Elles limitèrent volontairement les frontières du monde vivant, laissant le reste désertique et abandonné. (…) Elles limitèrent les libertés des hommes, afin que jamais plus ils ne puissent accéder à des postes de direction »
      La nature même s’étant lassée de leur arrogance :
      « Quelques jours plus tard, malgré les centaines de millions de morts, malgré les destructions massives, la vie semblait vouloir reprendre le dessus. Chacun des deux antagonistes essayant de panser ses plaies, enterrant ses victimes, déblayant ses ruines, luttant contre la contamination des radiations atomiques. C’est alors que se produisit ce que personne n’avait prévu. Sans doute, réveillée par les innombrables explosions, de formidables forces enfouies sous la croûte terrestre se déchaînèrent. La surface du globe se mit à se craqueler, laissant entrevoir des gouffres béants. Des volcans surgirent un peu partout, déversant des océans de lave brûlante, engloutissant des Etats entiers. Dans les airs, des typhons dévastateurs balayèrent les continents, emportant comme des fétus de paille les maisons, les hommes et leurs belles installations modernes. »
      Les hommes dominés, ne sont ni méprisés ni dégradés mais l’accès à la culture et à la politique leur est interdit. Près d’Alphaville, dans une clairière, en l’an 356 se réuniront les futurs tenants de la libération masculine. Les leaders Marc, Bernard, Robert, René et Jean se promettent de mettre un terme au diktat de Vénus, espérant toutefois faire couler le moins de sang possible. Marc devra se renseigner sur les conditions de vie des hommes d’avant l’ère vénusienne. Il se rend clandestinement à la Bibliothèque centrale où il se fera finalement repérer. Poursuivi, il devra son salut à Câline, une jeune femme qui s’éprend de lui. Rétabli, Marc poursuit son grand projet. Le discours qu’il prononce dans la salle de gymnastique de l’Impérial Collège d’Alphaville –discours autorisé et enregistré- sonnera comme le début de la guerre des sexes.
      Les premières actions militaires tournent autour de la prise de la ville de Grasse, dans le sud de la France où les révoltés se heurtent aux milices féminines, utilisant cependant des armes conventionnelles, non mortelles.Après six années d’une lutte intense, les hommes, de victoires en victoires, se rapprochent d’Alphaville, la capitale, où le front se stabilise. L’Impératrice consent, lors d’un cessez-le-feu, à une rencontre de la dernière chance avec Marc, chef incontesté du parti masculin. Elle eu lieu près du Guadalquivir. Lors de cette rencontre, Marc éprouve un choc à la vue de Câline, perdue depuis le début des affrontements et véritable nièce de l’Impératrice.
      Tout accord étant impossible, la bataille finale pour la conquête d’Alphaville commence. Les femmes prennent l’avantage en utilisant des gaz de combat, provoquant une hécatombe dans les rangs masculins. Les survivants, avec à leur tête Maurice, en se repliant, découvrent au sein d’une colline, des souterrains qui les mènent à des dépôts d’armes d’avant l’ère vénusienne, oubliées là et encore d’une terrifiante efficacité. Maurice transgresse les ordres de Marc de ne pas utiliser des moyens d’extermination de masse, et, devant la crainte d’être définitivement vaincu par les femmes, provoque une tuerie sanglante avec ces armes du passé :
      « Quand ils débouchent sur les lieux du combat, le soleil se lève à l’horizon, éclairant de ses chauds et vivants rayons, un immense champ de morts… Des véhicules éventrés ; des engins tordus et désarticulés, comme soufflés par une force surnaturelle ; de grands trous béants éventrant le sol comme des cratères irréels ; partout des corps ignominieusement déchiquetés, des membres arrachés, du sang, maculant de grandes taches rouge sombre la terre, les personnes et les choses. Certains véhicules terminant de se consumer. Dans l’air une atroceodeur de soufre et de chairs calcinées. Plus d’êtres vivants, tout au plus quelques moribonds s’accrochant désespérément à la vie. Des milliers de morts.»
      Marc, capturé par les femmes, promet à l’Impératrice d’arrêter cette folie homicide. Maurice mourra et les meneurs de la révolution avortée, seront traînés devant la cour de justice impériale pour y être condamnés à mort. Marc échappera à ce sort par l’intervention même de l’Impératrice puisqu’il est le seul à avoir jamais prôné une révolution non-violente :
      « Quelques-uns d’entre nous, poussés par je ne sais quelle folie, ont fait resurgir du passé le spectre de la mort et de la désolation. Ils ont ainsi donné raison à la domination des femmes. Ils ont ainsi prouvé la vanité des hommes, qui s’imaginaient dignes de participer aux destinées du monde. Tout cela démontre de manière irréfutable le bien-fondé de la civilisation féminine, le bien-fondé de ses lois, de ses principes et même de sa tyrannie. »
      L’Impératrice se rend compte que les événements passés sont les signes d’une nécessité de réforme profonde des structures sociales. Marc, désespéré d’avoir failli à la cause des hommes et d’avoir du même coup perdu Câline, sera sauvé du suicide par la jeune femme qui lui renouvelle sa fidélité. Tous deux vivront une nouvelle vie dans une société plus égalitaire.
      Une gentille fable utopique toute pétrie de bons sentiments : le despotisme éclairé des femmes sera tempéré par une dose de proportionnelle mâle. L’écriture classique, d’un style scolaire, est (parfois) rachetée par une envolée lyrique (dans la description des horreurs notamment). Un premier ouvrage et le seul à ma connaissance d’un jeune auteur alsacien.

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