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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Dan DASTIER Parution: 1981
      Ram Singh , petit garçon hyper-doué, vit à Xéna, une sorte de Shangri-là perdue dans les brumes d’une autre dimension, en compagnie de son papa, Mulk, et de sa maman, Layer. Il a construit un " translateur " de ses propres mains et, chipant le " crystal " de Mulk,  un amplificateur psychique extraordinairement puissant, il explore la zone interdite, ce qui l’amène tout droit sur Terre. Ce n’est pas un hasard puisque les Xéniens sont les descendants d’un ancien groupe de Tibétains qui se sont repliés sur eux-mêmes en développant d’une manière prodigieuse leurs capacités psi.
      Ram, arrivé sur Terre, s’amuse à provoquer catastrophe sur catastrophe, sans intention de faire le mal, et s’amuse à la vue des jolies fleurs éblouissantes que représentent les bombes de l’arsenal terrestre en train d’exploser.
      Fait plus grave, les ondes du translateur, font osciller le temps et l’espace, détruisent la civilisation existante en l’engageant dans la voie d’un futur non prévu. Avant d’être ramené précipitamment sur Xéna par Mulk, Ram avait rencontré un couple de terriens avec lequel il établira une  relation psy.
      Samuel Greentree est un jeune homme qui vit sur une terre démente et agonisante : des cités fermées sur elles mêmes subissent les lois totalitaires de Psychos (Police Psychologique), des tunnels effondrés mènent sur un extérieur radioactif où vivent encore des monstres, " les " Dégénérés ". Se sentant investi d’une mission importante, Samuel fuit les Psychos pour gagner l’extérieur et progresse vers " la montagne blanche ", l’endroit où est caché le translateur de Ram, lequel inonde toujours la terre de ses rayons néfastes.
      Etant le fils de Shannon Greentre, l’homme jadis en contact avec Ram, il a hérité de la sensibilité télépathique de son père, ce qui lui permet de se syntoniser avec le translateur. Parcourant le paysage surréaliste d’une terre démente, Samuel, malgré de nombreux obstacles, atteint l’engin maléfique. Alors apparaît l’enfant de Xéna, devenu adulte (plus de trente ans se sont écoulés sur terre depuis sa première venue) décidé à réparer sa bévue. Il conseille à Samuel de rejoindre Pauli, son amie, pendant que lui, avec tous les risques que cela comporte, modifiera une fois de plus le destin de la terre. Une nouvelle ère de stabilité pour notre monde émergera du néant, gommant les horreurs précédentes et offrant au jeune couple un univers idyllique et pastoral.
      Une idée intéressante qui vaut surtout par la description d’un monde moribond, sauvage et hallucinant.

    2. Type: livre Thème: guerres futures 1, menaces et guerres nucléaires Auteur: Guy BEART Parution: 1977
      «Alphabet» ou l’analyse minutieuse de l’automaticité des événements qui enchaînent la Grande Catastrophe. Tout est déclenché par le doigt appuyant sur le bouton «A». Mécaniquement, se joue la valse des protons, de lettres en lettres, de points en points, d’Etats en Etats, de vengeances en vengeances, d’irresponsabilités en irresponsabilités : bombardements, «sanglants hachis» en «I» où «la Chaleur fut elle
      Qu’elle gagna le point L »,
      Virus et microbes que dissémine la guerre bactériologique :
      « Toute la faute est en T
      Dont les virus disparus
      S’étaient égarés sur U »,
      Jeu mortel des alliances :
      « La panique a émigré
      Dans l’Etat qu’on nomme Y
      Qui chétif cherche des aides
      Pour assommer le grand Z »,
      qui rythme le cycle d’une violence éternellement recommencée,  lorsque le point
      « Z, à son tour ne rata
      ne rata pas le point A ».
      Une chanson douce-amère susurrée par une voix sucrée en un leitmotiv ou complainte du désespoir. Guy Béart – contrairement à l’opinion qu’en a Pierre Versins- s’adonne au grand art.


    3. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Michael. G. CONEY Parution: 1974
      Switch, Shrug, Paladin, des adolescents, obéissent à  Jacko qui protège le Vieux, l’un des derniers rescapés de l’époque d’avant la catastrophe glaciaire. Le Vieux fascine Jacko avec ses histoires du temps jadis, quand le paysage était vert. Ils habitent dans un clocher d’église qui émerge isolé au-dessus de l’étendue blanche sous laquelle repose le village.
      Pour se nourrir, après avoir creusé des galeries dans la glace, ils pillent un supermarché local, le vidant de ses boîtes de conserve. Les conditions extérieures ont donc radicalement changé. Plus de trains ni de voitures, mais des traîneaux à voiles ou tirés par des " taupes des neiges ". Ils traquent aussi le " pad ", sorte d’ours blanc vaguement télépathe tout en se gardant d’autres groupes survivants, anthropophages ceux-là.
      Sous l’impulsion de Jacko, qui rêve de gagner les lieux mythiques dont lui parle le Vieux, les enfants de l’hiver abandonnent leur havre de paix. L’expédition n’est pas facile car, avec le temps, ils sont devenus agoraphobes et se sentent très mal à l’aise devant les étendues désertes:
      " La neige était là, une vaste étendue de blancheur argentée, entraînée par le vent sous un ciel également blanc, si semblables qu’il ne pouvait dire où les deux se rejoignaient, celui qui était en haut ou celui qui était en bas. C’était une vision d’un infini composé de deux éléments physiques, la neige et le ciel; et Switch, petit mammifère accroché au bord de cette immensité, était absolument insignifiant. "
      Le voyage, de type initiatique est parsemé d’obstacles: Cockade, l’amie de Switch qui est enceinte accouche avec difficulté, des hommes redevenus sauvages les attaquent et ils perdent plusieurs de leurs compagnons. Pourtant, le groupe progresse et quand le dangereux périple approche de son terme:
      " Lorsqu’ils atteignirent enfin la terre, ils ne s’en rendirent d’abord pas compte. Le terrain devint un matin un peu plus accidenté (...) Jacko ouvrit l’écoutille et sortit sur le pont arrière. Il considéra, apathique, l’éternelle neige qui avait un aspect plus déplaisant que jamais ce matin-là; éparse, par flaques lépreuses, pas du tout lisse et blanche à laquelle il était habitué. De grands espaces chauves, noirâtres apparaissaient. La Croix du Sud en aborda un; les taupes continuèrent de tirer, subitement le frottement brusque fit hurler les patins du traîneau. Des cris d’alarme jaillirent dans la cabine. Shrug en sortit, les yeux papillotants suivis de Mignon et de Brog. -Je...je crois que nous y sommes, dit Jacko, hésitant." "
      Ils venaient enfin d’aborder les territoires mythiques dont parlait le  Vieux. Hélas!, incapables de s’adapter à  l’absence de blanc, à la couleur verte ou au jaune sale du terrain, ils décident de rebrousser chemin vers leur pays natal fait de glace et de neige.
      Dans les " Enfants de l’hiver " Michael Coney s’intéresse en entomologiste à la psychologie collective et aux réactions individuelles d’un groupe d’adolescents. Il met en évidence la force des habitudes, la ténacité des êtres et leur faculté de survie dans des conditions extrêmes. Les personnages typés, les descriptions réalistes se lisent avec plaisir. A comparer avec " Blizzard " ou  " le Sixième Hiver "

    4. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: Fritz LEIBER Parution: 1957
      Sur fond de guerre atomique, Ellenby, le physicien atomiste, et Madson, le poète, sont chassés du collège d’Ozona pour crimes de science et de littérature. Accusés de tous les maux, les scientifiques sont devenus les boucs émissaires d’une société où domine la méfiance entre les hommes , la guerre froide devant se terminer sous peu.
      Soutenus par Véra-Ellen, la propre fille de leur persécuteur, l‘Art et la Science, après s’être fait arroser au pesticide répandu par un hélicoptère dans le champ de blé qu’ils traversèrent, se dirigent vers New Angeles pour y trouver un emploi. Ils croisent la route de Vicki, une vieille vedette alcoolique des média en 3D, dans son automobile à turbine, puissante mais démodée. L’entrevue est courte car au moment où la bande de Harvey, rassemblement hétéroclite d’individus au QI proche du zéro surgie on ne sait comment, s’apprête à leur faire passer le goût pour la science, un tremblement de terre salvateur leur permet de prendre la fuite en direction de la ville qui attend toujours son bombardement nucléaire.
      Une nouvelle à l’ambiance cataclysmique, au discours obscur à force d’ellipses, plus proche de la thèse à la problématique aujourd’hui dépassée, que de l’écrit littéraire.

    5. Type: livre Thème: menaces idéologiques, la cité foudroyée Auteur: Serge KANCER Parution: 1962
      l’Europe au XXIème siècle. Un gouvernement technocratique de gauche préside aux destinées d’un pays encore paisible. Pourtant des signes de dysfonctionnement apparaissent : de l’agitation sociale et des émeutes localisées parmi les jeunes, une augmentation des vols, des crimes gratuits et de diverses autres exactions. Tout se passe comme si la société craquait aux entournures :
      " On annonce la proclamation de l’état de siège en Suède où les émeutes s’étendent…. Au Caire cinq mille étudiants ont incendié l’université. Le recteur et plusieurs professeurs ont failli être massacré et la milice a ouvert le feu. Le chiffre des tués n’a pas été communiqué… En Chine, le régime a rétabli la discipline de fer de l’époque révolutionnaire pour essayer d’endiguer la vague d’anarchie. "
      Le père de Luc est un paisible bourgeois , un journaliste confortablement installé dans la vie. Inquiet pour son fils, il se pose de plus en plus de questions sur sa fonction, se transformant en témoin soucieux d’une société malade.
      " Ce métier me dégoûte. Mais je suis lâche et je me prostitue depuis vingt-cinq ans. La grande presse capitaliste était une usine à merde ; celle d’aujourd’hui est une manufacture d’opium. Journalistes d’hier et d’aujourd’hui : tous mystificateurs, et dont la plupart finissent par être dupes de la mystification ".
      Il entreprendra un journal quotidien et raisonné des faits. Les adolescents, y compris Luc, constituent une énigme à ses yeux. Partout, ils s’affranchissent des contraintes sociales et refusent les valeurs des adultes et des bourgeois pour faire naître leur propre monde , impénétrable à d’autres yeux, dans le sang et la douleur :
      " Et je revois la meute. Les cheveux en casque, teintés de couleurs insolites, rose, bleu pastel, mauve, vert d’eau. Le buste bardé d’un pourpoint fourré. Les jarrets nerveux gainés de plastique brillant. Les chevilles cerclées de bracelets. Je revois les masques de candeur cruelle, prunelles séraphiques et rides précoces. (…) D’un poignet négligent ils faisaient tourner doucement chaînes, fouets à grenailles de plomb ou matraques. "
      Luc lui-même sera attiré vers sa nouvelle famille. Sa façade conventionnelle se lézarde, il déserte le foyer familial pour disparaître à jamais.  Soudain la société réalise qu’elle a fait naître en son sein de véritables mutants pour lesquels la vie ou la mort n’a plus aucune importance. Les villes seront mises à sac :
      " Vingt étages plus bas, la place brumeuse remue des ombres indéchiffrables et des couleurs violentes. Des vagues de son étouffés meurent au pied de ma falaise. Les monceaux d’ordures couvrent les pelouses ravagées, débordent des bassins asséchés, croulent des trottoirs jusque sur la chaussée. En arrière, la Seine luisante charrie de menues épaves. Les projecteurs des vedettes de police fouillent inlassablement les quais. La grève des Services publics qui dure depuis plus de deux mois paralyse à demi la ville qui fermente dans ses propres déchets. Des êtres furtifs et rapides hantent les hauts lieux de cette immense décharge. A eux la nuit. "
      L’agitation gagne d’autant plus qu’un romancier, Quéril , dans son ouvrage « le Temps des Purs » sera le seul à saisir l’importance de la nouvelle psychologie des jeunes, et de leur radicale différence d’avec le reste du monde. Devenu bouc émissaire,  il sera considéré par «l’Establishment» comme responsable d’ avoir lancé en direction des adolescents un appel au meurtre. Pour cela, il sera jugé et condamné, ce qui ne fera qu’accroître la tension qui, partout, en Europe, atteint des sommets dans la destruction des centres urbains :
      " Et les loups continuent d’envahir la planète. On apprend à l’instant que la plupart des activités ont subitement cessé dans toute la Confédération d’Europe Centrale. On se bat dans les usines de Poznan et de Prague. Un début d’émeute semble avoir été jugulé à Zurich. Rome est désormais une espèce de ville-fantôme où règnent le viol, le meurtre et la rapine. Ce qu’il restait d’adultes s’est regroupé au Vatican ou a fui dans les campagnes. Dans Milan et Turin en état de siège, les attentats à la bombe ne se comptent plus "
      Son fils disparu, le monde du narrateur bascule dans l’horreur  complète. Les révoltes urbaines,  durant lesquelles policiers et militaires restent  inactifs comme s’ils pressentaient ne plus pouvoir défendre une cause déjà perdue, entraînent la société à la faillite. Par une curieuse bizarrerie, les diverses bandes d’adolescents le laissent aller à sa guise dans la ville,  le gardant comme témoin fondamental de la subversion des choses ;  car la mutation est maintenant complète. Une autre langue, d’autres coutumes, d’autres valeurs, d’autres comportements sont nés, impossibles à appréhender pour les adultes : c’est la fin de  l’ordre social tel que nous le connaissions :
      " C’est une grande chose. Font ce qu’ils peuvent les anges. Ils ont déferlé. Par toutes les rues, campagnes, usines nucléaires, centrales de photosynthèse. Se sont fait péter, brûler, radioactiver la gueule. Mais tout submergé. On fait remonter l’abîme à la surface. Tandis que moi je gratouillais la peau de la terre pour y enfouir mon songe aimé. Ont fait dégorger les profondeurs. Ont retrouvé vieilles vomissures ravalées, caillots, glaires. Qu’est-ce qu’ils vont faire de tout ça, Quoi leur reste à faire au milieu des tripes de dieu ?(…)
      Ce qui mûrit, c’est la destruction de l’humanité. Une humanité qui n’a pas compris que son existence était mise en cause, même sans cataclysme thermonucléaire, par ses petites habitudes quotidiennes. "
      Quelques années avant l’explosion de la révolution de mai 68, l’écrivain a su pressentir et magnifier le malaise de la jeunesse, du power flower au punks, en l’analysant jusqu’en ses dernières extrémités. Analyse aux prémisses justes mais à la conclusion erronée puisque l’expérience prouve qu’il n’y a qu’à attendre qu’un jeune vieillisse – ce qui ne  tarde guère - pour qu’il devienne un « vieux » avec les valeurs qui vont avec !

    6. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1982
      La petite Clo ne descendra pas dans l’abri anti-atomique malgré des appels pressants en provenance de la rue. Elle se promènera toute seule dans la grande ville si vide. Pas entièrement, puisqu’elle fait la rencontre de Bastien et d’Antoine, des " grands ".Ensemble, ils iront jusqu’au zoo pour libérer de leurs cages toutes les gentilles bêtes, girafes, rhinocéros, tigres, paons, crocodiles, etc.
      Même un si beau rêve est de courte durée. Car l’alerte nucléaire annulée (c’était une fausse alerte), les gens réinvestissent la ville, les animaux leurs cages et Clo retrouve sa maman.
      Un charmant conte pour enfants sages de neuf à dix ans ; ce qui n’empêche pas Andrevon d’y distiller de fielleux petits messages, comme celui-ci :
      " Le tigre feula, s’avança dans l’allée en balançant sa queue, plus beau dans sa peau rayée que le plus beau des manteaux de même peau portée par la plus belle et la plus bête des femmes. "

    7. Type: livre Thème: menaces idéologiques, la cité foudroyée, menaces animales Auteur: Horace VAN OFFEL Parution: 1922
      Une délégation de Balabares est attendue à Paris. Ces sauvages d’Afrique, plus proches de l’animal que de l’humain, ayant à leur tête  Ban-Bahour le généralissime, sont accueillis avec curiosité car ils sont censés exercer une grande domination sur les animaux qui les accompagnent. C’est dans ce contexte que Chabanes, un ancien journaliste et aventurier, présente au richissime Desjardies qui a de l’influence en haut lieu, le Père Paul Vierge. Ancien missionnaire,  il connaît les Balabares et s’en méfie. Souhaitant adresser une mise en garde aux autorités, l’ecclésiastique prétend que les Balabares représentent une menace terrible pour l’Occident. Lucile, la fille de Desjardies, fiancée à De Lixhe, est rattrapée par le charme exotique des Balabares qui séduisent aussi les Parisiens et qui mènent grand tapage dans les lieux à la mode :
      " Au fond, rien n’avait changé. Seuls quelques hommes attentifs s’apercevaient de la déplorable influence que ces étrangers exerçaient sur les mœurs. C’était une corruption certaine, lente et continue. Les journaux, les théâtres, les cinémas descendaient aux pires platitudes pour plaire à ces clients monstrueux. Un vilain goût de grossièreté envahissait les esprits. de jour en jour, la langue parlée et écrite se dégradait en un obscur et détestable jargon.(…) Les Balabares étaient maîtres de la ville. Le peuple indifférent subissait sans révolte leur odieux contact. Paris n’était plus qu’un champ de foire. Partout, sur les avenues, les places, les boulevards s’élevaient des baraques, des toboggans, des scenic-railways et des cirques. la foule se ruait aux spectacles que donnaient les dompteurs Balabares."
      Lucile succombe aux avances de Kali-Dhane le commandant en chef de la place, à sa philosophie de la nature et  suscite la  terrible jalousie de De Lixhe.  Lorsque se constitue la "Parti de la Proclamation des Droits de la Bête ", Lucile s’enfuit avec Kali-Dhane. Chabane, le Père Paul Vierge et De Lixhe se préparent à combattre les Balabares. Ils constatent une insécurité croissante dans les rues de Paris, liée à l’augmentation de la gent animale, de plus en plus féroce et primitive. :
      " J’ai aperçu moi-même un requin nageant entre deux eaux à hauteur du Pont-Neuf. Il y a une semaine, un crocodile est sorti du bassin des Tuileries et a mis en fuite toutes les bonnes d’enfant. A la suite des Balabares, les bêtes de la brousse ont envahi Paris. "
      De Lixhe défie Kali-Dhane en duel. Le Balabare se sert d’une guêpe pour gêner son adversaire et le transperce de son épée. De Lixhe mettra longtemps à s’en remettre puis, cherchant à nouveau querelle au ravisseur de Lucile, il se fait dévorer, semble-t-il, par des loups. La puissance des Balabares augmente.  Lucile, qui se rend enfin compte du danger qu’elle court, s’enfuit pour échapper à l’influence néfaste du Balabare. Elle rejoint le Père Vierge, Chabanes et, en compagnie de Denise, sa domestique, qui se mettent en sûreté sur la butte Montmartre pendant  que la ville est entièrement livrée aux exactions des animaux féroces. Finalement,  les Balabares opèrent un coup d’état : le gouvernement officiel de la France est renversé, les Droits de la Bête sont proclamés, et l’avilissement des Parisiens est de plus en plus perceptible :
      " A mesure que la soirée avançait, les nouvelles arrivaient désastreuses. Elles étaient apportées par ceux qui avaient pu traverser l’émeute. Paris était au pouvoir des Balabares. En moins d’une heure, ils avaient désorganisé toutes les forces dont le gouvernement disposait. Leurs armes ? les bêtes ! Elles étaient sorties par milliers des égouts et des antres où elles se tenaient cachées. Sans compter les fauves, on avait vu des serpents, des rongeurs, d’énormes crapauds, des nuages d’insectes (…)
      En très peu de temps, l’aspect de Paris était devenu invraisemblable. La boue, les immondices qu’on n’enlevaient plus, envahissaient tout. Les égouts vomissaient une répugnante odeur de pourriture et d’épidémie. Plus personne ne travaillait, se soignait, s’habillait, réfléchissait, espérait. Il ne restait qu’un peuple de vauriens, de mendiants et de parasites. (…) Rapidement l’espèce humaine se dégradait et retournait à un état qui ressemblait à l’état primitif comme l’extrême vieillesse ressemble à l’enfance. Au lieu de redevenir jeune, l’homme devenait extrêmement caduc, un singe, mais un singe de la famille paresseuse des lémuriens. "
      Dans l’Europe entière se produit la subversion. Partout les êtres humains régressent et les bêtes dangereuses se multiplient :
      " En Allemagne, l’invasion balabare produisit des effets encore plus extravagants. Depuis un an, tous les Prussiens couraient à quatre pattes et grognaient comme des cochons; les Bavarois imitaient les daims et les cerfs ; les Saxons portaient des muselières. On affirmait aussi que les Russes changeaient en ours, les Anglais en phoque et les Hollandais en castors. Les Belges se battaient entre eux. L’Italie s’était divisée en cent petits Etats gouvernés par des potentats fastueux et bavards. De l’Amérique, de la Chine et du Japon, on n’avait que des nouvelles très imprécises. "
      Les nouveaux maîtres proclament que l’économie sera uniquement végétarienne ou ne sera pas. la nature même semble en accord avec ces lois puisqu’elle envahit les rues de Paris :
      " Aux premiers jours de l’année, une nouvelle invasion menaça les ruines de Paris. Maintenant les plantes descendaient vers la ville. Une sève ardente montait au cœur des arbres. Les Tuileries et le Luxembourg devenaient forêts vierges. Partout, entre les pavés, les crevasses des murs, les lames des parquets, dans les caves, les monuments déserts, les maisons inhabitées, poussaient des herbes sauvages, des lierres désordonnés, des tiges folles, des vignes grimpantes, des fougères et des champignons. "
      Alors apparaissent les " Cavaliers Blancs " qui porteront des coups décisifs au Balabares.  L’opposition est enfin  apparue au grand jour, sous la direction de De Lixhe qui, loin d’être mort, a été le premier à reconnaître que les Balabares se servaient de la suggestion hypnotique  pour faire croire à la multiplication des animaux dans le monde entier. Au moment où Le Père Vierge est arrêté, torturé et mis en croix, les Cavaliers Blancs débarrassent la ville des Balabares en tuant Ban-Bahour et son âme damnée. Partout s’écroule l’état sauvage mais, plutôt que de renouer avec le système de gouvernement du passé, nos amis participent à la création de la Libre République de Montmartre :
      " Je propose plutôt de créer ici, sur la Butte, un petit Paradis Terrestre conscient et organisé. (…) Nous n’avons absolument pas besoin de fabriques, de conserves, de bottines, de complets-veston, de pièces détachées, de corsets et de papiers peints. Nous nous passerons également d’huissiers, de concierges, d’employés d’administration, de l’octroi, de financiers, de directeurs de théâtre et d’agents de change. Au lieu de construire une Rome agressive, construisons une Rome défensive où quelques rares élus seuls pourront entrer. "
      Un récit tout en finesse et ironie dont les idées fusent comme des étoiles filantes. Les critique des citoyens abêtis, des mœurs sauvages et de la modernité en font une œuvre réactionnaire mais intelligente, exploitant au mieux le concept cataclysmique.

    8. Type: livre Thème: menaces climatiques, la nouvelle glaciation Auteur: Jean JOUBERT Parution: 1987
      Simon, quelques années plus tard, se souvient. Il évoque la catastrophe qui l’a affecté en ces jours de printemps, lui, ses parents et sa soeur Noémie. Avec précision, il relate sa vie lors d’une saison épouvantable de l’an 2006, en compagnie de ses parents dans un chalet situé dans les hautes prairies des Alpes. En raison  d’expériences nucléaires effectuées dans le grand Nord, la neige avait fait son apparition. Une neige mortelle, épaisse et ouatée qui n’arrêta pas de tomber des jours et des jours durant, ensevelissant le chalet sous une chape glacée de neuf mètres de haut:
      " Le spectacle, en effet, était encore plus stupéfiant que la veille. La neige avait cessé de tomber, mais elle recouvrait tout le paysage, en effaçait les replis, et le rendait méconnaissable. Oui, c’était un autre monde, nivelé, simplifié, et sous cette vaste étendue blanche que la tempête avait modelé comme une houle, j’avais de la peine à situer le jardin, le pré, la route ou, plus loin, les crêtes et les vallées qui m’étaient familières. Au-dessus pesait un ciel bas, uniformément gris, mais comme phosphorescent. Le soleil restait invisible. Il n’y avait dans l’air immobile, aucun signe de vie. "
      Repliés sur eux-mêmes, Simon et Noémie, Pa et Man ne purent compter que sur leurs propres forces pour survivre dans cette arche isolée sur une mer blanche. Grâce aux deux animaux, une chèvre et une vache, ils purent se procurer l’essentiel. Le père, soucieux mais précis assigna une fonction à chaque membre de la famille, structura leur temps et leur permit d’éviter le pire.
      La mère, bonne cuisinière, leur redonna le moral lorsque celui-ci flanchait, à travers des repas attendus et appréciés. Ce temps de vacance - et non de vacuité - permit à chacun de se découvrir soi-même, d’user ses forces contre la dureté du monde, d’acquérir une maturité suffisante pour distinguer l’essentiel de l’accessoire:
      "Que de jours nous avons passés, près de l’âtre, dans cette pièce basse qui nous enserrait et nous protégeait, comme l’une de ces cavernes où vécurent, pendant des milliers d’années, nos lointains ancêtres! Un rien, et je m’y serais cru! La pénombre, la lueur du feu, la muraille grossière, l’odeur de bois et de fumée, et jusqu’à la barbe de mon père, de plus en plus hirsute, auraient pu faire illusion. "
      L’essentiel est préservé: le sens du travail bien fait, le respect des rythmes naturels, l’amour de la nature. L’analyse de l’auteur met en évidence la lente montée de l’angoisse dans le groupe et surtout chez les petits, ensuite la peur devant l’inexprimable: le sentiment de rester les seuls êtres au monde face à la mort.
      Cette angoisse culmina avec la maladie de Man et surtout l’arrivée des loups, surgis d’on ne sait où dans ce désert blanc, menace qui coagula les fantasmes les plus archaïques.
      La notion du " sens "  se fit de plus en plus pressente à leur esprit: pourquoi cette épreuve ? Et quoique les personnages ne soient pas religieux, ils ne purent manquer de s’interroger sur l’étrangeté du phénomène. En quoi l’être humain serait-il responsable de ce qui survenait ?
      " Le mal , notre monde l’a commis pendant tout le siècle dernier, dont l’histoire est abominable, et plus encore dans les années récentes où se sont déchaînés l’orgueil, le cynisme, la haine, la violence, la destruction. Les dernières illusions de progrès se fissuraient, les robots devenaient incontrôlables, partout on voyait surgir les monstres.
      Je lis encore: " Et moi, je vais faire venir le déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra. " Pour nous, c’est un déluge blanc, glacé, figé: celui donc que nous avons mérité. "
      La tendresse cependant survit à tout et l’on sent la famille soudée dans la pire épreuve qui ne lui ait jamais été imposée. Le père, surtout, apparaît comme un héros. Ancien avocat, tournant le dos à la société de consommation pour exister en fonction des " vraies " valeurs, se forgeant une âme d’artiste, d’organisateur , de technicien, de pédagogue et de chef spirituel, il est le porte-parole des idéaux écologiques de l’auteur. A la manière de Thoreau, il semble prouver que celui qui vit selon les rythmes de Gaïa ne peut se tromper:
      " En revanche, depuis que nous étions retranchés du monde, ces séances avaient repris une nouvelle vigueur. La radio et la télévision n’étaient plus là pour nous tenter. Le visiaphone était hors d’usage. Par la force des choses, nous ne voyions personne. Les mots devenaient notre seule ouverture: ils étaient comme des fenêtres et des trouées dans la muraille de neige. Désormais nous écoutions avec une sorte de gravité ce que nous lisait notre père. "
      Pour Simon, encore petit, il est l’incarnation du héros. Grâce au père, la situation se stabilise et la famille sera  sauvée. Quant à Simon qui vit une situation " limite ", l’aventure est pour lui une véritable initiation aux vraies valeurs sociales et humaines. Lorsque la neige disparaîtra et qu’ils seront en mesure d’établir un contact avec les autres habitants isolés des alpages, tout aura changé en lui et Noémie. Plus mûrs, adultes et responsables ils seront prêts à affronter un monde  sans pitié:
      " Quoiqu’il en soit, nous ne sommes plus les mêmes. Les illusions, l’orgueil, la démesure ont été rabaissés. Nous avons retrouvé la patience; l’humilité, le sens de l’effort, et beaucoup de nos concitoyens affirment que le bien est sorti du mal, et qu’il faut en remercier Dieu. "
      Ce roman, destiné aux enfants, d’une bonne facture, est un précis écologique et un roman cataclysmique. L’ensemble des événements est rapporté à travers les yeux d’un enfant. La sensibilité, l’honnêteté, l’analyse psychologique la plus fine ne se démentent pas un seul instant et donnent à l’oeuvre un intérêt soutenu. Encore une fois, c’est dans la catégorie trompeuse "d’ouvrages pour adolescents" que l’on trouve les plus intéressants du genre

    9. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: Marcel SCHWOB Parution: 1891
      Description d’une révolution menée par des fanatiques, à l’aide de machines, dans une époque future. L’aspect farouche des révolutionnaires, leur mentalité les mettant à l’écart du reste des humains, impitoyables et zélés missionnaires le jour, assassins la nuit, les transforme en monstres mythologiques. Quand la nuit survient, la Révolution se met en marche :
      « Les grands édifices tremblèrent, brisés par en-dessous ; un roulement jamais entendu franchit la terre d’une seule onde; les flammes montèrent comme des fourches saignantes le long des murs immédiatement noircis avec de furieuses projections de poutres, de pignons, d’ardoises, de cheminées, de T en fer, de moellons ; les vitres volèrent, multicolores, dans une gerbe d’artifices ; des jets de vapeur crevèrent des tuyaux, fusant au ras des étages ; les balcons sautèrent, tordus ; les laines des matelas rougirent capricieusement comme des braises qui s’éteignent, aux fenêtres distendues ; tout fut plein d’horrible lumière, de traînées d’étincelles, de fumée noire et de clameurs. »
      La cité en flammes n’épargne pas les lieux de culte et des hordes pitoyables poursuivies par les masses sans âme des insurgés, fuient devant les machines à tuer:
      «Ces machines galopantes s’arrêtaient de porte en porte ; des formes vagues s’en détachaient et entraient dans les maisons. Elles sortaient, chargées deux à deux de paquets liés et gémissants. Les hommes du brasier enfournaient régulièrement, méthodiquement, dans l’âme d’acier les longs ballots humains ; pour une seconde on voyait, projetée à l’avant, saillissant jusqu’au ressaut des épaules, une face décolorée et convulsée ; puis l’échancrure du disque excentrique tournoyant rejetait une tête dans sa révolution ; la plaque d’acier restait immuablement polie, lançant par la rapidité de son mouvement un cercle de sang qui marquait les murs vacillants de figures géométriques. Un corps s’abattait sur le pavé, entre les hautes roues de la machine ; les liens se brisaient dans la chute, et, les coudes étayés sur le grès dans un mouvement réflexe, le cadavre encore vivant éjaculait un jet rouge. »
      Seuls deux visages d’enfants innocents, survivants de l’horreur, visibles dans les ruines, seront capables d’insuffler une once de pitié dans l’esprit farouche des assassins :
      « le sourire des enfants s’élargit, et fut une révélation ; la pitié descendit en eux. Et, les mains sur les yeux, pour ne pas voir tous les yeux terrifiés des morts, tous les yeux qui n’étaient pas encore couverts de paupières, ils descendirent en chancelant du rempart d’hommes égorgés qui devait entourer la Cité nouvelle, et s’enfuirent éperdument, dans les ténèbres rouges, parmi le fracas des machines qui galopaient. »
      Un texte d’orfèvre du style intimiste qui, à travers les touches impressionnistes où dominent les éléments visuels, extrait l’essence même de l’horreur du crime cachée au cœur des grands bouleversements sociaux.

    10. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Pierre PELOT Parution: 1977
      La pollution atmosphérique a recouvert la terre, rendant l’air radicalement irrespirable pour les hommes. Un nouvel agencement de la société prévaut. Les uns s’établissent sous des dômes où l’air est filtré. Le métabolisme des autres a réussi à s’adapter à la pollution, qui vivent à l’air libre, à l’extérieur des dômes dans des cités anciennes en ruines et désertées. L’antinomie est complète entre les deux groupes humains.  
      L’ennui se répandant dans les dômes,  une nouvelle activité touristique se développe: sortir des abris sous la conduite d’un "extérieur" pour escalader les grands buildings.
      Rom est l’un de ces guides qui pilotent un groupe de touristes, jeunes gens et jeunes filles issus d’un dôme proche. Engoncés dans des scaphandres, tout contact direct leur est impossible avec leur guide. Rom a cependant l’habitude de flirter et de faire l’amour avec les jeunes filles des dômes qui, éblouies par ses capacités physiques, ne gardent que leur  filtre à air pour tout vêtement.
      Cette fois-ci, il tombe réellement amoureux de Liottie, jeune fille du "dedans". Son sentiment est partagé. Ils vivront une brève mais intense liaison au sommet d’un building, au-dessus des nuages rouges et méphitiques, dans la contemplation du soleil levant. Cet amour sera sans suite, chacun des deux amants rejoignant sa propre "niche écologique" pour ne se revoir jamais.
      Une nouvelle brève et bien menée à partir du thème célèbre  de Tristan et Yseut.

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