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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Sylvie REFF Parution: 1979
      Cyril Princemal, anciennement Georges Schlaguer, dissèque les émotions, garde-chiourme d’une société alsacienne rongée par la pollution et les dégénerescences dues à la guerre bactériologique :
      « Après le déjeuner je lui (= sa mère) ai montré ce qui reste de la ville. Elle a continué à arroser de ses signes de croix les innombrables visages marqués par la maladie, les enfants amaigris, les pierres rongées des maison et des statues, et a passé une bonne heure devant la cathédrale à demi-détruite, à prier dans l’air glacial. »
      Ayant rêvé de son ami d’enfance, Andhart, il le fait arrêter et le soumet à un cycle d’expériences mnésiques, sans succès. Il lui adjoindra Louvila, la femme de ce dernier. Devant l’intensité des sentiments qui s’échangent entre les deux êtres, il fera cryogéniser le mari.  Louvila fascine peu à peu Princemal en faisant émerger en lui des émotions profondément enfouies. Un matin, inexplicablement, elle disparaît. Aaah ! Louvila…
      De beaux effets de style, un décor cataclysmique mis au service d’une grande cause : l’amour. Une nouvelle expérimentale comme son sujet.

    2. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Tanith LEE Parution: 1985
      Cent cinquante ans déjà depuis que les Envahisseurs ont balayé l’espèce humaine sur terre avec leurs «araignées» hautes de huit mètres. Esther, une adolescente, survit dans l’un des derniers complexes souterrains où un groupe d’êtres humains s’est habitué à l’obscurité. Standish, leur leader auréolé de mystère, ne sort plus de son appartement. Esther est une rebelle. Bravant les interdictions et les soldats, elle monte à l’air libre dans un tunnel désaffecté pour s’habituer aux ruines de la cité et à un environnement étrange :
      «Avec l’été, elle abandonna de plus en plus souvent les bâtiments à cause de la chaleur fétide qui y régnait. Elle se promenait sur l’asphalte bouillant où les fleurs et les mauvaises herbes ouvraient des lézardes. Tout un après-midi, elle demeura étendue sur le flanc de l’un des véhicules rouillés et renversés (…) Durant ces mois de canicule, elle se sentait entièrement en paix et chez elle dans la ville, malgré les squelettes et autres traces de violence qu’elle avait découverts . Ces choses-là ne la troublaient pas. La cité était son jouet ; elle n’éprouvait à son égard aucun sentiment de responsabilité personnelle. Ces murs semblaient exister depuis la nuit de temps ; ils avaient dû abriter une race qui n’avait aucun rapport avec la sienne. »
      Quelque temps après, sa peau brune la dénonce et elle sera conduite devant Standish, le leader. Le vieil homme détecte en Esther le futur chef qui pourrait prendre en mains les destinées du groupe. Il permet à Esther l’accès libre à son réduit pour qu’elle puisse se cultiver. Respectée par le sergent Steiner et ses hommes, Esther apprendra comment les êtres humains ont subi leur lourde défaite. Lors d’une ultime sortie vers les «Haut», elle fait la connaissance de Cury, un jeune homme bizarre qui lui dit s’être caché des Envahisseurs dans les ruines. A sa demande, elle l’introduit dans la taupinière au moment même où Standish meurt.
      Esther, par un véritable coup de force prendra le pouvoir décidé à lutter contre l’ennemi du dehors. Dans le même temps, Cury, esclave-collaborateur des Envahisseurs, ayant fait sauter le générateur et provoqué un incendie, obligera les humains à remonter à la surface  où ils seront capturés, acheminés vers la Cité des extraterrestres. Cury montre un faible pour Esther qu’il protège, tandis que la jeune fille le traite en «chien» au propre comme au figuré. Car, dévoyé dans son corps et son âme, Cury s’adonne à des pratiques masochistes (fouet, coups) qu’il adore par-dessus tout. Esther, bien qu’elle s’en défende, ne pourra s’y refuser. Les humains seront parqués, soignés, alimentés et libres de leur mouvement au sein de « l’Enceinte » mais impitoyablement éliminés en cas de révolte. Esther habitera dans un appartement humain de la Cité, selon le vœu d’un Envahisseur qui se livre à une expérimentation sur sa personne.
      Lorsqu’enfin celui-ci apparaît, elle s’aperçoit qu’il ressemble à un être humain ordinaire. Sa monstruosité, son «inquiétante étrangeté » est psychologique. Vieux de plus de deux cents ans, sans émotions, doté d’une logique sans défaut, d’une rigueur implacable, il est de plus télépathe, capable de lire en Esther ses moindres pensées, même encore informulées. Elle restera pourtant la rebelle, essayant mentalement et de toutes les manières possibles de fuir sa condition de rat de laboratoire. Peine perdue. Peu à peu, elle s’habituera à sa condition de cobaye psychique, comblée dans tous ses désirs par l’intermédiaire de Cury, jusqu’à ce fameux jour où elle sera amenée à faire l’amour avec l’Envahisseur. Puis, brutalement, de manière surprenante, l’Envahisseur lui apprend qu’il est le dernier représentant de son espèce sur terre. Les autres sont soit partis, soit ont été éliminés de sa propre main sans qu’Esther n’en apprenne la cause. Seul, désabusé, l’Envahisseur désire disparaître à son tour, définitivement, ce qui fera s’écrouler autour de lui toute la technologie qui le soutenait :
      « Avant tout, nous ignorons la pitié. Tu t’en rendras compte quand nous serons partis. Personne ne viendra te déranger. Aucune vengeance ne descendra des cieux. La Terre sera à toi. Je te rends ta planète. Prends-la. Et si l’espèce humaine te déplaît, fais en sorte de l’améliorer. Elle en aura besoin avec le  chaos qui s’annonce. »
      Il sera tué par Steiner à qui l’Envahisseur avait attribué cette mission. Steiner et Esther se trouvent en face d’une terre en ruines où la civilisation est à reconstruire.
      Un récit féministe dans lequel l’auteur explore les arcanes de l’âme humaine, articulant sa fiction autour des mythes grecs et égyptiens de Perséphone et d’Anubis : la Terre ne revient pas de plein droit à l’homme, elle se mérite ! Sur ce soubassement rhétorique, le personnage central d’Esther proclame le destin d’une femme exceptionnelle. Un beau livre humaniste - aux accents parfois désespérés - sur fond de cataclysme.

    3. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Yves THERIAULT Parution: 1962
      01 . Akua Nuten (Le Vent du Sud),  pp. 11 –25
      Kakatso le Montagnais est un solitaire. Il est heureux dans ses chères montagnes où il se débrouille sans le secours de la technologie. Laissant femme et enfants, il part pour une virée dans les Laurentides. Au bout de quelques jours, il ressent une angoisse que rien ne vient étayer. S’établissant au bord d’un lac magnifique, il y vit soudain amerrir un hydravion. Le pilote, une femme et son mari, un enfant, semblent terrorisés. Ils lui apprennent qu’une guerre atomique a éclaté dans le sud et qu’ils ont besoin de ses services pour survivre en ces lieux isolés. Kakatso, méprisant l’argent offert, entrevoit en un instant la possibilité pour l’indien qu’il est,  de prendre sa revanche sur le blanc qui l’a maintenu en tutelle de si longues années. Alors, il les abandonne à leur sort et s’enfonce dans la forêt. Deux mois après, les radiations, amenées par un vent du sud, laissent sur son corps les premiers stigmates de la mort radioactive.
      02. la Continuation,  pp. 37 – 49
      " Après la bombe, il ne restait de tout Paris que des quais de la Seine –mais peu, des pans ici et là, une amorce de pont, les piliers d’un quai de bateaux-mouches – et bien au loin, les ruines surprenantes d’une tour de radio-contact, en direction d’Orly. Le reste n’était qu’un amas de débris, de miettes pierreuses. Tout ce qui était combustible avait péri, le reste avait été réduit en cette couche presque égale, creuse de deux mètres et plus, qui marquait l’emplacement de la Capitale du monde. "
      Flavie a survécu à la grande explosion. Du côté de la Loire, la jeune fille vit chichement élevant deux poules et une chèvre. Parfois, elle voit passer des gens sombres qui se dirigent en pèlerinage vers la capitale détruite. Alors, elle aussi se sent prise de la même envie. Avec l’arrivée de Jean, qu’elle prendra pour mari, ils abandonnent la petite exploitation pour " monter " sur Paris. Les monceaux de ruines, les cendres soulevées par le vent achèvent de les désespérer. Ils trouvent refuge pour la nuit dans un souterrain, celui de l’ancien hôpital des enfants malades où ils sont mis en contact avec des aiguilles de radium abandonnées. Les vomissements de Jean se déclenchent quelques jours après. Flavie, moins malade, retourne à sa petite ferme. Enceinte des œuvres de Jean, elle accouchera d’un monstre.
      Ironie désabusée et désespoir tranquille se partagent la vedette en cette nouvelle.
      03. le Monde meilleur, pp. 57 – 70
      Une bombe atomique tombée sur Manhattan laisse un délai suffisant pour que dans un abri souterrain de Brooklyn survive un groupe de new-yorkais. Livrés à eux-mêmes, effondrés, ils se ressaisissent à l’exhortation d’un vieux curé qu’ils connaissent bien. Celui-ci leur dit que des temps nouveaux sont venus; qu’il faut remercier Dieu pour sa bienveillance; qu’il est l’heure de bâtir un monde meilleur et plus juste. Ses auditeurs en ont les larmes aux yeux. A ce moment, arrive, titubant sur les escaliers, venu d’en haut, un métis. Heureux d’avoir été épargné, celui-ci leur annonce que c’est par pur miracle qu’il n’a pas été irradié. La foule se recule avec horreur devant lui. Avec répugnance et par peur de la contamination, ils le projettent sur les rails du métro où il s’électrocute.
      Une nouvelle brève et désespérée.
      04. Yuri, pp.  75 – 88
      Yuri le moscovite est renversé par une Zim, conduite par un aparatschik. Admis à l’hôpital public, il fait la connaissance de Vassily, dans sa chambre. Celui-ci lui explique les règles du jeu : dans cette société où tout le monde espionne tout le monde, où chacun se tient mutuellement, il faut  parler plus fort que les autres, montrer sa hargne. Yuri y gagnera en considération car la crainte en face de quelqu’un de si sûr de lui est un sentiment universellement partagé par ses concitoyens. Yuri, l’éternel opprimé, met longtemps, trop longtemps à mettre en pratique les leçons de vie de Vassily. Lorsqu’il s’y décide enfin, il est transformé en énergie pure comme tous ses semblables par une bombe atomique de cinquante mégatonnes larguée sur Moscou.
      Une nouvelle à l’ironie amère et au ton juste.
      05. Rocco, pp. 95 – 105
      Rocco a deux amours. " Suzanne et les Vieillards " et " la Vénus au bain ". Ce sont elles qui ont décidé de sa vocation de gardien de musée aux Offices de Florence. Pour le reste, comme les tensions internationales, cela ne le concerne pas. Aussi n’est-il même pas surpris lorsque la ville de Florence est soufflée par une bombe atomique. Seul survivant dans ces ruines  – par quel miracle ? – avec un enfant dont il se désintéresse – Rocco  suit une seule obsession : celle de repeindre les tableaux disparus – mais pour qui ? –
      Une nouvelle brève qui démonte le mécanisme de l’âme humaine.
      06. le Monde éclaté, pp. 113 – 122
      L’action se situe dans une salle de rédaction, au Québec, à Montréal, peu de temps avant le jour fatal. Drolet, bien que très compétent, a été mis depuis longtemps au placard par Jullien, le rédacteur du matin, journaliste engagé dans la politique séparatiste du Québec. Drolet, qui a travaillé toute la nuit à comparer les données internationales, sait que le monde court à sa perte. Il suggère à Jullien un titre pour la parution du matin, soit : " le monde éclate ". Ce dernier accueille  avec mépris la proposition. Il connaît, lui, un bien meilleur titre, soit : " Triomphe des séparatistes : au pouvoir dans deux mois. " Lorsque le journal paraît, tout sera obsolète : Montréal a été rasée par la bombe.

    4. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Bruno LECIGNE Parution: 1987
      Le néovirus EMO, M.S.T. mortelle, a dépeuplé le monde entier, anéantissant les Etats-Unis, déstabilisant l’Europe qui subsiste sous la forme de gouvernement appelé " Cantrecat Cinq ". Une secte, de type apocalyptique s’est donnée pour mission de propager EMO sous la houlette du grand prêtre Belican Zero,  ce qui a entraîné la création d’un corps spécial de défenseurs, les " Exterminateurs des guerriers de St Jean ". Avec des lance-flammes, ils grillent les zélateurs contaminés avant que ceux-ci n’en entraînent d’autres dans leur déréliction.
      Vilner Filet est un Exterminateur. Il est appelé à participer à une mission de recherche, en compagnie de l’un de ses supérieurs, un gnome du nom de Dr. Yllious qui se déplace avec sa jeune maîtresse Piedra Hita (qui deviendra celle de Vilner). Dans les bayous de la Louisiane, ils traquent Vlad Coda, un " Rêveur ".
      Les Rêveurs sont l’une des conséquences de l’EMO. Naturellement immunisés contre le virus, ils développent un fort pouvoir précognitif et, à l’occasion, font des rêves qui peuvent s’avérer mortels lorsqu’ils prennent corps sous la forme de créatures dangereuses ou monstrueuses. Vlad Coda, ancien pianiste, s’est réfugié dans ces endroits reculés pour y soigner Meredith, sa fille, contaminée, à force de transfusions de sang frais  Une autre façon de résister au virus est de se transformer en " Sirinien " à travers la formule " Voyager-Sirine ", par une exsanguino-transfusion ayant hélas! des effets non souhaités comme le développement d’une peau de lézard ou la pousse de plumes.
      La mission prend fin lorsque le Dr. Yllious tue Meredith et s’empare de Vlad Coda sous la pression des guerriers de Saint Jean prêts à envahir la retraite du pianiste. Vilner n’étant pas d’accord à ce propos,  se débarrasse d’Yllious, se met en ménage avec Piedra, libère Coda qui lui annonce la stupéfiante nouvelle que c’est lui le responsable de l’apparition d’EMO, puisque le virus est le résultat létal d’un de ses rêves meurtriers.
      Un récit dans lequel la toile de fond cataclysmique sert de cadre à une aventure individuelle étriquée

    5. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat Auteur: Christopher STORK Parution: 1984
      Les femmes prennent le pouvoir sur toute la terre, par surprise. A Paris, Dominique Molina rencontre Clara. La première n’est pas humaine. Elle est envoyée par la «Structure » d’Andromède pour étudier la situation qui se développe partout dans le monde. La Terre ne faisant pas partie de la C.U.P.E. (Communauté Universelle des Planètes Evoluées), elle servirait de champ d’expérience pour les colonisateurs d’Aldébaran (d’horribles méduses gluantes), déguisés en terriennes  impossible à distinguer d’entre les autochtones.
      Elle, Dominique (mais qui peut aussi être lui, Claude, à l’occasion), sera impliqué(e) profondément dans la révolution qui se dessine. Elle (Lui) suivra  en Italie Clara la journaliste appartenant au groupe révolutionnaire des «Streghe Armate » dont la première action sera d’enlever un gynécologue célèbre pour le châtrer parce qu’il refuse de procéder à des avortements. En fuite à Paris, initiée incidemment aux plaisirs saphiques par Dominique/Claude, Clara lui présente un être délicieux, sociologue et maître (maîtresse ?) de la pensée révolutionnaire des femmes en lutte : Berthe Decize,  sous les oripeaux de laquelle se cache en réalité un leader-méduse d’Aldébaran.
      Sur la terre entière, le pouvoir des hommes est jugulé. Fortement encadrées par les femmes-militaires du « Female Power » américain (encore des méduses !), les femmes du «Women’s Lib » formeront des brigades paramilitaires d’une effrayante brutalité envers les hommes, dignes en tout points des attitudes nazies. A Paris, tous les hommes, dont Dominique (redevenu Claude), ainsi que les femmes qui aiment encore les hommes (il y en a), seront arrêtés et incarcérés à l’aéroport d’Orly, transformé pour l’occasion en camp de concentration. La répression est impitoyable :
      « -Vous pensez donc que nous allons être assassinées par… par ces furies ? s’exclama la présidente en devenant très pâle. – C’est tout à fait possible, d’autant plus que ces furies, comme vous dites, sont téléguidées. – Par qui ? demanda vivement l’avocate. (…) –Vous n’avez jamais eu l’impression que ces extrémistes avaient quelque chose d’anormal, pour ne pas dire d’inhumain ? (…) – On ne m’ôtera pas de la tête que les pays de l’Est sont derrière ce mouvement ! (…) Je ne sais ce que j’allais répondre mais une voix brutale m’épargna cette peine. La porte du salon venait de s’ouvrir violemment et une milicienne galonnée se tenait sur le seuil et braquait sur nous sa mitraillette. –Dehors, toutes ! ordonna-t-elle ; au moindre mot, au moindre signe de résistance, vous serez abattues sur place.
      La femme ministre se dressa, livide, et fit face à la milicienne. –Je suis, commença-elle, le ministre de…. La rafale claqua aussitôt, assourdissante dans cet espace étroit. La femme ministre eut un hoquet, porta les mains à son ventre et s’abattit sur la moquette qui se teignit de rouge. »
      Clara, parce qu’elle aime Claude/Dominique, servira de jouet de plaisir à l’horrible Berthe Decize qui veut punir ainsi l’envoyée d’Andromède. Mais les méchants(-tes) seront défaits (-tes) in fine , dans le monde entier, puisque  «la Structure » mettra au point des lunettes spéciales qui permettront aux pauvres égarées d’apercevoir les méduses qui abusent de leur crédulité et de leurs sens. Tout redeviendra donc comme avant, car, après tout, rappelons-nous, les hommes n’étaient pas si méchants que cela ?…
      Quand nous disions au lecteur que les méchantes femmes étaient des E.T., nous n’avions pas entièrement tort, n’est ce pas ? Et dire que certains sont payés pour écrire ce genre de choses : que fait donc la police (de la pensée) ?


    6. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Andrew WEINER Parution: 1981
      Martha Nova possède un don rare : elle est en phase avec son public. Cette chanteuse suscite un engouement immédiat auprès des jeunes qui adoptent sa tenue vestimentaire, fredonnent ses airs et se réunissent en masses de plus en plus nombreuses à chacune de ses apparitions. Ils se donnent comme nom « les Enfants de la Nuit » :
      «Partout on adorait la chanteuse,  à Tokyo et à Stockholm, à Belfast et à Winnipeg, à Séoul et à Reyjavik. A seulement trente-trois ans, elle était devenue la chanteuse la plus populaire de tous les temps. »
      Découverte par le manager Abe Levett, sa notoriété s’est amplifiée jusqu’à inquiéter « le Bureau de la santé psychique» qui régit cette société  fin de siècle. La guérilla urbaine qui sévit dans chaque mégapole, la pollution des cités, l’abus de tranquillisants, les déviances de toute nature ont suscité un gouvernement proche du fascisme qui surveille tout et tout le monde, interdisant toute liberté individuelle :
      « D’une certaine façon, le monde était déjà fini. Nous l’avons détruit. Affliction et effroi sévissent partout. Regardez les guerres, la pollution, la pauvreté, la violence. Les hôpitaux psychiatriques sont pleins, des millions de personnes sont sous traitement, nous n’en pouvons plus, nous ne pouvons plus supporter cette réalité qui est la nôtre. Tout est fini. Nous le savons, mais nous ne parvenons pas encore à l’admettre. Il nous faut un ultime flash. Et il arrive, il est là. Les événements commencent à s’enchaîner très rapidement.»
      Martha évolue dans la société, de plus en plus effrayée par un don qui lui permet d’apercevoir l’avenir. Un avenir effrayant et sombre qui annonce la fin de ce monde, l’apocalypse qui se réalise en un renversement de toutes les valeurs. Au-delà d’un certain point, elle se voit elle-même face à sa propre mort mais reste impuissante devant ce futur possible. Abe, devenu richissime grâce à elle, prend peur après la visite des « inspecteurs de la santé mentale » pour lesquels Martha représente un immense danger en ce qu’elle fascine les foules des « Enfants ».
      Peu de temps après, la chanteuse fait la connaissance de Robert Duke, un « crooner » sur le déclin pour qui elle se prend d’affection. Il deviendra son amant, subjugué lui aussi par le charisme qui émane de sa personne. Parallèlement à la vie de Martha, le lecteur suit les péripéties des trois astronautes que l’on a envoyé sur Mars : Wyatt, Fulber et Jake Denning :
      « Ils recevaient toujours des infos en provenance de la Terre. Même trafiquées comme elles devaient l’être, les infos étaient de toute évidence mauvaises. La situation économique était catastrophique. Les cités étaient transformées en camps retranchés, les fous couraient les rues, le crime devenait encore plus incontrôlable, une mini-guerre nucléaire avait secoué l’Inde et le Pakistan. Les guérilleros du Sentier Lumineux étaient aux portes de Mexico. »
      Le voyage ne se passe pas dans les meilleures conditions, leur cohabitation forcée et la longue traversée du système solaire les perturbent profondément. Wyatt s’égare volontairement dans une grotte martienne et Fulber déraisonne tellement sur le chemin du retour, voulant précipiter le vaisseau dans le soleil, que Jake se voit obligé de le tuer. Seul astronaute à revenir sur terre, Jake Denning est la clé de toute l’intrigue et à la base de la métamorphose sociale qui précipitera la fin de « l’Ancien Monde ».
      En réalité, il revient sur terre possédé par l’esprit d’un Martien, qui s’appelle « l’Aleph », sorte d’entité psychique mystérieuse, aux pouvoirs surhumains, capable de transcender le temps et l’espace, que Denning a rencontré dans la grotte lorsqu’il s’apprêtait à secourir Wyatt :
      « Regarde, dit Wyatt. Regarde ceci. Denning regarda. Et pendant un moment, il vit, il perça la toile de la vérité. Il n’y avait pas de Wyatt, ni de martien, ni de rivière, ni d’arbres, ni de barge, ni de grotte. Il n’y avait que la lumière. D’omniprésentes vagues d’une lumière éclatante. «Qu’est-ce que c’est ? dit-il, en clignant des yeux pour se protéger de l’éblouissement.
      -La vérité, dit Wyatt. Celle qui sous-tend toute chose.
      La lumière de la création. La conscience disséminée dans toute la matière. Emprisonnée là jusqu’à l’apocatastase, la révélation de tous les secrets. La restitution de la matière au divin, et l’accumulation de toute consistance. Les juifs l’appelaient tikkun. »
      Ainsi, l’Aleph a choisi pour ange de la mort, Martha. C’est lui qui, dans le passé de la chanteuse, lui a offert le don de lire l’avenir ainsi que son charisme musical sur les foules. C’est encore lui qui, au cours d’une soirée de gala, sous la forme de Denning - alors que son double voyageait sur le chemin du retour - deviendra le père de Daniel, le fils mystérieux de Martha, également muni du précieux don. C’est enfin lui qui, de retour sur terre, relancera une dernière fois le don d’une Martha devenue vecteur de « dissolution sociale » juste avant sa disparition.
      En cette ultime soirée, sans que rien ne soit visible, tout s’est trouvé radicalement transformé : la police de la santé mentale semble être frappée d’impuissance partout dans le monde tandis que  la mentalité de toute l’humanité semble s’être métamorphosée en « autre chose » grâce à l’action des « Enfants » de Martha.
      Un récit à l’ambiance crépusculaire d’une fin du monde en demi-teinte. La forte personnalité de Martha Nova (un nom et un programme), le désarroi de Levett, « l’inquiétante étrangeté » de Denning, rajoutent à l’intérêt de l’intrigue. Quant au rôle de « l’Aleph », inattendu dans ce contexte, il explique rationnellement ce qui apparaît de prime abord comme d’origine mystique. Un roman original.

    7. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Francis CARSAC Parution: 1960
      Le narrateur revoit un ami, Paul Dupont,  qu’il a perdu de vue depuis longtemps. Un soir, le laboratoire de celui-ci est violemment illuminé et il retrouve Paul Dupont inanimé, en état de choc. Depuis l’accident, Dupont présente une personnalité double, celle de Haurk, un transfuge de l’an 4500, et celle d’un terrien de l’époque du narrateur. Il prouvera par des inventions étranges qu’il détient les clefs d’une connaissance supérieure. Haurk/Dupont disparaît soudainement mais laisse à son ami un manuscrit. Y est relatée toute la saga de Haurk, comment le scientifique du futur, en compagnie de son ami Kelbik, le mathématicien, fournit la preuve que le soleil se transformera bientôt en une gigantesque nova :
      « Il y avait six mois que je travaillais à l’extension de ma théorie des taches solaires, quand je m’aperçus que, si mes calculs étaient exacts, la fin du monde était proche. Je me souviens de ma stupeur, de mon incrédulité, des calculs vingt fois recommencés, et finalement, de mon épouvante ! Je sortis comme un fou du labo, grimpai à la surface, dans l’hémisphère éclairé, et regardai le soleil, bas sur l’horizon Il flamboyait dans le ciel, tel que les hommes l’avaient toujours vu. Et pourtant, si je ne me trompais, dans un avenir plus ou moins éloigné, dans cent ans,  dans dix ans, demain, à la seconde qui venait peut-être , ce globe monstrueux allait éclater, noyant dans une marée de feu Mercure, la Terre, le système solaire ; »
      Haurk est issu d’une société du futur partagée en deux classes, les Teckns et les Trills. Les Teckns dont font partie Haurk et Kelbik, forment la caste des théoriciens et des penseurs. Les Trills sont des administrateurs et des techniciens. La séparation est totale entre les deux classes sociales qui se retrouvent au sein du Conseil des Maîtres. Devant l’imminence du danger, Haurk et Kelbik découvrent le moyen de soustraire la terre au péril cosmique. Par une ceinture de " géocosmos ", d’immenses machines gravitationnnelles, ils envisagent d’éloigner la terre du soleil mourant pour la placer aux confins du système solaire ou même au-delà :
      « Petit à petit, la Terre élargissait son orbite, s’éloignait du soleil, entraînant la Lune. Vénus se rapprochait de la Terre, ses géocosmos fonctionnant à une plus grande intensité pour compenser le handicap de son orbite de départ plus interne. Aussi s’était-t-il produit quelques légers séismes, sans graves effets. Au bout d’un an, le Soleil avait visiblement diminué de diamètre dans le ciel, et la température moyenne de la Terre commençant à tomber, nous dûmes replier dans les parcs souterrains les bêtes les plus sensibles au froid, tout au moins celles qui avaient été choisies pour perpétuer l’espèce. »
      Tout est mis en œuvre à cette fin : d’immenses cités souterraines, des réserves de nourriture et des parcs animaliers parcourus par d’interminables réseaux de communication, sont construits avec efficacité. Le projet pourtant, ne fait pas l’unanimité chez les Trills. Les "Destinistes ", une secte eschatologique, s’opposent à ce que la terre soit sauvée et feront tout pour qu’elle subisse son destin : sabotages, attentats, émeutes, insurrections… Mais Haurk veille et Karnac, l’ambitieux chef des Destinistes perd la partie.
      Les immenses géocosmos entrent en action, entraînant la terre avec sa voisine Vénus de plus en plus loin du soleil instable. Bien que tout ait été calculé, les secousses telluriques, l’air qui gèle, le froid mortel qui s’installe, toute végétation qui meurt, contraignent rapidement les hommes à s’isoler dans les cités souterraines :
      « Nous ne sortions guère à la surface, morne désolation de glace, sous le ciel noir piqué d’étoiles. A l’intérieur des cités, la vie était monotone(…) Le manque de soleil, le confinement dans les parcs trop connus étouffaient la joie. Les promenades à la surface étaient pires, et seules quelques équipes de jeunes gens aventureux trouvaient plaisir à escalader les montagnes couvertes d’air gelé. »
      Cependant, les Destinistes ne désarment pas. Un nouveau complot qui doit faire sauter les portes blindées des cités en les ouvrant sur le froid de l’espace, est éventé, dévoilant des complicités au sein même du Conseil des maîtres.  La Terre, en franchissant une sorte de barrière cosmique, s’évade du système solaire en direction d’Alpha du centaure. Après que le soleil terrestre eut explosé, l’astre vagabond croise dans les environs du système centaurien où nos pèlerins de l’espace rencontrent des implantations humaines antérieurement installées, sociétés dérivées d’une première vague de colonisation. Ne pouvant s’établir autour du soleil centaurien, la pérégrination continue jusqu’à Telbir où les attendent d’agressifs extraterrestres qui utilisent déjà des terriens de jadis comme viande de boucherie. Grâce à Haurk, les esclaves brisent leurs chaînes hypnotiques et se débarrassent de leurs tortionnaires.
      Enfin l’atmosphère terrestre dégèle aux rayons d’un nouveau soleil et notre planète retrouve une place dans un nouveau système solaire :
      « Sur les toits , en face de nous, de grosses masses molles d’air solide commençaient à bouillonner, se détachaient, glissaient, tombaient dans les rues, tout en bas Un semblant d’atmosphère, infiniment ténu, existait déjà. A mesure que le soleil se déplaçait vers le zénith, le bouillonnement s’accentua, et bientôt un épais brouillard, un brouillard d’air, masque la ville. Par moments, sous l’influence des courants de convection, très violents dans cette atmosphère soumise à de terribles différences de température, le brouillard se déchirait, laissant apercevoir une tour à demi voilée d’une écharpe grise effilochée. Des toits s’écoulaient parfois des cascades d’air liquide, qui n’atteignaient jamais le fond, se gazéifiant à mi-chute. »
      Peu après cette période, à la suite d’une expérience malheureuse, Haurk s’était trouvé projeté dans le passé du narrateur. Le manuscrit qu’il lui a laissé est l’unique témoignage de notre avenir fabuleux.
      Un récit baroque et héroïque, un space-opera du temps d’avant la pollution. Sur fond de cataclysme cosmique Carsac joue une ode à l’espèce humaine en proie à l’adversité. Comme Stapledon, mais en plus naïf, il évoque les souffrances d’une humanité qui forge son propre destin. A relire pour le charme discrètement rétro des jolis récits du temps passé.

    8. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Maurice LIMAT Parution: 1947
      Le professeur Mixe, avec ses deux assistants Daniel et Renaud, se rend sur les bords du lac Tchad pour tenter de repousser, grâce à un appareil à répulsion radio - actif, la triple météorite qui menace la terre dans sa course. Personne ne prend Mixe au sérieux, même pas Samba, un bon (mauvais) nègre formé à l’école des missionnaires blancs et qui devient leur allié sous la pression de la menace. Tarentules, boas et autres bestioles sont aussi au rendez – vous.
      Renaud se fait piquer par la mouche tsé-tsé. Bien fait pour lui, car c’est un traître qui empêche la bonne orientation des rayons répulseurs. La Terre sera sauvée in extremis par Mixe, bien que l’un des météores s’abîme dans le lac Tchad, inondant la moitié de l’Afrique (mais ne mouillant pas nos héros!) Un court récit amusant ou affligeant selon l’âge du lecteur.

    9. Type: livre Thème: archéologie du futur, péril jaune et guerre des races Auteur: Raoul LE JEUNE Parution: 1928
      Le Vespérin Théo Gerem revient à Retokos, la grande cité de Vesper, située dans une île au milieu de l’Atlantique, car le monde a radicalement changé en ces temps-là. A la suite d’une guerre mondiale déclenchée par les peuplades jaunes, l’ensemble de l’humanité a disparu. Mieux, la géographie elle-même s’est modifiée, une grande île surgissant de l’Atlantique médian. Si une flottille d ‘exploration d’origine vénusienne (les Vespérins) n’était arrivée peu après, la Terre fût demeurée vide. Mais les Vespérins, n’ayant pu repartir, ont fait souche et prospérés, développant une société proche de celle de l’Antiquité avec son Académie des Savants, sa Démocratie et son … ignorance ! Jamais il ne serait venu à l’idée d’Oretus, le chef de la cité de Retokos, qu’au-delà de la mer, subsisteraient des vestiges de l’ancienne humanité.
      C’est le jeune explorateur Théo Gerem qui vint annoncer à ses compagnons savants, Mondus et Géométrix, Galla et Lunax –dont les noms transparents désignent la fonction -, qu’un continent lointain montraient, de par ses ruines, la réalité d’une ancienne guerre dévastatrice. Faits corroborés par les extraits du journal antique, rapporté par Gerem et traduits par Ralcit, le linguiste :« Ralcit, de sa voix monotone, lut : Par fil spécial. – Varsovie, le 10 juin.
      La horde jaune, telle une marée effrayante, avance, submergeant tout, ne laissant derrière elle aucune trace de vie. Seuls, les monuments sont épargnés. La Russie n’est plus qu’un désert blanc, peuplé de cadavres, sur lesquels s’abattent des milliers de vautours. La race asiatique, si malheureusement la race blanche ne peut, dans une suprême bataille, arrêter ces terribles barbares, aura d’ici peu anéanti tous les Européens. L’armée formidable, fidèle à sa tactique, se fait précéder par des machines infernales qui vomissent des gaz mortels dont l’effet est terrifiant et la rapidité foudroyante. »
      Exaltés, les avants académiciens désirent d’autres preuves et enjoignent à Théo Gerem de se préparer pour une nouvelle exploration. Celui-ci y consent et, des ruines de la cité antique de Best, rapporte nombre d’objets archéologiques, des reliques si vieilles qu’elles mettent les avants dans un grand état d’exaltation. La plupart d’entre eux, sauf Lunax le grincheux, désirent repartir sur le champ avec Gerem pour participer en personne aux fouilles.  Ils devront patienter quelque peu car Théo Gerem convolera d’abord en justes noces avec la douce Colomette Jaros, la fille du plus riche armateur de l’île. Un bon choix, mais exigeant, puisque Colomette, sitôt mariée, s’imposera à l’expédition.
      Dans un vaisseau aérien, un « avioteromer »,  plus vaste et plus rapide que le précédent, s’opère la troisième traversée au-dessus de l’océan, partie pour redécouvrir les côtes de France. Remontant vers le nord, elle fait une relâche à Brest où des carcasses de navires éventrées les font tressaillir d’exaltation, puisque, bien qu’habitants une île, ils ne savent pas ce que sont des « bateaux » ! En communication permanente avec Retokos, ils reprennent leur chemin vers une nouvelle ville s’appelant jadis « Paris » et posent l’Hyménius –c’est le nom de leur engin- au milieu de l’Avenue du Bois de Boulogne. Aussitôt, les avants s’élancent, qui vers le Louvre, qui vers la Bibliothèque nationale, appréciant au passage les vestiges de divers monuments :
      « Remis de mon émotion, je continuai ma promenade macabre. Après avoir déambulé dans de nombreuses rues, toutes très étroites, j’arrivai sur une place. Je m’arrêtai, saisi d’étonnement Devant moi, se dressait un monument d’une hauteur prodigieuse, offrant trois grandes portes. Je remarquai que presque toutes les pierres de l’édifice étaient sculptées. »
      Colomette est restée comme garde à bord de l’Hyménius. Coupefile, le journaliste agrée du « Petit Retokosien » accumule les notes afin de faire parvenir ces nouvelles sensationnelles à ses lecteurs. Ralcit, absorbé par les monceaux de manuscrits et d’incunables de la Bibliothèque nationale ne voit pas le temps passer. Le temps file aussi vite pour Galla, subjugué par les trésors du Louvre. De retour vers le vaisseau, nos compagnons ont la désagréable surprise de trouver l’endroit désert : l’Hyménius a disparu ! Il se trouve que nos savants ne sont pas les seuls êtres vivants et intelligents sur le territoire français. Quelques siècles plus tôt, au moment de la terrible guerre d’extermination, les marins d’un navire, commandé par le capitaine Lucien Théaul, se dirigeant vers le nord, trouvèrent refuge au Groenland. S’unissant à des femmes lapones, ils firent souche. Leurs descendants, nostalgiques de la France, lors d’un voyage retour, s’installèrent à nouveau à Paris en ruines.
      Ce sont eux, curieux, qui ont abordé Colomette et ce fut l’un d’eux, ignorant et sans intention de nuire qui, tripotant les commandes, s’envola à son grand dam et s’écrasa à une centaine de kilomètres de l’ancienne capitale. Quoique accueillis chaleureusement, les savants vespérins ne pouvaient plus regagner leur patrie. Heureusement Oretius, inquiet de leur silence, vint à leur rencontre avec un troisième Hyménius. S’étant d’abord égaré dans les brumes de Londres, il parvint à retrouver ses compatriotes. Soudain, un message alarmiste en provenance de Retokos parvint aux exilés : un bolide –signalé par Lunax- doit s’écraser sur Vesper. Restera-t-il des survivants lorsqu’ils reviendront ? Sans tarder, laissant les savants en France, Géo et Colomette, reprenant l’Hyménius, font route vers Vesper. Hélas ! Au-dessus de l’Atlantique, le moteur faillit. Un récif les accueillit. Seront-ils recueillis un jour ?:
      « Soudain, le moteur actionnant les hélices, éclata, blessant Gerem et Colomettte. Privé de son mécanicien, l’Hyménius tomba sur un récif. Terre minuscule que les Vespérins n’avaient pas encore découverte. Les malheureux ne purent se tenir longtemps sur les flots. Quand l’aube naquit, la mer calme ondulait ses vagues. Seuls sur la carapace d’un des petits aviteromers, Colomette et son mari, évanouis, glissaient au gré des flots.  Que se passera-t-il en l’an 2125?»
      Le récit s’arrête sur ce suspense, qui, à notre connaissance, n’a pu être résolu jusqu’à aujourd’hui.
      « En l’an 2125 », bien que souffrant d’un manque de cohérence interne et accumulant quantité de situations qui, à elles seules,  auraient mérité d’être plus développées, représente cependant une tentative sympathique et originale d’introduire de l’anticipation dans une collection populaire entièrement dévolue aux sentiments, dont se délectent les midinettes.  Le texte, tranchant avec ceux  dont les lectrices avaient l’habitude, n’a pas dû recevoir le succès escompté.  Ceci expliquant cela. Les idées suggérés dans ce roman inachevé sont ceux de l’époque : menace jaune, péril des guerres, archéologie trompeuse… Un texte difficile à dénicher.


    10. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Henry BAUDAT (aucune référence) Parution: 1964
      Après 1975, à MioPark dans le Cher, le célèbre professeur Monnier, géophysicien, coule des jours heureux dans sa propriété. Entouré par sa fille Yette et son futur gendre , le jeune et savant disciple Roland Darnex, le professeur Monnier, riche de par ses nombreuses inventions, pourrait se livrer à ses chères études, s’il n’était préoccupé de l’état de la terre.  Une grande secousse sismique a ébranlé l’Europe, réduisant en poussière la ville de Sébastopol. Sa femme est morte, il y peu dans le tsunami qui a ravagé la côte d’azur, faisant des milliers de morts. Le climat se réchauffe. Le niveau des océans monte car les banquises polaires fondent.
      Monnier a une théorie toute personnelle à l’égard de ces événements. Selon lui, l’homme est responsable du désastre en sollicitant trop la nature. Le soleil qui réchauffe la terre avec sa « Chaleur blanche » a, depuis des centaines de millions d’années, stocké cette énergie dans la faune et la flore fossiles exploitées par les êtres humains: c’est la «Chaleur noire »  Cette chaleur devrait être évacuée à nouveau vers le soleil, comme si la terre et l’astre solaire formaient les deux pôles d’un même circuit. Or, prétend Monnier, ce circuit a été brisé, notamment par le développement des applications atomiques. La Chaleur noire s’accumule donc sur notre globe avec des effets électriques qui affectent le sous-sol, en amplification constante, à moins que l’humanité ne réagisse immédiatement :
      « Nous pouvons, si nous le voulons, nous rendre maîtres du grand circuit Lumière-Chaleur-Electricité. Ces trois forces naturelles sont étroitement solidaires les unes des autres. Si nous parvenons à régulariser le courant de l’une, nous agirons automatiquement sur les autres (…) Il nous est possible d’agir sur le circuit Chaleur noire. Nous venons d’être les témoins de catastrophes meurtrières dues à un gonflement anormal de ce circuit. NOUS EN SOMMES LES SEULS RESPONSABLES. »
      Cette théorie est si novatrice que Monnier est contacté par le Dr. Lear pour l’exposer dans le cadre de la SGM (Société Géographique Mondiale) Entre temps, Monnier reçoit la visite d’un ancien condisciple, Daigremont, qui en profite pour lui voler sa dernière invention, un accumulateur solaire, avec l’aide de Thérèse, sa belle-fille et laborantine du professeur, habilement introduite dans la place précédemment. Le savant est si consterné par ce vol qu’il a un accident d’automobile, ce qui le plonge dans un coma dont le difficile réveil appelle un long repos.
      Le déséquilibre thermique s’accentuant sur toute la terre, l’eau des rivières et des fleuves se réchauffe en accueillant une faune et une flore étranges, proches de celle du jurassique. En Méditerranée l’on aurait aperçu un plésiosaure ; un peu partout poussent d’immenses fougères ; des volcans se réveillent, y compris ceux d’Auvergne ; les orages et les cyclones dévastent les arrière-pays causant de nombreuses victimes ; en Chine surtout, des épidémies foudroyantes progressent :
      « C’est aussi pendant ce mémorable été que la Chine fut durement éprouvée par une mortelle épidémie. On l’a appelée la grippe chinoise, sans pouvoir lui donner un nom plus précis. En effet, il n’a pas été possible, jusqu’à maintenant, d’en isoler le microbe. Chose assez curieuse, ce microbe ne s’attaque qu’aux individus de race jaune. On a cependant noté quelques cas, tous assez bénin, chez des métis. »
      Enfin, les années passées depuis les guerres atomiques qui ont dévasté toutes les capitales européennes, participent aussi du  phénomène :
      « Paris… ! Où est le Paris de nos grands-pères ? (…) Un cratère de plus de 250 mètres de profondeur a littéralement englouti plus de la moitié de la cité. La Seine, avec une furie inimaginable, s’est engouffrée dans l’immense cuvette, noyant en quelques heures les ruines amoncelées en un chaos indescriptible, pendant que le reste de la ville finissait de s’écrouler dans les flammes sous une fumée si dense qu’elle mit une semaine à se dissiper. Vous avez certainement encore en mémoire les premières photos prises par les aviateurs qui survolèrent la ville martyre. Une des plus émouvantes est à coup sûr celle où l’on voit nettement la pointe intacte de la tour Eiffel couchée sur les ruines du Palais de Chaillot, émergeant du nouveau lac que la Seine achève de remplir. »
      En face de l’urgence, le Dr. Lear nomme Monnier, qui a recouvré tous ses esprits, « coordonnateur de la Mission d’Etude » mise en place par la SGM. Peu avant l’an 2000, l’état du monde empire. En Bolivie, l’on rapporte la présence de gigantesques animaux semblables à des stégosaures. La disparition de la moitié du Japon sous les flots consterne le monde entier. Lors d’un voyage effectué par Monnier et sa famille dans la mer du Nord pour vérifier l’état de l’Islande, son yacht secourt, avec de grandes difficultés, un cargo prisonnier d’un maelström qui s’est subitement formé :
      « Doucement le yacht s’approche et arrive au bord de l’entonnoir géant. Spectacle inoubliable et terrifiant ! L’eau tourne à donner le vertige. Le cargo est le jouet de cette force monstrueuse. Il lutte désespérément pour remonter les quelques mètres qui le séparent du salut. (…) Un bruit formidable de succion monte par brusques rafales du centre de l’abîme que l’on devine plutôt que l’on ne voit. Tel un monstre affamé, il avale les poteaux de mine que, sans arrêt, les matelots basculent par-dessus bord. »
      Les destructions les plus dramatiques concernent la disparition de la chaîne andine et le raz de marée gigantesque qui balaya l’Amérique du Sud à cette occasion. Enfin, rien ne put se concevoir d’aussi terrifiant que la surrection d’une terre nouvelle issue du rift médio-atlantique, que l’on nomma « nouvelle Atlantide ». Quelque part, la Chaleur noire s’accumulait en déséquilibrant les climats, mais où ?
      Son ancien condisciple et voleur, Daigremont, avait depuis longtemps disparu. Après un séjour en Russie, il s’était installé dans les hauts plateaux du Tibet, transformant le désert caillouteux de sa propriété en un jardin verdoyant. Un accident d’avion malencontreux permit à René Sauvat, en mission en Chine, aviateur et ami de Roland Darnex, de découvrir le repaire du malfrat. Monnier se livra à des recherches et s’aperçut que Daigremont avait crée une gigantesque usine thermique en utilisant son invention dont la Chaleur noire produite en énorme quantité était cause du déséquilibre enregistré. Avec Sauvat et deux enquêteurs de la SGM, le savant rencontra Daigremont. Il comprit que l’indélicat personnage avait détourné l’accumulateur solaire pour assouvir sa soif de richesses en opérant la transmutation des métaux en or, se livrant à cette activité sans retenue, et ne tenant pas compte qu’à chaque seconde, il accumulait dans l’atmosphère une énergie plus puissante que celle de plusieurs bombes atomiques. Daigremont fut sommé d’arrêter. Mais avant que quiconque ait pu prendre des mesures en ce sens, le laboratoire du bandit fut soufflé par un gigantesque embrasement volcanique, ce qui sauva la terre.
      Un roman, naïf  par endroits et maladroitement composé, la saga personnelle de la famille Monnier interférant souvent avec l’intrigue principale. Néanmoins, c’est la première fois dans notre domaine, que nous relevons une œuvre conjecturale, où, de façon aussi explicite, l’auteur décrit le phénomène de l’effet de serre, (mis à part le retour à l’ère secondaire !)

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